20/04/2015
LOUONS MAINTENANT LES GRANDS HOMMES
Louons maintenant les grands hommes
Pour mémoire :
Let us now praise famous men est un livre de James Agee, écrivain et de Walker Evans, photographe. Leur titre est une citation de Siracide, aussi appelé Ben Sira, ou encore L’Ecclésiaste, qui disait « Et maintenant, celébrons les grands hommes glorieux qui nous ont engendrés ».
USA 1936. Grande Dépression. New Deal. F.D. Roosevelt veut que l’on enquête sur les populations les plus pauvres du pays et sur le moyen de les aider. Le magazine Fortune commande ce travail à plusieurs journalistes et photographes. Seuls, Agee et Evans feront de cette enquête une œuvre. Les « hommes » dont il est question sont trois familles de métayers blancs du Sud profond et le livre témoigne de leur extrême misère. Fortune ne le publiera pas. Nous lui empruntons son titre.
Pour en savoir plus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Louons_maintenant_les_grands_hommes
Notre post d’aujourd’hui n’a d’autre but que de célébrer de grands écrivains qui viennent de nous quitter et les 27 millions de martyrs soviétiques à qui nous devons d’avoir été libérés du nazisme allemand, si pas du nazisme tout court.
Comme on le sait, les maîtres néocons US n’ont eu qu’à tirer un coup sur la laisse pour que, ne reculant devant aucune bassesse, les gouvernements caniches d’Europe fassent savoir à celui de la Fédération de Russie qu’ils n’assisteraient pas, merci, aux célébrations du 70e Anniversaire de la Victoire de l’URSS et un peu des Alliés sur le IIIe Reich.
Cette insulte a au moins le mérite de ne plus laisser subsister aucun doute sur la vérité historique la plus massivement occultée, à savoir, que le but réel de la IIIe Guerre mondiale a bien été de détruire l’URSS et de s’emparer de tout ce qu’elle représentait : territoires, richesses, populations d’esclaves potentiels, après avoir préemptivement détruit tout ce qui tendait à l’égalité-fraternité en Espagne, et qu’Adolf Hitler, Benito Mussolini et leurs troupes ne furent jamais que le bras armé de ces bourgeoisies du capital baptisées en leur temps, par Philippe Buonarroti, « Parti de l’égoïsme ». Quiconque en doute encore doit se référer sans tarder à Mme Annie Lacroix-Riz, à MM. Jacques Pauwels, Henri Guillemin et aux quelques autres, très rares, que clamer la vérité dans le désert n’a pas rebutés.
Répondre au mépris à l’égard du Jour de la Victoire.
Mikhaïl Vassilievitch Demourine – IA Regnum –8 avril 2015
Celui qui écrit ces lignes est un homme politique, un publiciste et un diplomate de formation. Il est le premier fonctionnaire russe à qui l’Union Européenne ait appliqué des « sanctions » (en droit international : agression, acte de guerre.) en matière de visa, en 2004 Il a quitté le service diplomatique en 2005, en désaccord avec ce qu’il estimait être l’inconséquence de la politique de la Russie envers les pays baltes. Il développe ici un propos mesuré mais très ferme et argumenté, au sujet des (scandaleuses) réactions occidentales à l’invitation de participer aux cérémonies du 70e anniversaire du Jour de la Victoire.
Il faut répondre, dit-il, aux dirigeants étrangers qui ont décliné l’invitation de participer à la célébration du Jour de la Victoire, en excluant de cette dernière leurs ambassadeurs à Moscou.
Cela va sans dire et mieux encore en le disant.
Le problème qui s’est fait jour autour de l’invitation des représentants étrangers aux cérémonies consacrées au 70e anniversaire du Jour de la Victoire a engendré une situation idiote, aux relents mauvais. Alors que je travaillais au Ministère des Affaires étrangères, je me suis prononcé, en 2004, contre l’invitation généralisée des Européens au soixantième anniversaire. Pour quelle raison devrions-nous en effet amener sur la Place Rouge, en cette journée pour nous chérie et sainte entre toutes, ceux qui sont incapables de prendre conscience, ni par l’esprit ni par le cœur, de la signification qu’elle revêt à nos yeux, et plus encore, qui raillent notre fête, que nous célébrons pour honorer les exploits et les sacrifices de nos pères et grands-pères ? Je pense que dans le meilleur des cas, quelques milliers d’Européens seulement, ou même quelques centaines, comprennent que pour le peuple de l’Union Soviétique, la Victoire ne fut pas tant triomphe (bien que triomphe elle fut évidemment aussi) que salut. Nos pertes furent immenses, particulièrement en ce qui concerne les simples citoyens civils exterminés au cours de l’invasion allemande. Ces pertes ne sont pas comparables à celles subies, disons par les Pays-Bas, où elles équivalaient à zéro en cas de non-résistance. Dans les régions concernées, ce furent jusqu’à 80% de nos concitoyens qui furent éliminés, comme en disposait le plan «Ost».
Ceux qui subirent l’occupation allemande en Europe de l’Est et du Sud-est (mais non pas, évidemment, ceux qui la vécurent en qualité d’auxiliaires des occupants) ainsi que leurs enfants, sont les seuls à comprendre de façon adéquate ce qui s’est produit, tant chez eux, que dans la partie européenne de l’URSS au cours des années de la Seconde Guerre Mondiale. La mémoire humaine a la propriété de s’effriter. Mais c’est de manière intentionnelle qu’au cours des dernières décennies, la juste compréhension du sens de cette guerre a été lessivée jusqu’à disparaître des cerveaux européens.
Ce qui s’est produit récemment en République Tchèque est significatif à cet égard. Le Président Zeman s’est élevé contre le diktat américain non seulement de par le caractère humiliant de ce dernier pour le dirigeant d’un État souverain, mais, j’en suis convaincu, parce qu’il a voulu prendre position au sujet de l’objet de ce diktat. Pour le Premier Ministre tchèque Sobotki, beaucoup plus jeune, une telle prise de position officielle sur les plans historique, politique et culturel prend une valeur nettement moins importante.
Tous les politiciens étrangers qui ont décliné l’invitation des autorités de Russie pour le 9 mai l’ont fait sur la base d’une discipline proaméricaine, mais aussi compte tenu de leurs situations spécifiques respectives. Celle de Varsovie est caractérisée par une haine séculaire vis-à-vis de Moscou, liée à la perte de nombreuses possibilités historiques du fait de sa tendance destructrice à envisager sa liberté comme étant en premier lieu la liberté de porter préjudice à la Russie. Que la Pologne étudie donc l’histoire. Qu’elle apprenne que chaque fois qu’elle a pris part à une coalition contre la Russie, et d’autant plus lorsqu’elle en a été l’initiatrice, elle a récolté une défaite historique. Mais tout cela ne lui vient pas à l’esprit.
Quant à ceux qui jouent aujourd’hui un rôle de premier plan dans les pays baltes, leur revanchisme pronazi ordinaire les incite à fonder leur «idée nationale» sur les exploits non pas de ceux qui libérèrent l’Europe du nazisme, mais de ceux qui furent les ennemis de l’Armée Rouge et qui se noyèrent ignominieusement dans l’oubli avec leurs maîtres hitlériens.
Pour l’élite du «petit frère» bulgare, c’est devenu une triste règle historique que de se retrouver à chaque moment critique de l’histoire au côté des ennemis de ceux qui les libérèrent du joug ottoman.
La haine secrète des Anglo-saxons à l’égard de Moscou provient de ce qu’au milieu du siècle dernier, elle fut non seulement la plus puissante sur les plans militaire et économique, mais qu’elle déjoua leurs projets politiques, dès l’entrée en guerre, et jusqu’à la fin de celle-ci, ce qui pour leur morgue «d’arbitre du monde», fut doublement insupportable.
Pour ce qui concerne l’Occident dans sa globalité, il faut évidemment être doté d’un courage intellectuel et moral certain pour admettre l’idée que les Européens s’avérèrent incapables de venir à bout par eux-mêmes du phénomène du national-totalitarisme, qui a grandi sur le sol européen et s’est nourri des sucs de ce dernier, et non de ceux de qui d’autre que ce fut. Il en va de même pour qu’ils admettent que la tâche fut menée à bien par ceux qu’ils considéraient appartenir à une «civilisation» largement inférieure à la leur. Au sein du Vieux Monde, et outre Atlantique, il y eut des politiciens dotés d’un pareil courage, et qui voulaient vraiment se débarrasser de la répugnante peste hitlérienne. Nous les connaissons. Nous nous souvenons d’eux. Mais aujourd’hui ce sont les descendants politiques et spirituels de ceux pour qui cette peste n’était pas du tout repoussante qui ont pris le dessus. En tous cas, elle était acceptable dans la mesure où elle contribuait à résoudre enfin le soi-disant «problème Russie», ce monstre incompréhensible, immense, qui faisait face à l’Europe et refusait on ne sait pourquoi de se soumettre à elle. Aujourd’hui, ils recherchent une nouvelle peste du même genre, pour «remettre la Russie à sa place».
Revenons maintenant à nos invités étrangers à la cérémonie du 9 mai. Comme je l’ai déjà dit, il eut mieux valu ne pas les convier, comme firent, en admettant de rares exceptions, nos pères, qui portèrent cette guère sur leurs épaules. Ils comprenaient clairement qui devait participer à leur célébration. Nous devrions préserver cette tradition et nous en tenir à l’échange de délégations officielles à cette occasion, et seulement dans les cas où existe un intérêt mutuel. Mais une fois l’invitation lancée, donnons-y suite sérieusement. Ne réduisons pas cela à une occasion de se montrer, mais soulignons clairement une solidarité à l’égard du sacrifice et de l’exploit des vainqueurs du mal le plus effrayant qui ait jamais paru sur notre planète. Laissons pour l’opinion publique des pays respectifs de messieurs les dirigeants étrangers, le verbiage selon lequel bien sûr nous reconnaissons «la part» de la Russie dans l’écrasement du nazisme, mais non, nous n’irons pas à Moscou car nous n’approuvons pas la position du pouvoir russe quant à la situation en Ukraine. Car on ne peut s’y tromper longuement ; pour les gens sains d’esprit, il est évident que dans le Sud-est de l’Ukraine se déroule une lutte pareille à celle que menèrent les peuples de l’URSS entre 1941 et 1945. Ceux qui mènent ce combat le font dans le but de pouvoir déterminer leur propre destin, et ils luttent contre ceux qui, s’appuyant sur le soutien de l’Occident, veulent supprimer ce droit et imposer leur propre volonté. Et exterminer ceux qui ne seront pas d’accord.
Que proposerais-je donc de faire vis-à-vis de ces pays dont les dirigeants déclinent sur la base de motifs politiques, l’invitation à participer aux cérémonies de commémoration du Jour de la Victoire à Moscou ? Interdire à leur ambassadeur de participer à ces cérémonies. Vous voulez être à cheval sur les principes ? Et bien nous le serons jusqu’au bout ! Pourquoi ferions-nous preuve de respect à l’égard de ceux qui ne respectent pas ce qui pour nous est sacré ? Ne plus inviter les représentants de tels pays aux cérémonies va tout simplement de soi. Jusqu’à ce qu’ils en fassent eux-mêmes la demande. Il viendra un temps où la Russie sera forte. Alors ils demanderont !
Mais si les ambassadeurs de ces pays sont admis à ces cérémonies, la situation n’en deviendra que plus perverse : on crache sur nous, nous nous essuyons et nous sourions. La ligne de front politique et idéologique traverse aujourd’hui la question du sens de la Victoire du peuple Soviétique lors de la Grande Guerre Patriotique contre l’Allemagne nazie et ses alliés. «Fraterniser» par-delà cette ligne de front est inacceptable. Sinon, la chute nous attend.
Source : http://reseauinternational.net/repondre-au-mepris-a-legar...
Parade de la Victoire Moscou 1945 - Парад Победы
Ceci est l’original de la bande d’actualités filmée à Moscou le 9 mai 1945, sans « re-mastering ». Si vous la visionnez en entier, au bout de 7 minutes 50’ et de 19 minutes 50’ environ, vous verrez les drapeaux pris à l’ennemi avec leur croix gammée, l’emblème bien connu, qui est resté, aujourd’hui, celui des nazis ukrainiens (et des nazies ukrainiennes, n’oublions pas les jolies femmes qui posent pour Elle).
Puis, à la minute 34, lorsque, après le défilé au son de « Stenka Razine », ils jettent les drapeaux par terre, on revoit le sigle à nouveau utilisé aujourd’hui en notre nom par notre Pravy sektor et nos bataillons privés d’Ukraine.
« Le gÉnie, le gÉant, le gÊneur »
« L’INCOMMODE TÉMOIN DU XXe siècle »…
Le 21 mars dernier, en compagnie de Grita Löbsack, épouse de son traducteur espagnol Miguel Saenz, qui allait lui servir d’interprète, un journaliste d’El Païs s’est rendu à Lübeck, dans la maison où vivaient Günter Grass et son épouse Ute.
Les visiteurs furent reçus avec des douceurs sucrées faites maison, d’après une recette laissée par le premier mari d’Ute, récemment venu lui aussi en visite. Ils avaient apporté avec eux un jambon serrano, dont Grass s’était aussitôt mis à « jouer », lui trouvant la forme d’une mandoline italienne. Il était allègre, attentif au monde comme jamais et plein de projets, tels que par exemple retourner au Cercle des Beaux-Arts de Madrid exposer ses dernières œuvres. Il devait s’aider d’un respirateur mais continuait de fumer la pipe. Quelques jours plus tard, une pneumonie l’envoya à l’hôpital, et c’est elle qui eut le dernier mot.
Günter Grass : « La douleur est la cause principale qui me fait travailler et créer. »
Transcription de l’interview inédite accordée par l’écrivain allemand au journal espagnol El Païs, en sa maison de Lübeck, le 21 mars dernier.
Question : En tant qu’être humain, que vous apporte l’écriture quotidienne de poèmes ?
Réponse : Mon premier livre est sorti dans les années 50 et ce fut un livre de poésie avec des dessins. Ce n’est que plus tard que j’ai commencé à écrire un roman : Le tambour. À cette époque, je vivais à Berlin où j’étudiais la sculpture. J’écrivais un roman, et quand je l’achevais, il me fallait changer de moyen d’expression. À ce moment-là, c’était la poésie, parce que je me rendais compte que, en m’identifiant à tant de personnages de mes romans, je m’éloignais de moi-même. Et je voulais y revenir et aussi me mesurer à moi-même, en quelque sorte.
Q : Et vous dessiniez.
R : Quand j’avais dessiné pendant longtemps, il me fallait revenir aux mots, à la poésie. Il me fallait revenir à la rencontre de moi-même et aussi du lieu où je me trouvais, parce que toute mon activité antérieure m’avait éloigné de moi.
Q : Que trouvez-vous, quand vous revenez à vous-même ?
R : Dans les années 50 et 60, j’ai dû me mettre à porter des lunettes, et j’ai écrit un poème où j’y faisais allusion. Dans ce poème, je dis que tout est plus précis mais… en oblique, que les impuretés se voient avec plus de netteté. Et avec les années qui passent aussi, je me rends compte des progrès de l’âge, d’une certaine fatigue des matériaux du corps, et qu’il faut recourir à un atelier de réparation. En même temps, j’acquiers la conscience de ce que tout est « fini », a des limites.
Q : Vous avez toujours eu cette impression, même dans votre jeunesse ?
R : Pour moi, cela a été très clair très vite, parce que, philosophiquement, je n’étais pas sous l’influence de Heidegger mais de Camus. C'est-à-dire que nous vivons maintenant et, maintenant, nous avons la possibilité de faire quelque chose de notre vie. C’est Le mythe de Sisyphe, que j’ai découvert après la guerre. Au fil des années, je me suis rendu compte que nous avons la possibilité de nous auto-détruire, chose qui auparavant n’existait pas, on disait que c’était la Nature qui causait les famines, les sécheresses, toutes choses dont la responsabilité ne nous incombait pas. Pour la première fois, nous sommes responsables, nous avons la possibilité et la capacité de nous annihiler et nous ne faisons rien pour que le monde échappe à ce péril. À côté de la misère sociale qu’il y a maintenant partout, voilà que nous avons le problème du changement climatique, dont nous ne tenons même pas compte des conséquences. On organise une réunion après l’autre et la problématique reste la même : on ne fait rien
Q : Et les problèmes augmentent.
R : On doit y ajouter le problème de la surpopulation. Tout ça mis ensemble me fait me rendre compte de ce que les choses sont limitées, de ce que nous ne disposons pas d’un temps indéfini, Si on tient compte de la durée d’existence de notre planète, il nous faut reconnaître que nous sommes des invités qui y passons un temps très court et déterminé, et que la seule chose que nous allons laisser derrière nous est une poubelle à ordures atomique… Dans les années 70 et 80, j’ai écrit deux romans épiques, Le turbot et La ratte : la capacité de l’homme à s’autodétruire est reflétée par ces romans.
Q : Il n’y a pas un seul de vos livres de prose qui n’aille au centre de votre propre vie, depuis Le tambour jusqu’à Pelures d’oignon ou En crabe… La fiction vous sert à raconter votre réalité intérieure…
R : Oui, et c’est pourquoi je tiens à dire que ce nouveau livre qui va sortir en automne est fait de textes brefs dans lesquels je veux montrer la relation intense qu’il y a entre la prose et la poésie. Normalement, les germanistes séparent les genres. Moi, je veux les voir réunis, parce que je crois qu’ils sont liés : les frontières entre la prose et la poésie, pour moi, ne sont pas définies, elles sont fluctuantes.
Q : Cette association vous permet de mieux dire ce qui vous arrive ?
R : De ma mère, j’ai hérité deux talents : pour moi, ça n’a jamais été un problème de laisser une chose pour m’adonner à une autre… Je veux dire que j’ai deux talents et qu’avec beaucoup de travail, je dois les développer et essayer de m’exprimer en me servant des deux. Choisir entre une chose et une autre n’a jamais été une alternative mais un enrichissement. Par exemple, si j’écrivais pendant longtemps, j’avais la sensation que la sculpture me ferait beaucoup de bien, parce qu’elle exprimait quelque chose de tous les côtés à la fois, quelque chose qui était dans l’espace. Beaucoup de mes poèmes commencent par un dessin : quand l’idée d’une métaphore me vient, je la concrétise sur le papier, et tout de suite, j’en fais un dessin, pour voir si elle tiendra la route ou pas. En composant Trouvailles pour gens qui ne lisent pas [117 aquarelles et 131 poèmes courts, à notre connaissance inédit en français, NdT], je peignais des aquarelles et, avant même qu’elles soient sèches, je commençais à écrire des poèmes de quatre ou cinq lignes. C’est un bon exemple de la manière dont les disciplines (peinture, écriture) se mélangent et s’enrichissent mutuellement.
2005 - Vernissage d’une exposition de ses dessins (Luxembourg, Galerie Clairefontaine)
Q : Humainement, que signifie le travail, pour vous ?
R : Vous avez lu mes livres, et vous savez, comme je l’ai dit dans Pelures d’oignon, qu’à seize ans, j’ai survécu par pur hasard, qu’en trois ou quatre semaines de temps, pendant la guerre, j’ai eu cinq ou six fois l’occasion de mourir comme tant d’autres de mon âge. J’en ai encore conscience aujourd’hui. Travailler le plus possible m’aide à me prouver à moi-même que j’ai survécu, que j’existe et que je continue à vivre, que je suis vivant.
Q : Tout à l’heure, vous avez mentionné Camus. L’œuvre de Camus est une explication ou une expiation de la douleur, une recherche de la survie à travers la littérature. Camus, vous l’appréciez pour cette même attitude ?
R : L’essai sur le mythe de Sisyphe décrit le travail : ce qui est horrible, c’est de soulever le rocher en sachant que cela ne sert à rien, puisqu’il va quand même retomber ; cependant, Sisyphe n’a d’autre possibilité que de le soulever, puisque, s’il ne le fait pas, il sera sans fonction. Camus termine cet essai en disant qu’on peut considérer que Sisyphe était un homme heureux… Pour moi, c’était très important, c’était une nouvelle interprétation du mythe réellement passionnante ; toute la cause, au fond, est dans la douleur. Chaque personne a sa propre situation, et je me suis rendu compte que non seulement je pouvais m’exprimer artistiquement, mais que je devais traiter des thèmes déterminés : celui de ma jeunesse et de la capitulation sans conditions de l’Allemagne, avec la destruction totale de toutes ses maisons mais aussi l’effondrement total de ses habitants.
Q : Une histoire de douleur.
R : Pendant toute ma vie et jusqu’à ce jour, c’est toujours la même chose. Et ce qui est incroyable, c’est que l’histoire de l’Allemagne est une histoire sans fin, parce que l’Holocauste et le génocide sont des crimes horribles ; ils sont une histoire qui ne finit jamais. Nous le voyons bien aujourd’hui en Grèce : une fois de plus, nous sommes confrontés aux problèmes des horreurs causées par les soldats allemands pendant l’occupation… Cette histoire nous suit et nous suit encore… C’est pourquoi j’en reviens une fois de plus au thème de la douleur de Camus : la douleur est la cause principale qui me fait travailler et créer.
Q : Camus a cette phrase : « la belle chaleur qui régnait sur mon enfance m’a privé de tout ressentiment » [L’envers et l’endroit, Préface. NdT]. Votre enfance à vous a-t-elle aussi été capitale pour le développement ultérieur de votre œuvre littéraire ?
R : Dans Pelures d’oignon, il y a une nécrologie de ma mère. Elle est morte d’un cancer à 57 ans. J’étais retourné voir mes parents et ma sœur deux ans après la guerre. Ma mère, ils l’avaient expulsée de Dantzig. Quand je l’ai revue, c’était une femme brisée et vieille…. Quand j’étais petit, je lui racontais beaucoup d’histoires qui sortaient de mon imagination, et l’imagination des enfants est très fertile. Elle disait : « Mensonges d’enfant ». Mais, dans le fond, ces mensonges lui plaisaient. Je lui disais toujours que, quand je serais majeur et que j’aurais de l’argent, je l’emmènerais dans des pays merveilleux et tout ça… Mais comme elle est morte si tôt, je n’ai jamais pu lui prouver que je disais la vérité… Jamais je n’ai rien pu faire pour elle… Elle a été malheureuse quand je lui ai dit que je voulais devenir artiste, mon père y était complètement opposé, mais elle m’a toujours soutenu, et moi, j’ai été malheureux pour elle. Aujourd’hui encore, je suis malheureux de n’avoir rien pu faire pour elle de ce que je lui avais promis. J’ai un complexe maternel prononcé : je ne suis jamais allé chez le psychiatre et c’est la source de toute ma créativité.
Q : Vous dites que, dans Pelures d’oignons, vous racontez l’histoire d’un jeune homme (vous) qui aurait pu mourir et disparaître. Ce n’est pas arrivé, vous êtes là. Mais, d’une certaine manière, est-ce que cette guerre ne vous a pas blessé pour toujours, vous et votre génération ?
R : Sûrement, oui. Nous avons tous été marqués par la IIe Guerre mondiale. Et ses effets les plus terribles sont ceux à long terme… qui n’en finissent pas. C’est pourquoi ma génération est plus attentive aux problèmes du présent, puisqu’il semble que nous nous dirigions vers une IIIe Guerre mondiale sans pouvoir dire comment elle a commencé. La IIe Guerre mondiale a commencé par l’entrée de l’Allemagne en Pologne, mais, au fond, elle avait déjà commencé avec la Guerre d’Espagne. Pour l’Allemagne, l’Italie, l’URSS et les autres, la Guerre Civile espagnole fut l’occasion de tester leurs armes dans un conflit concret. Lorsqu’elle s’est achevée, en 1939, a commencé la IIe Guerre Mondiale. En 1936, le Japon avait commencé par entrer en Mandchourie, puis, de là, en Chine, et on sait quels horribles massacres se sont perpétrés… sans compter qu’il y avait encore d’autres foyers de guerre en Asie… Aujourd’hui, nous avons, d’une part, l’Ukraine, dont la situation ne s’améliore en aucune manière ; en Israël et en Palestine, c’est tout le temps pire ; le désastre que les Américains nous ont laissé en Irak, les atrocités de l’Armée Islamique et le problème de la Syrie, où les gens continuent à se battre même s’ils ont disparu des informations… Il y a la guerre partout, nous risquons de commettre à nouveau les erreurs du passé, dès que nous serons entrés comme des somnambules dans une IIIe Guerre mondiale.
Q : Vous avez écrit Mon siècle sur le XXe siècle et ses méfaits. Ce XXIe siècle prolonge les méfaits et le fanatisme est un lieu commun. Est-il la méchanceté humaine du XXIe siècle ?
R : J’en doute. Je ne dis pas du tout que celui-ci est bon et que celui-là est mauvais, ce serait par trop simplifier les choses… Bush a été un problème… Bush parlait du mal et il ne faisait rien pour y trouver une solution : il conduisait au manichéisme, au blanc et noir… Ce qu’il faut faire, c’est se rappeler les origines de cette histoire. Par exemple, que s’est-il passé après la Ière Guerre mondiale ? L’empire ottoman s’est effondré, on a morcelé les Balkans et le pétrole est devenu primordial. L’Irak, auparavant, n’existait pas, il a été inventé de toutes pièces par les puissances coloniales victorieuses… La Palestine est devenue un protectorat anglais, de même que la Syrie est devenue un protectorat français. Et l’Holocauste a généré le problème palestinien. Tout cela, au fond, n’a été qu’annexions de territoires et, jusqu’au jour d’aujourd’hui, tous les problèmes sont nés de l’attitude des vainqueurs de la Ière Guerre mondiale.
Q : Peut-on espérer que l’homme sera meilleur au XXIe siècle ? Il semble régresser, et vous, en prédisant la IIIe Guerre mondiale, semblez voir l’avenir avec pessimisme.
R : Ce n’est pas du pessimisme. Je me base sur l’expérience et sur les fautes que nous avons commises, quelque chose qu’on peut vérifier historiquement, c’est pourquoi je doute que l’homme s’améliore. Que l’homme soit capable d’apprendre des erreurs du passé est une autre chose. Par exemple, regardons le conflit avec la Russie. Depuis l’effondrement de l’URSS, qui fut un désastre, sont apparus Eltsine et Poutine ! Après quoi sont venus Poutine et Poutine ! Poutine a surgi en 88 et en 90, quand tout s’écroulait, quand en dépit de tous les engagements occidentaux, l’OTAN l’encerclait de plus en plus près. Or, il y a des traumatismes russes, depuis Napoléon et depuis la IIe Guerre mondiale et les 27 millions de morts qu’y causèrent les Allemands, et voilà qu’ils se retrouvent à nouveau encerclés par l’ennemi. Je ne dis pas que ce qu’ils ont fait en Crimée se justifie, c’est injustifiable, mais il faut les comprendre, et c’est ce que nous devons absolument faire : comprendre la Russie.
Q : Et nous ne la comprenons pas.
R : Nous avons perdu la capacité de comprendre les erreurs que nous avons commises depuis 1989. Après la chute de l’URSS, le Pacte de Varsovie s’est dissout, mais l’OTAN a continué imperturbablement, comme si rien ne s’était passé. Il n’y a eu aucune tentative sérieuse pour créer une nouvelle alliance de sécurité incluant la Russie, et ce sont là des échecs terribles. On promet à l’Ukraine qu’elle fera partie de l’Union européenne et qu’ensuite, elle entrera dans l’OTAN. C’est logique, c’est normal que la Russie réagisse avec nervosité. Toutes les réactions de Poutine ont des causes et, puisqu’en Europe, nous avons pris l’habitude de collaborer économiquement et financièrement, il aurait fallu que nous suivions aussi une politique extérieure commune. Malheureusement, nous dépendons beaucoup trop des désirs des Américains, et les États-Unis sont loin de nous et de ce que nous devrons faire. Si les Républicains arrivent au pouvoir, il y aura une nouvelle course aux armements, et il y aura une fois de plus un ennemi terriblement menaçant aux portes de la Russie.
Q : Vous avez créé beaucoup de métaphores. Celle qui a le plus marqué est celle d’Oskar Matzerath. On a l’impression que ce personnage, qui ne voulait pas grandir ni se mêler au monde adulte, refuserait de grandir aujourd’hui aussi…
R : La différence entre le XXe et le XXIe siècles est que le XXe a été caractérisé par ses idéologies, et pas seulement par le fascisme italien, le national-socialisme allemand et le communisme, mais aussi par l’american way of life et par le capitalisme dominant. La seule de toutes ces idéologies qui soit restée est celle du capitalisme et le capitalisme est capable de changer. Cependant, le capitalisme est en train de se détruire : toutes ces quantités irrationnelles d’argent qui passent par le monde entier et qui n’ont rien à voir avec l’économie réelle. Cette irrationnalité n’était pas aussi marquée au XXe siècle. Oskar serait aujourd’hui une personne différente et il lui faudrait luttrer contre des résistances différentes. De plus, il serait plongé dans des milieux complètement différents. Au XXe siècle, Oskar provenait d’un milieu prolétaire et petit-bourgeois et c’est à cela qu’il devait réagir. Aujourd’hui, il serait un computer freak, un hacker ou quelque chose de ce genre, et il lui faudrait vaincre d’autres résistances.
Q : Avez-vous été Oskar Matzenrath ?
R : Non, moi j’ai poursuivi ma croissance.
Q : Vous auriez aimé l’être ?
R : Non, au fond, non. Je ne suis pas semblable à Oskar. Ce qui se passe, c’est que le personnage d’Oskar a des racines picaresques, il joue le rôle d’une espèce de miroir, avec une loupe capable d’allumer un incendie, capable par ailleurs d’exprimer l’infantilisme du XXe siècle, dont je n’ai pas eu envie d’être ni envie de me défendre.
Q : Vous travaillez sous des gravures de Goya. Que vous apporte Goya ?
R : Je travaille en effet sous une série d’eaux-fortes de Goya. Chaque fois que j’atteins un anniversaire important, de ceux qui se terminent par un 0 ou un 5, ma femme m’en offre un, s’il s’en trouve encore sur le marché. Pour moi, c’est comme la mesure de l’artiste, le critère de la vérité. C’est d’une imagination impressionnante, la manière dont il illustre la démence de ce monde ! J’ai plusieurs des Caprichos, de ceux qui montrent qu’il était contre l’Inquisition et la démence de l’Église catholique d’une part, et pour la vie comme elle est, de l’autre… Goya est, pour moi, le grand exemple, celui qui me donne la mesure de ce qui est bien ou mal.
Source :http://cultura.elpais.com/cultura/2015/04/13/actualidad/1428918239_167030.html
Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades
N.B. - On peut discuter plusieurs des affirmations de Günter Grass. Ce n’est pas à nous de le faire. Grass est un artiste multiforme digne de la Renaissance, il n’est pas un politique ni un historien. Il se trompe (selon nous) sur des faits, lorsque c’est sa conscience allemande qui parle, lorsqu’un sens catholique du péché obscurcit à ses yeux des réalités qui sont sans ambiguïté à ceux des mécréants.
Un entretien de Günter Grass avec Pierre Bourdieu
(2012 ?)
Si on vous demandait quel grand homme incarne, plus que quiconque, Barcelone, peut-être diriez-vous Gaudi. Nous répondrions sans hésiter Ledesma. Il vient de mourir, le 2 mars dernier, comme nous l’avons signalé dans notre post précédent. Il avait dix ans au début de la Guerre d’Espagne. Il en est indissociable. Son œuvre aussi.
Francisco González Ledesma
Un hommage de Laherrère (Actu du noir) :
https://actudunoir.wordpress.com/2015/03/02/mort-de-francisco-gonzalez-ledesma/
Pour mémoire, une page d’histoire au hasard :
Un épisode peu glorieux, les accords Bérard/Jordana : une trahison
http://www.24-aout 1944.org/IMG/pdf/les_accord_honteux_berard_jordana_.pdf
Une autre plus honorable, hélas privée :
François Mauriac et l’Espagne
http://temoignagechretien.fr/articles/international/lheure-du-choix
Jean Lacouture : http://francois-mauriac.aquitaine.fr/h_engage/htm/contenu/espagne/engage05.htm
« Les voilà, vos terroristes ! »
(François Mauriac, 1939 - Prix Nobel de littérature en 1952)
Eduardo Galeano: « Peu de Palestine reste. Pas à pas, Israël l’efface de la carte »
Eduardo Galeano, l’écrivain sensible, l’homme attachant n’est plus. Il s’est éteint trop vite, trop tôt, le 13 avril, alors qu’il n’avait que 74 ans. Nous lui rendons hommage en publiant un texte qu’il avait dédié à la Palestine. [ASI]
Pour se justifier, le terrorisme de l’État fabrique des terroristes : il sème de la haine et récolte des alibis. Tout indique que cette boucherie de Gaza, qui selon ses auteurs veut en finir avec les terroristes, réussira à les multiplier. Depuis 1948, les Palestiniens vivent condamnés à l’humiliation perpétuelle. Ils ne peuvent même respirer sans permission. Ils ont perdu leur patrie, leurs terres, leur eau, leur liberté, leur tout. Ils n’ont même pas le droit de choisir leurs gouvernants. Quand ils votent pour celui pour lequel ils ne doivent pas voter, ils sont punis. Gaza est punie. C’est devenu une souricière sans sortie, depuis que le Hamas a proprement gagné les élections en 2006. Quelque chose de semblable était arrivée en 1932, quand le Parti Communiste a triomphé aux élections d’El Salvador.
Source : http://reseauinternational.net/eduardo-galeano-peu-de-pal...
Vivir sin medio
Et parce que Raúl Castro est encore, lui, bien en vie (touchons du bois !) et qu’il vient de dire de vive voix, brièvement (50 minutes) mais décisivement, ce que Galeano avait écrit dans Les veines ouvertes de l’Amérique latine, nous lui donnons ici la parole, d’autant plus volontiers que ce remarquable discours a été prononcé, le 11 avril dernier, en présence de Barack Obama, au Sommet des Amériques, le premier auquel il ait été permis à Cuba d’assister.
Soit dit en passant : en a-t-on fait des supputations, quand une espèce de dégel a été annoncé entre l’île et le puissant voisin… C’en était fait des Cubains… les USA avaient enfin triomphé… ils allaient se farcir les imprudents castristes en deux coups de cuillère à pot… etc. etc. La seule hypothèse à laquelle personne apparemment n’a songé, c’est que les USA ont été contraints de réintégrer les Cubains, par les autres pays d’Amérique latine.
Discours de M. Raúl Castro Ruz, président de la République socialiste de Cuba, au VIIème Sommet des Amériques, Panama, le 11 Avril 2015.
Il était temps que je parle devant vous au nom de Cuba. On m’avait informé au départ que je devais parler huit minutes. Alors j’ai fait un gros effort, aidé de mon ministre des Relations extérieures, pour ramener mon discours à ce temps de parole. Mais comme vous me devez six Sommets, ceux d’où nous avons été exclus (rires et applaudissements), j’ai demandé au président Varela, juste avant d’entrer dans cette magnifique salle, de me céder quelques minutes de plus. Surtout après avoir écouté tant de discours si intéressants. Je ne parle pas seulement de celui du président Obama, mais aussi de celui du président équatorien Rafael Correa, de celui de la présidente Dilma Rousseff, et d’autres. Sans plus de préambules, je commencerai donc.
Cher Juan Carlos Varela, président de la République du Panama ;
Chers présidents et présidentes, chers et chères Premiers ministres ;
Chers invités,
Je tiens tout d’abord à exprimer ma solidarité à la présidente Bachelet et au peuple chilien pour les catastrophes naturelles qu’ils sont en train de souffrir.
Source : http://www.legrandsoir.info/discours-de-m-raul-castro-ruz...
En vivo :
Livres
(oui, chez Günter Grass, les rattes lisent)
Günter GRASS : bien sûr, il faut TOUT lire.
Francisco González LEDESMA : bien sûr, il faut TOUT lire aussi, en commençant par les écrits post-franquistes parus chez l’excellent éditeur français (il en reste quelques-uns) L’ATALANTE, à Nantes, mais il faut lire aussi les autres, les Méndez, etc.
Voir ci-dessous, tout en bas (à vos roulettes), la Postface à Los Napoleones qu’il a écrite pour ses lecteurs français, lors de la réédition de 2001.
Eduardo GALEANO : bien sûr, il faut TOUT lire, à commencer par :
Les veines ouvertes de l’Amérique latine
Plon – Terres humaines – 1998
447 pages
Réédité en Poche (Pocket) - 2001.
Mémoire du feu : Les naissances ; Les visages et les masques ; Le siècle du vent - (Une histoire populaire de l’Amérique latine)
Lux – 2013 – 990 pages
Le livre des étreintes
Lux – 2012 – 250 pages
« Système de la dissociation : On n’est jamais si bien servi que par soi-même. Ton prochain n’est ni ton frère ni ton amant. Ton prochain est un concurrent, un ennemi, un obstacle à franchir ou une chose à utiliser. Le système qui ne donne pas à manger, ne donne pas non plus à aimer : nombreux sont ceux qu’il prive de pain, mais plus nombreux encore sont ceux qu’il condamne à une famine d’étreintes. »
Non sans ressemblance avec les Trouvailles pour gens qui ne lisent pas de Grass : Textes courts, précédés de dessins de l’auteur.
Voir, sur Babelio, le commentaire de mariecesttout
François MAURIAC : au pif, dans une production foisonnante, diverse et longue…
Journal – Mémoires politiques
R. Laffont/Bouquins – 2008
1138 pages
« D'un charnier à un autre charnier, l'humanité n'apprend rien, ne retient rien. La nouvelle guerre est toujours plus stupide, la moins excusable. Nous y courons les yeux ouverts. » (Article paru dans Le Temps, 27 mai 1938).
Georges BERNANOS : « Il faut le lire, absolument ! » (Henri Guillemin).
Les grands cimetières sous la lune
Points – 2014
329 pages
Sur ce pamphlet, voir Simone Weil et Albert Camus
Avant celui-là – en 1931 – il avait écrit :
La Grande Peur des bien-pensants
Le Livre de Poche – 1998
414 pages
George ORWELL sur la Guerre d’Espagne, où il fut :
Hommage à la Catalogne : 1936-1937
10/18 – 1999 + Rééd.
293 pages
« Texte fondateur qui préfigure en partie les visions dramatiques du monde totalitaire de 1984, Hommage à la Catalogne est autant un reportage qu'une réflexion sur la guerre d'Espagne. Engagé aux côtés des républicains, Orwell voit dans la trahison des communistes les conséquences du jeu politique stalinien. Il en découlera la prise de conscience d'un nécessaire engagement... »
Francisco González Ledesma
Postface (autobiographique) de l’auteur À l’Édition française de LOS NAPOLEONES
Ce jour-là, cela faisait soixante-douze heures que nous n’avions rien avalé. Nous les plus âgés nous tenions le coup, mais il était probable que mes deux petits frères allaient finir par mourir de faim. C’est pourquoi ma mère – c’était toujours elle qui prenait les décisions – déclara :
– Cet après-midi, il nous faut aller à tout prix au port. Avec les bombardements, il y a beaucoup de bateaux échoués, et à bord on trouvera à manger. Nous irons à la nage et nous prendrons ce qui nous tombera sous la main.
J’avais 12 ans et ma mère 32. Nous ne savions nager ni l’un ni l’autre…
Ce matin-là, j’avais pris une autre décision héroïque, mais tout seul : près de notre maison, sur le Paralelo barcelonais, il y avait des dépôts de l’armée, pratiquement à l’abandon à cause de l’arrivée imminente des troupes de Franco ; la population affamée s’y était précipitée, malgré la présence de quelques sentinelles qui en interdisaient l’accès à coups de fusil. Des gamins de ma rue et moi-même avions décidé d’y pénétrer coûte que coûte.
Et au milieu de cette foule, il nous fut donné, en premier lieu, d’assister à un coup de chance inouï : une des sentinelles tira à hauteur de la tête sur un assaillant et la balle le transperça, mais il se produisit un vrai miracle car le projectile ne provoqua aucun dommage important. Cet homme était en train de hurler : la balle pénétra par une joue, traversa la bouche grande ouverte et ressortit par l’autre joue, sans même frôler une dent. Ce jour-là, j’ai appris bien des choses (dans la mesure où les bombardements et la guerre ne me les avaient pas déjà toutes apprises), et l’une d’entre elles fut que chacun de nous, quoi qu’il fasse, ne mourra que lorsque son heure sera venue. Bien des années plus tard, je fus conforté dans cette idée : un portier du journal de La Vanguardia – dont je devais plus tard devenir rédacteur en chef –, en proie à une dépression, tenta de se suicider ; il choisit la fenêtre la plus élevée de l’édifice et se jeta dans le vide. Mais dans l’un des commerces du rez-de-chaussée on était en train de dérouler un store fermé quelques secondes plus tôt. Le portier s’en sortit indemne, et quelques jours plus tard il reprit son travail.
Si ce matin-là j’appris que la mort ne vient qu’à son heure, j’appris aussi, entre autres choses, qu’il y a des morts absurdes.
Nous parvînmes, mes camarades et moi, à pénétrer dans le dépôt militaire, mais une immense pile de sacs s’effondra sur deux d’entre eux, les enterrant sous leur poids, et les gamins restèrent là à pourrir des jours et des jours, car personne ne déplaça les sacs : le bruit avait couru que les Maures arrivaient, et ceux-ci, comme nous le croyions fermement, allaient nous égorger tous.
Mais tout cela se déroulait le matin, et j’étais en train de vous raconter ce qui eut lieu l’après-midi. Je vous disais que ma mère et moi avions décidé, quoique ne sachant pas nager, d’aller à bord d’un bateau échoué. Nous avions atteint le Paseo de Colón, près des quais, et nous nous trouvions au centre d’une esplanade déserte, lorsque débuta la charge de la cavalerie maure. Je suis persuadé que vous le savez pour l’avoir entendu dire, les Maures étaient les soldats favoris de Franco, ce fervant catholique, sauveur de l’Espagne… et j’espère pour vous, amis lecteurs, que vous ne vous êtes jamais trouvés face à une charge pareille. Tout en brandissant leur cimeterre, les Maures poussèrent d’effroyables cris et lancèrent leur monture dans un galop effréné. Ma mère et moi restâmes allongés sur le sol pendant que la charge passait par-dessus nos corps, et je crois que c’est depuis ce moment-là que j’aime les chevaux, car ils s’efforcent d’éviter les obstacles au lieu de les piétiner. Mais alors que nous essayions, ma mère et moi, d’atteindre en courant un porche pour nous y abriter (des années plus tard, j’ai appris qu’il s’agissait de la maison où avait vécu Cervantès lors de son séjour barcelonais), j’assistai à un spectacle qui m’a profondément frappé et que je n’oublierai jamais : quatre soldats de l’armée républicaine, genou en terre face à la cavalerie maure, en train de tirer avec leurs pitoyables Mauser, disposés à accomplir leur devoir jusqu’au bout. Il n’y avait aucun officier, ils n’avaient pas de drapeau, n’avaient reçu aucune consigne, aucun ordre. Rien que leur sens du devoir. Et si ce matin-là j’avais appris ce qu’était une mort absurde, cet après-midi-là j’appris ce qu’était une mort héroïque.
J’ignore si tous les sacrifices sont inutiles. Il est sûr et certain que celui-ci le fut totalement : les malheureux soldats étaient morts alors que Franco avait gagné la guerre… et qu’il s’apprêtait à gouverner l’Espagne durant presque quarante ans. Cependant, quelque chose s’est gravé à jamais dans mon âme d’enfant : loyauté et sens du devoir. Le 19 juillet 1936, alors que les fascistes tentaient de s’emparer de la ville, j’avais vu bon nombre d’hommes et de femmes aller au-devant de la mort sans autre arme qu’une vieille carabine, sans autre drapeau qu’un bout de chiffon rouge, mais avec un espoir au cœur. Ces quatre soldats de 1939, eux, n’avaient même pas cela, même pas d’espoir. Depuis lors, j’oublie ce qu’il y a de relatif en ce monde, pour me rappeler seulement qu’il existe encore des valeurs absolues, des morts sans sépulture, des héros anonymes et sans médaille, et lorsque j’écris je leur rends sans trêve un hommage silencieux, parce que je sais qu’ils existent, parce que je les ai vus exister. Je reconnais qu’aujourd’hui peu de gens croient en ces valeurs, j’accepte de courir le risque que vous me considériez comme un homme qui n’est plus dans l’air du temps.
J’ai oublié de vous dire la date de ces événements : le 26 janvier 1939, jour de la chute de Barcelone. Et, en disant cela, j’accepte un autre risque : celui de vous inspirer une certaine compassion, car un simple calcul vous permettra de vous rendre compte que l’enfant qui était en train d’apprendre tant de choses est devenu un vieil homme.
Sur la place des Trois Cultures, à Mexico, une plaque rappelle l’ultime bataille que les Aztèques ont livrée – et perdue – en ce lieu. Il y est écrit qu’avec la domination sans partage des Espagnols débuta « un accouchement long et douloureux ». Eh bien, j’ai toujours pensé qu’il en avait été de même pour Barcelone – et ses enfants affamés – en janvier 1939. J’ai vu changer bien des choses, quoique au fond de moi il en subsiste quelques-unes qui, au moins, ont forgé ma personnalité, une personnalité peut-être vaine, mais qui a gardé quelques idéaux et m’a permis de les reconnaître dans les rues de ma ville. Je n’ai pas perdu le souvenir de la mort absurde, pas plus que le respect de la mort héroïque, et mes romans ont redonné vie à ces hommes et femmes qui sont tombés la foi au cœur. Il y a une phrase célèbre qu’a prononcée un instituteur face au peloton d’exécution : « Vous, vous ne savez pas pourquoi vous me tuez, mais moi, je sais pourquoi je meurs. »
Dans le roman que vous avez entre les mains vivent deux personnages aux idées entièrement opposées : Iglesias et Gonzalez Conde (et permettez-moi de vous confier que l’histoire de la liste des fusillés, qui a permis à Iglesias de sortir sain et sauf de la Modelo, est rigoureusement authentique). Nous y trouvons également Ochando, qui a vécu dans la dignité et qui, comme tant et tant d’Espagnols, a accepté un sort indigne, même si est indigne celui qui humilie, non l’humilié. Dans Soldados vit Marcos Javier, le militant communiste, dont le nom m’est venu inconsciemment à l’esprit comme un hommage à un poète « rouge », Marcos Ana, qui après de nombreuses années de prison découvrit que la seule chose qui lui restait, c’était les prénoms de ses parents, Marcos et Ana… et depuis lors il en a fait son nom… Et dans Los Simbolos vit Fernández-Soldat, l’homme qui a lutté et espéré jusqu’au bout, jusqu’au moment où, voyant Felipe González passer ses vacances à bord du yacht de Franco, lorsque la politique est devenue la politique des affaires, il essuie ses larmes avec un mouchoir qui est un bout de drapeau rouge…
Mais ma mémoire n’a pas seulement gardé les morts qui offraient leur dsang pour l’avenir, elle a aussi gardé les instituteurs qui offraient à l’avenir la seule chose qu’ils possédaient : la parole. Dans les écoles gratuites de la République, j’ai eu des maîtres exceptionnels ; l’un d’eux s’appelait Fernández, et des années plus tard j’ai dû refouler mes larmes en le voyant faire des paquets dans une salle des ventes. Cet homme qui croyait en Dieu – et voyait Dieu dans chaque enfant – hante les pages de Los Simbolos, sous le nom de Fernández-Salomon, celui qui fait la classe, même sur les toits en terrasses des quartiers pauvres. Avec des êtres tels que lui, j’ai appris à aimer des choses aussi simples – aussi importantes et aussi mal aimées – que la lumière du matin et la voix des poètes. Une femme, une institutrice, m’a appris à aimer en silence la solitude des femmes, qui parfois ne disposent même pas de la parole comme consolation. Alors que j’étais très jeune, je la voyais tirer vers elle un camarade, le presser contre sa jupe et ensuite éclater en sanglots.
Et les chiens perdus… Comme je les ai aimés dans les rues de cette Barcelone de la faim et du silence qui auraient été odieuses si elles n’avaient été, en même temps, celles de la solidarité ! Nous les enfants du quartier pauvre, nous parrainions un chien qui nous suivait partout, et nous gardions pour lui un morceau de pain que nous n’avions pas et une caresse que nous ne recevions pas. Dans cette Barcelone sans espoir, il y eut de petites choses miraculeuses qui nous remplissaient d’espoir, même si, pour quelqu’un qui rêvait d’être écrivain, une poignée de héros morts, quelques instituteurs mis à pied et des chiens errants représentaient un bien maigre bagage. Mais nous n’en avions pas d’autre.
Je vous ai parlé plus haut d’un « accouchement long et douloureux » ; dans ma ville, il se déroulait sur deux tableaux. D’un côté, c’étaient les prisons pleines, les quartiers misérables et les exécutions à l’aube. Les soldats qui avaient occupé Barcelone ne nous avaient pas égorgés comme nous le craignions sincèrement ; au contraire, ils se montrèrent cordiaux et aimables, et nous aidèrent à survivre. Mais dans leur sillage, venaient les tribunaux militaires qui, eux, étaient sans pitié. Chaque matin, sur les plages de Somorrostro et de Pékin, on exécutait des dizaines d’hommes et de femmes dont il fallait effacer jusqu’au souvenir. Amis lecteurs, si vous visitez Barcelone et que vous vous promenez dans la nouvelle Ville olympique construite sur ces plages, sachez que ses fondations plongent dans une lagune de sang.
L’autre aspect de cet accouchement qui modifiait tellement la ville était placé, pour bien d’autres, sous le signe du bonheur, une rage de bonheur. Étaient alors apparus des personnages qui ont marqué à jamais ma communauté, et je crois qu’il est intéressant de leur consacrer quelques mots, eux à qui j’ai dédié quelques pages dans mes romans. Certains faisaient partie des « vainqueurs », c’étaient les « occupants », les « sauveurs de l’Espagne », des justiciers avec un pouvoir – et par là même un bonheur – que n’avaient pas connu autrefois les seigneurs féodaux eux-mêmes. Dans leur ombre prospéraient les profiteurs, les « fidèles du régime » en quête d’une prébende ou d’une place au soleil, quand bien même ils devraient pour cela écraser père et mère… Et avec eux apparaissaient les nouveaux industriels, les nouveaux commerçants, les nouveaux riches, qui officiellement « développaient le pays », alors qu’ils n’étaient en réalité que des industriels et des commerçants de la faim. Je les voyais toutes les nuits attendre les choristes du Teatro Cómico sur le Paralelo, dans leurs luxueuses automobiles, et, entreprenants et canailles, leur tripoter les fesses avant même qu’elles fussent montées à bord ; je les voyais également dans des endroits chics, et qui même sentaient bon, aujourd’hui disparus, comme le Rigat, sur la place de Catalogne – sur l’emplacement de l’actuel Corte Inglès –, où des demoiselles sans fortune promenaient leur cul et cachaient une larme secrète. Il y avait aussi le Llibre, à l’angle de la Gran Vía et du Paseo de Gracia, où se trouve actuellement l’hôtel Avenida Palace, ou bien encore le Parador del Hidalgo, sur le Paseo de Gracia, entre les rues Valencia et Mallorca, ces lieux où de vraies jeunes filles passaient leur temps à attendre les messieurs, les hidalgos, en exhibant leurs jambes croisées, leur regard perdu et leurs dix-sept ans de crève-la-faim. Tous les soirs elles étalaient là leur nécessité de gagner quelques pièces, leur avidité qui, au bout du compte, était une forme d’espoir. Et c’est ainsi que naissait une nouvelle ville…
Ce roman auquel vous avez consacré un peu de votre temps est en partie l’histoire de ces hommes et de ces femmes et je peux vous assurer que sur bien des points il est rigoureusement authentique. Toutes ces familles, je les ai bien connues en tant qu’avocat, lorsqu’elles me confiaient leurs intérêts, parfaitement résumés en une simple phrase – gagner vite de l’argent ! – et plus tard en tant que journaliste, après avoir abandonné une profession lucrative pour me lancer dans l’aventure de la presse et de la rue, car je me sentais incapable de me regarder dans la glace chaque matin. Mais je n’eus aucun mérite en cela : c’était l’ultime tentative pour sauver cette part de moi-même qui venait de mon enfance.
Comme il n’y a jamais de miracle, il convient certainement d’expliquer comment un gamin affamé est devenu un avocat doté d’un certain prestige. Tout cela, je le dois aux souffrances, de ma mère, qui, la journée durant, travaillait comme couturière pour les pauvres, et à sa sœur, l’inoubliable tante Victoria, qui était à Saragosse modiste pour les riches. C’est elle qui m’accueillit chez elle et décida que je devais devenir quelqu’un. Ma tante Victoria portait en elle la force, l’acharnement et l’orgueil, c’est-à-dire l’unique patrimoine des morts de faim de l’Espagne profonde, et cela lui venait en droite ligne de ceux qui avaient su se battre la tête haute : son père, mon grand-père maternel, était boulanger à Logroño, et le jour où son patron lui avait dit qu’il était trop vieux pour travailler et qu’il ne pouvait plus porter les sacs de farine, piqué dans son orgueil, il descendit l’escalier du fournil portant un sac sur le dos (la descente est plus difficile que la montée) et le patron assis dessus.
Ce roman est donc l’histoire de gens que j’ai connus ; j’ai été témoin de leurs manigances dans leurs bureaux, et parfois de leur mort dans leur lit. Je les ai appelés Los Napoleones car ils ne pouvaient se réclamer d’aucune légitimité, ils avaient commencé très bas et ils finirent par n’avoir comme credo que leur seule ambition. Ils estimèrent que leur pays et leur liberté étaient à jamais écrasés, ils perdirent leurs idéaux – pour autant qu’eux ou leur père en aient jamais eu – et firent de l’argent le bien suprême. Leur histoire est celle d’une gigantesque corruption morale, mais on ne peut nier qu’ils aient développé leur pays ; à mon grand regret, les ans m’ont appris qu’en général les bons écrivent des poèmes ou des paroles de chanson, alors que les méchants ouvrent des commerces, créent du travail et savent choisir la meilleure terre, non pas pour y mourir mais pour y planter leur semence.
Dans ce roman, donc, j’ai évolué dans le monde de la réalité, mais je n’en étais pas à mon premier essai. Barcelone, au-delà de son intense activité commerciale, a toujours eu un fond libéral, et en son sein sont nés tous les épisodes de violence toutes les révolutions et, si l’on veut, tous les idéaux disparus. Aussi, poussé par ce que je voyais dans les rues et par une force à laquelle j’étais incapable de résister, je commençai à écrire, à l’âge de seize ans, un roman intitulé Sombras viejas [Ombres du passé] que je terminai trois ans plus tard. J’y racontai la vie des étudiants de gauche avant 1936, évoquant leur idéalisme et leur fin tragique lorsqu’ils se rendirent compte, en 1939, qu’on avait détruit la ville qu’ils avaient rêvée. C’est aussi l’histoire de la première révolution « rouge » fomentée par le gouvernement catalan lui-même et son président, Lluis Companys, qui périt quelques années plus tard, fusillé par les franquistes dans les fossés du château de Montjuich, en demandant une seule faveur, celle de mourir pieds nus, en contact avec sa terre. Sombras viejas est aussi l’histoire de la solitude de deux femmes sans autre compagnie que celle d’un souvenir et d’une ombre qui évolue parfois dans l’air.
Ce premier roman connut un sort tout à fait dans l’air du temps à cette époque-là : un grand éditeur, qui avait été « rouge », Josep Janés, avait créé le Prix international du roman, dont le jury était présidé par Somerset Maugham, et je le gagnai avec cette œuvre à l’âge de vingt et un ans. Est-il besoin de préciser qu’à vingt-deux ans, j’étais auteur d’un roman que la censure franquiste avait interdit par deux fois, et la seconde fut définitive ?
Sombras viejas est donc la première œuvre de celles que j’ai écrites sur ma ville natale ; vient ensuite Los Napoleones que vous venez, amis lecteurs, de découvrir. La troisième – en s’en tenant à la chronologie historique – est Le Dossier Barcelone, la quatrième Soldados et la cinquième Los Simbolos. Ce cycle de Barcelone – et de ma vie – s’achève avec Cenizas [Cendres], qui montre que les idéaux constituent l’ultime refuge – probablement illusoire – de la mémoire.
Ma ville est la protagoniste de tous ces romans, avec les péripéties qu’elle a vécues, et moi avec elle, avec son histoire la plus récente, celle d’hommes et de femmes oubliés qui, peu à peu, n’ont rien laissé dans ses rues, pas même une ombre.
L’histoire de ses rues – plus précisément celles des quartiers ouvriers où je suis né – est à l’origine d’une série de romans policiers ayant pour héros le vieil inspecteur Méndez. J’ai quelque réticence à les inclure dans le genre trop ambigu ou trop vaste, qu’on appelle « roman noir », car il s’agit plutôt de radiographies de la société (du moins telle était mon intention, peut-être vaine) où l’on voit palpiter le passé d’un quartier populaire parmi les plus célèbres du monde entier : le Barrio Chino, selon une terminologie d’autrefois, ou cinquième district, aujourd’hui intégré dans le district de la Vieille Ville, lui aussi bien trop vaste et ambigu. J’ai choisi la technique et l’intrigue policières parce qu’elles permettent de se plonger dans la vie secrète des villes, laquelle ne peut probablement pas s’expliquer d’une autre façon.
Méndez a déjà fait l’objet d’interviews et même d’un article dans une encyclopédie, mais je ne voudrais pas terminer cette postface sans le citer, car même s’il n’a pas existé réellement, il est la combinaison de quatre personnes, elles, bien réelles. De ces quatre policiers que j’ai connus est né Méndez, mon ami, mais un ami chicaneur, à manier avec des pincettes, et de surcroît mal vu des autorités.
Tous les autoportraits ont quelque chose de faux parce que ce que l’on a vécu s’y mélange avec ce que l’on a rêvé – et peut-être est-ce là que réside vraiment le réel –, et parce qu’ils sont l’expression d’un échec, étant donné que l’on n’écrit jamais ce qu’on aurait voulu écrire.
Mais du moins suis-je parvenu à mettre un point final à ce roman, et vous lecteurs, avez-vous eu l’amabilité de le lire jusqu’au bout… Je ne sais trop si je dois vous présenter mes excuses ou vous dire de tout cœur merci.
Francisco González Ledesma
avril 2001.
Dernière minute :
Grèce
19 avril 2015
Les prisons de type-C sont abolies ! La grève de la faim s’achève
Une batterie de lois a été validée par le parlement grec : abolition des prisons de type-C, décriminalisation du port du masque en manifestation, expertise indépendante de l’ADN, libération des prisonniers invalides de longues peines, rétrécissement du cadre d’enfermement des mineurs et en général, libération de milliers de personnes sans-papiers.
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Voir le dossier: Grèce
Mis en ligne le 20 avril 2015.
Nos bateaux d’aujourd’hui :
Bombardement d’Alicanthe, 1938.
22:12 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
13/04/2015
SYRIZA ESPOIR DE LA GRÈCE ET DE L'EUROPE
SYRIZA
Espoir de la Grèce et de l’Europe
*
Notre édito (vous pouvez sauter)
Lorsque, en 1945, les Grecs s’aperçurent que de nouveaux envahisseurs succédaient à ceux qu’ils venaient de vaincre, ils ne déposèrent pas les armes. Ils continuèrent à se battre. Ils furent les seuls. On a dit que cette résistance à la colonisation étrangère était surtout le fait des communistes. La résistance au nazisme avait dû l’être aussi, alors. Le nazisme changeait d’uniformes et ils l’avaient compris. Qui aurait l’effronterie de le leur reprocher ?
Lorsque, en 1948, l’Italie, qui savait de quoi elle sortait, se prépara à porter massivement les communistes au pouvoir, Palmiro décida qu’il fallait les perdre, ces élections. De justesse, mais les perdre. Pas de sang ! Pas de sang ! Il avait donc compris ce qui se passait en Grèce.
Le sang continua d’y couler, pendant que toutes les gauches d’Europe regardaient ailleurs. Certes, il y avait eu Yalta, et l’URSS, respectueuse des accords signés avec les capitalistes occidentaux, laissa les Grecs à leurs problèmes. Mais les foules, elles, n’avaient rien signé et n’étaient tenues en rien de respecter des accords qui faisaient bon marché de leur internationalisme et d’ailleurs, déjà, de leur souveraineté. Mais, docilement, elles s’alignèrent sur leurs bourgeois.
Ce n’était pas la première fois.
En 1936, alors que la République espagnole qui venait de naître tout ce qu’il y a de plus démocratiquement avait été aussitôt prise à la gorge par les crocs des meutes hitléro-mussoliniennes, les « gauches » d’Europe se mobilisèrent, sous la houlette de leurs partis et syndicats, en un Front Populaire qui arracha de haute lutte… un « acquis social » mémorable : les congés payés. Et tout le monde partit en vacances. À bicyclette. L’Espagne, elle, continua de lutter seule jusqu’à son écrasement en 1939. Certes, presque aussitôt éclata la IIe mondiale et on eut d’autres chats à fouetter. Sauf qu’il n’y aurait pas eu la guerre, si les peuples d’Europe avaient aidé l’Espagne.
Encore ne fut-ce pas tout, puisque, en 1991, les mêmes capitalistes qui avaient jadis armé les hitléro-mussoliniens décidèrent de démembrer la Yougoslavie et que l’Europe, cette fois, ne se contenta pas de regarder ailleurs pendant qu’on massacrait, elle y alla. Ou plutôt, elle encouragea joyeusement à y aller les troupes mercenaires soldées de ses deniers. Ah, l’inoubliable enthousiasme guerrier de Charlie-Hebdo et de Cavanna ! Ah, ces jacassantes gauches… Qu’ont-elles fait de leur principe d’Égalité ? Qu’ont-elles fait de leur Fraternité ? Quand donc auront-elles honte ?
Aujourd’hui, tout recommence. Les Grecs et les Espagnols, une fois de plus se battent seuls contre l’ennemi commun pendant que les autres « peuples de gauche », du rose pâle au rose saumon, le cul calé dans leurs fauteuils, regardent en bouffant leur popcorn. Les plus engagés comptent les coups. Ne serait-il pourtant pas temps qu’ils se livrent à ce que les cathos appelaient dans le temps « examen de conscience » et les bolchos « autocritique » ?
Si les gauches d’Europe n’avaient pas permis l’écrasement des Espagnols en 1939, il n’y aurait pas eu de IIe Guerre mondiale. Si elles n’avaient pas permis l’écrasement des Palestiniens en 1948, des Grecs en 1949 et des Yougoslaves de 1991 à 2001, si, enfin, elles n’avaient pas permis la complicité active de leurs parasites respectifs avec les nazis Usrahello-Ukrainiens depuis plus d’un an, il n’y aurait pas, aujourd’hui, de IIIe planétaire en cours. Au nucléaire.
Ne parlons même plus de leur internationalisme de pacotille, mais pour s’en tenir au Liberté-Égalité-Fraternité (devise de Robespierre, qui leur sert de logo commercial sans substance), ont-elles oublié ou font-elle honteusement semblant de n’avoir jamais su que son unité-indivisibilité ne peut pas plus être remise en cause que la consubstantialité du Père, du Fils et du Saint-Esprit pour les chrétiens ? Qu’attendent-elles pour s’en souvenir, non pas pour se livrer à de glaireux actes de contrition, mais pour sortir de leur pleutre apathie, retrousser leurs manches et faire une bonne fois LEUR DEVOIR bordeldedieu ?!
Les grèves politiques de solidarité sont-elles :
- faites pour les chiens ?
- la terreur des apparatchiks ?
*
« L’art de la guerre »
Grèce, le facteur Otan
par Manlio Dinucci
Autant que par affinités culturelles et historiques, la Grèce espère l’aide de la Russie pour résoudre son problème économique. Cependant, le putsch organisé par l’Otan, en 1967, rappelle les limites politiques de la souveraineté des États européens en général et de la Grèce en particulier.
Réseau Voltaire International | Rome (Italie) | 7 avril 2015
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Le souvenir du coup d’État militaire, organisé par l’Otan en 1967, hante la vie politique grecque. Aujourd’hui, la Grèce peut-elle se rapprocher de la Russie ?
Aléxis Tsipras rencontre Vladimir Poutine à Moscou le 8 avril, au moment même où l’UE, la BCE et le FMI tiennent un nouveau sommet sur la Grèce, qui le jour suivant doit rembourser une échéance de 450 millions d’euros du prêt concédé par le Fonds monétaire international.
Les thèmes officiels, dans la rencontre de Moscou, sont ceux du commerce et de l’énergie, dont la possibilité que la Grèce devienne le hub européen du nouveau gazoduc, remplaçant le South Stream bloqué par la Bulgarie sous pression états-unienne, qui, à travers la Turquie, apportera le gaz russe au seuil de l’UE. On parlera aussi d’un possible relâchement des contre-sanctions russes, en permettant l’importation de produits agricoles grecs.
Source : http://www.voltairenet.org/article187269.html
Source d’origine : Il Manifesto (Italie)
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Les théoriciens de la place Syntagma
Alexander Clapp – LRB – 20 mars 2015
Il y a une ville, au sud de Budapest, que les Hongrois appellent Görögfalva, « Village grec ». Son nom officiel est Nikos Beloyannis, qui fut un commandant communiste dans la Guerre Civile grecque. Après la défaite de la gauche, en 1949, certains communistes grecs s’enfuirent en Yougoslavie, d’autres en Asie Centrale, une poignée construisit cette colonie temporaire, juste en dehors de la grande plaine hongroise. Ils n’avaient pas l’intention de rester plus de quelques mois, le temps, pour la gauche, de se regrouper en Grèce. Leur équipe de football, Partisan, installa ses buts en dehors de l’agglomération. Leur journal, La lutte populaire, continua la guerre civile sur le papier. La place centrale, Lenin Tér, fut pavée en bleu à la grecque. Un prix fut attribué chaque année à l’étudiant qui réussissait la meilleure copie du portrait de Beloyannis par Picasso : L’homme à l’œillet.
Après la chute de la Junte, quelques villageois retournèrent en Grèce. D’autres, plus nombreux, repartirent en 1989. Aujourd’hui, aucun enfant n’y parle plus le grec, quoique l’école locale fasse venir des expatriés grecs de Budapest pour y enseigner. Quand j’ai demandé à un des expats ce qu’il pensait de Syriza, il m’a demandé si Alexis avait viré l’Église ou pas. Au café Platán, passé la rue Szarafisz, les derniers colons d’origine de Beloyannis étaient réunis autour d’une antique télévision, installée en-dessous d’un portrait d’Engels.
Syriza est, à ce jour, la meilleure chose qu’ait produit la gauche restée au pays. Le premier pas important vers sa victoire électorale ultérieure avait été fait en 1992, quand une coalition appelée Synapismos avait regroupé les gens de gauche restés en Grèce après la Guerre Civile – qui étaient alors des eurocommunistes – et ceux rentrés d’endroits comme Beloyannis, qui étaient restés des communistes « orthodoxes ». Trois ans plus tard, presque la moitié des communistes orthodoxes avaient quitté la coalition, à cause de ce qu’ils considéraient comme trop de capitulations devant les intérêts capitalistes. Alexis Tsipras, le mouton noir d’une famille d’ingénieurs affiliée au Pasok, qui avait 18 ans à l’époque, y resta avec les eurocommunistes. La mission que s’était donnée Synapismos était d’établir une « vraie » gauche grecque. En 1981, Andreas Papandreou avait fait campagne sur la promesse que le Pasok apporterait le socialisme à la Grèce. Mais la « décade Pasok » des années 80 ne fit qu’accroître le clientélisme qu’il avait juré d’éradiquer. À partir des années 1990, lorsque le « nouveau Pasok » d’après la mort de Papandreou accueillit à bras ouverts les investissements étrangers et les privatisations, Synapismos devint le foyer des éléments de la gauche radicale. Les jusqu’auboutistes repentants revinrent et les premiers groupes de l’altermondialisme se joignirent à eux. « L’idée était de représenter au Parlement un radicalisme que devaient bien avoir dans leurs gènes les électeurs qui avaient jusque là voté mécaniquement pour le Pasok », m’expliqua Alékos Alavános, le mentor intellectuel de Tsipras. « Mais il était difficile de savoir à l’avance à quel point la base populaire du Pasok y resterait intégrée. Offrir une alternative électorale n’était pas assez. Nous devions creuser plus profond. »
( Ci-dessus : Alékos Alavános)
Synapismos commença à attirer des féministes, des verts et de jeunes militants. Ceux-là furent les sunistóses, les « petits bouts », qui fusionnèrent en Syriza en 2004. Les eurocommunistes étaient les plus loin à la droite de tous ces bouts. Depuis lors, le fossé n’a fait que se creuser, entre les fondateurs pro-européens de Syriza et la faction anti-U.E., constituée de tous ceux qui avaient afflué dans le parti au milieu des années 2000, puis qui l’ont inondé au début de la crise économique.
Quand Syriza arriva au pouvoir le 25 janvier, il fit un certain nombre de gestes et de déclarations symboliques, pour bien montrer qu’il appartenait toujours à la « vraie » gauche. Tsipras rendit visite à Kaisariani, site d’un massacre de partisans communistes par les nazis en mai 1944. La privatisation du port du Pirée par la compagnie de navigation chinoise Cosco « serait revue en faveur du peuple grec ». La fermeture des centres de détention pour réfugiés était à l’étude. Les immigrants sans papiers ne pourraient plus être fouillés à tout bout de champ par la police. La citoyenneté grecque serait accordée à tous les enfants de parents migrants. La police anti-émeute et les Unités pour le Rétablissement de l’Ordre ne pourraient plus circuler armés de fusils. La majorité des membres de Syriza élus au Parlement prêtèrent serment civilement, non plus religieusement.
Pour un parti de gauche, en Grèce, prendre le pouvoir est une chose, mais une autre est, pour ses membres, de parler – même dans des déclarations publiques – comme ils prendraient la parole dans des séances de théorie critique. Le cabinet de Tsipras est plein de gens qui ont tous un doctorat, plus familiers de la « gouvernementalité » que du gouvernement. Yannis Panousis, un théoricien de la criminologie, est en charge du ministère de l’Ordre public. Le Transport maritime est revenu à Giorgos Stathakis, historien du plan Marshall ; Ginnis Tsironis, un écologiste, est ministre de l’Environnement ; Aristidis Baltas, qui est philosophe, a le ministère de l’Éducation ; Costas Fotakis, physicien des lasers est ministre de la Recherche. La gauche eurocommuniste, d’où sont issus les plus vieux universitaires de Syriza, était une créature du système universitaire grec. Beaucoup d’entre ses membres avaient été à l’université Panteion d’Athènes, spécialisée dans la théorie sociale et politique, ou bien étaient sortis d’universités provinciales, fondées sous la Junte mais qui étaient devenues les principaux foyers de politisation pendant les années Pasok.
Giorgos Stathakis, ministre du Transport maritime
Ginnis Tsironis, ministre de l’Environnement
Aristidis Baltas, ministre de l’Éducation
Costas Fotakis, ministre de la Recherche
Nikos Kotzias, ministre des Affaires étrangères
La victoire de Syriza a aussi provoqué une fuite des cerveaux à l’envers. Il y a un an d’ici, Rania Antonopoulos était directrice de l’égalité économique entre les genres du Levy Institute, au Bard College de New York, où elle s’était spécialisée au cours des années 70, dans les actes de garantie dans l’emploi rural en Inde. « En 2012, j’envoyai un message “Contactez-moi” via la version en ligne du journal de Syriza, Avgi. “Écoutez, mon nom est Rania Antonopoulos. J’ai assisté, en Amérique Latine, à tout ce qui se passe en Grèce. Si je puis faire quoi que ce soit pour vous, n’hésitez pas.” ». Euclid Tsakalotos, un économiste de Syriza, lui a écrit par retour, et Antonopoulos a commencé à se rendre en Grèce tous les quelques mois, pour rencontrer les dirigeants de Syriza. Elle est aujourd’hui vice-ministre du Travail. « Faire une carrière politique ne m’intéresse pas », dit-elle, « je n’ai pas l’intention de rester en politique. Syriza m’a demandé de m’y coller par devoir patriotique. »
Rania Antonopoulos
Syriza n’essaie nullement de dissimuler ses penchants universitaires. En bas de la rue où se trouve le quartier-général croulant du parti, à Psiri, une redoute gauchiste d’Athènes, se trouve l’Institut Nicos Poulantzas. C’est le think tank de Syriza, où quelque deux cents intellectuels du parti, pour la plupart économistes, polissent leurs théories depuis 1997. Des gens de gauche de plus de vingt organisations similaires d’Europe – la Fondation Rosa Luxembourg en Allemagne, les Espaces Marx en France – arrivent chaque semaine pour y faire des conférences. Un bureau de presse, Nissos, publie chaque année plusieurs volumes d’érudition du parti. Des analyses, produites par des membres du parti – « Économie politique de la dette publique », par Nikos Theocharakis ; « Développement, reconstruction productive, memoranda et dette en Grèce, pays d’1.5 millions de chômeurs », par Nadia Valavani, ministre des Finances alternatif – paraissent dans Avgi, sur les ondes de Kokkino, la station de radio du parti, et sur left.gr, son blog. « Les politiques de Syriza nous laissent faire marcher l’Institut comme nous l’entendons », m’a dit Georgios Daremas, un de ses administrateurs. « Nous émettons des idées ; ils se saisissent de l’une ou l’autre. »
Nicos Poulantzas, un sociologue marxiste qui s’est tué en 1979 à l’âge de 43 ans [en se jetant de la Tour Montparnasse, NdT], a été la personnalité décisive dans le renouvellement de la pensée de gauche en Grèce, et il reste l’ancre intellectuelle du parti. Une poignée des dirigeants de Syriza d’aujourd’hui l’ont connu. Son cousin Vasilis m’a montré une photo de Poulantzas, prise le soir de la chute de la Junte en 1974. Il est en train de rire avec Konstantinos Tsoukalas, aujourd’hui un des Membres du Parlement de Syriza. Ils sont entourés de femmes, de bouteilles de champagne et de ballons. Quelqu’un a donné à Poulantzas une pancarte « Tu es le prêtre du marxisme » et une grande banderole pend du plafond : « La Grèce vous salue, sociologues prophétiques ! ». De Paris, où il enseignait, Poulantzas avait regardé la Junte s’effondrer, lorsque la faction policière de Joannidis, avait renversé la faction militaire de Papadopoulos. Il était préoccupé par les exemples du Chili et du Portugal. Au Chili, la gauche n’avait pas pénétré une structure étatique cruciale : l’armée. Au Portugal, en 1974-75, elle avait démoli certains secteurs de l’État en voulant les occuper – le Ministère de l’Agriculture par exemple – ce qui avait rendu totalement inutilisables certaines parties de l’État récemment acquises. La tâche de la gauche n’était pas de s’emparer de l’État par un assaut frontal, à la Lénine, ni de l’encercler par des mouvements populaires, comme le préconisait Gramsci. C’est une stratégie double qui s’imposait. Pour commencer, la gauche devait pénétrer l’État. Ceci exigeait qu’elle jouât le jeu électoral. Une fois à l’intérieur, elle pourrait démocratiser les structures de l’État en détruisant les réseaux du pouvoir capitaliste. « La lutte », a écrit Poulantzas, « doit toujours s’exprimer par le développement de mouvements populaires, d’organismes démocratiques, surgissant à la base comme des champignons apparaissent après la pluie, et par l’essor de centres d’auto-direction. » Ces mouvements auraient pour tâche de travailler en tandem avec le front politique, mais d’agir aussi comme un frein. Le système du parti ne doit jamais prendre le pas sur l’expression de la volonté populaire.
Les dirigeants de Syriza se sont bien gardés de politiser les mouvements de citoyens, non seulement parce que Poulantzas y était opposé, mais parce qu’ils comprennent combien il serait facile, en Grèce, pour des sociétés d’organisation civile, de se faire capturer par des appareils d’État. L’euphorie dans laquelle baigne Syriza lui donne quelquefois l’apparence d’un mouvement populaire de base. Il n'en est rien. Syriza n’a pas dirigé de grèves de travailleurs ; il n’a pas figuré de façon éminente dans les initiatives sociales – soupes populaires, conseils locaux, refuges pour sans abri – qui ont émergé suite à l’effondrement des services publics de base. Quand des manifestations estudiantines et antifascistes ont commencé, en 2006, à Athènes, Syriza les a soutenues en paroles mais n’a guère fait plus. Pendant la crise, le parti n’a pas détourné à son profit les manifestations anti-austérité, en dépit de leur potentiel politique. Les Grecs ont voté pour Syriza, parce que, seuls à gauche, ses dirigeants offraient un complément politique à l’espèce d’activisme que représentaient tous les mouvements de rues.
Syriza fait office de conduit. Eleni Kyramargiou, qui prépare son doctorat en sociologie, consacre son temps libre à faire du bénévolat dans les refuges pour immigrants. Konstantina Venieri, qui est journaliste, collecte de la nourriture en boîtes pour le comité de son quartier. Anastasia Veritzoglou, qui est infirmière à temps partiel, travaille bénévolement dans une clinique médicale improvisée. C’est leur appartenance à Syriza qui les relie. Pour y adhérer, vous devez prouver votre engagement auprès de mouvements qui n’en font pas techniquement partie ; pendant quelques mois, on vous demande de participer à des rassemblements solidaires ou de prendre part à des initiatives populaires. Syriza garde ces réseaux bien séparés de ses opérations politiques. Ses dirigeants parlent de drastiriopoisi, « activation », pas de « recrutement ». Le parti n’a que 35.000 membres, une fraction du soutien dont dispose Démocratie Nouvelle, le parti qu’il a écarté du pouvoir. L’identité de Syriza n’est pas fixe : on ne doit pas y avoir sa carte de membre, et la plupart des « membres » auxquels j’ai parlé m’ont assuré qu’ils n’avaient, en fait, jamais rien signé du tout. Il est même difficile de se rendre aux meetings de Syriza dans Athènes ; personne n’a l’air de savoir s’il y en a régulièrement.
Tsipras a peu d’amis dans l’élite capitaliste et un accès limité aux fonds étrangers qui ont permis au Pasok de balancer des cadeaux en guise de carottes sous le nez de chaque secteur de la société grecque. Syriza ne peut pas distribuer de subventions. Ce qu’il fait, c’est générer du soutien en étant ce que Lucio Magni a reproché au Parti Communiste Italien de n’être jamais devenu : un « parti léger », qui interprète la société au lieu d’essayer de la transformer. « Quand vous étiez dirigeant syndical sous le Pasok, votre travail, c’était d’être reconnaissant envers le gouvernement », dit Giorgos Gogos, secrétaire général de l’Union des Dockers du Pirée. « Syriza exige que nous nous fassions le relais des critiques. »
Giorgos Gogos
À Thessalonique, en 2011, l’État s’est donné beaucoup de mal pour essayer de privatiser l’approvisionnement de la ville en eau. Plus de cinquante groupes de citoyens se sont spontanément mobilisés pour s’opposer à cette mesure ; il y a eu des manifestations en chaîne et des piquets devant des bâtiments gouvernementaux. Tsipras en a entendu parler et a encouragé des groupes à continuer de se former. Au niveau de l’État, il leur a donné une voix : « L’eau n’est pas une marchandise » a-t-il dit au Parlement. « Il faut organiser un référendum pour la sauvegarder. Nous sommes les 99%. » Finalement, le référendum a eu lieu et, en mai dernier, les habitants de Thessalonique ont voté pour arrêter la privatisation. Un membre éminent du Pasok, Kriton Arsenis, a aussitôt fait allégeance à Syriza. Et un contingent de parlementaires de Syriza a fait le voyage de Dublin pour expliquer aux Irlandais comment organiser une campagne de ce genre.
Beaucoup d’observateurs sympathisants de la gauche grecque prétendent que Syriza n’est pas dans une position qui lui permette de réformer l’État. Ils font allusion à la nébuleuse de l’armée, de la police, du système judiciaire et des oligarques grecs, au pays et à l’étranger. Dans ses interviews, Yanis Varoufakis, le ministre des Finances, les appelle « les forces obscures » du pays. Elles sont « l’état profond », qui s’est cristallisé pendant la Guerre Civile en arme de la droite pour éradiquer les communistes. Les parents de beaucoup de membres de Syriza ont été victimes des persécutions de la droite pendant ces années-là ; le père de Varoufakis a été emprisonné à Makrouisos, un camp de concentration pour prisonniers politiques situé au large des côtes de l’Attique. Des membres de Syriza eux-mêmes ont combattu la rechute dans l’autoritarisme sous la Junte. Étudiante, Nadia Valavani a été torturée par la police des colonels.
Nadia Valavani
Cette frange de droite a continué de se tapir et de menacer après la chute de la Junte, pendant les metapolitefsi, les soi-disant décennies de prospérité démocratique. Sa manifestation la plus visible est Aube dorée, qui a pu prospérer, en partie parce que le ministère de la Justice l’a autorisé à opérer depuis des années avec une impunité virtuelle. Elle a des soutiens dans l’Église et dans la police. Deux généraux à la retraite siègent au Parlement européen sous l’étiquette Aube dorée.
Pour ce qui est de l’Église, Tsipras est apparu en public avec l’archevêque Ieronimos, pour montrer aux Grecs qu’il n’essaie pas de renverser l’orthodoxie. Quant à l’armée, il fraie avec quelques généraux à la retraite. Le mois dernier, au ministère de la Défense, j’ai rencontré l’un d’entre eux, Nikos Tsokas, un commandant de l’OTAN, que les Grecs appellent maintenant kokkinos stratigos, le « général rouge ».
Le général à la retraite Nikos Toskas
Tsipras a parlé avec lui l’été de 2012, et les deux hommes sont tombés d’accord sur le fait que quelque chose devait être entrepris, à propos du nombre croissant d’incursions turques dans l’espace aérien grec. Toskas est aujourd’hui sous-secrétaire à la Défense. Malgré la riche histoire des coups d’état militaires en Grèce – huit dans le siècle qui vient de s’achever – l’armée grecque ne représente pas, pour l’instant, un danger pour Syriza. La dernière rumeur en date sur l’éventualité d’un nouveau putsch remonte à 2011 et se rapporte à un chef militaire nationaliste du nom de Frangoulis Frangos. Je l’ai rencontré les jours derniers à la terrasse d’un café, sous l’Acropole. « Je peux juste dire que nous n’avons pas eu de sérieux problèmes avec les politiques depuis quelques décennies » m’a dit Frangos. « Ils nous respectent et nous les respectons. »
C’est la police qui pourrait causer le plus d’ennuis à Syriza. En 2010, alors que les premières mesures d’austérité faisaient leur apparition, une nouvelle force de police spéciale appelée DIAS fut créée. Les policiers de DIAS circulent par paires, à moto, dans Athènes, et y créent une atmosphère d’intimidation étatique. « Pour ce qui concerne DIAS, nous avons demandé à l’État de ne pas se servir uniquement d’hommes inéduqués d’à peine passé vingt ans » m’a dit Antonis Zacharioudakis, vice-président du Syndicat des policiers. « Mais les politiciens voulaient que l’austérité soit imposée par une très faible partie de la société, presque comme par un groupe d’étrangers. Il y a des dizaines de milliers d’hommes comme ceux-là qui, au cours des cinq dernières années ont appliqué ainsi la répression d’État ; et ils savent très bien que la population, dans son ensemble, les méprise. »
La police a mis Syriza dans une position particulière. Le parti doit donner suite à sa promesse de ne pas continuer à donner l’impression que l’État est en guerre avec le peuple. En même temps, réduire les forces de police pourrait aggraver le sentiment d’insécurité. La mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière d’immigration a été maladroite : les centres de rétention pour immigrés ont été fermés dans tout le pays, mais la décision de Syriza de relâcher les immigrants sur la place Omonia d’Athènes pousse les gens dans les bras de la droite. Un autre problème est celui des salaires des employés du secteur public. Ils dépendent des fonds d’urgence alloués à la Grèce, à condition qu’elle persévère dans l’austérité, à laquelle, bien sûr, Syriza a juré de résister. Si on refuse à la Grèce les prêts dont elle a besoin pour payer ses salariés, la police prendra-t-elle fait et cause pour les populistes anti-Syriza ? Démocratie Nouvelle a jadis amadoué la police avec des promesses de hausses de salaires « quand l’ordre économique serait rétabli ». Syriza n’a en rien fait mine de l’imiter. En dépit des tentatives faites pour purger la police de quiconque porte des svastikas tatouées ou affiche des sympathies fascistes, la moitié des officiers continue à voter pour Aube dorée. Dans les semaines qui viennent, Yannis Panousis, un criminologue de l’université d’Athènes et aujourd’hui vice-ministre de la Protection civile, a l’intention de superviser le licenciement de tous les officiers de police ayant des liens avec Aube dorée. Il devrait y en avoir une centaine m’a-t-il dit, peut-être plus. « J’ai enseigné à la plupart de ces types, à l’académie de police. Ils sont très faciles à repérer. » Son intention est de desserrer l’étroite association entre la police et Aube dorée en éduquant les policiers dans des universités, aux côtés des autres étudiants. Mais des réformes de cette envergure prennent du temps, et Syriza n’en a pas beaucoup à sa disposition. Le procès d’Aube dorée commence ce mois-ci. On craint que ses chefs se présentent comme des victimes d’un système judiciaire injuste, ne soient acquittés et sortent de prison en héros. En juin, l’extension de dette obtenue de l’U.E. par Syriza vient à échéance.
Yannis Panousis, « le plus poitevin des ministres grecs ».
L’intransigeance de l’Allemagne au cours du premier round des négociations a mis Syriza face au dilemme de trahir entièrement sa rhétorique anti-austérité ou de proposer un référendum public sur l’opportunité, pour la Grèce, de sortir de l’U.E. Dans le premier cas, il perd tout espoir de soutien populaire massif. Dans le second, il perd le filet de sauvegarde supposé lui être garanti par son appartenance à l’U.E.
J’ai quitté Athènes peu avant les élections et j’y suis retourné un mois après. C’est une ville légèrement différente que j’ai retrouvée. Il y avait davantage d’immigrants qui erraient dans les rues, particulièrement dans des endroits comme Mets, où je n’en avais jamais vu avant. Ils avaient toujours l’air malheureux. La Grèce, pour eux, est un relais d’étape, pas un domicile. Les gens, à Kodonaki, s’en plaignaient par-dessus leurs apéritifs. Mais, dans l’ensemble, les Athéniens étaient plus xalara, « ragaillardis », comme disent les Grecs. Syriza avait fait des petits mais substantiels progrès. Les grilles en fer forgé qui entouraient le Parlement avaient été enlevées. Mon voisin m’a soutenu qu’il avait vu des politiciens prendre le métro pour se rendre au Parlement. Les gens se plaignent toujours du gouvernement, mais plus avec la hargne qu’ils déversaient sur Antonis Samaras. La présence policière a été réduite. Dans la rue Ermou, près de l’accès à la place Syntagma, où ils avaient coutume de traînasser en groupes armés, les sbires ont disparu, du moins pour l’instant.
Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades.
?
Quelques liens :
http://tlaxcala-int.blogspot.be/2015/01/la-grece-et-ses-deux-alexis.html
http://www.oocities.org/tourkopanayis/pictures.html
http://lesamisdekarlmarx.over-blog.com/article-23948329.html
D’autres liens de sites à suivre :
https://solidaritefrancogrecque.wordpress.com/
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Au moment où on met en ligne, on ne sait rien des accords pris ou pas pris à Moscou par le premier ministre grec et le président de Russie.
Il a filtré que les deux pays ont beaucoup de choses à partager, que, sans doute, le Turk Stream, qui devait s’arrêter à la frontière grecque, va traverser le pays et ainsi fournir du gaz au Sud de l’Europe ; que les sanctions russes à l’encontre de l’Europe seront probablement levées en ce qui concerne la Grèce, et, bref, que la Russie aidera la Grèce de toutes les façons possibles sauf en lui baillant des fonds qui « ne feraient qu’envenimer ses rapports avec l’U.E. ». Pour le reste, il vous faudra, comme nous, attendre.
Russia and Greece to ink Turkish Stream gas pipeline deal within days - Greek minister
http://rt.com/business/248629-greece-russia-memorandum-pipeline/
Russia Rapprochement Highly Popular in Greece
http://russia-insider.com/en/playing-putin-card/5492
Putin and Greek PM Agree Closer Ties Short of Russian Financial Aid
http://russia-insider.com/en/putin-offers-cooperation-greece-no-financial-aid/5434
Greeks Warned Not to Ride With Putin by Mainstream
Phil Butler
[Updated] Greece’s Prime Minister is meeting with Russia’s Vladmir Putin today to discuss closer relations and a possible bailout of the Greek economy. Meanwhile, western mainstream media exhibits fearful commentary on the potential.
http://russia-insider.com/en/greeks-warned-mainstrream-media-beware-putin/5417
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Entretemps, Madame Sarah Wagenknecht (Die Linke) a « remis ça ». Vous vous souvenez de son retentissant discours du mois de novembre dernier, où elle avait sonné les cloches à la chancelière ? Le 19 mars 2015, elle est remontée à la tribune du Bundestag (affichant plus que jamais sa couleur) pour mettre à jour ses remontrances.
Discours de Sahra Wagenknecht au Bundestag : « Mme Merkel, votre politique atlantiste emmène l’Europe droit dans le mur »
Transcription traduite en français
« Monsieur le président, Madame la Chancelière, Mesdames, Messieurs. En des temps meilleurs, la politique étrangère allemande avait deux priorités : l’intégration européenne, et une politique de bon voisinage avec la Russie. Cela devrait vous inquiéter, Madame Merkel, si vous daigniez m’écouter, que presque dix ans après votre nomination comme chancelière, les nationalismes et les conflits en Europe prospèrent plus que jamais, et que les dissensions avec la Russie laissent la place à une nouvelle Guerre froide.
Le directeur de l’influent think-tank (groupe de réflexion – NdT) Stratfor, lors d’une récente conférence de presse, a dressé une liste claire des intérêts spécifiques des USA en Europe : le principal est celui d’éviter une alliance entre l’Allemagne et la Russie, car, je cite : « Ensemble, ils seraient la seule puissance capable de menacer les États-Unis. » Cette supposée menace des intérêts américains a été repoussée avec succès dans l’immédiat. L’Union européenne est née, et a cherché dans le contexte du partenariat avec l’Est, à casser toute coopération économique et politique entre les pays intéressés et la Russie. Mme Merkel, cela visait évidemment et directement la Russie ! Ce n’était pas dans l’intérêt des pays concernés.
Source : http://arretsurinfo.ch/mme-merkel-votre-politique-atlanti...
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Pourquoi des polars ? Parce que quelqu’un nous a écrit « Vous faites des posts sur la Grèce et vous ne parlez même pas de Markaris ». Vrai. Et regrettable. D’où cette rubrique.
Nous commencerons cependant par un autre…
Un polar hexagonal fait la presque Une de la grosse cavalerie des merdias ces jours-ci : le dernier opus de Fred Vargas. On ne le lira pas. Non qu’il soit nul comme polar – on n’en sait forcément rien – mais parce qu’il y en a des tas d’autres et qu’on ne traîne pas avec n’importe qui. Comme si cela ne suffisait pas, c’est le moment qu’a choisi le Saker francophone pour publier un papier où la même auteuse tartine des considérations pseudo-philo sur ce qu’elle prend pour des révolutions. Ouch ! La totale.
Disons-le tout net, ils sont plutôt bien les Saker depuis leurs soubresauts de janvier dernier. Ils traduisent tant de choses intéressantes qu’on a même du mal à les suivre. Mais se lancent aussi quelquefois dans la publication de quelque article franco-français pas toujours à la hauteur de leurs ambitions. Comme quand la chère Rosa Llorens fait des infidélités au Grand Soir pour débloquer sur le pape… Ou comme cette sorte de carte blanche à Vargas. À notre avis, ils sont jeunes et n’ont pas encore appris à trier, se cultiver un peu en politique. Pas dur : il suffit d’appliquer quelques règles universelles de morale publique en guise de grille de décryptage. Et, bon, le monde ne s’est pas fait en un jour.
Donc, Vargas. Nous, qui sommes assez vieux pour savoir trier et qui avons lu jadis, non sans plaisir, ses anciens titres, nous savons aussi que mémé Vargas est de la bande à Charlie. Le vrai Saker a dit ce qu’il en pensait et nous pensons de même. Résumé lapidaire d’un autre grand (William Blum Anti-Empire Report Hé ho le Saker francophone, besoin de traducteurs !) :
« En politique internationale, les Charlie Hebdo étaient néo-conservateurs. Ils ont soutenu chacune des interventions de l’OTAN, de la Yougoslavie à celles d’aujourd’hui. Ils étaient anti-musulmans, anti-Hamas (ou toute autre organisation palestinienne), anti-russes, anti-cubains (à l’exception d’un seul d’entre eux), anti-Hugo Chavez, anti-Iran, anti-Syrie, pro-Pussy Riots, pro-Kiev. Ai-je besoin de continuer ? »
Au moment de l’ubuesque Appel des Douze, nous nous étions ici demandé pourquoi ils n’étaient pas treize. Autrement dit : Fred Vargas-BHL même combat.
Or, voilà-t-il pas que, dans sa dernière histoire de gendarmes-z-et-voleurs, elle s’en prend à Robespierre. Ou plutôt, à ces quelques historiens et péquenots qui ont récemment cassé leurs tirelires pour acheter, à la place d’un État en-dessous de tout, à quelqu’un qui n’aurait pas dû se les faire payer, de précieuses archives nationales. (Ce n’est pas parce que le Pirée est chinois que les lettres de Robespierre doivent devenir yankees !). En panne d’inspiration Mâme Vargas ? Plus cap d’inventer des personnages de fiction dignes d’intérêt ? Allez savoir. Et tous les plumitifs à gages de service de se récrier : Ah, que c’est bien, ce livre, et, ah, que Fred Vargas est sans conteste l’Agatha Christie des Batignolles !
Une question qu’on se pose : si elle tient tant que ça à jouer les Patricia Cornwell… si elle aime tant que ça les tueurs en série – vrais ou supposés – pourquoi ne se sert-elle pas des siens, de ceux qu’elle admire ? On va vous le dire : « Robespierre » fait vendre. George Doublevé c’est moins sûr. Elle devrait le savoir, pourtant, que la guillotine, même au temps de M. Giscard d’Estaing, n’a jamais coupé qu’une tête à la fois, alors que ses chéris n’ont pas seulement cramé en masses des populations, inintéressantes certes, mais qui vont continuer à crever pendant des dizaines de générations, naître macrocéphales, à deux têtes ou sans bras ni jambes, ce qui vous a tout de même une autre gueule dans le polar gore que des archives dédaignées par des clientéleux démago. Nous, ce qu’on en dit…
À part quoi, il y a en ce moment, un journaliste US qui nous plaît bien. Il s’appelle Phil Butler (Hé, ho, le Saker francophone !). Ses papiers sont si jubilatoires que les médias russes pas trop à droite commencent à s’en délecter. La visite en cours d’Alexis Tsipras à Moscou vient de lui donner (voir plus haut dans sa langue) l’occasion de se défouler à cœur joie, sur l’Invincible Armada merdiaque, qui, d’une seule voix, se rue au secours du malheureux PM grec : « Faites gaffe à Poutine ! Il va vous entraîner dans le caca ! » etc. etc. Ne savent visiblement pas, se marre Butler, ce que « Plus rien à perdre » veut dire, et cèdent à une bien réjouissante panique. Ah, comme on le comprend, car c’est toujours – ici aussi - pareil : quand une petite main atlantiste se met à gagner son beefsteack en bavant un peu plus qu’à l’accoutumée sur Robespierre, on sait que les maîtres du monde ont les chocottes. Que Poutine tout seul ne leur suffit plus. Que Poutine + Castro + Chavez + Khadafi + Nasrallah + Assad non plus. Qu’il leur faut y ajouter Robespierre, mort depuis 221 ans. Croyez-nous, c’est jouissif.
Une autre fois, faites-nous penser de vous parler de Mémé Sigaut.
Mais trêve de bavardages :
Pétros MÁRKARIS
Romancier grec né à Istanboul en 1937. Scénariste de cinéma et de télévision et auteur d’un certain nombre d’ouvrages dont une petite dizaine de romans policiers plus ou moins athéniens et contemporains. Accessoirement spécialiste de Bertold Brecht et traducteur de Goethe et de Wedekind.
Son commissaire Charitos flirte avec la soixantaine, a une épouse prénommée Adrienne (Adriani en grec) qui a toujours raison, ce qui l’énerve, une fille surdouée (Ekaterina) qui fait des études de droit et une Mirafiori hors d’âge dont le dernier soupir toujours imminent constitue de livre en livre, un suspense qui en vaut bien d’autres. Il sillonne avec elle des rues d’Athènes chroniquement embouteillées aux noms imprononçables et dont il ne nous fait grâce d’aucune. Pas de raison ! La Ve Avenue, c’est ringard, à force.
Sa caractéristique principale, à Charitos, c’est qu’il a commencé sa carrière de jeune flic dans les prisons de la Junte et que, blanchi sous le Pasok – vous dire s’il est écoeuré – il n’a jamais tout à fait perdu le contact avec d’aucuns à qui il lui était arrivé de glisser un bout de mégot entre les lèvres, au sortir d’une séance de torture, persuadé que ce serait le dernier. Lambros Zissis est de ceux-là, aussi revenu de tout moralement que physiquement, qui vit en misanthrope, loin de la foule exaspérante. Il va le voir, quand il n’arrive pas à s’expliquer politiquement quelque chose, et parce qu’il fait le meilleur café d’Athènes. Il n’est d’ailleurs jamais si heureux que lorsqu’il peut s’asseoir, loin des réflexions d’Adriani, à la terrasse ou dans le fond d’un café, pour en siroter un, même tiède, même si le garçon le snobe.
- Cette fois, nous sommes d’accord, dis-je en souriant.
- Erreur. Moi, je suis avec l’assassin.
Il a de nouveau son air malin. Et il change soudain de sujet :
- J’ai appris que Katérina va s’occuper des immigrés. Bravo.
Toujours le même. Il ne dit pas « Katérina m’a dit », mais « j’ai appris », craignant que je ne sois fâché de ce que ma fille et lui soient en contact. Mais je sais bien qu’elle lui dit tout, lui demande toujours conseil, et cela ne me gêne en rien, au contraire, je crois qu’il lui fait du bien en lui disant ce que je ne peux ou ne sais pas lui dire.
- Dans tout ce que j’ai fait, je me suis toujours planté dit Zissis. Sauf avec ta fille. Dès la première rencontre, quand tu me l’as amenée et que tu nous as laissés seuls, j’ai compris que cette fille-là allait tout faire bien.
Oui, dans les romans de Markaris, la jeune génération « remet ça », comme dans l’article d’Alexander Clapp. Ses trois derniers volumes parus forment un tout : la Trilogie du jugement. Le dernier, publié en 2012, anticipe les bouleversements actuels, même si ce qu’il annonce n’est pas tout à fait ce qui se passe, parce que le futur ne réalise jamais vraiment ce qu’on craint ni ce qu’on espère. Vous savez… les impondérables.
Liquidations à la grecque,
traduit par Michel Volkovitch,
Paris, Seuil, 2012
réédition, Paris, Points, 2013
336 pages
Le Justicier d’Athènes,
traduit par Michel Volkovitch, Paris, Seuil, 2013
réédition, Paris, Points, 2014
336 pages
Pain, éducation et liberté
traduit par Michel Volkovitch,
Paris, Seuil, 2014
256 pages
Que cela ne vous empêche pas de lire ceux qui les ont précédés :
- Journal de la nuit
- Une défense béton
- Le Che s’est suicidé
- Actionnaire principal
- L’empoisonneuse d’Istanboul
Et ceux qui ne manqueront pas de les suivre.
*
Quelque chose, à la réflexion, nous a frappés, c’est que les autres anciennes dictatures ont, elles aussi, leurs Pétros Markaris, auteurs marqués par le passé, dont les héros sont souvent des rescapés de l’enfer à visage humain. Anciens jeunes idéalistes qui ont tout affronté, tout enduré et survécu. Qui se retrouvent à gagner chichement leur vie, au milieu de nouvelles couches à iPads et à selfies, tels Gulliver chez les pygmées, d’une postérité pour laquelle ils auraient sacrifié leur vie et qui ne les voit même pas.
On ne vous fera pas l’injure de vous dire qui est le grand Montalban, emblématique au point que le grand Camilleri a donné son nom à son héros principal, avec un o au bout pour faire italien. Et on ne va vous mentionner qu’un titre de chacun d’eux. À vous de trouver les autres si cela vous intéresse, en tapant leurs noms dans Google.
Espagne
Manuel Vásquez MONTALBÁN
Né en 1939, mort en 2003 (d’un arrêt cardiaque à l’aéroport de Bangkok). Catalan, fils d’une couturière et d’un militant du PSUC.
Surtout connu pour ses romans policiers dont le héros est Pepe Carvalho. Inclassable, il se définissait lui-même « journaliste, romancier, poète, essayiste, anthologiste, préfacier, humoriste, critique et gastronome », ou plus simplement « communiste hédoniste et sentimental ».
On se rappellera ses débuts en fanfare de 1972 avec J’ai tué Kennedy.
Et on trouvera la (très longue) liste de ses autres œuvres sur Wikipedia.
Manuel Vasquez Montalban
J’ai tué Kennedy, ou les mémoires d’un garde du corps
Christian Bourgois – 1994 – 211 pages
Seuil (Points Poche) – 2007 – 203 pages
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Francisco González LEDESMA
Né à Barcelone, en 1927, mort à Barcelone, le 2 mars dernier, à 88 ans.
Il a d’abord, comme Simenon, publié sous de nombreux pseudonymes : Silver Kane, Rosa Alcázar, Fernando Robles, Taylor Nummy, Enrique Moriel. Jusqu’à ce que la mort de Franco lui permette de le faire enfin sous son véritable patronyme. Los Napoleones sera suivi de beaucoup d’autres et Ledesma collectionnera les prix.
Il est le père de l’inspecteur Ricardo Mendez, qui n’a rien à envier à Kostas Charitos, à Pepe Carvalho ou à Salvo Montalbano. Une sacrée génération !
Pour la plupart situés à Barcelone, ses romans ont pour cadre les quartiers populaires où se démènent des marginaux et des ouvriers, maltraités par le franquisme et laissés pour compte de la démocratie. L'inspecteur Méndez y mène ses enquêtes de façon assez peu conventionnelle, tout en faisant « preuve d'un aimable scepticisme ».
Mais Barcelone est, bien plus encore que Mendez, le véritable personnage central de ses romans, une Barcelone qui se modernise alors même que l'inspecteur vieillit et qu’il a la nostalgie de ce qu’elle était « avant » et ne sera plus jamais.
Le dossier Barcelone
Paris, Gallimatd, La Noire – 1998
Réédition Gallimard Folio Policier – 2003
368 pages
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ESPAGNE ET… ARGENTINE
Carlos SALEM
Est un écrivain, poète et journaliste argentin, né à Buénos Aires en 1959. Il a fui, comme d’autres, la dictature argentine et vit en Espagne depuis 1988. Installé à Madrid en 2000, il collabore à des magazines comme Cosmopolitan ou Marie-Claire, il faut bien manger, et il écrit des romans, des polars et des livres pour enfants. À partir de 2006, il devient un des animateurs du bar culturel Bukovski Club, où il organise des séances hebdomadaires de lectures d'œuvres poétiques et de courts récits de fiction.
Je reste roi d’Espagne
Arles – Actes Sud – 2011
400 pages
Juan Carlos a disparu, laissant derrière lui une note énigmatique : « Je pars à la recherche de l'enfant. Je reviendrai quand je l'aurai trouvé. Ou pas. Joyeux Noël » Pour lui mettre la main dessus, le ministre de l'Intérieur joue sa dernière carte : José Maria Arregui, l'inspecteur mélancolique et sanguin qui, quelques années plus tôt, a déjà, par hasard, sauvé la vie au roi une première fois...
*
CHILI
Ramon Diaz ETEROVIC
Né à Punta Arenas en 1956, principalement connu pour son détective privé Heredia (sans prénom). Il se réclame de la gauche, est marié à l’auteur chilien Sonia González Valdenegro, dont il a trois enfants.
« La novela policial que escribo está estrechamente ligada a los crímenes políticos que han asolado a Chile y a Latinoamérica. Un crimen que abandona el cuarto cerrado o las motivaciones individuales, y se relaciona al poder del Estado, a los negociados políticos y económicos, a la falta de credibilidad en la justicia, a la búsqueda de verdad. La novela policial ha sido para mi una perspectiva para hablar de temas sensibles en la sociedad chilena, como los detenidos desaparecidos, el narcotráfico, la carencia de una democracia real, las traiciones. Mis novelas las siento como una crónica de la historia chilena de los últimos 20 o 25 años, y con las novelas ya escritas y otras que escribiré, deseo construir una suerte de comedia humana chilena. »
La dictature militaire d’Augusto Pinochet (1973-1990) a anéanti l’utopie du président socialiste Salvador Allende, mais elle a tué aussi l’espérance, du moins aux yeux du brave Heredia, souvent embrumé par l’alcool.
Ce privé, Don Quichotte des causes perdues et des petites misères, est un orphelin de l’espoir, désenchanté par la transition démocratique, sans complaisance à l’égard des parvenus, des affairistes, des opportunistes, des repentis, des aigris et des cyniques, méchants caractères typiques du genre humain.
Il vit avec un chat, appelé Simenon, qui n’envoie pas dire à son humain, généralement, ce qu’il pense. On ne sait pourquoi, mais on croirait entendre, quelquefois, son homonyme…
Ramon Díaz-Eterovic
Les sept fils de Simenon
Métailié – 2004
294 pages
À ce jour, six aventures d’Heredia et Simenon ont été traduites en français
Un entretien
https://carnetsduchili.wordpress.com/2011/05/28/ramon-diaz-eterovic/
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ITALIE
Andrea CAMILLERI
On ne pourrait, même si on le voulait, vous les recenser tous, les auteurs italiens survivants de la dictature fasciste et/ou rescapés des années de plomb. Il y faudrait un volume. Contentons-nous de rappeler que chez le plus célèbre et le plus âgé de tous, outre les aventures et mésaventures de Salvo Montalbano et de sa fine équipe, outre les réflexions à deux voix sur le temps présent (avec Saverio Lodato : Un inverno italiano. Cronache con rabbia 2008-2009), il y a aussi les souvenirs du temps de la dictature mussolinienne, quand le vieux Camilleri était un petit balilla de dix ans endoctriné comme les autres.
La prise de Makalé
Paris – Le livre de poche – 2008
277 pages
Une bourgade de Sicile en 1935. Alors que les troupes mussoliniennes envahissent l’Éthiopie, le petit Michilino, six ans, perçoit le monde à travers les valeurs catholiques et fascistes qu’on lui inculque en famille, à l’église, à l’école et dans son groupe de Balilla (encadrement fasciste de la jeunesse). Doué de capacités intellectuelles et sexuelles hors du commun, éduqué dans la haine du communisme et le culte du Duce, l’enfant adhère aveuglément à ces préceptes, sans déceler l’hypocrisie et les contradictions qui sous-tendent la rhétorique des adultes.
Dans une mise en scène magistrale et grotesque de la violence faite au corps et à la conscience d’un enfant victime de l’endoctrinement fasciste, Andrea Camilleri dénonce ici le fanatisme et fait le procès de toutes les hypocrisies sociales et idéologiques.
Un mot en courant vite sur l’osmose qui fait de Camilleri et de son traducteur français, Serge Quadruppani, presque un auteur à deux têtes. Miracles qui se produisent quelquefois.
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La vie et la mort de Nikos Beloyannis ont inspiré un film, réalisé en 1980 par Tzimas Nikos : L’homme à l’œillet, qui a collectionné les distinctions partout où il est passé, mais dont nous n’avons trouvé ni DVD, ni trailer ni même une bête petite vidéo, ne fût-ce que pour la musique originale de Mikis Théodorakis !
Juste un lien, et encore, en anglais :
http://www.tainiothiki.gr/v2/lang_en/filmography/view/1/2...
Misère de la culture en déclin de l’Occident.
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Avouons notre ignorance crasse en matière de cinéma grec, mis à part les films de Cacoyannis qui ont enchanté notre jeunesse. On vous aurait bien mis en ligne une video d’Electre, par exemple. Qui ne se souvient de la belle Irene Papas ? Sauf que… cela n’existe plus (ou pas ?) en français. On les trouve en grec, sous-titrées en anglais, en espagnol, en italien… En français, non. Rien.
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Aurons-nous plus de chance avec l’incontournable Theo Angelopoulos ?
Brèvissime bio :
Theódoros Angelópoulos estné à Athènes, en 1935. C’est en tournant une trilogie sur la crise grecque, au Pirée, qu’il meurt, renversé accidentellement par un motard de la police, le 24 janvier 2012.
Carrière : Études de droit à Athènes. Puis à Paris, depuis 1961 (Sorbonne - philosophie, filmologie, anthropologie - Levi Strauss). Viré de l’IDHEC au bout d’un an pour non-conformisme. Ce sont des choses qui comptent.
Ce manque d’atomes crochus avec l’intelligentsia française (ou l’establishment merdiatico-commercial ?) le poursuivra, puisque La poussière du temps, tourné en 2008, malgré sa réputation internationale, sa Palme d’Or pour L’éternité et un jour et une distribution en or massif (Michel Piccoli, Bruno Ganz, Willem Dafoe et Irène Jacob), ne sera distribué en France qu’en 2013, alors qu’il avait été projeté en ouverture de la Berlinale en février 2009.
À notre minuscule niveau, comment illustrer, en deux ou trois lignes, l’histoire de la Grèce, de ses crises, de son cinéma et des Balkans ? Cela, justement, se trouve réuni dans un film d’Angelopoulos :
Le regard d’Ulysse
1995
Un cinéaste grec exilé revient dans son pays (dans le nord de la Grèce, vers Thessalonique), à la recherche des bobines originales du premier film réalisé dans les Balkans par les frères Manákis au début du XXe siècle. Cette quête va le mener au travers de différents pays des Balkans, après la chute du communisme, de la Bulgarie à la République de Macédoine naissante, pour finir son périple à Sarajevo durant guerre de Bosnie-Herzegovine, dans une Yougoslavie en cours de désintégration. Il arrive finalement sous les balles durant le siège de Sarajevo, où il découvre les précieuses bobines conservées par un vieil homme, projectionniste de cinéma, qui tente tant bien que mal de préserver le patrimoine cinématographique de son pays en pleine explosion.
Deux extraits :
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Quelques images de superbes films :
Marcello Mastroianni, dans L’Apiculteur, 1986
http://www.theguardian.com/film/gallery/2012/jan/26/theo-angelopoulos-best-films-in-pictures
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Quant aux livres, nous avons épinglé deux auteurs (arbitraire et n’importe quoi) :
Nicos Poulantzas
La crise des dictatures – Portugal, Grèce, Espagne
Paris, Seuil, 1976
188 pages
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Dido Sotiriou
d’un jardin d’Anatolie
Les éditeurs français réunis – 1965
259 pages
On en conseille la lecture à ceux qui rêvent de renvoyer des immigrés dans leurs pays d’origine. Cela s’est fait - le saviez-vous ? - dans les années 20, à grande échelle…
Dido Sotiriou
Née en 1909 (en Asie mineure) et morte en 2004 à Athènes, Dido Sotiriou fut une femme de lettres et une journaliste grecque. Elle fut surtout un large pan d’histoire grecque à elle toute seule.
Durant l'occupation de la Grèce, pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a adhèré au Parti communiste et est entrée dans la résistance. Avant cela, elle avait étudié la littérature à la Sorbonne, connu Aragon, Gide et Malraux.
Elle allait publier son premier roman, Les morts attendent, en 1959, qui serait suivi d’Électre en 1961, et de son chef-d'œuvre D'un jardin d'Anatolie, également connu sous le titre Terres de sang, paru en 1962, réédité soixante-cinq fois en Grèce et traduit en six langues.
Lorsqu’elle est morte, âgée de 95 ans, on a retrouvé chez elle 600 manuscrits et, dans un coffre, à la banque, un roman presque achevé, qui avait pour titre Les enfants de Spartacus. Ce livre lui avait été inspiré par les histoires que lui racontait sa sœur, Eli Pappa, lorsqu’elle allait la voir en prison à la fin des années 50. Il y était question de femmes de Thrace, prisonnières politiques.
Le roman se passe en Thrace, dans les deux premières décades du XXe siècle, et à Athènes, dans l’immédiat après « Guerre Civile », et il traite des activités syndicales et de résistance de ses héros, eux-mêmes inspirés par l’histoire du Spartacus historique et des autres esclaves thraces. Elle avait commencé à l’écrire en 1963 et, chaque fois qu’elle avait terminé un chapitre, elle prenait le bus pour aller l’enfermer dans un coffre qu’elle avait loué à la Banque Nationale de Grèce, place Syntagma, pour le soustraire aux attentions de la police politique. C’est là qu’on l’a trouvé. Et il a été, tel quel, publié par les soins de Nikos Beloyannis le Jeune (fils de l’autre, l’homme à l’œillet).
Même morte, Dido Sotiriou gêne encore les fascistes et les nazillons, qui l’étripent à l’envi sur leurs sites. N'est-ce pas plus glorieux qu’une légion d’honneur ?
ta paidia tou spartakou / τα παιδιά του σπάρτακου
(Les enfants de Spartacus)
Kedros – 2006 – (Grec)
Inédit en français
*
Et pour finir, puisqu’on n’a pas trouvé le film dont il avait fait la musique :
Athènes, 1995
Mikis Theodorakis
Lors d’un concert donné en son honneur par le Metrople Orkest de Hilversum (Hollande), il monte sur scène et chante avec Georges Dalaras : O Kaimos (Le chagrin)
*
On ne le savait pas
Wir waren immer dabei
On vient de l’apprendre après avoir fermé cette mise en ligne : Günther Grass est mort aujourd’hui, dans une clinique de Lübeck, dans sa 88e année.
Le temps nous manque pour dire quelle importance énorme il avait pour nous, pourquoi il était et restera un de nos auteurs de chevet. Pourquoi ses Pelures d’oignon n’en finiront pas de nous rappeler notre propre enfance, si près et dans le camp adverse. Puisque la source est tarie, on chérira encore plus qu’avant notre préféré Rencontre en Westphalie et on repensera souvent au sculpteur qu’il fut d’abord et qui a son musée à Lübeck. Une chose aussi est sûre : on ne lira pas ce que les merdias vont en dire, à quoi bon.
L’honnête hommage que lui rend, dans Le Grand Soir, Eugénie Barbezat nous convient tout à fait.
Günter Grass a cassé son tambour
Eugénie BARBEZAT – LGS – 13 avril 2015
L’éditeur du prix Nobel de Littérature 1999 vient d’annoncer son décès. L’écrivain allemand était âgé de 87 ans.
L’écrivain, père de quatre enfants, qui vivait à Lübeck s’impose comme l’un des auteurs majeurs de l’après-guerre. Il était l’écrivain allemand de la seconde moitié du XXe siècle le plus connu à l’étranger.
Depuis la publication en 1959 de son chef-d’œuvre, Le tambour", un succès planétaire adapté au cinéma par Volker Schloendorff, qui reçut la Palme d’Or à Cannes et l’Oscar du meilleur film, ce fumeur de pipe moustachu aux épaisses lunettes n’a eu de cesse de confronter son pays à son passé nazi, avec sa mauvaise conscience.
Source : http://www.legrandsoir.info/gunter-grass-a-casse-son-tamb...
*
Mis en ligne le 13 avril 2015.
15:57 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
11/04/2015
ÉDITION SPÉCIALE HASSAN NASRALLAH
Édition spéciale : Hassan Nasrallah
Sayed Hassan Nasrallah est un des personnages-clés de l’histoire contemporaine. Il est impossible d’essayer de se représenter le Moyen-Orient en faisant abstraction du rôle qu’il y joue, et qui dépasse de loin, faut-il le dire, le présent et l’avenir de la région.
Sayed doit être un titre religieux musulman, comme imam ou ayatollah. Nous en ignorons la signification. « Celui qui enseigne » lui conviendrait à merveille. Mais il ne fait pas qu’enseigner, il « fait » aussi. C’est un homme politique d’envergure et un combattant exemplaire.
En d’autres termes, quiconque veut comprendre ce qui se passe entre nous et l’Asie doit écouter la voix de Sayed Hassan Nasrallah.
Hassan Nasrallah sur le Yémen et la « rivalité » entre l’Arabie Saoudite et l’Iran au Moyen-Orient (VOSTFR)
Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 27 mars 2015
Sayed Hassan Nasrallah a vivement condamné l’agression américano-saoudienne contre le Yémen et a exprimé son soutien au peuple yéménite et au mouvement résistant indépendantiste Ansarallah, dont il prédit une victoire certaine et éclatante.
Dans cet extrait, il évoque longuement la prétendue ‘rivalité’ entre l’Arabie Saoudite et l’Iran au Moyen Orient depuis 1979, date à laquelle le Shah, qui dominait le régime saoudien, a été renversé. L’Arabie Saoudite est alors devenue le plus grand adversaire de la nouvelle République Islamique, dont l’influence n’a cessé de croître. En effet, comme Cuba à son heure, l’Iran révolutionnaire a toujours prêté une main secourable aux peuples opprimés du Moyen Orient sans jamais demander de contrepartie, tandis que l’Arabie Saoudite n'y traite qu'avec des vassaux et s’est toujours tenue aux côtés des oppresseurs, qu’ils soient locaux (Saddam Hussein, Al-Qaïda) ou importés (Américains, Israéliens). Par sa politique arrogante, destructrice et collaborationniste, l’Arabie Saoudite a irrésistiblement poussé tous les peuples martyrs de la région à se rapprocher de l’Iran.
Transcription :
[…]
Le troisième prétexte [de l’agression saoudienne contre le Yémen] est le plus important bien que ce soit également un faux prétexte, dépourvu de toute réalité ; je vous dirai ensuite quelle est la véritable raison de cette guerre. Le troisième prétexte, qui est actuellement le plus développé et répandu dans les médias saoudiens, du Golfe et arabes, et tous les médias financés par l’Arabie Saoudite et ses alliés, et (qui explique) pourquoi ils se lancent dans une guerre au Yémen... Le prétexte est que le Yémen est maintenant occupé par l’Iran. (Le prétexte est) l’hégémonie iranienne sur le Yémen, l’ingérence iranienne au Yémen.
« Ça y est ! Le Yémen est devenu l’Iran ! Mais le Yémen est arabe ! Il faut que nous le récupérions ! Il fait partie de la péninsule arabique... ».
(C’est ce qu’ils prétendent) bien qu’ils n’aient jamais accepté de l’intégrer au Conseil de Coopération du Golfe, car ils le considèrent comme un sous-pays, de seconde classe, avec un peuple miséreux, un fardeau... Très bien. Il faudrait donc soustraire le Yémen à l’occupation iranienne, à la domination iranienne, au contrôle iranien. Et c’est là un des mensonges les plus énormes qu’on s’efforce aujourd’hui de répandre à travers cette campagne médiatique brutale qui est encore plus violente que l’agression militaire.
Source : http://sayed7asan.blogspot.be/2015/04/hassan-nasrallah-su...
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Hassan Nasrallah : la guerre au Yémen annonce la fin de la dynastie saoudienne (VOSTFR)
Interview du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah par la chaîne d’informations syrienne Al-Ikhbariyya – Lundi 6 avril 2015
Dans cet extrait, Sayed Hassan Nasrallah évoque l’opération américano-saoudienne au Yémen, un véritable désastre militaire jusqu’à présent. Selon lui, l’Arabie Saoudite s’est lancée dans une entreprise insensée, et elle est maintenant menacée dans son intégrité territoriale même. Il prédit avec certitude une victoire éclatante des Houthis, et des répercussions majeures sur la dynastie régnante saoudienne et l’ensemble de la région qui iront dans le sens de l’intérêt des peuples.
Transcription :
[…]
Journaliste : Je souhaite à nouveau la bienvenue à notre invité, le Sayed Hassan Nasrallah. Bienvenue à vous, votre Eminence le Sayed. Nous avons évoqué, juste avant la pause et cette dernière partie de notre entretien, des questions d'importance primordiale pour notre région. Vous avez déclaré que si le Pakistan intervient aux côtés de l'Arabie Saoudite, il le fera au prétexte d'une menace intérieure sur la sécurité saoudienne [pour défendre le Royaume et non attaquer le Yémen], et vous avez dit que cela n'est pas une possibilité lointaine, et que cela peut advenir dans un futur proche, les jours à venir nous montreront si un tel développement se produit depuis le Yémen, si les Houthis peuvent entrer en Arabie Saoudite. Que vouliez-vous dire ?
Source : http://sayed7asan.blogspot.be/2015/04/hassan-nasrallah-la...
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Pendant que nous y sommes, complétons ces réflexions importantes par quelques autres, trouvées sur le même site, celui, infatigable, de : http://wwwsayed7asan.blogspot.fr
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Égypte et Arabie Saoudite au Yémen : de l’indépendance de Nasser à la servilité de Sissi (VOSTFR)
Discours de Gamal Abd-al-Nasser le 23 décembre 1962, durant la guerre du Yémen opposant les royalistes, soutenus par l'Arabie Saoudite et la Jordanie, aux Républicains, soutenus par l'Egypte.
L'Egypte d'aujourd'hui, vassale des Saoud et membre de leur coalition contre le Yémen, asphyxiant Gaza, main dans la main avec Israël, a sombré dans des abîmes de servilité insondables, et elle est bien loin de ce glorieux passé...
« Depuis le premier jour jusqu’à aujourd’hui, nous avons perdu 136 officiers et soldats. Leurs chaussures ont plus de dignité que la couronne du roi Saoud et celle du roi Hussein. »
Source : http://sayed7asan.blogspot.be/2015/04/egypte-et-arabie-sa...
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Imagerie et Empire : Comprendre la peur occidentale des terroristes arabes et musulmans
Par Mahdi Darius Nazemroaya –strategic-culture - le 5 avril 2015.
L’idée que la majorité des attaques terroristes sont commises par des Arabes ou des musulmans manque non seulement de perspective historique, mais c’est un argument subjectif lié à l’orientalisme moderne, qui est bien vivant. L’orientalisme lui-même est fortement lié à la vision états-unienne de l’exceptionnalisme. C’est un domaine de pensée où les conceptions exceptionnalistes et racistes coïncident totalement. En fait, il y a une mince ligne entre les trois.
Selon une manière de penser linéaire désuète et géographiquement ethnocentrée, toutes les sociétés situées à l’Est et au Sud des États-Unis, du Canada et de l’Europe occidentale – en particulier la France, la Grande-Bretagne et les pays germanophones – sont considérées comme déficientes et inférieures. En Europe, cela signifie que quiconque vit à l’est de l’Allemagne est décrit tacitement ou ouvertement comme arriéré culturellement. Cela comprend les Balkans, les peuples slaves, les Albanais, les Grecs, les Turcs, les Roumains, les chrétiens orthodoxes et les anciennes républiques soviétiques.
Dans la conception orientaliste des États-Unis, les non-Européens se trouvent encore plus bas sur l’échelle. Cela comprend les peuples d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et des Caraïbes.
Source : http://lesakerfrancophone.net/imagerie-et-empire-comprend...
Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone
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Corruption : Olivier Jornot, procureur général du canton de Genève
par Frank BRUNNER (fb23661@gmail.com)
Le siège du Ministère public à Genève
Olivier Jornot, le procureur général du canton de Genève, est un magistrat corrompu qui se livre au trafic d’influence au profit d’agents israéliens opérant en Suisse en toute impunité. Il est vrai qu’il n’est pas le seul magistrat corrompu, le trafic d’influence s’étendant jusqu’à la Cour de Justice du canton de Genève. L’affaire qui m’oppose à la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD), une officine sioniste dirigée par des agents israéliens opérant depuis Genève, met en évidence cette situation de corruption généralisée.
Source : http://www.interet-general.info/spip.php?article21304
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La République des banquiers : conférences d’Henri Guillemin sur l’avant-1914
« En réalité, pour dire les choses telles qu'elles sont, et sous une apparence peut-être véhémente mais pourtant exactement fidèle à la vérité, la IIIe République était, sous une apparence de démocratie, pratiquement une oligarchie financière. Et je sais bien qu'il n'y a pas très longtemps encore, un journal sérieux disait : ‘C'est une rengaine de parler de la toute-puissance de l'argent.’ Il est facile d'appeler rengaine la constatation obstinée d'une évidence.»
Henri Guillemin, La République bourgeoise
« En dépit des apparences démocratiques en France, le peuple ne contrôle pas ses gouvernements. Un groupe étroit s’est emparé des conseils d’administration des grandes sociétés financières. Ces quelques hommes tiennent entre leurs mains les banques, les mines, les chemins de fer, les compagnies de navigation, bref, tout l’outillage économique de la France. Sans oublier la sidérurgie et les fabriques d’armes d’où ils tirent de croissants profits. Ils dominent le parlement et ont à leur solde la grande presse. La guerre ne leur fait pas peur, ils la considèrent même avec intérêt. (…) Nos banques ont gardé le souvenir des bénéfices énormes réalisés par elles en 1871. »
Francis Delaisi, La guerre qui vient, 1911
(13 vidéos)
Source : http://sayed7asan.blogspot.be/2015/04/la-guerre-qui-vient...
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In cauda…
On se souviendra que nous avons mis en ligne, il y a peu, une vidéo en russe, sous-titrée en anglais, d’Evgeny Fyodorov, député à la Douma, à propos de « l’affaire Nemtsov ». Nous déplorions le manque d’intérêt des francophones pour ces choses et regrettions qu’il ne se fût pas trouvé quelqu’un pour la sous-titrer dans notre langue. Eh bien, nos vœux viennent d’être exaucés : le Saker Francophone l’a fait. Alléluia !
La démocratie, incapable de se défendre, est devenue une vieille relique condamnée
Par Evgeny Fyodorov – Le 10 avril 2015
(…)
Préambule
A la différence des régimes autocratiques – monarchies, dictatures – les démocraties représentatives à mandat non impératif que nous connaissons aujourd’hui n’ont pas les moyens de se défendre efficacement contre les subversions, d’origine interne ou externe, menées avec des moyens plus ou moins élaborés qui utilisent les propres atouts de la démocratie pour la renverser.
Il est difficile de corrompre un roi ou un dictateur, celui-ci disposant déjà de tout, par définition; il est plus difficile encore de corrompre un peuple entier, cela coûterait beaucoup trop cher et résoudrait d’ailleurs en même temps le problème de la distribution des richesses, et donc de la gouvernance politique idéale ; tous corrompus signifiant tous égaux.
La ruse ultime consiste à regrouper tout le pouvoir entre les mains de quelques-uns. Dans les démocraties formelles, ce sera au niveau d’un parti unique élisant ses délégués dans une assemblée populaire suprême, comme en Corée du Nord, ou au niveau d’une oligarchie ploutocratique élisant également ses représentants dans une chambre des représentants, comme aux États-Unis. Dans les deux cas, la corruption interne fonctionne parfaitement dans un cadre pseudo-démocratique.
Dans ces pseudo-démocraties, le fonctionnement ne diffère pas de celui des dictatures pures et simples, seul le décor change. L’État profond est structuré de la même manière.
Restent les vraies démocraties, belles et pures, telles qu’on les trouve en Europe, style social-démocratie. Bien que n’étant pas exemptes de corruption, elles gardent tout de même encore de véritables préoccupations quant au bien-être de leurs populations, le mot de démocratie n’est donc pas totalement usurpé dans ce cas – pour l’instant.
Lorsqu’un pouvoir hégémonique de nature dictatoriale ou pseudo-démocratique veut s’emparer des ressources d’un autre État qui lui résiste, il a deux solutions : la guerre ou la corruption. Bien que l’idéal soit de préparer la guerre pour enrichir les conglomérats, mais sans la faire, il préfère à priori la seconde solution, encore faut-il que la corruption soit possible. Il faut pour cela que l’État à corrompre soit une véritable démocratie, avec tous ses atours, dans laquelle l’agresseur pourra installer lentement sa cinquième colonne sans susciter la méfiance, afin d’obtenir un changement de régime qui lui convienne, en exploitant justement les atouts de la démocratie : liberté d’expression, liberté de déplacement des personnes et des capitaux, liberté d’installation d’ONG et de fondations diverses, et surtout liberté de manifestation.
La CIA et tous les services de renseignements occidentaux ont depuis longtemps théorisé et mis en œuvre ces procédés dans le cadre des révolutions de couleur ou des printemps diversement fleuris, avec des succès mitigés dans l’exécution et des échecs certains dans les résultats.
Le Saker Francophone
Nous rappellerons seulement, à ce propos, notre conviction : « Le Maidan de Nemtsov », qui s’est planté, se serait planté bien davantage encore si quelqu’un n’avait eu l’idée opportune de charliser Nemtsov juste avant la déroute.
Source : http://lesakerfrancophone.net/la-democratie-incapable-de-...
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Mis en ligne le 11 avril 2015
17:00 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
07/04/2015
JOYEUSES PÂQUES... Malgré tout
Joyeuses Pâques malgré tout !
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C’est passé mais on s’en fiche :
1er Avril à Kiev
2.500 personnes sont allées huer l’ambassade des États-Unis
Source :
http://russia-insider.com/en/2500-demonstrators-target-us...
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Quoi, les femmes ?
La guerre civile arabe
par Thierry Meyssan
Reprenant un thème qu’il avait déjà abordé, Thierry Meyssan montre que, au-delà des stratégies des États, les peuples du monde arabe se divisent désormais en deux camps qui ne sont ni déterminés par des conflits de classe, ni par la Résistance au sionisme, ni même par des guerres de religion. L’affrontement qui est en train de se généraliser avec le bombardement du Yémen par l’Arabie saoudite fait apparaître un clivage sociétal que personne n’attendait : deux nouveaux camps émergent autour de la question des droits des femmes.
Symboles de la lutte de Mouamar el-Kadhafi contre les islamistes, le leader libyen s’était entouré de gardes du corps féminins. Cependant, après l’avoir lynché et enterré, l’Otan justifiait son crime vis-à-vis des opinions publiques occidentales en « révélant » que les amazones n’étaient que des prostituées aux mains d’un prédateur sexuel. Cette propagande était relayée par un livre, basé sur un seul et unique témoignage, de la « journaliste » du Monde, Annick Coljean.
L’Occident applaudit au bombardement du Yémen par l’Arabie saoudite et à la prise d’Idleb par al-Qaïda. Pourtant, officiellement, al-Qaïda serait une organisation terroriste anti-saoudienne responsable des attentats du 11-Septembre. Que se passe-t-il donc qui fait repasser les disciples d’Oussama Ben Laden du côté des « combattants de la liberté », comme jadis lorsqu’ils luttaient contre les Soviétiques en Afghanistan, au motif qu’ils ont pris Idleb à la Syrie de Bachar el-Assad ?
Source : http://www.voltairenet.org/article187173.html
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Abrutissement par défaut
par Strategika51 - 3 avril 2015
Intoxication au seuil de la saturation. Le fameux deal nucléaire iranien fait l’objet d’un battage médiatique digne d’une petite comédie musicale très kitsch. Certains parlent d’un accord historique sur fond de guerre au Yémen. D’autres sont plus circonspects. Enfin le premier ministre israélien fait semblant de s’en alarmer. Comble du ridicule, en Iran, certains zombies post-globalisation ont osé défiler en automobiles, histoire de trouver un petit prétexte à la fête.
Le complexe de Fordo est au centre de l’accord, lequel porte sur la réduction du nombre de centrifugeuses de 19000 à 6000.
Le monde actuel adore le conjoncturel. L’événementiel sans lendemain. Le futile. Les faux-semblants.
Derrière toutes ces paillettes, une réalité : toute la région couverte par le CentCom est en feu.
Exit la rivalité obsessionnelle entre l’Arabie Saoudite et l’Iran. Depuis longtemps et aujourd’hui plus que jamais, les deux pays ne voient plus aucun inconvénient à chercher un soutien israélien dans une équation à trois+1. À chacun ses méthodes et ses entrées, VIP ou pas. L’Iran d’Ahmadinejad n’est plus qu’un lointain souvenir exotique. Un cauchemar pour les milieux bourgeois contrôlant les rouages de l’économie iranienne et dont les inclinaisons réelles n’ont pas varié d’un iota depuis l’époque du Shah.
Pour les Saoudiens, c’est plus facile. Ils ne se cachent plus et ne cachent plus leur détermination à s’allier avec tous les diables pour enrayer ce qu’ils perçoivent comme l’avancée perse chiite. Souvent perçue comme un retour des Sassanides.
Netanyahou crie au loup sans trop y croire lui-même. Les Américains, eux, sont hilares. On s’amuse comme on peut.
Vous avez dit nucléaire iranien ?
L’économie iranienne est en lambeaux. Le pays a beaucoup souffert des sanctions internationales mais c’est surtout son engagement en Syrie qui l’a littéralement ruiné. En face, une Arabie Saoudite ayant financé des dizaines de conflits et de coups bas jusqu’à épuisement. Au milieu, Israël qui se croit au temps de Massada. Le seul point commun unissant les trois semble être l’état fort déliquescent de leurs sociétés respectives.
Vaut mieux garder un œil sur le Yémen. Le détroit de Bab Al-Manden par où transite une part non négligeable des approvisionnements en hydrocarbures est en jeu. Pays pauvre, marginalisé par ses voisins du richissime Conseil de la Coopération du Golfe (CCG) duquel il a toujours été exclu, le Yémen est un pays à la géographie très rude. Ce ne sont pas les milices Houthis, bien ancrées dans le pays et que l’Iran a cherché à doter d’une organisation similaire à celle des Pasdarans (phénomène en cours en Syrie méridionale et en Irak) qui constituent un réel danger, mais le changement d’alliances entre les principales forces d’un pays habitué à la guerre. L’ancien président Ali Abdallah Salah qui a mené la guerre contre la sécession de 1994 et ex-adversaire acharné des Houthis est actuellement leur allié et ses troupes se battent contre cette étrange coalition saoudienne.
Que reste-il des pays Arabes en 2015 ? Pas grand chose. L’Égypte est non seulement une dictature mais en banqueroute totale. Juste à côté, la Libye est dans un mélange de plein remake de Mad Max et de mythologie grecque. La Syrie est au purgatoire, le Liban ne tient qu’à un fil et ce n’est pas celui d’Ariane, la Jordanie risque à tout moment de disparaître et l’Irak est revenu au temps antiques et mythiques de la guerre de tous contre tous. Les pays du Maghreb ne sont pas mieux lotis puisqu’ils risquent de s’effondrer avec fracas au premier coup de vent et ce n’est pas pour rien si, après avoir tout vendu, ils tentent désespérément de s’accrocher aux loges maçonnes et autres petites confréries transnationales dont le pouvoir et l’influence sont plus ou moins avérés.
Nous sommes en 2015 et les médias, de plus en plus amateurs, passent leur temps en litanies vides de sens. Sommes-nous à ce point devenus abrutis? Peut-être.
Source : https://strategika51.wordpress.com/2015/04/03/abrutisseme...
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Le plan de Washington pour les 10 prochaines annees au Proche-Orient
Ce que vous ignorez sur les accords états-uno-iraniens
par Thierry Meyssan
Depuis deux ans, les États-Unis négocient secrètement un cessez-le-feu régional avec l’Iran. Parvenus à un accord bilatéral, ils ont annoncé une solution au conflit nucléaire et aux sanctions économiques dans le cadre des négociations multilatérales qui traînaient depuis 2003. Témoin privilégié, Thierry Meyssan révèle ce qui est en jeu dans cet imbroglio diplomatique et comment Washington entend organiser le Levant et le Golfe pour les 10 prochaines années.
Réseau Voltaire International | Damas (Syrie) | 6 avril 2015
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John Kerry et Mohammad Javad Zarif ont conclu un pré-accord politique bilatéral secret. Ce faisant, ils ont conclu un accord public dans le cadre des négociations multilatérales 5+1
Depuis mars 2013, les États-Unis et l’Iran se parlent en secret. Ces contacts ont débuté secrètement à Oman. Pour les Iraniens, étouffés par un siège économique et monétaire sans précédent dans l’Histoire, il n’était pas question de céder face à l’impérialisme, mais de parvenir à un cessez-le-feu de quelques années, le temps de reprendre des forces. Pour les États-Unis, qui espèrent déplacer leurs troupes du Proche-Orient vers l’Extrême-Orient, cette opportunité devait s’accompagner de garanties précises que Téhéran n’en profiterait pas pour étendre un peu plus son influence.
Source : http://www.voltairenet.org/article187237.html
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L’assassinat de la Grèce
par James Petras
James Petras a été directeur du Centre d’études méditerranéennes à Athènes (1981-1984) et conseiller du Premier ministre Andreas Papandréou (1981-1984). Il analyse ici la crise grecque et ses enjeux au sein de l’Union européenne
Réseau Voltaire International | New York (États-Unis) | 5 avril 2015
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Le gouvernement grec est aujourd’hui enfermé dans une lutte à mort face à l’élite qui domine les banques et les centres du pouvoir politique de l’Union européenne.
Ce qui est en jeu, ce sont les conditions de vie de 11 millions de travailleurs, fonctionnaires et artisans grecs, ainsi que la viabilité de l’Union européenne. Si le gouvernement de Syriza capitule face aux exigences des banquiers de l’Union européenne et accepte de poursuivre la politique d’austérité, la Grèce sera alors condamnée à des décennies de régression, de misère et de domination coloniale. Si la Grèce décide de résister et si elle est contrainte de quitter l’Union européenne, il lui faudra répudier une dette extérieure de 270 milliards d’euros, provoquant la chute des marchés financiers internationaux et l’effondrement de l’Union européenne.
Source : http://www.voltairenet.org/article187245.html
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Questions béotiennes des Grosses Orchades :
Pourquoi capituleraient-ils ?
Que deviennent, dans tout cela, les conversations Tsipras-Poutine ?
Et, pendant qu’on y est, pourquoi Petras fait-il grief aux deux ministres de leur qualité d’universitaires ? Rafaël Correa n’était-il pas, lui aussi, un universitaire, et cela a-t-il empêché qu’il cherche et qu’il trouve une solution à la dette abusive qui accablait l’Équateur ?
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L’impuissance apprise
Le concept d’« impuissance apprise » a été créé par le professeur Martin Seligman. Il décrit la situation d’un sujet placé dans une situation douloureuse et ne parvenant pas à y mettre fin. Lorsque cette expérience se répète, il peut apprendre son impuissance au point de ne plus rien tenter même lorsqu’il pourrait mettre fin à sa souffrance.
Ce mécanisme a été mis en pratique par la CIA et par l’US Navy avec une extrême cruauté dans diverses prisons secrètes comme à Guantánamo.
Ici, un professeur de psychologie en donne un avant-goût, en quelques minutes, à ses élèves.
Réseau Voltaire International| 31 mars 2015
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« Le secret de Guantánamo », « Le rapport du Congrès sur la torture confirme qu’al-Qaïda n’est pas impliqué dans les attentats du 11-Septembre », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 28 octobre 2009 et 15 décembre 2014.
Traduction
IlFattoQutidiano.fr
Source : http://www.voltairenet.org/article187208.html
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Giulietto Chiesa :
« Ça y est, la tempête est là ! »
Dispiace, c’est en italien.
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Restons polyglottes :
Fin mars, le Président Bachar al-Assad a accordé à Charlie Rose, de CBS News, une très longue interview – 127 questions ! – auxquelles il a répondu avec une précision, une clarté, une connaissance approfondie des choses qui laissent pantois, habitués que nous sommes aux euh… euh… de nos marionnettes si peu nationales. Le président syrien n’a rien du tout à envier à Fidel Castro, à Ernesto Guevara, à Hugo Chavez, à Vladimir Poutine ou, en son temps, au général de Gaulle. Jamais il n’est pris au dépourvu par les questions les plus idiotes, les plus malveillantes, les plus arrogantes. Toujours, il répond avec calme et exactement ce qui s’imposait, non pas tant à son présomptueux questionneur, que, par-dessus sa tête, à nous, aux siens, à tous ceux dont il lui importe de se faire comprendre. Ainsi, nous savons que, dans leur malheur, les Syriens ont la chance d’être représentés par un des plus grands chefs d’état du XXIe siècle.
On remarquera que lorsque Bachar al-Assad rive poliment son clou à l’outrecuidant, celui-ci s’écrie « Oui, tout le monde sait que vous êtes un bon débatteur », car pas question, n’est-ce pas de s’arracher du bout des dents un « Oui, Monsieur, vous avez raison ».
Il faut donc reconnaître au président syrien, en plus du reste, une exceptionnelle maîtrise de soi. À sa place, nombre d’entre nous eussent fait passer l’insupportable par la fenêtre, avant même qu’il fût arrivé au tiers de ses questions.
President al-Assad’s [Full] interview with Charlie Rose of American CBS News
Video and Transcript.
Posted April 01, 2015
Damascus, SANA – President Bashar al-Assad made an interview with the U.S. CBS News. Following is the full text:
Question 1 : Mr. President, thank you for allowing us to come here. We asked for this interview because your country’s been at war for four years. It is a humanitarian crisis, perhaps the worst on the planet right now. 200,000 Syrians have died, four million refugees, ten million have left their homes, life expectancy is down, 50% of your country is occupied by hostile forces. It’s become a battleground for outside forces. What’s next ? Because we have seen since I last visited you the rise of ISIS, we have seen Hezbollah in here, we have seen the United States becoming increasingly concerned about ISIS, so much so that the President, and especially the Secretary of State, have said that there’s a need for a negotiated settlement.
President Assad : Actually, the beginning of your question is exaggerating the number a little bit, but that’s not the issue. I always invite the media and the West and the officials to deal with those numbers not as spreadsheets and numbers and counter; actually it’s bereaved families who lost their dear ones. It’s a tragedy that’s been going through, every Syrian family lost someone, lost their livelihood, and so on. Whether it’s a few thousands or hundreds of thousands, it’s a tragedy. What’s next? Actually, every conflict should end up with dialogue, with a political solution between the different parties, and that’s what we have been doing in Syria for the last two years; dealing directly with the militants, and we succeeded in making some reconciliations.
Regarding the rise of ISIS, in the context of events in Syria during the last four years, ISIS didn’t rise suddenly. It’s impossible for such – bigger than what we call an organization and smaller than a state – to appear suddenly with all these resources, financial resources, human resources, without support from the outside and without being prepared gradually or incrementally for a long time before the sudden rise during last summer. So, the rise of ISIS is not a precise word because it didn’t happen suddenly; it was a result of events that happened at the beginning of the conflict that we mentioned in our statements many times, but no-one in the West has listened to. If we want to mention the statement of Kerry regarding the dialogue, I would say that what we have in Syria so far is only a statement, nothing concrete yet, no facts, no new reality regarding the political approach of the United States towards our situation, our problem, our conflict in Syria. But as a principle, in Syria we could say that every dialogue is a positive thing, and we’re going to be open to any dialogue with anyone including the United States regarding anything based on mutual respect, and without breaching the sovereignty of Syria, and as a principle I would say that this approach, the new approach of the United States towards not only Syria, towards anyone, to make dialogue regarding any issue, is a positive thing, but we have to wait for the reality.
Source : http://www.informationclearinghouse.info/article41423.htm
Cette remarquable mise au point sans appel a aussitôt généré six pleines pages de références sur Google. En langue anglaise. En français : pas une seule (référence). Or, nous sommes actuellement 92.61 millions de francophones (en ne comptant que la France, la Suisse, la Belgique et le Québec) et pas un seul qui ait trouvé en soi l’envie de traduire un document de cette importance. C’est là qu’on mesure ce que nous sommes devenus et ce que nous avons fait à notre langue. Colonisés jusqu’au trognon et fiers de l’être !
Nos excuses : on en trouve quelques brefs extraits sur le blog d’Allain Jules :
Source originale : https://www.youtube.com/user/Axedelaresistance
(Moins de 5 minutes, sur une interview d’une heure dont chaque mot compte... mais c’est mieux que rien).
Bien entendu, la sémillante rédaction de Médiapart y va de son « dictateur syrien ». On n’en attendait pas moins d’elle.
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En 1950 a paru, aux éditions Payot, un livre de M. Jean Przyluski, savant français d’origine polonaise comme son nom l’indique, consacré à la Grande Déesse universelle des temps préhistoriques. Le papier, à l’époque, était encore de très mauvaise qualité (la guerre, la guerre) et ce livre n’a jamais été, depuis, republié.
L’auteur y soutenait diverses thèses, dont certaines peuvent sans doute être discutées aujourd’hui, au nombre desquelles celle impliquant que le culte de la Grande Déesse, scruté avec suffisamment d’attention, révèle que des contacts et des échanges religieux ont existé, plusieurs millénaires avant la Guerre de Troie, entre la Chine, l’Inde, le Moyen Orient et l’Europe. Thèse suffisamment révolutionnaire pour justifier des études postérieures de savants versés dans les mêmes disciplines, mais qui n’a pas eu l’heur de plaire aux cuistres de service, subjugués par celles de M. Dumézil.
Au nombre des traces ou objets qui permettaient à M. Przyjulski de soutenir son affirmation, il y avait (la mauvaise photographie en noir et blanc d’) un bas-relief très ancien, se trouvant au Musée d’Alep et que personne n’avait encore interprété.
Aujourd’hui, les bibliothèques publiques assez chanceuses pour posséder ce livre de l’immédiat après-guerre, le dégraissent avec enthousiasme comme « trop vieux », « papier jauni », « pages manquantes », bref l’envoient au pilon. Et le bas-relief archi-précieux du Musée d’Alep n’existe plus non plus : il a été réduit en poussière ou volé pour quelque milliardaire US par les joyeux mercenaires de la démocratie occidentale en mission de civilisation chez « les barbares islamistes ».
Internautes qui nous lisez – ou pas – et qui avez peut-être vos entrées chez Payot, vous rendriez un signalé service à ceux qui ne se couchent pas le soir avec leur GSM et leur nounours, en réussissant à convaincre cette maison de republier l’ouvrage de M. Przyluski, tombé dans le domaine public 71 ans après sa mort.
Jean Przyluski
La Grande déesse : Introduction à l'étude comparative des religions
Préface de Charles Picard
Paris, Payot, 1950
Liens à toutes fins utiles :
http://www.maisonneuve-adrien.com/collections/coll_przyluski.htm
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Enfin, pendant qu’on y est, on s’en voudrait de ne pas signaler, à ceux d’entre nous qui se disent « de souche » et voient dans les gens venus du Maghreb, du Moyen Orient ou d’ailleurs des alien envahisseurs, un site Internet fort bien fait, par un professeur irlandais nommé Brendan MacGonagle (donc en anglais, apprenez les langues, b…l !).
MacGonagle fait partie de ces désintéressés qui se servent d’Internet pour partager gratuitement leur savoir (quelquefois très grand) avec des gens qui ne mesurent pas assez leur chance.
Cela s’appelle :
balkancelts
Journal of Celtic Studies in Eastern Europe and Asia-Minor
In the tide of nationalism and revisionism which has marked the last century, our common European Celtic heritage has been systematically deconstructed, manipulated and denied. To balance this phenomenon, the BALKANCELTS organization presents the archaeological, numismatic, linguistic and historical facts pertaining to the Celts in Eastern Europe and Asia-Minor, within the context of the pan-European Celtic culture – a heritage which belongs to no nation, yet is common to all.
Si vous avez la curiosité d’explorer l’histoire de vos ancêtres, vous y apprendrez notamment qu’une partie des Celtes belges, partis de Toulouse et du Nord de l’Italie au IIIe siècle avant J.-C., envahirent d’abord l’Allemagne et finirent par se retrouver en Asie Mineure, sur un haut-plateau d’Anatolie (Turquie actuelle), où ils fondèrent (ou fauchèrent à d’autres) un pays qui allait s’appeler, à cause d’eux, la Galatie (en rouge sur la carte). Ces Belgae étaient les Trocmes, les Tolistoboiens et les Volques- Tectosages, lesquels étaient peut-être pour moitié des Volsques du Latium, autrement dit des Étrusques dissidents. (Notre hypothèse, qui serait trop longue à exposer ici.)
Il n’est pas sans intérêt de découvrir qu’ils semèrent partout – déjà ! bien avant les Croisades et les « Tempêtes du désert » – la mort et la désolation : en Grèce, par exemple, où ils s’emparèrent de l’or du temple d’Apollon à Delphes, aux frontières de la Syrie, ensuite, où l’ancêtre très lointain de Bachar al-Assad, Antiochus 1er Sôter (Sauveur), les affronta : éléphants contre chars équipés de faux mobiles. Il avait compté sur ses grosses bêtes pour effrayer les chevaux. Elles n'y manquèrent pas et ce fut un carnage : les chevaux, fous de terreur, se débarrassèrent de leurs conducteurs, foncèrent dans les rangs des éléphants, leur cisaillant les pattes, non sans avoir cisaillés d’abord leurs propres cochers. Ceux qui ne moururent pas sur le champ de bataille furent capturés. Victoire totale des Syriens.
Mais, s’ils eussent été vainqueurs, comme cela leur arriva un assez grand nombre de fois, les Galates se fussent livrés sur les vaincus à des actes qui laisseraient les Daesh verts de jalousie.
La « Tour de Silence » de Ribemont-Sur-Ancre.
Cette tour de cadavres d’ennemis vaincus fut érigée sur le site de la bataille de Ribemont, où on estime qu’un millier de guerriers avaient péri. (Celtes contre Celtes, cette fois-là). Pour célébrer la grande bataille, les Belges victorieux élevèrent cet autel de sacrifice et décapitèrent les corps des vaincus, dont ils emportèrent chez eux les têtes comme trophées, puis pendirent, sur un grand échafaud de bois, les corps sans têtes et des milliers d’armes ramassées sur le champ de bataille : c’est ce qui fut appelé la Tour de Silence.
Des preuves de désagrégation et de démembrement des morts – trouvées sur ce site et sur d’autres, comme par exemple à Ham Hill – correspondent à ce que l’on sait des pratiques religieuses des Celtes, telles que l’habitude d’exposer les corps après la mort pour qu’ils soient dévorés par les oiseaux de proie et les carnivores. La séparation de la chair et des os des morts, bien documentée dans le monde celtique, avait une signification particulière, très différente des pratiques funéraires gréco-romaines (Soprena Genzor 1995 : 198 et suiv.)
Tout cela pour dire que si au moins 10% de ces récits (grecs et romains) sont vrais, la plupart des habitants de l’Asie Mineure d’aujourd’hui (vous savez, les sauvages sans culture) ont les mêmes ancêtres que nous, venus là d’Europe occidentale. Cette contrée, la Galatie, était entourée des royaumes du Pont, de Paphlagonie, de Bythinye, de Pergame, de Syrie et de Cappadoce.
Sur BalkanCelts, vous verrez aussi (ou alors, consultez Abel Hugo, France historique et monumentale : Histoire générale de France depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours), que les Tolistoboiens choisirent pour chef-lieu la ville phrygienne de Pessinonte, où se trouvait le temple de la Mère des dieux, qu’on y appelait Cybèle. Elle s’appelait aussi Q’R, qui se prononçait Cor : c’est la Mère du Coran (« Sagesse de Q’R »). On vous parle là d’un temps où le Prophète, Mohammed, n’était pas né – de nombreux siècles avant sa naissance : presque un millénaire. La Grande Mère était encore appelée « Dame Noire de Pessinonte », car elle y était tombée du ciel, sous forme d’aérolithe, en plein milieu de la tribu des Qoraïchites. Et il faut croire que cette pierre noire d’essence divine était radioactive, car quiconque s’en approchait ne tardait pas à mourir. Aussi avait-il été décidé que, seules, les femmes de cette tribu – où elle avait voulu demeurer – pourraient s’en approcher pour accomplir les rites, et le feraient couvertes d’un long voile, noir comme elle, ne laissant qu’une fente pour les yeux, destiné à les protéger. Privilège terrible, puisque mortel, considéré comme un honneur.
Cybèle, Kybélé ou Κυβηλη
La « Dame Noire de Pessinonte » (Phrygie)
Ici anthropomorphisée et blanche, entre ses deux autres elle-même, puisqu’elle était aussi « Triple Lionne des Montagnes »
Quiconque aurait envie de rire n’a qu’à se représenter ceux qui – élus par la science – pénètrent jusqu’au cœur d’un réacteur atomique, et ne peuvent le faire que couverts des pieds à la tête d’une combinaison amiantée, qui joue aujourd'hui le rôle protecteur dévolu au voile ancien.
C’est là, évidemment, l’origine du si controversé voile total ou partiel que portent encore aujourd’hui les femmes musulmanes. Et c’est, bien sûr, le Prophète, qui a imposé à « toutes les femmes » le signe distinctif jusque là réservé aux seules femmes Qoraïchites. C’était un acte patriarcal despotique ? Sans doute, mais cette contrainte fut assurément ressentie par les autres femmes comme une révolution – c’en était une – et non pas comme une limitation de leur liberté, comme un accroissement de leurs privilèges et comme un grand pas vers une égalité qu’elles souhaitaient sans doute. Ceux qui, depuis ces temps fondateurs, ont inventé que ce voile a pour mission de cacher les cheveux dangereusement tentateurs des femmes ne font qu’insulter, en rationalisant ainsi ce qu’ils ne connaissent plus, le Créateur qu’ils prétendent vénérer, puisque c’est lui qui les a faites comme elles sont, cheveux et tout.
Les Qoraïchites, et leur société sans doute encore matriarcale, se laissèrent-ils dépouiller de leurs privilèges sans réagir ? Probablement pas. Y eut-il des affrontements entre les croyants de l’ancienne religion et ceux de la nouvelle ? Il y a de fortes chances, mais notre science, en matière d’histoire de l’Islam, est nulle. C’est à eux qu’il faut demander.
La Ka’aba est-elle la pierre tombée du ciel à Pessinonte ultérieurement transportée à La Mecque ? C’est possible, mais nous n’en savons rien non plus. La seule chose dont nous soyons sûrs, c’est qu’elle vint – plutôt de force que de gré – à Rome, en l’an 204 avant J.-C., une prophétie ayant révélé aux Romains qu’elle seule pourrait les protéger d’autres effrayants éléphants : ceux d’Hannibal.
Avec la Magna Mater débarquèrent ses prêtres, les Galles – tiens, tiens… - tous émasculés, vêtus de riches voiles féminins, couverts de bijoux, leurs cheveux longs ruisselants d’huiles et de parfums, dansant lascivement au son des tambourins et des flûtes. Les jeunes Romains s’enthousiasmèrent pour la religion exotique, et voulurent, eux aussi, servir la Déesse. La procédure était simple : il suffisait de défiler dans les rues dans une espèce de Gay Pride, de se laisser saoûler de bruit, de parfums et de substances diverses jusqu’à l’orgasme, de s’émasculer à vif de ses propres mains, et de lancer le membre ainsi sacrifié dans une fenêtre ouverte, les habitants de la maison ou du palais étant dès lors obligés de nourrir, de vêtir, de parfumer et de couvrir de bijourx le nouvel avatar d’Attis (fils-amant de la Déesse, qui avait péri à la chasse, émasculé par un sanglier). Cet engouement prit des proportions telles que l’empire dut sévir : il interdit aux classes pauvres de se convertir au nouveau culte, et tenta de dissuader les jeunes nobles ou riches d’interrompre leur lignée d’une manière aussi ridicule. Préoccupation pas si éloignée que cela de celles d’aujourd’hui sur le voile, ou plutôt, sur l’hémorragie de jeunes gens des deux sexes, qui s’en vont rejoindre Daesh comme les jeunes Romains décadents ne pouvaient résister à l’envie de se faire Galles.
Pince pour castration, ornée des portraits de Cybèle et d’Attis.
Faut-il dire que la fameuse prophétie avait été faite par des augures étrusques, déjà machiavéliques fabricateurs de faux livres sibyllins, qui jouèrent à Rome, jusqu’à sa fin, le rôle que tient aujourd’hui l’AIPAC aux États-Unis. Leur art du faux et de l’imposture était si grand que l’éventualité n’est pas mince qu’ils aient pu fabriquer aussi le Nouveau Testament et les lettres de Saint-Paul, apparues au VIe siècle. Dont celle aux Galates…
Et, oui, ce sont eux aussi qui ont inventé les fascii.
Mais tenons-nous-en là pour aujourd’hui.
L’auteur du blog est :
Brendan Mac Gonagle
University College Dublin, History.
http://ucd-ie.academia.edu/BrendanMacGonagle
Contact e-mail : Balkancelts@gmail.com
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Hélas !
Dernière minute :
URGENT
Nous n’avons pas d’autres détails pour l’instant : il semblerait que, dans le cadre de la guerre non-déclarée qu’ils livrent à leurs citoyens noirs, les États-Unis – en l’occurrence, celui de Pennsylvanie – aient tenté d’exécuter
Mumia Abu-Jamal
au moyen de « négligence» médicale.
Les « complotistes » auront reconnu l’expédient déjà utilisé avec succès pour liquider Slobodan Milošević.
Autrement dit :
Le 30 mars, Mumia Abu-Jamal a été transporté d’urgence, déjà inconscient, au Schuylkill (!) Medical Center, de Pottsville, Pa., souffrant d’un choc diabétique, avec un taux de sucre de 779 dans le sang. Après seulement deux jours de traitement aux Soins Intensifs Urgents de l’établissement – le 1er avril – Abu-Jamal a été remis, dans l’infirmerie de sa prison, aux mains des mêmes docteurs dont la négligence criminelle et les mauvais traitements ont failli le tuer.
L’administration pénitentiaire a d’abord interdit toute visite de sa famille, de ses avocats et de ceux qui le soutiennent, et n’a fini par céder qu’après avoir reçu des milliers d’appels téléphoniques. Ceux qui ont pu le voir le 3 avril disent qu’ils l’ont trouvé extrêmement faible, qu’il avait perdu 80 livres et que son taux de sucre sanguin était encore supérieur à 300. Au déjeûner de midi, ce jour-là, la prison lui a distribué des spaghetti, la pire sorte d’aliment qu’on puisse faire ingérer à un diabétique.
Assassiner des prisonniers politiques âgés, en leur déniant les soins médicaux dont ils ont besoin pour survivre, n’est pas une nouveauté dans les prisons américaines. Au début de cette année, Phil Africa, membre de MOVE 9, est mort dans des circonstances plus que douteuses, à SCI Dallas. L’absence de traitements médicaux adéquats frappe tous les prisonniers, mais davantage ceux qui ont plus de 55 ans. Mumia aura 61 ans le 24 avril prochain.
Les parents, amis et avocats de Mumia Abu-Jamal ont fait part à l’État de Pennsylvanie d’un certain nombre d’exigences et ils demandent à tous ceux qui le peuvent, de participer aux actions qui vont se dérouler dans les quelques jours qui viennent. Notamment :
- Twitter le plus possible en utilisant les hashtags #mumiamustlive, #savemumia et #Blacklivesmatter.
- Appeler au téléphone, faxer et bombarder d’e-mails, les fonctionnaires d’État dont les coordonnées suivent, pour soutenir les exigences formulées :
- DOC Secretary John Wetzel, 717-728-4109 ; crpadocsecretary@pa.gov.
- Gov. Tom Wolf , 717-772-5000 ; fax 717-772-8284 ; governor@pa.gov .
- Prison Superintendent John Kerestes, 570-773-2158 ; contact.doc@pa.gov.
Aux dernières nouvelles – 6 avril – le Département des Corrections REFUSE de rencontrer une délégation des soutiens de Mumia.
Pour en savoir plus, consulter : http://www.iacenter.org/
*
Mis en ligne à la bourre le 8 avril 2015
21:54 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
30/03/2015
État du monde et poisson d'avril
État du monde et 1er avril
L’Europe connaît la situation la plus dangereuse depuis 1945
Vidéo de Jürgen Elsässer
Nous avons connu le journaliste allemand Jürgen Elsässer, en 2006. Il venait de publier « Comment le Djihad est arrivé en Europe » (*). Ce fut une rencontre fort intéressante. Ses liens avec les services de renseignement lui donnaient accès à des informations de première main. On peut entendre ci-dessous la conférence qu’il a donnée le 26 août 2014 au sujet de la guerre en Ukraine et des mensonges des responsables politiques et de la presse traditionnelle.
Silvia Cattori
Intervention du journaliste Jürgen Elsässer à la 10ème conférence internationale organisée par la Coalition anti-censure [Anti-Zensur Koalition] sur le thème: La guerre contre la Russie. [ 26.07.2014 ]
AZK 10 La guerre contre la Russie
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(*) Comment le djihad est arrivé en Europe – Éditions Xénia – Préface de Jean-Pierre Chevènement – 2006 – 302 pages.
Source : http://arretsurinfo.ch/video-jurgen-elsasser-leurope-conn...
Pour en savoir plus :
Jürgen Elsässer : Bio Wikipedia
Sur le Réseau Voltaire : http://www.voltairenet.org/auteur123887.html?lang=fr
On n'édite pas un ouvrage comme L'Avant-guerre civile* tous les jours. Pour ma part, j’ai eu le privilège de l’éditer… deux fois. À dix-sept ans d’intervalle ! Et il me semble que cette fois-ci il est encore plus « dans le mille » qu’au premier coup !
Ci-dessous, quelques lignes et quelques liens pour le découvrir.
« Il est déroutant de penser que la première édition de ce livre date de plus de quinze ans. Dire qu’il était visionnaire serait banal. L’épithète est devenue un argument commercial et s’applique à trop de fausses valeurs. De fait, L’avant-guerre civile n’était pas un livre visionnaire, mais un livre voyant. Il n’annonçait rien qui n’existât déjà. Il décrivait simplement ce qui était là, devant nos yeux, et que nous nous interdisions de voir. La nature même de cet essai, descriptive et non spéculative, était difficile à reconnaître et, partant, à nommer. Ainsi ce texte d’une remarquable cohérence en dépit de sa variété d’approches et de thèmes n’a-t-il trouvé son titre que sur le tard, au fil d’une conversation avec l’auteur à la veille, pour ainsi dire, de sa publication. Il est stupéfiant de penser que ce concept d’avant-guerre civile, qui devait tant marquer les esprits et qui colle si étroitement au contenu, ne s’est imposé qu’à la dernière heure et n’avait probablement pas été présent à l’esprit de l’auteur lors de la conception et de la rédaction de son essai. C’est dire à quel point la démarche d’Eric Werner, en l’écrivant, avait été candide. Il s’était attaché en tout premier lieu à décrire une réalité et à esquisser les lois objectives qui la régissaient. Et ce qu’il avait compris était tellement choquant, tellement contraire à son éducation et à sa formation intellectuelle, qu’il lui avait été impossible de lui donner un nom. »
(Extrait de ma postface à L’Avant-guerre civile)
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L'Avant-guerre civile est disponible en librairie, sur Amazon ainsi que sur notre propre site internet.
Liens :
Entretien audio avec l'auteur (podcast)
« Un livre innommable ? » (postface par Slobodan Despot)
Une plume dans les rouages by Slobodan Despot
INAT Sàrl CP 429 Sion, Valais 1950 Switzerland
Féodalité financière
et autres joyeusetés contemporaines
par Dmitry Orlov – Club Orlov -24 mars 2015
Il était une fois… il y a bien longtemps, la plupart des parties les plus densément peuplées du monde étaient organisées selon un mode de société appelé féodalité. Ce mode était hiérarchique. En règle générale, tout à fait en haut, il y avait un souverain (roi, prince, empereur, pharaon, sans oublier quelques grands prêtres). En-dessous du souverain, il y avait plusieurs rangs de nobles possédant des titres héréditaires. Sous les nobles venaient les roturiers ou gens du commun, qui héritaient eux aussi de leur place dans la société, soit en étant attachés à un lopin de terre sur lequel ils s’activaient, ou en héritant, de droit, de quelque moyen de production ou commerce, lorsqu’ils étaient artisans ou marchands. Chacun était verrouillé dans sa position par des relations permanentes d’allégeances et d’hommages coutumiers : les allégeances et les hommages coutumiers montaient de la base, tandis faveurs, privilèges et protection descendaient du sommet.
C’était, un système remarquablement élastique, qui se perpétuait par lui-même, largement fondé sur l’utilisation de la terre et d’autres ressources renouvelables, le tout étant, en définitive, tributaire de la lumière du soleil. La richesse provenait primordialement de la terre et des différents usages qu’on pouvait en faire. Voici un organigramme simplifié montrant l’ordre hiérarchique d’une société médiévale.
Féodalité sociale
La féodalité était essentiellement un système convenant à des états stables. La pression démographique était allégée surtout par l’émigration, les guerres, les pestes et, à défaut de tout cela, par des famines périodiques. Il arrivait que des guerres de conquête ouvrent temporairement la voie à une croissance économique, mais la terre et la lumière du soleil étant limitées, cela revenait à un jeu à somme nulle.
Cependant, tout cela a changé quand la féodalité a été remplacée par le capitalisme. Ce qui a permis ce changement a été l’exploitation des ressources non renouvelables, dont la plus importante fut l’énergie provenant de la combustion des hydrocarbures fossiles : d’abord la tourbe et le charbon, puis le pétrole et le gaz naturel. Tout à coup, la capacité de production a cessé d’être tributaire de la terre et de la lumière du soleil, mais a pu croître presque, quoique pas tout à fait, jusqu’à l’infini, tout simplement en brûlant de plus en plus d’hydrocarbures. La consommation d’énergie, l’industrie et la démographie se sont mises à augmenter de façon exponentielle. Un nouveau système de relations économiques a été mis en place, basé sur l’argent qui pouvait être généré à volonté, sous la forme de dettes, qui pouvaient être remboursées avec intérêts, en utilisant de plus en plus la production future. Comparé au système précédent, d’états stables, ce changement équivalait à une hypothèse implicite : que l’avenir serait toujours plus grand et plus riche, assez riche pour permettre de rembourser intérêts et principal.
Avec ce nouvel arrangement capitaliste, les vieilles relations féodales et les anciennes coutumes sont tombées en désuétude, remplacées par un nouveau système dans lequel les propriétaires du capital toujours plus riches durent affronter une main d’oeuvre toujours plus dépossédée. Le syndicalisme et les conventions collectives permirent au travail de plus ou moins s’en tirer… pendant quelque temps, mais en fin de compte un certain nombre de facteurs, tels que l’automatisation et la mondialisation, sapèrent le mouvement salarié, laissant aux détenteurs de capitaux tous les moyens de pression qu’ils pouvaient souhaiter pour réduire à merci une population démoralisée et en surnombre d’anciens travailleurs de l’industrie. Dans le même temps, les détenteurs de capitaux formèrent leur propre pseudo-aristocratie, mais sans les titres ni les devoirs et privilèges héréditaires. Leur nouvel ordre hiérarchique ne reposait que sur une seule chose : la valeur financière nette. Il leur suffisait de savoir combien de signes $ il pouvaient mettre à côté de leur nom pour déterminer leur place dans la société.
Féodalité capitaliste
Mais, pour finir, presque toutes les sources nationales d’énergie à base d’hydrocarbures finirent par s’épuiser, et durent être remplacées par des énergies de qualité moindre, plus malaisément accessibles, plus difficiles à produire et plus coûteuses. Cela a dévoré une grosse part de la croissance économique, parce que, chaque année passant, une partie de plus en plus importante de celle-ci doit être réinjectée dans la production de l’énergie nécessaire pour simplement maintenir le système debout, toute forme de croissance étant désormais exclue. Simultanément, l’industrie a généré une quantité de sous-produits déplaisants : pollution et dégradation de l’environnement, déstabilisation du climat et autres phénomènes corollaires. Finalement, ces désagréments ont entraîné l’augmentation des primes d’assurance et des coûts d’assainissement en cas de catastrophes naturelles ou d’origine humaine, et tout cela aussi a contribué à étouffer la croissance économique.
La croissance démographique a aussi ses pénalités. Car, voyez-vous, les populations en expansion se déplacent vers de plus grands centres habités, et les études montrent que plus une ville est grande, plus élevée est sa consommation d’énergie par habitant. À l’opposé des organismes biologiques, où plus l’animal est grand, plus lent est son métabolisme. L’intensité d’activité nécessaire au maintien de la vie dans un centre urbain augmente avec sa population. Regardez comme, dans les grandes villes, les gens parlent plus vite, se déplacent plus vite et, en général, doivent vivre plus intensément et ont besoin d’adopter des cadences plus serrées, rien que pour rester en vie. Une activité aussi frénétique mobilise une énergie qui ne peut être utilisée à se construire un avenir plus riche et meilleur. Oui, l’avenir s’avérer toujours plus populeux, mais la forme d’établissement humain qui se développe le plus vite, sur toute la planète, est le bidonville, privé de services sociaux, d’assainissement, en proie à la criminalité et généralement dangereux.
Bidonville en Inde
Vu de l’intérieur
Paraisopolis
Sao Paulo
Nairobi
Abidjan
Les mêmes expulsés (des morts)
Une hyène abandonnée
Madagascar touché par la peste – 72% de la population vit ainsi.
Rwanda
Kenya
Bogota : bidonville mais téléphérique.
Syrie (dans les décombres) où des enfants meurent de froid.
Paris (des morts de froid aussi).
Paris
Paris – Bastille
Paris – Canal Saint-Martin
Recherche toilettes, douche, café chaud.
Roms en France
Roms en France
Roms en France
Là, c'est à Londres, mais ça vient…
Ce que signifie tout ceci, c’est que la croissance détermine ses propres limites. Mais remarquons que nous avons déjà atteint ces limites, et que dans certains cas, nous les avons même dépassées. L’engouement actuel pour la fracturation hydraulique des gisements de gaz de schiste et pour le pétrole extrait des sables bitumineux révèle l’état avancé d’épuisement des sources de combustibles fossiles. La déstabilisation du climat provoque de plus en plus de violentes tempêtes, des sécheresses de plus en plus sévères (il ne reste à la Californie que pour un an d’eau en réserve) et il est prévu que des pays entiers disparaîtront de la carte, suite à la hausse du niveau des océans, au dérèglement des moussons et à la diminution des eaux d’irrigation provenant de la fonte des glaces. De même, la pollution a atteint ses limites dans beaucoup d’endroits : le smog urbain, que ce soit à Paris, à Pékin, à Moscou ou à Téhéran, est devenu si dangereux que les activités industrielles doivent y être réduites simplement pour que les gens puissent respirer. La radioactivité produite par les réacteurs nucléaires de Fukushima a fait son apparition dans des poissons pêchés de l’autre côté de l’océan Pacifique.
Tous ces problèmes font que des choses très étranges arrivent à l’argent. Dans la phase précédente du capitalisme, celle de sa croissance, de l’argent a été suscité par l’emprunt pour susciter de la consommation et, ce faisant, stimuler la croissance économique. Mais, il y a quelques années, un seuil a été atteint aux USA, qui étaient à l’époque encore l’épicentre de l’activité économique mondiale (éclipsés depuis par la Chine), où une unité de nouvelle dette produit moins d’une unité de croissance. C’est pourquoi emprunter avec intérêts sur l’avenir est devenu impossible.
Alors qu’auparavant on empruntait de l’argent pour produire de la croissance, il est devenu nécessaire d’en emprunter en quantités toujours plus grandes, uniquement pour éviter un effondrement financier et industriel. Par conséquent, les taux d’intérêt sur les nouvelles dettes ont été réduits progressivement jusqu’à zéro, par un mécanisme connu sous l’abréviation ZIRP (Zero Interest Rate Policy). Pour rendre les choses encore plus douces, les banques centrales acceptent en dépôt l’argent qu’elles ont prêté à 0% d’intérêt, ce qui leur rapporte quand même un léger bénéfice, et leur permet d’accumuler en ne faisant absolument rien.
Chose peu surprenante, ne faire absolument rien s’est avéré plutôt inefficace, et dans le monde entier, les économies ont commencé à rétrécir. Beaucoup de pays ont eu recours au tripatouillage de leurs statistiques afin de brosser un tableau plus rose, mais il y a une statistique qui ne ment pas, c’est la consommation d’énergie. Elle est révélatrice à coup sûr du niveau global de l’activité économique, laquelle est en baisse dans le monde entier. Une surabondance de pétrole, à un prix beaucoup plus bas, a les conséquences que nous constatons actuellement. Un autre indicateur qui ne trompe pas est le Baltic Dry Index, qui suit le niveau d’activité du transport maritime : il est en chute libre aussi.
Et la politique du ZIRP a dressé le décor pour le dernier développement, qui est aussi le plus fou : les taux d’intérêt ont commencé à devenir négatifs, à la fois sur les emprunts et sur les dépôts. Bye bye ZIRP, bonjour NIRP ! (Negative Interest Rate Policy) Les banques centrales, un peu partout dans le monde, commencent à consentir des prêts à faibles taux d’intérêt négatifs. Oui, parfaitement, certaines banques centrales payent maintenant des organismes financiers pour qu’ils leur empruntent de l’argent ! Entretemps, les taux d’intérêt sur les dépôts bancaires sont devenus négatifs eux aussi : mettre votre argent à la banque est désormais un privilège, pour lequel vous devez payer.
Dites-moi… j’ai bien compris ? Vous nous offrez des conseils financiers ?
Mais les taux d’intérêt ne sont certainement pas devenus négatifs pour tout le monde. L’accès à l’argent gratuit est un privilège, et ceux qui sont privilégiés sont les banquiers et les industriels qu’ils financent. Ceux qui doivent emprunter pour financer leur logement sont moins privilégiés ; ceux qui empruntent pour payer leur éducation le sont moins encore. Ceux qui ne sont pas privilégiés du tout sont ceux qui doivent emprunter pour s’acheter à manger en utilisant des cartes de crédit, ou emprunter sur leur salaire à venir pour payer leur loyer.
Les fonctions utiles de l’emprunt dans les économies capitalistes ont été pratiquement abandonnées. Il fut un temps où l’idée que l’accès au capital pouvait s’obtenir grâce à un bon plan d’affaire ou de carrière, et que cela permettrait à l’esprit d’entreprise de s’épanouir et à de nouvelles entreprises de naître. Du fait que n’importe qui, et pas seulement les privilégiés, pouvait obtenir un prêt et se lancer dans quelque chose signifiait que la réussite économique dépendait, au moins dans une certaine mesure, du mérite. Mais à présent, les choses se sont inversées : la création d’entreprises est en baisse, avec beaucoup plus d’entreprises en faillite que d’entreprises qui démarrent, et la mobilité sociale est devenue dans une très large mesure une chose du passé. Ce qui reste c’est une société rigidement stratifiée, avec des distributions de privilèges souvent basées sur la richesse héréditaire : ceux qui sont en haut se font payer pour emprunter, et surfent sur des vagues d’argent gratuit, tandis que ceux qui sont en bas s’enfoncent toujours davantage dans la servitude de l’endettement et la misère.
Est-ce que la NIRP peut étayer une nouvelle féodalité ? Elle ne peut certainement pas inverser le flux descendant, parce que les facteurs qui mettent des limites à la croissance ne se prêtent pas à la manipulation financière, étant de nature physique. En effet, aucun montant d’argent gratuit ne peut créer de nouvelles ressources naturelles. Ce qui peut se produire, en revanche, c’est un gel de la hiérarchie sociale, avec les détenteurs du capital au sommet… pour un temps, mais pas pour toujours
Regardez où vous voulez : l’économie en voie d’inarrêtable rétrécissement finit toujours par provoquer des révoltes populistes, des guerres et des banqueroutes nationales, choses qui empêchent l’argent de travailler de toutes sortes de façons. Il se produit généralement des dévaluations, des faillites bancaires, une incapacité à financer les importations, la cessation de paiement des pensions et des dépenses du secteur public. Le désir de survivre pousse alors les gens à se focaliser sur l’accès direct aux ressources physiques et à les redistribuer entre parents, amis et connaissances.
Du coup, ceci est cause que les mécanismes de marché deviennent extrêmement opaques et déformés, jusqu’à s’arrêter complètement de fonctionner. Dans ces conditions, savoir combien de signes $ quelqu’un peut aligner à côté de son nom devient une question rhétorique, et on doit s'attendre alors à voir la hiérarchie sociale des détenteurs du capital devenir instable et finir par faire la culbute. Quelques-uns d’entre eux ont les talents qu’il faut pour devenir des seigneurs de la guerre, et ceux là tondront les autres jusqu’à leur enlever l’existence. Mais, dans l’ensemble, et dans la mesure où les institutions financières auront failli, où les usines et les autres entreprises ne fonctionneront plus, et où les biens immobiliers auront été envahis par des bandes incontrôlées et/ou par des squatters, la valeur nette deviendra assez difficile à calculer. C’est pourquoi nous pouvons nous attendre à ce que l’organigramme de la société post-capitaliste, en termes de feuille de calcul, ressemble à ceci. (« #REF! » est ce qu’affiche Excel quand il rencontre une référence de cellule non valide dans une formule.)
Anarchie
(Pas celle de Makhno ni de Durruti !)
Un terme assez précis pour décrire cet état des choses est anarchie. Une fois qu’un nouveau niveau de subsistance, dans un état stable, sera atteint, le processus de formation aristocratique pourra recommencer. Mais à moins qu’une nouvelle source de combustibles fossiles à bon marché ne soit, par magie, découverte, ce processus ne pourra recommencer que sur le vieux modèle féodal.
La féodalité d’avant et celle de maintenant.
(Besoin de traduction ?)
Autrement dit :
Dmitry Orlov
Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades
Source : http://cluborlov.blogspot.be/2015/03/financial-feudalism....
Les anglophones liront avec intérêt les commentaires des lecteurs sur le site de l’auteur.
Israël-Actualités
Et au retour, vous m'aplatirez le bureau de l’UNESCO à Ramallah !
Norman Finkelstein sur l’élection de Netanyahou, le racialisme israélien et les « Djihadistes Juifs »
(VOSTFR)
Interview-débat entre Norman Finkelstein et Gil Hoffmann (Jerusalem Post), présenté par Peter Lavelle – CrossTalk, Russia Today, 20 mars 2015.
Transcription :
[Les interventions de Norman Finkelstein sont retranscrites intégralement. Les autres sont résumées]
Source : http://sayed7asan.blogspot.be/2015/03/norman-finkelstein-sur-lelection-de.html
Voir également :
Norman Finkelstein sur Gaza, Israël, les Juifs et l'antisémitisme (VOSTFR)
Norman Finkelstein : Israël revendique le droit d'annexer la Palestine
Norman Finkelstein sur Gaza : Israël veut annihiler « l'offensive de paix » palestinienne
Hassan Nasrallah : Sharon, le dernier des Rois d'Israël (VOSTFR)
Réponse US au « Pas de solution à deux états » de Netanyahou :
White House Official Calls for End to « 50-year Occupation »
Ce qui signifie en bon français que le directeur de cabinet du président Obama, Denis McDonough, a déclaré lors de l’assemblée annuelle de J Street (un lobby sioniste un peu plus modéré que l’AIPAC) qu’Israël devait cesser l’occupation des Territoires palestiniens.
M. McDonough a précisé que la Maison-Blanche continuerait à œuvrer pour la « solution à deux États » et que, en cas d’échec des négociations, les juifs israéliens devaient malheureusement s’attendre à être expulsés de leur terre.
Posté le 24 mars 2015
S'associant à la critique de Netanyahou faite par l’administration Obama, M. McDonough a déclaré que : « Une occupation, qui dure depuis près de 50 ans, doit cesser, et le peuple palestinien doit avoir le droit de vivre et de se gouverner lui-même, dans son propre état souverain».
« En fin de compte, nous savons à quoi devrait ressembler un accord de paix. Les frontières d’Israël et de la Palestine devraient se baser sur celles de 1967, avec des échanges acceptés de part et d’autre. Chaque état a besoin de frontières sûres et reconnues, et il doit bien sûr y avoir des garanties solides que la sécurité d’Israël sera sauvegardée », a-t-il précisé.
Le directeur de cabinet du Président a encore ajouté que « la meilleure façon d’assurer la sécurité d’Israël à long terme est d’arriver à une paix complète entre les Israéliens et les Palestiniens »
M. McDonough a rappelé que Washington « recommande depuis longtemps des négociations directes » en vue d’une solution à deux états, point de vue que M. Netanyahou avait fait sien dans son discours de 2009 à l’université Bar-Ilan.
« C’est pourquoi les déclarations du Premier ministre à la veille de sa réélection, affirmant sans ambiguïté qu’un état palestinien ne serait jamais instauré tant qu’il serait Premier ministre, sont si préoccupantes, » a encore dit McDonough, faisant allusion aux propos tenus par Netanyahou dans l’interview qu’il a accordée la veille de son élection, au site web NRG. « Nous ne pouvons tout simplement pas prétendre que ces propos n’ont jamais été tenus. »
« Nous comptons fermement que le prochain gouvernement israélien accordera ses paroles à ses actes et à une politique prouvant son engagement vers une solution à deux états, » a-t-il dit encore.
Juste avant son élection, Netanyahou avait fait deux déclarations provocantes : la première pour jurer qu’aucun état palestinien ne verrait jamais le jour s’il était réélu, la seconde appelant les électeurs israéliens à se ruer sur les bureaux de vote, pour le protéger des votes négatifs des Israéliens arabes. La Maison Blanche a blâmé les deux déclarations de Netanyahou, disant que la première prouve que l’ex (et nouveau) Premier ministre n’est pas sérieux quand il prétend vouloir résoudre le conflit, et que la seconde révèle un préjugé raciste qui le pousse à marginaliser la minorité arabe d’Israël.
McDonough a nié les accusations selon lesquelles la Maison Blanche serait en train de revoir son soutien à Israël par « malveillance personnelle » du Président US envers Netanyahou, insistant au contraire sur la volonté de son pays de résoudre le conflit, objectif, a-t-il dit pour finir, « qui a toujours été celui de chaque président, qu’il soit démocrate ou républicain ».
Le directeur de cabinet a insisté sur le fait que l’administration continuera à considérer les nouvelles implantations israéliennes comme des activités destinées à saboter la paix.
Avant cette intervention, le porte –parole de la Maison Blanche, Josh Ernest, avait déclaré que l’administration US va continuer à reconsidérer sa politique à l’égard Israël, « même si Benjamin Netanyahou présente des excuses pour ses remarques », se référant au fait que Netanyahou s’est excusé auprès des citoyens israéliens arabes et druzes pour les remarques en question.
Alors, fini ?
Traduction : c.l. pour Les Grosses Orchades
Source : http://www.informationclearinghouse.info/article41330.htm
On ne peut pas dire que ces paroles verbales impressionnent terriblement Thierry Meyssan…
« Sous nos yeux »
Netanyahu sonne la fin de la « solution à deux États »
par Thierry Meyssan
Les accords d’Oslo, que Yitzhak Rabin et Yasser Arafat avaient imposés à leurs peuples, sont morts durant la campagne électorale israélienne. Benjamin Netanyahu a emmené les colons juifs dans une impasse qui sera nécessairement fatale au régime colonial de Tel-Aviv. De même que la Rhodésie ne vécut que 15 ans, les jours de l’État hébreu sont désormais comptés.
Réseau Voltaire International | Damas (Syrie) | 23 mars 2015
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Benjamin Netanyahou est le seul chef de gouvernement au monde à s’être fait photographier en train de féliciter des terroristes d’al-Qaïda. Ce faisant, il a entraîné son pays dans une voie sans issue.
Durant sa campagne électorale, Benjamin Netanyahou a affirmé avec franchise que, lui vivant, jamais les Palestiniens n’auraient d’État à eux [1]. Ce faisant, il a mis fin à un « processus de paix » qui traînait en longueur depuis les accords d’Oslo, il y a plus de 21 ans. Ainsi s’achève le mirage de la « solution à deux États ».
Source : http://www.voltairenet.org/article187103.html
Washington veut-il une guerre ouverte avec la Russie ?
Le Saker a interviewé Paul Craig Roberts
Il y a longtemps que j’avais envie d’interviewer Paul Craig Roberts. J’ai suivi ses articles et ses interviews pendant de nombreuses années et, chaque fois que je lisais ce qu’il avait à dire, j’espérais avoir un jour le privilège de l’interviewer sur la nature de l’État profond états-unien et sur l’Empire. Récemment, je lui ai envoyé un message et lui ai demandé une interview, ce qu’il a très aimablement accepté. Je lui en suis vraiment reconnaissant.
Le Saker
Le Saker : Il est devenu assez évident pour de nombreuses personnes, sinon pour la plupart, que les États-Unis ne sont pas une démocratie ou une république, mais plutôt une ploutocratie dirigée par une petite élite que certains nomment le 1%. D’autres parlent de l’État profond. Ma première question est donc la suivante : pourriez-vous s’il vous plaît prendre le temps d’évaluer l’influence et le pouvoir de chacune des entités suivantes, l’une après l’autre. En particulier, pouvez-vous spécifier pour chacune d’elles si elle occupe une position dominante en termes de prises de décision, ou une position moyenne dans la mise en œuvre des décisions dans la structure réelle du pouvoir (elles sont répertoriées sans ordre particulier).
- Réserve fédérale
- Grandes institutions bancaires
- Bilderberg
- Council on Foreign Relations [Conseil des relations internationales]
- Skull & Bones [Société secrète de l’université de Yale, NdT]
- CIA
- Goldman Sachs et grandes banques
- Les 100 familles (Rothschild, Rockefeller, famille royale néerlandaise, famille royale britannique, etc.)
- Lobby israélien
- Francs-maçons et leurs loges
- Grandes entreprises: grandes sociétés pétrolières, complexe militaro-industriel, etc.
- D’autres gens ou organisations non cités ci-dessus?
Qui, quel groupe, quelle entité estimez-vous être vraiment au sommet du pouvoir dans le régime politique actuel aux États-Unis ?
Paul Craig Roberts : Les États-Unis sont gouvernés par des groupes d’intérêts privés et par l’idéologie néoconservatrice qui affirme que l’Histoire a choisi les États-Unis comme le pays exceptionnel et indispensable qui a le droit et la responsabilité d’imposer sa volonté au monde.
A mon avis, les plus puissants des groupes d’intérêts privés sont :
Source : http://lesakerfrancophone.net/le-saker-interviewe-paul-cr...
Source originale :http://thesaker.is/the-saker-interviews-paul-craig-roberts/
Autres sujets d’actualité brûlants
(Pillage systématique de Réseau International !)
Héritage de l’Otan : la Serbie, première en Europe pour le nombre de cancéreux
Avec 5.500 cas de cancer enregistrés pour un million d’habitants, la Serbie arrive en première position en Europe pour le nombre de décès dus au cancer.
L’opération militaire de l’Otan contre la Yougoslavie a fait jusqu’à 2.500 morts. Mais il ne s’agit là que d’un préjudice direct. Les avions de l’Otan ont largué près de 15 tonnes d’uranium appauvri sur le territoire serbe. La période radioactive de l’uranium est de 4,5 milliards d’années. Depuis les bombardements otaniens, les experts ont également découvert en Serbie des traces de plutonium dont la « longévité » atteint 24.000 ans.
Source : http://reseauinternational.net/heritage-de-lotan-la-serbi...
Assez de mensonges sur le crash de l’Airbus A320 !
Par AVIC – 28 mars 2015
Si le copilote de l’A320 ne s’est pas suicidé, toute la narrative officielle tombe à l’eau. Et d’où nous vient cette narrative officielle des autorités françaises ? Des Etats-Unis ! Le début de la construction de l’histoire officielle a été lancé par le New York Times, repris par tous les médias du monde, y compris français. Suicide bien commode comme beaucoup de suicides sans cause brandis dès qu’une explication embarrassante doit être fournie.
Il suffit de sortir de l’écoute passive du ronronnement médiatique et d’observer et analyser les discours, pour se rendre compte que tout ce qui s’est dit jusqu’ici est un tissu de mensonges encore plus vicieux que celui concernant le 11 septembre, car ici, il y a une construction méthodique, brique après brique, du mensonge. On ne sait pas ce qui s’est passé et on ne le saura peut-être jamais, mais on sait déjà que les explications officielles ne tiennent pas la route et omettent beaucoup d’éléments qui contredisent les discours.
Source : http://reseauinternational.net/assez-de-mensonges-sur-le-...
Le Yémen brûle ! La Russie, nouveau pompier du monde, réagit.
par AVIC – Réseau International – 27 mars 2015
Ils étaient des centaines de milliers de yéménites à défiler dans les rues de Sanaa pour manifester leur colère contre l’agression de la coalition formée par plusieurs proxies israélo-étatsuniens sous la direction de l’Arabie Saoudite et avec le soutien habituel des pays tels que la France et la Grande Bretagne qui ont annoncé, ce jeudi, « se tenir aux côtés de l’Arabie Saoudite ». Les États-Unis, comme à leur habitude, avaient déjà évacué leurs forces spéciales et leurs ressortissants, laissant les arabes s’étriper entre eux, tout en attisant le feu depuis Washington.
Source : http://reseauinternational.net/le-yemen-brule-la-russie-n...
Et pendant qu’on y est,
pour nos lecteurs anglophones :
Yemen : Now State Terrorists Can Join US Bombing Coalitions ?
by Finian Cunningham – IVH– March 27, 2015
Washington is openly bombing a country with the help of a state that is officially a terrorist enemy. Duplicity reigns supreme.
http://www.informationclearinghouse.info/article41376.htm
Invading Yemen : Criminality in Support of Hegemony
by Ajamu Baraka – ICH – March 27, 2015
The intervention by the Saudi's and the GCC continues the international lawlessness that the U.S. precipitated with its War on Terror over the last decade and a half.
http://www.informationclearinghouse.info/article41369.htm
US-Saudi Blitz in Yemen : Naked Aggression, Absolute Desperation
by Tony Cartalucci – Land destroyer – ICH –March 27, 2015
The conflict in Yemen is a proxy war. Not between Iran and Saudi Arabia per say, but between Iran and the United States, with the United States electing Saudi Arabia as its unfortunate stand-in.
http://www.informationclearinghouse.info/article41372.htm
The Money Trail
How the US Fostered Yemen's Separatist Movement
by Sputnik – March 27, 2015
In the south, a separatist movement calling for a "State of South Arabia" is emerging. Fostered by the US, it will leave the Houthis with two hostile states at their borders and locked access to the sea, if it succeeds.
http://www.informationclearinghouse.info/article41377.htm
Another Week, Another War
The Iron Logic of America's Middle East Madness
by Chris Floyd – Mar 27, 2015
Another week, another war. And yet another American alliance with the forces of Islamic extremism.
http://www.informationclearinghouse.info/article41386.htm
Pour terminer sur une note moins sinistre :
La Russie rejoint la banque asiatique AIIB
Sputniknews -29 mars 2015
Créée en 2014 sur l’initiative de la Chine, l’Asian Infrastructure Investment Bank est destinée à financer les projets d’infrastructure dans la région Asie-Pacifique. Elle sera dotée d’un capital de 100 milliards de dollars.
La Russie participera à la fondation de la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB), a annoncé samedi à Bo’ao, en Chine, le premier vice-premier ministre russe Igor Chouvalov.
Source : http://reseauinternational.net/la-russie-rejoint-la-banqu...
Source originale : http://fr.sputniknews.com/economie/20150328/1015374160.ht...
Heureux
Mis en ligne le 29 mars 2015
02:37 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
23/03/2015
RÉSISTANCE DE QUI ET À QUOI ?
Résistance de qui et à quoi ?
On ne présente plus le Cercle des Volontaires. Nous lui empruntons aujourd’hui son dernier post.
Christophe Oberlin, à propos des plaintes en cours contre Israël auprès de la Cour Pénale Internationale
20 mars 2015
Chirurgien, auteur, et médecin humanitaire, Christophe Oberlin a écrit « Le Chemin de la Cour – Les dirigeant israéliens devant la Cour Pénale Internationale », publié en 2014 aux éditions Erick Bonnier. Le Cercle des Volontaires a souhaité interroger M. Oberlin pour mieux comprendre le fonctionnement de la CPI, et faire le point sur les plaintes déposées récemment contre Israël par les palestiniens et, plus inattendu, par les Comores.
Raphaël Berland
Sujets abordés :
– (00’12) la CPI : la CPI - histoire et fonctionnement général
– (03’39) Les Etats-Unis et la CPI
– (05’20) Signature et ratification des status de la CPI par Mahmoud Abas pour la Palestine, le 31 décembre 2014
– (08’00) Deuxième plainte, initiée en juillet 2014 par le Ministre de la Justice palestinien et le Procureur Général de Gaza
– (14’11) Plainte initiée par les Comores, suite à l’attaque par l’armée israélienne du Mavi Marmara dans les eaux internationales, bateau battant pavillon comorien
– (17’55) A propos des difficultés à se rendre à Gaza pour un médecin humanitaire
– (21’21) Le Hamas
- (26’40) Critiques et prospectives de la CPI
*
Par ailleurs, nous avons reçu ceci :
« Le Saker en plein délire
Solzhenitsyn and Sakharov in the USSR – Soral and Dieudonne in France
Et Zemmour est Einstein ? »
Nous sommes donc allés voir pour voir…
Solzhenitsyn and Sakharov in the USSR – Soral and Dieudonne in France
March 21, 2015 – The Saker
A minor but oh-so-telling example of the power of the Zionist regime in France :
French comedian Dieudonne was sentenced to a two months suspended sentence for “condoning terrorism” because he posted on FB: “I feel like Charlie Coulibaly”.
French comedian Nicolas Bedos was cleared from any wrongdoings even though he had called Marine LePen a “Fascist bitch“.
Source : http://thesaker.is/solzhenitsyn-and-sakharov-in-the-ussr-...
Pour la traduction française, voir, sans doute sous peu, chez le Saker francophone : http://lesakerfrancophone.net/
Grain de sel des Grosses Orchades
Soljénitzine et Sakharov, rien que ça !...
Le cher Saker prend Alain Soral pour un philosophe. Bon. Il le prend aussi pour l’âme de la Résistance à l’Empire-déguisé-en-gouvernement-français, voire pour son chef. Faut-il lui enlever ses illusions ? À quoi bon ? Il n’y verrait que méchanceté (jalousie ?) de notre part et ne nous croirait pas.
Le Saker maîtrise parfaitement le français mais ne connaît pas vraiment la France, et moins encore les Français. Il ignore que, depuis des siècles, la moitié de la France s'acharne à imposer sa loi à l’autre, et que l’autre, depuis des siècles, refuse de se laisser faire. Avec des hauts et des bas.
Il s’indigne de récentes condamnations injustes et semble n’avoir jamais entendu parler, entre autres, de la persécution que subit pour ses convictions historiques le Pr. Faurisson, et ce, depuis des paires de lustres. Il n’a sans doute jamais entendu parler des chapelets de condamnations de ce genre qui ont frappé en son temps feu Jean-Edern Hallier. Les déboires de Zeynel Cekici, dans une indifférence quasi générale, ne l’ont pas frappé plus que le quidam de base. Et ne parlons pas des sentences qui s'abattent, sans faire les vagues qu’elles devraient, sur les partisans des BDS (« Boycott-Désinvestissements-Sanctions ») à l’encontre d’Israël. Tous ces gens (Faurisson, Zeynel et les BDS) ne brassent pas d’air pour se faire une clientèle. Ils résistent.
Le gouvernement de Manuel Valls, comme ses prédécesseurs et sans doute ses successeurs, se conduit-il mal envers Soral et Dieudonné ? Oui, certes. Et envers beaucoup d’autres. Cela fait-il de ces deux derniers des exemples ? Jamais de la vie. Et on le regrette bien (surtout pour Dieudonné).
À notre humble avis, ce n’est pas Soral ni Dieudonné qui auront raison (surtout ensemble) de ce gouvernement ni du (ou des) suivant(s). Non plus que du lobby sioniste. Il y faudra d’autres carrures. Par exemple (l’ordre est alphabétique) :
De l’espèce François Asselineau
De l’espèce Raphaël Berland
De l’espèce Zeynel Cekici
De l’espèce Jacques Cheminade
De l’espèce Étienne Chouard
De l’espèce Aline et Manuel de Dieguez.
De l’espèce Eric Hazan.
De l’espèce Annie Lacroix-Riz
De l’espèce Leon Landini
De l’espèce Thierry Meyssan
De l’espèce Jonathan Moadab
De l’espèce Christophe Oberlin, tiens, justement.
De l’espèce Ginette Hess Skandrani
De l’espèce Maria Poumier
De l’espèce Georges Stanechy
De l’espèce Serge Uleski
De l’espèce Olivia Zemor.
Sans compter les autres valeureux du Cercle des Volontaires, du Grand Soir, de Réseau International, du Réseau Voltaire, de Sayed7Hasan, de Résistantce71, de Tlaxcala, du blog de Jacques-Marie Bourget, de l’Agence Info-Libre, des Moutons enragés, etc. etc. La liste n’est pas exhaustive. Que les absents nous excusent. Ils ne sont pas tous les meilleurs amis du monde. Tous, pourtant, s’efforcent de tirer la charrette dans la même direction, qui n’est pas celle du fascisme.
Mais les Soral, les Marine et les Jean-Marie, les Chauprade, Aliot, Villiers, Dupont-Aignan, de Benoist, Ménard, Philipot, Maréchal-nous-voilà-Le-Pen, Camus, Gollnisch, Mégret & C°, mais les GUD, les « monarchistes-démocrates » à la E&R, les Blocs – et-les-Jeunesses - Identitaires, les Troisièmes Voies, les faux anars antifas-mais-vrais-pro-nazis, les contre-révolutionnaires, les pétainistes, les OAS et autres Puy du Fou ? NON, MERCI !
Et Dieudonné ? Hélas… Elle ne dit rien, elle laisse faire, Madame M’Bala M’Bala ?
Ceci ne nous rajeunit pas, mais n’est-ce pas toujours valable ?…
*
Sortons de l’Hexagone…
Une lettre remarquable, qui nous vient d’un Chinois étatsunien de Kiev, via le blog (US) de Dmitry Orlov, traduite en français par le Saker Francophone :
La rage des élites culturelles
par Yu Shan– correspondant du Club Orlov à Kiev – 17 mars 2015
Un incident malheureux est arrivé à ma tante, l’été de 1966. La Révolution culturelle – un mouvement politique lancé par Mao Zedong – commençait alors à embraser le pays. La même année, de nombreux lycéens américains protestaient contre la guerre du Vietnam et Leonid Brejnev gardait au chaud son siège de Secrétaire général du Parti communiste d’Union soviétique (PCUS), ayant remplacé, deux ans plus tôt, le quelque peu instable Nikita Khrouchtchev. Ma tante était alors étudiante de première année en littérature à l’université Fudan de Shanghaï.
Jeune femme sensible et quelque peu rêveuse, elle répugnait, pour son malheur, à renoncer à certains goûts musicaux devenus, en ce temps-là, en Chine, politiquement incorrects, et qui se voyaient qualifier, selon le jargon idéologique en vogue à l’époque, d’esthétique bourgeoise décadente et révisionniste. Entre autres, ma tante avait conservé dans sa collection de disques une version du Sorbier de l’Oural (Уральская Рябинушка), chanson folklorique russe dans laquelle une jeune fille rencontre deux beaux garçons sous un sorbier de montagne et doit choisir entre eux, interprétée par le Chœur national de la République socialiste soviétique d’Ukraine. C’était un vieux disque 78 tours. Il était frappé au centre d’un emblème rouge portant
l’inscription CCCP.
Une des colocataires de ma tante, qui l’avait probablement toujours détestée pour une raison ou une autre, a découvert le disque et l’a dénoncée aux autorités. Pour cette infraction assez grave, des étudiants membres des Gardes rouges ont contraint ma tante à briser publiquement son précieux disque, puis à s’agenouiller sur les morceaux et à réciter des excuses au président Mao pendant que les camarades étudiants lui jetaient les déchets au visage en hurlant A bas les révisionnistes soviétiques ! Les Chinois de cette génération, qui, jeunes, ont porté l’uniforme des Gardes rouges, battu les gens dans tout le pays et détruit toutes sortes d’objets culturels, vivent aujourd’hui, pour la plupart, de retraites du gouvernement ou retirent de maigres bénéfices de petites entreprises familiales ; mais quelques-uns ont prospéré et on peut les trouver parmi la couche supérieure des élites chinoises dans les affaires, la culture et la politique [Toute ressemblance avec les soixante-huitards serait purement fortuite, Note du Saker Fr]
Cet épisode m’est revenu à l’esprit lorsque, à l’été 2014, je suis tombé sur des clips vidéo d’activistes ukrainiens déboulant dans des auditoires universitaires au milieu des cours et ordonnant à tout le monde de se lever et d’entonner l’hymne national ukrainien, puis forçant le professeur à s’excuser pour son enseignement pas assez patriotique. Il y avait aussi des spectacles effroyables d’ennemis du peuple (coupables seulement d’avoir servi sous le président renversé Ianoukovitch) promenés dans des poubelles. Dans les écoles ukrainiennes, on veillait à ce que les enfants sautent de joie en disant « Celui qui ne saute pas est un Moscal » (terme péjoratif pour russe).
Ajoutez à cela la destruction des monuments publics commémorant la Seconde Guerre mondiale et la grotesque réécriture de l’Histoire (selon laquelle, pendant la Seconde Guerre mondiale, c’est l’Allemagne qui a libéré l’Ukraine, mais qu’ensuite la Russie a envahi et occupé l’Allemagne !) et vous aurez une image complète : le mouvement ukrainien du Maïdan est une sorte de révolution culturelle. Le nouveau terme à la mode, qu’on vous jette partout au visage, est tournant civilisationnel, mais celui-ci et la vieille révolution culturelle peuvent être compris comme des synonymes approximatifs, partageant le besoin de spectacles frénétiques d’humiliation et de destruction de masse.
En 1971, la guerre du Vietnam entamait son agonie et se dirigeait, du point de vue du gouvernement américain, vers une conclusion hautement insatisfaisante. Cette même année, le Dr. Henry Kissinger fit un voyage secret à Pékin, s’envolant d’un aéroport militaire au Pakistan. Ce fut suivi du sommet conjoint Nixon-Kissinger de 1972, qui culmina dans la poignée de main historique de Nixon à Mao Zedong, achevant par là le pivotement civilisationnel de la Chine, qui s’écartait de l’URSS pour se tourner vers l’Occident. Avec le recul, cette ouverture dramatique n’a pu être correctement caractérisée que comme un coup de poignard dans le dos de l’URSS, à la fois géopolitique et idéologique. Le corps rigide et en décomposition de l’URSS ne s’est jamais remis de cette blessure, conduisant à son effondrement final, dû à une multitude de causes internes et externes, deux décennies plus tard.
A la fin de février 2014, juste au moment où l’Ukraine tentait de s’écarter de la Russie pour se tourner vers l’Occident, j’ai interviewé un capitaine important du Secteur Droit, groupe ukrainien national-extrémiste de style néo-nazi. L’homme, robuste, avait l’air agressif dans sa tenue paramilitaire, il était arrivé avec des gardes du corps mais s’est montré ensuite assez aimable. Il était particulièrement heureux de me voir parce que j’ai l’air d’un Chinois. Il parlait le russe, à contrecœur, après avoir annoncé qu’il en avait honte. (C’est typique ; les Ukrainiens utilisent l’ukrainien pour débiter leurs balivernes chauvines, mais lorsqu’ils ont besoin de donner du sens à ce qu’ils disent, ils parlent russe.) Il a dit qu’il avait servi dans l’Armée rouge et qu’il avait été affecté en Extrême-Orient, sur la frontière chinoise. Il a exprimé son espoir que la Chine ferait bientôt quelque chose de très gros en Sibérie.
Cela a été mon unique rencontre avec l’homme du Secteur Droit. On peut donc parier que la récente étreinte russo-chinoise a anéanti ses espoirs concernant la Sibérie. Chacun a pu noter la ferme expression de solidarité envers la Russie de la part du gouvernement chinois depuis mars 2014. Mais il aurait été beaucoup moins troublé, et les nombreux soutiens internationaux de la Russie beaucoup plus découragés, s’il avait été en mesure de lire les commentaires publiés sur de nombreux sites et médias sociaux populaires en Chine, des slogans du genre « La Crimée à Poutine, la Sibérie à la Chine ! » ou « Poutler [Poutine-Hitler] à la lanterne ! » ou encore « Gloire à l’Ukraine ! La Chine aux côtés du monde civilisé ! »
Pour expliquer ce qui se cache derrière ce phénomène qui affecte certains internautes chinois, jeunes et vieux, nous avons besoin d’introduire un néologisme chinois : Gong Zhi (公知). Littéralement, ce terme signifie intellectuel public, mais il est utilisé de manière sarcastique et parfois même péjorative. Il désigne un individu malin, qui a du succès, qui est populaire, branché, souvent impliqué dans les médias de masse et qui, pour diverses raisons, a des millions de followers sur Twitter et divers sites de réseaux sociaux. De tels individus font quotidiennement, parfois toutes les heures, des remarques spirituelles et mordantes sur une vaste gamme de sujets politiques et, pour ajouter de l’intérêt humain, sur le kaléidoscope de leurs propres états émotionnels.
Dans un cadre russe/ukrainien, on peut trouver des figures plus ou moins semblables dans les personnages publics de Ksenya Sobchak, Irina Khakamada, Masha Gessen, Lesha Navalny, et le défunt Boris Nemtsov. L’audience de base de ces gens consiste en ce qu’il est convenu d’appeler la classe créative, ou creacl (креакл) en abrégé. En Chine, un tel terme n’existe pas encore, mais un groupe social très semblable existe très certainement dans la réalité et, dans leur écrasante majorité, ils sont enclins à suivre et à adorer les Gong Zhi. Nombre d’entre eux, en dépit du fait qu’ils entretiennent soigneusement leur apparence juvénile, sont dans leur cinquantaine tardive ou leur jeune soixantaine – en d’autres termes, ce sont d’anciens Gardes rouges qui s’en sont bien tirés financièrement en devenant des porte-parole informels de ce qu’ils considèrent comme une idéologie nouvelle et branchée, en s’essayant à un nouveau tournant civilisationnel soutenu par la technologie.
La branchitude de ladite idéologie provient de l’usage d’un ensemble d’éléments incluant des mots et des phrases canoniques à partir desquels des récits clichés peuvent être générés sans effort. Cela comprend : construction institutionnelle, société civile, état de droit, renforcement de la démocratie, accroissement de la transparence, croissance économique, entrepreneuriat, innovation, privatisation, bonne gouvernance, expertise occidentale, valeurs humaines, droits humains, droits des femmes, droits des minorités. Il y a aussi un mantra ; au lieu de OMer [se livrer à la méditation orgasmique ou slow sex, NdT], ils s’OCcidentent : l’Ouest, l’Ouest, l’Ouest, les valeurs occidentales, la civilisation occidentale, ouest ouest, ouest, ouest. Qu’importe que cette boîte à outils échoue partout dans la pratique ; ce sont des articles de foi, pas de la raison.
Et l’opposé, le repoussoir de tout ce merveilleux occidentalisme, c’est l’horrible, l’innommable orientalisme de la Russie. Ici, nous avons un autre ensemble d’éléments, à partir duquel on peut façonner un grand nombre de diatribes russophobes : Poutine/Staline, tyrannie, goulag, faible taux de natalité, alcoolisme, mafia, corruption, stagnation, agression, invasion, menace nucléaire, répression politique, la nation qui crève. Qu’importe que ces pièces détachées n’aient rien à voir avec la réalité ; de nouveau, ce sont des articles de foi, rien de rationnel. Et la cause du caractère si horrible de la Russie, c’est bien sûr le peuple russe. Quand le peuple russe se réveillera-t-il ? Réussiront-ils un jour à se soulever et à renverser leur dictateur, leur tyran ? Deviendront-ils jamais des gens civilisés, cool, heureux, normaux, OCCIDENTAUX… comme nous le sommes déjà ou, du moins, comme nous le serons… un jour… si les gens en Occident viennent nous chercher, nous emmènent chez eux et nous font l’amour…
Le but, en gros, de ce travestissement civilisationnel est une tentative de transformation personnelle, de changement d’image personnel : «Si nous avons l’air occidentaux et si nous bavassons en pidgin occidental, alors nous DEVIENDRONS occidentaux, nous deviendrons cool, acceptés, riches, prospères et civilisés. Et ce qui nous empêche d’y arriver, ce qui nous freine, c’est ce pays et ces gens, qui sont si peu cools, si peu tendance, si peu occidentaux. Beurk ! Il n’y a rien à espérer d’eux, contentons-nous donc d’accepter l’argent des généreux donateurs occidentaux qui veulent déstabiliser la Russie, et, oui, bien sûr, dépensons cet argent à organiser des partis d’opposition virtuels, comme les petites filles organisent des goûters pour leurs poupées. On parle énormément de nous – et en bien ! - dans la presse occidentale, n’est-ce pas la preuve que nous faisons du bon boulot ! »
Ce genre d’événements, de tendances et de mouvements ont surgi à différentes périodes historiques et dans des endroits éloignés et non contigus du monde, mais ils partagent les mêmes accents émotionnels et s’orientent vers un seul et même objectif : abattre la Russie, en paroles sinon en actes.
Et puis il y a la réalité.
Il est très difficile de distinguer les Ukrainiens des Russes. Près de 90% de la conversation qu’on entend dans le métro de Kiev est et probablement restera en russe. Certains le parlent avec un accent, d’autres pratiquement sans accent du tout. Un homme ou une femme de Iaroslavl (où feu Boris Nemtsov avait conservé un siège régional), circulant dans le métro de Kiev, peut se fondre sans effort dans la foule. Mais si un Russe ou un Ukrainien voyage dans le métro de Pékin, il sera très facile de le distinguer des autres.
Dans le métro de Kiev aussi, il est très facile de distinguer des autres voyageurs un touriste américain, un journaliste, un représentant d’ONG, ou un qui vient se chercher une femme ukrainienne. Les signes sont sans équivoque : le comportement, la manière de parler et l’expression du visage les font repérer, sans nul besoin de traits ethniques ou de race. Mais la plupart des jeunes étudiants ukrainiens qu’on a vus crâner et sauter sur la place Maïdan sont également très fiers d’exhiber leurs compétences, réelles ou supposées, en anglais, et qu’on les voie traîner avec des Américains. Pourquoi diable les Ukrainiens sont-ils si désireux de sortir de leurs peaux russes et de se faire passer pour des Américains ?
De leur côté, les Américains, par quelque bizarrerie collective d’essence mystique, sont-ils spontanément anti-russes ? Sommes-nous - les Américains avec lesquels j’ai vécu, étudié et travaillé pendant des années et moi-même - anti-russes ? Soyons sérieux, bien sûr que non ! Mais nous sommes assurément anti-quelque-chose-d’autre ! Prenez quelques instants pour regarder le visage de Victoria Nuland, de Jan Psaki, de Samantha Powers et d’Hillary Clinton. Ces visages ne rappellent-ils pas à tout le monde – c’est à dire à nous les gars américains normaux et peu importe nos origines – cette quintessence de « foule cool » que nous avons dû nous farcir pendant nos années d’études ? Ne sont-elles pas toutes ces mégères arrogantes et coincées, dont le féminisme réactionnaire a fait, jadis, de nos jours de lycée frais, verts et naïfs, un enfer sur la terre ? Eh bien, maintenant que nous ne sommes plus aussi triqueurs et stupides, et qu’elles sont toutes ridées et avachies (ou reliftées et botoxées à mort), n’avons-nous pas la plus grande envie de tomber, métaphoriquement) à genoux et de remercier Jésus,Yahwé ou Allah ou qui que ce soit d’autre, de nous avoir fait échapper au mariage avec une de ces harpies ?
Mais notre pays, l’ancienne « terre des libres et des brave » a sombré. Nous le savons, au fond de nos cœurs, n’est-ce pas ? L’armée de clones de Victoria Nuland, tel un cauchemar insidieux, malfaisant, sadique, ou le reflet d’une face de sorcière dans une rivière polluée, s’est étalée partout, a pénétré dans tous les interstices, les moindres recoins de ce pays, en haut, en bas, et au-delà. Où que nous allions, nous rencontrons ses avatars et ses sosies – à Hollywood, dans les maisons d’édition, les universités, les commissions scolaires, les jardins d’enfants, dans les ascenseurs qui mènent à nos bureaux, et bien sûr, dans les pages du Washington Post et du New York Times.
L’âme américaine curieuse de tout, conquérante, originale, intrépide, rebelle, indisciplinée et individualiste expire sur son lit de mort climatisé. L’Amérique n’est plus du tout un endroit intéressant. Quand avons-nous entendu pour la dernière fois entendu un nouveau chanteur comparable à Tom Waits ou à Suzanne Vega ? Lequel d’entre vous, hip-hopeurs en pantalons larges, a-t-il jamais entendu parler de Robert Altman, de Wim Wenders, de Gore Vidal, de John Cassavetes ? Tous ces gens-là sont en train de disparaître, de mourir, de s’éteindre, et la chose a commencé à peu près à l’époque où les copies carbone et les perroquets de Victoria Nuland ont envahi en masse les universités américaines.
Trente ans, c’est la portion de ma vie que le destin avait accordé à l’Amérique. En tant que non-philosophe, non-psychologue et non-historien de la culture, j’atteste, par la perte irrémédiable de ma jeunesse, que le déclin sans précédent et inexpliqué de l’Amérique, sur le plan spirituel, intellectuel, culturel, romantique, littéraire, linguistique et politique, est arrivé mystérieusement et bibliquement au cours de cette période-là.
Pendant ces mêmes trente années, le monde a aussi assisté à la miraculeuse émergence de l’économie chinoise, dont j’ai largement raté les profits spéculatifs et les aubaines. Mais observer l’amère maladie mortelle en phase terminale de l’Amérique m’a fait réfléchir à des choses. Par exemple, quand les gens disent de la Chine qu’elle est la prochaine Amérique, la question que je me pose est la suivante : les 1,4 milliards de Chinois feront-ils de bons voisins et leur compagnie sera-t-elle intéressante ? Seront-ils aimés et aimables, ou beaucoup seront-ils regardés eux aussi comme des rustres impudents et agressifs, des rapaces, des égoïstes, bref comme d’ingénieux salauds et d’insupportables garces ?
Si je considère ma patrie d’origine et mon propre peuple, j’éprouve des sentiments mêlés. Les premiers signes ne sont pas prometteurs. Les contrastes radicaux et déprimants entre le comportement du touriste chinois typique et celui des habitants doux et tranquilles de Hong Kong, Tokyo, Taïwan, Singapour, en fait de toute l’Asie de l’Est, ne sont pas de bon augure. En 2014, les élans d’hostilité hystérique et grotesque à l’égard de la Russie de la part de la classe créative chinoise mal informée, et les mobilisations par internet qui les ont suivies doivent être un autre signe important. Ceux qui nourrissent de grands espoirs pour l’alliance géopolitique de la Russie et de la Chine feraient bien de s’en souvenir.
Mais se souvenir de quoi exactement ? Ce dont nous devons nous souvenir, c’est la pathologie psycho-mentale habituellement cachée des populations, qui est souvent incorporée dans des tendances intellectuelles erratiques et destructrices, et qui est confirmée par leurs élites culturelles névrotiques et doutant d’elles-mêmes. Cette pathologie a quelque chose à voir avec l’identité individuelle.
Pour les classes créatives chinoises et russes/ukrainiennes, l’Amérique représente l’ultime endroit cool, l’Olympe de la coolitude, auquel il faut aspirer intellectuellement, culturellement et émotionnellement, si pas toujours physiquement. Parce que, pour elles, l’Amérique ne représente pas seulement une théorie ou une ligne argumentaire, mais une source profonde d’auto-identification émotionnelle on voit s’élever en eux la furie et la rage lorsque quelqu’un les empêche de se prélasser dans le rêve de leur auto-identification. Ils deviennent alors comme des adolescents qui ont mis des vêtements cool et veulent aller danser sur de la musique cool, mais auxquels on demande de ne pas porter ces vêtements ni de danser sur cette musique. Pourquoi ? Parce qu’ils ne sont pas aussi cool qu’ils le pensent et parce que ces jeunes cool se fichent de vous et ne veulent pas de vous comme amis.
Les vrais problèmes politiques, économiques et sociaux sont d’importance tout à fait secondaire. Ce qui est de la plus haute importance pour eux – l’élite culturelle, la classe créative, les djeunes cool qui se considèrent eux mêmes comme plus cools que le reste – c’est qu’ils se sentent insultés et privés du respect d’eux-mêmes. Ils sont furieux que la vie réelle en Russie, en Ukraine ou en Chine ne sauvegarde pas une certaine conception de leur propre coolitude tant désirée. La Russie est une cible privilégiée de ce type de discours, ou de récit culturel : elle est l’ultime bousilleur de la coolitude. Même avant le mois de février 2014, l’Ukraine de l’est était toujours renvoyée à un degré zéro de Sovok, le pays de l’ère soviétique rétrograde et qui retourne en arrière, des esclaves à l’esprit lent qui ont retenu la jolie Ukraine cool loin de sa coolitude occidentale bien méritée.
Je n’oublierai jamais la vue des membres arrachés d’une petite fille de cinq ans dans le Donbass, ni les morceaux de châle imbibés de sang et le corps mutilé d’une femme en âge d’être grand-mère dispersés sur le sol. Qu’ont-ils fait – et des dizaines de milliers comme eux – pour mériter cette fin ? Dans le métro de Kiev, la plupart des gens paraissent modestes, polis, humbles, gentils, à l’occasion, même, très gentils. Au cours de l’année dernière, beaucoup d’entre eux ont aussi paru fatigués, soucieux, engourdis et épuisés. Mais je ne pouvais pas détecter un iota de disparité dans les traits, la couleur de la peau, la structure osseuse, et le style encore modeste mais vivant d’habillement entre ces voyageurs dans le métro de Kiev et la fille morte ou la grand-mère morte dans le Donbass. Est-ce que tout cela c’est à cause de quelques-uns de ceux qui veulent être cools, et qui piquent une crise de rage parce qu’ils ne sont pas parvenus à se sentir cool comme ils le voulaient ?
Retourné en Amérique, le supposé Olympe de la coolitude, arpentant les trottoirs parsemés d’ordures du Queens, marchant péniblement le long des interminables rues de Brooklyn, montant dans un ascenseur mal éclairé dans un bureau de Manhattan et m’y étant emplafonné dans un autre sosie de Victoria Nuland, j’ai commencé à comprendre. L’année 2014 a été l’année fatale – apocalyptique – au cours de laquelle a été dévoilé qui est qui et ce qui est quoi, comme si un couteau mortellement affûté avait tranché un vieux rideau moisi et poussiéreux. Ne pensez pas à des conspirations ni à de sombres complots géopolitiques, sinistre et complexes. Ceux-là relevaient d’une génération différente, d’un temps où les gens, même avides et cruels, avaient encore la capacité de distinguer la réalité de la fiction. C’était l’époque de l’impérialisme occidental, qui est mort depuis longtemps. Churchill et Roosevelt et Nixon sont tous morts ; Kissinger est nonagénaire. Ceux qui leur ont succédé ne pensent pas en termes de realpolitik ; ils pensent en termes d’optique, et vaquent dans une salle des miroirs, conçue pour créer une illusion optique de leur grandeur hallucinée.
Ne pensez pas à la réalité ; pensez plutôt à la névrose, à l’obsession, au délire, à une perpétuelle adolescence psychique (l’adolescence réelle est passée depuis longtemps et jusqu'à la ménopause, sans qu’on s’en soit même aperçus). Et au milieu de tout ça, surgit une rage chauffée à blanc, si féroce et si désordonnée que Nietzsche ou Sartre, dans leurs révélations existentielles les plus diaboliques, ne l’ont jamais imaginée. Ainsi en es-il du nouveau Zeitgeist [esprit du temps, NdT], à ce stade avancé de décomposition de la conscience collective de l’élite politique et culturelle de l’Amérique et de ses groupies d'outremer. Cela explique leur histoire d’amour dangereuse et maniaque avec le Maïdan ukrainien, leur rage re-tisonnée mais aujourd’hui impuissante contre la Russie, et leur indifférence narcissique, méprisable, pour la tragédie que vit la population en Ukraine.
[Rapporté par le correspondant spécial du Club Orlov à Kiev, Yu Shan.]
Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone. Adapté pour les GO. Par c.l.
Source : http ://lesakerfrancophone.net/narcissisme-et-realit...
Source d’origine : http ://cluborlov.blogspot.be/2015/03/the-rage-of-cu...
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Après les Chinois, les Russes déconstruisent la révolution colorée qu’ils ont fait avorter
On se souviendra que nous avions mis en ligne, sous-titrée en anglais, une vidéo où les Chinois analysaient le processus de mise en place des révolutions colorées chères aux stratèges Américains, dont ils venaient de mettre en échec, à Hong Kong, la plus récente intitulée, cette fois-là, « Révolution des parapluies ».
Lénine, qui a dit et fait beaucoup de choses, estimait que la Révolution française était « exemplaire en tout » ; qu’il suffisait de la bien connaître pour posséder la grille propre à décrypter – et si possible prévoir - toutes les situations futures. Les Chinois, et les Russes avant eux, ont potassé Lénine ET la Révolution française, comme peu l’ont fait en France. Or, la République avait, en son temps, eu à se colleter avec semblable entreprise, déjà bien maîtrisée par le cabinet de Saint-James.
Ce que raconte, dans la vidéo qui suit, Evgeny Fedorov, député à la Douma, c’est comment ses compatriotes, après les Chinois, ont pu déjouer les plans US, issue qui n’était pas gagnée à coup sûr, car il entre dans ces choses autant d’imprévisible que d’impondérables.
Étincelante leçon politique :
(Sous-titrée en anglais comme d’habitude – Sayed Hasan ne peut pas tout faire seul.)
Nemtsov Maïdan failed
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À propos des merdias US :
Tom Feeley, sur son site Information Clearing House (ICH), publie une information qui se passe de commentaire. La voilà :
À qui appartiennent TOUS les médias US ? À SIX compagnies.
Ces six compagnies sont :
232 directeurs de médias contrôlent l’information de 277 millions d’Américains
Cela fait 1 patron de presse pour 850.000 « informés »
(soit la population de San Francisco)
Revenu des six compagnies pour 2010 :
275.9 milliards de dollars
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Puisqu’on parlait Vendée (ou plutôt puisque le Saker, à propos de Soral & C°, n’en parle pas) :
Nous est tombé cette semaine entre les mains …
Umberto ECO
Construire l’ennemi… et autres écrits occasionnels
Grasset – 2014
304 pages
Extrait de l’Introduction
Le véritable titre de ce recueil aurait dû être son sous-titre : «Écrits occasionnels». Seul le souci de mon éditeur qu'un titre si pompeusement modeste pût ne pas attirer l'attention du lecteur, tandis que celui du premier essai présente quelque motif de curiosité, a fait pencher pour le choix final.
Ce qu’en dit l’éditeur
Suite à une conversation dans un taxi new-yorkais avec un chauffeur pakistanais qui ne comprend pas qu’un pays puisse exister sans ennemis, Umberto Eco s’interroge. Après avoir constaté les ravages d’idéologies totalitaires telles que le nazisme ou le fascisme, la société actuelle ressent-elle la nécessité de se définir par rapport à un ennemi et de le diaboliser ? Les États renonceraient-ils, aujourd’hui, à l’opportunité de créer de nouveaux boucs émissaires pour renforcer le sentiment d’identité nationale et leur pouvoir ?
Puis, à l’occasion de conférences ou d’essais à thèmes qui amusent autant celui qui parle que celui qui écoute, et qui sont, en somme, des exercices de rhétorique baroque, l’auteur aborde avec jubilation des sujets variés : l’idée de l’absolu, la tragédie d’Anna Karenine, la poétique de l’excès chez Victor Hugo, les divertissements inspirés par les almanachs, « Parlez-moi d’amour », etc.
Le grand érudit qu’est Umberto Eco traite dans ces « écrits occasionnels » de questions qui l’intriguent et le passionnent, sans jamais oublier d’amuser son lecteur.
Bref, Umberto Eco publie ses fonds de tiroirs. Qui sont bien intéressants. À des titres divers selon ceux qui les lisent. Nous les avons lus non seulement tous avec intérêt, mais deux au moins avec grand plaisir.
D’abord, celui qui donne son titre au livre et qui est tiré d’un Éloge de la politique publié en 2009, où l’ébahissement du chauffeur de taxi pakistanais provoque les passionnantes réflexions du maître sur le besoin d’ennemi qui lui semble caractériser l’espèce humaine. À l’exception de l’Italie, qui n’en a pas besoin, parce qu’elle a déjà tous les Italiens.
Ensuite, l’époustouflant « Hugo, hélas ! », qui, partant de la célèbre exclamation de Gide et d’une réflexion de Cocteau, disserte avec une grande justesse de vues sur « La poétique de l’excès ». S’agissant d’Hugo, cela s’imposait, mais encore fallait-il le faire avec autant d’empathie que de lucidité.
Une partie de l’essai traite de Quatre-vingt-treize, qui est, comme chacun sait ou devrait savoir, la guerre de Vendée telle que Victor l’a vue, c’est-à-dire imaginée. On y trouve des choses comme celle-ci : « Hugo, pour comprendre la Commune, devait justifier la Terreur »
Et ceci :
« Mais dans Quatre-vingt-treize, la guillotine, qui tuera pourtant le plus pur des héros de la Révolution, passe du côté de la mort à celui de la vie et, en tout cas, elle se dresse comme symbole du futur contre le plus sombre des symboles du passé. Elle est désormais dressée devant la Tourgue, la tour où était assiégé Lantenac. Dans cette tour sont condensés mille cinq cents ans de péchés féodaux, elle représente un nœud entremêlé à dénouer, la guillotine lui fait face avec la pureté d’une lame qui tranchera le nœud. Elle n’est pas née du néant, elle a été fécondée par le sang qui a coulé pendant quinze siècles sur cette même terre, et du plus profond de la terre, elle s’élève, inconnue vengeresse, et elle dit à la tour : “Je suis ta fille ”. Et la tour sent que sa fin approche. »
Presque du Victor Hugo…
Ce qu’Umberto Eco ne sait pas (mais peut-être après tout le sait-il, car peu de choses lui échappent), c’est que Victor Hugo avait lui-même enlevé, de Quatre-vingt-treize, ce passage où il parlait de Marat :
« Marat n’appartient pas spécialement à la révolution française ; Marat est un type antérieur, profond et terrible. Marat c’est le vieux spectre immense. Si vous voulez savoir son vrai nom, criez dans l’abîme ce mot : Marat, l’écho du fond de l’infini, vous répondra : Misère !... Les apocalypses révolutionnaires sont des palingénésies. Dans toutes les époques qui sont des résultantes, toutes les incarnations sont requises par le besoin des événements : la nuée est profonde, les langues de feu du gouffre volent, des âmes redoutables cherchant des corps errent au-dessus des multitudes, ces âmes sont des idées, elles flottent dans l’ombre, puis tout à coup tombent sur une tête, s’abattent sur un passant, emplissent un homme, oblitérant sa conscience, remplaçant le moi de cet homme par le moi mystérieux des foules, allument sous ce crâne une hydre de passion, et alors c’est formidable, on entend un rugissement surhumain qui est aussi un gémissement : un inconnu, inconnu à lui-même, se dresse, les foudres blémissent une face dans les ténèbres, et tout l’immense abîme est subitement éclairé par cette apparition : Marat.
Ces hommes plus ou moins qu’hommes sont des fonctionnaires de la ruine : ils ont une mission qui est l’écroulement. L’horreur les environne et les enveloppe, et les garde jusqu’à ce qu’elle les tue. Un matin, l’horreur publique se fait femme, prend un couteau, entre dans leur chambre, et les poignarde dans leur baignoire. On guillotine Charlotte Corday, Bruto major, et l’on dit : « Marat est mort. » Non, Marat n’est pas mort. Mettez-le au Panthéon, ou jetez-le à l’égout, qu’importe, il renaît le lendemain.
Il renaît dans l’homme qui n’a pas de travail, dans la femme qui n’a pas de pain, dans la fille qui se prostitue, dans l’enfant qui n’apprend pas à lire, il renaît dans les greniers de Rouen, il renaît dans les caves de Lille ; il renaît, dans le chômage, dans le prolétariat, dans la mansarde sans feu, dans le grabat sans couverture, dans le lupanar, dans le bagne, dans vos codes qui sont sans pitié, dans vos écoles sans horizon, et il se reforme de tout ce qui est ignorance, et il se recompose de tout ce qui est la nuit. Ah ! que la société humaine y prenne garde, on ne tuera Marat qu’en tuant la misère ; Charlotte Corday n’a rien fait, tant qu’il y aura des misérables, il y aura sur l’horizon un nuage qui peut devenir un fantôme, et un fantôme qui peut devenir Marat. » (Fragment destiné à Quatre-vingt-treize, et éliminé ensuite, éd. nat., pp. 405-406.)
Mais éliminé pourquoi ? Peur d’afficher trop de sympathie à l’égard de la chèvre expiatoire ? Honte de la témérité d’« oblitérant sa conscience » ?...
La preuve qu’il n’est pas mort, c’est qu’il sévit encore (à en croire du moins l’opposition vénézuélienne) :
Pobre Venezuela, en su tragedia orwelliana, las victimas, son transformadas en victimarios, por las gestapos tropicales del régimen.
La oposición vive aterrorizada por los verdugos del régimen, quienes utilizando la magia de un Robespierre, Marat o Danton criollo, convierten a las victimas en victimarios y a los victimarios en victimas.
Es tal el cinismo de estos clones de Fidel Castro, que el presente estado de anomia, o de continuas tropelías que viven los medios, es invisible para todos los alatés que conforman este inefable régimen, por cuanto no pierden oportunidad para gritar a los cuatro vientos, la existencia plena de una supuesta libertad de prensa. Etc etc. etc.
(Pour la totalité du poulet, voir : http://falsademocracia.blogspot.be/2006/02/pobre-venezuel... )
C’était en 2006. Et rien n’a changé. Marat plus vital que jamais !
*
Scandale à la bibliothèque de Liège
Laquelle, sous le nom de Chiroux, devenue provinciale après avoir été près de mille ans principautaire, abrite depuis quelque temps, dans sa salle de libre-accès, une exposition (avec panneaux, matériel didactique, livres sous verre, et tout et tout) sur le thème de :
« La Censure ».
On aura compris qu’ils sont Charlie…
À tant faire que se vautrer, ils n’ont pas fait dans la dentelle.
C’est ainsi qu’on peut voir l’immense Étienne Dolet - brûlé vif avec ses livres le jour de son anniversaire, après quatre ans de cul de basse-fosse et sans qu’on ait pu produire à son encontre le moindre chef d’accusation - épinglé par-dessus de déshonorants mickeys entre Charb et Cabu, comme le Christ entre les deux larrons, dont un au moins s’était repenti, paraît-il, les temps changent.
Avoir été, au début du XIVe siècle, la bibliothèque la plus riche d’Europe, pour tomber si bas au XXIe ! C’était bien la peine, vraiment. Et on voudrait que les empires ne meurent pas ?!
Étienne Dolet, un des plus grands éditeurs français de tous les temps.
Sa statue de la place Maubert, œuvre du sculpteur Ernest Guilbert a été mise à la casse en 1942 (offerte par le Maréchal Pétain aux Nazis, en soutien de l’effort de guerre contre la Russie, oui, déjà) et jamais remplacée.
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Dernière minute !
Nous recevons, avant de poster, un message particulièrement intéressant de Slobodan Despot (Une plume dans les rouages) :
Les étranges répercussions d’un débat télévisé
Note préliminaire. Ceci est la première lettre que je vous adresse via un nouveau service de diffusion. Je vous prie de bien vouloir excuser les éventuelles erreurs de transcription ou d’adressage.
Chers amis,
Comme lorsque j'avais publié mon essai sur l'ignorance délibérée au sujet de la Russie, mon intervention à l'émission de Frédéric Taddéi consacrée à Vladimir Poutine m'a valu des réactions anormalement nombreuses sur tous les canaux: réseaux sociaux, courriers personnels, téléphones, et même interpellations dans la rue.
A de très rares exceptions près, ces réactions étaient chaleureuses, et même plus que cela. Elles témoignaient d'un profond ras-le-bol à l'égard du lavage de cerveaux ambiant au sujet de la Russie. Mais également, et c'est nouveau, d'une certaine angoisse vis-à-vis de la dérive belliciste du système politico-médiatique où nous vivons en Occident.
J'ai donc publié quelques réflexions consécutives à cette émission, significative à bien des égards.
Puis, quelques jours plus tard, on m'a signalé une anomalie véritablement choquante dans les résumés d'informations qui émaillaient le débat.
Dernière précision au sujet de ce débat qui semble avoir marqué les esprits: la vidéo n'est plus disponible in extenso sur le site de l'émission, mais on peut la regarder sur Youtube.
Bonnes lectures !
Slobodan Despot
PS 1 Floret silva nobilis. Fleurit la noble forêt ! Un peu de Carmina Burana pour accueillir le printemps.
PS 2 Nous venons de rééditer le grand essai d'Eric Werner L'Avant-guerre civile. J'y reviendrai dans un prochain message.
Suivent les deux articles annoncés et leurs vidéos respectives.
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Ce Soir ou Jamais du 13.3.2015 - vidéo et remarques
On ne le répétera jamais assez: l'émission de Frédéric Taddéi Ce soir ou jamais sur France2 est un surprenant îlot de discussion libre dans le paysage audiovisuel français. Merci à Frédéric d’avoir maintenu cette «zone autonome temporaire» (comme aurait dit Hakim Bey) depuis tant d’années !
L’édition du 13 mars 2015 était consacrée à Vladimir Poutine et sous-tendue par la question du retour à la guerre, chaude ou froide.
J'ai été heureux de pouvoir y livrer mon sentiment sur les rapports de l’Occident avec la Russie, même si l’angle adopté par l’émission me paraissait biaisé d’emblée. Je m’en suis du reste expliqué sur le plateau: la focalisation sur la personnalité, les idées et les intentions du seul président russe met sous le boisseau toutes les autres dimensions clefs de la crise, de la politique d’encerclement de l’OTAN au fonctionnement de l’État et de la société russes dans leur ensemble.
On avait placé du côté des «défenseurs de la Russie» Hubert Védrine, diplomate machiavélien, Frédéric Pons, biographe de Poutine, factuel et argumenté, et moi-même; dans le «camp d’en face» Andreï Gratchev, le conseiller de Gorbatchev, scrupuleux, cultivé et ouvert comme tous ces Russes de l’après-URSS qui allaient amèrement déchanter, la journaliste Manon Loizeau, courageuse et orientée, et le lobbyiste Raphaël Glucksmann, fils du «nouveau philosophe» André Glucksmann.
Il est vrai, comme beaucoup l’ont observé, que la discussion a nettement tourné au désavantage des «poutinophobes», essentiellement à cause de la défection de Gratchev. Malgré son hostilité à Poutine attestée par ses livres, l’ancien ministre a dépeint avec finesse la situation de la Russie et légitimé ses réactions. Mais il apparaît aussi très nettement que le réalisme n’était pas de ce côté-là de la table.
Une autre raison de leur défaite tient en la révélation d’un conflit d’intérêt majeur impliquant l'épouse de M. Glucksmann. Il s'est avéré que celui-ci n'était pas seulement le fils de son père, mais, dans le dossier qui nous occupait, le mari de sa femme, vice-ministre de l'Intérieur ukrainienne (en réalité géorgienne naturalisée à la hâte), et donc travaillant à la répression de l'insurrection du Donbass. Il est regrettable que ce détail de poids ait dû être signalé par un invité sur le plateau et non par l'intéressé lui-même avant l'émission.
Source : http://blog.despot.ch/post/ce-soir-ou-jamais-du-13-3-2015...
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Des symboles nazis sur les télés françaises
22.3.2015
Suite au débat sur la Russie du 13 mars dernier à Ce soir ou jamais, une téléspectatrice a attiré mon attention sur un « détail » colossal dont je regrette de ne m’être pas rendu compte sur le plateau en direct. Avec sa permission, je reproduis ici son message in extenso.
« Voyant le résumé d'actualités dans l'émission du 13 mars, qui était soit dit en passant très tendancieux, j'ai aperçu une séquence de LCI montrant des "chars russes en Ukraine orientale" sans préciser la source de l'information. Cette information tendancieuse provient en fait de Kiev. En regardant bien, on voit dans l'angle droit l'insigne d'Azov avec une croix gammée stylisée! J'ai vu un résumé vidéo identique sur BFM TV qui diffuse des brèves comme LCI. J'ai revu cette séquence 2-3 fois au cours de la journée. J'ai appelé directement BFMTV en demandant le rédacteur en chef. Etonnamment, il n'était pas là. Etonnamment, il n y avait aucun responsable sur BFM! Je leur ai dit que s'ils n'ôtaient pas cette séquence de leurs programmes je porterais plainte pour "apologie des idées nazies". Ils ont donc supprimé la séquence. Je vois à présent que LCI fait la même chose, ce qui ne me surprend pas, car les journalistes sont notoirement des ignares superficiels, et prennent leurs informations, à de rares exceptions près, toujours dans la même cuisine, c.à.d. les agences de presse de préférence américaines ou britanniques. Je m'étonne que Frédéric Taddéi ait laissé passer cela. » (V. B.)
L’apparition visée apparaît à 5:57 sur la vidéo intégrale de l’émission du 13 mars visible sur [Youtube] ( https://youtu.be/VpjwZH7O0sk ).
Source :
http://blog.despot.ch/post/des-symboles-nazis-envahissent-les-teles-francaises
Ce symbole, décidément, nous poursuit.
Commentant une étonnante opération de « relations publiques » au profit du bataillon Azov parue dans le quotidien suisse Le Matin du 24 juin 2014, je rappelais sur mon blog quelques faits historiques élémentaires :
L'emblème du bataillon Azov, une rune allemande appelée « crochet de loup » (Wolfsangel), est le même que celui de la division SS Das Reich, connue « pour sa brutalité, ses nombreuses exactions et crimes de guerre en Europe de l'Est et en France ». Son utilisation est interdite en Allemagne - n'y font exception que les armoiries municipales et écussons militaires historiques.
La nonchalance des médias francophones et occidentaux vis-à-vis de cette résurgence incontestable du national-socialisme — on se souvient de la jeune nazie mise en vedette par Elle — contraste violemment avec la vigilance quasi paranoïaque de ces mêmes médias vis-à-vis des soupçons d’apologie du nazisme en Europe de l’Ouest.
Le témoignage de V. B. corrobore mes propres expériences et me porte à conclure que les médias occidentaux se fichent complètement du nazisme tant qu’il agit dans leur camp. A ceux qui étudient les techniques de la manipulation des masses, la présence discrète mais fréquente du symbole d’Azov dans les médias audiovisuels pourrait suggérer le soupçon d’une opération de désensibilisation subliminale délibérée.
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Mis en ligne le 23 mars 2015
18:07 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
15/03/2015
ON NE POURRA PAS LES TONDRE TOUS
On ne pourra pas les tondre tous, ils sont trop nombreux !
(Longuissime post, à consommer en tranches)
Le Patriot Act, ça vient…
(Et s’il vient en France, il vient ailleurs aussi !)
Ce que cache le discours contre les « conspirationnistes »
L’État contre la République
par Thierry Meyssan
À la demande du président François Hollande, le Parti socialiste français vient de publier une Note sur le mouvement international « conspirationniste ». Son but : préparer une nouvelle législation lui interdisant de s’exprimer.
Aux États-Unis, le coup d’État du 11 septembre 2001 a permis d’établir un « état d’urgence permanent » (Patriot Act) et de lancer une série de guerres impériales. Progressivement, les élites européennes se sont alignées sur leurs homologues d’Outre-Atlantique. Partout, les citoyens s’inquiètent d’être abandonnés par leurs États et remettent en question leurs institutions. Cherchant à se maintenir au pouvoir, les élites sont désormais prêtes à utiliser la force pour bâillonner leurs oppositions.
Réseau Voltaire International | Damas (Syrie) | 9 mars 2015
Le 27 janvier 2015, le président François Hollande rendait les « complotistes » d’aujourd’hui responsables des crimes commis hier par les nazis contre les juifs d’Europe. Il appelait à leur interdiction d’expression.
Le président de la République française, François Hollande, a assimilé ce qu’il nomme les « théories du complot » au nazisme, puis a appelé à empêcher leur diffusion sur internet et les réseaux sociaux.
Ainsi a-t-il déclaré le 27 janvier 2015 au Mémorial de la Shoah :
« [L’antisémitisme] entretient les théories du complot qui se diffusent sans limite. Théories du complot qui ont, dans le passé, conduit déjà au pire » (…) « [La] réponse, c’est de prendre conscience que les thèses complotistes prennent leur diffusion par Internet et les réseaux sociaux. Or, nous devons nous souvenir que c’est d’abord par le verbe que s’est préparée l’extermination. Nous devons agir au niveau européen, et même international, pour qu’un cadre juridique puisse être défini, et que les plateformes Internet qui gèrent les réseaux sociaux soient mises devant leurs responsabilités, et que des sanctions soient prononcées en cas de manquement » [1].
Plusieurs ministres ont également conspué ce qu’ils appellent les théories du complot comme autant de « ferments de haine et de désintégration de la société ».
Source : http://www.voltairenet.org/article186986.html
Ce que vos merdias ne vous diront pas :
Thomas Cluzel ou l’interdiction d’informer sur France Culture
Thierry Deronne – LGS – 12 mars 2015
Cet article de Thierry Deronne est une implacable démonstration, étayée, datée, chiffrée des enfumages médiatiques des Français, dès lors que les intérêts des USA sont en cause.
A beau mentir qui vient de loin. Mais, à l’heure d’Internet, l’Amérique latine est éloignée de quelques centièmes de secondes ; chacun peut lire Libération et le Monde des années passées, voir un JT de 2009 avec Pujadas, écouter en replay France Culture et s’attrister de voir cette radio se transformer en soldat d’un monde unipolaire et belliqueux, découvrir pourquoi la presse d’opposition vénézuélienne serait interdite en France… et aux USA.
Cet article magistral mérite d’être mis dans des bibliothèques d’écoles de journalisme, comme l’est le livre « La face cachée de Reporters sans frontières », ouvrage préfacé par Thierry Deronne.
Le Grand Soir est honoré d’être un des médias choisis par l’auteur pour faire connaître ce décorticage, cette oeuvre de salubrité journalistique.
L.G.S.
Tariq Ali, l'écrivain et historien pakistanais/britannique, co-scénariste du documentaire South of the border, le réalisateur Oliver Stone et le président Hugo Chavez arrivant au Festival de la Mostra de Venise, le 7 septembre 2009. Septembre 2009. Le cinéaste Oliver Stone présente à la Mostra de Venise son documentaire South of the border (1). Les premières secondes offrent un bêtisier des JTs étasuniens sur le « dictateur Chavez » : Le réalisateur enchaîne en off : « Nuit et jour, sur toutes les chaînes, voici ce que voient les États-uniens. Le croient-ils ? J’espère que non. Mais même les plus sérieux des médias écrits aux États-Unis ou en Europe suivent la même ligne ». Lors de sa conférence de presse, Stone précise : « Le manque de liberté d’expression que dénoncent les médias et l´opposition de droite vénézuélienne est un mensonge. Celui qui va au Venezuela se rend compte que 80, 90 % des médias sont contre Chavez. Ils disent des choses très dures sur lui et il le tolère. Il ne punit pas ces personnes, elles (...) »
Source : http://www.legrandsoir.info/thomas-cluzel-ou-l-interdicti...
(Ne ratez pas les commentaires ! Notre titre d’aujourd’hui vient de l’un d’eux.)
L’Amérique Latine défend le Venezuela face au décret du président Obama. Rapprochement de Caracas avec Athènes.
Thierry Deronne – LGS –11 mars 2015
Après la décision du président Barack Obama, le 9 mars 2015, de décréter « l’urgence nationale aux États-Unis » face à la « menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et notre politique extérieure qu’est le Venezuela » (sic), le président de Bolivie Evo Morales a demandé une réunion d’urgence de l’UNASUR (organisme regroupant la totalité des nations sud-américaines) et de la CELAC (Communauté élargie des États Latino-américains et des Caraïbes) « pour nous déclarer en état d’urgence et défendre le Venezuela face à l’agression de Barack Obama. Nous allons défendre le Venezuela » Il a souligné l’importance de l’unité des peuples face à l’Empire qui tentent de « nous diviser, pour nous dominer politiquement et nous spolier sur le plan économique ».
Source : http://www.legrandsoir.info/l-amerique-latine-defend-le-v...
Renforcement du pouvoir citoyen et des droits sociaux, sanctions envers les États-Unis : le Venezuela répond à la tentative de coup d’État
Thierry Deronne – LGS – 2 mars 2015
Oui, trois du même et au même endroit. C’est le minimum de contrepoison pour se mettre à jour !
Alors qu’en 1973 il restait des médias occidentaux pour s’émouvoir du coup d’État perpétré au Chili, ceux d’aujourd’hui scandent à l’unisson : “Président du Venezuela, laisse-toi renverser ! C’est pour ton bien ! Renonce à défendre le choix des électeurs ! Renonce à la loi, à la Constitution. Si tu arrêtes un putschiste, nous dénoncerons la répression au Venezuela !”. Le bulldozer des news, déjà bien rodé pour créer le personnage Chavez, a été réactivé pour fabriquer le tyran Maduro qui agite au loin un poing brutal pour mieux écraser des foules fanatisées alors que la voix feutrée de l’opposition de droite ou du porte-parole de la Maison Blanche, de face, en plan proche, s’étonne de tant de violence.
Source : http://www.legrandsoir.info/renforcement-du-pouvoir-citoy...
Venezuela toujours, et toujours LGS :
Vous me bombardez cette télé, les Français ne le sauront pas.
Malgré des aveux d’officiers et la découverte de plans, d’armes et de documents, nos médias font silence sur l’échec d’un projet de coup d’État « à la Chilienne » au Venezuela.
Parmi les cibles des avions de chasse : le palais présidentiel, les ministères de la Défense, de l’Intérieur et de la Justice, le Conseil national électoral, la Direction du contre-espionnage militaire (1).
Y ajouter le bombardement, prévu pour le 12 février, du siège de TeleSur, la chaîne de télévision publique latino-américaine basée à Caracas, où travaillent 800 personnes dont la plupart auraient ainsi cessé de vivre.
Inspirés par le badge porté un peu partout dans le monde occidental après l‘affaire Charlie Hebdo, ces trompe-la-mort ont bricolé une pancarte : « Somos Telesur » dont vous entendez parler, bien que vous soyez Européens, parce que vous lisez LGS.
Et pour en savoir plus, ne ratez pas cet article de notre « une » : « Thomas Cluzel ou l’interdiction d’informer sur France Culture »
Théophraste R. (Companero Salvador Allende ! Presente !).
_________________________
(1) In la note 8 de l’article ci-contre de Thierry Deronne « La tentative de coup d’Etat contre le Venezuela », par Ignacio Ramonet, 7 mars 2015,
Source : https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/03/07/la-tentat......
Sergueï Choïgou à Caracas
Le général Sergeï Choïgu, ministre de la Défense de la Fédération de Russie
La Russie répond à l’appel du Venezuela
Blog d’Oscar Fortin– via Réseau International - 12 mars 2015
Le président Obama doit se mordre les doigts d’avoir ouvert toutes grandes les portes à la présence militaire russe en Amérique latine et dans les Antilles. Par son décret, véritable déclaration de guerre contre le Venezuela, il aura incité ce dernier à faire appel aux bons offices de la Russie et de sa technologie militaire pour assurer sa défense. S’il s’agit pour le Venezuela d’un appui de grande importance, c’est pour la Russie, à n’en pas douter, une opportunité tout à fait inattendue. Une occasion en or pour Poutine de rendre la pareille à Washington qui se fait si présent politiquement et militairement en Ukraine, dans les Balkans, la Mer noire et la Méditerranée.
Sources : http://reseauinternational.net/la-russie-repond-a-lappel-...
Article original : http://humanisme.blogspot.be/2015/03/la-russie-repond-lap...
Les merdias US cousins des nôtres…
C’est en anglais, on vous résume après :
The « Snowden is Ready to Come Home ! » Story : a Case Study in Typical Media Deceit
Par Glenn Greenwald – The//Intercept – 4 mars 2015
Most sentient people rationally accept that the U.S. media routinely disseminates misleading stories and outright falsehoods in the most authoritative tones. But it’s nonetheless valuable to examine particularly egregious case studies to see how that works. In that spirit, let’s take yesterday’s numerous, breathless reports trumpeting the “BREAKING” news that “Edward Snowden now wants to come home!” and is “now negotiating the terms of his return!”
Ever since Snowden revealed himself to the public 20 months ago, he has repeatedly said the same exact thing when asked about his returning to the U.S.: I would love to come home, and would do so if I could get a fair trial, but right now, I can’t.
Source : https://firstlook.org/theintercept/2015/03/04/snowden-wan...
En gros, voici ce que dit Glenn Greenwald :
L’histoire de Snowden « qui veut rentrer aux États-Unis » : Du pipeau inventé de toutes pièces par les médias.
Note préalable des Grosses Orchades :
Sur le site d’Allain Jules, avant-hier, et sous le titre « RUSSIE. Ces lanceurs d’alertes, traîtres ou héros ? L’errance d’Edward Snowden », un article rapporte que Snowden ne trouve pas la Russie vivable, et qu’il préférerait encore tirer 25 ans de prison aux États-Unis, pourvu qu’il puisse y rentrer. Article d’un incertain Raymond Saint-Pierre, correspondant à Moscou de ici.radio-canada.cainconnu à notre bataillon, mais qui doit exister, on a bien nos Pujadas pourquoi les Canadiens n’en auraient-ils pas, et tout le monde internautique de discutailler gravement du cas Snowden, « enfant gâté » pour les uns, noire andouille pour les autres « s’il veut ses 25 ans de prison, qu’il les fasse ! », sans que personne se pose un seul instant la question de la véracité de l’information, ni même se demande qui est au juste cet envoyé spécial canadien si bien renseigné sur les états d’âme de Snowden. Autrement dit, si les merdias sont pourris, ceux qui les gobent avec une si docile avidité les méritent.
Question subsidiaire : pourquoi Allain Jules met-il des trucs pareils en ligne ?
Venons-en au fait :
Dans l’article ci-dessus, Greenwald grimpe aux rideaux, suite à une véritable avalanche de canulars de cette espèce dans la presse US, trompettant à l’envi (et avec une simultanéité remarquable) qu’Edward Snowden « veut maintenant rentrer à la maison ! » et « est en train de négocier les conditions de son retour ».
Bullshit ! s’écrie Greenwald, dans sa langue :
« Depuis que Snowden s’est révélé au public il y a 20 mois, il a toujours dit et répété la même chose, quand on lui parlait de son retour aux États-Unis : “Oui, j’aimerais beaucoup rentrer chez moi, et je le ferais si j’avais la certitude d’obtenir un procès équitable, mais pour l’instant, il n’en est pas question”. »
Le fait est que, en vertu de l’Espionage Act, il n’aurait même pas la possibilité d’adopter, pour ligne de défense, que ce qu’il a révélé n’aurait jamais dû être caché au public et qu’il n’a fait que son devoir en le révélant. L’Espionage Act lui interdit de soutenir que ce n’est pas lui qui a trahi son pays mais ceux qu’il a dénoncés. Procès faussé d’avance par baîllonnage absolu de la défense. Procès dépendant du bon plaisir de ceux qu’il a dénoncés.
Il y a pire et plus vicieux, on vous l’épargne.
Le fait est que Snowden n’a – et n’a jamais eu depuis 20 mois – aucune intention de rentrer aux États-Unis, où tout ce qu’on veut obtenir de lui est qu’il se livre et qu’il meure ou croupisse des décennies en prison, sans la moindre possibilité de se défendre. C’est si vrai qu’au tout début de son aventure, Daniel Ellsberg, autre célèbre lanceur d’alerte, a écrit dans le Washington Post, qu’il avait fait la chose qui s’imposait en quittant les États-Unis, et qu’il ne fallait pas qu’il y rentre, puisqu’il n’avait aucune chance d’y obtenir un procès honnête.
En mai 2014, dans une interview accordée à Brian Williams, de NBC News, Snowden a répondu « Bien sûr, que j’aimerais rentrer chez moi » (mais…). Ce qui a déchaîné, à l’époque, une bordée de gros titres, comme celui-ci de CBS (Edward Snowden : « Je veux rentrer chez moi ! »)
C’était il y a plus de 9 mois. Au cours de ces 9 mois, la presse US n’a cessé de rapporter (mensongèrement) que des négociations étaient en cours entre le Département de la Justice et les avocats de Snowden, sur les conditions de son retour, dont rien – et pour cause – n’est jamais sorti.
Ben Wizner, un avocat du Syndicat Américain des Libertés Civiles, qui se dit (selon la presse) commissionné par Snowden pour défendre ses intérêts, a déclaré qu’il « était toujours intéressé par un retour de Moscou », ajoutant « Il est et a toujours été du côté de l’Amérique. Il coopérerait de façon extraordinaire si les circonstances le permettaient, mais il ne croit pas que la qualification de “ félon ” soit méritée par quelqu’un qui n’a agi qu’en fonction de sa conscience… », etc. etc.
Hier, à Moscou, l’avocat russe de Snowden, Anatoli Koutcherena a donné une conférence de presse, pour faire la promotion de son dernier livre. Comme on lui demandait ce qu’il en était du cas Snowden, il a répondu ce que tout le monde sait depuis deux ans : « Bien sûr, il aimerait rentrer chez lui, et nous faisons tout notre possible pour que cela arrive un jour ». Koucherena a même ajouté qu’il y avait des avocats occupés, dans plusieurs pays, à travailler pour essayer d’obtenir que Snowden ait un procès équitable. Du coup, une flopée de médias s’est jetée sur cette information anodine pour bombarder derechef le public de gros titres sensationnalistes. Comme si Snowden avait effectivement fait un appel du pied aux USA pour qu’ils le laissent rentrer.
Le premier à ouvrir le feu a été Blake Hounshell, rédacteur en chef du canard digital Politico, anxieux comme toujours de générer un maximum de clics sur son site-poubelle en faisant du battage autour de son ramassis d’inventions sans consistance.
Réaction en chaîne de tous les suivistes du net : « Snowden veut rentrer à la maison » claironne, en première page, le New York Times, dont l’article tend à faire croire que c’est un désir nouveau et urgent chez Snowden, et que ce désir iumpérieux vient de la vie qu’il est forcé de mener à Moscou (« après pas loin de deux ans d’exil en Russie »). Et ce ne sont pas seulement les agences liées à la NSA qui s’y collent, mais aussi ABC, Reuters, etc. Ce qu’ils partagent tous – en plus de la fausse nouvelle – c’est leur analyse. Car, pourquoi Snowden souhaite-til si désespérément rentrer chez lui ? Mais parce que la vie en Russie est insupportable, voyons.
« Le commentaire le plus hilarant d’insanité a été celui de CNN, où Wolf Blitzer (CNN) et ses bons à rien de panellistes, “l’analyste en contre-terrorisme” de CNN, Philip Mudd (ex-fonctionnaire en contre-terrorisme de la CIA), David Ignatius du Washington Post et le néo-con bien connu Newt Gingrich, ont péroré à n’en plus finir sur cette nouvelle-bidon. »
Exemples :
MUDD - ne voit pas pourquoi Snowden a dû fuir à l’étranger et discuter avec le Département de la Justice. “Reviens et affronte tes 30 ans de prison comme un homme, mon gars ! Il est cuit.”
IGNATIUS – “Il doit être très difficile de vivre dans la Moscou de Vladimir Poutine, au moment où l’opposition à Vladimir Poutine est assassinée dans les rues. Je comprends qu’il veuille revenir et que maintenant il le dise, ce qu’il n’avait jamais fait avant.”
Ces ineffables discutent alors des années de prison qu’on pourrait lui infliger pour son « offense ». Gingrich - avant toute espèce de procès, cela va de soi - vote pour dix ans – zou ! – sans s’attarder inutilement sur le cas de membres de l’establishment, tel le général Petraeus, coupables de délits bien pires que ceux reprochés à Snowden, qui s’en tirent avec des broutilles et n’iront jamais en prison car ils sont du côté du manche.
Conclusion : que la nouvelle concernant Snowden soit fausse, archi-fausse, ils le savent tous, mais il leur fallait une excuse pou pouvoir se vautrer une fois de plus dans l’imbécile propagande anti-russe qu’ils ressassent depuis 60 ans. David Ignatius a, bien sûr, tout fabriqué pour en arriver là. Il fallait, pour les besoins de cette cause, que Snowden soit « désespérément malheureux ». Et de revenir avec délices, à son sujet, sur tous les « malheureux » transfuges de l’Ouest, à commencer par l’histoire apocryphe du dissident britannique Kim Philby, « détruit par une vie obscure, misérable et solitaire, achevée dans l’alcoolisme qui a fini par le tuer », sort qui ne peut manquer d’attendre le « félon renégat ». Que Snowden (qui ne boit pas) se sente bien à Moscou, où sa compagne de toujours l’a rejoint… que des millions et des millions de gens dans le monde l’admirent… qu’il reçoive des prix et de récompenses d’un peu partout et qu’il rencontre des tas de personnalités internationales venues exprès pour le voir, bref qu’il puisse être content et fier de ce qu’il a fait, et heureux de sa vie actuelle » n’atteint pas le cerveau reptilien de ces pompeux et criminels dindons.
Greenwald :
« Cette fable ”tout le monde est malheureux en Russie” a été le gadget n°1 de la propagande occidentale depuis la fin de la IIe Guerre mondiale. Donc, on invente que Snowden n’en peut plus et veut rentrer (faux) et on explique cette fausse nouvelle par de la fiction propagandiste. Je ne me rappelle plus combien de fois j’ai entendu dire que Snowden devait être vraiment malheureux à Moscou ”où il fait si froid l’hiver”.
Oui, il y a des gens qui sont politiquement réprimés en Russie, où vivent 140 millions de personnes, dont beaucoup – vraiment beaucoup – mènent des vies pleines et satisfaisantes. Ne parlons pas, ce serait de mauvais goût, des gens qui sont malheureux et réprimés aux États-Unis…
Quant au climat hivernal en Russie, imagine-t-on les Russes se préoccuper du climat hivernal au Canada, au Nord Dakota, en Suède, à Boston et plaignant les gens qui sont forcés d’y vivre ? »
Et il conclut :
« Ceci est un bon exemple de ce que les médias US sont non seulement capables mais ardemment désireux de faire : inventer une fausse nouvelle, et ensuite passer des dizaines d’éditoriaux et des jours de télévision à fabriquer de la propagande, à partir de leur invention initiale. Comment une personne normale pourrait-elle considérer ce qu’ils dégoisent autrement qu’avec une méfiance extrême et un mépris total ? »
Résumé et traduction : c.l. pour Les Grosses Orchades
Incidemment :
Gilad Atzmon donnera un concert à Paris prochainement, accompagné de son quartet, The Orient House Ensemble.
Le concert se tiendra au Théâtre de la Main d’Or le samedi 28 mars 2015 à 19h30.
Et que se passe-t-il dans le reste du monde :
Athènes : Manifestation de soutien aux Espagnols arrêtés pour être allés se battre au Donbass
Les autorités de Madrid ont inculpé les huit brigadistes pour « mise en danger de la neutralité espagnole » !
Combattants basques du Donbass
11 mars 2015 – The New Cold War-Ukraine and beyond
Le 7 mars, une manifestation s’est déroulée à Athènes, devant l’ambassade d’Espagne, pour protester contre l’arrestation et l’inculpation de huit volontaires, poursuivis pour leur solidarité antifasciste avec la population du Donbass.
La manifestation était organisée par l’association Campagne Antifasciste pour l’Ukraine. Y ont pris part de nombreuses personnes venues d’horizons politiques grecs très divers.
Les huit hommes ont été arrêtés le 27 février par la police espagnole et sont accusés d’« activités criminelles » pour avoir « violé la loi qui interdit aux citoyens espagnols de participer à des conflits armés à l’étranger ».
Il est à noter qu’aucun des activistes d’extrême-droite partis soutenir la junte de Kiev n’a été inquiété jusqu’ici, non plus que les mercenaires espagnols engagés dans des conflits divers, en Ukraine et ailleurs.
Les huit inculpés ont été remis en liberté provisoire 24 heures après leur arrestation.
Source : http://russia-insider.com/en/2015/03/11/4362
Source originale : http://newcoldwar.org/in-greece-solidarity-with-spanish-a...
Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades
Le dollar n’arrête pas de perdre du terrain dans la Guerre des monnaies
par Mark O’Byrne – Gold Core (Irl.) – 10 mars 2015
Il est toujours N°1, mais son poids est en déclin.
- Il constitue encore 61% des réserves mondiales, contre 70% il y a dix ans.
- Le directeur-adjoint du FMI appelle à une dé-dollarisation des marchés émergents…
- … ce que de nombreux pays sont, en fait, déjà en train de faire.
Bon parcours tant qu’il a duré
La guerre des monnaies et la tendance qui va vers un déclin de la domination du dollar dans la finance internationale, en particulier dans les marchés émergents, vient d’être soulignée dans un article intéressant de CNBC, intitulé « Le Dollar perd-il de son poids par rapport aux monnaies du monde ? »
Il fait référence à la politique délibérée et déclarée de « dé-dollarisation » dans le monde, au déclin de l’utilisation du dollar dans les transactions internationales et comme monnaie de réserve, ainsi qu’à l’apparition de la nouvelle banque des BRICS.
L’article cite notamment l’initié du Pentagone et auteur à succès Jim Rickards. Rickards dit que le statut du dollar comme monnaie de réserve est toujours solide, en dépit de son déclin au cours de la décennie passée et malgré l’ascension d’autres monnaies dans les transactions internationales.
« Le dollar est en déclin comme monnaie de transactions, mais il est toujours solide comme monnaie de réserve. En ce moment, il représente 61% des réserves mondiales, par rapport aux 70% d’il y a dix ans », dit-il.
Cependant, les chiffres de BIS et de SWIFT montrent que le yuan, fait maintenant partie des dix premières monnaies utilisées dans les transactions mondiales. Ceci est significatif, mais il faut tenir compte du contexte, à savoir que 80% des transactions globales se font encore en dollars.
Quoi qu’il en soit, les ambitions chinoises dans ce domaine sont claires : la Chine négocie ses contrats en yuans avec de plus en plus de ses partenaires en affaires. Zero Hedge a publié, la semaine dernière, un article où il est question d’un grand panneau publicitaire, à Bangkok, où la Banque de Chine déclare que le RMB (yuan) est « la monnaie mondiale ».
« Et c’est vrai, », ont-ils ajouté, « l’importance du renminbi dans le commerce planétaire et en tant que monnaie de réserve augmente de façon exponentielle, avec des centre d’échanges en renminbi qui surgissent partout dans le monde, de Singapour à Londres, et de Luxembourg, à Francfort ou à Toronto ».
Le mois dernier, le directeur-adjoint du FMI, le Japonais Naoyuki Shinohara, a ouvertement déclaré que les marchés émergents d’Asie devraient entamer sans tarder un processus de dé-dollarisation « pour atténuer les chocs en provenance de l’extérieur et les limitations qu’ils imposeraient aux banques centrales, dans leur capacité de prêteur en dernier ressort. »
Ceci est d’autant plus intéressant que le FMI a été, historiquement, un des principaux agents de l’hégémonie du dollar. Que le FMI conseille maintenant une prise de distance à l’égard du dollar, peut-être vers des Droits de Tirage Spéciaux (DTS), nous paraît démontrer le niveau de risque existant désormais.
La Chine et la Russie ont négocié des arrangements monétaires excluant le dollar ces dernières années. Le Kazakhstan a aussi, explicitement, annoncé un processus de dé-dollarisation, dans le but de renforcer sa monnaie nationale, le tenge.
La Russie est en train de négocier avec l’Inde et l’Égypte, pour que toutes leurs transactions commerciales s’effectuent dorénavant dans les monnaies locales.
La banque de développement des BRICS est maintenant opérationnelle, ce qui amènera probablement les pays qui en font partie à rembourser les emprunts en yuans, puisque la Chine la finance à plus de 40%. Elle sera ainsi en rivalité avec le FMI, ce qui explique l’approche nouvelle de celui-ci vis-à-vis de la monnaie de réserve.
Et ça les fait rire !
La guerre des monnaies va s’intensifier et les dévaluations compétitives entre monnaies vont s’accélérer. Quand cela arrivera, l’or redeviendra un atout monétaire et géopolitique de première importance pour les banques centrales et un havre sûr – vital -pour les investisseurs et les épargnants.
Source : http://russia-insider.com/en/2015/03/10/4308
Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades
Après les Allemands et les Haïtiens, des vétérans US écrivent à Vladimir Poutine
Demande pressante au président Vladimir Poutine d’autoriser la diffusion de documents vitaux pour la paix mondiale
À droite, John McCain avant sa capture par le Vietcong
A Monsieur Vladimir Poutine
Président de la Fédération de Russie
23, Rue Ilyinkat,
Moscou, 103132,
Russie
Monsieur le président:
Des divisions politiques au sein des États-Unis mêmes sont clairement en train de menacer la paix mondiale. Des factions pro-israéliennes au sein de la nation travaillent non seulement au sabotage d’un accord sur le nucléaire avec l’Iran, mais bien au-delà. De récents manques de jugement et de decorum de la part du général de l’OTAN Breedlove, l’aide secrète des États-Unis à l’EIIL/EI et des actions de certaines factions américaines en soutien aux factions terroristes en Libye et en Afrique ont particulièrement fait monter les enchères.
Nous, à Veterans Today, en consultation avec des membres employés et associés non listés, quelques-uns étant des officiels des services de renseignement soviétiques et russes que vous connaissez, sommes au courant que les services de renseignement de la Fédération de Russie ont des dossiers en leur possession, certains gardés depuis bien des années et qui devraient être rendus publics. De par cette requête initiale, nous vous demandons de bien vouloir faire diffuser les documents suivants que nous savons être en possession des services russes :
Source : http://reseauinternational.net/demande-au-president-vladi...
Source originale : http://www.veteranstoday.com/2015/03/10/we-demand-preside...
Comme nous l’avons déjà signalé, Veterans Today est l’organe de défense des intérêts des anciens militaires US. L’auteur de l’article est son rédacteur en chef, Gordon Duff, un ancien combattant invalide de la Guerre du Vietnam, qu’il a faite dans les rangs des marines. Il se consacre depuis des décennies au sort des vétérans et des prisonniers de guerre.
Et pour finir, on vient de le recevoir :
Très important discours de Hassan Nasrallah
qui ne s’adresse pas seulement aux musulmans de toutes obédiences, mais aussi aux autres : chrétiens, juifs, bouddhistes et mécréants. Ce discours religieux est un grand discours politique. À des années-lumière des torchons fauteurs de guerre et incitateurs au lynchage.
N’étaient la gratuité que permet Internet et le désintéressement d’internautes sans carte de presse, nous n’en entendrions jamais parler.
Source (avec transcription) : http://sayed7asan.blogspot.be/2015/03/hassan-nasrallah-le...
Mis en ligne le 15 mars 2015.
23:16 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
13/03/2015
JOURNÉE DE LA FEMME 2015
Journée de la femme
et prix de beauté…
Un concours comme tant d’autres s’est tenu à Donetsk.
Malgré la guerre ? Oui.
C’était le 9 mars. Concours normal. Et, bon, on le sait que les Ukrainiennes sont souvent très belles (à l’exception des femen). La preuve :
Mais le 8, il y en avait eu un autre :
Le concours de Miss DPS des combattantes
Les concurrentes : des miliciennes des bataillons Oplost et Vostok arrivées en uniformes, qui ont ensuite défilé dans des robes du soir créées pour elles par la styliste Yunona Tsereva, de Donetsk.
Évidemment, ce n’est pas sophistiqué, Gaultier-Chanel-Saint-Laurent ni transgenres...
Vous ne trouvez pas que ça change agréablement ? Qu’on a envie de les connaître ?
Irlande
Deux femmes dans un bateau et des oiseaux
« Murmuration »
C’est ainsi qu’ils appellent, par là, les nuages d’étourneaux
Peut-on jouer au foot avec un voile sur la tête ?
Fastoche !
Avouez que c’est plus gracieux que ces gros machos à crête ! Mais ne décourageons personne…
Algérie
Iran
Évidemment, « femme de footballer », c’est bien aussi… Spécial.
Au Québec, Martine Birobent
fait des poupées qu’elle dit « muselées », au tricot.
Elles sont souvent en train ou sur le point d’accoucher et, paraît-il, autobiographiques.
Découvrez-les ici :
http://decovermag.com/artistes/martine-birobent/
Et ici :
http://www.birobent.com/les-poupees-muselees-en-turquie/
Rien à voir avec l’actualité, simple homonymie :
Sarah Nemtsov
Est une compositrice allemande, née Reuter, épouse du pianiste et musicologue Jascha Nemtsov. Elle vit à Berlin.
On lui doit deux opéras : Herzland et L’Absence.
Site officiel (en allemand) : http://www.sarah-nemtsov.de/home_e.htm
Fiche Wikipédia (en anglais) : http://en.wikipedia.org/wiki/Sarah_Nemtsov
Pour les amateurs de musique moderne
« Zimmer I – III »
Rappel I
Journée de la femme (et de la petite fille) à Gaza
Rappel II
Militante des droits civiques pour les Noirs américains, communiste, proche du mouvement des Black Panthers et soupçonnée d’avoir trempé dans une prise d’otages, Angela Davis se retrouve sur la liste des femmes les plus recherchées par le FBI.
Source : http://notachocolatecake.com/2013/04/30/angela-davis-symb...
L’avez-vous lue ?
Angela Davis
Autobiographie
Bruxelles, Aden – 2013
464 pages
Angela Davis
Femmes, race et classe
Éditions des femmes – 2e éd. 2007
189 pages
Angela Davis
Les goulags de la démocratie
Au diable vauvert – 2006
156 pages
Et entendue ?
Mis en ligne le vendredi 13 mars 2015
17:00 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |
10/03/2015
L'EUROPE QUI RÉSISTE
L’Europe qui résiste
« En assassinant Trotski, les États-Unis faisaient coup double. »
Louis Scutenaire, Mes inscriptions
Italie
Pour les jeunes à qui on cache tout :
Giulietto Chiesa est un journaliste et homme politique italien né en 1940. Il a dirigé la Fédération de Gênes du PCI de 1970 à 1979. Il a été, pendant des années, correspondant à Moscou de L’Unità et de La Stampa, et parle donc couramment le russe.
En 2005, à Bruxelles, il a participé à la conférence anti-impérialiste Axis for Peace, organisée par le Réseau Voltaire. Comme Thierry Meyssan, il a très tôt remis en cause la version officielle des attentats du 11 septembre 2001 et leur a consacré unfilm, intitulé Zéro. Il est aussi l’auteur de nombreux ouvrages, dont Le carcere segrete della CIA in Europa, Edizioni Piemme, 2007 (« Les prisons secrètes de la CIA en Europe », inédit en français, vous m’étonnez).
Après avoir été député européen pour l’Italie, il a été candidat à la même fonction pour représenter la minorité russophone de Lettonie, mais n’a pas été élu.
En décembre dernier, à Talinn, Estonie, Giulietto Chiesa a été arrêté par la police et expulsé du pays pour avoir évoqué le rôle des Américains dans ce qu’il est convenu d’appeler l’Euromaidan.
Les jeunes gens du Saker-Italia sont allés l’interroger.
Questions à Giulietto Chiesa
Comme nous l’avions annoncé, Giulietto Chiesa a répondu à la demande de notre communauté. Nous ne voulons pas occuper trop de place dans cette interview, que nous estimons très importante par le nombre de thèmes abordés, par la précision de Giulietto Chiesa et la profondeur de ses réponses. Nous nous limiterons à attribuer à cet événement choral trois motifs : participation, générosité, sérieux. La participation est la vôtre. Nous sommes une publication jeune, mais nous avons déjà une équipe solide et en expansion, de personnes qui s’y consacrent avec intelligence et passion. Merci à vous tous, lecteurs. La générosité et le sérieux sont ceux de Giulietto Chiesa. Porter sur ses épaules presque entièrement le poids de la bataille pour la paix en Italie et dans une bonne partie de l’Europe demande un sacrifice personnel qui est le signe d’une grande générosité humaine, qui se manifeste aussi au moment où une personnalité connue du grand public décide de se priver d’une partie de son temps libre et d’en faire cadeau à la curiosité des lecteurs d’un blog comme le nôtre. Répondre avec le soin et l’attention que vous trouverez certainement dans les lignes que vous allez lire est preuve de son sérieux. Il n’y a rien d’autre à dire. Merci Giulietto Chiesa, merci Communauté Saker. Et bonne lecture. (Marco Bordoni)
À la fin des années 20 du siècle écoulé, l’opposition trotskiste appelait la Russie « un état travailliste dégénéré », en dénonçait l’absolutisme, le « bureaucratisme », et appelait les travailleurs à une révolution mondiale non seulement contre la bourgeoisie, mais aussi contre les « bureaucrates » des partis, qu’elle assimilait à la bourgeoisie. Aujourd’hui, beaucoup de voix, à gauche, accusent la Russie d’être un pays fasciste et absolutiste, en dénoncent la structure économique libérale, accusent de « rougebrunisme » ses amis, et soutiennent qu’on ne changera pas le monde en rééquilibrant les rapports de force entre les puissances et au moyen des organisations politiques, mais par des révolutions, organisées par des mouvements improvisés, à travers lesquels on devrait imposer universellement la conception atlantique des droits civils. Voyez-vous quelque similitude ?
Non. La gauche, en Italie et en Europe, a raté le train. À retourner en arrière lire les catéchismes du passé, on risque de ne rien comprendre à ce qui arrive aujourd’hui. Il n’y a aucune similitude. Faire ce genre de parallèle ne sert à rien. La situation est tellement différente… Elle a tellement changé. Par conséquent, les mots dont on se sert là sont inadaptés. Avec le temps leur signification a changé, c’est pourquoi je trouve qu’utiliser le vocabulaire du marxisme-léninisme-trotskisme pour expliquer la situation actuelle est inadéquat. Je ne saurais même pas par où commencer pour réfuter une approche aussi datée. En second lieu, toujours pour être très synthétique, je ne crois pas qu’il soit approprié de parler d’« affrontement entre impérialismes » mais d’un affrontement entre l’impérialisme américain et le reste du monde, dont la Russie et la Chine sont les deux principaux représentants. Mais pas parce qu’elles sont impérialistes : simplement parce que, tant la Russie que la Chine sont en train de résister à une offensive déchaînée contre elles par l’Empire entré en décadence. C’est sûr qu’elles sont aussi deux pays capitalistes, mais s’en tenir à cette constatation n’explique rien. Quant au « rougebrunisme » de la Russie, ce n’est à mes yeux qu’une imbécilité. C’est mon opinion : je l’ai déjà écrit des dizaines de fois et, en cela, je me démarque de ces positions, qu’elles soient de gauche ou pas. Quant à la révolution à faire, j’inviterais au réalisme. Ce seront les peuples russe, chinois, indien qui la feront. Nous, Européens, somme marginaux et sans influence.
Euromaidan. Pour Chiesa, cataloguer « trotskistes » les révolutions colorées n’a aucun sens. «C’est tout à fait inadéquat. Je ne saurais même pas par où commencer pour réfuter une approche aussi datée. »
Dans le cadre que j’ai décrit, on voit se former des convergences inédites. Des partis post-communistes se retrouvent souvent sur des positions euro-sceptiques et pro-russes, au coude à coude avec les nouvelles droites souverainistes comme celles de la Le Pen en France et de la Lega en Italie. Les partis dits réformistes défendent les agressions des USA, la discipline financière, les régimes fiondamentalistes et les néo-nazis installés par les révolutions colorées. Croyez-vous que ces convergences soient seulement occasionnelles ou qu’elles sont destinées à évoluer vers un scénario politique tout à fait nouveau, polarisé sur la dialectique souverainisme-globalisme ?
Le scénario, s’il y en a un, je ne crois pas qu’il sera défini par cette antinomie. Encore une fois, il me semble que nous nous faisons des illusions quand nous avons même l’idée de dicter leur programme aux 7 autres milliards d’individus. C’est tout simplement ridicule. Le programme de l’avenir est celui-ci : guerre mondiale, oui ou non ?
J’ai lu, lorsqu’il est sorti il y a sept ans, le livre de Maurizio Blondet* Stare con Putin ? (Effedieffe, 2007. NdT) Partagez-vous plus ou moins son point de vue ?
Je n’ai pas lu le livre, je ne puis donc pas porter un jugement. Ma position est la suivante : la Russie d’aujourd’hui constitue le premier et plus important rempart susceptible d’arrêter les États-Unis. Qui s’en vont en guerre. Si la résistance de la Russie s’effondre, le conflit armé entre la Chine et les États-Unis deviendra inévitable.
J’aimerais que vous estimiez la valeur géopolitique du mouvement de Beppe Grillo. Ne vous semble-t-il pas que quelques-uns de ses traits distinctifs (rhétorique anti-corruption, philosophie politique du minimum d’état, absence d’idéologie de rechange explicite, merchandising sur Internet, etc.) rappellent ceux de certains mouvements « colorés » ? Je m’explique : Croyez-vous que les États-Unis pourraient s’intéresser au mouvement Cinq Étoiles, si la dynamique de la politique internationale rendait à l’Italie un rôle-clé et si des tensions surgissaient entre les deux rives de l’Atlantique ?
Le mouvement Cinq Étoiles n’a jamais été et ne sera jamais une alternative de système. Il est l’expression de la crise politique et de la crise de la politique. Sa poussée populaire est d’ailleurs en voie d’exhaustion et il court le risque d’un émiettement. Dire s’il sera utilisé par les États-Unis et si oui, comment, me semble une question prématurée. Ce qui est sûr, c’est qu’il se trouve dans un état de paralysie grave.
Entre Poutine et Berlusconi, y a-t-il une véritable amitié ? (Roberto Santi)
De la part de Berlusconi, certainement. Poutine est plus subtil. Mais au-delà de l’amitié, il y a les intérêts. Et ceux-là ont coïncidé et coïncident.
Quels sont les dangers pour les pays européens qui ne s’alignent pas, comme la Serbie, la Hongrie et, demain peut-être, la Grèce ? (Stefano Orsi)
La Hongrie est en Europe, et, donc, pour l’instant, encore alignée.Assurément, les régimes de ces pays sont dans le collimateur. Il y aura des pressions très fortes, qui pourront aller d’un discrédit de leurs dirigeants aux sanctions économiques et jusqu’à la liquidation physiques des directions politiques de ces pays. Je crois donc que chacun de ces chefs d’État dezvra tenir compte du fait qu’aux États-Unis, il y a une direction qui est prête à tout pour éliminer les récalcitrants. De fait, pour ces dirigeants, les choses seront difficiles, comme elles le sont en ce moment pour tous les dirigeants européens.
Victor Orban et Vladimir Poutine à Moscou. Pour Chiesa, les dirigeants européens qui oseront défier les États-Unis devront affronter des risques graves « du discrédit aux sanctions, et jusqu’à la liquidation physique ».
Un de nos lecteurs propose un scénario complexe, qui suppose, au préalable, l’effondrement économique, politique et social de l’Union européenne. Au cas où cette hypothèse se vérifierait, le lecteur se demande si la Russie pourrait résister à la tentation d’intervenir directement comme facteur stabilisateur en Europe occidentale. (Luigiza)
Je ne crois pas que la Russie actuelle envisage ce genre de scénario, qui me paraît très abstrait et irréaliste.
Qu’est-ce que les USA ont sous-évalué de la renaissance russe au cours des quinze dernières années ? (Roberto Santi)
Obama et les néo-cons ont pensé que Poutine céderait, si on l’attaquait en Ukraine. Ils se sont trompés.En outre, l’offensive occidentale a provoqué une très forte prise de conscience chez des dizaines de millions de Russes. Poutine les représente remarquablement.
Ces derniers mois, nous avons assisté à des ouvertures surprenantes de la part de la présidence Obama : Cuba, l’Iran, et, dans une moindre mesure, la Biélorussie et la Corée du Nord. C’est une stratégie cohérente ou une improvisation ? L’objectif est-il d’enlever des alliés potentiels à la Russie et à la Chine ? Ou de déstabiliser ces pays après avoir normalisé les relations avec eux, comme l’enseignent le précédent libyen et la remarque de Kissinger, selon qui les États-Unis sont des ennemis dangereux et des amis mortels ? (Stefano Orsi)
Il me semble qu’il n’y a aucune possibilité de normaliser les relations avec tous ces interlocuteurs, moins que jamais avec la Corée du Nord et la Biélorussie. Non, je ne crois pas. Ce sont là des opérations tactiques d’Obama, qui s’apprête à remplir la dernière période de sa présidence – l’ultime phase de son second mandat – en tentant de laisser quelque chose qui ait un peu à voir avec ses programmes initiaux. Obama est un canard boiteux. Il peut juste essayer de modifier le jugement de l’Histoire sur ses deux mandats. Je doute qu’il y réussisse. Avec Cuba, quelque chose de bon pourrait en sortir… si les Républicains le laissent faire. Avec Téhéran, ce ne sera pas Obama qui décidera. Tout ce qu’il peut faire, c’est rafraîchir son maquillage.
Le rédacteur d’une revue d’études stratégiques émet l’hypothèse d’un scénario qui voit une normalisation des rapports USA-Iran dans une optique anti-russe (à l’exemple du précédent cubain), une distanciation vis-à-vis des États-Unis de la part d’Israël, assortie d’un rapprochement avec la Russie, qui pourrait avoir la faveur du russophone Lieberman. Une telle évolution vous paraît-elle possible ?
Il est certain qu’un repositionnement anti-russe de l’Iran serait très avantageux pour les États-Unis. Je doute que ce soit un scénario réaliste. Israël se cherchera d’autres protecteurs, dans le cas où les États-Unis deviendraient trop faibles. Seulement dans ce cas.
Une de nos lectrices se souvient de quelques indiscrétions qui ont circulé en mars dernier, à propos de tractations supposées entre la Russie et la Pologne pour une partition de l’Ukraine. En substance, on parlait d’assigner à la Pologne le Nord-Ouest et à la Russie le Sud de ce pays. Chiara se demande si ce scénario a encore une chance de se réaliser pacifiquement et si, dans le cas contraire, la guerre est une option probable. (Chiara)
Ce scénario est irréaliste, et, quoi qu’il en soit, je ne crois pas qu’il soit réalisable pacifiquement. Avant tout, la Russie n’est pas intéressée par ce genre d’échange, si tant est que la Pologne le soit, mais je doute qu’on puisse réaliser quelque scénario de ce genre de manière pacifique. Il n’est possible de le faire que par une guerre.
Partition de l’Ukraine. Selon Chiesa, c’est une proposition irréalisable, sans compter que la Russie « n’est pas intéressée ».
La guerre est-elle terminée ou y a-t-il un risque qu’elle reprenne ? (Stefano Orsi)
La guerre en Ukraine n’est pas terminée du tout. Si et comment elle reprendra dépend des États-Unis. Et dépend de la docilité des dirigeants européens.
Un de nos lecteurs, qui vit en Ukraine, considère que la question de la Crimée est une pomme de discorde potentielle qui pourrait provoquer un conflit général entre l’Ukraine et la Russie. Il se réfère au fait que la majorité des personnalités politiques ukrainiennes insistent pour inscrire la reconquête de la péninsule dans les priorités du pays. Il serait facile au gouvernement de Kiev d’organiser une provocation pour entraîner la Russie dans un conflit à vaste échelle. Notre lecteur pense qu’une reconnaissance du retour de la Crimée à la Russie par les autres pays des BRICS pourrait décourager l’Ukraine, et se demande pourquoi ces pays, en particulier la Chine, n’ont pas encore agi dans ce sens. (Matteo Cam).
Naturellement, si les pays des BRICS reconnaissaient la nouvelle physionomie d’état de la Russie et l’adhésion de la Crimée, ce serait utile à la Russie, c’est évident. Mais je ne le prévois pas à brève échéance. Sans compter le fait que mettre ensemble tous ces pays n’a pas beaucoup de sens, parce que la Chine, par exemple, ne reconnaîtra pas le nouvel état de fait, bien qu’elle n’ait en rien l’intention de nuire à la Russie. Elle ne le reconnaîtra pas parce qu’elle a ses propres problèmes à propos de Taïwan et du Tibet. Elle s’abstiendra donc de prendre position. La position du Brésil et d’autres états est différente. Mais je crois qu’aucun ne fera un geste dans cette direction. Ceci, pour la partie qui fait référence à la position des BRICS. Je suis en revanche en complet désaccord avec l’hypothèse qu’il puisse y avoir une quelconque possibilité de retour de la Crimée à l’Ukraine. C’est tout à fait hors de question. Cette hypothèse n’existe pas : elle ne pourrait exister qu’en cas de guerre mondiale. Oui, bien sûr, s’il y a une guerre mondiale, quelqu’un pourra rouvrir la question, mais penser que la Russie, dans l’état actuel des choses, puisse renoncer à la Crimée, équivaut à penser que la lune puisse quitter l’orbite de la terre et se mettre à tourner autour de Sirius.
Pourquoi la Russie a-t-elle arrêté si tôt l’offensive novorossienne ? Si les miliciens avaient pu s’éloigner de Donetsk et de Lougansk d’une cinquantaine de kilomètres et libérer aussi Marioupol, la phase de négociations qui s’en est suivie aurait été beaucoup plus simple, parce qu’elle n’aurait pas été troublée par les massacres de civils, provoqués par les bombardements continuels des gouvernementaux, campés à peu de kilomètres du centre de Donetsk. (Elisabeta Gavilina)
Je ne crois pas que la Russie ait arrêté grand-chose. La Russie a exercé une influence sur la situation, mais seulement de façon relative. C’est sur le terrain que se sont décidées beaucoup de choses. Et beaucoup de choses n’avaient été prévues par personne. La Russie a agi en tenant compte du cadre mondial, pas seulement du cadre local. La crise ukrainienne est une crise qui a une caractéristique locale précise, mais c’est en même temps une partie importantissime de la crise mondiale. Je crois, par conséquent, que Poutine a dû tenir compte de tous ces facteurs, et tous ces facteurs ont contraint la Russie à tenir compte de l’opinion publique européenne. Si la Russie s’était présentée comme un pays expansionniste, cela aurait été bien pire. Poutine a voulu montrer à tous que la Russie n’était pas intéressée par un élargissement de ses frontières. Elle l’a fait en Crimée parce qu’elle ne pouvait rien faire d’autre dans ces circonstances. Mais aller au-delà n’entre pas dans les plans de Poutine. Nous verrons bien, mais Poutine n’a pas l’intention de s’approprier une autre partie de l’Ukraine.
Entre fin août et début septembre, l’armée novorossienne a lancé une offensive qui a infligé des pertes épouvantables aux troupes de Kiev. Pour Giulietto Chiesa, l’issue du conflit s’est décidée principalement « sur le terrain ». (Source de l’image : Colonel Cassad)
Quelles peuvent être les possibilités réelles de l’extension à d’autres Oblast de la révolte qui a caractérisé la naissance de la Novorossia ? (Stefano Orsi)
Si Kiev ne change pas sa ligne anti-russe, tôt ou tard éclateront des révoltes dans les parties « russes » restées en dehors du Donbass, désormais indépendant du reste de l’Ukraine.
L’engagement russe dans l’aide au Donbass va-t-il se poursuivre ? Croyez-vous possible que la Russie abandonne le Donbass, dans l’éventualité d’une nouvelle offensive ukrainienne ? (Stefano Orsi)
Non, je ne crois pas que, dans le cas d’une offensive militaire (qui se transformerait en massacre) la Russie puisse rester les bras croisés. Je ne le crois vraiment pas. Parce que Poutine doit aussi tenir compte de l’opinion publique russe, et que l’opinion publique russe est en ce moment très mobilisée, psychologiquement, sur l’aide à apporter au peuple russe d’Ukraine. Par conséquent, un retrait russe et une renonciation complète à la défense des intérêts des Russes d’Ukraine ma paraît improbable. La Russie essayera de trouver une solution, disons pacificatrice, avec une indépendance de fait des régions du Donbass, qui, cependant, ne seront pas incorporées à la Russie. C’est certainement la solution que la Russie préférerait : l’indépendance ou une très large autonomie, pour une longue phase historique de ces deux régions, et après, on verra. C’est la position que je vois à Moscou. Après quoi, si l’Ukraine (qu’il soit clair que, quand je dis « l’Ukraine », je veux dire « les États-Unis d’Amérique ») a l’intention d’aller à l’offensive, je ne crois pas que Poutine laissera faire. Qu’il puisse laisser faire dans une situation de ce genre, je n’y crois absolument pas.
Peut-il exister des risques, en conséquence des accords intervenus entre les États-Unis et l’Ukraine dans le but d’alimenter en combustible américain les centrales nucléaires du pays ? Dans l’affirmative, on se demande pour quelle raison l’Union européenne ne soulève pas d’objections. (Stefano Orsi)
L’Union européenne n’en finit pas d’être enjambée par les décisions américaines en Ukraine. C’est là le problème principal des Européens.
« Récemment, la Russie a commencé à vendre à l’Ukraine de l’énergie électrique et du charbon. Cette action a laissé pantois beaucoup de ceux qui soutiennent la Novorossia. Pensez-vous que cela puisse être lié à la crainte d’un accident nucléaire du genre Fukushima, par interruption de l’alimentation électrique et fusion consécutive du noyau dans un des réacteurs ukrainiens ? » (Fabio Santoni)
La décision russe est dans la tradition : considérer dans tous les cas l’Ukraine comme un pays frère. Ce sont là des gestes politiquement importants pour désamorcer la russophobie de la partie occidentale de l’Ukraine. En ce qui concerne les risques d’accident, je pense que la situation intérieure de l’Ukraine, son désastre économique, la corruption, le désordre social et technologique, bref, que tous ces facteurs augmentent les risques d’accident, comme cela s’est produit à Tchernobyl. Mais je pense aussi que les États-Unis feront attention à ne pas laisser se produire ce genre de chose. Si jamais cela arrive, ce sera une catastrophe aussi pour l’Europe. C’est pourquoi j’ai l’impression que, sur ce point, le contrôle américain sera très attentif.
L’Occident a deux options : lent déclin ou guerre mondiale
De 2004 à aujourd’hui, vous aurez pu noter les évidentes incohérences politiques, dans les actions entreprises par la direction de Bruxelles : quelles seront, d’après vous, les conséquences d’une austérité qui ne donne aucun signe de vouloir diminuer, tandis que ces mêmes dirigeants européens pillent les caisses d’une nation après l’autre ? Beaucoup de conspirations, en ce siècle, se sont avérées véritables et risquent très fort d’offrir un tableau plus complet de la vérité que les médias n’arrivent à le faire. Vers quoi nous dirigeons-nous, mondialement et localement ? Y a-t-il une lueur à la fin du tunnel ? (Sascha Picciotto).
Vers quoi nous dirigeons-nous ? Il n’y a pas d’équivoque. Nous nous dirigeons vers la IIIe Guerre mondiale. C’est ma conviction. L’Europe sera entraînée bon gré mal gré dans l’orbite américaine, parce que, désormais, tous les Européens sont soumis au chantage des Américains et ne réussiront pas à s’en libérer, ce qui veut dire que les Américains réussiront très probablement, grâce au Traité Transatlantique (TTIP), à transformer de fait l’Europe en un de leurs appendices, c’est-à-dire l’angliciseront. C’est ainsi que je vois les choses. Car je ne vois pas de forces adéquates susceptibles de s’y opposer. L’Europe verra croître les forces de droite et nationalistes qui finiront par l’affaiblir du point de vue de sa capacité d’agir comme entité supranationale. C’est pourquoi je prévois une crise dramatique de l’Union européenne en tant que telle dans l’immédiat. La perspective n’est donc liée qu’à deux acteurs fondamentaux. Premièrement, la Russie et sa capacité de résister à l’attaque dont elle est l’objet financièrement, politiquement, et ainsi de suite. Je crois que la Russie résistera. Deuxièmement la Chine. La Chine est l’alliée de la Russie et la Russie résistera avec l’aide de la Chine. On se trouvera ainsi dans une situation orwellienne d’affrontement entre l’Asie et l’Occident (Russie et Chine unies). Cette situation peut déboucher sur la guerre. Il est possible qu’elle débouche sur la guerre. Il se peut aussi qu’elle se résolve par une lente et inexorable agonie de l’Occident. Ce sont les deux variantes possibles. Pour l’Occident, vaincre dans cet affrontement est exclu, parce que les perspectives de croissance mondiale qui l’ont soutenu tout ce XXe siècle n’existent plus.
1972 : Nixon rencontre Mao. Aujourd’hui, les USA et la Chine sont sur une trajectoire de collision. Selon Giulietto Chiesa « la Chine est l’alliée de la Russie et la Russie résistera avec l’aide de la Chine. On se trouvera ainsi dans une situation orwellienne d’affrontement entre l’Asie et l’Occident (Chine et Russie unies) »
Le fait que vous soyez « à contre-courant » est archi-connu, et maintenant, votre expulsion d’un pays démocratique – mais la démocratie existe-t-elle aujourd’hui ? – le confirme de manière éclatante. Devons-nous nous attendre à un accroissement du nombre des personnes déclarées non grata dans cette Europe soi-disant unie et démocratique ? (Kingeagle)
L’épisode qui m’a concerné n’est que le test réactif d’une situation intolérable, où on trouve des pays membres de l’Union européenne qui bafouent impunément les règles européennes en matière de droits humains. Contre les minorités russes.
Après les attentats qui ont eu lieu à Paris et ce qui vous est arrivé à Tallin, les personnes qui se mêlent de contre-information doivent-elles craindre pour leur sécurité ou même simplement d’être victimes de contretemps très désagréables dans leur vie quotidienne ?
Ben… si les choses continuent ainsi, j’imagine que oui. De la rencontre à Bruxelles des ministres des Affaire étrangères européennes, je crois que vont sortir les premières décisions comparables à un coup d’état, parce que c’est dans cette direction qu’on va : réduction des libertés démocratiques dans les pays occidentaux, forte augmentation des pouvoirs arbitraires des polices et des magistratures. Il s’agira d’une évidente prise en main autoritaire, qui est en préparation. Par conséquent, tous ceux qui voudront être libres de critiquer se trouveront certainement dans des conditions plus mauvaises.
Le lancement de Pandora TV : une réalité qui fournit une information alternative à des centaines de milliers d’Italiens. Ceux qui veulent aider Giulietto Chiesa peuvent le contacter.
Une dernière chose : les gens qui, éventuellement, voudraient aider votre cause ou faire quelque chose pour tenter de conjurer l’hypothèse la plus pessimiste vous ayez énoncée peuvent-ils vous contacter ? De quelle manière peuvent-ils entrer en relation avec votre groupe ?
Ils peuvent me contacter en écrivant à Alternativa, dont le site est
Nous répondons à tous ceux qui s’adressent à nous. Ou bien qu’ils me contactent sur Facebook (tant que cela dure). Premier point, je vous annonce que mon intention est de promouvoir… seul ou avec d’autres, on verra qui sera d’accord, une campagne internationale pour la dissolution de l’OTAN et pour la sortie de l’Italie de l’OTAN. C’est la forme d’activité qui est la plus efficace. Non que je croie cet objectif accessible dans l’immédiat, ni qu’on puisse sortir de l’OTAN du jour au lendemain. Tout le monde est bien conscient que le rapport des forces actuel rend cette tâche extrêmement difficile. Mais je pense que si le peuple italien donnait un signal fort dans cette direction, en même temps que le peuple grec, que le peuple espagnol et d’autres peuples européens, cela mettrait en place un solide élément de modification du tableau politique. Je voudrais que des millions d’Italiens, qui ont peur de ce qui est en train de se produire, comprennent que c’est une façon essentielle d’endiguer le péril qui nous menace tous et qu’ils fassent entendre leur voix. Nous avons un allié qui nous mène à la guerre. Tous ceux qui ne croient pas que cette guerre est juste, qu’elle n’est au contraire que de la démence, doivent le faire savoir. Faire cela signifie se battre pour que l’Italie sorte de l’OTAN et pour que déferle une forte vague d’exigences dans ce sens. Deuxième point : si quelqu’un veut m’aider, il doit savoir que je fais PANDORA TV, qui est désormais un point de référence pour 200.000 – 300.000 personnes en Italie. J’ajoute que ma page Facebook a enregistré hier 498.000 contacts. Ce qui signifie qu’autour de moi, en ce moment même, est en train de se rassembler un fort mouvement politique, pour la première fois depuis que le mouvement Cinq Étoiles a frappé. Mes excuses, mais c’est ainsi. Il faut préparer l’alternative à la grande déception que cette régression du M5S va provoquer. Je ne me fais pas d’illusions, et je ne me prends pas pour l’héritier de ce mouvement. Je raisonne et j’agis dans l’intérêt national. Tant mieux si le M5S se secoue et arrête de rater le train de la crise européenne et mondiale. Le M5S n’a pas été capable de comprendre ce qui se passait en Ukraine. Il semble incapable de comprendre ce qui s’est passé à Paris. Il n’a aucune interprétation de la crise mondiale. C’est dommage pour lui et pour nous tous. Je peux offrir mes connaissances. Si on les refuse ou si on ne les comprend pas, il ne me reste qu’à continuer quand même.
Traduction de c.l. pour Les Grosses Orchades
Source : http://sakeritalia.it/interviste/intervista-giulietto-chi...
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* Maurizio Blondet,auteur et conférencier, qui anime la revue de réflexion catholique Certamen. Il dirige, depuis 2003, le blog http://www.effedieffe.com/ (NdT)
Giulietto Chiesa, à la télévision italienne, sur les événements de Paris
Vidéo (ss-t.fr.)
Grèce
Dans notre rubrique « Les “élites” vivent d’expédients et ces expédients sont minables »…
Pas un mot à Berlin ! Plan révolutionnaire de l’homme de fer Varoufakis pour l’Europe.
par Mike Whitney – Counterpunch–19 Février 2015
(Vu des États-Unis)
« Le bras de fer en cours entre les gouvernements allemand et grec n’est rien de moins qu’une révolution démocratique contre l’hégémonie allemande et la volonté des Allemands et de leurs paladins de l’U.E. de dicter à la Grèce sa politique intérieure. »
Mathew D. Rose, C’est une révolution, idiot ! (Naked Capitalism)
« L’Allemagne est en train de se manger elle-même sur la Grèce. Elle érode son autorité morale et semble prête à détruire la zone euro, rien que pour avoir le dernier mot. »
Paul Mason, Entre l’Allemagne et la Grèce, c’est une lutte à mort, un choc des volontés à la fois culturel et économique. (Guardian)
Si vous n’avez pas suivi les récents développements de l’affaire Grèce-U.E., vous avez raté quelque chose. C’est sans doute la meilleure histoire de l’année, et ce qui la rend si passionnante, c’est que personne n’aurait cru que la minuscule Grèce pourrait défier les puissants dirigeants de l’U.E. et les faire caner. Et pourtant, c’est ce qui vient de se passer. Lundi (le 16 février, c’est nous qui sommes à la bourre. NdT), des membres de l’Eurogroupe devaient rencontrer le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis pour décider s’ils accepteraient les conditions posées par la Grèce à une extension de son actuel emprunt. Il n’y avait pas de réels changements au contrat. La seule différence était sémantique, à savoir que le prolongement du prêt ne serait pas un « renflouement » mais un « stade de transition vers un nouveau contrat n’entravant pas la croissance de la Grèce ». Autrement dit un pont jeté vers un programme de remboursement totalement différent.
La stratégie de Varoufakis ? Du pur génie, quand on y pense, puisqu’elle a réussi à déstabiliser les ministres des Finances de l’U.E. et jeté la pagaille dans leur politique. Après tout, comment pouvaient-ils voter « pouces en bas » contre un accord de prêt qu’ils avaient approuvé auparavant, rien que parce que sa formulation avait été un peu modifiée ? Mais s’ils votaient « pouces en haut », qu’allait-il se passer ?
Il allait se passer qu’ils accepteraient (donc approuveraient tacitement) la détermination de la Grèce de rendre son programme de remboursement moins punitif. Il allait se passer qu’ils ouvriraient ainsi la voie à la fin de l’austérité obligatoire et à une révision du programme de remboursement. Il allait se passer qu’ils reconnaîtraient ainsi, au gouvernement démocratiquement élu de la Grèce, le droit de changer la politique de l’Eurogroupe. Comment avaient-ils pu laisser se produire une chose pareille ?
Mais, encore une fois, comment pouvaient-ils voter contre ? Après tout, c’était essentiellement le même deal. Comme Varoufakis l’a souligné dans une conférence de presse de lundi :
« Nous acceptons les termes de notre contrat d’emprunt. Nous l’acceptons envers tous nos créanciers. » Et nous avons « accepté de ne rien faire qui puisse mettre en échec le cadre budgétaire existant pendant la période d’intérim. »
Voyez ? C’est le même deal.
C’est le petit problème qu’avait à résoudre l’Eurogroupe ce lundi, mais, au lieu de foncer comme l’aurait fait n’importe quel adulte rationnel, ils ont esquivé. Ils ont repoussé leur décision d’un jour et en sont restés là. C’était peut-être la chose intelligente à faire, mais pas la plus glorieuse. C’était comme si Varoufakis, en les regardant droit dans les yeux, les avait fait se débander comme des gamins apeurés.
Rappelez-vous que lundi était l’absolue dernière date-butoir pour décider si on approuvait ou si on rejetait les conditions de la Grèce pour un prolongement de son emprunt. Leur tâche n’aurait pas pu être plus simple. Tout ce qu’ils avaient à faire, c’était voter oui ou non.
Eh bien, ils ont dit que le temps du match était écoulé et ils sont partis shooter dans les canettes en espérant que le problème se résoudrait tout seul. Nous l’avons dit : pas vraiment glorieux pour l’U.E. Mais ce qui est encore pire, c’est le subterfuge qui a précédé ces rencontres. Voici le scoop : à peu près 15 minutes avant que les derniers conciliabules commencent, ils ont remis à Varoufakis un brouillon de communiqué commun énumérant les conditions revues de l’extension du prêt. Il fut agréablement surpris de constater que toutes ses demandes avaient été prises en compte et se préparait donc à signer le mémo définitif. Le hic, c’est qu’entre sa lecture et sa signature, le document qu’il avait lu avait été subrepticement remplacé par un autre, qui revenait aux positions antérieures sur tous les points cruciaux.
Je n’invente rien. Les tarés de l’Eurogroupe ont bien essayé de jouer à Varoufakis le très vieux tour des joueurs de bonneteau, en essayant de lui faire signer un document différent de celui qu’on lui avait soumis. Pouvez-vous imaginer ça ? Et c’est seulement parce que Varoufakis a scrupuleusement repassé le document final au peigne fin, qu’il s’est aperçu de la supercherie. On venait de lui refiler, purement et simplement le document d’origine – d’avant les discussions – en tablant sur sa confiance (sa naïveté ? son aveuglement ? rayez les mentions inutiles).
C’est là ce que font les gens qui n’ont aucun principe moral, qui se fichent pas mal de l’intégrité et de la crédibilité pourvu qu’ils arrivent à leurs fins. Ils ne jouent qu’à des jeux dont ils peuvent changer les règles au fur et à mesure.
Mais leur entourloupe arrogante n’a pas marché. Principalement parce que Varoufakis est trop fort pour eux. Il est aussi trop charismatique et talentueux, au grand dam des pompeux gros bonnets de l’U.E., qui ne supportent pas que ce jeunot d’universitaire marxiste ait conquis, en deux coups de cuillère à pot, l’admiration de la planète en renversant leurs petits plans si soigneusement mis au point pour que se perpétuent ad infinitum les six mortelles années de dépression de la Grèce. Ils n’ont jamais imaginé que l’opinion publique mondiale pourrait se retourner si dramatiquement contre eux et que les minables machinations de l’Eurogroupe allaient se retrouver scrutées au laser par l’Europe. Ce n’est pas du tout ce qu’ils voulaient. Ce qu’ils voulaient, c’était carte blanche pour imposer leur politique moyenâgeuse à ces paniers percés de Grecs, comme au bon vieux temps d’après la culbute de Lehman Brothers. Après tout, c’est ainsi qu’un projet impérialiste anti-démocratique comme l’U.E. doit fonctionner, non ?
Si. Sauf que Varoufakis et sa cavalerie marxiste ont jeté un bâton dans la roue du plan de l’Eurogroupe et remis son avenir en question. La marée a tourné de façon abrupte et le flux monte maintenant vers la raison, la solidarité et la compassion, au lieu de descendre vers la répression, l’exploitation et la cruauté. En quelques semaines, le jeu a changé, et il semble que ce soit la Grèce qui détienne les bonnes cartes.
Si vous regardez attentivement comment Varoufakis a joué contre l’Eurogroupe, vous devrez admirer la subtilité – et pourtant l’efficacité - de sa stratégie. Il n’y a pas que les tares et les défauts de ceux qui ont tort dans une joute, il y a aussi la vertu et les qualités de ceux qui sont dans leur droit. L’incident de lundi a fait clairement apparaître les deux. Si David n’a pas tué Goliath, il l’a certainement mis en déroute. C’est beaucoup plus que ce à quoi on s’attendait.
La « cause » n’a pas besoin d’être défendue, elle parle d’elle-même. Le renflouement des Grecs n’a jamais été une entreprise raisonnable, parce que le plan élaboré n’avait pas pour but d’aider la Grèce à sortir de sa dette et de la déflation, ni de retrouver une quelconque croissance. Ce n’était, fondamentalement, qu’en opération de relations publiques, rien d’autre qu’un rideau de fumée destiné à masquer ce qui se passait réellement dans les coulisses : un bradage massif du pays aux banques et aux actionnaires. Tout le monde sait cela. Allez voir chez Naked Capitalism :
« Selon Jubilee Debt Campaign, 92% des 240 milliards d’euros « prêtés » à la Grèce depuis 2010 sont allés aux institutions financières grecques et européennes. » Naked Capitalism.
Ouaip. Ce n’était qu’une (plutôt grosse) allocation d’assistance publique à la classe parasite. Les Grecs n’en ont jamais vu la couleur. Mais ce sont eux qui doivent « rembourser ». Et l’Eurogroupe veut qu’ils le fassent le petit doigt sur la couture du pantalon, en suivant leur « programme d’austérité » à la lettre.
Non, merci.
(…)
Tout le monde sait que « si vous êtes déjà au fond du trou, arrêtez de creuser ». C’est la logique du remède que veut appliquer Varoufakis : au moins arrêter de creuser. Et il est impossible d’y arriver en imposant des mesures inhumaines qui ne réussissent qu’à augmenter le chômage et à plomber l’économie. Cela ne peut être fait qu’en réduisant la dette et en mettant en route un programme qui aide l’économie à croître, jusqu’à ce qu’elle ait retrouvé la santé. Ce n’est pas sorcier, mais c’est anathème pour l’idéologie rétrograde de l’U.E., par moitié faite d’une économie pour crétins et par moitié de cafardise germanique. Mettez les deux moitiés ensemble, et vous vous retrouvez avec une dystopie pré-keynesienne, où une des régions les plus riches du monde s’enfonce de plus en plus dans l’anarchie, à seule fin de prouver que la solution des problèmes par l’austérité exponentielle, ça marche. Devinez quoi ? Ça ne marche pas. Nous avons six ans d’horreur en Grèce pour le prouver.
On notera que, dans cette affaire, l’Eurogroupe ne s’est pas un seul instant écarté si peu que ce soit de sa position originale. En d’autres termes, il n’y a jamais eu de négociations du tout. Ce qu’il y a eu, c’est une poignée de prétentieux arrogants, qui se sont contentés de rabâcher à l’infini leurs mantras discrédités, et peu leur importe que leur sacro-sainte austérité ait été condamnée par tous les économistes dignes de ce nom de la planète. C’est sûr que les escrocs ex-Goldman de la BCE n’en ont rien à f…, ni leurs compères adeptes du cilice pour les autres de Berlin. Ce qu’ils veulent, c’est tirer jusqu’à la dernière goutte de sang de leurs victimes grecques. Mais il vaut mieux savoir aussi que la dette exorbitante des Grecs n’est pour eux qu’un moyen vers une fin, vers le but qu’ils poursuivent en réalité : annihiler totalement le système social de l’U.E., écraser les syndicats, éviscérer les retraites, les salaires et les soins de santé, et privatiser tout ce sur quoi ils peuvent mettre leurs mains graisseuses.
N’oubliez cependant pas ceci : l’U.E. vient à peine d’échapper à une récession en trois poussées successives au cours du troisième trimestre, ce qui eût été son troisième plongeon en moins de six ans. Qu’est-ce que vous pensez d’un tel parcours ? Il ne fait qu’illustrer l’effarante mauvaise gestion économique de l’Union et l’incompétence de ses bureaucrates. En dépit de quoi, ils n’ont aucun scrupule à exiger de la Grèce qu’elle obéisse au doigt et à l’œil. Peut-on imaginer pareille outrecuidance ?
Heureusement, les Grecs ont pris leurs distances avec le troupeau et se sont cherché un sentier moins battu. Ils ont commencé par se débarrasser de leurs politiciens vendus et ont porté au pouvoir une équipe de cracks. Ah, mes amis, ce qu’ils s’en félicitent ! Le taux de popularité de Syriza crève le plafond et Varoufakis est devenu l’homme le plus admiré d’Europe. La question est maintenant de savoir si ces gauchos déterminés seront capables de répondre aux espoirs qu’ils ont fait lever. Il y a des raisons d’espérer, du moins si nous sommes d’accord avec la stratégie de Varoufakis.
Dans un de ses écrits antérieurs, il avait dit qu’il voulait « un New Deal » pour la Grèce :
« À moins que nous n'ayons un New Deal pour l’Europe, la Grèce n’aura aucune chance de s’en sortir… Que l’Eurozone se dote d’un plan rationnel est une condition sine qua non… Jusqu’à ce que (et à condition que) la zone Euro adopte un plan rigoureux pour empêcher que le train déraille, la Grèce n’aura aucune chance. » Naked capitalism
Okay, donc Varoufakis veut rester dans l’U.E., mais il y veut un changement de politique (réduction des dettes nationales, fin de l’austérité, relance de la fiscalité). Mais il a aussi d’autres plans plus ambitieux, dont personne, à Bruxelles, à Francfort et à Berlin, ne semble être conscient. Il veut changer la culture qui prévaut en Europe, petit à petit, progressivement, mais avec persévérance. Il veut une Europe plus réellement démocratique et plus sensible aux besoins de ses états membres, il veut aussi qu’elle soit plus unie ; qu’elle soit unie par des institutions et des programmes qui renforcent cette union. Il croit qu’il n’y aura de chance de succès que si des mesures concrètes sont prises « pour unifier le système bancaire », pour mutualiser la dette (« le gouvernement fédéral est lui-même endetté, en plus des états et par-dessus eux »)… « Et troisièmement, nous avons besoin d’une politique d’investissement qui recouvre toute la zone Euro… d’un mécanisme de recyclage général… À moins que nous ne nous dotions de tout cela, je crains qu’il n’y ait absolument rien à faire pour empêcher son lent mais inexorable déraillement. » Naked capitalism.
Voilà. Vous avez le topo : nationaliser le système bancaire, créer un marché obligataire à l’échelle de la zone Euro ; établir des mécanismes de transferts fiscaux vers les états plus faibles, comme nous le faisons aux États-Unis via l’aide sociale, les timbres de rationnement alimentaire, les contrats gouvernementaux, etc, pour créer une sorte d’équilibre entre les états très riches et productifs comme la Californie et New York et les états pauvres comme le Dakota du Sud ou l’Oklahoma. (Euh… NdT). C’est ce qu’il faudra pour créer des États-Unis d’Europe viables et leur éviter ces frustrantes crises à répétition. Varoufakis le sait. Bien sûr, il ne pousse pas à cela dans l’immédiat. Du moins pas encore.
Il a décidé d’y aller lentement, pas à pas. Des changements progressifs, voilà l’idée. Continuer à creuser son sillon et à se rallier des partisans, jusqu’à ce que le vieil édifice craque et que la démocratie apparaisse.
C’est là le plan de Varoufakis résumé. La révolution par le dedans.
Pas un mot à Berlin !
Traduction c.l. pour Les grosses Orchades
Source http://www.counterpunch.org/2015/02/19/ironman-varoufakis...
Mike Whitney vit dans l’état de Washington. Il est un des auteurs de Hopeless : Barack Obama and the Politics of Illusion (AK Press). Ce livre est également disponible en édition Kindle. On peut le joindre à fergiewhitney@msn.com.
En dépit de la presse d’Outre-Rhin…
… et des braves Américains qui sont loin, nous sommes ici persuadés que la révolution en question ne se fera ni sans ni contre les Allemands, lesquels sont en assez grand nombre capables de comprendre les vrais enjeux et d’y adhérer, malgré – et contre – les Pegida de tous ordres, qu’on leur flanque dans les pattes pour tenter de détourner leur juste sévérité vers le bouc-émissaire musulman, vieux truc qui ne trompe plus que les irrémédiables zozos. Et la presse(tituée) qui gagne sa croûte d’intoxicatrice à gages.
Die Linke
Pendant qu’on y est :
Comment je suis devenu un Marxiste inconstant
Yanis Varoufakis – Arrêt sur Info – 7 mars 2015
Avant d’entrer en politique, Yanis Varoufakis, l’iconoclaste ministre grec des Finances, qui joue un rôle de premier plan en cette nouvelle période troublée de la zone euro, avait rédigé cette critique virulente du capitalisme européen, tout en indiquant les leçons que la Gauche pouvait tirer des erreurs de Marx.
En 2008, le capitalisme mondial fut pris de spasmes, pour la deuxième fois. La crise financière déclencha une réaction en chaine, qui entraîna l’Europe dans une spirale récessive, dont les effets continuent à se faire sentir, aujourd’hui encore. La situation actuelle de l’Europe ne constitue pas seulement une menace pour les travailleurs, les déshérités, les banquiers, les classes sociales ou, en fait, les nations. Non: l’attitude actuelle de l’Europe représente une menace pour la civilisation, telle que nous la connaissons.
Si mon pronostic se vérifie, et si nous n’avons pas simplement affaire à une crise cyclique de plus, qui sera surmontée sous peu, les radicaux se retrouvent face à la question suivante: devrions-nous nous réjouir de cette crise du capitalisme européen, voir en elle la possibilité de son remplacement par un système meilleur? Ou bien, devrait-elle nous inquiéter, au point de justifier notre engagement dans une campagne de stabilisation du capitalisme européen?
Source : http://arretsurinfo.ch/yanis-varoufakis-comment-je-suis-d...
Et pourquoi Yanis Varoufakis ne s’adresserait-il pas aux Français ? Si on le lui demande gentiment :
Nous avons interviewé le ministre des Finances grec
Charles Sannat : Vous vous définissez vous-même comme un «contrarien». Pouvez-vous nous en dire plus ?
Yanis Varoufakis : Dans un monde où le paradigme dominant fait obstacle au partage de la prospérité, à la justice et à la liberté, il incombe à ceux qui tiennent ces principes pour fondamentaux de s’opposer au prêt-à-penser. S’opposer aux opinions et aux règles juste pour le principe de s’opposer ne rime à rien et est dangereux. Mais s’opposer à ce qui sape systématiquement les valeurs sur lesquelles repose une société civilisée est un devoir moral.
CS : Vu de France, on a l’impression que dans les négociations en cours entre l’Europe et la Grèce on n’est d’accord sur rien et que les institutions européennes sont intraitables. Est-ce une impression ou la réalité ?
YF : Il y a forcément des points sur lesquels nous sommes d’accord. En effet, il est dans l’intérêt de tous en Europe, y compris de celui de nos créanciers, que la Grèce retrouve une croissance nette. A mes yeux, le problème semble être que l’inflexibilité de l’Europe quant à la politique qu’elle mène vient de ce qu’elle est résolue, ce que l’on peut comprendre, sans pour autant trouver cela judicieux, à ne pas admettre que le «remède » appliqué depuis cinq ans n’a fait qu’aggraver une situation déjà très mauvaise.
Source : http://arretsurinfo.ch/nous-avons-interviewe-le-ministre-...
Charles Sannat est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires. Il est actuellement le directeur des études économiques d'Aucoffre.com et rédacteur du ContrarienMatin, ‘Décryptage quotidien sans concession, humoristique et sarcastique de l’actualité économique’.
Choses à lire :
Yanis VAROUFAKIS
Le Minotaure planétaire: L'ogre américain, la désunion européenne et le chaos mondial
Enquêtes et perpectives – Déc. 2014
318 pages
Sur le blog de Yanis Varoufakis « Pensées pour le monde post-2008 » :
L’Europe a besoin d’une Allemagne hégémonique
http://yanisvaroufakis.eu/2013/02/22/europe-needs-a-hegemonic-germany/
Mais aussi :
http://questionscritiques.free.fr/edito/Varoufakis_Michel...
Mais il ne faudrait pas croire qu’il n’y en a que pour les Finances ! Et puisqu’il existe un blog Syriza en France, nous l’avons pillé :
Discours d’Alexis Tsipras au Comité Central de SYRIZA
Camarades,
Nous sommes au début d’un long et difficile combat, unis non seulement par le programme sur lequel le peuple grec nous a accordé sa confiance, mais aussi par les principes, les valeurs fondamentales, les idées et l’histoire de la gauche, par notre volonté de servir le peuple et le pays, par nos relations franches et ouvertes avec les travailleurs, avec ceux qui créent et inventent l’avenir par notre attachement à la démocratie et à la justice sociale, par la mobilisation solidaire du peuple autour de revendications mûres, qui donnent son vrai sens au mot progrès.
Et pour qu’il n’y ait pas de confusion – je tiens à dire clairement que :
Si nous représentons le nouveau, le « sans précédent », l’espoir de changement, cela ne signifie pas pour autant que nous sommes nés de la dernière pluie.
Source : http://syriza-fr.org/2015/03/04/discours-d-a-tsipras-au-c... Traduction : Vassiliki Papadaki
Mieux vaut tard que jamais (on parle pour nous aussi) :
Manifestations de soutien à la Grèce un peu partout en France
Présent au rassemblement en soutien au peuple grec place du Palais Royal à Paris le 11 février 2015, Jacques Cheminade appelle à résister avec la Grèce et les BRICS, face à la finance criminelle qui nous mène à la guerre. A l'image du Conseil National de la Résistance en France en 1944, les pays du monde doivent aujourd'hui se rassembler sur l'essentiel : arrêter d'appliquer le garrot de la dette et créer un futur vivable pour les peuples.
Au milieu de toute cette excitation, on ne parle pas beaucoup des prisonniers de Grèce. Politiques. Qui se souvient de leur longue grève de la faim pour protester contre les conditions inhumaines de détention dans les nouvelles prisons haute sécurité qui venaient d’être construites ? Il semble que les conditions inhumaines ne leur soient pas appliquées par le nouveau gouvernement, mais ils y sont toujours.
Nous avons reçu ceci du Secours Rouge de Belgique
Secours Rouge/APAPC
Auberge espagnole pour soutenir une action de solidarité en Grèce
Chèr(e)s amis, chèr(e)s camarades
Sous la pression de la Troïka et en réponse aux résistances contre les plans d'austérité, l'ancienne coalition au pouvoir en Grèce avait fait voter une série de lois répressives.
Un loi élargissant la définition du « terrorisme », qui a permis l'emprisonnement de communistes turcs réfugiés en Grèce, une loi privant les prisonniers révolutionnaires du bénéfice des congés pénitentiaires et des réductions de peine et une loi plaçant les prisonniers révolutionnaires dans un prison spéciale d'isolement (à Domokos).
L'arrivée au pouvoir de la nouvelle coalition a suspendu certaine de ces mesures : les prisonniers ont biens été transférés dans la prison spéciale de Domokos mais le régime d'isolement n'a pas été mis en application).
L'abolition des nouvelles lois spéciales de répression figurait parmi les promesses électorales de Syriza, mais rien n'a été fait en ce sens.
Ce 2 mars, les prisonniers ont entamé un mouvement de lutte pour l'abolition des lois spéciales, notamment par une grève de la faim.
Trois journées de mobilisations internationales sont prévues à Athènes les 26, 27 et 28 mars. Les organisateurs ont appelé à une présence majeure du Secours Rouge International.
Le Secours Rouge de Belgique va envoyer une délégation importante (au moins 9 personnes partiront à Athènes).
Pour aider au financement de cette délégation, nous invitons nos plus proches amis et sympathisants à une petite fête chez Nathalie (33 rue du Métal, 1060 -Saint-Gilles).
La fête est informelle (verre de l'amitié, auberge espagnole et discussions) et en comité relativement réduit.
Merci donc de nous réserver votre vendredi 13 mars en soirée (et/ou de verser une contribution au compte BE09 0016 1210 6957 avec mention « Grèce »).
Salutations solidaires
Le Secours Rouge
Actualité de la répression et de la résistance à la répression
Grèce : Les anarchistes occupent le siège de Syriza en ce moment
Depuis environ midi, quelques dizaines d’anarchistes occupent le siège de Syriza, ils ont accroché des banderoles sur le bâtiment et jeté des flyers par les fenêtres. Voici leur communiqué :
« "Aujourd’hui, dimanche 8 mars, nous faisons une occupation. Nous exigeons la satisfaction immédiate des revendications des combattants prisonniers en grève de la faim : le retrait des législations spéciales anti-terroristes, et en particulier les lois sur les "organisations criminelles" (lois 187 et 187A). Le retrait des lois répressives spéciales (loi anti-masques), et le retrait des prisons de type-C qui sont le symbole de l’exemption des prisonniers politiques. Le retrait de l’utilisation et du traitement de l’ADN comme preuve. Nous appuyons également la demande pour la libération immédiate de S. (NdT : Savvas Xiros). qui est exterminé depuis 13 ans par la vengeance de l’état. Et nous appuyons la demande des membres de la Conspiration des Cellules de Feu pour la libération de leurs parents". »
Aux dernières nouvelles, peu de policiers sont présents sur place.
Les anarchistes grecs occupent Syriza
Source : http://www.secoursrouge.org/Grece-Les-anarchistes-occupen...
Solidarité populaire :
Les syndicats grecs offrent des vacances aux enfants de la République Populaire de Lougansk
5 mars 2015
Hier, mercredi 4 mars, le chef des syndicats de la République Populaire de Lougansk, Oleg Akimov a annoncé à la presse que les syndicats grecs avaient proposé d’organiser des vacances d’été dans leur pays, pour les enfants de la RPL.
Selon Akimov, les autorités de la RPL ont entamé des négociations pour organiser ces vacances d’été au bénéfice des enfants de familles privées de protection sociale, en mettant néanmoins tout en œuvre pour que les fermes de santé de leur propre pays soient en état de recevoir autant d’enfants que possible, dans les conditions de sécurité nécessaires.
Traduit (librement) par cl. pour Les Grosses Orchades
Source : http://novorossia.today/greek-trade-unions-suggested-prov...
Espagne
Le Fantôme du Caudillo frappe encore
ou
l’Espagne serait-elle restée franquiste sans que personne ne nous en ait rien dit?
Huit jeunes brigadistes espagnols (communistes) de retour du Donbass, où ils se sont battus aux côtés des Ukrainiens du Sud contre l’armée nazie de Kiev, ont été arrêtés à leur retour en Espagne. En vertu de quelles lois ?
Source : http://www.initiative-communiste.fr/articles/internationa...
Grain de sel des Grosses Orchades :
« Le Parti Communiste Espagnol demande »… « Demande » ? Vous allez dire qu’on pinaille... Il ne pourrait pas exiger ?
Qui a peur de l’Incorruptible ? Pablo Iglesias et la Révolution française.
par Olivier Tonneau, Homerton College, Cambridge
Pablo Iglesias
Cet article est paru en anglais dans le journal The Guardian du 18 février 2015.
Pablo Iglesias, le dirigeant du parti espagnol Podemos, est un homme traqué par l’Histoire – et particulièrement par l’histoire de la Révolution française. Ses références à la guillotine font en effet couler beaucoup d’encre dans les médias espagnols. En juin 2012, en réaction aux coupes budgétaires imposées par le gouvernement, Pablo Iglesias tweetait : « Des coupes, d’accord… mais avec la guillotine » . Un an plus tard, il publiait une tribune intitulée « Une Guillotine à la Puerta Del Sol » . La même année, dans une interview télévisée, Iglesias demandait : « Savez-vous quel acte symbolise l’avènement historique de la démocratie ? C’est l’exécution d’un roi, Louis XVI, décapité par la guillotine. »
« Les Espagnols se seraient épargnés bien des horreurs s’ils avaient fait usage de l’outil de la justice démocratique » déplorait Iglesias, avant de citer Robespierre : « Punir les oppresseurs de l'humanité, c'est clémence ; leur pardonner, c'est barbarie. » Il ne se passe pas une semaine sans qu’il soit fait référence à ces propos dans le débat public. La semaine passée, Eduardo Garcia Serrano, fondateur du journal de centre-droit El Mundo, surnommait ironiquement Iglesias « El incorruptible Senor X ».
Source : http://revolution-francaise.net/2015/02/23/610-qui-a-peur...
Le parti Podemos (Podem en catalan, Ahal Dugu en basque), de M. Pablo Iglesias Turrión a fait plus : il a demandé à Madame Florence Gauthier, historienne de la Révolution, la permission de traduire et de diffuser ses écrits en Espagne. Permission accordée avec joie.
Les Français n’auront pas cette chance, à moins qu’ils connaissent le chemin du site-mère (ou père ?) : http://revolution-francaise.net/ et celui du Canard Républicain : http://www.lecanardrépublicain.net/
Les autres devront se contenter de l’ineffable Marion Sigaut, historienne-maison du mouvement Inégalité&Division, qui vient d’épouser celui des royalistes vendéens. Soucieuse de satisfaire ses sponsors du bocage, dame Sigaut part en guerre pour la monarchie et contre la République (la vraie, la Première), et réclame, avec ses maîtres, le retour du catholicisme comme religion d’État. Meuh, non, ce n’est pas de l’islamo-judéophobie, qu’allez-vous chercher là ? Et de s’en prendre au Plan d’Éducation Nationale de Lepeletier de Saint-Fargeau, par elle décrété, pâle hîlote, « totalitaire ». Pauvre Lepeletier, déjà assassiné de son vivant, si on ose dire…
Côté royalisme de pointe : « La monarchie est démocratique, si le peuple choisit le système » (Soral). À cœurs vaillants, rien d’impossible… Ils ont même deux vrais prétendants : Louis XX et Henri V (Bourbon, les deux). Qui les départagera ? Une petite guerre dynastique ?
Excusez-nous, on n’a pas de Tsipras, ni de Varoufakis ni d’Iglesias sous la main. On fait avec ce qu’on trouve.
Russie
Qui a tué Nemtsov ?
Par Israël Adam SHAMIR– Entre la plume et l’enclume – 8 mars 2015
C’est fait, les assassins présumés de Nemstov sont sous les verrous et il s’agit (prière de marquer une pause étranglée) de musulmans de Tchéchénie qui avaient nous dit-on une furieuse envie de punir l’homme politique ardemment Je-Suis-Charlie. On ne dispose pas encore de rapport officiel, mais c’est la version peu plausible que l’on répand à Moscou.
Alors, notre 11 septembre à l’échelle d’un pauvre type ? Certes, l’assassinat de l’homme politique russe a tout l’air de sortir des mêmes studios hollywoodiens à gros moyens, qui nous ont servi le 11 septembre et le marathon de Boston, et Charlie’s tuerie. Ces crimes à New York, Boston, Paris et maintenant Moscou ont deux points communs : les musulmans, dans le rôle d’accusés, et le fait que personne n’y croit vraiment ; la défiance s’est répandue comme la poudre, et s’étend aux détails du récit tels qu’ils sont publiés
Source : http://www.plumenclume.net/articles.php?pg=art1694
Nous avons, dans notre précédent post publié l’analyse d’Alexander Sobyanin, parce que, dans ses grandes lignes, nous pensions qu’elle était juste. Nous publions aujourd’hui celle d’Israël Shamir, parce que nous pensons de même. Nous contredisons-nous ? Pas du tout.
Et cette occasion est aussi bonne qu’une autre pour répondre à plusieurs mails que nous avons reçus hors commentaires. Notre conviction à nous est qu’indépendamment de tous les autres facteurs (pressions sur Merkel-Hollande, rapprochement avec l’Occident aux frais des Tchétchènes), Boris Nemtsov a été « sacrifié » pour permettre à ces Messieurs-Dames (car il y a des dames !) de la CIA, de l’OTAN, du MOSSAD et autres espèces létales de SAUVER LA FACE. Car, à quoi avons-nous assisté, depuis des mois ? À des fanfaronnades (on peut dire aussi de l’intoxe), comme quoi on allait voir ce qu’on allait voir, le « printemps russe » était imminent, l’« Euromaidan » moscovite programmé (pour le 1er mars) et l’inévitable chute de Vladimir Poutine assurée les doigts dans le nez. Or, qu’aurait-on vu, en réalité, si Nemtsov n’était pas si opportunément mort ? Rien du tout. La montagne n’aurait même pas accouché d’une souris. Les sinistres drilles qui nous emmènent à l’abîme s’étant juste contentés de pratiquer, comme de plus en plus souvent, la méthode Coué. Avec cette mort si opportune, le FIASCO TOTAL du regime change annoncé en fanfare est passé muscade. Et quoi de plus normal, de leur point de vue d’honnêtes tueurs en séries, que d’accuser de ce pis-aller celui qui aurait dû en être la victime, si les dieux n’étaient pas si récalcitrants aux injonctions « démocratiques » ?
C’est assez dire que nous ne croyons pas une seconde à la fable tchétchène ! Quels impératifs de real politik poussent les Russes à coller ce meurtre (qui a peut-être été physiquement exécuté par un musulman, la question n’est pas là) sur le dos de quelques lampistes barbus ? Nous l’ignorons et nous n’avons pas le droit de les juger. Ils se battent pour nous, dans une guerre à mort où nous leur laissons prendre tous les risques sans les aider. Nous nous posons quand même la question suivante :
Dans un cas semblable, Robespierre aurait-il, par réalisme politique, fait porter le chapeau d’un crime à un bouc-émissaire quel qu’il soit ? La réponse est NON. Quoi qu’il lui en eût coûté.
Il y a des circonstances où les principes prennent le pas sur n’importe quel réalisme. Parce que leur action est primordiale et son effet à beaucoup plus longue échéance. Encore une fois, nous ne jugeons pas. Nous nous accrochons à ce qui nous sert de boussole.
Et, pour rappel :
« Le peuple peut, quand il lui plaît, changer son gouvernement, et révoquer ses mandataires »
Maximilien Robespierre
Homère et Michel-Ange n’ont jamais eu le téléphone. Et ce n’est pas de cela qu’ils sont morts.
Dans cet ordre d’idées, Jean-Pierre OTTE nous envoie une brève réflexion que viennent de lui inspirer les Dernières Nouvelles de l’Homme.
Nous ne les connaissions pas. Belle occasion de faire connaissance. Les voici l’un derrière l’autre :
La porte personnelle
Sonnez à votre propre porte à un moment où vous ne vous y attendez pas, recommande le chroniqueur des Dernières nouvelles de l’Homme. Venez vous ouvrir et pénétrez à l’improviste en vous-même. Allez à votre rencontre ou restez pour un temps un passager clandestin réfugié dans les soutes, puis se glissant par les écoutilles. En un mot comme en cent : visitez-vous ! Voyagez en vous-même : le marcheur évolue dans sa propre géographie, des racines des cheveux à la plante des pieds, de la chambre alvéolée de la mémoire à celle, contiguë, de l’imaginaire.
A l’échelle de l’univers nous sommes un grain de poussière impossible même à distinguer à l’œil nu, et pourtant, ce grain de poussière, capable d’humeur et de mouvement, contient tout un monde. Unité du nombre, le détail résume l’ensemble et l’infini intérieur vaut l’infini des galaxies alors que le monde se modifiant nous modifie en retour.
L’aventure est de descendre en soi-même, à l’intérieur de son puits aux images, au bout de sa galerie de prospection, au fond de son village mongol, où ce qu’il y a en nous de plus audacieux et de libre rencontre des déesses fluides, la figure énigmatique du hasard, des visages dévoilés pour d’invraisemblables liaisons. Un pays intérieur, intime et tangible, qui a ses mythologies, ses trouvères, sa loi morale et son ciel étoilé, dans le goût de l’impossible et du vrai, dans le plaisir de l’inexplicable et de l’évidence tout à coup révélée.
Tout au fond, au plus obscur, comme on le ferait d’une racine entre les doigts, dégagez un désir, le vôtre ; saisissez-le au vif, aiguisez-le au-delà de toute espérance. A partir de ce désir de vie qui est le vôtre, tout, de toutes parts, est ouvert, offert à vos pas. Il n’y a plus d’obstacle, et il n’y en a peut-être jamais eu. Vous retournant par acquit de conscience, vous constatez même qu’il n’y avait pas de porte.
Dans cette aventure personnelle, ce n’est pas d’instruments de chirurgie meilleurs dont nous avons le plus besoin. Ni de pouvoir d’achat, de primes à l’emploi et de sécurité sociale. Pas davantage de conférences au sommet, de téléphonie sans fil et d’informations intempestives qui nous occultent en définitive la réalité vraie du monde sous la taie d’un malheur indifférent. Mais de l’expérience immédiate de s'éprouver en vie, de se sentir respirer ici et maintenant. Respiration et en même temps perspiration, percolation par tous les pores. Soyons buveurs de vent, ivrognes de la fluidité, partisans inconditionnels du prodige ordinaire qui avive et revivifie le sang, aiguise les sens, délie et affine les pensées dans un luxe d’évidence, l’idée et le désir même d’une manière plus exaltante de se conjuguer au présent.
Il faut restituer à chacun la certitude d’exister à titre d’exception au rythme même, métronomique, de sa respiration.
Jean-Pierre Otte
Pour rappel :
http://plaisir.d-exister.pagesperso-orange.fr/
Ce qui suit serait tout à fait à sa place dans notre post fantôme sur la Chine, mais puisque la Chine n’en finit pas d’être remise, depuis Noël, aux calendes, inversons l’ordre.
Les Dernières Nouvelles de l’Homme
Au gai savoir – Les miscellanées du Joueb de Joël
Diversité
6 mars 2015
Un beau texte sur l'enrichissement qu’entraîne la diversité, texte extrait de la poésie du gérondif de Jean-Pierre Minaudier.
Chomskyens : Noam Chomsky est un linguiste américain qui a pris la grosse tête depuis qu'on l'a gratifié du titre pompeux de « plus grand intellectuel vivant ». Il est un défenseur de l'idée d'une grammaire universelle des langues et en bon américain il ne comprend même pas la mentalité française, il l'a prouvé plusieurs fois.
(Il faut descendre dans le blog et chercher "Diversité")
Source : http://perinet.blogspirit.com
(Lire « occidentalocentrisme » et « une tradition “classique” »)
Voilà qui ne va pas nous faire que des amis chez les Chomskyens. À vos plumes, si vous n’êtes pas d’accord. La section « Commentaires » est faite pour cela.
Et… ah, la lettre de Diderot à Voltaire ! Deux cent cinquante ans et plus que toutes ses dents : d’une fraîcheur d’œuf du jour. Même si on lui fait faire une faute de français impardonnable. Ne pas se relire… ne pas se relire… c’est bien beau, mais c’est mal élevé.
En attendant :
Jean-Pierre MINAUDIER
Poésie du gérondif
Le Tripode Éditions – 2014
157 pages
Présentation de l'éditeur
Jean-Pierre Minaudier n'est pas un homme ordinaire. Cet amateur de mots est victime d'une terrible addiction : il possède une des plus grandes bibliothèques personnelles au monde de grammaires et s'en nourrit comme d'autres lisent des poèmes et des BD (qu'il lit aussi). Dans Poésie du gérondif, armé de ses quelque 1163 grammaires, concernant plus de 800 langues, il nous raconte avec humour et quantité d'exemples pourquoi chaque langue véhicule une vision particulière de l'univers...
Note biographique sur l’auteur
Diplômé de l'École normale supérieure et historien de formation, Jean-Pierre Minaudier s'est découvert sur le tard un amour pour les langues rares. Depuis, il enseigne le basque et l'estonien (qu'il traduit aussi, on lui doit notamment la version française de L'Homme qui savait la langue des serpents, d'Andrus Kivirähk) et jongle compulsivement avec les centaines d'autres idiomes qui nichent dans sa bibliothèque.
Pendant qu’on y est :
Andrus Kivirähk
L’homme qui savait la langue des serpents
Traduit par Jean-Pierre Minaudier
Illustré par Denis Dubois
Le Tripode Éditions – 2013
440 pages
Prix de l'Imaginaire 2014 du roman étranger
Voici l'histoire du dernier des hommes qui parlait la langue des serpents, de sa sœur qui tomba amoureuse d’un ours, de sa mère qui rôtissait compulsivement des élans, de son grand-père qui guerroyait sans jambes, d’une paysanne qui rêvait d’un loup-garou, d’un vieil homme qui chassait les vents, d’une salamandre qui volait dans les airs, d’australopithèques qui élevaient des poux géants, d’un poisson titanesque las de ce monde et de chevaliers teutons épouvantés par tout ce qui précède... Peuplé de personnages étonnants, empreint de réalisme magique et d’un souffle inspiré des sagas scandinaves, un roman à l’humour et à l’imagination délirants.
L’Auteur
Andrus Kivirähk est un écrivain estonien né en 1970 à Tallinn. Phénomène littéraire dans son pays, journaliste et essayiste, son œuvre importante suscite l’enthousiasme d’un très large public qui raffole de ses histoires. Il écrit des romans et des nouvelles, des pièces de théâtres, des textes et des scénarios de films d’animation pour enfants.
Le Traducteur
Jean-Pierre Minaudier est né en 1961 à Lyon. Ancien élève de l'École Normale Supérieure, professeur d’histoire en hypokhâgne et khâgne, traducteur, il est également chargé de cours d’histoire estonienne et de traduction littéraire depuis l’estonien à l’INALCO et enseigne le basque à la Maison Basque de Paris. Son temps libre est assez compté.
Le Dessinateur
Reprenant à son compte la tradition des collages surréalistes, Denis Dubois manipule les gravures en laissant parler son imaginaire. Il se présente lui-même comme un manufactureur d’images, avoue pour lecture de prédilection le bottin et fait de L’Attaque de la moussaka géante son film préféré.
En savoir plus :
http://www.le-tripode.net/livre/andrus-kivirahk/lhomme-qu...
Mis en ligne le 9 mars 2015
00:35 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
04/03/2015
MEURTRE UTILITAIRE DE LA SEMAINE
Meurtre utilitaire de la semaine
ou
Charlie Hebdo en Russie
Donc, « ils » (remplissez les blancs si vous savez qui) ont occis Nemtsov.
Pour le cas où vous ne sauriez (légitimement) pas de qui il s’agissait, voilà :
Boris Efikmovitch Nemtsov, né à Sotchi en 1959, mort le 27 février 2015, de quatre balles dans le dos, sur le pont Moskvoretskyà Moscou, soit à deux pas du Kremlin.
« How do you know it’s a false flag? When John McCain surfaces to express his ‘heartfelt’ condolences to his friend Boris Nemtsov… » -redpilltimes.
Physicien de formation, il était entré en politique après la catastrophe de Tchernobyl, jusqu’à devenir, dans les années 1990, un ministre de l’Énergie de Boris Eltsine très apprécié de Margaret Thatcher. Comme le rappelle Moon of Alabama, « il fut au moins partiellement responsable de la dégénérescence de l’économie russe en système mafieux », puisque, lié aux oligarques, il a présidé à la vague des privatisations de la décennie 1990.Pour sa part, le site polonais Wolna Polska publie, entre autres documents relatifs au défunt, la liste des vingt journalistes – hommes et femmes - assassinés sous sa mandature de Vice-Premier ministre.
Son protecteur, l’autre Boris, lui avait promis qu’il lui succéderait à la présidence de la Fédération de Russie. Comme on sait, il n’en fut rien, puisque c’est Vlad l’Abominable qu’il finit par adouber. Boris II prit alors la tête de l’opposition pro-occidentale et fonda le parti libéral SPS (Union des Forces de Droite) qui, en 2007, obtint 0,97% des voix aux élections législatives et aujourd’hui n’existe plus. Nemtsov et le champion d’échecs Garry Kasparov, avec quelques autres, dont Navalny et Yashin, l’ont remplacé par Solidarnos, probablement sorti du même think tank que S.S. Jean-Paul II et Lech Walesa. On se souviendra que Kasparov, candidat de ce parti à l’élection présidentielle de 2008, se retira de la course avant le scrutin qui devait élire Dmitry Medvedev.
Outre ses « activités » politiques toutes relatives, le beau Boris menait une vie de bâton de chaise, en compagnie, loin de ses épouses, de prix de beauté, de mannequins et/ou de professionnelles de plus en plus jeunes, comme celle, arrivée de Kiev le jour même, qui l’accompagnait sur le pont fatidique. La photo « hot » que publie Wolna Polska fut prise lors d’un séjour qu’il fit à Dubai en compagnie d’une call girl à 1.500 $ la nuit, aux frais de ses électeurs, séjour pendant lequel il fut photographié (par qui ?) dans toutes les attitudes possibles et jusque sur les toilettes. Bref, pas tout à fait le Carlton, mais pas loin.
En deux mots comme en cent, l’opposition pro-occidentale au gouvernement Poutine représente aujourd’hui quelque chose comme 1% des électeurs russes. C’est pourtant sur elle que comptait (car, sinon, qui d’autre ?) l’administration Obama pour susciter « un printemps russe », autrement dit provoquer un changement de régime en faisant tomber Vladimir Poutine. Oufti !
Boris Nemtsov était sur écoutes, cela va de soi. C’est ainsi que la manière dont il organisait, la veille de sa mort, un Maidan-bis par téléphone, fait aujourd’hui les beaux jours du Net. Conversations transcrites en anglais :
http://fortruss.blogspot.be/2015/02/nemtsov-wire-taps-how-to-organize.html
http://fortruss.blogspot.be/2015/03/nemtsov-wire-taps-russian-maidan-part-2.html
Bref, quelle menace représentaient Nemtsov et les siens pour le gouvernement actuel ? Aucune. Quelle raison pouvait avoir le dit gouvernement d’éliminer ce pathétique DSK russe ? Aucune. Au contraire…
Mais alors, qui avait intérêt à sa mort ? C’est là que les hypothèses partent dans tous les sens. Pratiquement personne, d’ailleurs, hormis la presse occidentale salariée, ne perd son temps à même essayer de coller le meurtre sur le dos de Vladimir Poutine, ce dont se réjouit le Saker, dans un des articles qui suivent.
Nous ne passerons pas en revue toutes les possibilités ; les enquêteurs n’en excluent paraît-t-il aucune. Mais… cui bono ?
Pour Ramzan Kadyrov, président de la République de Tchétchénie, le doute n’est pas permis : ce sont les USA.
Kadyrov accuse les services de renseignements occidentaux du meurtre de Boris Nemtsov
AVIC – Réseau International
Le président de la République tchétchène, a rappelé que toute atteinte à la vie d’un citoyen de la Russie devra être punie et a exprimé ses condoléances à la famille du politicien assassiné.
Source : http://reseauinternational.net/kadyrov-accuse-les-service...
*
Mais il ya quelqu’un – une dame - qui les accuse, elle, d’avoir découvert que Nemtsov était en réalité une taupe du Kremlin et de l’avoir occis pour faire savoir à Poutine qu’on ne les prend pas impunément pour des andouilles (si ce n’est pas vrai c’est bien trouvé, mais c’est en anglais) :
Was Nemtsov killed because his cover as a Kremlin asset was blown?
March 1, 2015
Yulia Brazhnikova - Cont
Translated by Kristina Rus
Political senselessness ofNemtsov's murder is obvious. It will not cause a wave of popular anger, nor attempts to change the state order. Criticisms by Boris Nemtsov looked so naive, that played into the hands of the authorities, putting down the opposition in the eyes of citizens. He was not only harmless, but in this sense, even useful. With such enemies, as they say, there is no need for friends.
Source : http://fortruss.blogspot.be/2015/03/was-nemtsov-killed-be...
*
Ce genre de spéculation, peut-être seulement d’une midinette impressionnée par la prestance du personnage, fait penser, non plus à DSK mais à Gilles de Rais, sur le compte de qui ne cessent de surgir, de temps à autre, depuis des siècles, des « explications » nouvelles. Comme la version si ingénieuse qui veut qu’il ait été victime d’une machination de l’évêque Machin, à qui il allait rendre les sommes folles qu’il lui avait empruntées mais qui préférait garder les terres et les châteaux reçus en garantie.
- Oui, mais, il a avoué…
- Oui, mais, sous la torture…
- Etc, etc.
Pour Boris Nemtsov, nous n’en avons retenu qu’une seule, non seulement parce qu’elle est émise par une importante personnalité politique russe, mais parce qu’elle s’impose comme une évidence. Seul, un déroulement très différent des événements en cours pourrait nous persuader qu’elle est fausse.
N.B. Les notes de bas de page sont de nous.
Le sacrifice de Nemtsov et la prise de contrôle par les USA de L’UE (TTIP1) et du Japon (TTP2)
par Alexander Sobyanin – 2 mars 2015
Alexander Sobyanin est le chef des services de planning stratégique de l’Association de Coopération Transfrontalière de la CEI.
1. L’offrande de Nemtsov a été sacrificielle, c’est certain. Ce qui ne veut pas dire que Nemtsov ait été un agneau ni qu’il ait représenté rien de sacré par sa vie. Cela signifie juste que le sacrifice a eu lieu pour qu’il ne vienne pas à l’idée aux Yashins, aux Kasyanovs et aux Navalnys, de sauter du train militaire en marche (Kasyanov a déjà essayé de s’échapper, parce qu’il a été Premier ministre et qu’il sait mieux que Navalny avec quelle facilité il peut être balayé de la table de jeu de l’existence).
2. Le meurtre a été perpétré à proximité immédiate du Kremlin, de la Place Rouge et de la Cathédrale St. Basile :
Tout ce qu’une ménagère du Texas connaît de la Russie se trouve ainsi réuni dans une seule image. S’appuyant sur ce paquet vidéo-photo bien ficelé « Vue du Kremlin avec meurtre d’un opposant à Poutine », les Américains vont pouvoir forcer à rentrer dans le rang les Allemands et les Français qui, après les accords de Minsk, s’étaient un peu trop relâchés, se mettant même en tête de restaurer les relations de l’Europe avec la Russie. Pas question, chers démocrates ! Nous n’en voulons pas. Les Allemands, les Français et les autres Européens vont être, du coup, obligés de renforcer de manière drastique les sanctions contre la Russie, c’est-à-dire de se poignarder eux-mêmes dans le dos.
3. Un analyste qui signe Brzezin Zbignievski a bien démontré pourquoi les USA sont derrière le meurtre de Nemtsov. [ L’analyste qui écrit sous ce nom publie des textes en anglais qui se disent traduits du russe. Son pseudo a bien sûr été choisi pour attirer l’attention, mais, s’il ne fait pas très sérieux, ses analyses, en revanche ne manquent ni de profondeur ni de sagacité. Voici, par exemple, une prédiction sur l’Ukraine (la page en anglais est « actuellement indisponible », NdGO), qui a paru avant les jeux de Sotchi. NdKR]
4. Les États-Unis savent qu’il est impossible, en 2015, de renverser Poutine sur une place publique. Cela dit, que veulent-ils au minimum et au maximum ? Au minimum, ils veulent que l’infanterie « créative » de Kasyanov se fasse matraquer par les soldats de la Division Dzerzhinsky (dans le pire des cas ; dans le meilleur des cas, la police aura le temps de la fourrer dans ses paniers à salade), à condition, bien entendu, qu’elle se débrouille pour mobiliser 50 à 70.000 personnes à Moscou (ce qui est très peu probable). Kasyanov, Sobchak, Yashin et leurs compères ont pleurniché, mais ils n’ont pas le choix ; ils auront beau pleurer, il leur faudra grimper sur le cactus des forces de sécurité russes. Trop tard pour se défiler. J’ai rencontré plusieurs fois Kasyanov dans les couloirs des bureaux du gouvernement et dans des forums publics, et je suis sûr qu’il est si débrouillard que, contrairement à la jeunesse libérale, il trouvera le moyen d’y grimper comme un hérisson et d’atterrir à temps dans les buissons, même si c’est avec la diarrhée. Sobchak, elle, ne risque rien, parce qu’elle est odieuse et qu’elle a, pour parapluie, l’ancien subordonné de son père. À l’abri aussi est Kudrin : il jouit d’une niche spéciale dans le dialogue de l’argent US avec les Russes. Les autres libéraux n’ont aucun parapluie sous lequel s’abriter de la pluie de plomb.
5. Il n’est pas nécessaire de creuser très profond dans la mort de Boris Nemtsov : il n’y a pas de secrets. Nemtsov était un libéral pro-occidental. Le voilà parti. Pour ce qui est des libéraux, si on n’arrive pas à les pousser de force sous les matraques, il n’en restera rien au bout des six mois qui viennent. Il n’y a qu’à voir avec quelle énergie de limaces ils ont manifesté en 2013 et en 2014. Un meurtre sacrificiel « pour cause de siège du Kremlin par des libéraux » n’est qu’un rideau de fumée informationnel à l’usage des foules jobardes. Le canard à gagner, c’est le Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement, c’est-à-dire la mise en esclavage de l’économie européenne par les grands groupes US. Le sacrifice de Nemtsov était une opération secrète. Les États-Unis, dans le cas de mise de l’Europe sous le joug du TTIP, recevront comme gros lot, non pas le canard boîteux Khodorkovski (pas assez fiable de toute façon) mais une excuse assez bonne pour contraindre les Allemands et les autres Européens à revenir sur le champ de bataille et à renforcer les sanctions occidentales, c’est-à-dire pour obliger les économies de l’Allemagne et de la France à agresser davantage encore la Russie. En tout état de cause, et il n’y a pas le moindre doute là-dessus, la Russie survivra sans les voitures allemandes, mais l’Union européenne… sans les ressources russes… Bonne chance !
6. Le retour du Deutschland dans la ronde des sanctions contre la Russie est le vrai motif qui a présidé à l’exécution, et ce retour sera un grand premier pas vers sa transformation en un état nazi et sa préparation à un « neue Drang nach Osten ». Après la signature des accords de Minsk-2, les Allemands et les Français ont nourri l’illusion qu’il était possible d’éviter ce fichu Pacte Transatlantique et d’adoucir les sanctions à l’encontre de la Russie. Ils se trompaient : il n’y a pas de forces d’occupation en Russie, mais en Allemagne et en France, il y en a. Les manœuvres préparatoires des Anglo-Saxons, pour que l’Europe s’engage, sous le fouet, dans des opérations militaires – non, ce n’est pas l’Ukraine ! – ont débuté en 2012, et n’ont donc rien à voir avec Nemtsov. Le but réel qu’ils poursuivent est de prolonger la vie des États-Unis en dévorant l’économie de l’Union européenne et celle du Japon.
7. Ce qu’il y a de merveilleux, avec le Pacte Transatlantique, c’est que, de leur côté, toutes les instances du gouvernement US, la FED, les banques et les grands trusts sont engagés et présents dans les négociations, mais que, du côté de l’Europe occupée, seuls le sont (et encore !) les bureaucrates non élus de la Commission Européenne, et ce, exclusivement de manière non publique. C’est-à-dire que les banques et les sociétés allemandes ne sont pratiquement pas autorisées à participer aux discussions où se planifie leur asservissement.
2e Partie :
8. Si on ajoute à cela que l’argent du Quatrième Reich est revenu et continue à revenir (expulsé de force par la Finintern !) des États-Unis vers l’Allemagne, l’image de la nazification accélérée du Deutschland commence à se dessiner. Pour commencer, les Allemands seront forcés de se précipiter, tête la première, sur le poing russe ; ensuite, tout leur argent sera aspiré par les États-Unis via le Pacte Transatlantique et, enfin, l’économie allemande sera saturée – pour des milliards de dollars - de valeurs toxiques américaines.
Les Allemands seront alors poussés, par les nazis, vers un revanchisme anti-banques, anti-oligarchique (et, bien sûr, anti-russe). Mais ces nazis-là ne seront pas les tondus aux vestes de cuir des années 1960-1990. Le futur NSDAP, financé par les Anglo-Saxons et les grandes sociétés allemandes qui pavent ainsi sa route vers le pouvoir, est déjà une réalité : c’est le parti AfD (Alternative für Deutschland). Si bien que la seule chose que Poutine et les siens puissent faire (et que, d’ailleurs, ils font), c’est financer les partis d’extrême-droite en Allemagne, en Italie, en France, en Grèce et en Grande-Bretagne :
Le schéma du financement des partis d’extrême-droiteprovient d’ici :
http://sobiainnen.livejournal.com/81756.html
Alexander Sobyanin – « Une guerre mondiale débutera au cours des trois années qui viennent. » Vyacheslav Shemansky // Radio S.C. 8.12.2014
8. Le même scénario est en préparation pour le Japon (Fukushima n’est pas un accident) :
« Les Républicains, au Congrès, sont impatients de travailler avec l’administration Obama afin d’accélérer le passage au TPP. Si vous n’avez jamais entendu parler de ce TPP, sachez que c’est précisément là qu’est le problème. Ce sera le traité commercial le plus important de l’Histoire. Il concernera des pays allant du Chili au Japon, représentant 792 millions d’individus et 40% de l’économie mondiale. Il a été conçu en grand secret. Des lobbyistes des plus grands groupes d’affaires américains et des plus grandes banques de Wall Street en sont parties prenantes, mais pas le public américain.
L’industrie pharmaceutique, par exemple, en obtiendra des brevets plus juteux et le report aux calendes de quantité de médicaments génériques moins coûteux. Les grandes sociétés et Wall Street se dotent d’un tribunal international, constitué d’avocats privés opérant en dehors de tout système légal des nations concernées. Ce tribunal peut ordonner que soient payées, à ces sociétés, des compensations, pour tout manque à gagner qui résulterait de règlements ou de lois propres à n’importe quelle nation liée par ce traité. Cela signifie que des sociétés US pourront poursuivre le gouvernement des États-Unis lui-même, si elles estiment que ses lois sont responsables d’une baisse, par elles estimée injuste, de leurs profits. Comme, par exemple, les lois qui protègent les consommateurs US des effets nocifs de produits impropres à la consommation ou dangereux pour la santé ; celles qui protègent les travailleurs ; celles qui régulent les émissions toxiques ou celles qui tentent de s’opposer à un nouveau renflouement de Wall Street aux frais des contribuables.
L’administration Obama dit que ce traité de commerce va stimuler les exportations US, mais il permettra aussi, bien sûr, aux grands groupes, de délocaliser encore plus d’emplois à l’étranger.
En d’autres termes, il s’agit d’un cheval de Troie et d’une descente mondiale à l’abîme, qui permettra aux plus grandes sociétés et à Wall Street d’éliminer toute forme de législation ou de réglementation faisant obstacle à leur profit maximal
En ce moment même, ils sont en train de mettre sur pied ce qu’ils appellent une “fast track authority” ou “procédure législative rapide”de façon que ce bradage en masse de tous droits puisse passer sans délibération publique d’aucune sorte et sans qu’il existe aucune possibilité de le remettre en cause. C’est pourquoi nous devons dire haut et clair : NON à la procédure accélérée et NON au Partenariat Transpacifique ! »
Pour mieux comprendre les événements imminents destinés à entraîner le Japon dans le TTP :
« Oubliez la Grèce. Huit autres pays sont endettés à hauteur de plus de 300% de leur PIB »// EconMatters. 24.2.2015.Par Tyler Durden, sur Zero hedge
« Au cas où quelqu’un aimerait savoir pourquoi les Banques Centrales mondiales sont si pressées de créer de l’inflation (mais seulement de l’inflation contrôlée, pas de l’hyperinflation galopante… évidemment, quand la partie « contrôlée » leur échappera, le crash financier ne sera plus qu’une question de temps) depuis cinq ans et ont imprimé plus de 12 trillions de dollars [un trillion égale mille milliards. NdT] d’argent à crédit depuis Lehman, dont le plus gros a fini sur le marché financier et qui, pour la première fois dans l’Histoire, va monétiser l’émission de la dette souveraine mondiale en 2015, la réponse est simple : on peut la voir sur le tableau ci-dessous. Il montre aussi en quoi consiste le plus gros problème qui se pose au monde aujourd’hui, à savoir que 9 pays sont endettés pour plus de 300% de leur PIB et que 39 autres le sont pour plus de 100% de leurs PIB respectifs.
Nous avons d’innombrables fois traité de ce sujet, nous serons donc brefs : soit la FED se débarrasse de cette dette par l’inflation, soit nous pouvons dire adieu sans retour à tout espoir de croissance économique, même si cela signifie encore plus de baisse des taux de la part de la banque centrale, plus d’assouplissements quantitatifs partout, et des marchés boursiers échangeant à +( ?), tandis que la classe moyenne disparaît d’un bout de la planète à l’autre et que, seul, 0,001% reste debout.
Finalement, pour ceux qui sont curieux de savoir comment au juste le monde en est arrivé à cet état triste et sans précédent, la ventilation complète, gracieuseté de McKinsey, devrait répondre à toutes les questions. »
9. La fille du propriétaire de la Nezavisimaya Gazeta a écrit un article intéressant sur le TTP.
Varvara Remchukova : « Partenariat Trans-Pacifique : ses buts, ses défis et ses perspectives. L’impasse entre les USA et la Chine donne naissance à un nouveau monstre intégrationnel ».
10. L’asservissement du Japon, projeté sur le même modèle (il n’y a pas, en Chine, de forces d’occupation, mais il y en a au Japon) se produira un peu plus tard, et, partiellement, en parallèle avec la mise sous le joug de l’Allemagne. Le but est identique : d’abord piller les Japonais, ensuite les rationner (alors que leur croissance est déjà de zero) et enfin les pousser à la militarisation et au revanchisme.
_______________
1 Le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI ; TTIP en anglais), également connu sous le nom de traité de libre-échange transatlantique (TAFTA en anglais), est un accord commercial en cours de négociation entre l’Union Européenne et les États-Unis, prévoyant la création, en 2015, d’une zone de libre-échange transatlantique souvent appelée grand marché transatlantique.
2 L’accord de partenariat transpacifique, aussi connu sous le nom de Partenariat Trans-Pacifique ou sous son nom anglais Trans-Pacific Partnership Agreement ou simplement Trans-Pacific Partnership (TPP), est un traité multilatéral de libre-échange en cours de négociation, qui vise à intégrer les économies des régions Asie et Pacifique.
Source : http ://fortruss.blogspot.be/2015/03/sacrifice-of-ne...
Source originale : http ://k2-3300.livejournal.com/207266.html
Traduction en anglais de Kristina Rus
Mise vaille que vaille en français par c.l. pour Les Grosses Orchades
*
Parenthèse
On ne peut évoquer PEGIDA et la xénophobie allemande, sans se référer à l’article remarquablement documenté que lui a consacré Karel Vereycken, sur le site Solidarité et Progrès de Jacques Cheminade :
De Bernard Lewis à Pegida : qui tire les ficelles du choc des civilisations ?
Pas un lundi ne passe, depuis quelques mois, sans que se déroule dans une grande ville allemande une manifestation de citoyens furieux clamant « nous sommes le peuple ! »
Si bon nombre des manifestants « battent le pavé » pour exprimer leur rejet d’une politique d’affrontement avec la Russie et les politiques d’austérité qu’on lui impose, force est de constater que l’oligarchie financière cherche à se mettre à l’abri de la colère populaire, en la détournant vers les victimes de la crise, notamment les immigrés.
Source : http://www.solidariteetprogres.org/bernard-lewis-choc-des...
*
Retour à feu Nemtsov :
Bonnes nouvelles en provenance de Russie : Même l’opposition libérale pro-US refuse d’incriminer le Kremlin
par Le Saker
Honnêtement, je n’aurais jamais pensé que le jour viendrait où j’aurais à dire du bien de l’opposition libérale ou non-système russe, mais apparemment, ce jour est venu, c’est aujourd’hui. À ma grande surprise, tous les chefs de cette opposition ont fait jusqu’à maintenant des déclarations très modérées et raisonnables, et tous ceux que j’ai entendus ont apparemment rejeté l’idée que le Kremlin puisse être derrière le meurtre. Ceci va peut-être de soi pour la plupart d’entre nous, mais pour l’opposition libérale ou démocratique russe, c’est un vrai changement de ton. Beaucoup d’entre eux ont même dit que ce meurtre était une provocation (ce qui, dans ce contexte, ceut dire un coup monté !) pour déstabiliser la Russie et provoquer une crise. Même Irina Khakamada, habituellement une vraie cinglée, a dit que c’était soit une provocation soit l’action d’un petit groupe d’extrémistes.
Source : http://reseauinternational.net/bonnes-nouvelles-de-russie...
Source originale : saker.is via lesaker francophone.
*
L’organisateur du massacre d’Odessa vient à Moscou « se recueillir » sur le cercueil de Nemtsov et se fait arrêter.
1er mars 2015 - Fortrus
Un conseiller de Porochenko arrêté avant la Marche de Moscou.
À la veille de la marche prévue pour rendre hommage au politicien assassiné, la police a arrêté le député à la Verkhovna Rada, Aleksey Goncharenko. C’est RIA Novosti qui l’annonce. Goncharenko pourrait être inculpé, dans le cadre des investigations entreprises par le Comité d’Enquête de Russie, en rapport avec les événements d’Odessa, du 2 mai 2014.
Le MVD moscovite a confirmé l’arrestation de Goncharenko. Il sera mis à la disposition des autorités compétentes. Selon Interfax, la cause exacte de cette arrestation n’a pas été rendue publique.
On se rappellera que, le 2 mai 2014, les nationalistes du Secteur droit et leurs partisans ont attaqué le camp anti-Maidan situé sur le Kulikovo Polé, et qu’ils ont ensuite mis le feu à la Maison des syndicats où les manifestants s’étaient réfugiés. Quarante-huit personnes ont péri, plus de deux cent ont été blessées; ceux qui ont réussi à échapper au feu ont été cruellement battus par les nationalistes. L’enquête ukrainienne n’a pas identifié les coupables, même si elle a reconnu que le massacre avait été planifié. Aucun des nationalistes n’a été arrêté.
Goncharenko à Moscou, peu avant son arrestation
Commentaire de J. Hawk : Ce n’est pas la première fois qu’un député de la Rada est détenu en Russie dans le cadre d’une enquête criminelle – Nadiya Savchenko est également sous les barreaux pour des faits du même ordre à l’encontre de citoyens russes et il ne semble pas que sa remise en liberté soit à l’ordre du jour. Nous verrons bientôt si Goncharenko aura le privilège de bénéficier d’un séjour prolongé en Russie.
Source : http://fortruss.blogspot.fr/2015/03/normal-0-false-false-false-en-us-x-none.html
Traduit en anglais par J. Hawk pour Fortruss
Mis en français par cl. pour Les Grosses Orchades
*
4 mars 2015
Au temps pour nous et pour J. Hawk : ils l’ont relâché. (Ses victimes étaient ukrainiennes, celles de Savchenko étaient russes.)
Et la levée d’écrou – filmée - s’est faite dans les règles : pas un dollar, pas un euro, pas un rouble qui manque. Il n’y a pas à dire, l’Ukraine peut être au fond du trou… ses députés sont bien payés.
*
Le meurtre de Nemtsov a-t-il été vain ? Le « Maidan russe » tourne à la manifestation patriotique.
par Sergey Zheleznyak – Fort Rus -1er mars 2015
Sergey Zheleznyak est vice-président de la Douma, parlement de la Fédération de Russie.
« Merci à tous ceux qui ont participé à la cérémonie organisée en souvenir de Boris Nemtsov, qui ont exprimé leur chagrin et qui n’ont pas permis que cette tragédie soit utilisée pour radicaliser la manifestation, comme en avaient l’intention les organisateurs de cet assassinat. Les exécutants et les commanditaires du meurtre de Boris Nemtsov, tout comme les auteurs d’autres crimes, doivent être identifiés par les enquêteurs et répondre de leurs actes devant une cour de justice. Toutes les possibilités seront envisagées et toutes les preuves seront examinées dans le but d’établir la vérité. Aucun crime ne doit rester impuni.
Notre objectif commun est de ne pas laisser les responsables de la mort de Boris Nemtsov mettre en œuvre leurs projets destructeurs contre la Russie.»
Commentaire de Kristina Rus : Poutine a-t-il une fois de plus retourné à l’envoyeur les machinations de l’Ouest ? Peu importe qui en a eu l’idée, c’était une idée géniale : ceux qui souhaitaient saluer Nemtsov assassiné mais ne voulaient pas être comptés au nombre des manifestants de l’opposition anti-Poutine et anti-gouvernementale, sont venus avec un drapeau russe et ont ainsi transformé ce qui devait être un « Maïdan moscovite » en rassemblement patriotique.
Traduit en anglais par Kristina Rus
En français par cl pour Les Grosses Orchades
Source : http ://fortruss.blogspot.fr/2015/03/was-nemtsovs-mu...
*
Mis en ligne le 4 mars 2015
13:17 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |