10/03/2015

L'EUROPE QUI RÉSISTE

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L’Europe qui résiste

 

« En assassinant Trotski, les États-Unis faisaient coup double. »

Louis Scutenaire, Mes inscriptions

 

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Italie

Pour les jeunes à qui on cache tout :

Giulietto Chiesa est un journaliste et homme politique italien né en 1940. Il a dirigé la Fédération de Gênes du PCI de 1970 à 1979. Il a été, pendant des années, correspondant à Moscou de L’Unità et de La Stampa, et parle donc couramment le russe.

En 2005, à Bruxelles, il a participé à la conférence anti-impérialiste Axis for Peace, organisée par le Réseau Voltaire. Comme Thierry Meyssan, il a très tôt remis en cause la version officielle des attentats du 11 septembre 2001 et leur a consacré unfilm, intitulé Zéro. Il est aussi l’auteur de nombreux ouvrages, dont Le carcere segrete della CIA in Europa, Edizioni Piemme, 2007 (« Les prisons secrètes de la CIA en Europe », inédit en français, vous m’étonnez).

Après avoir été député européen pour l’Italie, il a été candidat à la même fonction pour représenter la minorité russophone de Lettonie, mais n’a pas été élu.

En décembre dernier, à Talinn, Estonie, Giulietto Chiesa a été arrêté par la police et expulsé du pays pour avoir évoqué le rôle des Américains dans ce qu’il est convenu d’appeler l’Euromaidan.

Les jeunes gens du Saker-Italia sont allés l’interroger.

 

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Questions à Giulietto Chiesa

Comme nous l’avions annoncé, Giulietto Chiesa a répondu à la demande de notre communauté. Nous ne voulons pas occuper trop de place dans cette interview, que nous estimons très importante par le nombre de thèmes abordés, par la précision de Giulietto Chiesa et la profondeur de ses réponses. Nous nous limiterons à attribuer à cet événement choral trois motifs : participation, générosité, sérieux. La participation est la vôtre. Nous sommes une publication jeune, mais nous avons déjà une équipe solide et en expansion, de personnes qui s’y consacrent avec intelligence et passion. Merci à vous tous, lecteurs. La générosité et le sérieux sont ceux de Giulietto Chiesa. Porter sur ses épaules presque entièrement le poids de la bataille pour la paix en Italie et dans une bonne partie de l’Europe demande un sacrifice personnel qui est le signe d’une grande générosité humaine, qui se manifeste aussi au moment où une personnalité connue du grand public décide de se priver d’une partie de son temps libre et d’en faire cadeau à la curiosité des lecteurs d’un blog comme le nôtre. Répondre avec le soin et l’attention que vous trouverez certainement dans les lignes que vous allez lire est preuve de son sérieux. Il n’y a rien d’autre à dire. Merci Giulietto Chiesa, merci Communauté Saker. Et bonne lecture. (Marco Bordoni)

 

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À la fin des années 20 du siècle écoulé, l’opposition trotskiste appelait la Russie « un état travailliste dégénéré », en dénonçait l’absolutisme, le « bureaucratisme », et appelait les travailleurs à une révolution mondiale non seulement contre la bourgeoisie, mais aussi contre les « bureaucrates » des partis, qu’elle assimilait à la bourgeoisie. Aujourd’hui, beaucoup de voix, à gauche, accusent la Russie d’être un pays fasciste et absolutiste, en dénoncent la structure économique libérale, accusent de  « rougebrunisme » ses amis, et soutiennent qu’on ne changera pas le monde en rééquilibrant les rapports de force entre les puissances et au moyen des organisations politiques, mais par des révolutions, organisées par des mouvements improvisés, à travers lesquels on devrait imposer universellement la conception atlantique des droits civils. Voyez-vous quelque similitude ?

Non. La gauche, en Italie et en Europe, a raté le train. À retourner en arrière lire les catéchismes du passé, on risque de ne rien comprendre à ce qui arrive aujourd’hui. Il n’y a aucune similitude. Faire ce genre de parallèle ne sert à rien. La situation est tellement différente… Elle a tellement changé. Par conséquent, les mots dont on se sert là sont inadaptés. Avec le temps leur signification a changé, c’est pourquoi je trouve qu’utiliser le vocabulaire du marxisme-léninisme-trotskisme pour expliquer la situation actuelle est inadéquat. Je ne saurais même pas par où commencer pour réfuter une approche aussi datée. En second lieu, toujours pour être très synthétique, je ne crois pas qu’il soit approprié de parler d’« affrontement entre impérialismes » mais d’un affrontement entre l’impérialisme américain et le reste du monde, dont la Russie et la Chine sont les deux principaux représentants. Mais pas parce qu’elles sont impérialistes : simplement parce que, tant la Russie que la Chine sont en train de résister à une offensive déchaînée contre elles par l’Empire entré en décadence. C’est sûr qu’elles sont aussi deux pays capitalistes, mais s’en tenir à cette constatation n’explique rien. Quant au « rougebrunisme » de la Russie, ce n’est à mes yeux qu’une imbécilité. C’est mon opinion : je l’ai déjà écrit des dizaines de fois et, en cela, je me démarque de ces positions, qu’elles soient de gauche ou pas. Quant à la révolution à faire, j’inviterais au réalisme. Ce seront les peuples russe, chinois, indien qui la feront. Nous, Européens, somme marginaux et sans influence.

 

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Euromaidan. Pour Chiesa, cataloguer « trotskistes » les révolutions colorées n’a aucun sens. «C’est tout à fait inadéquat. Je ne saurais même pas par où commencer pour réfuter une approche aussi datée. »

 

Dans le cadre que j’ai décrit, on voit se former des convergences inédites. Des partis post-communistes se retrouvent souvent sur des positions euro-sceptiques et pro-russes, au coude à coude avec les nouvelles droites souverainistes comme celles de la Le Pen en France et de la Lega en Italie. Les partis dits réformistes défendent les agressions des USA, la discipline financière, les régimes fiondamentalistes et les néo-nazis installés par les révolutions colorées. Croyez-vous que ces convergences soient seulement occasionnelles ou qu’elles sont destinées à évoluer vers un scénario politique tout à fait nouveau, polarisé sur la dialectique souverainisme-globalisme ?

Le scénario, s’il y en a un, je ne crois pas qu’il sera défini par cette antinomie. Encore une fois, il me semble que nous nous faisons des illusions quand nous avons même l’idée de dicter leur programme aux 7 autres milliards d’individus. C’est tout simplement ridicule. Le programme de l’avenir est celui-ci : guerre mondiale, oui ou non ?

J’ai lu, lorsqu’il est sorti il y a sept ans, le livre de Maurizio BlondetStare con Putin ? (Effedieffe, 2007. NdT)  Partagez-vous plus ou moins son point de vue ? 

Je n’ai pas lu le livre, je ne puis donc pas porter un jugement. Ma position est la suivante : la Russie d’aujourd’hui constitue le premier et plus important rempart susceptible d’arrêter les États-Unis. Qui s’en vont en guerre. Si la résistance de la Russie s’effondre, le conflit armé entre la Chine et les États-Unis deviendra inévitable.

J’aimerais que vous estimiez la valeur géopolitique du mouvement de Beppe Grillo. Ne vous semble-t-il pas que quelques-uns de ses traits distinctifs (rhétorique anti-corruption, philosophie politique du minimum d’état, absence d’idéologie de rechange explicite, merchandising sur Internet, etc.) rappellent ceux de certains mouvements « colorés » ? Je m’explique : Croyez-vous que les États-Unis pourraient s’intéresser au mouvement Cinq Étoiles, si la dynamique de la politique internationale rendait à l’Italie un rôle-clé et si des tensions surgissaient entre les deux rives de l’Atlantique ?

Le mouvement Cinq Étoiles n’a jamais été et ne sera jamais une alternative  de système. Il est l’expression de la crise politique et de la crise de la politique. Sa poussée populaire est d’ailleurs en voie d’exhaustion et il court le risque d’un émiettement. Dire s’il sera utilisé par les États-Unis et si oui, comment, me semble une question prématurée. Ce qui est sûr, c’est qu’il se trouve dans un état de paralysie grave.

Entre Poutine et Berlusconi, y a-t-il une véritable amitié ? (Roberto Santi)

De la part de Berlusconi, certainement. Poutine est plus subtil. Mais au-delà de l’amitié, il y a les intérêts. Et ceux-là ont coïncidé et coïncident.

Quels sont les dangers pour les pays européens qui ne s’alignent pas, comme la Serbie, la Hongrie et, demain peut-être, la Grèce ? (Stefano Orsi)

La Hongrie est en Europe, et, donc, pour l’instant, encore alignée.Assurément, les régimes de ces pays sont dans le collimateur. Il y aura des pressions très fortes, qui pourront aller d’un discrédit de leurs dirigeants aux sanctions économiques et jusqu’à la liquidation physiques des directions politiques de ces pays. Je crois donc que chacun de ces chefs d’État dezvra tenir compte du fait qu’aux États-Unis, il y a une direction qui est prête à tout pour éliminer les récalcitrants. De fait, pour ces dirigeants, les choses seront difficiles, comme elles le sont en ce moment pour tous les dirigeants européens.

 

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Victor Orban et Vladimir Poutine à Moscou. Pour Chiesa, les dirigeants européens qui oseront défier les États-Unis devront affronter des risques graves « du discrédit aux sanctions, et jusqu’à la liquidation physique ».

 

Un de nos lecteurs propose un scénario complexe, qui suppose, au préalable, l’effondrement économique, politique et social de l’Union européenne. Au cas où cette hypothèse se vérifierait, le lecteur se demande si la Russie pourrait résister à la tentation d’intervenir directement comme facteur stabilisateur en Europe occidentale. (Luigiza)

Je ne crois pas que la Russie actuelle envisage ce genre de scénario, qui me paraît très abstrait et irréaliste.

Qu’est-ce que les USA ont sous-évalué de la renaissance russe au cours des quinze dernières années ? (Roberto Santi)

Obama et les néo-cons ont pensé que Poutine céderait,  si on l’attaquait en Ukraine. Ils se sont trompés.En outre, l’offensive occidentale a provoqué une très forte prise de conscience chez des dizaines de millions de Russes. Poutine les représente remarquablement.

Ces derniers mois, nous avons assisté à des ouvertures surprenantes de la part de la présidence Obama : Cuba, l’Iran, et, dans une moindre mesure, la Biélorussie et la Corée du Nord. C’est une stratégie cohérente ou une improvisation ? L’objectif est-il d’enlever des alliés potentiels à la Russie et à la Chine ? Ou de déstabiliser ces pays après avoir normalisé les relations avec eux, comme l’enseignent le précédent libyen et la remarque de Kissinger, selon qui les États-Unis sont des ennemis dangereux et des amis mortels ? (Stefano Orsi)

Il me semble qu’il n’y a aucune possibilité de normaliser les relations avec tous ces interlocuteurs, moins que jamais avec la Corée du Nord et la Biélorussie. Non, je ne crois pas. Ce sont là des opérations tactiques d’Obama, qui s’apprête à remplir la dernière période de sa présidence – l’ultime phase de son second mandat – en tentant de laisser quelque chose qui ait un peu à voir avec ses programmes initiaux. Obama est un canard boiteux. Il peut juste essayer de modifier le jugement de l’Histoire sur ses deux mandats. Je doute qu’il y réussisse. Avec Cuba, quelque chose de bon pourrait en sortir… si les Républicains le laissent faire. Avec Téhéran, ce ne sera pas Obama qui décidera. Tout ce qu’il peut faire, c’est rafraîchir son maquillage.

Le rédacteur d’une revue d’études stratégiques émet l’hypothèse d’un scénario qui voit une normalisation des rapports USA-Iran dans une optique anti-russe (à l’exemple du précédent cubain), une distanciation vis-à-vis des États-Unis de la part d’Israël, assortie d’un rapprochement avec la Russie, qui pourrait avoir la faveur du russophone Lieberman. Une telle évolution vous paraît-elle possible ?

Il est certain qu’un repositionnement anti-russe de l’Iran serait très avantageux pour les États-Unis. Je doute que ce soit un scénario réaliste. Israël se cherchera d’autres protecteurs, dans le cas où les États-Unis deviendraient trop faibles. Seulement dans ce cas.

Une de nos lectrices se souvient de quelques indiscrétions qui ont circulé en mars dernier, à propos de tractations supposées entre la Russie et la Pologne pour une partition de l’Ukraine. En substance, on parlait d’assigner à la Pologne le Nord-Ouest et à la Russie le Sud de ce pays. Chiara se demande si ce scénario a encore une chance de se réaliser pacifiquement et si, dans le cas contraire, la guerre est une option probable. (Chiara)

Ce scénario est irréaliste, et, quoi qu’il en soit, je ne crois pas qu’il soit réalisable pacifiquement. Avant tout, la Russie n’est pas intéressée par ce genre d’échange, si tant est que la Pologne le soit, mais je doute qu’on puisse réaliser quelque scénario de ce genre de manière pacifique. Il n’est possible de le faire que par une guerre.

 

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Partition de l’Ukraine. Selon Chiesa, c’est une proposition irréalisable, sans compter que la Russie « n’est pas intéressée ».

 

La guerre est-elle terminée ou y a-t-il un risque qu’elle reprenne ? (Stefano Orsi)

La guerre en Ukraine n’est pas terminée du tout. Si et comment elle reprendra dépend des États-Unis. Et dépend de la docilité des dirigeants européens.

Un de nos lecteurs, qui vit en Ukraine, considère que la question de la Crimée est une pomme de discorde potentielle qui pourrait provoquer un conflit général entre l’Ukraine et la Russie. Il se réfère au fait que la majorité des personnalités politiques ukrainiennes insistent pour inscrire la reconquête de la péninsule dans les priorités du pays. Il serait facile au gouvernement de Kiev d’organiser une provocation pour entraîner la Russie dans un conflit à vaste échelle. Notre lecteur pense qu’une reconnaissance du retour de la Crimée à la Russie par les autres pays des BRICS pourrait décourager l’Ukraine, et se demande pourquoi ces pays, en particulier la Chine, n’ont pas encore agi dans ce sens. (Matteo Cam).

Naturellement, si les pays des BRICS reconnaissaient la nouvelle physionomie d’état de la Russie et l’adhésion de la Crimée, ce serait utile à la Russie, c’est évident. Mais je ne le prévois pas à brève échéance. Sans compter le fait que mettre ensemble tous ces pays n’a pas beaucoup de sens, parce que la Chine, par exemple, ne reconnaîtra pas le nouvel état de fait, bien qu’elle n’ait en rien l’intention de nuire à la Russie. Elle ne le reconnaîtra pas parce qu’elle a ses propres problèmes à propos de Taïwan et du Tibet. Elle s’abstiendra donc de prendre position. La position du Brésil et d’autres états est différente. Mais je crois qu’aucun ne fera un geste dans cette direction. Ceci, pour la partie qui fait référence à la position des BRICS. Je suis en revanche en complet désaccord avec l’hypothèse qu’il puisse y avoir une quelconque possibilité de retour de la Crimée à l’Ukraine. C’est tout à fait hors de question. Cette hypothèse n’existe pas : elle ne pourrait exister qu’en cas de guerre mondiale. Oui, bien sûr, s’il y a une guerre mondiale, quelqu’un pourra rouvrir la question, mais penser que la Russie, dans l’état actuel des choses, puisse renoncer à la Crimée, équivaut à penser que la lune puisse quitter l’orbite de la terre et se mettre à tourner autour de Sirius.

Pourquoi la Russie a-t-elle arrêté si tôt l’offensive novorossienne ? Si les miliciens avaient pu s’éloigner de Donetsk et de Lougansk d’une cinquantaine de kilomètres et libérer aussi Marioupol, la phase de négociations qui s’en est suivie aurait été beaucoup plus simple, parce qu’elle n’aurait pas été troublée par les massacres de civils, provoqués par les bombardements continuels des gouvernementaux, campés à peu de kilomètres du centre de Donetsk. (Elisabeta Gavilina)

Je ne crois pas que la Russie ait arrêté grand-chose. La Russie a exercé une influence sur la situation, mais seulement de façon relative. C’est sur le terrain  que se sont décidées beaucoup de choses. Et beaucoup de choses n’avaient été prévues par personne. La Russie a agi en tenant compte du cadre mondial, pas seulement du cadre local. La crise ukrainienne est une crise qui a une caractéristique locale précise, mais c’est en même temps une partie importantissime de la crise mondiale. Je crois, par conséquent, que Poutine a dû tenir compte de tous ces facteurs, et tous ces facteurs ont contraint la Russie à tenir compte de l’opinion publique européenne. Si la Russie s’était présentée comme un pays expansionniste, cela aurait été bien pire. Poutine a voulu montrer à tous que la Russie n’était pas intéressée par un élargissement de ses frontières. Elle l’a fait en Crimée parce qu’elle ne pouvait rien faire d’autre dans ces circonstances. Mais aller au-delà n’entre pas dans les plans de Poutine. Nous verrons bien, mais Poutine n’a pas l’intention de s’approprier une autre partie de l’Ukraine.

 

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Entre fin août et début septembre, l’armée novorossienne a lancé une offensive qui a infligé des pertes épouvantables aux troupes de Kiev. Pour Giulietto Chiesa, l’issue du conflit s’est décidée principalement « sur le terrain ». (Source de l’image : Colonel Cassad)

 

Quelles peuvent être les possibilités réelles de l’extension à d’autres Oblast de la révolte qui a caractérisé la naissance de la Novorossia ? (Stefano Orsi)

Si Kiev ne change pas sa ligne anti-russe, tôt ou tard éclateront des révoltes dans les parties « russes » restées en dehors du Donbass, désormais indépendant du reste de l’Ukraine.

L’engagement russe dans l’aide au Donbass va-t-il se poursuivre ? Croyez-vous possible que la Russie abandonne le Donbass, dans l’éventualité d’une nouvelle offensive ukrainienne ? (Stefano Orsi)

Non, je ne crois pas que, dans le cas d’une offensive militaire (qui se transformerait en massacre) la Russie puisse rester les bras croisés. Je ne le crois vraiment pas. Parce que Poutine doit aussi tenir compte de l’opinion publique russe, et que l’opinion publique russe est en ce moment très mobilisée, psychologiquement, sur l’aide à apporter au peuple russe d’Ukraine. Par conséquent, un retrait russe et une renonciation complète à la défense des intérêts des Russes d’Ukraine ma paraît improbable. La Russie essayera de trouver une solution, disons pacificatrice, avec une indépendance de fait des régions du Donbass, qui, cependant, ne seront pas incorporées à la Russie. C’est certainement la solution que la Russie préférerait : l’indépendance ou une très large autonomie, pour une longue phase historique de ces deux régions, et après, on verra. C’est la position que je vois à Moscou. Après quoi, si l’Ukraine (qu’il soit clair que, quand je dis « l’Ukraine », je veux dire « les États-Unis d’Amérique ») a l’intention d’aller à l’offensive, je ne crois pas que Poutine laissera faire. Qu’il puisse laisser faire dans une situation de ce genre, je n’y crois absolument pas.

Peut-il exister des risques, en conséquence des accords intervenus entre les États-Unis et l’Ukraine dans le but d’alimenter en combustible américain les centrales nucléaires du pays ? Dans l’affirmative, on se demande pour quelle raison l’Union européenne ne soulève pas d’objections. (Stefano Orsi)

L’Union européenne n’en finit pas d’être enjambée par les décisions américaines en Ukraine. C’est là le problème principal des Européens.

« Récemment, la Russie a commencé à vendre à l’Ukraine de l’énergie électrique et du charbon. Cette action a laissé pantois beaucoup de ceux qui soutiennent la Novorossia. Pensez-vous que cela puisse être lié à la crainte d’un accident nucléaire du genre Fukushima, par interruption de l’alimentation électrique et fusion consécutive du noyau dans un des réacteurs ukrainiens ? » (Fabio Santoni)

La décision russe est dans la tradition : considérer dans tous les cas l’Ukraine comme un pays frère. Ce sont là des gestes politiquement importants pour désamorcer la russophobie de la partie occidentale de l’Ukraine.  En ce qui concerne les risques d’accident, je pense que la situation intérieure de l’Ukraine, son désastre économique, la corruption, le désordre social et technologique, bref, que tous ces facteurs augmentent les risques d’accident, comme cela s’est produit à Tchernobyl. Mais je pense aussi que les États-Unis feront attention à ne pas laisser se produire ce genre de chose. Si jamais cela arrive, ce sera une catastrophe aussi pour l’Europe. C’est pourquoi j’ai l’impression que, sur ce point, le contrôle américain sera très attentif.

 

L’Occident a deux options : lent déclin ou guerre mondiale

 

De 2004 à aujourd’hui, vous aurez pu noter les évidentes incohérences politiques, dans les actions entreprises par la direction de Bruxelles : quelles seront, d’après vous, les conséquences d’une austérité qui ne donne aucun signe de vouloir diminuer, tandis que ces mêmes dirigeants européens pillent les caisses d’une nation après l’autre ? Beaucoup de conspirations, en ce siècle, se sont avérées véritables et risquent très fort d’offrir un tableau plus complet de la vérité que les médias n’arrivent à le faire. Vers quoi nous dirigeons-nous, mondialement et localement ? Y a-t-il une lueur à la fin du tunnel ? (Sascha Picciotto).

Vers quoi nous dirigeons-nous ? Il n’y a pas d’équivoque. Nous nous dirigeons vers la IIIe Guerre mondiale. C’est ma conviction. L’Europe sera entraînée bon gré mal gré dans l’orbite américaine, parce que, désormais, tous les Européens sont soumis au chantage des Américains et ne réussiront pas à s’en libérer, ce qui veut dire que les Américains réussiront très probablement, grâce au Traité Transatlantique (TTIP), à transformer de fait l’Europe en un de leurs appendices, c’est-à-dire l’angliciseront. C’est ainsi que je vois les choses. Car je ne vois pas de forces adéquates susceptibles de s’y opposer. L’Europe verra croître les forces de droite et nationalistes qui finiront par l’affaiblir du point de vue de sa capacité d’agir comme entité supranationale. C’est pourquoi je prévois une crise dramatique de l’Union européenne en tant que telle dans l’immédiat. La perspective n’est donc liée qu’à deux acteurs fondamentaux. Premièrement, la Russie et sa capacité de résister à l’attaque dont elle est l’objet financièrement, politiquement, et ainsi de suite. Je crois que la Russie résistera. Deuxièmement la Chine. La Chine est l’alliée de la Russie et la Russie résistera avec l’aide de la Chine. On se trouvera ainsi dans une situation orwellienne d’affrontement entre l’Asie et l’Occident (Russie et Chine unies). Cette situation peut déboucher sur la guerre. Il est possible qu’elle débouche sur la guerre. Il se peut aussi qu’elle se résolve par une lente et inexorable agonie de l’Occident. Ce sont les deux variantes possibles. Pour l’Occident, vaincre dans cet affrontement est exclu, parce que les perspectives de croissance mondiale qui l’ont soutenu tout ce XXe siècle n’existent plus.

 

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1972 : Nixon rencontre Mao. Aujourd’hui, les USA et la Chine sont sur une trajectoire de collision. Selon Giulietto Chiesa « la Chine est l’alliée de la Russie et la Russie résistera avec l’aide de la Chine. On se trouvera ainsi dans une situation  orwellienne d’affrontement entre l’Asie et l’Occident (Chine et Russie unies) »

 

Le fait que vous soyez « à contre-courant » est archi-connu, et maintenant, votre expulsion d’un pays démocratique – mais la démocratie existe-t-elle aujourd’hui ? – le confirme de manière éclatante. Devons-nous nous attendre à un accroissement du nombre des personnes déclarées non grata dans cette Europe soi-disant unie et démocratique ? (Kingeagle)

L’épisode qui m’a concerné n’est que le test réactif d’une situation intolérable, où on trouve des pays membres de l’Union européenne qui bafouent impunément les règles européennes en matière de droits humains. Contre les minorités russes.

Après les attentats qui ont eu lieu à Paris et ce qui vous est arrivé à Tallin, les personnes qui se mêlent de contre-information doivent-elles craindre pour leur sécurité ou même simplement d’être victimes de contretemps très désagréables dans leur vie quotidienne ?

Ben… si les choses continuent ainsi, j’imagine que oui. De la rencontre à Bruxelles des ministres des Affaire étrangères européennes, je crois que vont sortir les premières décisions comparables à un coup d’état, parce que c’est dans cette direction qu’on va : réduction des libertés démocratiques dans les pays occidentaux, forte augmentation des pouvoirs arbitraires des polices et des magistratures. Il s’agira d’une évidente prise en main autoritaire, qui est en préparation. Par conséquent, tous ceux qui voudront être libres de critiquer se trouveront certainement dans des conditions plus mauvaises.

 

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Le lancement de Pandora TV : une réalité qui fournit une information alternative à des centaines de milliers d’Italiens. Ceux qui veulent aider Giulietto Chiesa peuvent le contacter.

 

Une dernière chose : les gens qui, éventuellement, voudraient aider votre cause ou faire quelque chose pour tenter de conjurer l’hypothèse la plus pessimiste vous ayez énoncée peuvent-ils vous contacter ? De quelle manière peuvent-ils entrer en relation avec votre groupe ?

Ils peuvent me contacter en écrivant à Alternativa, dont le site est

www.alternativa-politica.it

Nous répondons à tous ceux qui s’adressent à nous. Ou bien qu’ils me contactent sur Facebook (tant que cela dure). Premier point, je vous annonce que mon intention est de promouvoir… seul ou avec d’autres, on verra qui sera d’accord, une campagne internationale pour la dissolution de l’OTAN et pour la sortie de l’Italie de l’OTAN. C’est la forme d’activité qui est la plus efficace. Non que je croie cet objectif accessible dans l’immédiat, ni qu’on puisse sortir de l’OTAN du jour au lendemain. Tout le monde est bien conscient que le rapport des forces actuel rend cette tâche extrêmement difficile. Mais je pense que si le peuple italien donnait un signal fort dans cette direction, en même temps que le peuple grec, que le peuple espagnol et d’autres peuples européens, cela mettrait en place un solide élément de modification du tableau politique. Je voudrais que des millions d’Italiens, qui ont peur de ce qui est en train de se produire, comprennent que c’est une façon essentielle d’endiguer le péril qui nous menace tous et qu’ils fassent entendre leur voix. Nous avons un allié qui nous mène à la guerre. Tous ceux qui ne croient pas que cette guerre est juste, qu’elle n’est au contraire que de la démence, doivent le faire savoir. Faire cela signifie se battre pour que l’Italie sorte de l’OTAN et pour que déferle une forte vague d’exigences dans ce sens. Deuxième point : si quelqu’un veut m’aider, il doit savoir que je fais PANDORA TV, qui est désormais un point de référence pour 200.000 – 300.000 personnes en Italie. J’ajoute que ma page Facebook a enregistré hier 498.000 contacts. Ce qui signifie qu’autour de moi, en ce moment même, est en train de se rassembler un fort mouvement politique, pour la première fois depuis que le mouvement Cinq Étoiles a frappé. Mes excuses, mais c’est ainsi. Il faut préparer l’alternative à la grande déception que cette régression du M5S va provoquer. Je ne me fais pas d’illusions, et je ne me prends pas pour l’héritier de ce mouvement. Je raisonne et j’agis dans l’intérêt national. Tant mieux si le M5S se secoue et arrête de rater le train de la crise européenne et mondiale. Le M5S n’a pas été capable de comprendre ce qui se passait en Ukraine. Il semble incapable de comprendre ce qui s’est passé à Paris. Il n’a aucune interprétation de la crise mondiale. C’est dommage pour lui et pour nous tous. Je peux offrir mes connaissances. Si on les refuse ou si on ne les comprend pas, il ne me reste qu’à continuer quand même.

Traduction de c.l. pour Les Grosses Orchades

Source : http://sakeritalia.it/interviste/intervista-giulietto-chi...

 

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* Maurizio Blondet,auteur et conférencier, qui anime la revue de réflexion catholique Certamen. Il dirige, depuis 2003, le blog http://www.effedieffe.com/ (NdT)

 

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Giulietto Chiesa, à la télévision italienne, sur les événements de Paris

Vidéo (ss-t.fr.)

http://ilfattoquotidiano.fr/charlie-hebdo-intervention-detonnante-de-giulietto-chiesa-a-la-tv-italienne/

 

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Grèce

 

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Dans notre rubrique « Les “élites” vivent d’expédients et ces expédients sont minables »…

Pas un mot à Berlin !  Plan révolutionnaire de l’homme de fer Varoufakis pour l’Europe.

par Mike Whitney – Counterpunch19 Février 2015

(Vu des États-Unis)

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« Le bras de fer en cours entre les gouvernements allemand et grec n’est rien de moins qu’une révolution démocratique contre l’hégémonie allemande et la volonté des Allemands et de leurs paladins de l’U.E. de dicter à la Grèce sa politique intérieure. »

Mathew D. Rose, C’est une révolution, idiot ! (Naked Capitalism)

 

« L’Allemagne est en train de se manger elle-même sur la Grèce. Elle érode son autorité morale et semble prête à détruire la zone euro, rien que pour avoir le dernier mot. »

Paul Mason, Entre l’Allemagne et la Grèce, c’est une lutte à mort, un choc des volontés à la fois culturel et économique. (Guardian)

 

Si vous n’avez pas suivi les récents développements de l’affaire Grèce-U.E., vous avez raté quelque chose. C’est sans doute la meilleure histoire de l’année, et ce qui la rend si passionnante, c’est que personne n’aurait cru que la minuscule Grèce pourrait défier les puissants dirigeants de l’U.E. et les faire caner. Et pourtant, c’est ce qui vient de se passer. Lundi (le 16 février, c’est nous qui sommes à la bourre. NdT), des membres de l’Eurogroupe devaient rencontrer le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis pour décider s’ils accepteraient les conditions posées par la Grèce à une extension de son actuel emprunt. Il n’y avait pas de réels changements au contrat. La seule différence était sémantique, à savoir que le prolongement du prêt ne serait pas un « renflouement » mais un « stade de transition vers un nouveau contrat n’entravant pas la croissance de la Grèce ». Autrement dit un pont jeté vers un programme de remboursement totalement différent. 

La stratégie de Varoufakis ? Du pur génie, quand on y pense, puisqu’elle a réussi à déstabiliser les ministres des Finances de l’U.E. et jeté la pagaille dans leur politique. Après tout, comment pouvaient-ils voter « pouces en bas » contre un accord de prêt qu’ils avaient approuvé auparavant, rien que parce que sa formulation avait été un peu modifiée ? Mais s’ils votaient « pouces en  haut », qu’allait-il se passer ?

Il allait se passer qu’ils accepteraient (donc approuveraient tacitement) la détermination de la Grèce de rendre son programme de remboursement moins punitif. Il allait se passer qu’ils ouvriraient ainsi la voie à la fin de l’austérité obligatoire et à une révision du programme de remboursement. Il allait se passer qu’ils reconnaîtraient ainsi, au gouvernement démocratiquement élu de la Grèce, le droit de changer la politique de l’Eurogroupe. Comment avaient-ils pu laisser se produire une chose pareille ?

Mais, encore une fois, comment pouvaient-ils voter contre ? Après tout, c’était essentiellement le même deal. Comme Varoufakis l’a souligné dans une conférence de presse de lundi :

« Nous acceptons les termes de notre contrat d’emprunt. Nous l’acceptons envers tous nos créanciers. » Et nous avons « accepté de ne rien faire qui puisse mettre en échec le cadre budgétaire existant pendant la période d’intérim. »

Voyez ? C’est le même deal.

C’est le petit problème qu’avait à résoudre l’Eurogroupe ce lundi, mais, au lieu de foncer comme l’aurait fait n’importe quel adulte rationnel, ils ont esquivé. Ils ont repoussé leur décision d’un jour et en sont restés là. C’était peut-être la chose intelligente à faire, mais pas la plus glorieuse. C’était comme si Varoufakis, en les regardant droit dans les yeux, les avait fait se débander comme des gamins apeurés.

Rappelez-vous que lundi était l’absolue dernière date-butoir pour décider si on approuvait ou si on  rejetait les conditions de la Grèce pour un prolongement de son emprunt. Leur tâche n’aurait pas pu être plus simple. Tout ce qu’ils avaient à faire, c’était voter oui ou non.

Eh bien, ils ont dit que le temps du match était écoulé et ils sont partis shooter dans les canettes en espérant que le problème se résoudrait tout seul. Nous l’avons dit : pas vraiment glorieux pour l’U.E. Mais ce qui est encore pire, c’est le subterfuge qui a précédé ces rencontres. Voici le scoop : à peu près 15 minutes avant que les derniers conciliabules commencent, ils ont remis à Varoufakis un brouillon de communiqué commun énumérant les conditions revues de l’extension du prêt. Il fut agréablement surpris de constater que toutes ses demandes avaient été prises en compte et se préparait donc à signer le mémo définitif. Le hic, c’est qu’entre sa lecture et sa signature, le document qu’il avait lu avait été subrepticement remplacé par un autre, qui revenait aux positions antérieures sur tous les points cruciaux.

Je n’invente rien.  Les tarés de l’Eurogroupe ont bien essayé de jouer à Varoufakis le très vieux tour des joueurs de bonneteau, en essayant de lui faire signer un document différent de celui qu’on lui avait soumis. Pouvez-vous imaginer ça ? Et c’est seulement parce que Varoufakis a scrupuleusement repassé le document final au peigne fin, qu’il s’est aperçu de la supercherie. On venait de lui refiler, purement et simplement le document d’origine – d’avant les discussions – en tablant sur sa confiance (sa naïveté ? son aveuglement ? rayez les mentions inutiles).

C’est là ce que font les gens qui n’ont aucun principe moral, qui se fichent pas mal de l’intégrité et de la crédibilité pourvu qu’ils arrivent à leurs fins. Ils ne jouent qu’à des jeux dont ils peuvent changer les règles au fur et à mesure.

 

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Mais leur entourloupe arrogante n’a pas marché. Principalement parce que Varoufakis est trop fort pour eux. Il est aussi trop charismatique et talentueux, au grand dam des pompeux gros bonnets de l’U.E., qui ne supportent pas que ce jeunot d’universitaire marxiste ait conquis, en deux coups de cuillère à pot, l’admiration de la planète en renversant leurs petits plans si soigneusement mis au point pour que se perpétuent ad infinitum les six mortelles années de dépression de la Grèce. Ils n’ont jamais imaginé que l’opinion publique mondiale pourrait se retourner si dramatiquement contre eux et que les minables machinations de l’Eurogroupe allaient se retrouver scrutées au laser par l’Europe. Ce n’est pas du tout ce qu’ils voulaient. Ce qu’ils voulaient, c’était carte blanche pour imposer leur politique moyenâgeuse à ces paniers percés de Grecs, comme au bon vieux temps d’après la culbute de Lehman Brothers. Après tout, c’est ainsi qu’un projet impérialiste anti-démocratique comme l’U.E. doit fonctionner, non ?

Si. Sauf que Varoufakis et sa cavalerie marxiste ont jeté un bâton dans la roue du plan de l’Eurogroupe et remis son avenir en question. La marée a tourné de façon abrupte et le flux monte maintenant vers la raison, la solidarité et la compassion, au lieu de descendre vers la répression, l’exploitation et la cruauté. En quelques semaines,  le jeu a changé, et il semble que ce soit la Grèce qui détienne les bonnes cartes.

Si vous regardez attentivement comment Varoufakis a joué contre l’Eurogroupe, vous devrez admirer la subtilité – et pourtant l’efficacité -  de sa stratégie. Il n’y a pas que les tares et les défauts de ceux qui ont tort dans une joute, il y a aussi la vertu et les qualités de ceux qui sont dans leur droit. L’incident de lundi a fait clairement apparaître les deux. Si David n’a pas tué Goliath, il l’a certainement mis en déroute. C’est beaucoup plus que ce à quoi on s’attendait.

La « cause » n’a pas besoin d’être défendue, elle parle d’elle-même. Le renflouement des Grecs n’a jamais été une entreprise raisonnable, parce que le plan élaboré n’avait pas pour but d’aider la Grèce à sortir de sa dette et de la déflation, ni de retrouver une quelconque croissance. Ce n’était, fondamentalement, qu’en opération de relations publiques, rien d’autre qu’un rideau de fumée destiné à masquer ce qui se passait réellement dans les coulisses : un bradage massif du pays aux banques et aux actionnaires. Tout le monde sait cela. Allez voir chez Naked Capitalism :            

« Selon Jubilee Debt Campaign, 92% des 240 milliards d’euros « prêtés » à la Grèce depuis 2010 sont allés aux institutions financières grecques et européennes. » Naked Capitalism.

Ouaip. Ce n’était qu’une (plutôt grosse) allocation d’assistance publique à la classe parasite. Les Grecs n’en ont jamais vu la couleur. Mais ce sont eux qui doivent « rembourser ». Et l’Eurogroupe veut qu’ils le fassent le petit doigt sur la couture du pantalon, en suivant leur « programme d’austérité » à la lettre.

Non, merci.

(…)

Tout le monde sait que « si vous êtes déjà au fond du trou, arrêtez de creuser ». C’est la logique du remède que veut appliquer Varoufakis : au moins arrêter de creuser. Et il est impossible d’y arriver en imposant des mesures inhumaines qui ne réussissent qu’à augmenter le chômage et à plomber l’économie. Cela ne peut être fait qu’en réduisant la dette et en mettant en route un programme qui aide l’économie à croître, jusqu’à ce qu’elle ait retrouvé la santé. Ce n’est pas sorcier, mais c’est anathème pour l’idéologie rétrograde de l’U.E., par moitié faite d’une économie pour crétins et par moitié de cafardise germanique. Mettez les deux moitiés ensemble, et vous vous retrouvez avec une dystopie pré-keynesienne, où une des régions les plus riches du monde s’enfonce de plus en plus dans l’anarchie, à seule fin de prouver que la solution des problèmes par l’austérité exponentielle, ça marche. Devinez quoi ? Ça ne marche pas. Nous avons six ans d’horreur en Grèce pour le prouver.

On notera que, dans cette affaire, l’Eurogroupe ne s’est pas un seul instant écarté si peu que ce soit de sa position originale. En d’autres termes, il n’y a jamais eu de négociations du tout. Ce qu’il y a eu, c’est une poignée de prétentieux arrogants, qui se sont contentés de rabâcher à l’infini leurs mantras discrédités, et peu leur importe que leur sacro-sainte austérité ait été condamnée par tous les économistes dignes de ce nom de la planète. C’est sûr que les escrocs ex-Goldman de la BCE n’en ont rien à f…, ni leurs compères adeptes du cilice pour les autres de Berlin. Ce qu’ils veulent, c’est tirer jusqu’à la dernière goutte de sang de leurs victimes grecques. Mais il vaut mieux savoir aussi que la dette exorbitante des Grecs n’est pour eux qu’un moyen vers une fin, vers le but qu’ils poursuivent en réalité : annihiler totalement le système social de l’U.E., écraser les syndicats, éviscérer les retraites, les salaires et les soins de santé, et privatiser tout ce sur quoi ils peuvent mettre leurs mains graisseuses.

N’oubliez cependant pas ceci : l’U.E. vient à peine d’échapper à une récession en trois poussées successives au cours du troisième trimestre, ce qui eût été son troisième plongeon en moins de six ans. Qu’est-ce que vous pensez d’un tel parcours ? Il ne fait qu’illustrer l’effarante mauvaise gestion économique de l’Union et l’incompétence de ses bureaucrates. En dépit de quoi, ils n’ont aucun scrupule à exiger de la Grèce qu’elle obéisse au doigt et à l’œil. Peut-on imaginer pareille outrecuidance ?

Heureusement, les Grecs ont pris leurs distances avec le troupeau et se sont cherché un sentier moins battu. Ils ont commencé par se débarrasser de leurs politiciens vendus et ont porté au pouvoir une équipe de cracks. Ah, mes amis, ce qu’ils s’en félicitent ! Le taux de popularité de Syriza crève le plafond et Varoufakis est devenu l’homme le plus admiré d’Europe. La question est maintenant de savoir si ces gauchos déterminés seront capables de répondre aux espoirs qu’ils ont fait lever. Il y a des raisons d’espérer, du moins si nous sommes d’accord avec la stratégie de Varoufakis.

Dans un de ses écrits antérieurs, il avait dit qu’il voulait « un New Deal » pour la Grèce :

« À moins que nous n'ayons un New Deal pour l’Europe, la Grèce n’aura aucune chance de s’en sortir… Que l’Eurozone se dote d’un plan rationnel est une condition sine qua non… Jusqu’à ce que (et à condition que) la zone Euro adopte un plan rigoureux pour empêcher que le train déraille, la Grèce n’aura aucune chance. » Naked capitalism

Okay, donc Varoufakis veut rester dans l’U.E., mais il y veut un changement de politique (réduction des dettes nationales, fin de l’austérité, relance de la fiscalité). Mais il a aussi d’autres plans plus ambitieux, dont personne, à Bruxelles, à Francfort et à Berlin, ne semble être conscient. Il veut changer la culture qui prévaut en Europe, petit à petit, progressivement, mais avec persévérance. Il veut une Europe plus réellement démocratique et plus sensible aux besoins de ses états membres, il veut aussi qu’elle soit plus unie ; qu’elle soit unie par des institutions et des programmes qui renforcent cette union. Il croit qu’il n’y aura de chance de succès que si des mesures concrètes sont prises « pour unifier le système bancaire », pour mutualiser la dette (« le gouvernement fédéral est lui-même endetté, en plus des états et par-dessus eux »)… « Et troisièmement, nous avons besoin d’une politique d’investissement qui recouvre toute la zone Euro… d’un mécanisme de recyclage général… À moins que nous ne  nous dotions de tout cela, je crains qu’il n’y ait absolument rien à faire pour empêcher son lent mais inexorable déraillement. » Naked capitalism.

Voilà. Vous avez le topo : nationaliser le système bancaire, créer un marché obligataire à l’échelle de la zone Euro ; établir des mécanismes de transferts fiscaux vers les états plus faibles, comme nous le faisons aux États-Unis via l’aide sociale, les timbres de rationnement alimentaire, les contrats gouvernementaux, etc, pour créer une sorte d’équilibre entre les états très riches et productifs comme la Californie et New York et les états pauvres comme le Dakota du Sud ou l’Oklahoma. (Euh… NdT). C’est ce qu’il faudra pour créer des États-Unis d’Europe viables et leur éviter ces frustrantes crises à répétition. Varoufakis le sait. Bien sûr, il ne pousse pas à cela dans l’immédiat. Du moins pas encore.

Il a décidé d’y aller lentement, pas à pas. Des changements progressifs, voilà l’idée. Continuer à creuser son sillon et à se rallier des partisans, jusqu’à ce que le vieil édifice craque et que la démocratie apparaisse.

C’est là le plan de Varoufakis résumé. La révolution par le dedans.

Pas un mot à Berlin !

Traduction c.l. pour Les grosses Orchades

Source http://www.counterpunch.org/2015/02/19/ironman-varoufakis...

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Mike Whitney vit dans l’état de Washington. Il est un des auteurs de Hopeless : Barack Obama and the Politics of Illusion  (AK Press). Ce livre est également disponible en édition Kindle. On peut le joindre à fergiewhitney@msn.com.

 

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En dépit de la presse d’Outre-Rhin…

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… et des braves Américains qui sont loin, nous sommes ici persuadés que la révolution en question ne se fera ni sans ni contre les Allemands, lesquels sont en assez grand nombre capables de comprendre les vrais enjeux et d’y adhérer, malgré – et contre – les Pegida de tous ordres, qu’on leur flanque dans les pattes pour tenter de détourner leur juste sévérité vers le bouc-émissaire musulman, vieux truc qui ne trompe plus que les irrémédiables zozos. Et la presse(tituée) qui gagne sa croûte d’intoxicatrice à gages.

 

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Die Linke

 

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Pendant qu’on y est :

Comment je suis devenu un Marxiste inconstant

Yanis Varoufakis – Arrêt sur Info – 7 mars 2015

Avant d’entrer en politique, Yanis Varoufakis, l’iconoclaste ministre grec des Finances, qui joue un rôle de premier plan en cette nouvelle période troublée de la zone euro, avait rédigé cette critique virulente du capitalisme européen, tout en indiquant les leçons que la Gauche pouvait tirer des erreurs de Marx.

En 2008, le capitalisme mondial fut pris de spasmes, pour la deuxième fois. La crise financière déclencha une réaction en chaine, qui entraîna l’Europe dans une spirale récessive, dont les effets continuent à se faire sentir, aujourd’hui encore. La situation actuelle de l’Europe ne constitue pas seulement une menace pour les travailleurs, les déshérités, les banquiers, les classes sociales ou, en fait, les nations. Non: l’attitude actuelle de l’Europe représente une menace pour la civilisation, telle que nous la connaissons.

Si mon pronostic se vérifie, et si nous n’avons pas simplement affaire à une crise cyclique de plus, qui sera surmontée sous peu, les radicaux se retrouvent face à la question suivante: devrions-nous nous réjouir de cette crise du capitalisme européen, voir en elle la possibilité de son remplacement par un système meilleur? Ou bien, devrait-elle nous inquiéter, au point de justifier notre engagement dans une campagne de stabilisation du capitalisme européen?

Lire la suite…

Source : http://arretsurinfo.ch/yanis-varoufakis-comment-je-suis-d...

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Et pourquoi Yanis Varoufakis ne s’adresserait-il pas aux Français ? Si on le lui demande gentiment :

Nous avons interviewé le ministre des Finances grec

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Charles Sannat : Vous vous définissez vous-même comme un «contrarien». Pouvez-vous nous en dire plus ?

Yanis Varoufakis : Dans un monde où le paradigme dominant fait obstacle au partage de la prospérité, à la justice et à la liberté, il incombe à ceux qui tiennent ces principes pour fondamentaux de s’opposer au prêt-à-penser. S’opposer aux opinions et aux règles juste pour le principe de s’opposer ne rime à rien et est dangereux. Mais s’opposer à ce qui sape systématiquement les valeurs sur lesquelles repose une société civilisée est un devoir moral.

CS : Vu de France, on a l’impression que dans les négociations en cours entre l’Europe et la Grèce on n’est d’accord sur rien et que les institutions européennes sont intraitables. Est-ce une impression ou la réalité ?

YF : Il y a forcément des points sur lesquels nous sommes d’accord. En effet, il est dans l’intérêt de tous en Europe, y compris de celui de nos créanciers, que la Grèce retrouve une croissance nette. A mes yeux, le problème semble être que l’inflexibilité de l’Europe quant à la politique qu’elle mène vient de ce qu’elle est résolue, ce que l’on peut comprendre, sans pour autant trouver cela judicieux, à ne pas admettre que le «remède » appliqué depuis cinq ans n’a fait qu’aggraver une situation déjà très mauvaise.

Lire la suite…

Source : http://arretsurinfo.ch/nous-avons-interviewe-le-ministre-...

 

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Charles Sannat est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires. Il est actuellement le directeur des études économiques d'Aucoffre.com et rédacteur du ContrarienMatin, ‘Décryptage quotidien sans concession, humoristique et sarcastique de l’actualité économique’.

 

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Choses à lire :

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Yanis VAROUFAKIS

Le Minotaure planétaire: L'ogre américain, la désunion européenne et le chaos mondial

Enquêtes et perpectives – Déc. 2014

318 pages

 

Sur le blog de Yanis Varoufakis « Pensées pour le monde post-2008 » :

L’Europe a besoin d’une Allemagne hégémonique

http://yanisvaroufakis.eu/2013/02/22/europe-needs-a-hegemonic-germany/

Mais aussi :

http://questionscritiques.free.fr/edito/Varoufakis_Michel...

 

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Mais il ne faudrait pas croire qu’il n’y en a que pour les Finances ! Et puisqu’il existe un blog Syriza en France, nous l’avons pillé :

 

Discours d’Alexis Tsipras au Comité Central de SYRIZA

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Camarades,

Nous sommes au début d’un long et difficile combat, unis non seulement par le programme sur lequel le peuple grec nous a accordé sa confiance, mais aussi par les principes, les valeurs fondamentales, les idées et l’histoire de la gauche, par notre volonté de servir le peuple et le pays, par nos relations franches et ouvertes avec les travailleurs, avec ceux qui créent et inventent l’avenir par notre attachement à la démocratie et à la justice sociale, par la mobilisation solidaire du peuple autour de revendications mûres, qui donnent son vrai sens au mot progrès.

Et pour qu’il n’y ait pas de confusion – je tiens à dire clairement que :

Si nous représentons le nouveau, le « sans précédent », l’espoir de changement, cela ne signifie pas pour autant que nous sommes nés de la dernière pluie.

Lire la suite…

Source : http://syriza-fr.org/2015/03/04/discours-d-a-tsipras-au-c... Traduction : Vassiliki Papadaki

 

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Mieux vaut tard que jamais (on parle pour nous aussi) :

Manifestations de soutien à la Grèce un peu partout en France

Présent au rassemblement en soutien au peuple grec place du Palais Royal à Paris le 11 février 2015, Jacques Cheminade appelle à résister avec la Grèce et les BRICS, face à la finance criminelle qui nous mène à la guerre. A l'image du Conseil National de la Résistance en France en 1944, les pays du monde doivent aujourd'hui se rassembler sur l'essentiel : arrêter d'appliquer le garrot de la dette et créer un futur vivable pour les peuples.

 

 

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Au milieu de toute cette excitation, on ne parle pas beaucoup des prisonniers de Grèce. Politiques. Qui se souvient de leur longue grève de la faim pour protester contre les conditions inhumaines de détention dans les nouvelles prisons haute sécurité qui venaient d’être construites ? Il semble que les conditions inhumaines ne leur soient pas appliquées par le nouveau gouvernement, mais ils y sont toujours.

 

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Nous avons reçu ceci du Secours Rouge de Belgique

 

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Secours Rouge/APAPC

Auberge espagnole pour soutenir une action de solidarité en Grèce

Chèr(e)s amis, chèr(e)s camarades

Sous la pression de la Troïka et en réponse aux résistances contre les plans d'austérité, l'ancienne coalition au pouvoir en Grèce avait fait voter une série de lois répressives.

Un loi élargissant la définition du « terrorisme », qui a permis l'emprisonnement de communistes turcs réfugiés en Grèce, une loi privant les prisonniers révolutionnaires du bénéfice des congés pénitentiaires et des réductions de peine et une loi plaçant les prisonniers révolutionnaires dans un prison spéciale d'isolement (à Domokos).

L'arrivée au pouvoir de la nouvelle coalition a suspendu certaine de ces mesures : les prisonniers ont biens été transférés dans la prison spéciale de Domokos mais le régime d'isolement n'a pas été mis en application).

L'abolition des nouvelles lois spéciales de répression figurait parmi les promesses électorales de Syriza, mais rien n'a été fait en ce sens.

Ce 2 mars, les prisonniers ont entamé un mouvement de lutte pour l'abolition des lois spéciales, notamment par une grève de la faim.

Trois journées de mobilisations internationales sont prévues à Athènes les 26, 27 et 28 mars. Les organisateurs ont appelé à une présence majeure du Secours Rouge International.

Le Secours Rouge de Belgique va envoyer une délégation importante (au moins 9 personnes partiront à Athènes).

Pour aider au financement de cette délégation, nous invitons nos plus proches amis et sympathisants à une petite fête chez Nathalie (33 rue du Métal, 1060 -Saint-Gilles).

La fête est informelle (verre de l'amitié, auberge espagnole et discussions) et en comité relativement réduit.

Merci donc de nous réserver votre vendredi 13 mars en soirée (et/ou de verser une contribution au compte BE09 0016 1210 6957 avec mention « Grèce »).

Salutations solidaires

Le Secours Rouge

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Actualité de la répression et de la résistance à la répression

Ce dimanche 8 mars 2015

Grèce : Les anarchistes occupent le siège de Syriza en ce moment

Depuis environ midi, quelques dizaines d’anarchistes occupent le siège de Syriza, ils ont accroché des banderoles sur le bâtiment et jeté des flyers par les fenêtres. Voici leur communiqué :

« "Aujourd’hui, dimanche 8 mars, nous faisons une occupation. Nous exigeons la satisfaction immédiate des revendications des combattants prisonniers en grève de la faim : le retrait des législations spéciales anti-terroristes, et en particulier les lois sur les "organisations criminelles" (lois 187 et 187A). Le retrait des lois répressives spéciales (loi anti-masques), et le retrait des prisons de type-C qui sont le symbole de l’exemption des prisonniers politiques. Le retrait de l’utilisation et du traitement de l’ADN comme preuve. Nous appuyons également la demande pour la libération immédiate de S. (NdT : Savvas Xiros). qui est exterminé depuis 13 ans par la vengeance de l’état. Et nous appuyons la demande des membres de la Conspiration des Cellules de Feu pour la libération de leurs parents". »

Aux dernières nouvelles, peu de policiers sont présents sur place.

 

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Les anarchistes grecs occupent Syriza

Source : http://www.secoursrouge.org/Grece-Les-anarchistes-occupen...

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Solidarité populaire :

Les syndicats grecs offrent des vacances aux enfants de la République Populaire de Lougansk

5 mars 2015

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Hier, mercredi 4 mars, le chef des syndicats de la République Populaire de Lougansk, Oleg Akimov a annoncé à la presse que les syndicats grecs avaient  proposé d’organiser des vacances d’été dans leur pays, pour les enfants de la RPL.

Selon Akimov, les autorités de la RPL ont entamé des négociations pour organiser ces vacances d’été au bénéfice des enfants de familles privées de protection sociale, en mettant néanmoins tout en œuvre pour que les fermes de santé de leur propre pays soient en état de recevoir autant d’enfants que possible, dans les conditions de sécurité nécessaires.

Traduit (librement) par cl. pour Les Grosses Orchades

Source : http://novorossia.today/greek-trade-unions-suggested-prov...

 

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Espagne

 

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Le Fantôme du Caudillo frappe encore

ou

l’Espagne serait-elle restée franquiste sans que personne ne nous en ait rien dit?

Huit jeunes brigadistes espagnols (communistes) de retour du Donbass, où ils se sont battus aux côtés des Ukrainiens du Sud contre l’armée nazie de Kiev, ont été arrêtés à leur retour en Espagne. En vertu de quelles lois ?

Lire ici…

Source : http://www.initiative-communiste.fr/articles/internationa...

Grain de sel des Grosses Orchades :

« Le Parti Communiste Espagnol demande »…  « Demande » ? Vous allez dire qu’on pinaille... Il ne pourrait pas exiger ?

 

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Qui a peur de l’Incorruptible ? Pablo Iglesias et la Révolution française.

par Olivier Tonneau, Homerton College, Cambridge

 

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Pablo Iglesias

 

Cet article est paru en anglais dans le journal The Guardian du 18 février 2015.

Pablo Iglesias, le dirigeant du parti espagnol Podemos, est un homme traqué par l’Histoire – et particulièrement par l’histoire de la Révolution française. Ses références à la guillotine font en effet couler beaucoup d’encre dans les médias espagnols. En juin 2012, en réaction aux coupes budgétaires imposées par le gouvernement, Pablo Iglesias tweetait : « Des coupes, d’accord… mais avec la guillotine » . Un an plus tard, il publiait une tribune intitulée « Une Guillotine à la Puerta Del Sol » . La même année, dans une interview télévisée, Iglesias demandait : « Savez-vous quel acte symbolise l’avènement historique de la démocratie ? C’est l’exécution d’un roi, Louis XVI, décapité par la guillotine. »

« Les Espagnols se seraient épargnés bien des horreurs s’ils avaient fait usage de l’outil de la justice démocratique » déplorait Iglesias, avant de citer Robespierre : « Punir les oppresseurs de l'humanité, c'est clémence ; leur pardonner, c'est barbarie. » Il ne se passe pas une semaine sans qu’il soit fait référence à ces propos dans le débat public. La semaine passée, Eduardo Garcia Serrano, fondateur du journal de centre-droit El Mundo, surnommait ironiquement Iglesias « El incorruptible Senor X ».

Lire la suite…

Source : http://revolution-francaise.net/2015/02/23/610-qui-a-peur...

 

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Le parti Podemos (Podem en catalan, Ahal Dugu en basque), de M. Pablo Iglesias Turrión a fait plus : il a demandé à Madame Florence Gauthier, historienne de la Révolution, la permission de traduire et de diffuser ses écrits en Espagne. Permission accordée avec joie.

Les Français n’auront pas cette chance, à moins qu’ils connaissent le chemin du site-mère (ou père ?) : http://revolution-francaise.net/ et celui du Canard Républicain : http://www.lecanardrépublicain.net/

Les autres devront se contenter de l’ineffable Marion Sigaut, historienne-maison du mouvement Inégalité&Division, qui vient d’épouser celui des royalistes vendéens. Soucieuse de satisfaire ses sponsors du bocage, dame Sigaut part en guerre pour la monarchie et contre la République (la vraie, la Première), et réclame, avec ses maîtres, le retour du catholicisme comme religion d’État. Meuh, non, ce n’est pas de l’islamo-judéophobie, qu’allez-vous chercher là ? Et de s’en prendre au Plan d’Éducation Nationale de Lepeletier de Saint-Fargeau, par elle décrété, pâle hîlote, « totalitaire ». Pauvre Lepeletier, déjà assassiné de son vivant, si on ose dire…

Côté royalisme de pointe : « La monarchie est démocratique, si le peuple choisit le système » (Soral). À cœurs vaillants, rien d’impossible…  Ils ont même deux vrais prétendants : Louis XX et Henri V (Bourbon, les deux). Qui les départagera ? Une petite guerre dynastique ?

Excusez-nous, on n’a pas de Tsipras, ni de Varoufakis ni d’Iglesias sous la main. On fait avec ce qu’on trouve.

 

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Russie

Qui a tué Nemtsov ?

Par Israël Adam SHAMIREntre la plume et l’enclume8 mars 2015

 

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C’est fait, les assassins présumés de Nemstov sont sous les verrous et il s’agit (prière de marquer une pause étranglée) de musulmans de Tchéchénie qui avaient nous dit-on une furieuse envie de punir l’homme politique ardemment Je-Suis-Charlie. On ne dispose pas encore de rapport officiel, mais c’est la version peu plausible que l’on répand à Moscou.
Alors, notre 11 septembre à l’échelle d’un pauvre type ? Certes, l’assassinat de l’homme politique russe a tout l’air de sortir des mêmes studios hollywoodiens à gros moyens, qui nous ont servi le 11 septembre et le marathon de Boston, et Charlie’s tuerie. Ces crimes à New York, Boston, Paris et maintenant Moscou ont deux points communs : les musulmans, dans le rôle d’accusés, et le fait que personne n’y croit vraiment ; la défiance s’est répandue comme la poudre, et s’étend aux détails du récit tels qu’ils sont publiés

Lire la suite…

Source : http://www.plumenclume.net/articles.php?pg=art1694

Nous avons, dans notre précédent post publié l’analyse d’Alexander Sobyanin, parce que, dans ses grandes lignes, nous pensions qu’elle était juste. Nous publions aujourd’hui celle d’Israël Shamir, parce que nous pensons de même. Nous contredisons-nous ? Pas du tout.

Et cette occasion est aussi bonne qu’une autre pour répondre à plusieurs mails que nous avons reçus hors commentaires. Notre conviction à nous est qu’indépendamment de tous les autres facteurs (pressions sur Merkel-Hollande, rapprochement avec l’Occident aux frais des Tchétchènes), Boris Nemtsov a été « sacrifié » pour permettre à ces Messieurs-Dames (car il y a des dames !) de la CIA, de l’OTAN, du MOSSAD et autres espèces létales de SAUVER LA FACE. Car, à quoi avons-nous assisté, depuis des mois ? À des fanfaronnades (on peut dire aussi de l’intoxe), comme quoi on allait voir ce qu’on allait voir, le « printemps russe » était imminent, l’« Euromaidan » moscovite programmé (pour le 1er mars) et l’inévitable chute de Vladimir Poutine assurée les doigts dans le nez. Or, qu’aurait-on vu, en réalité, si Nemtsov n’était pas si opportunément mort ? Rien du tout. La montagne n’aurait même pas accouché d’une souris. Les sinistres drilles qui nous emmènent à l’abîme s’étant juste contentés de pratiquer, comme de plus en plus souvent, la méthode Coué. Avec cette mort si opportune, le FIASCO TOTAL du regime change annoncé en fanfare est passé muscade. Et quoi de plus normal, de leur point de vue d’honnêtes tueurs en séries, que d’accuser de ce pis-aller celui qui aurait dû en être la victime, si les dieux n’étaient pas si récalcitrants aux injonctions « démocratiques » ?

C’est assez dire que nous ne croyons pas une seconde à la fable tchétchène ! Quels impératifs de real politik poussent les Russes à coller ce meurtre (qui a peut-être été physiquement exécuté par un musulman, la question n’est pas là) sur le dos de quelques lampistes barbus ? Nous l’ignorons et nous n’avons pas le droit de les juger. Ils se battent pour nous, dans une guerre à mort où nous leur laissons prendre tous les risques sans les aider. Nous nous posons quand même la question suivante :

Dans un cas semblable, Robespierre aurait-il, par réalisme politique, fait porter le chapeau d’un crime à un bouc-émissaire quel qu’il soit ? La réponse est NON. Quoi qu’il lui en eût coûté.

Il y a des circonstances où les principes prennent le pas sur n’importe quel réalisme. Parce que leur action est primordiale et son effet à beaucoup plus longue échéance. Encore une fois, nous ne jugeons pas. Nous nous accrochons à ce qui nous sert de boussole.

Et, pour rappel :

« Le peuple peut, quand il lui plaît, changer son gouvernement, et révoquer ses mandataires »

Maximilien Robespierre

 

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Homère et Michel-Ange n’ont jamais eu le téléphone. Et ce n’est pas de cela qu’ils sont morts.

 

Dans cet ordre d’idées, Jean-Pierre OTTE nous envoie une brève réflexion que viennent de lui inspirer les Dernières Nouvelles de l’Homme.

Nous ne les connaissions pas. Belle occasion de faire connaissance. Les voici l’un derrière l’autre : 

La porte personnelle

Sonnez à votre propre porte à un moment où vous ne vous y attendez pas, recommande le chroniqueur des Dernières nouvelles de l’Homme. Venez vous ouvrir et pénétrez à l’improviste en vous-même. Allez à votre rencontre ou restez pour un temps un passager clandestin réfugié dans les soutes, puis se glissant par les écoutilles. En un mot comme en cent : visitez-vous ! Voyagez en vous-même : le marcheur évolue dans sa propre géographie, des racines des cheveux à la plante des pieds, de la chambre alvéolée de la mémoire à celle, contiguë, de l’imaginaire.

A l’échelle de l’univers nous sommes un grain de poussière impossible même à distinguer à l’œil nu, et pourtant, ce grain de poussière, capable d’humeur et de mouvement, contient tout un monde. Unité du nombre, le détail résume l’ensemble et l’infini intérieur vaut l’infini des galaxies alors que le monde se modifiant nous modifie en retour.

L’aventure est de descendre en soi-même, à l’intérieur de son puits aux images, au bout de sa galerie de prospection, au fond de son village mongol, où ce qu’il y a en nous de plus audacieux et de libre rencontre des déesses fluides, la figure énigmatique du hasard, des visages dévoilés pour d’invraisemblables liaisons. Un pays intérieur, intime et tangible, qui a ses mythologies, ses trouvères, sa loi morale et son ciel étoilé, dans le goût de l’impossible et du vrai, dans le plaisir de l’inexplicable et de l’évidence tout à coup révélée.

Tout au fond, au plus obscur, comme on le ferait d’une racine entre les doigts, dégagez un désir, le vôtre ; saisissez-le au vif, aiguisez-le au-delà de toute espérance. A partir de ce désir de vie qui est le vôtre, tout, de toutes parts, est ouvert, offert à vos pas. Il n’y a plus d’obstacle, et il n’y en a peut-être jamais eu. Vous retournant par acquit de conscience, vous constatez même qu’il n’y avait pas de porte.

Dans cette aventure personnelle, ce n’est pas d’instruments de chirurgie meilleurs dont nous avons le plus besoin. Ni de pouvoir d’achat, de primes à l’emploi et de sécurité sociale. Pas davantage de conférences au sommet, de téléphonie sans fil et d’informations intempestives qui nous occultent en définitive la réalité vraie du monde sous la taie d’un malheur indifférent. Mais de l’expérience immédiate de s'éprouver en vie, de se sentir respirer ici et maintenant. Respiration et en même temps perspiration, percolation par tous les pores. Soyons buveurs de vent, ivrognes de la fluidité, partisans inconditionnels du prodige ordinaire qui avive et revivifie le sang, aiguise les sens, délie et affine les pensées dans un luxe d’évidence, l’idée et le désir même d’une manière plus exaltante de se conjuguer au présent.

Il faut restituer à chacun la certitude d’exister à titre d’exception au rythme même, métronomique, de sa respiration.

Jean-Pierre Otte

Pour rappel :

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http://plaisir.d-exister.pagesperso-orange.fr/

 

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Ce qui suit serait tout à fait à sa place dans notre post fantôme sur la Chine, mais puisque la Chine n’en finit pas d’être remise, depuis Noël, aux calendes, inversons l’ordre.

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Les Dernières Nouvelles de l’Homme

Au gai savoir – Les miscellanées du Joueb de Joël

Diversité

6 mars 2015

Un beau texte sur l'enrichissement qu’entraîne la diversité, texte extrait de la poésie du gérondif de Jean-Pierre Minaudier.

Chomskyens : Noam Chomsky est un linguiste américain qui a pris la grosse tête depuis qu'on l'a gratifié du titre pompeux de « plus grand intellectuel vivant ». Il est un défenseur de l'idée d'une grammaire universelle des langues et en bon américain il ne comprend même pas la mentalité française, il l'a prouvé plusieurs fois.

Lire la suite…

(Il faut descendre dans le blog et chercher "Diversité")

Source : http://perinet.blogspirit.com

(Lire « occidentalocentrisme » et « une tradition “classique” »)

Voilà qui ne va pas nous faire que des amis chez les Chomskyens. À vos plumes, si vous n’êtes pas d’accord. La section « Commentaires » est faite pour cela.

Et… ah, la lettre de Diderot à Voltaire ! Deux cent cinquante ans et plus que toutes ses dents : d’une fraîcheur d’œuf du jour. Même si on lui fait faire une faute de français impardonnable. Ne pas se relire… ne pas se relire… c’est bien beau, mais c’est mal élevé.

En attendant :

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Jean-Pierre MINAUDIER

Poésie du gérondif

Le Tripode Éditions – 2014

157 pages

 

 

 

Présentation de l'éditeur

Jean-Pierre Minaudier n'est pas un homme ordinaire. Cet amateur de mots est victime d'une terrible addiction : il possède une des plus grandes bibliothèques personnelles au monde de grammaires et s'en nourrit comme d'autres lisent des poèmes et des BD (qu'il lit aussi). Dans Poésie du gérondif, armé de ses quelque 1163 grammaires, concernant plus de 800 langues, il nous raconte avec humour et quantité d'exemples pourquoi chaque langue véhicule une vision particulière de l'univers...

Note biographique sur l’auteur

Diplômé de l'École normale supérieure et historien de formation, Jean-Pierre Minaudier s'est découvert sur le tard un amour pour les langues rares. Depuis, il enseigne le basque et l'estonien (qu'il traduit aussi, on lui doit notamment la version française de L'Homme qui savait la langue des serpents, d'Andrus Kivirähk) et jongle compulsivement avec les centaines d'autres idiomes qui nichent dans sa bibliothèque.

Pendant qu’on y est :

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Andrus Kivirähk

L’homme qui savait la langue des serpents

Traduit par Jean-Pierre Minaudier

Illustré par Denis Dubois

Le Tripode Éditions – 2013

440 pages

 

 

Prix de l'Imaginaire 2014 du roman étranger

Voici l'histoire du dernier des hommes qui parlait la langue des serpents, de sa sœur qui tomba amoureuse d’un ours, de sa mère qui rôtissait compulsivement des élans, de son grand-père qui guerroyait sans jambes, d’une paysanne qui rêvait d’un loup-garou, d’un vieil homme qui chassait les vents, d’une salamandre qui volait dans les airs, d’australopithèques qui élevaient des poux géants, d’un poisson titanesque las de ce monde et de chevaliers teutons épouvantés par tout ce qui précède... Peuplé de personnages étonnants, empreint de réalisme magique et d’un souffle inspiré des sagas scandinaves, un roman à l’humour et à l’imagination délirants.

L’Auteur

Andrus Kivirähk est un écrivain estonien né en 1970 à Tallinn. Phénomène littéraire dans son pays, journaliste et essayiste, son œuvre importante suscite l’enthousiasme d’un très large public qui raffole de ses histoires. Il écrit des romans et des nouvelles, des pièces de théâtres, des textes et des scénarios de films d’animation pour enfants.

Le Traducteur

Jean-Pierre Minaudier est né en 1961 à Lyon. Ancien élève de l'École Normale Supérieure, professeur d’histoire en hypokhâgne et khâgne, traducteur, il est également chargé de cours d’histoire estonienne et de traduction littéraire depuis l’estonien à l’INALCO et enseigne le basque à la Maison Basque de Paris. Son temps libre est assez compté.

Le Dessinateur

Reprenant à son compte la tradition des collages surréalistes, Denis Dubois manipule les gravures en laissant parler son imaginaire. Il se présente lui-même comme un manufactureur d’images, avoue pour lecture de prédilection le bottin et fait de L’Attaque de la moussaka géante son film préféré.

En savoir plus :

http://www.le-tripode.net/livre/andrus-kivirahk/lhomme-qu...

 

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Mis en ligne le 9 mars 2015

 

 

00:35 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

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