02/02/2013

STALINGRAD - 2 Février 1943

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STALINGRAD

2 février 1943

 

Lorsqu'il y a un an nous rappelions le Bicentenaire de la Berezina, en souhaitant que ceux qu'elle attire la trouvent, nous ne doutions pas que les Russes, dans un avenir plus ou moins proche, ne dussent une fois de plus faire face à une invasion de leur territoire, car il y a des gens qui n'apprennent jamais rien.

Si l'invasion est toujours, pour l'instant, feutrée (Ô les inventions sémantiques ! Ô les « soft power » et autres dénominations new look !), elle est, d'intention et de fait, aussi réelle qu'était en puissance celle d'Adolf Hitler, quand il signa avec Joseph Staline un pacte de non-agression qui n'allait pas tarder à voler en éclats. Aujourd'hui, MM. Obama et Poutine en sont au même point. Signeront ? Signeront pas ? Respecteront ? L'histoire a une fâcheuse propension à se répéter.

La Berezina d'Hitler, c'est-à-dire la mort assurée du Reich, s'appela Stalingrad, même si, après cette défaite décisive, la Wehrmacht allait poursuivre le siège de Leningrad pendant un an encore, à un prix démentiel en vies humaines. Il y a 70 ans aujourd'hui que ce qui restait d'Allemands en vie autour de Stalingrad se rendait aux Russes, 130 ans après que la Grande Armée eût repassé la célèbre rivière. La Russie est un vagin denté.

Comment s'appellera et où se passera la défaite de « Tout l'Occident » d'aujourd'hui ? Difficile à dire. Car l'invasion projetée de la Russie par les USA, l'U.E., l'Australie, la Nouvelle Zélande, les Canadas, Israël, les pétromonarchies du Golfe et peut-être la Turquie et le Japon, s'arrondit aujourd'hui de l'invasion projetée, pour l'instant appelée « contention », de la Chine. A quoi bon lésiner ?

Les jeunes générations – sabotage des éducations nationales obligeant – ignorent sans doute même le nom de cette « mère des batailles », la plus légendaire depuis celle de Troie. Les Troyens vaincus furent immortalisé  par Homère. Les Soviétiques (Russes et autres) vainqueurs ont eu droit, du moins sous nos latitudes, à la mise sous le boisseau, au black out occidental.

Pour l'épopée de la ville qu'on s'est donné l'immense ridicule – et la bassesse – de débaptiser, nous n'allons pas raconter ici le déroulement des opérations militaires. D'autres beaucoup plus qualifiés que nous l'ont fait, avec cartes à l'appui, vers lesquels nous vous donnerons plus loin quelques liens. Pour ce modeste blog, nous nous contenterons d'emprunter à Madame Annie Lacroix-Riz son résumé (très résumé) des causes et des effets historiques.

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 « L'appel de la Mère Patrie »

statue de 82 mètres de haut, oeuvre d'Evgueni Koutchetich,

symbolisant la Victoire de Stalingrad,

érigée au sommet du Kourgane Mamaïev

 

Un kourgane est une colline artificielle abritant des tombeaux préhistoriques (équivalent septentrional des pyramides d'Egypte). Celui-ci fut un enjeu terriblement disputé pendant la bataille de Stalingrad. À la fin, le sol gorgé de sang contenait entre cinq cents et mille deux cent cinquante éclats métalliques au mètre carré. La colline était restée noire tout l'hiver, la neige fondant sous les explosions et les feux. Au printemps suivant, elle le resta, car aucune végétation ne put repousser sur le sol dévasté.

Vassili Tchouikov, qui a commandé les troupes russes pendant toute la bataille, y est inhumé par-dessus ses ancêtres scythes. C'est le premier maréchal de l'URSS à n'être pas enterré à Moscou, au pied des murs du Kremlin.

 

70e Anniversaire de la victoire soviétique de Stalingrad – 2 février 1943 :

un article d'Annie Lacroix-Riz
 

La capitulation de l’armée de von Paulus à Stalingrad, le 2 février 1943, marqua, pour l’opinion publique mondiale, un tournant militaire décisif, mais qui ne fut pas le premier. Cette victoire trouve son origine dans les préparatifs de l’URSS à la guerre allemande jugée inévitable : le dernier attaché militaire français en URSS, Palasse les estima à leur juste valeur. Contre son ministère (de la Guerre), acharné à faire barrage aux alliances francosoviétique et tripartite (Moscou, Paris, Londres) qui eussent contraint le Reich à une guerre sur deux fronts, cet observateur de l’économie de guerre soviétique, de l’armée rouge et de l’état d’esprit de la population affirma dès 1938 que l’URSS, dotée d’« une confiance inébranlable dans sa force défensive », infligerait une sévère défaite à tout agresseur. Les revers japonais dans les affrontements à la frontière URSS-Chine-Corée en 1938-1939 (où Joukov se fit déjà remarquer) confirmèrent Palasse dans son avis : ils expliquent que Tokyo ait prudemment signé à Moscou le 13 avril 1941 le « pacte de neutralité » qui épargna à l’URSS la guerre sur deux fronts.

Après l’attaque allemande du 22 juin 1941, le premier tournant militaire de la guerre fut la mort immédiate du Blitzkrieg. Le général Paul Doyen, délégué de Vichy à la commission d’armistice, l’annonça ainsi à Pétain le 16 juillet 1941 : « Si le IIIème Reich remporte en Russie des succès stratégiques certains, le tour pris par les opérations ne répond pas néanmoins à l’idée que s’étaient faite ses dirigeants. Ceux-ci n’avaient pas prévu une résistance aussi farouche du soldat russe, un fanatisme aussi passionné de la population, une guérilla aussi épuisante sur les arrières, des pertes aussi sérieuses, un vide aussi complet devant l’envahisseur, des difficultés aussi considérables de ravitaillement et de communications. Sans souci de sa nourriture de demain, le Russe incendie au lance-flamme ses récoltes, fait sauter ses villages, détruit son matériel roulant, sabote ses exploitations ». 

Ce général vichyste jugea la guerre allemande si gravement compromise qu’il prôna ce jour-là une transition de la France du tuteur allemand (jugé encore nécessaire) au tuteur américain, puisque, écrivit-il, « quoi qu’il arrive, le monde devra, dans les prochaines décades, se soumettre à la volonté des États-Unis. » Le Vatican, meilleure agence de renseignement du monde, s’alarma début septembre 1941 des difficultés « des Allemands » et d’une issue « telle que Staline serait appelé à organiser la paix de concert avec Churchill et Roosevelt ».

Le second tournant militaire de la guerre fut l’arrêt de la Wehrmacht devant Moscou, en novembre-décembre 1941, qui consacra la capacité politique et militaire de l’URSS, symbolisée par Staline et Joukov. Les États-Unis n’étaient pas encore officiellement entrés en guerre. Le Reich mena contre l’URSS une guerre d’extermination, inexpiable jusqu’à sa retraite générale à l’Est, mais l’armée rouge se montra capable de faire échouer les offensives de la Wehrmacht, en particulier celle de l’été 1942 qui prétendait gagner le pétrole (caucasien). Les historiens militaires sérieux, anglo-américains notamment, jamais traduits et donc ignorés en France, travaillent plus que jamais aujourd’hui sur ce qui a conduit à la victoire soviétique, au terme de l’affrontement commencé en juillet 1942, entre « deux armées de plus d’un million d’hommes ». Contre la Wehrmacht, l’Armée rouge gagna cette « bataille acharnée », suivie au jour le jour par les peuples de l’Europe occupée et du monde, qui « dépassa en violence toutes celles de la Première Guerre mondiale, pour chaque maison, chaque château d’eau, chaque cave, chaque morceau de ruine ». Cette victoire qui, a écrit l’historien britannique John Erickson, « mit l’URSS sur la voie de la puissance mondiale », comme celle « de Poltava en 1709 [contre la Suède] avait transformé la Russie en puissance européenne ».

La victoire soviétique de Stalingrad, troisième tournant militaire soviétique, fut comprise par les populations comme le tournant de la guerre, si flagrant que la propagande nazie ne parvint plus à le dissimuler. L’événement posa surtout directement la question de l’après-guerre, préparé par les États-Unis enrichis par le conflit, contre l’URSS dont les pertes furent considérables jusqu’au 8 mai 1945. La statistique générale des morts de la Deuxième Guerre mondiale témoigne de sa contribution à l’effort militaire général et de la part qu’elle représenta dans les souffrances de cette guerre d’attrition : de 26 à 28 millions de morts soviétiques (les chiffres ne cessent d’être réévalués) sur environ 50, dont plus de la moitié de civils. Il y eut moins de 300 000 morts américains, tous militaires, sur les fronts japonais et européen. Ce n’est pas faire injure à l’histoire que de noter que les États-Unis, riches et puissants, maîtres des lendemains de guerre, ne purent vaincre l’Allemagne et gagner la paix que parce que l’URSS avait infligé une défaite écrasante à la Wehrmacht. Ce n’est pas « le général Hiver » qui l’avait vaincue, lui qui n’avait pas empêché la Reichswehr de rester en 1917-1918 victorieuse à l’Est.

La France a confirmé la russophobie, obsessionnelle depuis 1917, qui lui a valu, entre autres, la Débâcle de mai-juin 1940, en omettant d’honorer la Russie lors du 60e anniversaire du débarquement en Normandie du 6 juin 1944. Le thème du sauvetage américain de « l’Europe » s’est imposé au fil des années de célébration dudit débarquement. Les plus vieux d’entre nous savent, même quand ils ne sont pas historiens, que Stalingrad a donné aux peuples l’espoir de sortir de la barbarie hitlérienne. À compter de cette victoire, « l’espoir changea de camp, le combat changea d’âme. » Ce n’est qu’en raison d’un matraquage idéologique obsédant que les jeunes générations l’ignorent.

Annie Lacroix-Riz - professeur émérite, université Paris

 

Bibliographie :

- John Erickson, 2 vol., The Road to Stalingrad: Stalin’s War with Germany; The Road to Berlin: Stalin’ War with Germany, 1e édition 1983, Londres; réédition, New Haven & London, Yale University Press, 1999 ;

- Geoffrey Roberts, Stalin’s Wars: From World War to Cold War, 1939-1953. NewHaven & London,Yale University Press, 2006 (qui devrait être traduit dans la période à venir);

Stalin’s general : the life of Georgy Zhukov, London, Icon Books, 2012 ;-

- David Glantz et Jonathan M. House, Armageddon in Stalingrad: September-November 1942 (The Stalingrad Trilogy, vol. 2, Modern War Studies, Lawrence, Kansas, University Press of Kansas, 2009 ;

- Alexander Werth, La Russie en guerre, Paris, Stock, 1964, reste fondamental.

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La bataille de Stalingrad – URSS

La guerre du millénaire

http://www.histoire-pour-tous.fr/batailles/729-la-bataille-de-stalingrad.html

La bataille de Stalingrad (août 1942 – janvier 1943)

Histoire pour tous

http://www.histoire-pour-tous.fr/batailles/729-la-bataille-de-stalingrad.html

Bataille de Stalingrad

Une brochure de 60 pages en pdf, bourrée d'images et de citations.

http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/32/46/53/textes02/Stalingrad-brochure.pdf

Un site que nous n'avons pas eu le temps d'explorer avant vous :

Les mensonges sur l'URSS du temps de Staline (1924-1953)

http://www.communisme

-bolchevisme.net/joseph_staline_et_les_mensonges_de_la_bo...

Un autre, consacré à l'Armée Rouge :

Blog Tchapaiev – Honneur à l'Armée Rouge

http://honneur-a-l-armee-rouge.over-blog.com/article-frec...

 


*

Discours radiodiffusé de Staline

du 3 juillet 1941

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Camarades ! Citoyens ! Frères et Soeurs ! Combattants de notre armée et de notre flotte !

Je m’adresse a vous, mes amis !

La perfide agression militaire de l’Allemagne hitlérienne, commencée le 22 juin, se poursuit contre notre Patrie.

Malgré la résistance héroïque de l’Armée rouge, et bien que les meilleures divisions de l’ennemi et les unités les meilleures de son aviation aient déjà été défaites et aient trouvé la mort sur les champs de bataille, l’ennemi continue a se ruer en avant, jetant sur le front des forces nouvelles.

Les troupes hitlériennes ont pu s’emparer de la Lituanie, d’une grande partie de la Lettonie, de la partie ouest de la Biélorussie, d’une partie de l’Ukraine occidentale.

L’aviation fasciste étend l’action de ses bombardiers, en soumettant au bombardement Mourmansk, Orcha, Moguilev, Smolensk, Kiev, Odessa, Sebastopol.

Un grave danger pèse sur notre Patrie.

Comment a-t-il pu se faire que notre glorieuse Armée rouge ait abandonné aux troupes fascistes une série de nos villes et régions ?

Les troupes fascistes allemandes sont-elles vraiment invincibles comme le proclament sans cesse a cor et a cri les propagandistes fascistes fanfarons ? Non, bien sûr.

L’histoire montre qu’il n’a jamais existé et qu’il n’existe pas d’armées invincibles.

On estimait que l’armée de Napoléon était invincible.

Mais elle a été battue successivement par les troupes russes, anglaises, allemandes.

L’armée allemande de Guillaume, au cours de la première guerre impérialiste, était également considérée comme une armée invincible ; mais elle s’est vu infliger mainte défaite par les troupes russes et anglo-françaises, et elle a été finalement battue par les troupes anglo-françaises.

Il faut en dire autant de l’actuelle armée allemande fasciste de Hitler.

Elle n’avait pas encore rencontré de sérieuse résistance sur le continent européen.

C’est seulement sur notre territoire qu’elle a rencontré une résistance sérieuse.

Et si a la suite de cette résistance les meilleures divisions de l’armée fasciste allemande ont été battues par notre Armée rouge, c’est que l’armée fasciste hitlérienne peut également être battue et le sera comme le furent les armées de Napoléon et de Guillaume.

Qu’une partie de notre territoire se soit néanmoins trouvée envahie par les troupes fascistes allemandes, cela s’explique surtout par le fait que la guerre de l’Allemagne fasciste contre l’URSS a été déclenchée dans des conditions avantageuses pour les troupes allemandes et désavantageuses pour les troupes soviétiques.

En effet, les troupes de l’Allemagne, comme pays menant la guerre, avaient été entièrement mobilisées.

170 divisions lancées par l’Allemagne contre l’UPSS et amenées aux frontières de ce pays se tenaient entièrement prêtes, n’attendant que le signal pour se mettre en marche.

Tandis que, pour les troupes soviétiques, il fallait encore les mobiliser et les amener aux frontières.

Chose très importante encore, c’est que l’Allemagne fasciste a violé perfidement et inopinément le pacte de non-agression conclu, en 1939, entre elle et l’URSS sans vouloir tenir compte qu’elle serait regardée par le monde entier comme l’agresseur.

On conçoit que notre pays pacifique, qui ne voulait pas assumer l’initiative de la violation du pacte, ne pouvait s’engager sur ce chemin de la félonie.

On peut nous demander : comment a-t-il pu se faire que le Gouvernement soviétique ait accepté de conclure un pacte de non-agression avec des félons de cette espèce et des monstres tels que Hitler en Ribbentrop ?

Le Gouvernement soviétique n’a-t-il pas en l’occurrence commis une erreur ?

Non, bien sûr.

Le pacte de non-agression est un pacte de paix entre deux Etats.

Et c’est un pacte de ce genre que l’Allemagne nous avait proposé en 1939.

Le Gouvernement soviétique pouvait-il repousser cette proposition ?

Je pense qu’aucun Etat pacifique ne peut refuser un accord de paix avec une Puissance voisine, même si a la tête de cette dernière se trouvent des monstres et des cannibales comme Hitler et Ribbentrop.

Cela, bien entendu, a une condition expresse : que l’accord de paix ne porte atteinte, ni directement ni indirectement, a l’intégrité territoriale, a l’indépendance et a l’honneur de l’Etat pacifique.

On sait que le pacte de non-agression entre l’Allemagne et l’URSS était justement un pacte de ce genre.

Qu’avons-nous gagné en concluant avec l’Allemagne un pacte de non-agression ?

Nous avons assuré a notre pays la paix pendant un an et demi et la possibilité de préparer nos forces a la riposte au cas où l’Allemagne fasciste se serait hasardée a attaquer notre pays en dépit du pacte.

C’est la un gain certain pour nous et une perte pour l’Allemagne fasciste.

Qu’est-ce que l’Allemagne fasciste a gagné et qu’est-ce qu’elle a perdu, en rompant perfidement le pacte et en attaquant l’URSS ?

Elle a obtenu ainsi un certain avantage pour ses troupes pendant un court laps de temps, mais elle a perdu au point de vue politique, en se démasquant aux yeux du monde comme un agresseur sanglant.

Il est hors de doute que cet avantage militaire de courte durée n’est pour l’Allemagne qu’un épisode, tandis que l’immense avantage politique de l’URSS est un facteur sérieux et durable, appelé a favoriser les succès militaires décisifs de l’Armée rouge dans la guerre contre l’Allemagne fasciste.

Voila pourquoi toute notre vaillante armée, toute notre vaillante flotte navale, tous nos aviateurs intrépides, tous les peuples de notre pays, tous les meilleurs hommes d’Europe, d’Amérique et d’Asie, enfin tous les meilleurs hommes de l’Allemagne flétrissent l’action perfide des fascistes allemands et sympathisent avec le Gouvernement soviétique, approuvent la conduite du Gouvernement soviétique et se rendent compte que notre cause est juste, que l’ennemi sera écrasé, et que nous vaincrons.

La guerre nous ayant été imposée, notre pays est entré dans un combat a mort avec son pire et perfide ennemi, le fascisme allemand. Nos troupes se battent héroïquement contre un ennemi abondamment pourvu de chars et d’aviation.

L’Armée et la Flotte rouges, surmontant de nombreuses difficultés, se battent avec abnégation pour chaque pouce de terre soviétique.

Les forces principales de l’Armée rouge, pourvues de milliers de chars et d’avions, entrent en action. La vaillance des guerriers de l’Armée rouge est sans exemple. La riposte que nous infligeons a l’ennemi s’accentue et se développe. Aux côtés de l’Armée rouge le peuple soviétique tout entier se dresse pour la défense de la Patrie.

Que faut-il pour supprimer le danger qui pèse sur notre Patrie et quelles mesures faut-il prendre pour écraser l’ennemi ?

Il faut tout d’abord que nos hommes, les hommes soviétiques, comprennent toute la gravité du danger qui menace notre pays et renoncent a la quiétude et a l’insouciance, a l’état d’esprit qui est celui du temps de la construction pacifique, état d’esprit parfaitement compréhensible avant la guerre, mais funeste aujourd’hui que la guerre a radicalement changé la situation.

L’ennemi est cruel, inexorable.

Il s’assigne pour but de s’emparer de nos terres arrosées de notre sueur, de s’emparer de notre blé et de notre pétrole, fruits de notre labeur.

Il s’assigne pour but de rétablir le pouvoir des grands propriétaires fonciers, de restaurer le tsarisme, d’anéantir la culture et l’indépendance nationales des Russes, Ukrainiens, Bièlorussiens, Lituaniens, Lettons, Estoniens, Ouzbeks, Tatars, Moldaves, Géorgiens, Arméniens, Azerbaidjans et autres peuples libres de l’Union soviétique ; de les germaniser, d’en faire les esclaves des princes et des barons allemands.

Il s’agit ainsi de la vie ou de la mort de l’Etat soviétique, de la vie ou de la mort des peuples de l’URSS ; il s’agit de la liberté ou de la servitude des peuples de l’Union soviétique.

Il faut que les hommes soviétiques le comprennent et cessent d’être insouciants ; qu’ils se mobilisent et réorganisent tout leur travail selon un mode nouveau, le mode militaire, qui ne ferait pas quartier a l’ennemi.

Il faut aussi qu’il n’y ait point de place dans nos rangs pour les pleurnicheurs et les poltrons, les semeurs de panique et les déserteurs ; que nos hommes soient exempts de peur dans la lutte et marchent avec abnégation dans notre guerre libératrice pour le salut de la Patrie, contre les asservisseurs fascistes.

Le grand Lénine, qui a créé notre Etat, a dit que la qualité essentielle des hommes soviétiques doit être le courage, la vaillance, l’intrépidité dans la lutte, la volonté de se battre aux côtés du peuple contre les ennemis de notre Patrie.

Il faut que cette excellente qualité bolchevique devienne celle des millions et des millions d’hommes de l’Armée rouge, de notre Flotte rouge et de tous les peuples de l’Union soviétique.

Il faut immédiatement réorganiser tout notre travail sur le pied de guerre, en subordonnant toutes choses aux intérêts du front et a l’organisation de l’écrasement de l’ennemi.

Les peuples de l’Union soviétique voient maintenant que le fascisme allemand est inexorable dans sa rage furieuse et dans sa haine contre notre Patrie qui assure a tous les travailleurs le travail libre et le bien-être.

Les peuples de l’Union soviétique doivent se dresser pour la défense de leurs droits, de leur terre, contre l’ennemi.

L’Armée et la Flotte rouges ainsi que tous les citoyens de l’Union soviétique doivent défendre chaque pouce de la terre soviétique, se battre jusqu’à la dernière goutte de leur sang pour nos villes et nos villages, faire preuve de courage, d’initiative et de présence d’esprit, - toutes qualités propres a notre peuple.

Il nous faut organiser une aide multiple a l’Armée rouge, pourvoir a son recrutement intense, lui assurer le ravitaillement nécessaire, organiser le transport rapide des troupes et des matériels de guerre, prêter un large secours aux blessés.

Il nous faut affermir l’arrière de l’Armée rouge, en subordonnant a cette oeuvre tout notre travail ; assurer l’intense fonctionnement de toutes les entreprises ; fabriquer en plus grand nombre fusils, mitrailleuses, canons, cartouches, obus, avions ; organiser la protection des usines, des centrales électriques, des communications téléphoniques et télégraphiques ; organiser sur place la défense antiaérienne.

II nous faut organiser une lutte implacable contre les desorganisateurs de I’arrière, les déserteurs, les semeurs de panique, les propagateurs de bruits de toutes sortes, anéantir les espions, les agents de diversion, les parachutistes ennemis en apportant ainsi un concours rapide a nos bataillons de chasse.

Il ne faut pas oublier que l’ennemi est perfide, rusé, expert en l’art de tromper et de répandre de faux bruits.

De tout cela il faut tenir compte et ne pas se laisser prendre a la provocation.

Il faut immédiatement traduire devant le Tribunal militaire, sans égard aux personnalités, tous ceux qui, semant la panique et faisant preuve de poltronnerie, entravent l’oeuvre de la défense.

En cas de retraite forcée des unités de l’Armée rouge, il faut emmener tout le matériel roulant des chemins de fer, ne pas laisser a l’ennemi une seule locomotive ni un seul wagon ; ne pas laisser a l’ennemi un seul kilogramme de blé, ni un litre de carburant.

Les kolkhoziens doivent emmener tout leur bétail, verser leur blé en dépôt aux organismes d’Etat qui l’achemineront vers les régions de l’arrière.

Toutes les matières de valeur, y compris les métaux non ferreux, le blé et le carburant qui ne peuvent être évacués doivent être absolument détruites.

Dans les régions occupées par l’ennemi il faut former des détachements de partisans a cheval et a pied, des groupes de destruction pour lutter contre les unités de l’armée ennemie, pour attiser la guérilla en tous lieux, pour faire sauter les ponts et les routes, détériorer les communications téléphoniques et télégraphiques, incendier les forêts, les dépôts, les convois.

Dans les régions envahies il faut créer des conditions insupportables pour l’ennemi et tous ses auxiliaires, les poursuivre et les détruire a chaque pas, faire échouer toutes les mesures prises par l’ennemi.

On ne peut considérer la guerre contre l’Allemagne fasciste comme une guerre ordinaire.

Ce n’est pas seulement une guerre qui se livre entre deux armées. C’est aussi la grande guerre du peuple soviétique tout entier contre les troupes fascistes allemandes.

Cette guerre du peuple pour le salut de la Patrie, contre les oppresseurs fascistes, n’a pas seulement pour objet de supprimer le danger qui pèse sur notre pays, mais encore d’aider tous les peuples d’Europe qui gémissent sous le joug du fascisme allemand.

Nous ne serons pas seuls dans cette guerre libératrice.

Nos fidèles alliés dans cette grande guerre, ce sont les peuples de l’Europe et de l’Amérique y compris le peuple allemand qui est asservi par les meneurs hitlériens.

Notre guerre pour la liberté de notre Patrie se confondra avec la lutte des peuples d’Europe et d’Amérique pour leur indépendance, pour les libertés démocratiques.

Ce sera le front unique des peuples qui s’affirment pour la liberté contre l’asservissement et la menace d’asservissement de la part des armées fascistes de Hitler.

Ceci étant, le discours historique prononcé par le Premier ministre de Grande-Bretagne, Monsieur Churchill, sur l’aide a prêter a l’Union soviétique et la déclaration du gouvernement des Etats-Unis se disant prêt a accorder toute assistance a notre pays ne peuvent susciter qu’un sentiment de reconnaissance dans le coeur des peuples de l’Union soviétique ; ce discours et cette déclaration sont parfaitement compréhensibles et significatifs.

Camarades, nos forces sont incalculables.

L’ennemi présomptueux s’en convaincra bientôt.

Aux côtés de l’Armée rouge se lèvent des milliers d’ouvriers, de kolkhoziens et d’intellectuels pour la guerre contre l’agresseur.

On verra se lever les masses innombrables de notre peuple.

Déjà les travailleurs de Moscou et de Leningrad, pour appuyer l’Armée rouge, ont entrepris d’organiser une milice populaire forte de milliers et de milliers d’hommes.

Cette milice populaire, il faut la créer dans chaque ville que menace le danger d’une invasion ennemie ; il faut dresser pour la lutte tous les travailleurs qui offriront leurs poitrines pour défendre leur liberté, leur honneur, leur pays, dans notre guerre contre le fascisme allemand, pour le salut de la Patrie.

Afin de mobiliser rapidement toutes les forces des peuples de l’URSS, en vue d’organiser la riposte a l’ennemi qui a attaqué perfidement notre Patrie, il a été formé un Comité d’Etat pour la Défense, qui détient maintenant la plénitude du pouvoir dans le pays.

Le Comité d’Etat pour la Défense a commencé son travail, il appelle le peuple entier a se rallier autour du Parti de Lénine et de Staline, autour du Gouvernement soviétique, pour soutenir avec abnégation l’Armée et la Flotte rouges, pour écraser l’ennemi, pour remporter la victoire.

Toutes nos forces pour le soutien de notre héroïque Armée rouge, de notre glorieuse Flotte rouge !

Toutes les forces du peuple pour écraser l’ennemi !

En avant vers notre victoire !

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Discours obligé d’un homme d’état, qui, dans ce genre de circonstances, ne pouvait pas dire autre chose. Nous avons choisi de le reproduire néanmoins pour deux raisons :

Parce que c’est un document d’archives qui ne courra jamais les merdias dominants.

Pour le passage où il est question de « Monsieur Churchill », appréciant l’ironie qui veut qu’au moment où ces paroles étaient prononcées, « Monsieur Churchill », que personne n’a jamais songé à qualifier de « dictateur » ni de sanguinaire,  n’avait déjà qu’une idée en tête : l’écraser comme un pou et son peuple avec lui.

Parce que la naïveté (la bonne foi qui sait ?) est une facette qui manquait à la personnalité du Petit Père des Peuples.

 

Le STALINE d’Henri Guillemin


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8 mai 2010 – 65e Anniversaire de la Victoire sur le Reich

Dmitri Medvedev et Vladimir Poutine fleurissent la tombe de Staline au pied des murs du Kremlin

 

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18 décembre 2010 – 131e anniversaire de la naissance de Staline

4000 œillets rouges sont déposés sur sa tombe

 

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5 mars 2011 –58e anniversaire de la mort de Staline


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Quand on a été battu à plate couture par des Vietnamiens à bicyclette, on pourrait y regarder à deux fois avant de s'en prendre à la Russie et à la Chine ensemble, non ? Mais ceux que Zeus veut perdre...

Sur les Stalingrad du futur – au nucléaire, évidemment – nous vous transcrivons/résumons ci-dessous le long mais essentiel article de M. Philippe Grasset, dont vous pouvez trouver la version intégrale sur son site DeDefensa.org. (Traduction des citations en anglais par Catherine. L. pour Les grosses orchades.)

 

 

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«John, si nous lançons une attaque nucléaire contre la Chine, nous en liquiderons plusieurs centaines de millions, pas un seul million ! »

 

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« Grande Muraille Souterraine » en Chine et Red Scare(peur bleue ou péril rouge, au choix)U.S.

Philippe GRASSET

DeDefensa - 16 janvier 2013

La grande annonce faite d’un « transfert » important de la capacité et de la vigilance stratégiques des USA de la sphère Europe/Atlantique vers la sphère Asie/Pacifique s’accompagne d’une mobilisation de la communication stratégique vers (contre) la Chine. On a vu (le 28 décembre 2012) que, du point de vue de la réalité stratégique (la réalité des forces stratégiques), ce « transfert » est une illusion destinée à dissimuler le fait que les forces armées US ne sont plus capables de mener simultanément deux grandes guerres conventionnelle, et qu’au contraire ce « transfert» mrettra en évidence ce fait. Mais la communication, elle, la communication des milieux stratégiques et du complexe militaro-industriel autour du Pentagone, a de tout autres ambitions et entend d’abord substantiver une alarme considérable.

Un point très précis retient l’attention, mentionné dans la dernière loi de programme (budgétaire) du Pentagone, année fiscale 2013 (National Defense Authorization Act, ou NDAA). Il s’agit de l’instruction donnée au STRATCOM (Strategic Command, ou commandement opérationnel des forces stratégiques) d’évaluer la « Grande Muraille Souterraine » de la Chine, d’après le titre d’un rapport de la Georgetown University du 11 septembre 2011 (date prémonitoire), dirigé par Philip A. Karber et intitulé « Strategic Implications of China’s Underground Great Wall » (Implications stratégiques de la Grande Muraille Souterraine de la Chine).

D’une façon générale, experts, chercheurs, bureaucrates et idéologues washingtoniens observent qu’une grande unité chinoise chargée des missions spéciales du domaine, le Deuxième Corps d’Artillerie qui a la charge de l’entretien et de la protection des forces de missiles stratégiques nucléaires chinois, a construit un gigantesque réseau de tunnels souterrains, d’une longueur générale évaluée à 3.000 miles (près de 5.000 kilomètres) ; nombre des mêmes (experts, etc.), constatant que ce réseau permet le stockage d’au moins 3.000 têtes nucléaires, estiment que ce serait effectivement réalisé… Cela revient à affirmer que les forces nucléaires chinoises disposent d’un ensemble de têtes nucléaires dix fois supérieur à l’évaluation que donnent les services de renseignement US.

STRATCOM a donc pour mission d’évaluer tout cela, de considérer si cela peut être détruit par forces conventionnelles ou nucléaires au cas où il deviendrait urgent de détruire la chose, de faire un rapport et de le communiquer dans le courant de l’année 2013. Le point de l’« urgence de la destruction » serait considéré, si l’analyse des diverses caractéristiques de la « Grande Muraille Souterraine » et de l’arsenal nucléaire chinois selon la tendance Karber impliquaient que la Chine développe et dispose d’une capacité de « première frappe stratégique » (malgré l’affirmation constante d’une politique nucléaire de non-emploi en premier de la Chine).

Russia Today a interviewé (le 14 janvier 2013) l’expert James Corbett, qui réside au Japon où il édite un site, le Corbett Report. James Corbett est notamment excellent connaisseur des affaires asiatiques et des relations entre le Japon et la Chine, aussi bien que de la stratégiue US dans la région.

Russia Today : « Le gouvernement U.S. opère d'après la supposition qu'un réseau de 3.000 kms de tunnels quadrille la Chine. Est-ce là quelque chose que vous croyez possible ? »

James Corbett : « En fait, je ne suis même pas sûr que le gouvernement U.S. le croit vraiment. On trouve ceci, en réalité, au verso d'une étude qui a été commandée  l'an dernier ou l'année précédente à l'Université de Georgetown, qui a trouvé que dans ce réseau de tunnels, que nous savons réels et pouvons voir par télémétrie satellitaire... et ce qui s'y trouve pour l'instant n'est que spéculation pure. L'espionnage U.S. évalue cet arsenal nucléaire à 300 têtes, mais l'étude de Georgetown de 2011 estime que les tunnels pourraient en abriter 3.000. Si bien que, selon le NDAA (National Defense Authorization Act) pour 2013, ils disent en substance que le STRATCOM (Commandement Opérationnel des Forces Stratégiques) va devoir pondre un rapport pour identifier les problèmes potentiels qu'implique cette possibilité et dire si oui ou non ils seront capables d'y faire face avec des forces conventionnelles ou nucléaires, au cas où ils seraient amenés à passer à l'action. »

Russia Today : « Voyons... nous avons la plupart des sous-marins balistiques U.S.... nous avons aussi beaucoup d'autres bâtiments US en route vers le Pacifique et le Pentagone entrain de parler de « contenir » la Chine et se préparant maintenant à une éventuelle frappe nucléaire. Tout ça ne va certainement pas améliorer des relations déjà tendues, n'est-ce pas ? »

James Corbett : « Bien sûr que non. Je ne crois pas que nous devions considérer ce rapport dans le contexte d'une frappe nucléaire à court terme. Il faut le voir comme une extension de la politique nucléaire U.S., qui se poursuit depuis de décennies, et qui s'amène ici avec des explications pour justifier l'existence de l'arsenal nucléaire existant et par la même occasion, la création de nouvelles armes. Ainsi, par exemple, nous avons les bombes à charge pénétrante (bunker buster) B 61-11, avec un rendement de 400 kilotonnes, dont ils font tout un plat depuis près d'une décennie à propos de l'Iran et qu'ils rêvent d'enfoncer dans les installations nucléaires souterraines iraniennes supposées. Ce qu'ils sont en train de faire, c'est déplacer cette rhétorique vers l'Asie et le Pacifique. Je pense que, dans une certaine mesure, c'est uniquement pour justifier l'arsenal nucléaire U.S. Et pour s'assurer que des choses comme le nouveau START (Strategic Arms Reduction Treaty ou « Traité sur la Réduction des Armes Stratégiques ») échoue pour l'essentiel avant même de décoller. Et il y a beaucoup de choses, dans ce nouveau NDAA qui s'efforce de saboter les efforts du Président, si jamais il lui venait l'idée de vouloir réduire vraiment le stock nucléaire. Je crois donc que le Congrès est véritablement en train de mettre son pied dans la porte, pour empêcher toute espèce de réduction des armes avant qu'elle puisse être effectivement mise en oeuvre. »

Russia Today : « Il y en a qui disent, assurément, que le président américain est impuissant, face au complexe industriel militaire. Nous avons reçu des rapports disant qu'il y a eu quelques curieuses incursions de jets en haute altitude entre la Chine et le Japon, certains jets japonais poursuivant des jets chinois, jouant en quelque corte au chat et à la souris à haute altitude, qui réallument peut-être une quelconque dispute territoriale. Est-il possible que ces deux-là puissent en arriver à des affrontements plus sérieux ? »

James Corbett : « Ce l'est certainement, et, bien sûr, plus les U.S. deviennent belliqueux à l'égard de la Chine, plus le Japon sentira qu'il peut, en toute sécurité, menacer la Chine ou répondre à ces agressions. C'est pourquoi j'estime que cela ne sert en fait qu'à mettre une allumette à côté du baril de poudre qu'est la région Asie-Pacifique, surtout maintenant que tout s'échauffe et que l'Américain s'amène, nous allons voir surgir de plus en plus de ces situations susceptibles de justifier une intervention militaire. Il nous faut donc regarder la rhétorique nucléaire actuelle pas nécessairement comme une intention de frapper dans l'immédiat, mais comme une menace que nous ne devons pas perdre de vue tant qu'elle continue d'enfler. »

Si on comprend bien, – et que peut-on comprendre d’autre, en vérité ? – on retrouve l’une de ces grandioses échappées alarmistes du complexe militaro-industriel, et des myriades d’experts et de commentateurs qui satellisent autour de lui (l’étude de la très prestigieuse université Georgetown, comme exemple-phare de notre propos). On voit aussitôt l’hypothèse Kraber retranscrite en processus bureaucratique, dont la finalité extrême, en cas de conclusion extrême et d’appréciations à mesure, devrait être la planification d’une attaque nucléaire de première frappe à partir du constat que « la Grande Muraille Souterraine » aurait été évaluée comme un dispositif impliquant une possible intention de première frappe, côté chinois… C’est en effet bien ceci qui est in fine dans l’esprit de ceux qui réclament une planification de STRATCOM : mettre en évidence, s’il le faut, les intentions de « première frappe stratégique » des Chinois, à l’aide d’un arsenal secret et dissimulé. (Même si l’intention est de protéger ou renforcer le programme nucléaire stratégique US, bloquer les prétendues intentions de réduction du président Obama, etc., on n’en aboutit pas moins à une évaluation présentée comme fondée. On ne manquera pas de l'apprécier comme telle.)

Cette occurrence, qui pourrait aisément se transformer en une « Red Scare, modèle 2013 », nous rappelle ce que nous qualifiions, dans notre Lettre d’analyse (papier) dd&e du 10 mai 2001, de « Red Scare, modèle 2001 ». (En langage codé, pavlovien, langage-Système par excellence, la Chine reste toujours « rouge » dans ces cas-là.) Cela se passait à la suite d’une mission d’espionnage d’un EP-3E de l’U.S. Navy, qui avait pénétré dans l’espace aérien chinois, puis avait été obligé de se poser sur l’île chinoise de Hainan. (L’incident eut lieu le 1er avril 2001 ; après quelques semaines de négociations et de montée de la tension, l’équipage, puis l’avion furent rendus aux USA.) Le déchaînement fut, à Washington, absolument extraordinaire, – contre la Chine, bien entendu, qui semblait refuser de se laisser espionner sans broncher, – signe indubitable qu'elle avait quelque chose à cacher et qu'elle devait être punie pour cela. Le 19 avril 2001, John Laughland, du Spectator de Londres, assistait à un séminaire sur la Chine au cours duquel il entendit, de la part d’un expert de haut niveau, directeur d’un des instituts les plus fameux de Washington et notoirement impliqué dans des équipes de planification travaillant en consultance du Pentagone, une plaidoirie pour une attaque préventive en première frappe (first strike) de la Chine. Laughland qui l'entretenait en tête-à-tête après son intervention, faisant remarquer qu’une telle attaque serait risquée et disant, en matière de plaisanterie qu’il voulait lugubre : «…Elle pourrait perdre un, deux millions d’hommes avec votre attaque, il lui en resterait toujours 998 ou 999», s’était attiré cette réponse : «John, si nous lançons une attaque nucléaire contre la Chine, nous en liquiderons plusieurs centaines de millions, pas un seul million». Puis il y eut le 9/11 et l’on rangea la Chine sur une étagère intitulée « Red Scare de réserve ».

Tout de même, il y eut une piqure de rappel… Cette fois, à destination des Russes, mais l’on sent bien que c’est le même tableau, la même Red Scare qui resurgit. On veut parler d’un article de Foreign Affairs de mars 2006 qui plaidait pour une supériorité nucléaire des USA, dont on devinait in fine qu’elle permettrait une attaque de première frappe (de la Russie cette fois), – et bon débarras. Cela nous valut un échange rapide mais très vif (voir le 31 mars 2006). Puis l’on oublia l’affaire et l’on rangea la Russie… etc.

Il semble tout de même que ni la Chine ni la Russie n’aient oublié ces rapides passes d’arme, et que l’affaire de l’étude de « la Grande Muraille Souterraine » confiée aux bons soins de la planification de STRATCOM ne soit passé inaperçue ni de l’une ni de l’autre. Même si cette affaire précise ne concerne que la Chine, la Russie, elle aussi, se sent absolument concernée. Le constat est d’autant plus évident qu’existe toujours cette crise de la défense stratégique antimissile développée par les USA, qui touche de plus en plus à l’équilibre stratégique nucléaire général en favorisant les hypothèses de première frappe stratégique dans le chef des planificateurs US. Ainsi Chine et Russie resserrent-elles leurs liens stratégiques au plus haut niveau de danger, qui est une éventuelle position commune face à la puissance militaire US. On le voit à l’occasion de la huitième réunion Chine-Russie sur les relations stratégiques entre les deux pays, dont Russia Today rapporte ceci, ce 9 janvier 2013 :

« Au moment où les deux pays voisins commencent à sentir sur leur cou le souffle de l'armée U.S., il n'est que trop naturel que Moscou et Pékin commencent à semer les graines d'une relation stratégique à long terme. Xi Jinping, le secrétaire général du Parti Communiste chinois a soulignél'engagement de son pays envers la Russie, quand il a noté que le président russe Vladimir Poutine et lui-même “étaient arrivés unanimement à la conclusion” qu'une “alliance stratégique globale” entre Moscou et Pékin, reste “la priorité absolue de leur politique étrangère”.

Ces commentaires ont été faits mardi, au cours d'une visite à Pékin du secrétaire du Conseil de Sécurité russe, M. Nikolay Patruchev, qui participait au 8e tour des consultations russo-chinoises en matière de sécurité stratégique. Xi Jinping, 59 ans, élu au poste le plus élevé de la hiérarchie communiste chinoise en novembre, faisait écho aux sentiments du président russe, qui avait répondu, au cours d'une récente rencontre avec les médias internationaux, que les relations russo-chinoises “sont devenues un des facteurs les plus importants dans le domaine des affaires internationales”. »

Les deux termes de l’alternative catastrophique.

Le même article qui présente cette rencontre observe que ces commentaires chinois sont inhabituels, sinon assez exceptionnels, si l’on tient compte de l’isolationnisme traditionnel de la Chine, de sa position en retrait des engagements stratégiques fondamentaux, etc. Russes et Chinois sont, de ce point de vue fondamental de l’équilibre stratégique (nucléaire), et de l’appréciation autant psychologique qu’opérationnelle de l’attitude et des intentions des USA, notamment en cette matière, d’un avis similaire et dans le sentiment de l’urgence de la situation. Pour ces deux pays, les USA sont devenus un véritable « danger international », et ce, d’autant plus qu’ils n’ont plus une direction politique assurée. Une remarque contenue dans l’une des questions posées à Corbett reflète sans aucun doute une préoccupation qui n’a cessé de grandir, particulièrement chez les Russes, et tenant à l’autonomie de décision du président des USA : «Il y en a qui disent, assurément, que le président américain est impuissant, face au complexe industriel militaire..» (On sait, d’une façon générale, que les Russes ont une perception aigüe de l’irrationalité profonde de la politique US, de son éclatement en divers pouvoirs, de sa paralysie dans l’extrémisme, – bref, de tout ce qui la rapproche jusqu’à l’identité de la politique-Système. Bien entendu, la Chine partage cette analyse d’une façon de plus en plus évidente.)

La question de la « Grande Muraille Souterraine » a déjà été débattue par divers experts, depuis la publication du rapport. On pouvait lire une argumentation à ce propos, il y a un an exactement (le 16 janvier 2012) dans The Bulletin of Atomics Scientists, écrite par le scientifique (physicien) Hui Zhang. (Cet expert et universitaire d’origine chinoise conduit, aux USA, des études sur les programmes et la force nucléaire chinoises. Il travaillait à l’université de Harvard au moment de la publication de son article.) Son appréciation est que la « Grande Muraille Souterraine » et notamment l’importance du réseau de tunnels souterrains, constituent une mesure purement défensive, justement contre des attaques surprises et « préventives » de première frappe. («… L'argument-clé de Karber se focalise sur la croissance du système des tunnels chinois ; il soutient que davantage de tunnels signifient davantage de têtes nucléaires [...]. Mais il y a une autre explication, infiniment plus plausible, à la taille de la Grande Muraille Souterraine. D'après les principaux médias chinois et d'autres publications en langue chinoise, la Grande Muraille Souterraine n'est pas un endroit spécialement destiné à entreposer des armes. La Chine a déplacé ses missiles sous terre pour les protéger d'une frappe nucléaire préemptive... ») Cette évaluation est complètement en accord avec la politique et la doctrine de la direction politique chinoise, autant que par l’historique de l’état d’esprit général et de l’attitude chinoises vis-à-vis de l’armement nucléaire, depuis que la Chine est une puissance nucléaire (1964). Cela conduit à renforcer la perception que le véritable problème se trouve du côté américaniste, et du côté de la forme qu’a prise le développement de la politique US, notamment et essentiellement son identification sans cesse grandissante avec la politique-Système.

La Russie et la Chine sont d’accord pour apprécier que le développement du réseau antimissile stratégique (BMD et BMDE)* est désormais quasiment hors du contrôle des autorités politiques. Les relations entre les Russes et Obama, et même les relations personnelles entre Poutine et Obama, ont largement montré l’impuissance d’Obama, même s’il lui est fait crédit (dans le chef de Poutine, notamment) d’intentions honnêtes pour tenter de faire évoluer la situation vers l’apaisement. Les prochaines semaines seront absolument décisives à cet égard, notamment avec la visite probable à Moscou du conseiller de sécurité nationale du président Obama, Tom Donilon, à la fin du mois (voir Robert Bridge, de Russia Today, le 11 janvier 2013). Si cette visite n’apporte aucune initiative concrète d’Obama sur les antimissiles, la conclusion sur son incapacité d’effectivement agir (notamment) sur cette question sera inévitable, puisqu’on se trouve dans des conditions idéales pour une action éventuelle. Rien, absolument rien ne laisse penser que Donilon apportera des éléments décisifs, et c’est plutôt le contraire qu’on peut attendre.

C’est dans ce cadre qu’intervient l’affaire de « la Grande Muraille Souterraine » à ce stade actuel, en faisant coïncider peut-être décisivement les appréciations stratégiques chinoise et russe. Même si, comme l’affirme sans doute assez justement Corbett, le gouvernement US ne croit pas à la thèse de Karber (« En fait, je ne suis même pas sûr que le gouvernement U.S. le croit vraiment... »), la position de ce même gouvernement, illustrée par la remarque de l’intervieweur signalée plus haut sur les pressions du complexe militaro-industriel, n’a pas une importance décisive. Le fait fondamental est bien qu’Obama a signé la loi de programme et budgétaire du Pentagone le 1er janvier 2013, et que cette loi confie à STRATCOM le dossier de la « Grande Muraille Souterraine », dans les termes polémiques et déstabilisants de l’étude Karber. Cela signifie que ce dossier, comme celui du réseau antimissile stratégique, est complètement dans les mécanismes de la bureaucratie militaire (militaro-industrielle), et notamment dans les processus de sa planification, – toutes choses qui échappent non seulement au pouvoir politique, mais même au jugement stratégique des chefs militaires et à l’évaluation qu’on peut espérer parfois pondérée par des facteurs politiques des services de renseignement.

Il s’agit d’une intégration directe de cette question dans un processus technique de guerre. Selon notre interprétation, on peut juger que la question de la désignation de la « Grande Muraille Souterraine » comme une menace directe de la Chine contre les USA, toute infondée qu’elle soit et toute absurde qu’elle puisse politiquement sembler, est complètement dans les mains de ce que nous nommons la politique-Système : une « politique » quasiment autonome, hors de tout contrôle réel du pouvoir politique, dont le dessein avéré est la déstructuration et la dissolution. Dans ce cadre, et selon ce qui sera fait du rapport STRATCOM notamment au niveau de la communication (avec les « fuites » éventuelles et très probables commentaires collatéraux qu’on peut attendre), selon la très possible sinon probable relance, ou tentative de relance, d’une « Red Scare » à l’image de celle que nous rappelions du printemps 2001, dans un climat infiniment plus détérioré dans le sens de l’idéologie extrémiste, enfin dans un cadre stratégique où la programmation autant que l’état d’esprit de la communauté de sécurité nationale US implique l’idée sans mesure développée après 9/11 de l’emploi « préventif » de toutes les catégories de forces US, on imagine facilement sur quels extrêmes pourrait déboucher la situation.

Il nous paraît évident que c’est cette sorte de problème que réalisent pleinement aujourd’hui les directions russe et chinoise, devant des faits tels que l’attribution du dossier « Grande Muraille Souterraine » à STRATCOM. Les perspectives sont celles de tensions extrêmes et de dangers d’attaques préventives, dans le climat général en détérioration rapide, particulièrement aux USA… Dans ce dernier cas, qui est le pivot de notre réflexion, cette détérioration est de deux ordres : détérioration de la situation « objective » du pays (économique, sociale, infrastructurelle, etc.), détérioration de la situation institutionnelle de la direction du pays (blocage du gouvernement et de la direction, éclatement des pouvoirs, radicalisation policière de tous les types par les autorités, etc.). Cette détérioration aux USA est accentuée par un état catastrophique de la psychologie profonde, avec une atmosphère de guerre civile régnant au niveau de la communication, et qui n’attend qu’un point de concrétisation pour se développer (par exemple, aujourd’hui, la querelle sur le contrôle des ventes et de la propriété d’armes par les citoyens). Cette situation elle-même, vue de Chine et de Russie, constitue un sujet supplémentaire de préoccupation urgente, jusqu’à ce niveau de la possibilité d’une menace de conflit nucléaire dans des conditions d’agression.

La réalité de cette situation catastrophique revient, selon nous, à estimer une fois de plus que l’affaissement, ou plutôt l’effondrement de la puissance US, ne peut pas et ne pourra pas se faire dans des conditions autres, effectivement, que catastrophiques. L’idée effrayante d’une attaque nucléaire préventive impliquée par l’affaire « Grande Muraille Souterraine »/SRATCOM illustre l’un des termes, porté au plus haut niveau de la spéculation, de l’alternative de cette perspective catastrophique. L’autre terme de l’alternative est que l’aspect intérieur (le climat de « guerre civile ») prenne le dessus, par son éventuelle rapidité rendue possible par son aspect psychologique volatile, et mobilise toute l’attention de tous les pouvoirs, imposant par son désordre une sorte de paralysie par manque d’« opportunité » des processus de planification militaire (lesquels sont déjà naturellement lents, comme tous les processus bureaucratiques). Dans ce dernier cas, même la mobilisation de la communication, type « Red Scare », serait impossible, puisque la tension intérieure mobiliserait tous les processus de mobilisation de la communication. Quoi qu'il en soit, le tableau reste catastrophique mais il va sans dire qu'on peut préférer un aspect catastrophique (le second, certes) à l'autre.

____________

* Qui encercle la Russie sous prétexte de protéger l'Europe Occidentale d'une hypothétique attaque iranienne. (NdCL)

 

 

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La honte absolue

 

20. BLOG - STALINGRAD - GEORGES  .jpg

Georges Ibrahim Abdallah reste au trou.

Enfoncé, le cardinal de La Balue !

Il a suffi qu'une pétasse employée par une des factions au pouvoir chez les U.S. claque des doigts, et la France, queue entre les jambes et ventre par terre, s'est précipitée en couinant de soumission enthousiaste.

Valls ? Mais non. Toute la clique. Et qui le savait d'avance : société du spectacle oblige. La torture par l'espoir et la déception alternés est vieille comme le monde, ou au moins comme les mémoires de Casanova. Si on permettait que cet homme de 62 ans, qui vient d'en passer 29 enfermé, aille mourir dans son pays, il pourrait « recommencer à nuire », osent-ils dire. Ces nuisibles professionnels le savent bien, n'est-ce pas, que les exécutions de leurs deux collègues en nuisances – extrémité à laquelle les peuples ne se résolvent que lorsque ceux dont c'était le devoir ont failli – ce n'est pas lui qui les a commises. Tout le monde le sait, et que son enterrement vivant jusqu'à ce que mort s'ensuive n'est pas une rétribution ni même une vengeance, mais une sordide manoeuvre d'intimidation maffieuse. Et pourquoi s'en priveraient les maffieux, puisque ça marche ? Certes, à côté de cette bande de tueurs drôadelommistes démocrasseux nobels, Tartufe vous a des airs de premier communiant à brassard blanc, raie sur le côté, épi bien aplati et tout. Et après ?

Bien sûr, le peuple est censé n'être pas content. On pouvait même - mais il fallait être très naïf - penser qu'il allait réagir. Vous savez « Liberté, Egalité, Fraternité », ce genre de choses. De fait, il y a même eu une manif à Lille. De deux pelés et trois tondus, en comptant les beurettes pro-Palestine et les Belges venus de Bruxelles en voisins.

On le sait pourtant, qu'à une grève générale nationale au finish, rien ne résiste... A défaut de ce remède radical, une grève corporatiste de la magistrature, histoire de rappeler les chiens de garde au respect des institutions et à la séparation des pouvoirs eût quelque peu sauvé l'honneur... Mais non, RIEN. Nada de nada.

L'histoire des Liégeois nous apprend que dès le tout début du XIVe siècle (1316 exactement) les délégués des métiers (« corporations ») savaient déjà comment se vendre aux banquiers lombards, au prix d'hectolitres de sang de leurs affiliés, tirés par les soudards soldés par lesdits hommes de banque. « Corporations », aujourd'hui, se dit « syndicats ». Quant à « la gôôôche »... R.I.P.

Georges, on a honte. Honte de manger le matin devant la fenêtre ouverte comme si de rien n'était, honte de sortir vaquer à des choses – boulot, même, pour certains – pendant que tu croupis, honte de rentrer remanger, baiser, aller au cinoche, boire un coup avant de se coucher, bref vivre, pendant qu'on te vole ta vie avec notre complicité. Tu vois, on descend bien de ceux qui, en 1936, au lieu de courir au secours des frères d'Espagne sont partis en vacances.

En revanche, ce que les Libanais doivent être fiers d'avoir deux héros à la fois : toi et Nasrallah, un communiste et un musulman pour faire bon poids. C'est peut-être qu'ils vous méritent.

Il y a quatre siècles et demi, alors que la France avait déjà une des premières civilisations au monde, un jeune homme de dix-huit ans écrivait :

« Il n'est pas croyable de voir à quel point le peuple, dès lors qu'il est assujetti, tombe si soudain en un si profond oubli de la liberté, qu'il n'est pas possible qu'il se réveille pour la ravoir : servant si librement et si volontiers qu'on dirait à le voir qu'il a non pas perdu sa liberté, mais gagné sa servitude. »

Deux siècles et demi plus tard, alors que cette civilisation était à son apogée, un jeune homme de même pas vingt-six ans et qui ne les aurait jamais, écrivait :

« Un État qui fut libre d’abord, comme la Grèce avant Philippe de Macédoine, qui perd ensuite sa liberté, comme la Grèce la perdit sous ce prince, fera de vains efforts pour la reconquérir ; le principe n’est plus ; la lui rendît-on même comme la politique romaine la rendit aux Grecs, l’offrit à Cappadoce pour affaiblir Mithridate, et comme la politique de Sylla la voulut rendre à Rome elle-même, c’est inutilement ; les âmes ont perdu leur moelle, si je puis ainsi parler, et ne sont plus assez vigoureuses pour se nourrir de liberté ; elles en aiment encore le nom, la souhaitent comme l’aisance et l’impunité, et n’en connaissent plus la vertu.

« Au contraire, un peuple esclave qui sort soudain de la tyrannie n’y rentre point de longtemps ; parce que la liberté a trouvé des âmes neuves, incultes, violentes, qu’elle les élève par des maximes qu’elles n’ont jamais senties, qui les transportent, et qui, quand on en a perdu l’aiguillon, laissent le cœur lâche, orgueilleux, indifférent, au lieu que l’esclavage le rendait seulement timide.

« Le calme est l’âme de la tyrannie, la passion est l’âme de la liberté ; le premier est un feu qui couve, le second un feu qui se consume, l’un s’échappe au moindre mouvement, l’autre ne s’affaiblit qu’à la longue et s’éteint pour toujours ; on n’est vertueux qu’une fois. »

On lui a coupé la tête pour lui prouver à quel point il avait raison.

Bon. Mais ce n'est pas tout ça. « First things first », comme disent nos vertueux occupants. On nous attend à la manif pour ou contre le mariage gay.

Ciào, Georges.

 

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21. BLOG - STALINGRAD - Base drones Afrique- .jpg

Les USA envisagent l'installation d'une nouvelle base de drones en Afrique

 

Liste des enfants tués par drones au Pakistan et au Yemen

(Le terroriste Georges Ibrahim Abdallah a un alibi)

Liste établie au 20 janvier 2013 , d'après les rapports du Bureau of Investigative Journalism

Par Jadaliyya Reports

 

PAKISTAN



Nom |  Age  |  Sexe

Noor Aziz | 8 | masc


Abdul Wasit | 17 | masc.


Noor Syed | 8 | masc.


Wajid Noor | 9 | masc.


Syed Wali Shah | 7 | masc.


Ayeesha | 3 | fem.


Qari Alamzeb | 14| masc.


Shoaib | 8 | masc.


Hayatullah KhaMohammad | 16 | masc.


Tariq Aziz | 16 | masc.


Sanaullah Jan | 17 | masc.


Maezol Khan | 8 | fem.


Nasir Khan | masc.


Naeem Khan | masc.


Naeemullah | masc.


Mohammad Tahir | 16 | masc.


Azizul Wahab | 15 | masc.


Fazal Wahab | 16 | masc.


Ziauddin | 16 | masc.


Mohammad Yunus | 16 | masc.


Fazal Hakim | 19 | masc.


Ilyas | 13 | masc.


Sohail | 7 | masc.


Asadullah | 9 | masc.


Khalilullah | 9 | masc.


Noor Mohammad | 8 | masc.


Khalid | 12 | masc.


Saifullah | 9 | masc.


Mashooq Jan | 15 | masc.


Nawab | 17 | masc.


Sultanat Khan | 16 | masc.


Ziaur Rahman | 13 | masc.


Noor Mohammad | 15 | masc.


Mohammad Yaas Khan | 16 | masc.


Qari Alamzeb | 14 | masc.


Ziaur Rahman | 17 | masc.


Abdullah | 18 | masc.


Ikramullah Zada | 17 | masc.


Inayatur Rehman | 16 | masc.


Shahbuddin | 15 | masc.


Yahya Khan | 16 |masc.


Rahatullah |17 | masc.


Mohammad Salim | 11 | masc.


Shahjehan | 15 | masc.


Gul Sher Khan | 15 | masc.


Bakht Muneer | 14 | masc.


Numair | 14 | masc.


Mashooq Khan | 16 | masc.


Ihsanullah | 16 | masc.


Luqman | 12 | masc.


Jannatullah | 13 | masc.


Ismail | 12 | masc.

Taseel Khan | 18 | masc.


Zaheeruddin | 16 | masc.


Qari Ishaq | 19 | masc.


Jamshed Khan | 14 | masc.


Alam Nabi | 11 | masc.


Qari Abdul Karim | 19 | masc.


Rahmatullah | 14 | masc.


Abdus Samad | 17 | masc.


Siraj | 16 | masc.


Saeedullah | 17 | masc.


Abdul Waris | 16 | masc.


Darvesh | 13 | masc.


Ameer Said | 15 | masc.


Shaukat | 14 | masc.


Inayatur Rahman | 17 | masc.


Salman | 12 | masc.


Fazal Wahab | 18 | masc.


Baacha Rahman | 13 | masc.


Wali-ur-Rahman | 17 | masc.


Iftikhar | 17 | masc.


Inayatullah | 15 | masc.


Mashooq Khan | 16 | masc.


Ihsanullah | 16 | masc.

Luqman | 12 | masc.

Jannatullah | 13 | masc.


Ismail | 12 | masc.


Abdul Waris | 16 | masc.


Darvesh | 13 | masc.


Ameer Said | 15 | masc.


Shaukat | 14 | masc.

Inayatur Rahman | 17 | masc.


Adnan | 16 | masc.


Najibullah | 13 | masc.


Naeemullah | 17 | masc.


Hizbullah | 10 | masc.


Kitab Gul | 12 | masc.

Wilayat Khan | 11 | masc.


Zabihullah | 16 | masc.


Shehzad Gul | 11 | masc.


Shabir | 15 | masc.


Qari Sharifullah | 17 | masc.


Shafiullah | 16 | masc.


Nimatullah | 14 | masc.


Shakirullah | 16 | masc.


Talha | 8 | masc.


 

YEMEN


 

Afrah Ali Mohammed Nasser | 9 | fem.


Zayda Ali Mohammed Nasser | 7 | fem.


Hoda Ali Mohammed Nasser | 5 | fem.


Sheikha Ali Mohammed Nasser | 4 | fem.


Ibrahim Abdullah Mokbel Salem Louqye | 13 | masc.


Asmaa Abdullah Mokbel Salem Louqye | 9 | masc.


Salma Abdullah Mokbel Salem Louqye | 4 | fem.


Fatima Abdullah Mokbel Salem Louqye | 3 | fem.


Khadije Ali Mokbel Louqye | 1 | fem.


Hanaa Ali Mokbel Louqye | 6 | fem.


Mohammed Ali Mokbel Salem Louqye | 4 | masc.


Jawass Mokbel Salem Louqye | 15 | fem.


Maryam Hussein Abdullah Awad | 2 | fem.


Shafiq Hussein Abdullah Awad | 1 | fem.


Sheikha Nasser Mahdi Ahmad Bouh | 3 | fem.


Maha Mohammed Saleh Mohammed | 12 | masc.


Soumaya Mohammed Saleh Mohammed | 9 | fem.


Shafika Mohammed Saleh Mohammed | 4 | fem.

Shafiq Mohammed Saleh Mohammed | 2 | masc.


Mabrook Mouqbal Al Qadari | 13 | masc.


Daolah Nasser 10 years | 10 | fem.


AbedalGhani Mohammed Mabkhout | 12 | masc.


Abdel- Rahman Anwar al Awlaki | 16 | msc.


Abdel-Rahman al-Awlaki | 17 | masc.


Nasser Salim | 19
 masc.

Source :

http://www.informationclearinghouse.info/article33706.htm

 

22. BLOG - STALINGRAD - dreamdrone .jpg


*

LIVRES

 

23. Servitude - la Boetie - Folio -9782070357710.jpg 




Etienne de La Boëtie

DISCOURS DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE

Paris, Gallimard, 2008

Coll. FolioPlus Philosophie

 





Edition en ligne pdf :

http://philo-online.com/TEXTES/TEXTES%20ETAT/LA%20BOETIE%20-%20Le%20discours%20de%20la%20servitude%20volontaire.pdf

 

 24. Esprit de la Rév.jpg

 




Saint-Just

L'ESPRIT DE LA REVOLUTION

suivi de FRAGMENTS SUR LES

INSTITUTIONS REVOLUTIONNAIRES

Paris, 10/18, 2003

 

 



Editions en ligne 

Saint-Just – L'esprit de la Révolution

http://fr.wikisource.org/wiki/L’Esprit_de_la_Révolution_et_de_la_Constitution_de_France

Saint Just –Fragments sur les institutions

http://classiques.uqac.ca/classiques/saint_just/fragments/fragments_institu_republ.pdf

 

 25. saint-just champ libre - 31SFEPP9XJL._SL500_AA300_.jpg

 

 



Saint-Just

OEUVRES COMPLETES

1017 pages

Paris, Champ Libre (réédition) 2003

 

 




26. Saint-Just Oeuvres complètes - 757637_9241710.jpg






Saint-Just

OEUVRES COMPLETES

1248 pages

Paris, Gallimard, 2004

Coll. Folio-Histoire

 

 

 


*

 

 Mis en ligne le 2 février 2013 par Catherine

 


 

 

17:58 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

28/01/2013

France - La déglingue

1. bateau-en-papier-Pour-8x8.jpg

France : La déglingue

 

(La Belgique se sent moins seule)

 

Le plus important d’abord :

 

Les dindons se rebiffent.

Et ils ont bien raison.

 

Après tant d’autres, mettant et remettant sur le métier la destruction systématique de l’Education Nationale entamée (pas qu’en France) dans les années 50, le ministre Vincent Peillon vient d’y aller de sa Xième réforme, lucidement baptisée PET. Les enseignants en ont marre. Qu’ils considèrent cependant, si cela peut les consoler, qu’on ne massacre pas encore leurs élèves par 82 à la fois et que peu d’entre eux se sont, jusqu’à présent, retrouvés sur des tas d’ordures, éventrés à la perceuse électrique, comme l’ont été presque tous leurs collègues irakiens et, la semaine dernière, des douzaines d’étudiants syriens. Le but est strictement le même. La méthode, pour l’instant, diffère.

 

Lettre d’une enseignante en colère au ministre Vincent Peillon.

Cher Monsieur Peillon,

L’illettrisme ? C’est ma faute. Ma méthode de lecture était sans doute trop globale. Le décrochage scolaire ? C’est ma faute. Je ne suis pas capable d’intéresser mes élèves et rendre l’école attrayante. J’assume. La délinquance juvénile ? C’est ma faute. Je n’insiste pas suffisamment sur l’Instruction civique et morale. J’assume. L’obésité ? C’est ma faute. A cause du biscuit à la récré. J’assume. Les caries ? C’est ma faute. Je devrais fournir le matériel nécessaire à mes élèves afin qu’ils puissent se brosser les dents sur le temps de classe. J’assume. Théo a 12 ans et porte encore des baskets à scratch ? C’est ma faute. J’aurais dû lui apprendre à faire ses lacets. J’assume. Arthur s’est fait renverser par une voiture ? C’est ma faute. Je ne lui ai pas fait passer son permis piéton. J’assume. Zoé ne connait ni ses tables de multiplication, ni sa poésie, ni Jules César, ni Vercingétorix, ni les départements français, ni…. Encore ma faute. J’aurais dû lui faire apprendre ses leçons pendant qu’elle se brossait les dents d’une main et nouait ses lacets de l’autre, avant de traverser la rue en courant pour éliminer les calories du biscuit que je l’avais forcée à ingurgiter à 10 heures ! Bref, j’assume tout. Même la crise économique. Il faut bien avouer que l’Etat me paie grassement pour finir mes journées à 16 h 30 et passer le plus clair de mon temps en vacances…. Et j’allais oublier la sécurité de l’emploi…

Alors vous avez raison, Monsieur le Ministre. Il est grand temps de réformer tout ça.

Le changement, c’est maintenant ! Vous avez enfin dévoilé votre plan pour une grande Refondation de l’École. Grandiose ! Magnifique ! Courageux ! Audacieux ! Mes collègues et moi-même sommes enfin investis d’une véritable mission d’intérêt général : supporter et soulager tous les maux de notre société. Alors, méprisez-nous, insultez-nous, frappez- nous, instrumentalisez les familles au nom du bien être et de l’avenir de leurs enfants… C’est tout ce que nous méritons ! En plus, la FCPE se gausse et certains de nos syndicats applaudissent. Franchement, vous auriez tort de vous en priver.

Toutefois, bien qu’irresponsable, paresseuse, incompétente et quelque peu limitée intellectuellement comparée aux cols blancs de la rue de Grenelle, j’ose vous dire, Monsieur le Ministre, que votre projet est une hérésie voire même une involution.

1) Bon nombre d’enseignants ne veulent pas de votre semaine de 4 jours et demi. Quel salarié accepterait de travailler plus pour gagner moins ? Sarkozy en a rêvé, vous l’avez fait !

2) Vous brandissez l’étendard des rythmes de l’enfant. Il est en effet d’une logique implacable qu’ils seront moins fatigués en travaillant une demi-journée supplémentaire. Vous êtes le Ministre de l’Éducation nationale et vous ne vous adressez qu’aux enseignants. Pourquoi n’expliqueriez-vous pas à moult parents qu’il est déraisonnable de coucher son enfant à 23h ?...

3) La journée d’école écourtée, bonne idée ! Expliquez à nos concitoyens que leurs impôts vont financer l’accueil périscolaire (par ailleurs totalement inégalitaire sur le territoire) et que leurs frais de garde vont augmenter. Je suis sûre qu’ils apprécieront! Les maires qui doivent supporter le coût de votre réforme aussi !

4) Savez-vous que le mercredi est une journée de coupure nécessaire à la santé mentale des enseignants qui gèrent une trentaine d’enfants chaque jour ?! Ignorez-vous que nous consacrons déjà la majeure partie de notre mercredi à l’école (formation, corrections, préparations…) ? Savez-vous que beaucoup de parents apprécient de travailler à 80 % pour passer le mercredi avec leurs enfants ? Ah oui ! Suis-je bête ! C’est vrai qu’ils sont mieux à l’école que chez eux …

5) Pensez-vous sérieusement qu’en supprimant les devoirs vous lutterez contre les inégalités sociales ? Venez dans nos classes et montrez-nous comment faire apprendre une leçon à 30 élèves en même temps ! Les parents investis continueront le suivi de leur enfant à la maison. Pour les autres, vous cautionnez leur manque d’intérêt pour l’école et les encouragez à se déresponsabiliser encore un peu plus. Les enseignants ne sont pas omnipotents et ne pourront jamais se substituer aux familles ! Leur faire croire le contraire est un mensonge éhonté et dangereux ! Dans notre métier, le temps consacré à l’éducation tend déjà à prendre le pas sur celui consacré à l’instruction (tant pis pour l’orthographe, Vercingétorix et Jules César !). Il est donc grand temps de redéfinir les missions de chacun !

6) Après les MDPH, les PPRE, les PPMS, les DUERP nouvelle révolution : vous tentez de nous enfumer avec vos PET ! Jamais un sigle n’aura aussi bien porté son nom !

7) Et les enfants dans tout ça ? On continue de les asphyxier sous le poids de programmes surchargés et inadaptés. A quand un vrai retour aux fondamentaux ? On continue de les accabler sous le poids d’évaluations toujours plus normatives et dévorantes. Quand va-t-on leur rendre le temps d’apprendre ? On continue le bricolage avec les élèves en difficulté. Quid des RASED dans votre réforme. A quand une véritable égalité sur le territoire des prises en charge en orthophonie, psychomotricité, psychothérapie…. ? (Jusqu’à un an d’attente dans le Cher !) On continue d’intégrer les enfants handicapés dans des classes surchargées avec, dans le meilleur des cas, la présence d’AVS sous- payés, plein de bonne volonté mais pas formés ! La négligence confine parfois à la maltraitance ! Et les collégiens qui décrochent ? On continue de briser des talents sous prétexte qu’on a raté sa vie si on ne finit pas col blanc ? Pas de manuels, pas de pâtissiers, pas de boulangers, pas de plombiers... Au nom de l’égalité, tous bacheliers ! Et tant pis pour ceux qui craquent avant : ils ne pourront plus être orientés à temps !

Je pourrais continuer ainsi bien longtemps. Vous l’aurez compris, Monsieur le Ministre, il va falloir réviser votre copie ! Les enseignants ne sont pas hostiles à toute réforme. Au contraire, nous voulons redresser notre école. La refondation doit se faire avec nous. Nous sommes les premiers acteurs du système éducatif. Qui peut prétendre mieux le connaître que nous ? Nous débordons d’idées, de suggestions alors écoutez-nous ! Je n’appartiens plus à aucun syndicat, je ne suis membre d’aucun parti politique, mes propos ne feront sans doute pas l’unanimité, c’est pourquoi je vous invite à consulter le blog du collectif des Dindons. Vous constaterez alors qu’il y a au moins deux points sur lesquels nous sommes tous d’accord : votre projet en l’état actuel des choses est inacceptable (aussi bien pour les élèves que leurs enseignants) et nous ne nous laisserons pas déplumer !

J’appelle maintenant les deux premiers syndicats enseignants de France à ne plus rester sourds aux glouglous de leur base. J’appelle tous les enseignants dépités, découragés, résignés à rester en colère. J’appelle tous les parents qui veulent pour leurs enfants une école publique, républicaine et laïque digne de ce nom à nous rejoindre. J’appelle tous les maires de France qui refusent d’assumer le poids de cette réforme à faire entendre leur voix. J’appelle tous ceux qui se considèrent comme les dindons de cette farce à la mobilisation ! Soyons la nouvelle grippe aviaire de cet hiver !

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Afin de faciliter les choses au ministre, qui doit être exténué d’un tel effort, voici le lien du blog collectif Les Dindons :

 

2. BLOG - dindons-affiche-300x273.png

 

http://paroleauxdindons.canalblog.com/

 

 *

La France, le Qatar et le Nouveau Désordre Mondial

Par Gearóid Ó Colmáin

Dissident Voice & Information Clearing House – 26 janvier 2013

Selon la journalitse d’investigation Silvia Cattori, le barbare bombardement de l’université d’Alep, le 15 janvier, a été officiellement revendiqué par le groupe terroriste Front Al-Nousra. Cette confirmation ne sera pas une surprise pour ceux qui ont suivi de près les événements du Levant depuis le 17 mars 2011, lorsque des snipers inconnus ont ouvert le feu, dans la ville de Deraa, en Syrie du Sud, tuant plusieurs policiers et d’innocents manifestants.

Depuis lors, snipers et escadrons de la mort jihadistes venus de Libye, de Tchétchénie, du Bangladesh, d’Indonésie, de Turquie, d’Arabie Saoudite, du Qatar, de Jordanie et même de France et du Royaume Uni, entre autres, soutenus par les services de « renseignements militaires » de l’OTAN et financés par les pétromonarchies du Golfe, font au peuple syrien une guerre non conventionnelle génocidaire, massivement appuyée par une campagne de désinformation internationale sophistiquée de la presse sous contrôle des grands groupes supranationaux, dont le rôle est d’attribuer systématiquement au gouvernement syrien tous les crimes commis par les terroristes.

Quatre-vingt deux étudiants de l’Université d’Alep ont été massacrés, mardi 15 janvier, par un missile lancé par les bien-aimés « rebelles » des médias occidentaux, ces gangs d’évadés du bagne, de trafiquants de drogue, de violeurs, d’abuseurs d’enfants et de bandits de tous ordres, présentés au crédule public occidental comme des « révolutionnaires ».

3.  BLOG  - Dindons - Alep.jpg

Depuis 2011, plus de 2000 écoles et centres d’éducation en Syrie ont été détruits par les jihadistes à la solde de l’Occident, cet Occident qui veut anéantir l’Etat syrien pour mettre sur pied un Nouveau Moyen-Orient conforme aux objectifs géopolitiques de l’OTAN et des monarchies du Golfe. Quand ce cauchemar de terrorisme prendra-t-il fin ?

Silence de glace à Paris, à Londres et à Washington : pas un mot pour condamner l’atrocité d’Alep de la semaine dernière.

Contrairement à ce qui s’était passé lors du massacre de Houla, commis par les « rebelles » mais imputé au gouvernement syrien, il n’y a pas eu d’appels de Paris, de Londres et de Washington pour réclamer une expertise internationale sur le bombardement d’Alep. Tout le monde sait qui sont les coupables : donc, silence. Les lâches, cela se cache. Les lâches, cela s’attaque aux faibles et aux sans défense. Cela dissimule et cela tue indirectement, par procuration. Les services de renseignements militaires occidentaux sont de méprisables lâches. Ils se cachent derrière leur pompeuse novlangue à base de droits de l’homme et de démocratie, tout en commettant les crimes les plus odieux et les plus atroces connus du genre humain. En appuyant sur des boutons ou des touches d’ordinateurs, ils bombardent des pays situés à des milliers de kilomètres de distance. Ils y envoient des psychopathes drogués pour tuer, voler et détruire les peuples qui ont le malheur d’être dans leur chemin.

Le silence calleux des gouvernements occidentaux devant le massacre d’Alep offre un contraste tranchant avec les condamnations sans équivoque exprimées par le Brésil, le Venezuela, la Russie et la Chine. Les puissances émergentes du monde portent témoignage de l’autodestruction de la civilisation occidentale, par excès de hubris, de rapacité et de mégalomanie.

Il n’y a pas de mots, dans aucune langue, pour décrire les atrocités que les contras de l’OTAN commettent contre le peuple syrien. Mais le reste du monde est là, qui regarde, plein d’horreur et d’indignation. De grandes parties de l’Amérique Latine savent ce qui se passe. De grandes parties de l’Asie et de la Russie aussi savent qui est derrière la violence déchaînée en Syrie. La vérité finira par sortir du puits.

4. BLOG - DINDONS - MALI - bis .jpg

Laurent Fabius et François Hollande accueillant la « Coalition syrienne » dans l’espoir de « relancer l’opposition ».

L’équilibre des pouvoirs est en train de changer dans le monde et, tôt ou tard, les criminels responsables de ces guerres néo-coloniales et leur vaste réseau d’affidés seront traînés devant la justice. Il y a des signes indiquant que la Jordanie pourrait se réaligner sur l’Irak, l’Iran et la Syrie, à la faveur d’un nouveau contrat énergétique signé ce mois-ci avec l’Irak. Cela pourrait être fatal aux terroristes de l’Ouest de la Syrie, qui ont, jusqu’ici, utilisé la Jordanie comme base de lancement de leurs campagnes de terreur. L’état syrien est assez fort pour survivre. L’esprit du peuple syrien est indomptable. Les illusions du printemps Arabe se sont évanouies. Personne ne peut plus prétendre aujourd’hui que le Printemps Arabe avait quelque chose à voir avec les droits de l’homme et la démocratie. Les Frères Musulmans ont pris le pouvoir en Tunisie, en Egypte et en Lybie, grâce au soutien de l’Occident. Personne ne peut plus prétendre que le conflit qui ravage la Syrie a quelque chose à voir avec la démocratie.

Le complexe militaro-industrialo-médiatique français bourdonne d’une joie orgiaque au spectacle des troupes françaises en train de reconquérir le Mali si riche en gaz et en minerais, sous le prétexte d’y combattre le terrorisme, dans le même instant que les Forces Spéciales Françaises entraînent et aident les terroristes d’Al Qaeda en Syrie – théâtre de l’absurde digne d’Ionesco !

La France a une des civilisations culturellement et politiquement les plus avancées au monde, et elle a une longue et militante tradition de gauche. Et pourtant, la seule cause qui rallie aujourd’hui l’intelligentsia officielle « de gauche » à Paris est le mariage gay :  la « gauche » française prépare une grande manifestation dans les rues de la capitale, en faveur d’une loi qui devrait autoriser les mariages homosexuels. Le gouvernement français a bombardé et détruit deux pays d’Afrique en 2011. La France est engagée dans une guerre coloniale sans fin en Afghanistan, la « patrie des droits de l’homme »* fait une guerre indirecte à la Syrie depuis l’an dernier et est présentement occupée à s’emparer du Mali, dans le but de détruire l’Algérie. Le Niger riche en uranium sera sa proie suivante. Pour abréger, les agressions néo-coloniales du gouvernement français ont causé la mort de milliers d’innocents et ruiné la vie de millions d’autres, il est complice de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité et fait tout pour nous rapprocher d’une guerre mondiale, et la « gauche » française n’est préoccupée, à l’unanimité, que du droit au mariage des gays ! Par ailleurs, la répression sur le plan intérieur est en augmentation, avec de plus en plus de troupes dans les rues de Paris, pour « protéger » la population des « islamistes » potentiels, que financent les monarques du Golfe, grands amis du gouvernement français, pendant que les minorités immigrées, africaines et maghrébines, ne cessent de se faire arrêter et harceler sans raison par la police. Mais qui s’en soucie, du moment que les homosexuels ont le droit de se marier !

De manière un peu plus positive, on note quelques signes encourageants de contestation politique, émanant des officiels les plus modérés de l’impérialisme français. Il semble que la stratégie du chaos U.S. et la politique nihiliste consistant à soutenir des terroristes islamistes pour détruire un état en prétendant les combattre dans un autre soient devenues impossible à ignorer. L’ancien ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin, a déclaré le 18 janvier à France Inter, que la guerre faite par l’OTAN à la Libye en 2011 était la cause de la déstabilisation du Mali aujourd’hui. De Villepin a reconnu aussi que la Libye était à présent complètement au pouvoir des milices jihadistes.

Répondant à la question d’un auditeur qui l’interrogeait sur le financement de groupes islamistes par le Qatar, De Villepin semble avoir répondu qu’il était possible que « certains états du Golfe » financent des groupes extrémistes au Mali et en Syrie. Malheureusement, France Inter a supprimé ce passage de sa version podcast. La station a également supprimé le passage hautement significatif où Dominique de Villepin disait que la France devrait entamer des négociations avec la Russie pour tâcher de résoudre l’impasse géopolitique en Syrie. Bref, les trois passages les plus importants de l’intervention de l’ex-ministre des Affaires étrangères sur leur antenne ont été censurés par les propagandistes à la tête de France Inter. Dans ces étranges temps bellicistes, même les voix de l’impérialisme modéré sont anathèmes pour les aboyants chiens de guerre.

Le financement par le Qatar de la terreur islamiste au Mali, en Libye, en Syrie et ailleurs, et la relation incestueuse entre l’émirat absolutiste du Golfe et le Quai d’Orsay ne sont plus un secret pour la partie la plus informée du public français. Marine Le Pen, présidente du parti d’extrême-droite Front National a dit à France Info le 18 janvier : « Je voudrais souligner ici une incohérence. Nous sommes alliés au Qatar, un pays qui arme des terroristes dans le monde entier. » Comme je l’ai fait remarquer dans de précédents articles, l’absence d’une vraie gauche anti-impérialiste en France y ouvre la porte à l’opportunisme de l’extrême-droite. Marine Le Pen est une manipulatrice habile. Elle a compris qu’une partie non négligeable du public français est déconcertée par la lune de miel du Quai d’Orsay et des despotes du Golfe. Elle relève le fait mais se garde bien d’en expliquer les raisons. Or; les vraies raisons de l’histoire d’amour des « élites » françaises avec le despotisme du Golfe sont à chercher dans la convergence de leurs intérêts de classe. Les despotes du Golfe soutiennent le capitalisme néo-libéral. Ils sont autoritaires et néo-féodaux. Il n’y a rien que les capitalistes occidentaux aiment davantage que les régimes autoritaires, qui respectent les intérêts économiques occidentaux et broient, écrasent, étouffent toute velléité de contestation. Par exemple : le poète Qatari Mohammed Al-Ajami, qui vient d’être condamné à la prison à vie pour avoir osé critiquer l’émir du Qatar.

L’extrême droite n’expliquera jamais la base de classe de l’alliance des Occidentaux avec le terrorisme wahhabite. Et ceci, parce que l’extrême droite représente la même classe que ses adversaires de la droite modérée et du centre  « gauche ». Pour cette raison, Le Pen utilise son accès aux médias de masse dominants pour faire des clins d’yeux aguicheurs aux citoyens français mécontents, afin d’obtenir qu’ils soutiennent sa candidature à la prochaine élection présidentielle. D’ici là, le chaos provoqué par le gouvernement Hollande au Moyen-Orient et dans la plupart des pays d’Afrique aura préparé la scène pour que le programme fasciste de Le Pen vienne y « restaurer l’ordre ». Une fois au pouvoir, la vraie nature de la tyrannie du front National pourra se déchaîner sans entraves sur ce qui restera d’opposants de gauche en France.

Comme dans les années 30, une démocratie sociale faible aplanit la route à la droite extrême. La différence est que, cette fois, il n’y a pas de parti communiste pour la combattre.

A la place, il y a des personnages burlesques tels que Jean-Luc Mélenchon, leader de la coalition « de gauche » connue sous le nom de Front de Gauche. Mélenchon s’est lui aussi exprimé au micro de France Inter le 18 janvier, formulant de simples réserves sur la légitimité de l’intervention française. Cependant, interrogé sur le point de savoir s’il était d’accord avec le commentaire de l’ultra-conservateur Giscard d’Estaing, selon qui l’intervention est du néo-colonialisme, Mélenchon a répondu que, pour sa part, il n’utiliserait pas ce terme. N’oublions pas que Mélenchon a soutenu le bombardement du peuple libyen par la France en 2011 et soutient la guerre par procuration que fait la France à la Syrie. Et c’est là un homme qui se dit « de gauche » et prétend admirer les authentiques leaders anti-impérialistes comme Hugo Chavez, du Venezuela ! Cherchez l’erreur.*

Ce n’est pas la première fois que les medias français aux ordres admettent le financement du terrorisme islamiste par le Qatar. Le très lu journal satirique Le Canard enchaîné a publié, en juin 2012, un article confirmant le fait, déjà largement rendu public par les medias alternatifs, que le « partenaire » le plus proche de la France au Moyen-Orient était un état-sponsor du terrorisme islamiste. Alain Chouet, ancien chef du bureau de coordination des recherches et opérations anti-terroristes, a également confirmé le rôle joué par le Qatar dans le financement du terrorisme islamiste en Syrie et au Mali. Il est devenu impossible d’ignorer l’horrible réalité qui se cache derrière les guerres de la France, à mesure que des officiels et même des journalistes « mainstream » dévoilent la complicité du gouvernement avec le terrorisme.

L’Etat français se sert de ses Forces Spéciales et des groupes terroristes des pétro-monarchies pour déstabiliser l’une après l’autre les nations riches en ressources naturelles, pour atteindre ses objectifs géopolitiques. Seuls des imbéciles de mauvaise foi ou des niais peuvent ne pas voir la réalité dévastatrice de cette course insane à l’hégémonie globale.

Après l’écrasement de la Commune de Paris, en 1871, le gouvernement réactionnaire d’Adolphe Thiers a prôné la religion catholique dans l’enseignement, comme moyen de faire dévier les désirs de la classe ouvrière française de ses aspirations à la justice sociale vers la piété et l’obéissance à l’ordre bourgeois. Une politique similaire avait été adoptée en Irlande par l’état impérial britannique après l’écrasement du soulèvement Young Irelander de 1848. Les séminaires catholiques s’étaient mis à proliférer et les ouvriers irlandais s’étaient vus conseiller de se résigner à leur sort dans cette vie, afin d’assurer leur délivrance dans l’autre. C’est la politique actuelle de beaucoup de gouvernements européens, qui permettent aux monarchies du Golfe de prendre le contrôle de leurs banlieues peuplées de prolétaires musulmans. Ainsi, le Qatar est maintenant le principal investisseur dans les banlieues populaires françaises, où les jeunes musulmans ignorants sont endoctrinés par son obscurantisme néo-féodal, qui les détourne du chemin de la lutte des classes et de leur libération sociale.

L’absurdité de la politique étrangère française actuelle crève d’autant plus les yeux, si on considère le fait que la Syrie baasiste a, plus que n’importe quel autre pays du Moyen Orient, des liens culturels avec la France. Jusqu’à l’année dernière, les touristes français y affluaient en masse pour admirer des centaines de sites historiques et archéologiques à couper le souffle. Le gouvernement syrien a toujours fait grand cas de la culture française. La Syrie est un des très rares pays arabes où des livres d’auteurs athées sont lus par un large public. La laïcité est aussi fondamentale à la Syrie qu’elle l’est à la France.

En ce sens, la Syrie de Bachar Al-Assad est, ironiquement, le pays le plus pro-occidental du Moyen Orient, et la France ne saurait avoir de plus grand allié contre le terrorisme islamiste que la République Arabe de Syrie. Pourtant, Paris soutient les islamistes. Le président syrien et l’ambassadeur de Syrie aux Nations-Unies, le Dr. Bachar Ja’afari, parlent tous deux le français. En dépit de cela, jamais le Dr. Ja’afari n’a été invité à s’exprimer à la télévision ou à la radio françaises. Pas une seule fois le gouvernement syrien n’a été autorisé à présenter sa version des faits au public français. Les élites parisiennes corrompues ne s’intéressent qu’aux bandits quasi-illettrés des états du Golfe, qui maintiennent leurs populations dans l’ignorance en se faisant les hérauts de la forme la plus barbare d’anti-islam qu’il y ait au monde. Après tout, l’état d’asservissement qu’endurent les sujets de ces pays représente une société modèle pour les dégénérés oligarques transatlantiques.

En dépit des efforts de certains des arabisants les plus autorisés de France - comme, par exemple,  l’érudit franco-syrien renommé dans le monde entier Bassam Tahhan -, qui font tous leurs efforts pour informer le public français sur la vraie nature des événements de Syrie, la classe dominante française continue à maquiller ses crimes d’une bouillie de « droits de l’homme » et de « démocratie » à soulever le coeur. Le blogueur Allain Jules l’exprime à merveille quand il écrit :

« Mais derrière cette façade triturée du bien se cache en fait le bruit et la fureur. Le refus permanent de tendre la main, le diktat, la violence et le perpétuel logos morbide et mortifère. »

Décrivant la scène politique française dans les années 30, Micheal Jabara Carley l'a rappelé : « C’était "la République des copains’’ où "des hommes rigoureusement honnêtes" étaient en bons termes avec des gens plus ou moins honnêtes, qui étaient en bons termes avec des gens louches, qui l’étaient, eux, avec des escrocs méprisables’’»(1).

Les escrocs méprisables dirigent toujours ce monde, et, comme Malcolm X l’a si bien compris, leurs domestiques médiatiques, dans toutes les langues, font des heures supplémentaires pour nous faire aimer les escrocs et haïr leurs victimes.

_______________   

* En français dans le texte.                                           

(1) Carley, Micheal Jabara, 1939, the alliance that never was and the coming of world war II, Chicago, Ivan R. Dee, 1999, p. 15

 Traduit par Catherine L. pour

http://lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.skynetblogs.be

Sources :

http://dissidentvoice.org/2013/01/france-qatar-and-the-new-world-disorder/

http://www.informationclearinghouse.info/article33716.htm

 

*

5. BLOG - Dindons, Mali.jpg

Légionnaire français au Mali – Le masque à tête de mort, c’est pourquoi ? Bof ! Pour faire peur aux bougnoules, tiens !

 

*

 Sur la situation réelle de la France et de ses victimes, l’essentiel avait bien sûr été dit, comme d’habitude, par Thierry Meyssan qui, rappelons-le, se trouve à Damas. Ceux qui ont déjà lu ce qu’il annonce à la fin de son premier billet peuvent le relire. C’est pour maintenant ou pour dans pas longtemps. L’arroseur arrosé, L’apprenti-sorcier, tout ça… ce sont des classiques, non ?

 

MALI : une guerre peut en cacher une autre

Thierry Meyssan

Réseau Voltaire – 21 janvier 2013

Préparée de longue date et annoncée par François Hollande six mois à l’avance, l’intervention française au Mali a été présentée comme une décision prise en urgence en réponse à des développements dramatiques. Cette mise en scène ne vise pas seulement à s’emparer de l’or et de l’uranium maliens, elle ouvre surtout la voie à une déstabilisation de l’Algérie.

« L’appétit vient en mangeant », dit le proverbe. Après avoir recolonisé la Côte d’Ivoire et la Libye, puis tenté de s’emparer de la Syrie, la France lorgne à nouveau sur le Mali pour prendre l’Algérie à revers.

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Hollande a peur de ses armées

Thierry Meyssan

Réseau Voltaire – 27 janvier 2013

Nicolas Sarkozy et François Hollande utilisent les armées françaises pour satisfaire des intérêts privés ou étrangers. Ils ont envoyé des hommes à la mort pour voler le cacao de Côte d’Ivoire, les réserves d’or de Libye, le gaz de Syrie, et l’uranium du Mali. La confiance est brisée entre le chef des armées et des soldats qui se sont engagés pour défendre la patrie.

Les aventures militaires de Nicolas Sarkozy et François Hollande en Afghanistan, en Côte d’Ivoire, en Libye, en Syrie et maintenant au Mali sont très vivement discutées au sein des armées françaises. Et l’opposition qu’elles rencontrent est arrivée à un point critique. Quelques exemples 

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Mis en ligne par Théroigne le 28 janvier 2013

 

 



16:49 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

22/01/2013

Il est temps que nous fassions notre coming out !

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Il est temps que nous fassions notre coming out !


Tant pis pour ceux à qui cela ne plaira pas. Nous sommes croyants. Adeptes de l’Eglise du Monstre Spaghetti Volant (MSV).

Notre religion s’appelle le pastafarisme et même, parfois, le pastafarianisme*, parce que pasta est le nom de famille de notre Créateur et parce que les spaghettis c’est bien, mais Bob Marley aussi.

Chose qu’il est important de rappeler aux potentiels hérétiques : le Monstre Spaghetti ne se manifeste jamais sans ses deux boulettes, et ce n’est pas parce qu’en anglais « boulettes » se dit balls, c’est-à-dire « couilles », qu’il faut en profiter pour prétendre que c’est une divinité mâle. Personne n’en sait rien.

Ce n’est pas à nous que le Monstre Spaghetti Volant a choisi de se révéler. Sans doute n’en étions-nous pas dignes. Mais il n’y a pas non plus de raison pour que les révélations se produisent toujours dans un passé lointain et de préférence dans un pays exotique, généralement oriental, c’est donc à son prophète, Bobby Henderson, qu’Il est apparu (oui, Bobby ne fait pas très sérieux, comparé à Moïse, Saül-Paul, Mohammed ou Confucius, mais, cette fois, cela s’est passé aux USA, et dans ce pays, ils ont des noms comme ça).

D’abord, il y avait eu ceci ,

En 2005, George W. Bush, le président en exercice des Etats-Unis d'Amérique avait déclaré souhaiter que les théories créationnistes soient enseignées à l'école aux côtés de la théorie de Darwin. Selon lui« parmi toutes les explications traditionnelles de l'origine de la vie, les professeurs de biologie doivent enseigner cette théorie de l'intervention d'une intelligence supérieure, qui soutient que les mutations aléatoires de la théorie de l'évolution sont en fait guidées par la main de Dieu » .

Donc, Bobby Henderson, diplômé en physique de l’Université d’Oregon et ingénieur de distributeur électronique au chômage, a été, un jour de 2005, très perturbé d’apprendre qu’à la suite de l’injonction présidentielle, le Comité d’Education de l’Etat du Kansas, où il habite, avait décidé que serait désormais enseigné dans les cours de science, au même titre que les fariboles de Darwin (évolutionnisme, etc.) la théorie du Dessein Intelligent, aussi appelée « créationnisme » (vous savez, Dieu a fait le monde en six jours plus un, il y a 5.638 ans, Adam et Eve, etc.). C’était un vendredi, jour traditionnel des pâtes dans le Kansas (ici aussi, quoique ce soit aussi souvent celui des pizzas). Bref, il en avait mangé, accompagnées de chianti peut-être, nous ne savons pas. Toujours est-il que c’est cette nuit-là que son Créateur, le Monstre Spaghetti Volant, généralement invisible et indétectable, lui est apparu et lui a transmis (révélé, dicté, comme vous voudrez) ce qui allait devenir son Evangile, et qui est devenu le nôtre.

A savoir :

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Que c’est Lui, Pastafari, issu d’une nouille primitive appelée Pasta**, qui, en un seul jour mais « après avoir beaucoup bu » a créé l’univers. Cette ivresse initiale est même la raison pour laquelle la Terre n’est pas parfaite (un peu aplatie en haut et en bas). En fait, Il a d’abord créé les arbres, une montagne et un nain. Ensuite, Il s’est occupé du reste.

Que ce que nous appelons « la science » ou « les vérités scientifiquement démontrées » n’est qu’un leurre créé par Lui pour nous éprouver, qu’Il déforme selon Son bon plaisir. Ainsi, lorsque nous effectuons des mesures, comme la datation au carbone 14, les résultats que nous obtenons sont faux, parce que le Monstre Spaghetti Volant a touché l’objet à dater de Son « Appendice Nouillesque »

Qu’Il a aussi créé un Paradis et un Enfer. Le Paradis abrite des usines high tech, des volcans de bière et une usine de strip-teaseuses (ou de stri-teasers selon les goûts de chacun). L’Enfer est absolument identique, sauf que la bière y est éventée et que les strip-teaseurs/seuses ont la vérole.

Que le vendredi est Son jour saint, celui où on mange des pâtes et où on ne doit pas travailler. Si un employeur mécréant insiste pour faire travailler un de Ses dévots, les autres doivent aller exhorter l’infidèle à se mieux conduire, au besoin en insistant très fort.

Que les pastafariens doivent se reconnaître et se saluer par les mots « Puisse Son Appendice Nouillicque vous toucher » ou « Que la Pâte soit avec vous » et leurs prières se terminer par « Ramen ! » (parce que amen veut dire amen et que ramen signifie « nouilles » en japonais).

Que le « peuple élu » du pastafarisme, ce sont les pirates, « êtres absolument divins » et premiers pastafariens historiques. La réputation de voleurs et de hors la loi qu’on a faite aux pirates n’est que de la désinformation répandue par les anti-pirates. C’est l’évidence même et nous, pastafariens, sommes absolument sûrs que le réchauffement climatique, les tremblements de terre, les cyclones, les famines, les guerres, etc., sont la conséquence directe de la diminution du nombre des pirates depuis plus ou moins 1800. L’accroissement récent de la piraterie dans le golfe d’Aden en fournit une preuve éclatante : la Somalie est le pays qui a le plus grand nombre de pirates et le plus bas niveau d’émission de gaz à effet de serre au monde. Enfin, beaucoup d’entre nous croient que les pirates fantômes sont la cause des mystérieuses disparitions de navires et d’avions dans le Triangle des Bermudes.

Que, par conséquent, Sa Vénérable Sainteté le Monstre Spaghetti Volant attend de nous que nous nous conduisions et que nous nous vêtions en pirates, avec un bandeau sur l’œil et si possible un crochet. En fait, rien ne pourrait Lui être plus agréable.

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Le pirate Moïse recevant la

Liste des choses que j’aimerais autant que vous fassiez pas.


Le jour suivant, conscient de ses responsabilités d’élu en chef, le prophète a écrit au Comité d’Education de l’Etat du Kansas, une lettre où il professait sa foi en un Dieu créateur surnaturel (le MSV) et demandait que soit consacré au pastafarisme la même durée d’enseignement officiel des sciences qu’au Dessein Intelligent et à la Théorie de l’Evolution.

D’ailleurs, la voici :

 ____________________     

* Ce qui n’est pas une excuse pour mettre sur son répondeur des messages du genre : « Ici Adolf Hitler. Je suis en déplacement à l’étranger. Si vous êtes aryen, laissez votre numéro. Dès que je reviens au pouvoir, je vous appelle», parce que quelqu’un l’a déjà fait (dans Un parfum de jitterbug).

** D’où on voit bien que les deux boules ne veulent rien dire quant au genre de la divinité première.

 

Lettre ouverte de Bobby Henderson au comité d’état à l’éducation du Kansas

 

Je suis très préoccupé à l’heure où je vous écris car je viens d’apprendre que vous organisez des audiences pour décider si la théorie alternative du dessein intelligent devrait être enseignée aux côtés de la théorie de l’Évolution. Je pense que nous sommes tous d’accord pour dire qu’il est important que les élèves entendent des points de vue multiples afin de choisir par eux-mêmes la théorie qui leur semble la plus cohérente. J’ai toutefois peur que les élèves n’entendent qu’une seule des théories du dessein intelligent. Rappelons-nous bien qu’il existe plusieurs théories du dessein intelligent. Moi-même et beaucoup d’autres personnes dans le monde croyons profondément que l’univers a été créé par un Monstre Spaghetti Volant. C’est Lui qui a créé tout ce que nous voyons et sentons. Nous avons la certitude que les preuves irréfutables des processus d’évolution des espèces ne sont qu’une coïncidence, qu’Il a mise en place.

C’est pour cette raison que je vous écris aujourd’hui afin de demander officiellement que cette théorie alternative soit enseignée dans vos écoles au même titre que les deux autres. Je dois souligner que si vous n’acceptez pas de le faire, nous serons forcés d’intenter une action en justice. Je suis certain que vous comprenez nos motivations. Si la théorie du dessein intelligent n’est pas basée sur la foi, mais qu’elle soit, en fait, également une théorie scientifique, alors vous devez autoriser l’enseignement de notre théorie, car elle se fonde elle aussi sur la science et non sur la foi.

Certaines personnes ont du mal à croire à tout ceci, il peut donc être utile que je vous en dise un peu plus sur nos croyances. Nous avons des preuves qu’un Monstre Spaghetti Volant a créé l’univers. Bien entendu, aucun d’entre nous n’était présent à l’époque pour le voir de nos propres yeux, mais nous avons des témoignages écrits qui relatent ce moment. Nous détenons plusieurs volumes épais dans lesquels Ses pouvoirs sont expliqués en détail. Par ailleurs vous serez peut-être étonnés d’apprendre que nous sommes 10 millions et que nos fidèles sont chaque jour plus nombreux. Nous avons tendance à être discrets car beaucoup de gens prétendent que nos croyances ne reposent pas sur des preuves observables. Ce que ces gens ne comprennent pas c’est qu’Il a construit le monde pour nous donner l’impression que la terre est plus vieille qu’elle ne l’est en réalité. Un scientifique peut par exemple dater un artefact au carbone 14. Il trouvera qu’approximativement 75% du Carbone 14 s’est désintégré en Azote 14 par l’émission d’électrons et déduira que l’artefact est vieux d’à peu près 10.000 ans, puisque la demi-vie du Carbone 14 semble être de 5730 ans. Mais ce dont notre scientifique ne se rend pas compte c’est qu’à chaque fois qu’il procède à une datation, le Monstre Spaghetti Volant est là, qui change les résultats avec Son Appendice Nouilleux. Nous avons de nombreux textes qui décrivent en détail comment cela est possible et les raisons pour lesquelles Il le fait. Il est bien sûr invisible et peut traverser la matière sans peine.

Je suis certain que vous comprenez à présent à quel point il est important que cette théorie soit enseignée à vos élèves. Il est absolument impératif qu’ils prennent conscience du fait que toutes les preuves scientifiques observables dont nous disposons sont en fait présentes à la discrétion du Monstre Spaghetti Volant. De plus, il est irrespectueux d’enseigner nos croyances sans porter la tenue qu’Il a choisie, qui est, bien entendu un costume complet de pirate. Je n’insisterai que trop peu sur ce point et je ne peux malheureusement pas décrire en détail les raisons pour lesquelles il doit en être ainsi car j’ai peur que cette lettre soit déjà trop longue. L’explication concise est qu’Il se fâche si nous ne nous habillons pas de la sorte.

Vous serez peut-être intéressés d’apprendre que le réchauffement planétaire, les tremblements de terre, les cyclones et les autres désastres naturels sont une conséquence directe du nombre décroissant de pirates depuis les années 1800. A titre indicatif, j’inclus ici un graphique d’un nombre estimé de pirates sur terre mis en parallèle avec la température mondiale moyenne au cours des 200 dernières années. Comme vous pouvez le constater, il y a un lien de causalité significatif entre la baisse du nombre de pirates et l’augmentation de la température mondiale.

 

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Pour finir, je vous remercie d’avoir accordé votre attention à nos points de vue et à nos croyances. J’espère que je suis parvenu à vous convaincre de l’importance de l’enseignement de cette théorie à vos élèves. Nous sommes bien sûr tout à fait disponibles pour former les enseignants à cette théorie alternative. J’attends votre réponse avec impatience et j’espère vivement qu’une action en justice ne sera pas nécessaire. Je pense que nous pouvons nous réjouir à l’idée qu’un jour ces trois théories jouiront d'une tranche de temps égale dans l'enseignement des sciences de notre pays mais aussi du monde entier, soit un tiers du temps pour le Dessein Intelligent, un tiers du temps pour le Monstre Spaghetti Volant, et un tiers du temps pour une conjecture logique fondée sur une masse écrasante de preuves irréfutables et observables.

Très sincères salutations,

Bobby Henderson, citoyen préoccupé.

PS : Je joins à cette lettre un dessin artistique de Lui créant une montagne, des arbres et un nain. Souvenez-vous que nous sommes tous Ses créatures.


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Le texte original en anglais est disponible sur le site Church of the Flying Spaghetti Monster.

Traduction française par l’Église Québécoise du Monstre de Spaghetti Volant assistée de la Sainte Église du Monstre en Spaghettis Volant Branche Francophone

 

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Il est regrettable et assez scandaleux que l’Etat du Kansas n’ait pas donné suite à cette lettre, au prétexte qu’elle serait « un canular ».

On était alors en mai 2005. De plus en plus préoccupé, notre prophète Bobby l’a mise en ligne, prenant les internautes à témoin de sa perplexité et de son légitime sentiment de subir une injustice.

Le résultat a été une augmentation exponentielle du nombre de conversions et leur dissémination rapide sur tous les continents. (La preuve :

http://pastafarisme.canalblog.com/archives/2008/07/30/18913551.html )

Ce que voyant, le Comité d’Education du Kansas s’est enfin décidé à réagir. Trois membres se sont exprimés plus ou moins favorablement, mais un quatrième a dit « C’est une offense grave de railler Dieu ». Le prophète a bien sûr également reçu des messages de haine et quelques menaces de mort. Mais, en résumé, début 2006, il avait trouvé dans sa boîte, une soixantaine de milliers d’émiles, dont 95% étaient enthousiastes, surtout ceux envoyés par des scientifiques. Les 5 autres % l’assuraient qu’il irait en enfer.

Le 13 février 2007, le Comité d’Education de l’Etat du Kansas a fini par voter, par 6 voix contre 4, l’annulation des décisions de 2005. C’était la cinquième fois en huit ans qu’il modifiait l’enseignement de la théorie de l’évolution par décret.


Les difficiles étapes d’une reconnaissance :

En mars 2007, Bryan Killian, un étudiant du comté de Buncombe (Caroline du Nord) fut suspendu pour avoir, au nom de sa foi pastafarienne, assisté aux cours vêtu en pirate. Il protesta contre cette mesure discriminatoire, en faisant observer que la suspension violait le premier amendement de la Constitution, qui protège la liberté de religion (si pas tout à fait celle de conscience) et d’expression. L’école, prétendant « ne pas croire » à sa foi, a invoqué les délits de perturbation de la classe et d’insolence, pour maintenir sa décision.

En décembre de la même année, cinq des sept membres du Comité d’Education de Polk (Floride) déclarèrent leur croyance en un Dessein Intelligent et réclamèrent l’adoption de nouveaux standards d’enseignement de la Théorie de l’Evolution. L’Eglise du M.S.V. intervint alors pour demander que soit accordé un tiers du temps d’enseignement des sciences  au pastafarisme. Margaret Lofton, au nom du Comité, rejeta cette demande, qu’elle jugea ridicule et insultante, ajoutant bêtement : « Ils ont fait de nous la risée du monde ». La controverse enfla. Les scientifiques s’en mêlèrent et exprimèrent leur opposition aux projets du Comité. La construction imminente d’un nouveau campus à l’Université de Floride du Sud fut remise en question. Le vice-président de l’université, Marshall Goodman, se déclara personnellement hostile à l’enseignement du Dessein intelligent, au motif que « ce n’est pas de la science ». En conséquence, la réforme de l’enseignement de la Théorie de l’Evolution fut abandonnée.

En mars 2008, les pastafariens de Cronville dans le Tennessee furent autorisés à ériger une statue du Monstre Spaghetti Volant dans la zone d’expression libre d’un jardin public. Une photo de la statue fit le tour du Net et parut même dans le magazine Rolling Stone. Les partisans du Dessein Intelligent, principalement des fondamentalistes chrétiens, s’émurent et firent tant de tapage que les autorités durent faire enlever la statue… et toutes les autres, pour en finir.

En gros, plusieurs états de l’Union, qui envisageaient de modifier l’enseignement de la Théorie de Darwin et/ou de lui adjoindre celle du Dessein Intelligent, ont dû revoir leurs ambitions à la baisse, suite aux interventions des fidèles pastafariens.

 

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En juillet 2011, après trois ans de démarches, le citoyen autrichien Niko Alm, chauffeur de taxi, a obtenu le droit de porter une passoire en guise de couvre-chef sur la photo d’identité de son permis de conduire.

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Cette coiffure est évidemment liée à sa pratique du pastafarisme. Il est, depuis, entré en campagne pour que l’Eglise du Monstre Spaghetti Volant soit officiellement reconnue en Autriche.

 

De vives critiques avaient été lancées contre nous par plusieurs mouvemnts religieux (auxquels nous n’allons pas faire de la pub en les nommant), Elles reprochaient notamment au pastafarisme de n’être pas une vraie religion, parce que nous n’avions pas de livre saint. Eh bien, maintenant, nous en avons un, depuis qu’en décembre 2005, l’éditeur Villard (UK) a offert au prophète Bobby une avance de 80.000 £ pour écrire l’ « Evangile du Monstre Spaghetti Volant », qui a paru en mars 2006. Nous sommes donc, à présent, nous aussi, une « Religion du livre ».

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Avec son nombre toujours croissant de fidèles de par le monde, l’Eglise du Monstre Spaghetti Volant est désormais considérée comme amplement légitime, au point que même ses opposants, pour la plupart chrétiens fondamentalistes, ont dû reconnaître que son Dieu a des boules plus grosses que les leurs.

Dernier point et non des moindres, : le Monstre Spaghetti Volant n’est pas anthropocentriste. Certes, lesdites boules ne sont pas en tofu, mais les animaux, y compris ceux qui se mangent les uns les autres, sont accueillis  comme des égaux dans la Sainte Eglise pastafarienne.

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La chatte Al Dente, exemplaire pastafarienne


 

*

Ne pas confondre « Monstre Spaghetti Volant »

et «  Théière de Russell » !


Il est désormais avéré que Bertrand Russell, le fameux mathématicien, logicien et philosophe, a moqué ouvertement notre religion à travers sa fameuse satire analogique de la théière. En d'autres temps, sous le règne de religions moins permissives que la nôtre, il ne fait aucun doute qu'il aurait été passé par le fer et par le feu. Mais le Monstre Spaghetti Volant, dans son incommensurable mansuétude, a laissé Russell jouer avec ses fadaises comme on laisse Semimi jouer avec une ficelle.


L'analogie de Bertrand Russell


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« Si je suggérais qu'entre la Terre et Mars se trouve une théière de porcelaine en orbite elliptique autour du soleil, personne ne serait capable de prouver le contraire pour peu que j'aie pris la précaution de préciser que la théière est trop petite pour être détectée par nos plus puissants télescopes. Mais si j'affirmais que, comme ma proposition ne peut être réfutée, il n'est pas tolérable pour la raison humaine d'en douter, on me considérerait aussitôt comme un illuminé. Cependant, si l'existence de cette théière était décrite dans d'anciens livres, enseignée comme une vérité sacrée tous les dimanches et inculquée aux enfants à l'école, alors toute hésitation à croire en son existence deviendrait un signe d'excentricité et vaudrait au sceptique les soins d'un psychiatre à une époque éclairée ou de l'Inquisition en des temps plus anciens. »

On voit bien où veut en venir le philosophe… En utilisant la dérision pour moquer le divin, il laisse entendre que certaines doctrines qui pourraient passer pour illuminées utiliseraient elles-mêmes le subterfuge. D'aucuns ont d'ailleurs franchi le pas en affirmant la chose.

Il est inutile pour les vrais croyants de tenter de contredire ce type de propos, l'auteur s'étant à plusieurs reprises rendu ridicule de lui-même, notamment lorsqu'il invente la proposition atomique (comme si une phrase pouvait exploser), ou en posant la question idiote : l'ensemble des ensembles n'appartenant pas à eux-mêmes appartient-il à lui-même ?, voire en posant le paradoxe du barbier de la façon suivante : ¬ ∃y ∀x (y R x ⇔ ¬ x R x)… On a vu plus clair…

Le thème de la théière repris par Richard Dawkins

Nul besoin de présenter Richard Dawkins, le célèbre éthologiste britannique, vulgarisateur et théoricien de l'évolution, critique du Dessein Intelligent et tenant de l'athéisme. Celui que l'on appelle le rottweiler de Darwin prend pour cible tous les dieux et le surnaturel en général, notamment dans son ouvrage Pour en finir avec Dieu.

Comme il nous semble important pour les Pastafaris d'identifier les thèses de leurs ennemis, nous vous livrons ci-dessous le développement que Dawkins fait sur la théière de Russell :

« La religion organisée mérite la plus vive hostilité car, contrairement à la croyance en la théière de Russell, la religion organisée est puissante, influente, exemptée de taxes et systématiquement transmise à des enfants trop jeunes pour pouvoir s'en défendre. On ne force pas les enfants à passer leurs années de formation en mémorisant des livres farfelus sur les théières. Les écoles publiques n'excluent pas les enfants dont les parents préfèrent la mauvaise forme de théière. Les fidèles de la théière ne lapident pas les non-croyants en la théière, les apostats de la théière, les hérétiques de la théière ou les blasphémateurs de la théière. Les mères n'empêchent pas leurs fils d'épouser des shiksas de la théière sous prétexte que leurs parents croient en trois théières plutôt qu'une seule. Ceux qui versent le lait en premier ne mutilent pas ceux qui préfèrent commencer par verser le thé. » 

Tout et n'importe quoi ! À quand un livre intitulé Pour en finir avec Richard Dawkins ?

Nous rappelons ici que le Monstre Spaghetti Volant est amour, lui qui nous attend pour l'éternité au pied du volcan de la bière, près de l'usine de strip-teasers(seuses). Cette vision eschatologique est de très loin supérieure aux visions amèrement matérialistes des deux tristes sires mentionnés ci-dessus.


 

*

Quelques témoignages

(surtout n’hésitez pas à nous envoyer les vôtres)

 

f  Le chanteur mexicain Juanito Palves affirme que le Monstre Spaghetti Volant lui est apparu alors qu’il préparait des tacos pour l’anniversaire de sa femme. « J’étais là, et soudain, il est apparu, là, juste là, et ça m’a vraiment surpris » a-t-il ajouté.

(Source : Eduardo Palves.)

f Brandon Lustucru, assistant personnel de Sa Vénérable Sainteté Le Monstre Spaghetti Volant, affirme que le Monstre a rencontré le pape Benoît XVI. Ils auraient passé deux heures ensemble à faire une partie de poker, que le Monstre aurait gagnée. Comme d’habitude, le porte-parole du Vatican a démenti cette information.

(Source : Giovanna Rana.)

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(Le Monstre s’était déguisé en pirate ? N.d.LGO)

f  Dans un message adressé par SMS à l’humanité, Le Monstre Spaghetti Volant a déclaré : « Oui, c’est vrai, je suis actuellement en train de créer un nouveau monde, à des années-lumière de votre terre peuplée d’hommes-vaches et de femmes-moutons. Toutefois, soyez certains que vous demeurerez toujours mes chouchous. Bisous et bonne année ! »

(Source : Andrea Bicha.)

f  Le Monstre aurait été aperçu à Caracas en (très) bonne compagnie, le 14 février dernier (2012). Interpellé par des passants, il aurait répondu : « Eh ben quoi, on n’a plus le droit de s’amuser à la Saint Valentin ? »

(Source : Peter Jacksonne.)

f  Dans un mail très encourageant adressé au webmestre de la branche francophone de l Eglise, Le Monstre Spaghetti Volant a déclaré : « Merci d’avoir fait un site sur moi, c’est cool. »

(Source : http://sainteglisedumonstreenspaghettivolant.blogspot.be/ )

f  Le magazine Dubrovnik Gazeta a révélé, dans un reportage exclusif, que l’acteur Mociek Lori serait pastafarien. Les agents de l’acteur n’ont pas voulu répondre aux questions des journalistes.

(Source : http://site.lesdoigtsbleus.free.fr/ )

f D’après une étude du Massachussetts Institude for Food Science, les personnes qui mangent des spaghettis deux fois par semaine ont une espérance de vie de 20% supérieure à la moyenne.

(Source : http://ajcn.nutrition.org/content/22/6/817.full.pdf )

f  Nouvelle brûlante : on a retrouvé un évangile apocryphe pastafarien dans la cave de l'écrivain surréaliste et grand maître de la pa(s)taphysique: feu le Verviétois André Blavier. Le texte était dissimulé sous deux caisses de Panzani. Béni soit le Monstre pour cette découverte ouvrant la voie à une béatification prochaine du Fou littéraire André Blavier, bientôt consacré Grand Aladin sur feuille de Lasagne volante !

(Source : Didier Kuckaertz, http://pastafrancophone.canalblog.com/,

(Facebook Belgian Branch) 

f  Suite à un rêve prémonitoire de Jacques Muselier, notre guide pastafarien pour la métropole lilloise, la branche francophone de la Sainte Eglise du Monstre Spaghetti Volant a pris une année sabbatique. Certains ont fait du jet-ski mais beaucoup d’entre nous ont simplement médité et essayé d’être en pleine communion avec l’univers. C’est apparemment ce que souhaitait Sa Vénérable Sainteté, dans le rêve, où il aurait notamment déclaré : « Jacques, tu dis à tout le monde de prendre une année de vacances ! »

(Source : http://www.magiciut.fr/?p=1921 )

f  La Sainte Eglise du MSV a décidé d’ouvrir une branche à Hollywood, pour convaincre les célébrités pastafariennes de faire leur coming out dans les medias, de façon à ce que les adolescents du monde entier s’intéressent un peu plus à notre belle religion. Depuis 2005, de plus en plus d’artistes se sont convertis au pastafarisme, mais jusqu’à aujourd’hui, beaucoup d’entre eux n’osaient pas en parler publiquement de peur d’être victimes de la pastaphobie régnant dans de nombreux medias. Brian Slick, le directeur de la branche de la Sainte Eglise du MSV à Hollywood, vient de nous informer qu’il a presque réussi à convaincre un acteur de premier plan (nous ne pouvons pas encore révéler son nom mais c’est du très gros calibre : pour vous donner un indice, on le surnomme « le Robert de Niro canadien ») de faire son coming out.

(Sources :

https://fr.foursquare.com/v/church-of-the-flying-spaghett...

et  http://www.venganza.org/2007/02/nick-the-missionary )

f  Une vidéo pastafarienne secrète en exclusivité :

(Suite au succès rencontré par l’interview de Tom Cruise où il explique sa dévotion à la Chiantologie, le célèbre pirate Ed Atkins a accordé lui aussi une interview consacrée au Pastafarisme, légèrement inspirée de la première :


 

 

*

Tolérance or not tolérance

?


Une controverse

A l’approche de la fête chrétienne de Noël, les American Atheists ne se contentent pas de faire campagne contre les arbres de Noël au milieu des villes, ils font aussi grande exhibition de panneaux routiers qui attaquent les croyances chrétiennes, genre « Vous savez bien que c’est du bidon » :

 

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Notre prophète Bobby, au nom de la tolérance, préfère que nous cotisions pour ériger, le long des routes, des panneaux à la gloire de notre Monstre, où nous proclamons notre foi sans critiquer celle des autres. Il estime qu’avec les inquisitions, on sait où ça commence mais jamais où ça finit.

Des propositions qui lui ont été faites, il a retenu ces deux-ci :

 

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Il a bouilli pour vos péchés


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Mangez sa chair nouillicque, buvez sa sauce tomate

et répandez son amour

 

Mais il en a déjà reçu beaucoup d’autres intéressantes du genre « Essayez-nous »,  « Rejetez les faux dieux », « Nous avons confiance en Lui », etc.

 

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Des membres de l’Eglise Pastafarienne de France lui ont fait deux autres propositions qui le laissent perplexe. Il faut dire qu’il ne connaît pas très bien les arcanes de la vie spirituelle de ce côté-ci de l’Atlantique.

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Artistes inspirés, à vos crayons, à vos brosses ! Envoyez-lui les vôtres.


 

*

 Quelques liens utiles

 

Fédération pastafariste francophone

http://pastafrancophone.canalblog.com/

On y voit, quelque part, une video qui se présente ainsi : « Les agnostiques piratent le FSM ». Elle ne nous a pas amusés vraiment. D’ailleurs, qui a dit « Les agnostiques sont des athées honteux » ?

La Pasta à l’étranger :

http://pastafarismemars.canalblog.com/archives/2009/07/10/14369636.html

Pastafarisme marseillais

http://pastafarisme.canalblog.com/

Tres Sainte Eglise de Marseille du Culte Volantiste

https://sites.google.com/a/pastafarisme-marseille.com/pastafarisme-marseillais/

MSV obédience marseillaise :

http://pastafarismemars.canalblog.com/

Eglise Pastafarique de Suisse Romande

http://pastafari.wordpress.com/

Pastafaray – Culte réformé de la Pasta

http://pastafaray.wordpress.com/

FSM Letzebuerg

http://fsmlu.wordpress.com/

ÉGLISE PASTAFARIENNE BELGE RÉGULIÈRE ET AUTHENTIQUE

http://pasta.avk.org/dogme.html

Sainte Eglise du Monstre en Spaghetti Volant

http://sainteglisedumonstreenspaghettivolant.blogspot.be

Eglise Quebécoise du Monstre Spaghetti Volant

http://www.eqmsv.org/accueil.html

Notre religion vue par…

http://desencyclopedie.wikia.com/wiki/pastafarisme/

 

 *

A propos de tolérance religieuse

Deux « frère de », pas aussi célèbres qu’ils le devraient,  se sont exprimés en pastafariens qui s’ignoraient :

 

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Augustin Bon Robespierre,

dont c’était hier le 250e anniversaire de naissance,

 

Représentant en mission, il écrivait de Commune Affranchie (Franche Comté) au Comité de Sûreté Générale, le 8 ventôse, an II :

« Vous venez de lancer un mandat d’arrêt contre un républicain vraiment digne de ce nom. Franchise, énergie, désintéressement, probité, tel est le caractère du citoyen Viennot, apothicaire à Vesoul. Avec tant de vertus et de principes austères et républicains, il devait faire pâlir les intrigants et être dénoncé par les frippons. C’est ce qui est arrivé. La calomnie s’attache aux hommes les plus purs. Lorsqu’on ne renverse pas un morceau de bois croisé on est dénoncé comme contre-révolutionnaire ; il s’élève un système qui tend à faire perdre la confiance publique à ceux qui poussent tous les citoyens à la hauteur de la Révolution par la morale, qui proposent des actions utiles à la place des cris insensés des clabaudeurs qui paraissent sur la scène depuis peu de temps. J’ai vu des hommes qui n’ont d’autre moyen de soutenir ou d’avoir une réputation de révolutionnaire qu’en ne respectant plus ni lois ni principes. C’est cette classe d’hommes qui persécutent l’innocence et impriment la terreur à tout ce qui respire. »

Plus tard, toujours aux prises avec le même contre-révolutionnaire – le représentant Bernard (de Saintes) – persécutant les populations au nom de l’athéisme, il en est accusé lui-même et doit se défendre. Il le fait en dévoilant la conduite de son adversaire. Son long plaidoyer pourrait servir de vade mecum à tous ceux qui rencontrent, sur leur chemin, des « révolutionnaires » futurs tyrans, s’avançant masqués. On y trouve ce passage :

Au Comité de Sûreté Générale

Nice, 6 germinal an II

« Le règne des fripons me paraît terminé. Le supplice des nouveaux conjurés [les Hébertistes] ramènera la tranquillité et la paix dans les âmes inquiétées par les brigands. Apprenez, citoyens collègues, que les tyrans n’ont recruté leurs armées que par les extravagances commises envers le culte… Il y a tel département, tel district, telle commune que le désespoir vont vendéiser… Je n’ai pas suivi le système de ces hommes immoraux et pervers qui affectent le philosophisme pour ne point laisser voir qu’ils sont sans mœurs et sans vertus, qui abattent une croix pour que l’on ne s’occupe point de leurs dilapidations et de leurs crimes… J’ai fait adorer la Révolution, respecter et aimer la représentation du peuple. »

 

Source :

Correspondance de Maximilien et Augustin Robespierre,

recueillie et publiée par Georges Michon, Paris, Alcan, 1926

 

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Raùl Modesto Castro Ruz

Président de la République de Cuba

(…) les dérives sectaires ont été lourdement condamnées par Raúl Castro. Il a ainsi publiquement dénoncé à la télévision certaines atteintes à la liberté religieuse dues à l’intolérance « encore enracinée dans la mentalité de nombreux dirigeants à tous les niveaux ». Il a évoqué le cas d’une femme, cadre du Parti communiste, au parcours exemplaire, qui a été écartée de ses fonctions, en février 2011, en raison de sa foi chrétienne et dont le salaire a été réduit de 40%, en violation de l’article 43 de la Constitution de 1976 qui interdit tout type de discrimination. Le président de la République a ainsi dénoncé « le mal occasionné à une famille cubaine par des attitudes basées sur une mentalité archaïque, alimentée par la simulation et l’opportunisme ». Rappelant que la personne victime de cette discrimination était née en 1953, date de l’attaque de la caserne Moncada par les partisans de Fidel Castro contre la dictature de Fulgencio Batista, Raúl Castro a tenu les propos suivants :

« Je ne suis pas allé au Moncada pour ça […]. J’ai évoqué cette affaire lors de la réunion du 30 juillet, qui marquait également le 54ème anniversaire de l’assassinat de Frank País et de son fidèle compagnon Raúl Pujol. J’ai connu Frank au Mexique, je l’ai revu dans la Sierra, et je ne me souviens pas avoir connu une âme aussi pure que la sienne, aussi courageuse, aussi révolutionnaire, aussi noble et modeste, et m’adressant à l’un des responsables de cette injustice qui a été commise, je lui ai dit : Frank croyait en Dieu et pratiquait sa religion, que je sache il n’avait jamais cessé de la pratiquer, qu’auriez-vous fait de Frank País ? »


Source :

Raùl Castro, le véritable dissident

Par Salim Lamrani

http://www.mondialisation.ca/raul-castro-le-veritable-dis...

[Salim Lamrani appelle « dissidence » ce qui n’est qu’exercice normal d’une responsabilité publique en démocratie. Le terme qu’il emploie dans son titre est donc, à nos yeux, impropre. ]

  

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Intolérants par-ci, intolérants par-là,

athéistes ou christicoles…


Sur le mariage trans-genres ou même-genre, nous nous sommes déjà exprimés (c’est ici : v/ « Ecce homos » http://lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.skynetblogs....). Pas de raison d’y revenir, on n’est pas un blog d’actualités. Mais nous nous permettons de piquer un de ses articles à Sébastien Fontenelle, parce qu’il y dit ce qu’on tait partout. Et nous en profitons pour lui reposer notre question : pourquoi toujours « mâme Dupont » et jamais « m’sieu Lajoie » ?

 

Sont-ce les mêmes ?

 

24 - C. O. - Sébastien Fontenelle .jpg

Sont-ce bien les mêmes ?

Sont-ce bien les mêmes, éditocrates et journaleux (É&J), confits dans leur dégueulasse «décomplexion», qui depuis tant d’années que nous ne les comptons plus (1) dispensent tous les quatre matins, pour mieux dresser leur following contre les musulman(e)s, d’indignés cours de laïcitisme ?

Sont-ce bien les mêmes, vertueux défenseurs de grands principes républicains, qui depuis le début de janvier (disons comme ça pour aller vite) font quotidiennement (ou presque) l’exégèse détaillée des hallucinés grognements homophobes  de la clique à Frigide B. ?

Non, je demande, parce que, t’as vu: tout d’un coup, leurs commentaires sont nettement (nettement) moins tranchants que dans les moments où ils fondent en meute (comme souvent font les chiens de chasse) sur l’islam.

Quand des mahométan(e)s ont, naguère, (très) timidement protesté contre les lois infectes qui les stigmatisaient ?

La meute, rappelle-toi, s’est lâchée comme jamais, ivre d’une phobie qu’elle n’assumait pas complètement (c’est pas toujours facile, quand on sert pas chez un marchand de flingues UMPiste, d’endosser qu’on hait son prochain) – et qu’elle dissimula donc sous le prétexte d’une ombrageuse mais nécessaire défense de «la laïcité»: ça fit même de chouettes sinécures pour toute une génération d’iconoclastes  glossateurs made in Charlie Hebdo (mais pas que).

Mais quand des cathos saturés de fonds publics dégueulent ces jours-ci par dizaines de milliers, du haut des tours de leurs évêchés, sur une loi qui permet enfin ce qui devrait aller de soi – le mariage pour tou(te)s -, et veulent mordre jusqu’au sang la main de l’État qui leur nourrit (notamment) l’école privée ?

Tout d’un coup les mêmes É&J sont beaucoup plus compréhensifs - et les voilà qui restituent, sans jamais s’irriter, les «arguments» débiles des curetons vindicatifs (et de leurs ouailles enrégimentées).

Et quand un ministre «socialiste» pointe finalement que les salles de classe subventionnées doivent être tenues à l’abri de cette propagande hallucinée ?

La presse dominante, défiltrée, aboie qu’il faut qu’il cesse de rallumer la guerre scolaire: tu fermes ta gueule, Vincent, et tu laisses dire et faire nos amis les monsignori  - ou sinon je te mets dans la face un édito de Bruno Jeudy.

Dans les pesées considérations que leur inspirent ces jours-ci les hurlements du troupeau qu’emmènent des cathos réacs mélangé(e)s de plusieurs volumes de fafs de base, les forgerons de l’opinion se montrent donc, en vérité, infiniment plus transigeants que dans leurs condamnations, toujours très fermes, et sans appel(s), des méchant(e)s-mahométan(e)s-qui-font-rien-qu’à-fouler-notre-élégante-laïcité: de là à conclure (sans trop s’en étonner, car ce n’est pas complètement neuf) que ces gens sont décidément de très toxiques tartufes ?

Il n’y a qu’un pas que, pour ma part, si tu permets (2), je m’empresse de franchir.

_______________  

(1) Depuis que l’un d’eux, par exemple, a montré qu’il pouvait publiquement – et tranquillement – revendiquer, sous le sceau de la liberté d’expression, d’être « un peu islamophobe », mâme Dupont - j’ai encore le droit de le dire, dans ce pays de bien-pensant(e)s, ou si Pierre Tevanian va me mettre dans le goulag ?

(2) De même, d’ailleurs, que si tu ne permets pas, puisque, comme je dis toujours, je suis chez moi, oui ou zut ?

Source :

http://www.bakchich.info/blogs/sebastien-fontenelle/sont-...

 

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Pour ceux qui n’en ont pas encore assez, mais c’est pur vice de notre part:

http://sornettes.free.fr/spip.php?article190 (Blog Sornettes)

http://www.cai.org/fr/etudes-bibliques/monde-que-dieu-crea (Le monde que Dieu créa : quand ? comment ? Pourquoi les évolutionnistes ont tout faux.)

 

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Nous ne sommes pas un blog d’actualités mais quand même :

20 janvier 2013

France : Interpellations au rassemblement parisien pour Georges Abdallah

150 personnes s’étaient réunies hier à Paris à l’appel du Collectif pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah. Rapidement, alors qu’elles se mettaient en route vers le ministère de l’Intérieur, elles ont été encerclées par les forces de l’ordre. 46 personnes ont été interpellées et interrogées tandis qu’une 47ème était placée en garde à vue. Cette dernière a été relâchée après 18 heures en cellule avec une convocation au tribunal pour le 5 avril.

Merci Madam Nuland

Merci Manuel Valls

Ne vous plaignez pas, bonnes gens, vous avez voté. Plaignez-le, lui, d'être le plus ancien prisonnier politique d'Europe.

 

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25 - C. O. - Livres - maison 2545_10.jpg


 

Livres

 

 

 

Puisque nous sommes dans les divinités, restons-y :

 

 

« Divin Steinfest »

 

Die Zeit


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Celui-là n'est pas comme les autres...

Patrick Ledent

 

27 - C. O. - Steinfest Heinrich.jpgCelui-là n’est pas comme les autres, on s’en rend compte après trois pages. On s’en réjouit, mais on reste prudent : ça ne serait pas la première fois qu’un polar donne le change, le temps du démarrage, pour finalement nous laisser en plan quelques chapitres plus tard, avec une intrigue qui part en vrille, des personnages qui se cherchent et un style qui s’essouffle.

Heinrich STEINFEST évitera tout cela, quoique sans gloire : ce n’est pas de sa faute. Il ne voit pas le monde comme nous, ce qui lui simplifie honteusement la tâche. Tant qu’il se promène et raconte gentiment son histoire, sans tricher sur la lumière, sans faire le poirier pour trouver un angle de vue inédit et sans même se donner la peine d’habiller ses personnages, puisqu’ils paraissent naître avec un costume sur mesure, une personnalité qui donne le ton plus que le change et un irrésistible pouvoir de séduction. Tout a l’air terriblement fabriqué, mais l’absence de couture, de raccord ou d’effet nous incite à baisser la garde : nous resterions sans argument.

C’est dire qu’après cent pages, il n’est plus question d’atterrir. On se prend à soupeser ce qu’il reste à lire, comme on lorgne avec angoisse la jauge d’un réservoir, le degré de chargement d’une batterie ou les bûches dans la cheminée. D’autant que la traduction de l’allemand (Autriche) vers le français, par Corinna GEPNER (pour Gallimard, Folio Policier n° 637) est si réussie qu’elle se fait oublier.

L’inspecteur LUKASTIK, le héros de STEINFEST, n’écrase jamais ses cigarettes, puisqu’elles s’éteignent, n’obéit jamais aux ordres de ses supérieurs, puisqu’ils ont tort, prend le monde à rebours, puisqu’il s’obstine à courir sur son erre et ne cherche pas à plaire, puisqu’il se suffit. Le paradoxe n’atteint pas l’homme libre, aussi l’inspecteur est-il un personnage bourru mais empathique, ennuyeux mais captivant, de glace mais fondant, flegmatique mais autrichien.. Que la terre tourne autour de lui ne semble ni l’étonner ni l’enorgueillir, comme s’il avait conscience de n’être qu’un personnage de fiction et de jouir à ce titre de la sagesse, de la placidité et de la confiance qui tant nous font défaut. Et s’il s’entiche du philosophe Wittgenstein, c’est plus pour trouver un écho à ses certitudes qu’une réponse à ses questions.

Quant à l’histoire, ah, l’histoire ! C’est assurément là que le bât va blesser pour le lecteur qui resterait sur la défensive. Un cadavre amputé d’une jambe n’étonnera personne : ça s’est fait. Flottant dans une piscine, la chose s’est déjà vue. Sur le toit d’un immeuble viennois, c’est moins attendu. Que l’amputation soit le fait d’un requin d’eau douce, nous réjouira : enfin du nouveau ! Que le poisson ait déserté la piscine (délit de fuite ?), nous laissera perplexes : comment ? Qu’un quartier de la capitale abrite en ses caves un lac artificiel où barbotent des squales, nous mettra mal à l’aise : est-ce possible ? Que l’une des bestioles ait pris l’ascenseur jusqu’à la piscine, y ait boulotté son repas sans trop d’appétit, avant de redescendre à la cave et de replonger dans le lac, nous énervera : STEINFEST nous prendrait-il pour des cons ?

Sauf que… Sauf qu’en lisant le dénouement, on regrettera presque que ça ne soit pas tout à fait ça. Que tant qu’à faire, STEINFEST aurait dû… Qu’on était bien parti. Qu’on était prêt à avaler ça, avec la piscine, le lac et les requins. Que ça nous aurait changés des couleuvres… Parce qu’on se fout du loufoque, quand STEINFEST est en cuisine. Qu’il peut tout faire passer et nous faire tout digérer, en mitonnant ses enzymes.

La fiction, c’est moins de coller à la réalité que de rendre l’incroyable crédible, voire inévitable. STEINFEST l’a compris, pour le plus grand plaisir des rêveurs que nous voulons rester.

 

 

*

 

Et profitons-en pour vous donner quelques informations complémentaires :

 

Repères biographiques

Né en Australie en 1961, Heinrich Steinfest est d'origine autrichienne. Il grandit à Vienne puis s'installe à Stuttgart, où il vit aujourd'hui en tant que romancier et essayiste. Après avoir publié de petits récits inspirés par la science-fiction, il se lance dans le polar avec un succès grandissant, devenant quatre fois lauréat du Prix du Polar Allemand et d'autres prix (Prix du polar de Stuttgart, Meilleur polar de l'année pour le journal Die Zeit ou encore le prix Heimito-von-Dorerer qui récompense l'œuvre intégrale d'un auteur).
Avec un humour décapant et un grand sens littéraire, il développe des personnages farfelus, tels que l'inspecteur Lukastik - grand admirateur de Wittgenstein, mangeur de soupe et propriétaire d'une Ford Mustang or mat - ou Markus Cheng - qui n'a de Chinois que le nom, et vivote de son métier de détective privé.
Ont été traduits en français : Sale cabot ("Ein sturer Hund") en 2006, Requins d'eau douce ("Nervöse Fische") en 2011, et Le onzième pion ("Die feine Nase der Lilli Steinbeck") en 2012.

 

Autres titres du même auteur parus en français

 

28 - C. O. - sale-cabot.jpg
 



Heinrich Steinfest

Sale cabot

Traduction : Corinna Gepner

Paris, Phébus, 2006

 



Sale cabot

Un écrivain raté constate avec délice qu'il a au moins un lecteur, celui-là même qui emprunte, devant ses yeux, les exemplaires de ses trois romans qu'il a eu tant de mal à imposer à sa bibliothèque publique locale. Intrigué autant que ravi, il se met à pister l'homme, jusqu'à sa rencontre avec une femme étrange, du genre vamp, qui le raccompagne chez lui. Depuis l'immeuble d'en face, l'écrivain assiste alors à une scène effroyable : on tue son unique lecteur ! Lorsqu'il apprend qu'une erreur judiciaire est sur le point d'être commise, le malheureux homme de lettres fait appel au détective privé Markus Cheng. Ce Chinois manchot, plus habile de ses neurones et toujours accompagné par son chien Oreillard, se lance dans les rues de Stuttgart - la " plus grande banlieue d'Allemagne" - à la recherche de la coupable. A moins que de coupable, il n'y en ait pas qu'une et que la solution se trouve loin de cette ville... Avec un art consommé du récit à chausse-trapes, Steinfest nous mène au cœur de notre époque: il y fait nuit noire. Traduction Corinba Gepner.

Ajoutons que le délicieux Oreillard n'est pas un sale cabot du tout ! « Ein sturer Hund » pourrait même se traduire, avec un peu d'empathie, par « un chien philosophe ».

 

 29 - C. O. - Onzième pion.jpg

 


Heinrich Steinfest

Le onzième pion

Traduction : Corinna Gepner

Paris, Carnets Nord, 2012

416 pages

 



Le Onzième pion

Georg Stransky dîne tranquillement avec femme et enfant quand un étrange projectile perturbe ce moment de paix : une pomme, lancée par la fenêtre. Farce d'adolescent ? À première vue, mais au matin, Georg a disparu. Une mise en scène loin de surprendre Lilli Steinbeck, spécialiste des questions d'enlèvements, qui découvre que Stransky est le huitième à se volatiliser après avoir croqué la pomme. Cette inspectrice rousse et séduisante, dotée d'un nez difforme et d'un grand flair, célibataire et couche-tôt, se lance à la recherche de Stransky. Accompagnée d'un détective obèse rencontré à Athènes et d'un tueur à gages finlandais, Lilli Steinbeck va mettre les pieds dans une machination internationale. Un jeu d'échecs mortel où les dix pions sont des hommes. Si Lilli, élément perturbateur - onzième pion -, parvient à ramener le disparu dans son Allemagne natale, la partie sera terminée.

 

 

*

 Mis en ligne par Catherine, le 22 janvier 2013


 

 

 

 

 

 

26/12/2012

Bonne Année 2013 !

Bone année 2013 à nous et à nos débris spatiaux.jpg

 

Bonne Année 2013 !

Meilleurs voeux à nous tous et à nos déchets dans l’espace.

Catherine,

Kahem,

Marie,

Théroigne

et toute l'escadre.

00:29 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

25/12/2012

Depuis le palais Livadia...

1. Ivan Constantinovich Aivazovsky - View of Yalta (detail).jpg

Depuis le palais Livadia...

 

Quand nous avons quitté Israël Shamir, en octobre dernier, il se préparait à laisser le Vietnam et le Cambodge. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous tous les ponts du monde, et M. Shamir a poursuivi sa tournée des grands ducs. Le voici présentement en Crimée, après un détour par le Bosphore dont nous vous dirons quelques mots plus loin.

En Crimée : plus précisément au palais Livadia, ex-résidence estivale des tsars.

 

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Ce que les moins de 40 ans ne savent sans doute pas et que les plus de 40 ans ont probablement oublié, c'est que le palais Livadia est un des plus célèbres du monde, car c'est là qu'en 1945 l'Europe a été partagée en deux « blocs », après moultes discussions et marchandages entre Franklin Delano Roosevelt et Winston Churchill d'une part, représentant le bloc anglo-saxon, et Joseph Staline d'autre part, représentant les vainqueurs d'Hitler et « alliés » de principe, qu'il avait importé si fort d'empêcher d'atteindre l'Atlantique.

 

4. usa_churchill_roosevelt_stalin_yalta_fev_1945.jpg


Bref, le palais Livadia se trouve à Yalta, les pieds dans la Mer Noire, et c'est la raison pour laquelle notre bateau d'aujourd'hui, est un détail du tableau monumental Vue de Yalta, d'Ivan Constantinovitch Aivazovsky.

Ce voyage était l'occasion, pour Israël Shamir et pour le professeur A.D. Hemming, de l'Université de Canterbury (Nouvelle Zélande), de revenir sur cette époque et de nous livrer un portrait revisité de Winston Churchill. Si vous avez été surpris par Pol Pot, vous le serez peut-être davantage encore par l'homme à l'éternel cigare, quoique pas nécessairement dans le même sens.

L'idée de se repencher sur ce moment de l'histoire, après la mise dans le domaine public (enfin ! enfin ! enfin!) des archives britanniques, vient du Pr. Hemming, qui est un passionné de ces choses. Les deux hommes se sont rendus ensemble in situ et ont signé ensemble, dans les colonnes de Counterpunch, le texte qui suit.

Une perspective depuis le palais Livadia

Israel Shamir et A.D. Hemming

J'avais eu du mal à conduire jusqu'au somptueux palais Livadia à la blancheur éclatante. Jadis résidence royale d'été édifiée par le dernier tsar de Russie, qui s'y rendait souvent, il se dresse en haut d'une pente assez raide, au milieu d'un parc spacieux qui descend jusqu'à la Mer Noire, au loin, et la route n'est pas rassurante du tout. Mais le détour en vaut la peine, car la vue est superbe, on embrasse toute la baie de Yalta, les quelques bateaux au port, et la mer reflétant les montagnes revêtues de pourpre automnale. J'avais donc tout le palais pour moi, lorsque je répondis à un appel depuis Washington, reçu en fait grâce au téléphone portable dans la chambre tapissée de chêne qui avait jadis été assignée à Roosevelt.

C'est dans ce palais que s'était tenue la conférence historique de Yalta en février 1945; la table circulaire autour de laquelle avaient pris place Franklin D. Roosevelt, Winston Churchill et Joseph Staline est toujours là; il s'y partagèrent le butin de la guerre et fixèrent l'ordre résultant de la Deuxième Guerre mondiale qui a tenu près d'un demi siècle. Mon guide «Lonely Planet» mentionne Livadia come le lieu où Staline a «fait reculer Churchill». Mais que s'était-il vraiment passé entre Staline et Churchill ? Nous savons que tout de suite après la guerre, dans son discours de Fulton, Churchill mit en route la Guerre froide, mais tout le monde ne sait pas que c'était là son second choix, car son premier choix avait été une guerre bien réelle contre la Russie soviétique, afin «d'imposer à la Russie la volonté des USA et de l'empire britannique» projet explicite.

Il y a des découvertes historiques qu'il faut rappeler constamment, parce quelles n'ont pas encore pénétré notre perception commune du monde. L'une des révélations de ce genre qui ne doit jamais être oubliée est l'histoire bien cachée de l'ultime tricherie prévue en 1945 : après quatre ans d'une guerre terrifiante, alors que les alliés venaient juste de battre Hitler, le premier ministre britannique Winston Churchill préparait une attaque surprise contre l'un d'eux, la Russie, en coalition avec les troupes nazies de la Wehrmacht allemande. L'assaut surprise contre les Russes aurait dû commencer tout près de Dresde le 1er juillet 1945.

Churchill essaya d'utiliser, outre 47 divisions britanniques et américaines, dix divisions allemandes de choc qu'il n'avait pas désarmées afin de pouvoir les renvoyer sur le front est pour attaquer les Russkoff. Churchill avait hâte de déclencher cet assaut sur l'armée de Moscou, sans déclaration de guerre, exactement comme l'avait fait, en toute perfidie, Hitler, en 1941. Sir Alan Brooke, officier à la tête de l'armée britannique dit de Churchill qu'il était «impatient de se jeter dans une nouvelle guerre».

Staline eut connaissance du plan, et cela confirma ses pires craintes quant aux intentions britanniques; cela lui fit renforcer sa main mise sur l'Europe orientale et contribua à le rendre encore plus implacable. Après mûre réflexion, le président Truman refusa de donner à Churchill son soutien : la guerre contre le Japon était loin d'être finie, la bombe atomique n'était pas encore opérationnelle, et il avait besoin de l'aide soviétique. (Peut-être Roosevelt aurait-il refusé plus rapidement, mais il était mort très peu de temps après Yalta). «L'opération impensable» avorta, fut archivée et dormit sur une étagère durant de longues années, jusqu'au jour où elle fut livrée au public en 1998. 

En mai 1945, les Britanniques se gardèrent donc de désactiver quelque 700.000 soldats allemands et officiers. Les Allemands rendirent leurs armes, mais celles-ci furent stockées, et non détruites, sur ordre explicite de Churchill, qui essaya de réarmer les Allemands et de les lâcher sur les Russes. Le gouverneur militaire britannique, Montgomery, tenta d'expliquer, dans ses Notes sur l'occupation de l'Allemagne, que les unités allemandes n'étaient pas dispersées parce que «ne nous ne savions pas où les mettre si on les relâchait dans la nature, et nous ne pouvions pas les surveiller s'ils se dispersaient». Pire encore : les Anglais n'auraient pas pu s'en servir comme de travailleurs esclaves et les affamer, s'ils étaient considérés prisonniers de guerre («ll aurait fallu les nourrir, ce qui voulait dire leur fournir des rations à grande échelle». ) Cette explication ne tient guère, mais dans une note manuscrite qu'il a laissée derrière lui, il donnait la vraie raison, qui était la pire de toutes : Churchill «m'a ordonné de ne pas détruire les armes des deux millions d'Allemands qui s'étaient rendus à Lunebourg Heath le 4 mai. Il faut tout garder, nous pourrions avoir à combattre les Russes avec une assistance allemande». 

L'histoire complète a été publiée par David Reynolds dans son étude sur la Seconde guerre mondiale (il avait remarqué que Churchill omettait ce chapitre dans ses Mémoires). Les documents originaux ont été publiés par les archives nationales britanniques et ont été plus ou moins repris sur le web, et transcrits sur l'excellent blog How it really was.

Mais l'histoire n'a pas encore atteint la conscience collective au même niveau que les accusations contre les Soviétiques, qui constituent une bonne part du décor de notre vision historique. Nous savons tous que Staline avait passé un accord avec Hitler avant la guerre, et qu'il a gardé l'Europe de l'Est sous contrôle après la guerre. Mais on ne nous donne pas le récit des circonstances de la chose. Même ceux qui ont entendu parler de «l'Opération Impensable» s'imaginent en général que c'est là juste un exemple de propagande staliniste.

C'est pourtant ce qui explique pourquoi Staline considérait Churchill, dans les années 1930, comme un ennemi encore plus implacable des Soviétiques que Hitler, et pourquoi il était prêt pour le pacte Molotov-Ribbentrop. Il comprenait Churchill mieux que beaucoup de ses contemporains, et il connaissait sa haine pathologique du communisme.

Déjà lorsqu'avait pris fin la Première Guerre mondiale, en novembre 1918, Churchill avait proposé une nouvelle politique : «Liquider les bolchos et caresser les Huns dans le sens du poil» (ces remarques sont citées par son hagiographe sir Martin Gilbert). En avril 1919, Churchill faisait allusion aux «objectifs infra-humains» des communistes de Moscou, et particulièrement aux «millions d'Asiatiques» de Trotski. La montée du fascisme ne changea rien à sa façon de penser. En 1937, alors que les lois de Nuremberg étaient déjà en place, il proclama à la Chambre des Communes: «je ne prétendrai pas que, si je devais choisir entre communisme et nazisme, je choisirais le communisme». Les communistes étaient des «babouins», mais Adolf Hitler en revanche «s'inscrirait dans l'histoire comme celui qui avait restauré l'honneur et la paix de l'esprit dans la grande nation germanique». En 1943, il suppliait Benito Mussolini d'arracher l'Italie aux communistes, et il a dit que «les grandes routes de Mussolini resteront comme un monument à la gloire de son pouvoir personnel et de son long règne». Cette remarque, il l'a gravée pour l'éternité en la casant dans le cinquième volume intitulé «L'anneau se referme» de son histoire en plusieurs tomes de la Seconde Guerre mondiale.

Churchill considérait le communisme comme un «complot juif», et son amour pour le sionisme était en partie fondé sur sa croyance que les sionistes sauraient extirper les idées communistes de la mentalité juive. En 1920, bien avant Henry Ford, il parlait du juif international : «cet élan parmi les juifs n'est pas nouveau. Depuis l'époque de Spartacus Weishaupt (1798) jusqu'à l'époque de Karl Marx, puis sa descendance chez Trotski (en Russie), Bela Kun (en Hongrie), Rosa Luxembourg (en Allemagne) et Emma Goldman (aux USA), cette conspiration mondiale pour en finir avec la civilisation et reconstruire la société sur la base d'un développement bloqué, qui a sa source dans une malignité envieuse, et un rêve impossible d'égalité, n'a pas cessé de croître. Ils sont devenus pratiquement les maîtres indisputés de cet énorme empire (la Russie)». Hitler ne faisait en somme que plagier Churchill…

Si Churchill avait pu suivre son idée, qui sait comment cela aurait fini, et combien d'autres personnes auraient été tuées ? L'Armée Rouge avait quatre fois plus de soldats et deux fois plus de tanks que les Anglais et les Américains réunis. Une armée entraînée sur les champs de bataille, bien équipée, et qui venait de prendre deux mois de repos. Il est probable que les Russes auraient été capables de refaire la geste de 1815 et de libérer la France, avec le soutien de son mouvement communiste puissant. Ou alors les Soviétiques auraient été repoussés jusque dans leurs frontières, et la Pologne aurait rejoint l'Otan en 1945 au lieu d'attendre 1995. Le président US fit échouer le plan de Churchill; Truman était bien l'assassin de masse d'Hiroshima, mais il n'était pas d'humeur suicidaire.

En 1945, Churchill redoutait que les Russes continuent leur marche vers l'ouest jusqu'en France et jusqu'à la Manche. Voilà l'explication du son «Opération Impensable». Pourtant, Joseph Staline était scrupuleusement droit, dans ses négociations avec l'Occident : non seulement il n'envoya pas ses tanks vers l'Ouest, mais il ne franchit jamais les lignes établies dans le palais Livadia par la conférence de Yalta en février 1945.

Il n'offrit pas de soutien aux communistes grecs qui étaient tout près de la victoire et qui auraient gagné, si les Britanniques n'étaient pas intervenus. Les Grecs supplièrent Staline de leur envoyer de l'aide, mais il leur répondit qu'il avait donné sa parole à Churchill : «les Russes auront 90% de pouvoir en Roumanie, les Britanniques 90% en Grèce, et ce sera 50/50 en Yougoslavie». Il n'aida pas non plus les communistes français, ni les italiens, et retira ses troupes d'Iran. Il était un allié de toute confiance, même avec des gens qui n'étaient absolument pas fiables. Ce n'était pas un adepte de la démocratie parlementaire, mais ses partenaires, les dirigeants anglo-américains, ne l'étaient pas non plus; ils acceptaient la démocratie seulement quand les résultats électoraux leur convenaient; ils empêchaient la victoire électorale des communistes par les armes, ils imposaient la victoire anti-communiste par les mêmes moyens.  

Ainsi donc la félonie de Churchill ne lui fut pas indispensable pour atteindre ses objectifs initiaux. Il est probable que les soldats anglais et américains n'auraient pas compris l'idée de combattre les Russes, pour la victoire desquels ils avaient prié à peine quelques semaines plus tôt, ces mêmes Russes qui les avaient sauvés alors que la contre-offensive allemande, dans les Ardennes, était sur le point de refouler leurs armées jusqu'à Dunkerque. Heureusement, cela ne déboucha pas sur un procès : le peuple anglais vota contre le vieux fauteur de guerres.

L'idée d'utiliser le potentiel militaire allemand et nazi contre les rouges ne disparut pas, cependant. Dans un morceau de bravoure au titre provocant, Comment les nazis ont gagné la guerre, Noam Chomsky a pu écrire ; «...le Département d'Etat et le renseignement britannique (...) prirent avec eux certains parmi les pires criminels nazis et les utilisèrent, tout d'abord en Europe. C'est ainsi que Klaus Barbie, le boucher de Lyon, fut récupéré par le renseignement US et remis au travail».

« Le général Reinhard Gehlen était le chef du renseignement militaire allemand sur le front de l'est. C'est là où se passaient les véritables crimes de guerre. Maintenant nous parlons d'Auschwitz et d'autres camps de la mort. Gehlen et son réseau d'espions et de terroristes furent rapidement récupérés par les services américains, et reprirent les mêmes rôles pour l'essentiel ».

C'était un coup de canif dans les accords de Yalta, parmi bien d'autres qu'allait commettre l'Occident.

« Recruter des criminels de guerre nazis et les sauver était très mal, mais imiter leurs activités était pire». « L'objectif des USA et de l'Angleterre », écrit encore Chomsky, « était de détruire la résistance anti-fasciste et de restaurer l'ordre traditionnel, essentiellement fasciste, celui du pouvoir ».

« En Corée, restaurer l'ordre traditionnel signifia faire périr environ 100.000 personnes à la fin des années 1940, avant que la guerre de Corée pût commencer. En Grèce, cela signifia briser la résistance antinazie et restaurer le pouvoir des collaborateurs du nazisme. Lorsque les troupes anglaises et américaines arrivèrent en Italie du sud, elles réinstallèrent tout bonnement l'ordre fasciste : celui des industriels. Mais le gros problème survint lorsqu'elles atteignirent le nord du pays, que la résistance italienne avait déjà libéré. La vie avait repris, l'industrie s'était remise à tourner. Nous avons dû démanteler tout cela et restaurer l'ancien pouvoir.»

« Ensuite nous (les Américains) avons travaillé à détruire le processus démocratique. La gauche allait visiblement gagner les élections : la résistance lui avait apporté beaucoup de prestige et l'ordre traditionnel conservateur était discrédité. Il n'était pas question que les USA tolèrent cela. Dès sa toute première réunion, en 1947, le National Security Council décida de suspendre toute aide alimentaire à l'Italie et d'utiliser tous les autres moyens de pression possibles pour saboter ces élections ».

« Mais que se serait-il passé si les communistes avaient gagné quand même ? Dans son premier rapport – NSC 1 -, le Conseil dressa ses plans pour y faire face : les USA déclareraient l'état d'urgence dans tout le pays, mettraient la Sixième Flotte en alerte dans la Méditerranée, et soutiendraient des activités paramilitaires chargées de renverser le gouvernement italien. C'est un patron qui a été réactivé dans beaucoup d'autres cas. Si vous observez bien la France, l'Allemagne, le Japon, pour ne citer qu'eux, vous verrez que l'histoire s'y est répétée à peu près de la même façon. »

Selon Chomsky, les USA et la Grande Bretagne ont toujours été en priorité hostiles au communisme. Les nazis ne venaient pour eux qu'au second rang des régimes détestés. Bien que le racisme soit aujourd'hui officiellement tabou, il n'y a aucune raison de penser que l'Allemagne nazie ait été beaucoup plus raciste que l'Angleterre ou les USA. Aux USA, le mariage entre noirs et blancs a été considéré comme illégal ou criminel jusqu'à une date très récente; le lynchage des noirs y était chose courante. Les Britanniques ont pratiqué le nettoyage ethnique dans le monde entier, de l'Irlande à l'Inde. L'URSS était le seul grand État non raciste, gouverné par (outre des Russes) des Géorgiens, des Juifs, des Arméniens et des Polonais. Les mariages mixtes y étaient encouragés, et une sorte de multiculturalisme était la doctrine opérationnelle. Mais ce qui était impardonnable, inadmissible, c'était son communisme. 

Même si Churchill n'a pas envoyé la Wehrmacht attaquer les Russes en 1945, le virage vers la Guerre froide a été loin de se faire sans effusion de sang. En Ukraine, les USA ont soutenu et armé les nationalistes pro-nazis pendant de nombreuses années. Et le bombardement d'Hiroshima au nucléaire peut lui-même être considéré, selon le New Scientist, comme le premier acte de la Guerre froide :

« La décision US de lâcher des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki en 1945 fut conçue comme le coup d'envoi de la Guerre froide plutôt que comme le point d'orgue de la Seconde Guerre mondiale. C'est ce que disent deux historiens spécialistes du nucléaire, qui affirment détenir de nouvelles preuves pour étayer leur théorie. Selon eux, la décision de tuer plus de 200.000 personnes fut prise, il y a 60 ans, pour intimider l'Union soviétique, bien plus que pour venir à bout du Japon. Et le président US qui prit la décision, Harry Truman, fut sans conteste le coupable», ajoutent-ils. (Pour davantage de preuves qu'Hiroshima fut bombardée au nucléaire pour impressionner les Russes, voir ici.) 

Si c'est le cas, la guerre de l'OTAN de 1999 contre la Yougoslavie était l'une des dernières guerres contre ce qui restait du communisme; et ce que nous observons en ce moment en Syrie peut être vu comme un ultime coup de torchon, dans la mesure où le régime syrien est plus ou moins socialiste.

Cependant, je me dois de vous dire que, parmi les historiens russes modernes, cette théorie - selon laquelle les politiques occidentales sont totalement motivées par un violent anti-communisme idéologique - a été mise en doute et même niée, pour les excellentes raisons qu'à 60 miles de Livadia se trouve la forteresse de Sébastopol, où les forces unies britanniques et françaises ont tenté, dans les années 1850, de soumettre les Russes tsaristes, non communistes, et qu'en 2008, la baie de Yalta a reçu la visite de navires de guerre US, durant la confrontation entre la Géorgie pro-occidentale et la fort peu communiste Russie de Poutine.

Devrait-on expliquer cela par la lutte géopolitique pour occuper le centre (Heartland), comme le fait Mackinder, ou par le raisonnement théologique selon lequel la chrétienté orthodoxe est confrontée à une offensive des hérétiques ? ou encore par le concept chomskien du noyau contre la périphérie ? La réponse dépasse l'horizon de cet article.

Les Russes restent les Russes, qu'ils soient communistes, orthodoxes chrétiens ou un simple Etat de la périphérie qui ne se soumet pas au centre. Joseph Staline est l'homme qui en a eu, à une certaine époque, la charge : un homme dur, mais qui avait une dure tâche à accomplir, face à des gens durs. Le blanc palais de Livadia est particulièrement indiqué pour méditer sur ces événements historiques si lourds de conséquences. 

[Documentation et idée du professeur Hemming] Israël Shamir est actuellement en Crimée. On peut le joindre à l'adresse  adam@israelshamiur.net .

Traduction: Maria Poumier

Sources :

http://www.counterpunch.org/2012/11/30/a-view-from-livadi...

http://www.israelshamir.net/French/Livadia.htm



[ Le Pr. A.D. Hemming a commencé sa carrière de militant des causes progressistes au début des années 1960. C'est un chercheur, un poète, un journaliste, un historien, et il a commencé à user ses chaussures dans les manifestations pour les Droits civiques dans le sud des Etats-Unis, lorsqu'il était adolescent. - N.d.LGO]


*

Rien de tout ceci ne devrait nous surprendre, depuis les décennies que l'irremplaçable William Blum s'échine à nous le démontrer. C'est d'ailleurs sur son site Third World Traveler, qu'a paru le texte de Chomsky How the nazis won the war.

D'aucuns continuent à trouver que le socialisme dans un seul pays, défendu par Staline,  n'était pas vraiment une bonne idée, même en préférant l'efficacité aux principes, et à penser qu'il a joué, à Yalta et ensuite, le rôle d'un parfait jobard. Mais avait-il le choix, avec pas loin de trente millions de morts et un pays dévasté sur les bras ?

«Comprendre et ne pas juger» dit le camarade Simenon. C'est «comprendre» qui est diablement difficile.

Quant à Winston Churchill, qu'est-ce, en fait, une fois évacuées les propagandes de guerre ? Un aristocrate. Un aristocrate au sens – ô combien péjoratif – où l'entendaient les jacobins de la Première République : un représentant extrême de l'irréductible lutte des classes. Du genre à revenir de Coblence pour incendier les moissons.

De ses débuts à sa mort, le légendaire Sir Winston n'a jamais été rien d'autre et n'a jamais défendu d'autres intérêts que ceux de sa classe, c'est-à-dire de l'empire (bien plus que la reine elle-même et tous les Hanovre mis ensemble).

Que ce soit comme militaire – en Inde, au Soudan, en Afrique du Sud (2e guerre des Boers) – comme ministre du commerce, comme secrétaire du Home Office, autrement dit ministre de l'Intérieur ou comme chef à vie du Parti Conservateur, Churchill n'a jamais fait la guerre qu'aux pauvres. Aux «infra-humains», comme il l'a dit, aux sous-hommes.

Un épisode encore mal connu parce que mal étudié et surtout occulté de la lutte des classes à l'échelle européenne, prouve qu'en projetant d'attaquer son allié, Sir Winston était tout simplement fidèle à lui-même.

L'affaire de Sidney Street


Pour comprendre cet épisode de l'histoire d'Angleterre, il faut remonter jusqu'à la révolution balte de 1905.

Qui étaient les révolutionnaires ? Des juifs lettons. Pour la plupart anarchistes, même si quelques-uns appartenaient au Parti Démocratique Letton, à tendance marxisante. Ils avaient été victimes de pogroms, s'étaient organisés, puis soulevés. La police tzariste les avait réprimés avec une férocité rare même pour elle : ceux qui n'avaient pas été exécutés avaient eu à subir de si terribles bastonnades, que les rescapés s' étaient juré de ne pas retomber vivants – jamais ! - aux mains du pouvoir quel qu'il fût. Ceci est important pour comprendre ce qui allait se passer en Angleterre.

En 1910, il y avait dans ce pays et principalement dans l'East End de Londres, un certain nombre de ces vaincus en exil. Tous nommément connus des services secrets et répertoriés « anarchistes ».

De ces désespérés qui n'avaient littéralement plus rien à perdre, quelques-uns se mirent à pratiquer le cambriolage à main armée, tant pour subvenir à leurs besoins immédiats que pour aider les activités révolutionnaires de ceux restés au pays.

Le 16 décembre 1910, deux de ces hommes tentèrent de braquer une bijouterie, sise au 119 Houndsditch, dans la City. Mais quelqu'un les entendit, donna l'alerte et neuf policiers se pointèrent. A cette époque, les bobbies n'étaient pas armés, détail qu'ignoraient les Lettons. Aux premières sommations, ils tirèrent, abattant cinq policiers : trois morts et deux blessés. Un des Lettons aussi était mort, victime d'une erreur de tir d'un de ses camarades. Il s'appelait George Gardstein.

Le choc, dans la population, fut énorme, compte même non tenu de l'influence des journaux et autres moyens de semer la panique.

C'est là qu'intervient probablement Winston Churchill, car une décision dut bien être prise quelque part : Une chasse à l'anarchiste fut décrétée, préfigurant toutes les chasses aux « terroristes » d'aujourd'hui. Plus de 700 hommes, armés cette fois jusqu'aux dents (200 policiers et 500 militaires, principalement des Scotch Guards) furent déployés pour traquer deux hommes, réfugiés dans une maison de Sidney Street (n°100). Aucun des deux n'avait rien à voir avec le cambriolage qui avait mal tourné à Houndsditch, mais qu'importe, c'étaient des anarchistes. Ils s'appelaient Fritz Svaars et William Sokoloff.

Le siège de Sidney Street (dit aussi bataille de Stepney) se déroula le 3 janvier 1911, sous les yeux d'une foule considérable, de nombreux journalistes, reporters, caméramen des actualités cinématographiques et... de Winston Churchill. Il ne fut jamais question d'inviter les deux hommes à se rendre. Faute d'arriver à les déloger, même en leur tirant dessus des toits et de tous les bâtiments environnants, les assiégeants finirent par mettre le feu à l'immeuble où ils se trouvaient. Les deux assiégés retournèrent les tirs jusqu'à la dernière minute, de l'intérieur même du brasier. On retrouva leurs corps carbonisés.

Force était restée à l'empire, sinon à la loi, et on ne devait plus entendre parler de lutte des classes à Londres jusqu'en 1912, où eut lieu, dans ce même East End, la grande grève des tailleurs, qui fut le chant du cygne de l'anarchie londonienne d'origine balte.

Qu'était-il arrivé aux autres révolutionnaires en exil ? Avons-nous dit que les services secrets britanniques n'ignoraient rien de leurs identités et de leur localisation ? Mais alors, à quoi avait bien pu rimer le sanglant épisode du massacre à grand spectacle de deux hommes ? On sait que Winston Churchill a été présent sur les lieux presque du début à la fin. Des questions ont été posées, y compris par Lord Balfour, dont aucune n'a jamais reçu de réponse.

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Siège de Sidney Street.

Winston Churchill est le premier des deux hommes en chapeau haut de forme.

 

De l'Inde à la Guerre Froide, en passant par le Soudan, le Transvaal, l'Irlande, Sidney Street, la Palestine, et aujourd'hui l'Afghanistan, l'Irak, la Libye, la Syrie et l'Afrique pas encore sous la protection de la Chine, l'empire britannique et ses représentants de pointe, qu'ils s'appellent Churchill, Blair ou Cameron, n'ont jamais fait la guerre, répétons-le, qu'aux pauvres et à ceux qui, comme la Russie, même tzariste, ne se soumettent pas à leurs insatiables appétits.

Et Hitler ? Oh, Hitler, il n'avait qu'à ne pas se faire battre par Staline, tant pis pour lui !

 

 

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Vers un rapprochement de la Grèce et de la Turquie ? Il serait temps !

 

Nous avons parlé du Bosphore et du détour qu'y a fait, apparemment à loisir, M. Shamir, en route pour la Crimée.

Il serait dommage de se priver des réflexions qu'il a tirées de cette visite. Laquelle avait été précédée d'une exhortation aux Turcs en général et à M. Erdogan en particulier : Cessez le feu ! Ne faites pas la guerre à la Syrie ! Rapprochez-vous plutôt des Grecs ! Et autres conseils de bon sens, que les Turcs ne demandent qu'à suivre mais que M. Erdogan n'écoutera pas, parce que celui que Zeus veut perdre...

Quoi qu'il en soit, voici ces deux textes passionnants qui traitent à la fois de l'actualité et de la Turquie :

 

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Cessez le feu les Turcs !

par Israël Adam Shamir

Dans la corrida qui se déroule au Moyen Orient, le moment de vérité se rapproche à grands pas. La Syrie d'Assad est le taureau blessé qui fonce lourdement dans l'arène, fatigué par une longue année de harcèlement. Les banderilles des moudjahidines sont fichées dans son échine déchirée. Le public, Européens, Américains, dirigeants du Golfe, s'égosillent : à mort, à mort, Assad ! Et le matador turc de faire un pas en avant, et de tirer son épée. Ses canons envoient des rafales mortelles sur les pentes syriennes, une tempête de feu et de plomb s'abat sur les collines. Erdogan se prépare à donner le coup de grâce à son voisin harassé.

 « Arrête, Erdogan, ne fais pas ça, laisse tomber ! » lui crient des milliers de Turcs qui manifestent contre cette guerre sanglante. La Syrie a été un bon voisin pour la Turquie: Assad n'a pas permis aux séparatistes kurdes d'ouvrir leur second front contre les Turcs, il leur a remis Ocalan, il n'a pas fait de la perte d'Antioche une cause nationale, il a maintenu l'armée israélienne au large, il a encaissé le choc de la guerre au Liban en soutenant les vaillants guerriers du Hezbollah. La Syrie, après Assad, sera bien pire pour la Turquie.

Si les janissaires d'Erdogan organisent une attaque par traîtrise contre la Syrie, et provoquent son effondrement, il s'ensuivra une tornade terrifiante qui s'abattra sur la Turquie aussi. L'inévitable massacre de Syriens chrétiens par les moudjahidines, avec le soutien de la Turquie, rappellera au monde les nombreux villages et bourgs chrétiens que les Turcs victorieux ont jadis écrasés et dépeuplés, et qui sont maintenant bien oubliés. Les fantômes des Arméniens et des Grecs massacrés se dresseront au dessus des ruelles de Smyrne et des rives de Van. Depuis la Syrie brisée, un Kurdistan définitif verra le jour, qui réduira la Turquie aux proportions que lui avait dévolues le Traité de Versailles.

Ce sont les Saoudiens qui seront les grands gagnants de la guerre, et non pas les Turcs. Le rêve du califat aura pour centre le Golfe, et non pas le Bosphore. De leurs propres mains, les Turcs sont en train de creuser leur défaite.

Les bonnes relations avec la Russie en souffriront gravement. La Russie a invité la Turquie à restreindre ses actions, et lui a rappelé la terrible responsabilité que doit endosser l'agresseur. La Russie veut que la Syrie trouve sa propre issue à la crise. La Russie est le plus grand partenaire commercial de la Turquie; des milliers d'ingénieurs turcs et de techniciens travaillent en Russie, des milliers de Russes passent leurs vacances en Turquie.

Et surtout, les relations entre la Russie et la Turquie sont importantes au-delà des considérations mercantiles. Ce sont deux grands pays, les deux héritiers de l'empire romain d'Orient, ou empire byzantin. Les Ottomans en ont hérité l'essentiel de leur territoire, plus tard morcelé en 1918; la Russie pour sa part héritait de son esprit et de sa foi, ses ramifications les plus importantes. Si l'on cherche à établir des symétries, il faut regarder du côté de l'empire romain d'Occident: son corps central, l'Europe de l'Ouest, a été fragmenté et se trouve en processus de réunification, et sa ramification la plus importante, ce sont les USA qui  ont hérité de son esprit impérial.

Les Russes et les Turcs sont très semblables; les Turcs sont « des Russes en shalvars », comme ils disent. Les deux nations ont traversé la modernisation et l'occidentalisation sans perdre leur identité propre. Les deux nations sont passées par un violent déni de leur foi entre les années 1920 et 1990, et ont redécouvert leurs pentes religieuses naturelles ensuite.

Les Russes voient les Turcs comme des humains égaux, et ils  sont en empathie avec eux. Le brillant historien russe Lev Goumilev a exalté la camaraderie des frères d'armes russes et turcs qui avaient su briser la vague des croisades occidentales des XIII° et XIV° siècles. A l'époque moderne, Lénine a donné un coup de main à Mustapha Kemal et  a renoncé à toutes les prétentions russes sur la Turquie vaincue, parce qu'il espérait que la Turquie reprendrait son rôle historique de protecteur de l'Orient. Les Russes et les Turcs doivent rester amis. Si les Russes disent à Erdogan « n'y va pas », il devrait  les écouter. Seulement c'est lui qui a abattu leur avion.

Les Russes ne sont pas obsédés par Bachar al-Assad, et il n'est pas non plus leur meilleur ami. Il est arrivé au pouvoir en 2000, mais sa première visite à Moscou n'a pas eu lieu avant 2005, car il frayait jusque là avec Paris et Londres. Le commerce de la Russie avec la Syrie n'est pas énorme, d'ailleurs. Le premier ministre israélien Netanyahu a promis au président Poutine de protéger les intérêts russes en Syrie  si les rebelles gagnent. Les Russes ne sont pas égoïstes; ils insistent sur une transformation pacifique, selon la volonté des Syriens, et s'opposent au viol de la Syrie qu'envisagent les Saoudiens et l'Occident.

Les relations de la Turquie avec l'Iran vont en souffrir. Pour l'Iran, la Syrie est un partenaire important, une fenêtre sur la Méditerranée. La victoire des forces pro-américaines en Syrie refermera cette fenêtre. Les Iraniens en voudront terriblement à la Turquie, ce n'est pas une bonne idée de saccager ces relations.

Le peuple turc ne veut pas de la guerre contre la Syrie; les généraux turcs eux-mêmes ne sont pas chauds pour qu'on lâche la meute. Seuls les pro-Otan occidentalisés, à l'intérieur de la classe dirigeante turque, veulent renverser le gouvernement légitime de Damas. Il y a d'autres Turcs qui se souviennent que la soumission envers les Occidentaux  n'a  jamais été le bon choix  pour la Turquie, ni pour la Russie.

Je comprends pourquoi les dirigeants turcs ont décidé de soutenir les rebelles il y a un an : ils se sont laissé égarer par la ritournelle commune du Golfe et de l'Ouest,  selon laquelle le gouvernement syrien allait s'effondrer très vite, et ils voulaient se retrouver du côté des gagnants. Mais après la bruyante campagne médiatique, la réalité s'est imposée, et elle a démenti les prophéties : malgré les milliards de dollars dépensés par le Qatar, les Saoudiens et les Occidentaux, malgré les tas d'armes amenés par la frontière turque, le régime d'Assad est resté solide, et jouit encore du soutien populaire.

C'est le moment de se ressaisir. Dans tous les jeux, il arrive un moment où il faut revoir ses positions, quand le joueur décide ne pas mettre sur la table sa bonne monnaie après avoir déjà perdu la mauvaise. Et le repositionnement a commencé, avec le mouvement des Turcs qui demandent des comptes, le bilan des pertes, que l'on arrête de soutenir les rebelles et qu'on essaye de restaurer la normalité avec un excellent mot d'ordre: «pas d'embrouilles avec les voisins». Le  New York Times a déjà rapporté il y a quelques jours une flambée annonciatrice du virage à 180° dans l'état d'esprit des Turcs : les gens sont déçus, à cause du flot de réfugiés, de l'avalanche de moudjahidines syriens sans foi ni loi, de la pagaille et du regain de la résistance kurde.

Les Turcs sont réputés pour leurs pirouettes intrépides. En 1940, ils étaient aux côtés de l'Allemagne, parce qu'ils étaient sûrs de la victoire du Reich, mais en 1944, ils ont compris que l'URSS était en train de gagner, et ils ont viré de bord. C'est le moment d'en faire autant, de revenir à la neutralité stricte, de cesser de soutenir les rebelles et de refermer la frontière: voilà ce que le peuple a expliqué au reporter du New York Times.

Mais les gens qui ont planifié la débâcle syrienne de l'autre côté de la mer,ont tiré des conclusions opposées de ce changement d'état d'esprit : ils ont décidé d'accélérer leurs opérations et ont provoqué les échanges de tirs d'artillerie. Nous ne savons pas qui a armé les mortiers dans les villages à la frontière turque; si c'est l'armée syrienne dans le feu de la bataille, ou les rebelles pour déclencher la guerre. Le quotidien turc Yurt a fait savoir que les tirs venaient d'engins de l'OTAN récemment fournis aux rebelles par les Turcs : « le gouvernement d'Erdogan a fourni les mortiers aux groupes armés (de l'Armée syrienne 'libre') en Syrie, qui ont bombardé la ville d'Akcakale », titrait-il. Les munitions étaient, selon la même source, des munitions de l'Otan, des 120 AE HE-TNT.

Même le New York Times a admis qu'on ignore qui est responsable de l'atterrissage des mortiers en Turquie. La chaîne allemande ZDF a annoncé que les tirs de mortier venaient de territoires contrôlés par des combattants de l'Armée syrienne « libre ». Un clip vidéo dérobé ajoute qu'ils ont reconnu leur responsabilité pour l'attaque d'Akcakale et le meurtre de cinq citoyens turcs.

Mais il se peut que les tirs soient partis des troupes gouvernementales, lorsqu'ils ont tiré sur les rebelles, et que les villageois turcs en aient été les victimes innocentes. Dans la mesure où les Turcs permettent aux rebelles d'opérer librement sur leur territoire, c'est tout à fait possible.

Mais ce n'est pas une raison pour déclencher la guerre. Souvenons-nous, en 2010, lorsque les Israéliens ont abattu, comme d'authentiques mafieux, neuf volontaires turcs désarmés à bord du Mavi Marmara. C'était un assassinat brutal en plein jour, et tout à a été filmé, aucun doute ne subsiste. Erdogan avait menacé d'envoyer la marine turque sur les rivages palestiniens et de délivrer Gaza par la force. Mais est-ce qu'il l'a fait? Que nenni. Le voici maintenant qui fait le brave face à la Syrie épuisée et dévastée; mais pourquoi n'a-t-il donc pas eu le courage de s'en prendre à Israël, comme les Syriens l'ont fait ?

Et maintenant les Israéliens espèrent qu'Erdogan va aider les rebelles à détruire la Syrie; ils ont demandé aux Turcs de coordonner des actions conjointes avec eux. De sorte qu'au lieu de punir Israël, Erdogan est en train de combler les désirs des Israéliens.

Je me rappelle un certain mois de février couvert de neige, à Istanbul, en 2003, lorsque j'étais venu pour argumenter contre le passage de l'armée US pour aller dévaster l'Irak. Je leur disais : « le vieux projet sioniste tenace est en train de se réaliser. D'abord l'Irak doit être réduit en cendres. Ensuite ce sera l'Iran, l'Arabie saoudite, la Syrie, puis tout ce qui constituait jadis l'empire ottoman jusqu'à ce que tous, avec les voisins, du Pakistan jusqu'à l'Afrique, soient  devenus zone d'influence pour les intérêts spéciaux d'Israël, zone dont la police sera confiée aux Turcs ». 

Ce plan, le général Sharon l'avait ébauché bien des années auparavant, puis il avait été reformulé par les néo-conservateurs sionistes Richard Perle et Douglas Feith en 1996, et il est maintenant mis à jour par le clan de Wolfowitz, les gens qui continuent à faire la politique étrangère des USA. Si tout cela est parachevé ce sera avec la connivence de la Turquie, de son gouvernement soi-disant islamique.

J'en suis désolé pour vous, mes amis. Vous étiez les bergers du Moyen Orient, et maintenant vous êtes passés dans le camp des loups. Vous étiez des meneurs d'hommes, et vous voici devenus les larbins de vos maîtres. Vous étiez les protecteurs de l'islam, et vous êtes sur le point de permettre la profanation de la Mosquée d'Al-Aqsa.

Ce que j'annonçais alors est devenu vérité; rien de bon n'est sorti de la guerre d'Irak. Et maintenant, je peux le redire : rien de bon de sortira de la guerre de Syrie.

Les histoires de massacres multipliés bien souvent ne sont que des histoires. Wikileaks a publié un rapport de Stratfor qui disait: « la plupart des affirmations les plus sérieuses de l'opposition syrienne se sont avérées de grossières exagérations, ou simplement des mensonge ». Et ce qui se passe sur le terrain n'est certainement pas pire que tout ce qui a pu être fait aux Kurdes en Turquie. Et les Turcs n'ont probablement pas envie du tout d'une intervention dite humanitaire dans leur pays.

Mon conseil : n'essayez pas d'abattre la Syrie, retournez à votre politique de neutralité stricte, cessez le feu et le soutien logistique aux rebelles. Laissez les Syriens régler leurs problèmes entre eux, sans intervention étrangère.

Traduction: Maria Poumier


Source : http://www.israelshamir.net/French/TurkSyrFR.htm

 

 

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Vue sur le Bosphore

par Israël Adam Shamir

 

Shamir au Bosphore.jpg

Les cargos lourds, les bateaux de croisière, les transports de voyageurs et les ferries débordants de touristes longent la tour Maiden qui surgit de la roche noire baignée d'eaux translucides; ils se fraient énergiquement un chemin entre les mosquées dressées comme des montagnes sur la terre ferme, pour s'engager dans le Bosphore, cet énorme fleuve creusé par Dieu entre la Méditerranée et la Mer Noire. La Ville par excellence, l'une des plus grandes capitales de l'humanité de tous les temps, chevauche l'Europe et l'Asie depuis l'époque de l'empereur romain Constantin, qui y établit sa nouvelle Rome. C'était la plus grande ville au monde il y a mille ans, et elle reste imposante. Quinze millions de personnes y vivent, vingt millions y passent tous les ans. Son envergure explique l'étrange vision de l'historien russe hérétique Anatoli Fomenko, qui assurait que Jérusalem, Rome, Babylone, Moscou et Londres ne sont que des répliques déplacées de cette cité, l'empire originel.

Et malgré ses dimensions et son histoire, la ville est alerte, vibrante à son rythme propre, paisible, voire faussement modeste. Elle ne se sent pas surpeuplée, en dehors des points névralgiques. Les rues sont propres, les espaces verts sont soignés, les vilains marchés aux puces qui étaient apparus il y a quelques années sont partis ailleurs, les vieux bâtiments ont été ravalés, les palaces croulants ont été restaurés à grands frais. Le Bosphore aussi a été nettoyé, et les égouts ne s'y jettent plus, pour la première fois dans l'histoire. Des rocades modernes encerclent le centre et traversent les banlieues, mais sans faire intrusion dans les enceintes historiques.

Ancien siège du Califat, et maintenant celui d'un gouvernement islamique, la ville a trouvé son équilibre, entre foi et modernité. Les collèges soufis sont pleins, et des érudits y débattent de théologie, se plaisant à comparer Thomas d'Aquin et Grégoire Palamas avec Ibn Arabi et Ibn Tufayl. Les appels harmonieux des muezzins à la prière ne dérangent pas les clients des cafés qui sirotent leurs verres. Les filles sont libres d'arborer voiles ou minijupes, et pratiquent effectivement les deux options.

Plus important, le gouvernement ne souscrit pas à l'économie de marché débridée et a su éviter les excès néo-libéraux de ses voisins. Il y a beaucoup de cafés qui sont propriété de la municipalité, en particulier dans les jardins, et les prix y sont abordables, même dans les vieux palaces impériaux, où l'entrée est gratuite. On n'y sert pas d'alcool, et cela attire les familles avec enfants. En ville, les loyers sont contrôlés, si bien que les librairies y sont florissantes. L'emprise de la globalisation est aussi visible en Turquie qu'ailleurs, mais ici les gens pauvres reçoivent des aides tangibles en nature, tandis que les classes salariées accèdent à des crédits généreux. Les prix sont contrôlés, ce qui évite les hausses brutales, et la consommation voyante est découragée. Les riches sont riches, et les pauvres sont pauvres, mais les riches ne font pas d'ostentation, et les pauvres ne sont pas désespérés.

Les gens sont modestes, serviables et aimables, bien loin de la vision de la Turquie qu'offrait Midnight Express. Ils sont plutôt honnêtes et droits, et ne se mettent pas en avant. Pas très artistique, leur cuisine est comparable à celle des Britanniques. Si ce n'est pas là un grand compliment, c'est normal : les Turcs ont été des bâtisseurs d'empire, et les nations de ce genre ne sont en général pas des temples de la gourmandise. Les Français mangeaient trop bien, et leurs femmes étaient trop attirantes pour que leur empire puisse tenir longtemps.

Istanbul n'est pas la seule oasis de prospérité du pays, comme c'est souvent le cas pour les villes importantes hors d'Europe. J'ai traversé la Turquie de long en large, et partout j'ai constaté la modernisation effective durant ces dix dernières années. Les routes sont entretenues, les logements sont en bon état, les marchés sont pleins, les gens s'habillent bien, les villes ne sont ni crasseuses ni m'as-tu-vu, mais à jour. C'est une grande réussite du gouvernement islamiste modéré conduit par le premier ministre Erdogan.

La Turquie n'est plus à la traîne comme dans les années 1960-70. J'ai rencontré plusieurs immigrés turcs en Allemagne, qui m'ont dit que leurs parents avaient agi trop vite en prenant la décision de quitter leur pays pour l'Europe quarante ans plus tôt. Ils voudraient retourner en Turquie, où il ne leur serait pas facile de trouver du travail et de s'adapter au nouvel environnement, parce qu'ils ont été maltraités en Europe occidentale. Quoiqu'il en soit, il n'y a pas d'émigration massive à partir de la Turquie, le cauchemar de millions de Turcs s'installant en Europe s'est dissipé. Ils préféreraient rester chez eux, parce que les Turcs sont très fiers de leur pays.

Erdogan est populaire, vraiment charismatique, me disent les gens. Il a battu ses adversaires, et sa position aux commandes n'est pas disputée, pour de bonnes raisons : la Turquie s'en sort bien, merci pour elle. Le pays prospère, les revenus ont doublé, et le PNB a triplé (ils envisagent 10 milliards d'euros pour bientôt, c'est tout à fait remarquable). Le gouvernement Erdogan peut vraiment se féliciter de ses réalisations en Turquie. 

 

II.

Les Turcs ont surmonté le grand traumatisme du transfert, comme ils appellent les déportations de masse et les expulsions des années 1920. Les Grecs n'avaient pas été expulsés de la Ville, mais presque toutes les autres communautés chrétiennes de Turquie avaient été envoyées en Grèce, tandis que les musulmans de Grèce étaient déportés en Turquie ; ce fut un divorce violent et douloureux, entre deux communautés étroitement liées. Comme dans bien des divorces, les partenaires séparés, une femme intelligente et un mari solide, ont passé des années à s'adapter à leur nouvelle situation.

Ce sont les Grecs qui ont souffert le plus. Ils étaient répandus dans tout l'Empire et occupaient des positions centrales. Certains historiens turcs préfèrent appeler la période ottomane "empire gréco-turc". Les Grecs furent les grands vizirs de l'Empire, et ils ont fait la loi en Méditerranée depuis Alexandrie jusqu'à Damas en passant par Istanbul. Ils faisaient du commerce et de la poésie aux temps de la deuxième Rome exactement comme ils le faisaient sous la première. Brusquement, ils se sont retrouvés confinés dans une Grèce étriquée et provinciale où ils avaient du mal à trouver leur place. Kavafy, le poète alexandrin, avait le sentiment très fort que la petite Athènes ne se remettrait pas de la perte des grandes cités côtières. La crise grecque ne saurait se comprendre sans tenir compte de cette tranche d'histoire.

Les Turcs ont souffert tout autant. Traditionnellement, ils servaient dans l'armée et travaillaient la terre; sans les Grecs, le commerce et les productions locales déclinèrent, la militarisation s'emballa, le rationnement devint courant, la vie devint sordide et brutale, comme si leur culture avait pris la mer avec les Grecs. C'est seulement maintenant, bien des années plus tard, que les Turcs se sont remis, et les voilà bien en pleine forme.

Le gouvernement Erdogan est bon pour les communautés chrétiennes. Les gouvernements kémalistes précédents étaient furieusement anti-chrétiens, encore plus qu'ils n'étaient nationalistes et anti-islamiques. Ils avaient même déporté les Turcs Caramanlis, parce qu'ils étaient chrétiens. Ils avaient interdit la remise en état des églises restantes, et on ne pouvait plus faire venir de prêtres de l'étranger. Maintenant, les propriétés de l'Église sont restaurées, les prêtres sont autorisés à s'installer et à acquérir la nationalité turque.

Le gouvernement islamiste a permis aux Grecs et aux Arméniens qui avaient quitté le pays après les troubles et pogroms des années 1950 de revenir, de revendiquer leurs propriétés et de s'installer de nouveau en Turquie. Autrefois impensable, l'idée d'union avec la Grèce commence à être envisagée de nouveau.

Les Turcs ne sont pas les seuls à courtiser la belle Hellène; les Russes aussi voudraient s'en emparer, à titre de sœur dans le Christ, raptée par l'Occident, pour une étreinte dans l'union eurasienne. C'est ce qu'a déclaré Sergueï Glaziev, coordinateur du projet (qui inclut désormais le Bélarus, la Russie et le Khazakhstan) dans le cadre du Forum de Rhodes qui s'est tenu récemment, un rassemblement de la crème des Russes, des Asiatiques et des dissidents occidentaux [ dont Noam Chomsky, N.d.LGO ]. Les différentes offres ne sont pas exclusives : on peut imaginer un ménage à trois, un nouvel empire byzantin ressuscité. Le Khazakstan modérément musulman et turc est un vieil ami de la Turquie, c'est une alliance plausible. Si Frau Merkel donne un tour de vis de trop, la chose pourrait bien se faire.

En Grèce, la réévaluation de l'Empire avance aussi. Il y a des voix qui appellent à un retour sur le passé, à la reconnaissance des avantages pour les deux côtés, et à des avancées prudentes. Dimitri Kitsikis en fait partie, et j'en ai appris plus sur cette mouvance en me rendant à Athènes. L'interaction ne se limite pas au niveau pratique d'ailleurs. Dimanche dernier, je me suis rendu dans une église grecque modeste d'une banlieue d'Istanbul, et là j'ai rencontré un jeune prêtre grec, qui venait d'arriver de Grèce et qui maîtrisait déjà le turc, et, à ma grande surprise, j'y ai aussi rencontré quelques Turcs ethniques qui ont embrassé le christianisme orthodoxe et qui assistaient à ses messes. Les paroissiens leur souriaient gentiment en les entendant réciter le Notre Père en turc.

 

III.

Et toutes ces magnifiques réalisations, eux ils veulent les mettre en pièces, les dilapider, les évacuer. « Eux », c'est-à-dire le gouvernement turc, en train de comploter contre la Syrie. Ce serait catastrophique s'ils envoyaient leurs légions à Damas. Ce serait une erreur, mais elle serait encore compréhensible, parce que Damas et Alep font partie du passé turc, au même titre que Kiev et Riga pour les Russes, ou Vienne et le Tyrol pour les Allemands. Mais ce qu'ils font en ce moment est bien pire.

Les Turcs sont sur le point de rejouer le scénario afghan tel que l'a joué le Pakistan : ils amènent depuis tout le monde musulman les militants les plus fanatiques, leur fournissent des armes et les infiltrent par la frontière syrienne en les couvrant avec leur artillerie.

Il y a des rapports selon lesquels les jihadistes d'Al-Quaeda et les Talibans ont été transbordés du nord Waziristân au Pakistan jusqu'à la frontière turque avec la Syrie, par exemple sur un certain vol 709 de l'airbus turc le 10 septembre, sous les auspices de l'agence de renseignement turque, par le couloir aérien Karachi-Istanbul. Les 93 militants étaient originaires d'Arabie saoudite, du Koweït, du Yémen, du Pakistan, de l'Afghanistan, et comportaient un groupe d'Arabes résidant au Waziristân. Cette information n'a pas pu être vérifiée en toute indépendance, mais il y a beaucoup de données sur des jihadistes étrangers s'étant introduits en Syrie par la Turquie.

C'est exactement ce qu'a fait le Pakistan sous direction US dans les années 1980. A ce moment-là, l'Afghanistan avait un gouvernement laïque, les femmes travaillaient dans l'enseignement, les universités étaient pleines, on construisait des usines, et on n'entendait pas parler d'opium; le Pakistan s'en sortait bien aussi. Quelques années plus tard, l'Afghanistan a implosé dans une guerre civile (sous prétexte de « combat contre les infidèles communistes »), et le Pakistan a pris le même chemin. Après avoir dévasté l'Afghanistan, les combattants ont commencé à terroriser leur hôte pakistanais. Maintenant le Pakistan est l'un des pays les plus misérables du monde. Il a été dévoré par la calamité qu'il a lui-même nourri et exporté, par le jihadisme sans cervelle.

La maladie idéologique s'apparente à la guerre biologique. Vous espérez que vos voisins seront infectés par la peste que vous avez lâchée, mais vous pouvez être sûrs que votre population aussi l'attrapera. C'est pour cette raison que personne n'a entrepris de guerre biologique à grande échelle. Ce serait suicidaire. Et c'est l'équivalent de ce que le gouvernement turc est en train de faire maintenant. Il amène des jihadistes en Syrie, mais c'est juste une question de temps, les jihadistes vont se retourner contre la Turquie.

Je respecte les sentiments islamiques des turcs. Je les vois dans les mosquées, je connais leurs ordres soufis, et leur puissant attrait. Tant de Turcs se rassemblent à Konya, où ils vénèrent la mémoire de Roumi, le grand poète soufi, vénéré depuis Téhéran jusqu'à la Californie. Le gouvernement islamique a été une vraie réussite en Turquie. Pourquoi donc veulent-ils absolument suivre le chemin de perdition du Pakistan ?

Un essai de Ahmet Davutoglu, actuel ministre des Affaires étrangères et promoteur en chef de l'intervention turque en Syrie, répond à cette question. Il l'a rédigé alors qu'il était étudiant à l'université, il y a vingt ans environ, et une vieille connaissance qui faisait ses études avec lui s'en souvient bien. Ce qu'il avait écrit dans sa jeunesse, c'est que nous pouvons et devons nous entendre avec le diable, si nous estimons que c'est nécessaire.

A son avis, l'islam sunnite, tel qu'il se pratiquait dans l'empire sous le sultan Salim le Terrible et ses successeurs (l'islam qui postule une cassure irrémédiable entre le créateur et sa création), est non seulement la seule foi véridique, mais aussi une protection d'acier, une garantie de résultat. Un État guidé par cet islam-là ne peut pas mal agir. Car même les mauvais agissements d'un tel État seront retournés par le Tout- Puissant en effets positifs. C'est pour cette raison, écrivait-il, que l'empire turc avait pu survivre et faire la loi pendant 600 ans.

Voilà pourquoi, écrivait le jeune Davutoglu, la Turquie islamiste peut construire des alliances avec des partenaires puissants, et que ces puissances soient bonnes ou mauvaises n'importe nullement. Ce qui signifie que nous pouvons aller jusqu'à signer un pacte faustien avec le diable en personne, parce que nous  triompherons toujours grâce à nos croyances et avec l'aide du Tout-Puissant. L'Amérique est, certes, un Satan, pour Davutoglu, comme pour bien des musulmans, mais se sentant armé par sa philosophie douteuse, le voilà prêt à rejoindre Satan pour la gloire de la Turquie à venir. 

Se pourrait-il que cette lecture fort peu orthodoxe de l'islam ait été influencée par ses contacts avec les Yezidis, dont l'attitude face au Diable est pour le moins ambigüe, ou, plus probablement, avec les Dönmeh, les disciples de Sabbatai Zevi qui croyaient que tout est permis, et que le péché est le chemin le plus court vers le salut ? Ceux qui ont des croyances plus orthodoxes savent que toute personne qui pactise avec Satan en paiera le prix, parce que nul ne saurait souper avec le Diable : notre cuiller ne sera jamais assez longue.

Puis est venu le moment où la théologie douteuse d'Ahmet Davutoglu s'est faite politique douteuse. Les USA lui ont demandé d'amener des militants en Syrie, et il a obtempéré.

Mes amis turcs ont souligné qu'Erdogan personnellement ne souscrit pas à ces schémas théologiques, mais se laisse guider par des considérations pratiques. La question d'une alliance avec les USA et l'Otan a créé une cassure entre Erdogan et son maître de jadis Necmetin Erbakan. Erbakan était contre, mais Erdogan considérait qu'il n'y avait pas lieu de revenir en arrière. Erdogan a gagné la partie; une majorité de disciples d'Erbakan se sont ralliés à Erdogan, ils ont constitué le parti réformiste AK, sont arrivés au pouvoir il y a dix ans, et ont globalement réussi. La minorité a constitué la ligne dure (ou même islamiste révolutionnaire) du parti Saadet, qui n'a pas gagné dans les urnes, mais garde une influence certaine.

De façon inattendue, pour qui observe de l'extérieur, c'est la ligne dure du parti Saadet qui s'oppose fermement à l'aventure syrienne d'Erdogan et de Davutoglu. En dépit du fait que l'intervention en Syrie soit souvent décrite comme un « secours islamique aux musulmans massacrés », les dirigeants de Saadet la perçoivent comme un complot américain contre la Syrie ET la Turquie. Le parti Saadet a organisé de grosses manifestations contre l'intervention.

Peut-être que c'est le moment pour le premier ministre Erdogan d'écouter ses vieux camarades, de désavouer le flirt avec le diable contre la Syrie, et d'arrêter la machine de guerre avant qu'elle mette en pièces toutes les réussites dont il est en droit de s'enorgueillir. Le rêve d'amener la Syrie à une union plus étroite avec la Turquie peut encore se réaliser, mais cela ne se fera pas en lâchant les chiens de guerre.

Traduction: Maria Poumier

Source :  http://www.israelshamir.net/French/Bosphore.htm

 



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Dernière minute :


Sur le point de fermer, nous trouvons ce dernier billet en provenance de Crimée.

Il y est question, bien sûr, de la Crimée et de ses habitants, mais aussi – beaucoup – des Palestiniens et des Tatars, de la Nakba des uns et de l'Awda des autres, de l'Armée Rouge, de Boukhara et de Samarkand, des nazis, du Comité Juif Antifasciste (JAC) et du lobby qui rata son coup, de Staline et de Molotov, de Beria et d'Averell Harriman, du complot des blouses blanches et même d'un plan Marshall qui faillit échoir à l'URSS. Sans compter quelques merveilleux paysages et autres Palais-Jardin des Khans pour mettre l'eau à la bouche, car la Crimée, ne l'oublions pas, c'est la Riviera russe.

Nous sommes prêts à parier notre dernière chemise que, quand vous aurez lu, vous admettrez que vous ne saviez rien de ce qu'y révèle l'inépuisable Shamir. Nous non plus... Eh, mais que voilà une excellente occasion de ne pas commencer l'année idiots !

 

Un automne en Crimée

par Israël Adam Shamir


J'adore cette contrée à la morte saison. Les touristes fatigants sont partis. Le nord est déjà sous la neige, mais ici en Crimée, l'automne se prolonge dans toute sa mûre beauté. Les forêts débordent de couleurs, du verdoiement au jaune évanescent, du violet au violent. Et les vignes déploient plus de rouges et de pourpres que microsoft n'en imaginera jamais. Des ruisseaux joueurs dévalent les pentes raides, depuis les plateaux âpres et nus, jusqu'à la mer profonde et placide, bondissant en cascades coquettes. Les routes qui sillonnent ces coteaux avec des virages impossibles sont vides, et les palaces que je visite partagent avec moi seul l'histoire unique de cette terre.

 

 

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Mis en ligne par Théroigne le 25.12.2012


23:01 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

01/11/2012

Il était une fois un paradis...

 

 

1 - MAGRITTE - Les merveilles de la nature - 1953. jpg.jpg

 

« Il était une fois un paradis…


dont la construction remontait au temps où l'esprit planait sur les eaux. L'eau a fini par s'évaporer. C'est pourquoi les anges ont des ailes, sinon ils auraient des nageoires. »

Dans son Interlude n°2, Aline de Dieguez, avant de continuer sa remontée aux sources de tant de misères actuelles, livre à ceux que l’humour n’a pas déserté, sa version personnelle de la création du monde.

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Le véridique récit de la Genèse

Aline de Dieguez

 

Une terre est alors apparue.

Les plantes et les animaux y prospéraient dans une harmonie qui réjouissait la vue et la logique: petits soleils terrestres, melons mamelus et potirons bien ronds s'arrimaient au sol par de mignonnes vrilles, tandis que les prunes et les cerises se balançaient dans les hauteurs et piquetaient l'azur de taches écarlates. Tous les animaux cohabitaient fraternellement : la souris tirait les moustaches du chat, le loup et l'agneau se désaltéraient côte à côte le long d'une onde claire et l'éléphant soulevait très haut ses grosses pattes afin que les lézards qui paressaient au soleil eussent le temps de se réveiller et de se mettre à l'abri.

 Un jour, l'esprit chagrin et pisse-vinaigre qui administrait le verger décida de mettre de l'ordre dans cette luxuriance brouillonne et bon enfant. Ce coquin tendit un piège à deux bêtas qui baguenaudaient dans la clairière.

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En guise de respiration entre l’interlude et la « pièce de résistance », plus tellement humoristique, nous vous offrons une petite Histoire de Yahvé en BD :

 

http://enutil.canalblog.com/archives/2011/04/25/20975707.html

 

Il semble que le dessinateur ait eu comme une prémonition de la suite.

 

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2 bis - guerre des dieux - fantasy-fantastic-guerre-dieux-big.jpg


Aline de Dieguez


AUX SOURCES DU CHAOS MONDIAL ACTUEL

 

" La chose la plus difficile au monde est de suivre à la trace n'importe quelle idée jusqu'à sa source. " ( Edward Mandell HOUSE )

 

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2ème Partie

Aux sources du sionisme

 

XIV – La guerre des dieux


A - L'enjeu du conflit

 S'il est avéré que les hommes marchentsur la terre, il n'est pas moins vrai qu'ils habitentdans la moyenne région de l'air. Est-ce en leur corps, est-ce hors de leur corps, ils ne savent? Dans un espace flottant, ni sur la terre ferme, ni dans l'infini, ils sont persuadés qu'ils cohabitent avec des personnages ni entièrement vaporeux, ni entièrement corporels et qu'ils appellent des dieux. Or, ces personnages aussi mystérieux qu'insaisissables sont les véritables maîtres de leur destin terrestre et, croient-ils, extra, infra et supra terrestre.

Longtemps, bien longtemps avant la célèbre "Guerre des deux roses" que connut l'Angleterre au XVe siècle, la Palestine, puis le monde occidental tout entier furent déchirés par une guerre autrement plus féroce et plus durable que le conflit qui opposa les partisans de deux prétendants au trône de nos voisins Grands Bretons et plus fertile en rebondissements que l'illustre "Guerre des fouaces" qui opposa, nous raconte François Rabelais dans son Gargantua,Picrochole à Grandgousier.

 Quant à la Guerre de cent ans, elle fait figure d'aimable plaisanterie à côté de la conflagration qui embrasa la planète durant deux millénaires. Je veux parler de la fabuleuse « Guerre des deux Célestes »

 

3 - Miniature-Mont-Athos-Jesus-priant-son-Pere.jpg

Jésus priant son Père – Miniature du Mont Athos

 

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Où l’on apprendra que la tant vantée consubstantialité des « trois qui n’en font qu’un » fut surtout une guerre au finish entre un père et un fils, tous deux bien décidés à régner seuls.

 

 

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Ah, si le « vieux barbu avec sa casserole sur la tête » (Vallès dixit), avait eu le sourire de Giuseppe !

 

Giuseppe - Les ailes du paradis

 


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 Et dans le monde d’ici-bas, celui des infidèles et des sans-dieu, que se passe-t-il ?

 

Humanisme...

Droits de l'homme...

Droit de grève...

Justice...

Fariboles...

... mais les mineurs de fond sont-ils vraiment des hommes ?

Lu dans les gazettes :

 

5 _ journal.jpg

L'histoire se passe en 1948. Oui, je sais, c'est vieux, il y avait encore des mines en activité (se reporter pour info à l'article « Chiens écrasés » de Marcel Aymé dans notre post précédent). Les mineurs du Nord-Pas-de-Calais s'étaient mis en grève. Une grande grève. Pas pour de rire. Et pas sans de fortes raisons.

Le gouvernement de l'époque – du rad-soc Henri Queuille - dont le ministre de l'Intérieur, le Manuel Valls du temps, était le socialiste Jules Moch, décide de quoi ? De tirer dans le tas. Fusils, matraques, trois mille arrestations. Histoire de les mater. (Cela se passe deux ans avant que le socialiste belge Paul-Henri Spaak fasse tourner les canons contre ses propres électeurs et décrète que « la Belgique a besoin de monarchie comme de pain », ce qu'approuve des deux mains le généralissime Franco. Pardon, c'était une parenthèse.)

 Des centaines de grévistes, dont d'authentiques héros de la Résistance, sont condamnés à de la prison ferme « pour entrave à la liberté du travail », alors que le droit de grève est reconnu par une loi, mais bast ! Les Houillères du Nord-Pas-de-Calais s'empressent de les virer. Des gens à casier chez nous ? Ouak beurk, pas de ça Lisette ! Dans les conditions de cet immédiat après-guerre, être licencié de la sorte signifie plus de logement, plus de remboursements médicaux, plus d'école pour les gosses. Que faire ? S'expatrier ou crever la dèche pendant des années... dans une autre région de France, où on peut se joindre aux immigrés sous-payés qui arrivent d'Italie, de Pologne, etc. Et même là : liste noire. Car les « Houillères » ont le bras long.

Les années passent et, un beau jour, la retraite finit quand même par arriver. L'un de ces anciens condamnés – il s'appelle Georges Carbonnier - occupe ses loisirs à mettre à jour ses vieux papiers et une idée lui vient. Avec 17 de ses camarades, ils va voir Tiennot Grumbach, avocat réputé de la cause ouvrière et lui raconte leur calvaire.

Il y avait évidemment prescription (selon que vous serez puissant ou misérable, les prescriptions vous favoriseront tôt ou pas, et on ne vous dit rien des amnisties-demandez-aux-généraux-félons-de-l'OAS). L'avocat réussit à faire révoquer la prescription et réclame réparation à la justice. Motifs : licenciements abusifs et terrorisme d'Etat.

6 - Norbert gilmez - article_1610-LIL03-GILMEZ.jpgLa justice n'est pas pressée. Georges Carbonnier meurt en 2006. C'est un des autres qui doit se présenter à sa place à l'audience enfin fixée, en avril 2011, devant le tribunal de Versailles. Il s'appelle Norbert Gilmez. Il a 91 ans.

Cette cour d'appel déclare officiellement révoquée la prescription et vote aux dix-sept plaignants (c. à d. surtout à leur veuves et descendants puisque presque tous sont morts) quelques clopinettes de dommages et intérêts : 30.000 € chacun.

Un semblant de justice a enfin été rendue.

Euh... c'est compter sans dame Christine Lagarde, l'alors ministre de l'Economie du gouvernement Fillon, qui a sous sa tutelle les Charbonnages de France. Et que fait dame Lagarde ? Elle introduit un pourvoi en cassation contre la cassation..

Survient le changement de gouvernement. Les avocats des mineurs espèrent que la nouvelle majorité abandonnera ces nouvelles honteuses poursuites, au bout de 64 ans. Euh... eh bien, non. Prié de s'expliquer, le ministère de M. Pierre Moscovici n'a pas jugé utile de répondre du tout. Avec les manants, n'est-ce pas plus simple ?

Et ce 13 octobre 2012 :

La Cour de cassation vient d'annuler la condamnation contre les Charbonnages de France pour licenciements abusifs des mineurs grévistes de 1948 et 1952. La prescription levée l'an dernier par la cour d'appel de Versailles s'est ainsi brutalement rabattue sur les ex-mineurs.

Ce qui veut dire que les malheureux vont sans doute devoir rembourser les clopinettes et apprendre une bonne fois pour toutes, par le fait, comment les riches deviennent riches et comment ils le restent.

C'est que, voyez-vous, l'histoire est en train de se répéter dans les Asturies, le Leon, l'Aragon... et que les Prix Nobel de la Paix européens ne se mordent pas entre eux.

Nos excuses pour cette video en anglais – Youtube a supprimé toutes les videos relatives à ces événements en espagnol et en français.


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Choses sérieuses ou prétendues telles :

 

On vote cette semaine aux U.S.A.

Pour élire ou réélire un grand timonier

 

Un citoyen US appelle ses compatriotes à s’abstenir. Il explique comment et pourquoi :

Voter pour la mort

par Linh Dinh

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4 octobre 2012, "Information Clearing House"

Amérique, tu es devenue une  nation de complices et de défenseurs de la tyrannie et des meurtres de masse. Alors même que tu condamnes les nazis et les gardiens des goulags d’autrefois, tu célèbres tes propres mercenaires et bourreaux et tu minimises, voire glorifies, les crimes indicibles commis par tes fils et tes filles. Tant que tes soldats sont payés et que tes usines d’armement ronronnent, tu ne te soucies pas de savoir qui tu assassines.

Confortablement nichés dans leurs Luna Parks universitaires, tes intellectuels les plus en vue penchent légèrement à gauche ou à droite, mais jamais assez pour mettre en péril ce navire en feu, craignant trop de gâcher les cocktail-parties ou, dieu les en préserve, d’être révoqués de leurs postes. Des antipasti plein la bouche, ils sont experts dans l’art d’esquiver les sujets tels que la pléthore de crimes d'Israël, le 11 septembre 2001, la fausse mort de Ben Laden ou la Réserve Fédérale parasite et, à l’approche d’une nouvelle élection-mascarade, leur enthousiasme va aux candidats qui prônent les guerres illégales et les fraudes bancaires, puisque les unes comme les autres sont à leurs yeux des moindres maux.

Lors des cinq dernières élections, les vainqueurs l’ont emporté avec respectivement 52.9%, 50.7%, 47.9%, 49.2% et 43%  des votes populaires, ce qui dans aucun des cas n’a représenté un mandat écrasant, les finalistes de l’autre parti majoritaire arrivant bien souvent juste sur leurs talons, et depuis 2000, les devançant même par le nombre réel de voix, le système bipartite a confisqué notre vie publique et  nos porte-monnaie. Quant à nos sénateurs, seuls deux d’entre eux ne sont ni démocrates ni républicains. A partir de là, une élection aux Etats-Unis n’est plus qu’un référendum bidon en faveur de ce système profondément corrompu et meurtrier ; et, par le seul fait de voter, vous lui donnez le feu vert pour qu'il continue ses massacres et ses pillages. Tous les quatre ans, on nous amène par le bout du nez à cautionner  une guerre qui n’en finit pas et une corruption qui n'a pas de fond. Si nous nous montrons déçus, nos média abrutissants et laveurs de cerveaux sont là pour faire de nous des clones de ceux qui nous violent.

Le « Bon Vieux Parti » (républicain, NdK) flanque la frousse aux classes moyennes et supérieures en les menaçant : « Si vous ne votez pas pour nous, les Dems vous piqueront votre fric durement gagné pour le refiler à des parasites, des accros au crack et autres ratés de toutes sortes ! », tandis que dans le même temps les démocrates paniquent à leur tour les classes inférieures en les semonçant : « Si vous ne votez pas pour nous, les Reps laisseront pourrir vos culs à couches de retraités sous un pont, vous dormirez sur un bout de carton ! » mais, seigneur, seigneur, seigneur, tout ça est déjà en train de se passer, alors, motus sur les détails.

Il est dans l'ordre qu'au moment où notre bulletin de vote le plus important n'a pratiquement plus de signification,  on nous fourgue une myriade d’incitations à voter pour des tas de choses et de gens insignifiants, qui vont des balourds chantants aux bouffons dansants, en passant par les hypertrophiés aux anabolisants. Les Américains n’ont jamais autant ni aussi souvent voté pour rien.

Chaque parti dépeint l’autre comme le mal absolu, alors que tous deux sont prostitués jusqu'à la glotte à un complexe militaro-bancaire qui n'en finit pas de répandre le malheur et la destruction dans le monde entier, y compris ici. Tout en délocalisant vos emplois, il peut se faire qu'ils vous balancent un téléphone cellulaire gratuit ou vous permettent de vous marier avec un partenaire de votre sexe, mais, sérieusement, le temps n'est-il pas venu d’exiger que notre argent soit dépensé de manière responsable et dans notre intérêt ? Hélas, non : tout ce qu’il nous est pemis de faire, c'est mendier de misérables petites modifications sans portée, au lieu d'exiger et d’obtenir des changements véritables, et nous devons voter, et revoter encore, pour des menteurs et des criminels avérés, et espérer contre toute évidence que, cette fois, ils ne nous empaleront pas. Cela ne vous fait-il rien de sentir tous ces mensonges et ces trahisons vous sodomiser à sec ? Mais, le pire de tout, c'est que c'est vous-mêmes qui avez permis à cette chose de vous arriver, même si ce n'est que symboliquement, en votant comme vous l'avez fait pour l'un des deux partis de la guerre et de la corruption tous azimuts. Tout laisse penser qu'ils vont encore obtenir 99% de vos voix, et l'Amérique aura encore une fois soutenu en masse un programme ouvertement criminel, et le monde en sera une fois de plus atterré.

Avec sa dynamite de bande dessinée, le récent discours de Netanyahu à l'ONU rappelle Powell et son graphique bidon d'avant l’invasion de l’Irak, mais Bush, au moins, avait essayé de convaincre qu'une guerre était nécessaire, alors qu’Obama ne s’est même pas donné cette peine. Ignorant le Congrès et le peuple américain, il a simplement donné l’ordre de bombarder massivement la Lybie, crime qu'il a cyniquement qualifié d’«action militaire cinétique», déchaîné des frappes moindres contre la Somalie, le Yémen et le Pakistan, et envoyé en Syrie des terroristes mercenaires, tout cela sans aucune protestation notable de notre peuple anesthésié ni de notre intelligentsia rampante.

Abrutis par la propagande non-stop menée par nos media aux ordres dans cette maison (de fous) des miroirs, nous ne voyons pas et nous ne nous soucions pas de la manière dont les autres nous perçoivent, car, alors même que des protestations internationales s'élèvent, que nos drapeaux brûlent, que nos soldats sont tués par de prétendus alliés et que, sondage après sondage, nous apparaissons comme une des nations les plus méprisées sur la terre,  nous continuons de croire que nous sommes aimés et admirés de par le monde. Nos politiciens ne sont que trop heureux de flatter ce sentiment de vanité. Romney, «  Nous avons la responsabilité morale de maintenir l’Amérique au rang de la nation la plus forte sur terre, l’espoir de la terre, la cité brillante sur la colline. » Obama, « Ne soyez jamais contre les Etats-Unis. Les Etats-Unis ont été, et seront toujours, la seule nation indispensable aux affaires du monde. » Seuls des enfants peuvent croire en quoi que ce soit d'éternel, mais c’est ainsi que nos papas et nos mamans politiciens nous parlent aujourd’hui.

Ainsi, le monde sera une fois de plus atterré, comme le sera la postérité, à moins que nous ne puissions prouver que nous ne nous tenons pas tous derrière le criminel heureux. Déjà, presque la moitié des Américains ne donnent plus leur voix dans aucune élection, mais nous devons en faire une abstention volontaire, un signe de protestation clair et non pas un acte d’apathie. Le monde doit voir que les Américains ne sont pas tous aussi dérangés et hypnotisés que ceux qui votent avec allégresse pour un criminel après l’autre. Nous valons mieux que ça, alors prouvons-le. Imaginez des milliers d’entre nous dans des lieux publics, déclarant « PAS EN NOTRE NOM ! » Plus tôt nous pourrons divorcer d'avec notre gouvernement voyou, plus tôt nous pourrons nous en débarrasser. A défaut de mieux,  résister à cette farce électorale, c'est nous laver les mains, au moins partiellement, du sang innocent que l'on verse. C’est la seule décision morale.

Linh Dinh est un poète, auteur, traducteur et photographe vietnamo-américain né à Saïgon en 1963 et arrivé aux Etats-Unis en 1975. Il est l’auteur de deux livres de nouvelles, de cinq recueils de poèmes, et d'un roman qui vient juste de sortir, Love Like Hate. Il a traduit des poètes occidentaux en vietnamien et des poètes vietnamiens en anglais. Il témoigne de l'évolution de notre société en déclin par les photos qu’il publie très fréquemment sur son blog State of the Union.

Source : http://www.informationclearinghouse.info/article32649.htm

 

traduction de Kahem

pour Les Grosses Orchades

 

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Analyse confirmée par Thierry Meyssan, toujours aussi lucide et parfaitement informé :

Show électoral aux Etats-Unis

 Au cours des 30 dernières années, aucune élection présidentielle US n’a marqué de changement dans la politique extérieure de Washington. Les décisions importantes ont toujours été prises en dehors de cette échéance. Il est tout à fait évident que le président est le maître d’œuvre d’une politique dont il n’est pas le décideur. L’impérialisme yankee sera t-il plus performant avec le sourire d’Obama ou avec celui de Romney ?

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Et pendant qu’on y est, et parce que le sort des Syriens nous importe au moins autant que celui des citoyens US :

 

Les mauvais perdants de la crise syrienne

En 2010, la France a fait le choix de relancer sa politique coloniale. Cela l’a conduit à changer le régime en Côte d’Ivoire et en Libye, puis à essayer de la faire en Syrie. Mais face à l’échec de cette troisième opération, Paris se trouve emporté par les événements qu’il a provoqués. Après avoir armé et encadré des groupes terroristes en Syrie, la DGSE a frappé au cœur de la capitale libanaise.

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Enfin, pour le cas où d’aucuns n’auraient pas compris en quoi tout ceci nous concerne, rien ne vaut un saut chez Jean-Pierre Dubois qui, sur son blog Le Petit Blanquiste, se fait un plaisir et un devoir de nous le rappeler :

 

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17 octobre 2012

Européocentrisme et impérialisme

Sans réalité géographique, « Occident » est un euphémisme utilisé pour désigner le bloc des pays capitalistes/impérialistes constitué des principales puissances européennes et de certaines de leurs extensions historiques : Etats-Unis, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, etc.

Les peuples de ces pays, qui ne représentent qu'environ 20% de la population mondiale, ont le privilège de bénéficier du niveau de vie moyen le plus élevé de la planète.

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 31 octobre 2012

Etats-Unis : Pseudo-démocratie et vraie idéologie

« Parce que l’armée reste dans les casernes et que la domination n’est pas totale, nous pouvons prétendre vivre en "démocratie" », observait Howard Zinn. [1]

« Son ouverture et sa souplesse rendent une telle société plus séduisante que bien d’autres, mais elles induisent également un type de contrôle bien plus efficace ».

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 Vient de tomber, au moment où nous mettons en ligne :

 

Cercle des volontaires

 Bibi à l’Elysée : Juifs, « faites d’Israël, votre chez vous ». Un affront aux juifs, un affront à la République.

 

IN ACTUALITÉ, FRANCE, TRIBUNE / BY JONATHAN MOADAB / ON 1 NOVEMBRE 2012 AT 11 H 38 MIN /

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Le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahou, actuellement en visite en France, a exercé ses talents de VRP à l’Elysée pour l’Agence Juive. Il a en effet appelé les citoyens français juifs à partir en Israël pour en faire leur « chez eux ».(Voir la vidéo BFM)

Lire la suite…

 

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« Jusques à quand nous les briseras-tu, François Normal, avec tes c…….s impérialistes étiquetées socialotes ? »

 

Questions d’Hugo Chavez au président  de la République (sic) Française…

 


 

« Il est espiègle le roi d’Espagne ! »

et quelques considérations du même sur l’Empire, en réponse à une improbable descendante de Newton, qui réussit le tour de force de faire la gueule pendant  20 minutes sans reprendre haleine.

 


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 Pour prendre date :

 

Tous place Stalingrad à Paris le 2 février 2013, pour le 70ème anniversaire de la bataille !

Le rassemblement national avec représentation internationale aura lieu

SAMEDI 2 FÉVRIER 2013 à 15 h. 00

Place de la bataille de Stalingrad à Paris  

(métro Stalingrad)

avec prises de parole et dépôt de fleurs au monument des héros de Stalingrad.

 

Lire ici…

 

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Combien de temps avant que Volgograd retrouve son véritable nom ? Il est étonnant, vu leurs habitudes, que les bookmakers grands-bretons n’aient pas encore ouvert de paris là-dessus.

 

mis en ligne par Théroigne  le 1er novembre 2012.

 

 

 

 

23/10/2012

Un concert pour Mumia

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Un concert pour Mumia Abu-Djamal

 

à Bruxelles

 

Ce jeudi 25 octobre, à 19h30

au BOUILLON KUBE

Rue Vlogaert, 4

1060 – Saint-Gilles

(près de la Gare du Midi et de la Porte de Hal)

organisé par la Section belge de Secours Rouge International

   avec

The Coup  et  Microglycérine

 

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Prix des places : 8 €

http://www.zintv.org/Concert-de-soutien-a-Mumia-Abu


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La section belge de la Commission pour un SECOURS ROUGE INTERNATIONAL soutient, avec des moyens dérisoires et de toutes les manières, le plus possible de prisonniers politiques à travers le monde.

Vous pouvez les aider à soutenir…

  • en participant à leurs actions,
  • en leur envoyant des sous,
  • en achetant et en lisant leurs publications ou en vous y abonnant.

Contact :

Secours Rouge/APAPC

Boîte Postale 52

Av. Fonsny C 32 4

1060 Bruxelles

Adresse mail : srapapc@gmail.com

Compte bancaire :

001-6121069-57

ou IBAN :  BE09 0016 1210 6957

 

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Pour toutes informations sur les activités de Secours Rougehttp://www.secoursrouge.org/Bruxelles


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Livres 32 - copie.jpg






LIVRES

 

 

 


mumia abu-jamal,secours rouge international,clausewitz,giap,dien bien phu,prisonniers politiques,résistance allemande,aden



T. Derbent

La résistance communiste allemande 1933-1945

24e livre de la Petite Bibliothèque Aden, 112 pages.

ADEN, Bruxelles, 2008.

Cette édition est épuisée depuis 2010.



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Réédition récente en format brochure (A4)

Éditions antifascistes, Le Point du Jour, Paris 2012, 40 pages.

Cette édition contient, en annexe, deux entretiens de l’auteur : avec M. Abramowicz et avec  Jacques Kmieciak .

On peut se la procurer auprès de Secours rouge Bruxelles , au prix de 5 €.



Voir l’article qui  est consacré à cet ouvrage par le site Résistances :

http://www.resistances.be/resistallem.html

Du même auteur, en vente aux éditions ADEN, Bruxelles et dans les bonnes librairies :

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T. Derbent

Clausewitz et la guerre populaire

Grande bibliothèque ADEN n°5

Septembre 2004

192 pages  -  16,30 €



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T. Derbent

Giap et Clausewitz

Précédé de Guerre du peuple, armée du peuple, d’Ernesto Che Guevara

et suivi de Contribution à l’histoire de Dien Bien Phu, du général Vo Nguyen Giap

ADEN – Septembre 2006 - 144 pages -  9 €

 

 


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Mis en ligne par Théroigne le 23.10.2012






07/10/2012

Guerre à la guerre nondedieu !

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Guerre à la guerre nondedieu !

 

Et à tous ceux qui nous y poussent.

 

Non, vous ne verrez pas ici Benjamin Netanyahu à l'ONU, on l'a vu partout.

 

Pour la bombinette, c'est dans L'oreille cassée. Page 23, Tintin et le général Alcazar jouent aux échecs. Un terroriste armé d'une bombe à la mèche allumée s'apprête à lancer celle-ci sous la fenêtre de la pièce où se trouvent Tintin et le général. Page 24, la bombe arrive dans le bureau et Tintin la rejette par la fenêtre.

Et vous direz qu'on ne vous gâte pas !

 

 

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À Moscou, ce dimanche 7 octobre,

le président Vladimir Poutine a fêté ses 60 ans.

Occasion rêvée pour nos média de masse de distiller un peu de fiel.

 

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Ils ne vont pas faire de cadeaux non plus à Hugo Chavez,

qui vient d'être réélu comme prévu

à la présidence du Venezuela.

 

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 Une ou deux photos que vous ne verrez pas dans votre pressetituée habituelle :

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 On était dimanche. Nous revoici, à la bourre. Et pas tout de suite sur la guerre. Quoique...

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La charité est la mère de tous les vices. Elle dégrade ceux qui la font autant que ceux qui la reçoivent.

Au tout début des années 1780, Jean-Joseph FYON, jeune bourgmestre(1) de Verviers, en Principauté de Liège(2), prenait, avec ses amis politiques, une décision qu'on peut qualifier de révolutionnaire : celle de soustraire l'éducation des orphelins à la charité de l'Église, en les rendant autonomes dès leur plus jeune âge. Jusque là, le clergé local avait, seul, grâce aux aumônes reçues en leur nom, assumé la responsabilité de les maintenir en vie et de les éduquer.

 La révolution apportée par Fyon consistait en deux ou trois décisions simples, appliquées aussitôt que décidées : construire un orphelinat adapté à la vie en commun d'enfants depuis le berceau jusqu'à la majorité, rétribuer des enseignants clercs ou laïcs, chargés de leur donner une base d'instruction aussi solide que s'ils eussent eu des parents pour y pourvoir, et leur apprendre un métier.

 Pour ce métier, qu'ils allaient commencer à exercer à mi-temps dès l'âge de sept ans, ils recevraient un salaire, géré pendant leur minorité par la Commune, qui y prélèverait des sommes concourant à les nourrir, à les habiller, les loger, les soigner et les chauffer, et qui mettrait en réserve le reste, de quoi leur constituer un pécule de départ dans la vie, qu'ils recevraient à leur majorité.

 Fyon et les siens estimaient que la vie et l'éducation de ces enfants étaient la responsabilité de tous et ne pouvaient être laissées au bon vouloir – c'est-à-dire au caprice – des chrétiens, si généreux fussent-ils. C'était une question de principe : qu'ils soient éduqués, armés pour la vie et maintenus en bonne santé était un dû, pas une libéralité. D'où l'instauration d'un impôt approprié, prélevé selon les moyens de chacun, autre innovation lourde de sens et de conséquences. Le but : que les enfants n'aient jamais à dire merci à personne pour des soins élémentaires, qu'ils soient et qu'ils restent non dépendants.

 Ce sont ces principes et ces dispositions qu'allait reprendre, presque trait pour trait, des années plus tard, Michel Lepeletier de Saint-Fargeau dans son fameux et trop méconnu Plan d'Éducation Nationale (allez, chiche, on vous le balance un de ces jours !), plan que Maximilien Robespierre défendrait bec et ongles et réussirait à faire voter à la quasi unanimité, après y avoir apporté quelques modifications de son cru (dictature ! dictature ! Encouragée par toute l'Assemblée Nationale en plus), comme doubler le salaire des instituteurs/trices, dont il estimait le rôle, pour la République, égal à celui de généraux gagnant des batailles, et allouer aux orphelins, dès l'âge de 7 ans, un argent de poche censé les habituer à leur autonomie financière pour plus tard. Ce Plan, qui interdisait – idée chère à Lepeletier - l'endoctrinement des gosses par quelque religion ou philosophie que ce fût jusqu'à leur majorité , c'est-à-dire jusqu'à ce qu'ils soient en état de faire un choix par eux-mêmes (et voilà pour le « curé » de l'Être Suprême), n'a jamais pu être appliqué pour cause d'assassinat de ses auteurs. Y revenir aujourd'hui pour l'essentiel ne serait pas un luxe, est peut-être même une nécessité urgente.

 Pourquoi vous parler de cela aujourd'hui, en plein post d'opposition à la guerre ? Parce qu'au moment où nous allions le mettre en ligne sont arrivés non seulement l'anniversaire de Vladimir Poutine et la victoire électorale d'Hugo Chavez, mais aussi un remarquable article de Gérard Mordillat, si important à nos yeux qu'il en prend le pas sur tout le reste. Notre post sera donc, comme d'habitude, interminable, mais...

si vous devez n'en lire qu'une seule page, lisez celle-là !

Contre la charité, par Gérard Mordillat

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Le 2 décembre 1792 Robespierre déclarait à la tribune de la Convention : « Quel est l’objet de la société ? C’est le maintien des droits imprescriptibles de l’homme. Quel est le premier de ces droits ? Celui d’exister. La première loi sociale est donc celle qui garantit à tous ses membres les moyens d’exister ». Exister n’est pas un droit, c’est un fait : l’homme existe mais les conditions de son existence sont – pardon de le préciser ! – tout entières régies et conditionnées par la société dans laquelle il vit ; il est à la fois l’acteur et le produit de cette société. Reconnaître aux hommes et aux femmes, en tant que citoyens, d’avoir des droits, c’est leur reconnaître d’abord le droit d’avoir des droits.

Des droits égaux à celui de leurs semblables.

Or, dans la société où nous sommes, (sans chercher à regarder plus loin que la France en 2012, mais cela vaut pour l'Europe et tout le monde occidental), chaque jour le droit d’avoir des droits est combattu par toutes les forces réactionnaires, la droite au sens large, le patronat, ses organisations, ses affidés, ses hérauts dans les médias . Les sans-droits prolifèrent ; qu’ils soient sans papiers, sans abri, sans travail, sans logement…

Car, si, juridiquement, les citoyens ne sont privés de leurs droits qu’en matière criminelle, dans les faits, l’individu que l’accumulation des malheurs, la perte d’un emploi, d’un logement, d’une famille pousse hors de la société, se retrouve, sans droits, non techniquement, mais pratiquement.

Incapable de faire reconnaître ses droits, de les faire accepter et appliquer à son profit, cet individu n’a plus le droit d’exister.

Il est, mais il n’existe pas.

Lorsqu’il a utilisé son ignoble expression « la France d’en bas », Jean-Pierre Raffarin, l’ancien Premier ministre français, a parfaitement entériné cette rupture du principe d’égalité, puisqu’il se voyait, lui, de « la France d’en haut », condescendant, penché vers le sol, la terre, la foule indistincte du peuple, des autres, étrangers à sa classe, à son clan, à son parti…

Une fois rompu le principe d’égalité entre les citoyens, une fois vendue l’idée de deux réalités sociales et politiques, l’une supérieure à l’autre, une fois acceptée comme naturelle et inévitable la multiplication des injustices : injustice salariale, injustice fiscale, injustice sociale etc. que voit-on ?

On voit la charité se substituer à l’égalité.

La charité abroge l’égalité.

 La charité est fondamentalement une notion religieuse. Elle est un des cinq piliers de l'Islam et présente également dans la tradition juive et chrétienne « vendez vos biens et donnez-les en aumônes » faisait-on dire à Jésus dans l’évangile selon Luc (Lc 12-33). Mais il est évident, comme l’enseigne la sagesse des nations, que « charité bien ordonnée commence par soi-même », tant il est vrai que le geste charitable est d’abord gratifiant pour celui qui l’accomplit avant même d’atteindre celui qu’il secourt. Gratifiant dans la mesure où la charité est toujours publique et doit toujours l’être pour exprimer sa valeur sans attendre la rétribution de l’au-delà. Il faut non seulement donner mais se montrer donnant. Que ce soit dans l’Antiquité ou au XIXe siècle quand les bourgeois organisaient « la donne » en faisant aligner les pauvres devant chez eux pour leur distribuer de la soupe jusqu’au déploiement médiatique de la charité business des XXe et XXIe siècles : Téléthon, Sidathon, Pièces jaunes et autre bazar des bonnes œuvres et des grands profits…

Cette idée de « charité » a désormais glissé le champ du religieux pour s’enraciner dans celui du politique. Ou, plus exactement, disons que le politique a investi le canal religieux pour se désengager des devoirs qui lui incombent, tout en produisant une image séduisante qui masque la réalité de ses actions ou de son inaction. Comme le disait déjà Roland Barthes, dans Mythologies, à propos de l’abbé Pierre : « j’en viens à me demander si la belle et touchante iconographie de l’abbé Pierre n’est pas l’alibi dont une bonne partie de la nation s’autorise une fois de plus pour substituer impunément les signes de la charité à la réalité de la justice ».

La charité se vend d’abord elle-même et c’est en cela qu’elle lève un nuage de fumée devant le réel. Cyniquement, à bon compte, elle permet à peu de frais de se grandir aux yeux des autres et à ses propres yeux sans jamais toucher aux causes de sa nécessité. Ainsi, dans le réel, dans la société où nous vivons, on est passé du droit d’exister à l’existence d’aumônes pour vivre, voire pour survivre. La charité ne coûte rien à ceux à qui elle devrait coûter, alors que l’application de lois sociales remettrait en cause l’injuste répartition des richesses et la criminelle inégalité qu’elle produit entre les citoyens.

 Il suffit d’ouvrir les journaux, ou tout simplement de regarder autour de soi, pour voir que les désengagements successifs de l’état - des états - l’idéologie capitaliste néo-libérale, la loi du marché, font qu'en France comme ailleurs la première des lois sociales dont parlait Robespierre, celle de garantir à tous ses membres les moyens d’exister, est vilipendée, stigmatisée, décrétée caduque, obsolète, dépassée. Mais comme il faut, ne serait-ce qu’au nom du maintien d’une paix civile, assurer un minimum de moyens aux citoyens qui sans cela ne pourraient vivre et se révolteraient, petit à petit s’est imposée la pratique d’une charité à grande échelle se substituant à la nation et à l’état.

La charité vaut comme signal d’alerte. Les domaines où elle s’exerce sont des marqueurs du réel.

C’est-à-dire d’où-ça-ne-va-pas.
A partir de là, il ne faut pas confondre le symptôme et la maladie.

 « Les Restos du Cœur », cette remarquable initiative de Coluche, porte par sa réussite même (le mot « réussite » est cruel), disons par sa pérennisation et son développement, la plus terrible accusation contre un système qui condamne tant et tant à s’en remettre à la générosité individuelle, alors que les moyens d’existence des uns et des autres devraient, au nom de l’égalité et de la justice, être assurés par l’état lui-même et garantis par la loi.

A titre d’exemple de cette perversion des valeurs, de ce détournement, il faut entendre le lieu commun qui accorde aux patrons la licence de « donner » du travail.

Donner !

Dans notre société capitaliste néo-libérale, rien n’est donné, surtout pas le travail. Aucun employeur n’est un saint offrant son manteau à un pauvre démuni et il n'est pas nécessaire d'avoir lu Marx pour savoir que le salarié vend sa force de travail à celui qui l'emploie. Le patron est un commerçant qui achète au plus bas prix, le savoir, le métier, la technique que l’ouvrier, l’employé, le cadre, l’ingénieur lui cède. Et que cette acquisition de la force de travail offre pour particularité de rapporter plus qu'elle ne coûte. C'est indépassable plus-value. Inutile aussi d'avoir lu Marcel Mauss, pour constater que lorsqu’un employeur (du patron de PME à la multinationale) « donne » du travail, ce « don » occulte en réalité la manifestation de son pouvoir - qu’il soit financier ou industriel - l’installation d’une subordination, d’une domination d’un individu sur un autre. C’est un marché parfaitement inégalitaire que le vocabulaire voudrait draper de vertu. 

La charité est cousue d’un drap de même tissu. C’est un leurre comme celui qu’on agite au nez des taureaux dans l’arène. Derrière il n’y a que du vide, du rien, du vent… dans la mesure où, aussi grandiose soit-il, un acte de charité ne s’attaque pas aux causes qui l’ont rendu nécessaire mais soigne, je le répète, avec les moyens du bord, les effets des catastrophes, qu’elles soient sociales, économiques ou personnelles.

L’objection est aisée : vaudrait-il mieux ne rien faire ?

Demeurer le spectateur aux bras croisés, indifférent aux souffrances, à la misère, au désarroi…
Bien évidemment non.

 La réponse est nécessairement politique puisqu’il y va de la justice et du rétablissement de l’égalité entre tous. L'égalité est le concept fondamental de la République. Les révolutionnaires français (et Robespierre en premier !) l'avaient parfaitement compris, la plaçant entre la liberté et la fraternité dans la devise qu'ils nous ont transmise. Il est évident que la liberté poussée à son extrême peut conduire à l'oppression (exemple le capitalisme) et que la fraternité (on dirait aujourd'hui la solidarité) suppose de la vertu et qu'il n'est pas prouvé que l'homme soit vertueux par nature. Il revient donc à l'Etat d'assurer le juste équilibre entre la liberté à laquelle chacun aspire et la solidarité dans la répartitions des richesses de la nation ; richesses non seulement économiques mais aussi intellectuelles, culturelles, scientifiques….

A l’idéologie libérale (du nom que veut se donner le capitalisme pour faire meilleure figure), celle qui professe que la société n’existe pas, qu’il n’y a que l’individu et sa famille, il faut opposer l’idée du droit d’exister comme un droit imprescriptible, garanti par la loi et non dépendant de la bonne ou de la mauvaise conscience individuelle. Je ne suis pas naïf, cette égalité est un idéal vers lequel nous devons tendre, pas un équarrissage pour tous, ni une utopie totalitaire. Pour dire les choses autrement : tant qu’il y aura de la charité, il y aura de l’injustice ; plus il y aura d'égalité, plus il y aura du droit, plus il y aura de la justice…

Une fois encore, je veux l'affirmer avec force, la France n’a pas besoin de réformes, elle a besoin d’une révolution, d’une insurrection des idées, des consciences, d'une nouvelle nuit du 4 août pour qu'à nouveau soient abolis les privilèges qui offensent la justice et l’égalité ; pour que plus personne, jamais, n’ait à tendre la main, à s’humilier, à supplier, à réclamer la charité pour exister. Vous me direz que je rêve, que ce n’est que folie, déraison mais, tant pis pour moi ou tant mieux, je crois à la puissance du rêve capable, jusqu’à la déraison, de transformer le monde.

Version intégrale de la tribune parue dans l'Humanité des débats de ce vendredi 5 octobre.

Gérard Mordillat, écrivain et cinéaste

________________

(1) Bourgmestre et commune étaient et sont encore à la Belgique ce que maire et municipalité sont à la France.

(2) Principauté théocratique de même qu'aujourd'hui l'Iran est une République théocratique.

 

Pour la baudruche de la nuit du 4 août (1789), voir Henri Guillemin. Nous lui préférerons toujours la journée du 10 août (1792). Mais Mordillat a raison de rappeler que, comme la République est Une et Indivisible, les trois branches de sa devise « Liberté-Égalité-Fraternité » sont indissociables et que faire abstraction de l'une condamne les autres au néant.


*

 

Les Français POUR la guerre

ostracisant les Français CONTRE

et quelques étrangers de raccroc.

 

2. Affiche Fête de l'Huma par Breughel l'Ancien.jpg

 « Les Gauches européennes »

Affiche pour la Fête de l'Huma, par Pieter Breughel l'Ancien

 

Guerre à la liberté de parole :

La « Gauche » française réduit au silence les intellectuels anti-guerre.

 

Par Gearóid Ó Colmáin

Global Research, 24 septembre 2012

Chaque année, le Parti Communiste Français (PCF) organise à Paris la Fête de l'Humanité, une festivité de gauche où se donnent des concerts et où les partis communistes d'un peu partout dans le monde tiennent des stands pour y échanger des livres, des tracts et des idées. De nombreux auteurs, journalistes et intellectuels y sont invités chaque année à participer à des débats sur la philosophie, la culture, la politique et l'actualité.

Mais cette année-ci restera probablement dans les mémoires pour les débats importants que les participants à la fête n'ont pas eu le droit d'y tenir. Deux auteurs, le physicien théorique belge Jean Bricmont et la journaliste française Caroline Fourest ont été forcés d'annuler leurs exposés suite à des manoeuvres d'intimidation et à des menaces de la part d'organisations s'appelant respectivement « Antifa » et « Les Indigènes de la République » .

3. Fourest Oumma.jpg

Caroline Fourest est une réactionnaire pro-israélienne qui se fait passer pour une féministe « de gauche ». Qu'elle ait été invitée à la Fête pour y plancher sur la montée de l'extrémisme islamiste et de l'extrême-droite française a dérangé beaucoup de gens à gauche.

Réactionnaire et islamophobe, Fourest l'est assurément, mais l'empêcher de parler ne fait pas que donner de la crédibilité à ses fausses théories, cela viole aussi son doit constitutionnel à la liberté d'expression.

Alors qu'elle était sur le point de parler des dangers de l'extrémisme islamique et de la montée du Front National (le parti d'extrême-droite français), des gens d'un groupe appelé Les Indigènes de la république sont entrés sous la tente qu'elle occupait et ont commencé à lancer des objets sur l'estrade. Certains ont même tenté de s'en prendre à elle physiquement.

La tente a été envahie alors par de plus en plus de protestataires qui criaient des slogans contre le racisme et l'islamophobie et qui ont fait mine de vouloir occuper l'estrade, sur quoi le public présent s'est mit à crier « liberté d'expression ! ». L'affrontement entre le public venu pour assister au débat et les protestataires venus pour l'empêcher s'est poursuivi pendant une vingtaine de minutes, chacun des deux camps traitant l'autre de « fasciste ».

Les Indigènes de la république ont fini par gagner : le débat a été annulé et Caroline Fourest a dû s'enfuir jusqu'à une voiture, sous la protection de gardes du corps.

Le jour suivant, le physicien, auteur et intellectuel belge Jean Bricmont devait faire un exposé infiniment plus important sur la crise en Syrie et le spécieux discours d'«intervention humanitaire» propagé par les media dominants pour justifier des guerres d'agression.

Depuis des années, Bricmont s'est fait le critique des politiques d'intervention militaire sous prétexte de protection des « droits de l'homme ». L'hérésie de Bricmont sur la question et son anti-sionisme ont fait de lui un paria dans les salons de l'intelligentsia convenable de France.

Les prises de position anti-impérialistes sans équivoque du physicien belge ont également fait de lui la cible d'une campagne de diffamation assez vile, tant sur Internet que dans les media français dominants, où on l'a traité de « rouge-brun », de « confusionniste », etc.

En outre, les franges les plus extrémistes de la police de la pensée qui sévissent sur l'Internet lui ont réservé une attention particulière. Quelques jours avant la Fête de l'Humanité, une organisation se disant « anti-fasciste et anarchiste », du nom d'Antifa, a lancé une campagne sur Indymedia contre la participation de Bricmont à la « Fête de l'Huma », dans laquelle ils menaçaient de l'attaquer physiquement, s'il osait aborder le sujet des interventions humanitaires. Dans le monde insane des activistes d'Antifa, l'opposition de Bricmont au terrorisme fomenté par l'OTAN en Libye et en Syrie fait de lui un « fasciste ».

Antifa n'est autre chose qu'un des groupes anarchistes internationaux actuellement utilisés par les services d'espionnage des états impérialistes pour semer la confusion et le chaos dans les rangs de la jeunesse mécontente et la pousser à commettre des actes violents irréfléchis, de façon à permettre à des états de plus en plus policiers d'arriver à leurs fins. Cette organisation en particulier prend pour cibles les intellectuels qui dénoncent le sionisme aussi bien que les organes de presse alternatifs qui mettent à nu les mécanismes et les institutions participant de l'impérialisme US à travers le monde. Et, bien entendu, elle fait tout cela sous les oripeaux de l'« anti-fascisme ».

Par leurs professions de foi débiles et la stupidité de leurs actes, les Antifa attirent des jeunes naïfs en colère, qui s'introduisent dans les manifestations en capuchons noirs pour y provoquer de violentes répressions policières et saboter ainsi toute résistance réelle et significative à l'actuel ordre des choses. En d'autres termes, Antifa est un groupe d'idiots utiles, dont le programme véritable est de promouvoir le fascisme sous couvert d'« anti-fascisme ».

Bricmont, informé de la campagne et des menaces le concernant, avait demandé aux organisateurs de la Fête de l'Huma d'assurer sa sécurité. Les responsables s'étaient engagés à le protéger. En dépit de quoi, une heure avant de prendre la parole, Bricmont fut averti que son exposé était annulé. Les menaces de violences des provocateurs d'Antifa avaient fourni à Pierre Laurent, secrétaire général du PCF, le prétexte rêvé pour supprimer la conférence hérétique du scientifique belge. Pour les dirigeants de PCF, permettre à Bricmont de parler aurait risqué - du moins feignent-ils de le croire - de les faire passer pour les fantoches impérialistes de droite qu'ils sont, aux yeux de leurs adhérents dont le nombre ne cesse de rétrécir comme peau de chagrin.

 

4. Capture-d’écran-2012-09-19-à-17.02.30.png

 Jean Bricmont en compagnie de Michel Collon, à la Fête de l'Huma .

 

La direction de la Fête de l'Huma a donc décidé qu'elle ne pouvait pas assurer la sécurité du physicien belge dans le cas d'une attaque des « Antifa ». Pourtant, la pontifesse pro-guerre et pro-israélienne Caroline Fourest avait, elle, obtenu sa pleine et entière protection, bien qu'ayant fait l'objet de menaces identiques.

Ceci n'est pas vraiment surprenant, si on considère que le journal L'Humanité est l'organisateur de la fête. L'Humanité a, en effet, apporté son soutien à la déstabilisation de la Syrie par l'OTAN, dès que la violence y a éclaté l'an dernier, se livrant à la même propagande de guerre, exactement, que ses concurrents « de droite ».

Selon le porte-parole du PCF en matière d'affaires internationales Jacques Fath, la seule solution susceptible de ramener la paix en Syrie est le renversement d'Assad. Fath ne fait, bien entendu, nulle mention des escadrons de la mort de l'OTAN qui n'ont cessé, depuis mars 2011 de tuer des civils innocents et des soldats des forces de sécurité, faits indéniables qui ont été vérifiés par de nombreux journalistes indépendants et admis par la mission d'observation de la Ligue Arabe elle-même.

Aucun des partis communistes de Syrie n'a été, non plus, invité à la Fête. Pourtant les deux partis communistes syriens Bakdash et Faisal Aka Unifié, ont obtenu onze sièges aux élections parlementaires qui ont suivi la mise en application de la nouvelle constitution démocratique de la Syrie, en mai de cette année.

Les deux partis ont constamment dénoncé le terrorisme fomenté contre leur pays par l'OTAN et par les états du Golfe, depuis que les violences ont éclaté à Darna en 2011. Aucune des deux formations n'a été autorisée à dresser un stand à la Fête communiste française.

Ceux qui croient que le Front de Gauche(1) de Jean-Luc Mélenchon (le candidat d'« extrême-gauche » qui a obtenu 11% des voix au premier tour de la dernière élection présidentielle) représente une quelconque alternative au statu quo, feraient bien de se rappeler que Mélenchon et le Front de Gauche ONT SOUTENU l'intervention de l'OTAN en Libye l'année dernière. Le FdG est une organisation qui prétend s'opposer à l'OTAN. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité.

 Les supporters de Mélenchon – un démagogue qui aime légitimer ses lettres de créance d'homme de gauche en prétendant soutenir le président Hugo Chavez du Venezuela et d'autres gouvernements latino-américains de centre gauche - n'ont pas l'air de se rendre compte que tous les pays de l'ALBA ont soutenu l'an dernier le colonel Kadhafi de Libye et, maintenant, déclarent ouvertement soutenir le président Bachar el-Assad, dans sa lutte contre l'OTAN et le terrorisme financé par les états du Golfe.

En 2011, alors que le président Hugo Chavez cherchait à s'entremettre dans la crise libyenne pour tenter d'empêcher une agression militaire contre ce pays, médiation qui était accueillie avec reconnaissance par le gouvernement libyen et qui aurait pu empêcher la guerre, il n'a reçu absolument aucun soutien de Jean-Luc Mélenchon, qui, aujourd'hui, pose néanmoins à l'anti-impérialiste. Mélenchon est un foutu menteur et un imposteur politique de la pire espèce.

Il n'est pas nécessaire d'être un physicien comme Jean Bricmont pour voir et pour comprendre l'horrible réalité de la guerre par procuration que l'OTAN mène en Syrie, mais quel camouflet inopportun cela eût été, si les soi-disant communistes de la Fête avaient été tout à coup mis en présence de la vérité nue, méphitique, sur les guerres humanitaires de l'OTAN et les dupes volontaires prétendument de gauche qui les soutiennent. Bricmont devait être baîllonné.

L'«extrême-gauche» française n'est rien d'autre qu'une bande hétéroclite, méprisable, de lâches, de menteurs et d'irresponsables, dont les egos boursouflés et les slogans creux trahissent à la perfection le cynisme absolu de la classe petite-bourgeoise qu'elle représente.

Mais il y a une autre raison encore à l'ostracisme de Bricmont par la « respectable » société  française : Bricmont est un scientifique, et ce scientifique est capable d'appliquer une pensée critique aux problèmes quotidiens qui se posent au citoyen lambda. Autrement dit, contrairement à ses collègues universitaires élitistes et conformistes, pour qui leurs communications commentées par leurs pairs, leurs titres et leur image sociale comptent plus que la vérité scientifique, Bricmont représente le type d'homme de science capable de soumettre à son microscope les lois qui gouvernent la société civile, lois dont le viol par les gouvernements occidentaux est commodément ignoré par les moines néo-scolastiques de l'université post-moderne.

Dans les jours qui ont suivi la Fête de l'Huma, l'expulsion de Caroline Fourest a été rapportée et commentée à grand bruit par tous les média conformes, qui n'ont évidemment pas manqué de vociférer au viol de la « liberté d'expression ».

Fourest est une des propagandistes majeures du Nouvel Ordre Mondial, et son ubiquité est telle dans le réseau touffu des media français, qu'elle y est devenue une référence familière. Fourest la belliciste y a donc été présentée comme une martyre des droits de l'homme, du féminisme et de la liberté d'expression grâce aux idiots utiles d'Antifa. Est-il besoin de dire que les harpies va-t-en-guerre de l'information couchée n'ont aucunement cru devoir mentionner le viol de la liberté de parole de Jean Bricmont ?

Si Fourest, Antifa, le PCF, le Front de Gauche et tout l'establishment français de pseudo-gauche avaient loisir d'en faire à leur guise, Bricmont et ceux de son espèce ne seraient plus jamais autorisés à monter sur une estrade pour y prendre la parole.

Les activistes qui admirent et ceux qui détestent Caroline Fourest peuvent s'époumoner tant qu'ils veulent à braire au « fasciste » dans leur burlesque et infantile théâtre de l'absurde : ce sont eux qui ouvrent la voie à la prise de pouvoir par l'extrême-droite dans ce pays, car les vrais fascistes du Front National de Marine Le Pen n'auront aucun mal à capitaliser sur leurs singeries. Qui osera blâmer l'ouvrier de base quand il se laissera séduire par les arguments fallacieux de Marine Le Pen, alors qu'il n'y a en face d'elle, pour lui porter la contradiction, que des bavards imbéciles ?

Ce n'est pas la première fois que d'authentiques activistes anti-guerre sont interdits de parole en France. Michel Collon, un journaliste belge, auteur et rédacteur en chef d'un site web d'informations et d'analyses, InvestigAction, s'est vu interdire de prendre la parole à la Bourse du Travail de Paris, le 9 novembre 2011, déjà par les agents provocateurs d'Antifa. Ces meutes servent l'état impérialiste en empêchant le public de débattre sérieusement de l'engagement de la France dans des guerres étrangères.

D'autres organisations ont fait l'objet d'attaques par les agents provocateurs d'Antifa ; l'URCF (Union des Révolutionnaires Communistes de France ) et le PRCF (Pôle de Renaissance Communiste en France ).

Ces organisations comptent parmi leurs adhérents d'authentiques héros de la Résistance et vrais combattants contre le fascisme. Le président du PRCF est Léon Landini, un homme qui, dans la Résistance Française, pendant la Deuxième Guerre Mondiale, a mis hors combat 40 soldats nazis, a détruit 300 de leurs véhicules et a participé à des douzaines d'attaques contre leurs transports ferroviaires. L'URCF et le PRCF sont, à l'heure actuelle, les seules formations en France qui militent pour la reconstruction d'un véritable parti communiste.

A l'opposé des imposteurs du Front de Gauche, du PCF, du NPA et d'autres organisations du même genre, l'URCF et le PRCF apportent leur total soutien aux partis communistes de Syrie, dans la lutte qu'ils mènent contre l'agression fasciste de l'OTAN et des pétromonarchies du Golfe, et ils dénoncent aussi, sans équivoque, les mensonges et la désinformation de la presse réactionnaire française.

C'est un des accomplissements les plus remarquables de la propagande létale, dans l'histoire récente, que ce soient précisément ceux qui dénoncent les mensonges par lesquels on fait avaler au public des guerres d'agression travesties en interventions humanitaires, qui soient étiquetés « fascistes », alors que ceux qui battent sans scrupule aucun les tambours de guerre passent pour être « de gauche » et « progressistes ». C'est là le modèle général vendu une fois pour toutes par l'ensemble des media français, et les vrais intellectuels anti-impérialistes paient au prix fort leur intégrité, en faisant l'objet d'une véritable chasse aux sorcières qui s'acharne sans répit sur leur « hérésie ».

La censure exercée contre Jean Bricmont par l'establishment libéral dit « de gauche » est un signe de la direction profondément dangereuse qu'est en train de prendre la société française : la voie d'une nouvelle forme de totalitarisme, où la pensée critique est tuée par les platitudes, les slogans émasculés de sens et le jargon fumeux de la caste qui prétend dominer la pensée.

Le comportement inadmissible, malhonnête et odieux de la petite bourgeoisie pseudo de gauche conduira inéluctablement, s'il n'est combattu, à un dénouement sinistre de cette farce tragi-comique qu'est la France contemporaine.

Source :

http://www.globalresearch.ca/the-war-on-freedom-of-speech-frances-left-silences-anti-war-intellectuals/

Traduction de Catherine L. pour

Les Grosses Orchades...

Gearóid Ó Colmáin est un journaliste indépendant né à Cork, Irlande, qui vit actuellement à Paris. Il a été chroniqueur bilingue à Metro Eireann. Il collabore, sur cette même base, à Global Research et à Mondialisation, Canada. Il anime aussi son propre blog, Metro Gael, qui porte en exergue :

Sed assiduitate quotidiana et consuetudine occularum assuescunt animi ; neque admirantur, neque requirunt rationes earum rerum, quas semper videt.

Ce qui, pour Cicéron (De la nature des dieux) voulait dire à peu près :

« Parce que nous sommes accoutumés à voir quotidiennement certaines choses, nos esprits les acceptent et cessent de rechercher les causes de ce qui est constamment sous nos yeux. »

_______________

(1) Le parti de Jean-Luc Mélenchon est le Parti de Gauche, qui, avec d'autres formations, constitue le Front de Gauche. Un étranger, même résidant à Paris, peut s'y perdre.

 

 

 

*

 

En revanche, de plus en plus d'Américains sont contre

 

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Obama menacé de destitution

 

22 septembre 2012, Information Clearing House

 

Walter B. Jones, représentant républicain de la Caroline du Nord au Congrès des États-Unis, a donné le 21 septembre dans le local Rayburn B 318 de la Chambre, une conférence de presse portant sur la « Résolution 107 ».


Le représentant Jones était entouré d’un groupe composé d’officiers militaires à la retraite, de spécialistes de droit constitutionnel, et de membres du Congrès, pour évoquer ce texte de loi qui permet d'envoyer au président Obama une mise en garde de destitution, initiative actuellement assumée par onze personnalités.

Cette résolution bipartite, présentée en mars dernier, réaffirme le pouvoir du Congrès de déclarer la guerre, et stipule que tout Président qui passera outre ce pouvoir, sauf en cas d’attaque des États-Unis, encourra une procédure de destitution.


 

 

Les intervenants à cette conférence de presse incluaient :

Le représentant au Congrès pour la Caroline du Nord Walter B. Jone
s.


Bruce Fein, spécialiste en droit constitutionnel et en droit international, ancien procureur général adjoint sous le président Reagan, auteur de L’empire américain : avant la chute.

Le lieutenant-colonel Lawrence Wilkerson, ancien Chef d’Etat-Major à la retraite du Ministre des Affaires Etrangères Colin Powell (2002-2005)


Le lieutenant-colonel Anthony Shaffer, auteur de Opération Dark Heart, qui a révélé le programme d'étude de cas ( « data mining » ) du Pentagone connu sous le nom de Able Danger, et découvert deux cellules terroristes impliquées dans les attentats du 11/09.

A été lu également, au cours de cette conférence , un message de soutien de Joseph P. Hoar, Général à la retraite du corps des « marines », qui a servi comme Chef d’Etat-Major, puis comme Commandant en Chef du Central Command (Département de la Défense).

 

***

 

TEXTE DE LOI

RÉSOLUTION 107

112e Congrès (2011-2012)

2ème session

Le Congrès ayant déclaré que l’utilisation de la force offensive militaire par un Président, sans l’autorisation préalable et explicite d’une loi votée par le Congrès, constitue un crime capital et une forfaiture passibles de la destitution, selon l’article II, section 4, de la Constitution,

 

À LA CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS,

le 7 mars 2012,

M. Jones a présenté la résolution parlementaire suivante, qui a été envoyée pour examen à la Commission des questions judiciaires :

 

RÉSOLUTION PARLEMENTAIRE

 Le Congrès ayant déclaré que l’utilisation de la force offensive militaire par un Président, sans l’autorisation préalable et explicite d’une loi votée par le Congrès, constitue un crime capital et une forfaiture passibles de la destitution, selon l’article II, section 4 de la Constitution,

 

Et attendu que le principe fondamental de la République reconnaît au Congrès le pouvoir exclusif de déclarer la guerre, selon l’article 1, section 8, clause 11 de la Constitution,

la Chambre des Représentants (soutenue par le Sénat) a résolu , suivant la loi votée par le Congrès, que, hormis en cas d’attaque réelle ou imminente du territoire des Etats-Unis, l’utilisation de la force offensive militaire par un Président, sans l’autorisation préalable et explicite d’une loi votée par le Congrès, constitue une violation du pouvoir exclusif du Congrès de déclarer la guerre selon l’article 1, section 8, clause 11, de la Constitution, et par conséquent constitue un crime capital et une forfaiture passibles de destitution, selon l’article II, section 4 de la Constitution.

traduction Kahem pour

Les Grosses Orchades

Source : http://www.informationclearinghouse.info/article32528.htm

 

6. Same shit - 4078060041_cd6be6b5f8.jpg

                   

 

*


Les femmes aussi, les femmes surtout :


 


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Depuis qu'en 2008, nous avons soutenu leur Marche vers Gaza, les dames de CODEPINK, une association de femmes US contre les guerres, nous écrivent régulièrement, comme à tous leurs sympathisants, pour nous tenir informés de leurs initiatives et activités. À leur tête : Medea Benjamin, une petite bonne femme qui totalise à elle seule un nombre impressionnant de gardes à vue et de jets de poivre dans les yeux, mais que rien n'arrête, et qui vient de sortir un livre sur la courageuse guerre par drones téléguidés : Drone Warfare.8. Drone_small.jpg


 


Le 27 septembre dernier elle nous a écrit :

Chère Véronique, cher Michel, chère Catherine,

Alors que nous lançons une délégation pour la paix au Pakistan pour protester contre la guerre des drones menée par l'administration Obama, certains nous disent que, au vu des troubles occasionnés par le film détestable Innocence des Musulmans  (« Innocence of Muslims »), le moment est mal choisi. Nous n'envisageons pas les risques à la légère, mais nous pensons aussi qu'il est crucial (et précisément en ce moment) de montrer au monde musulman qu'il y a des Américains qui veulent des relations basées sur la paix et l'amitié, et non pas sur des insultes religieuses, des attaques de drones ou des occupations militaires.

 

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Nous serons au Pakistan du 28 septembre au 14 octobre afin de rencontrer des familles de victimes de drones, des avocats, des universitaires, des associations de femmes, des élus des principaux partis politiques pakistanais et des officiels américains. Le 7 octobre, nous nous joindrons à Imran Khan, un homme politique pakistanais, ainsi qu'à des victimes de drones, à des chefs tribaux et à des milliers de locaux, pour une marche pour la paix vers le Waziristan afin de protester contre les attaques de drones américains qui ont tué entre 2.500 et 3.330 personnes depuis 2004.

Dans la mesure où les USA ne procurent aucune assistance aux victimes innocentes, nous récoltons des fonds en faveur de leur rééducation, pour acheter des prothèses de jambes, notamment. Une des personnes que nous aiderons vit au nord du Waziristan. Il a 16 ans, s'appelle Sadaullah et a perdu un oeil et les deux jambes lors d'une attaque visant sa maison. « Je rêvais de devenir médecin, mais je ne peux même plus marcher pour aller à l'école. » a-t-il dit. Son histoire est racontée dans livre La guerre des drones, de Medea Benjamin. Nous essayons de récolter 5.000 $ pour aider les victimes. Cliquez ici pour faire un don.

Nous amènerons également des pétitions à l'ambassade des États-Unis à Islamabad ; assurez- vous que vous avez signé. Nous souhaitons fournir 5.000 signatures à l'ambassadeur. Pour l'instant, nous en avons 2.000. Aidez-nous à atteindre notre objectif.

Les 40 délégués américains ont entre 23 et 85 ans, sont originaires de nombreuses villes aux Etats-Unis, et représentent des étudiants, des écrivains, des médecins, des analystes politiques, des vétérans et des artistes. Ce qui nous lie, c'est la conviction que les attaques de drones sont immorales, illégales et contre-productives, et que nous devons être des « citoyens diplomates » incarnant des modèles de politiques que nous souhaitons voir appliquées par notre gouvernement. Pour en savoir plus sur la délégation, lisez le dernier article de Medea sur www.commondreams.org ainsi que Vivre avec les drones, un récent rapport détaillé écrit par l'Université de New York (NYU) et les écoles de droit de Stanford.

Aux États-Unis cette fois, des associations anti-guerre marqueront la date du 7 octobre, 12ème anniversaire de la guerre en Afghanistan, par des protestations dans tout le pays. Cliquez ici pour savoir où elles sont prévues, ou ajouter la vôtre. Vous pouvez aussi suivre notre délégation au Pakistan sur le site www.droneswatch.org.

10. Peace-with-Iran.jpg


Gardant l'espoir dans la paix

Medea Benjamin et Ann Wright



P.S. Aidez-nous à nous faire connaître dans le monde ! Faites circuler nos pétitions sur Twitter et Facebook.

 

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ADN : Lysistrata

 

Traduction Kahem pour

Les Grosses Orchades


*

Oui. Bon. Nous sommes en retard pour répercuter. Battons notre coulpe d'inefficaces de compétition ! Pour suivre leurs activités sans les carabiniers, c'est ici :

http://www.codepinkalert.org/article.php?list=type&type=3

 

 

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Quelques autres marques d’opposition US en images


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En mars 2011 déjà, à propos de l'attaque de la Libye, Dennis Kucinich, sénateur de l'Ohio et seul membre du Congrès qu'Israël n'ait pu acheter avait réclamé la destitution du président.

 

11. Obama - all options - latuff 450514.jpg

13. obama-coward-never-served.jpg

14. obamathemightywarrior.jpg

15. obama-warmonger-nazi.jpg

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18. obama_hypocrite.jpg

19. Obama-as-warmonger anunews net.jpg

 American Buddhist Journal

 

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24. Obama - cockburn-1242742349876545001.jpg

25. obama-war-monger.jpg

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Alice à la Tea Party des va-t-en guerre...

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... qui n'y avait pas vu la Reine Rouge

 

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Même les Suisses ! (Dessin de Chappatte pour Le Temps)

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Les Brésiliens en 2010

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Les mêmes en 2012, car rien n'a changé.

 

OUPS ! On avait dit pas de bombinette... Oh, et puis tant pis après tout:


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It's a (nuclear) duck !


 

*

Manifestations spontanées en Turquie contre la guerre avec la Syrie

 

principalement à Istanbul, mais aussi à Izmir (c'est Smyrne, non?), Mersin, Eskişehir et d'autres villes turques. « Plusieurs centaines de manifestants », annonce la bouche en coeur la spikerine d'AFP. Autant dire quelques zozos pathétiques... Ah, que deviendrait-on si on ne les avait pas pour nous informer ? Les jamais contents iront quand même jeter un oeil sur Dazibaoueb :

 

Istanbul : des milliers de manifestants contre la guerre avec la Syrie

 

L'armée turque vient à peine de marteler les positions de l'armée syrienne proches de la frontière que les forces politiques et sociales opposées à l'aventurisme militaire de M. Erdogan sont descendues avant-hier (4 octobre, NDLR) dans les rues d'Istanbul pour manifester leur opposition à la guerre à la Syrie. Le rassemblement avait commencé par agréger le matin des dizaines de personnes près du Parlement à Ankara. Un rassemblement qui a grossi à vue d’œil.

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33. manifestation-anti-guerre-istanbul1.jpg

 

34. Turquie -.jpg

Mais à quoi pensent-ils ces Zuniens et ces Turcs ?

 

Nous sommes allés voir chez le Canard Enchaîné, feuille fondée pendant et contre la Première Guerre Mondiale par le farouche anti-militariste Maurice Maréchal, et réputée politiquement indépendante car ne vivant que de ses ventes : rien. nada de nada. Tous à la Tea Party d'Alice ! La liberté de la presse, effectivement, s'use quand on ne s'en sert pas.

Chez Charlie-Hebdo alors ? Ren de ren. Tous à la chasse au rouge-brun avec soeur Ornella et les copains d'Avaaz.

De ce côté-ci du Quiévrain ? Rien vu, mais nous achetons peu les gazettes. Vous avez des tuyaux, vous ?

 

*

Un moment d'entr'acte pour respirer. Et pour déballer un petit cadeau d'anniversaire à Vladimir Poutine, d'un qui n'a même pas voté pour lui.

 

Israël Shamir revient sur les Pussy Riot :


Les Pussies Riot contre Poutine: une action concertée de Londres jusqu'à Moscou

par Israël Adam Shamir

Le Morning Star www.morningstaronline.co.uk ayant voulu republier l'article de Shamir sur les Pussy Riots, "mégères non apprivoisées" s'est vu vivement sommé de retirer l'article, et s'est exécuté illico. Shamir ne voit là rien d'étonnant, et il explique ce qui s'est passé.

Voici le paragraphe qui n'a pas plu du tout à certains :

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Mais il revient aussi sur Pol Pot... et pendant qu'il y est, sur Staline, sur Lénine, sur Mao et sur Robespierre. Que dis-je ? Il revient même sur Godard ! On ne sait pas ce qu'en pense Vladimir Poutine, mais nous, on aime. Leçons de politique à la Shamir.

 

Pol Pot revu et corrigé

par Israel Shamir

En ce moment, à la saison des moussons, le Cambodge est verdoyant, frais et paisible. les rizières au flanc des collines basses sont inondées, les forêts qui abritent de vieux temples sont impénétrables, la mer violente repousse les nageurs. C'est bien agréable pour revisiter ce modeste pays: le Cambodge n'est pas surpeuplé, et les Cambodgiens ne sont pas des gens âpres au gain, ils sont apaisés. Ils pêchent la crevette, le calamar, tout ce qu'offre la mer, et Ils cultivent du riz sans herbicides, repiqué et récolté à la main. Ils en produisent assez pour eux-mêmes, et en exportent aussi; bref, ce n'est pas le paradis, mais le pays s'en sort.

Lire la suite...

 

 *

Nous avions, ici, regretté la démission de René Balme et le sabordage d'Oulala.

Une nouvelle qui nous a fait drôlement plaisir : Oulala revient.

Et de Oulala.net devient Oulala.info. René Balme vous explique :

 

Oulala, le retour !

7 OCTOBRE 2012 À 11 H 28 MIN /

On vous l’avait annoncé. Un retour triomphant, amusant, décalé, offensif… Et prière d’éviter de nous les briser menu. On a autre chose à faire chez Oulala que de lire les rengaines d’Ornélla Guyet et de celles et ceux qui lui indiquent le chemin à défaut de lui tenir la plume ou le clavier.

Lire, regarder, écouter la suite...


 *


Enfin votre servante avait quelque chose à dire à quelqu'un. Sur la guerre aussi, sans quoi ce serait outrecuidant.

 

Lettre à Ariane WALTER


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Chère Ariane,

que je ne connais pas

et qui ne me connaissez pas non plus,

Je vous lis depuis quelque temps avec bien du plaisir, mais vous me faites peur. Je vous vois vous avancer en gambadant sur votre fil au-dessus du vide et je me dis, mondieu mais elle va se casser la figure !

Certes, vous êtes majeure et vaccinée, ce que vous faites de votre vie vous regarde. Cependant... quand on écrit dans les gazettes (ou sur Internet, c'est pareil), cela vous colle des responsabilités. En particulier à l'égard des gens très jeunes que des malintentionnés ont savamment désarmés, avant de les jeter dans une marmite infâme d'oppression, d'injustices et de tromperies de toutes sortes. Quand on se respecte à peu près, on leur doit la vérité. Qui ne coûte rien qu'un peu de lucidité, de courage et de générosité. De courage, vous ne manquez pas, de générosité, vous débordez. Pour la lucidité, c'est autre chose.

 Vous avez pris feu en mars dernier pour « la Révolution à portée de  main » et vous tentez de communiquer à vos compatriotes votre enthousiasme, qui est rafraîchissant, votre énergie, qui est impressionnante, et vos certitudes. Vous le faites au nom de Robespierre et de Mélenchon. Il n'y a pas de mal à aimer les gens, et tout personnage un peu populaire, surtout en politique, a ses cheer leaders. Robespierre aussi en son temps a eu les siens. Mais la ressemblance entre vos deux grands hommes s'arrête là. M. Mélenchon, certes, se réclame de l'Incorruptible, mais il ne va pas jusqu'à l'imiter. Or, un homme, voyez-vous, n'est pas ce qu'il dit qu'il est ; il est ce qu'il fait.

Que fait M. Mélenchon ? Il parle bien et il prend, verbalement, un certain nombre de positions politiques, sur toutes sortes de sujets, dont la guerre, qui nous occupe aujourd'hui, justement, sur Les Grosses Orchades. C'est la raison de cette bafouille.

M. Mélenchon a reçu des dieux (ou du diable) le don d'éloquence. Il possède le secret dangereux de galvaniser les foules. Hitler aussi l'avait. Et Mussolini. Et Juan Peron. Pour n'en citer que trois. Tous socialistes. Et Robespierre, donc ! Il faut dire que le dernier quart du XVIIIe siècle fut faste en orateurs. Il suffit de les lire, quels qu'aient été leurs camps. Tous orateurs-nés, et en outre, maniant tous la même rhétorique. Mais entre eux, quand même, une différence nette : il y avait ceux qui parlaient pour se faire comprendre et ceux qui parlaient pour, surtout, n'être pas compris, sous peine de se faire écharper séance tenante. C'est, je le crains, à cette catégorie qu'appartient M. Mélenchon. Le fameux discours du 18 mars, que vous avez retranscrit avec tant de dévotion, est le discours d'un parfait démagogue occupé à ratisser large. Il faut être bien jeune, bien naïf ou bien neuf en politique pour ne pas s'en apercevoir.

Un démagogue est quelqu'un qui dit aux gens ce qu'ils ont envie d'entendre, qui chauffe à blanc leurs fantasmes et qui les saoûle de lendemains qui ne peuvent que chanter, au lieu de leur dire la vérité. Qu'il leur doit. On ne ment pas au peuple. Ni par stratégie ni pour aucune autre raison. « Seule la vérité est révolutionnaire. »

Tout ce que préconise M. Mélenchon – qu'il va jusqu'à promettre – il ne pourra le réaliser ou le pérenniser dans le cas de ce qui a été fait par d'autres, et il le sait. Donc il ment. Il ment aussi par omission, se gardant bien d'annoncer en même temps la couleur de ses prises de positions en politique extérieure. Et là , il y a carrément comme un crime. Croyez-vous qu'on puisse passer là-dessus au nom du reste ? Croyez-vous que la politique intérieure et la politique extérieure ne soient pas indissociables, attachées serré comme des siamoises ? La République est Une et Indivisible . La Révolution ne se morcelle pas. La morale publique moins encore.

Dans sa biographie de Robespierre, Gérard Walter (un aïeul à vous?) a écrit ceci :

« Mais, chose qui pèsera d'une honte éternelle sur la mémoire des législateurs montagnards de 1793, aucun des cinq articles de Robespierre qui avaient proclamé la solidarité internationale des peuples de la terre n'a été jugé digne de figurer dans leurs Déclaration des droits de l'homme. »

Ils ne sont pas cinq, ils sont quatre, et bien suffisants. Les voilà :

Article 35 – Les hommes de tous les pays sont frères, et les différents peuples doivent s'entraider selon leur pouvoir comme les citoyens du même état.

Article 36 – Celui qui opprime une seule nation se déclare l'ennemi de toutes.

Article 37 – Ceux qui font la guerre à un peuple pour arrêter les progrès de la liberté et anéantir les droits de l'homme, doivent être poursuivis par tous, non comme des ennemis ordinaires, mais comme des assassins et comme des brigands rebelles.

Article 38 – Les rois, les aristocrates, les tyrans, quels qu'ils soient, sont des esclaves révoltés contre le souverain de la terre qui est le genre humain, et contre le législateur de l'univers qui est la nature.

En s'alignant sur le PS, c'est-à-dire sur l'OTAN, c'est-à-dire sur des assassins et des brigands rebelles, en Libye, puis en Syrie, en soutenant les provocatrices à gages Pussy Riots, Jean-Luc Mélenchon piétine ces principes, il les bafoue, il se conduit comme un complice des Coalisés de 93, comme un traître à la République. C'est ce qu'on pourrait appeler le syndrome d'Anacharsis Cloots, vous savez, ce banquier prussien élu représentant du peuple français, qui écrivait de si belles choses, en rajoutant toujours sur tout le monde en gauchisme pur et dur, et toujours s'alignant sur la pire des réactions dès qu'il fallait passer aux actes.

Ariane, c'est si sérieux que c'est rédhibitoire. Je ne vous écris pas tout ça pour le plaisir de vous chagriner ou de dénigrer M. Mélenchon. Il n'est pas le seul de sa sorte et nous n'avons pas eu depuis cent ans, en Europe de l'Ouest, un seul homme politique qui fût révolutionnaire. Ni au PS, ni au PC ni ailleurs. Votre pays a eu deux hommes politiques de qualité depuis la mort de Jaurès : Pierre Mendès-France et Coluche. Le premier, qui n'était pas un révolutionnaire a fait de la politique avec rigueur et probité. Le second n'était même pas du « métier », c'était un comique. Mais ce que cet homme sorti du peuple a enseigné par le rire était terriblement sérieux. Il y a des chances qu'il en soit mort. Le peuple a feint de croire qu'on voulait seulement l'amuser, parce qu'il n'avait pas envie de faire ce qui, logiquement, devenait de son ressort. Par paresse ? Égoïsme? Indifférence ? Veulerie ? Parce qu'il avait, si peu que ce soit, quelque chose à perdre ? Un peu de tout cela, mais il ne pourra jamais dire qu'on l'a égaré, qu'il ne savait pas, même après avoir entendu, et cru, M. Mélenchon. Il aurait su bien avant s'il avait voulu, et si M. Mélenchon réussit à l'égarer, ce sera sa propre faute.

En fait de héros, nous n'avons eu, en Europe, et depuis très très très longtemps, que la bande à Baader et les gens d'Action Directe, lesquels ont certes commis quelques actes réprouvés par le Décalogue (mais veut-on des révolutions sans révolution ?). Ils ont payé et paient encore pour les plus chanceux d'un prix exorbitant leur altruisme et leur héroïsme, dans l'indifférence opiniâtre, massive et générale de soixante millions de personnes rien que dans l'Hexagone. Je ne dis rien de Georges Ibrahim Abdallah (c'est qui ?), mais enfin, si M. Mélenchon avait eu en lui la moitié du quart de ce que vous en espérez, il y a longtemps qu'il aurait retroussé ses manches pour essayer de les sortir des geôles ou au moins gueuler au charron. Danielle Mitterrand l'a fait, toute seule et sans pouvoir, donc sans résultat... pour les héros de l'étranger lointain, pas pour les nôtres, mais ce n'est pas à elle qu'il faut le reprocher.

Il y a des années, j'ai failli espérer, moi aussi, en M. Mélenchon, me disant mais quand donc va-t-il sortir du PS, il attend qu'il soit trop tard ou quoi ? Eh bien, voilà, il a fini par en sortir, mais en fait il y est toujours. Il en est toujours. Il a, comme d'autres, des sortes de circonstances atténuantes, si on peut parler ainsi quand on n'a le droit de juger personne. C'est que quiconque appartient à une grande formation ou à une formation tout court y trouve les moyens de faire carrière : une structure, une bureaucratie, un soutien logistique, une caisse de résonance. Ce qu'il dit est entendu d'un grand nombre, à condition qu'il dise non pas ce qu'il pense mais ce qui est jugé bon pour la formation. S'il veut secouer le joug et en sortir, il le peut, au prix de n'être plus rien du jour au lendemain, car personne ne l'entendra : plus de plate-forme, plus de porte-voix, plus de relais dans tous les media. Au contraire, la formation s'arrangera pour que son discours hérétique soit étouffé. Seule une forte assise populaire pourrait le porter jusqu'à un point de quelconque utilité. C'est ce qu'ont trouvé dans leurs peuples, les Castro, les Chavez, les Moralès, les Correa. C'est ce qu'aucun Européen n'a trouvé jusqu'ici sauf Vladimir Poutine. Les hommes comme Jean-Luc Mélenchon se décarcassent donc à faire retomber, faute de mieux, sur leurs peuples-clients, les miettes des rapines opérées sur d'autres peuples, miettes qui déshonorent ceux qui les reçoivent et leur servent, bien sûr, de chaînes. On ne fait pas des révolutions avec des gens qui ont quelque chose à perdre, moins encore avec des consommateurs. D'où les prises de positions indéfendables de ce qui n'est pas une classe mais du personnel politique, contre l'Irak, l'Afghanistan, la Libye et maintenant contre la Syrie, pour ne rien dire de la Palestine et de tant de pays d'Afrique, contre tous les damnés de la terre à l'écrasement perpétuel de qui nous devons nos machines à laver.

Chère Ariane, quand vous vous apercevrez que vous avez été flouée, s'il vous plaît n’allez pas vous pendre, ne cédez pas non plus au cynisme ou au nihilisme, et surtout ne jetez pas Robespierre avec l'eau sale du bain de « la gôche ». Robespierre, ce n'est pas du tout pareil. Là, l'exemple est frais comme un oeuf du jour. Indestructible. Intangible. Incorruptible. Inaliénable. Intact. Du roc. Vous pouvez danser dessus.

Catherine

 

Articles d'Ariane WALTER :

Sur Le Grand Soir

http://www.legrandsoir.info/petain-de-hollande.html

http://www.legrandsoir.info/victoire-de-chavez.html

http://www.legrandsoir.info/le-non-de-gaby-charroux-fdg-a...

http://www.legrandsoir.info/chaos-dans-la-nuit-de-madrid....

http://www.legrandsoir.info/sodimedical-n-avait-pas-les-s...

http://www.legrandsoir.info/dans-les-cris-du-volcan-disco...bastille.htm

http://www.legrandsoir.info/socialistes-on-vous-hait.html

Sur Agoravox

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-union-euro...

(Là, elle m'a ôté les Ha ! Ha ! de la bouche.)

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/trierweiler-...

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/tscg-requiem...

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/peuples-d-eu...

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/melenchon-au...


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 37. LIVRES - M. AYMÉ.gif



 





LIVRES

 

 

Notre livre d'aujourd'hui, vous aurez du mal à le trouver chez les marchands de papier, et même chez les vrais libraires, voire chez les bouquinistes. Rien à voir avec l'actualité commerciale, mais d'actualité sans aucun doute.

 

38. Aymé - Du côté de chez Marianne 9782070717354.jpg



Marcel AYMÉ

DU CÔTÉ DE CHEZ MARIANNE

Paris, Gallimard, 1989

 


De quoi s'agit-il ? D'un recueil d'articles des années 30. Plus précisément des années 1933 à 1937, celles de l'irrésistée montée du nazisme. 

En bref, les éditions Gallimard, pour concurrencer les deux grandes revues politico-littéraires de l'époque, Gringoire et Candide, qui étaient de droite, ont eu l'idée d'en fonder une, plus ou moins de gauche : Marianne. Elles en ont confié la rédaction en chef à Emmanuel Berl, qui avait fréquenté Louis Aragon, les surréalistes et quelques autres – Drieu la Rochelle par exemple – et qui a eu l'idée de confier une rubrique à Marcel Aymé, dont il avait fort apprécié La jument verte.

Du 22 mars 1933 au 12 mai 1937, Marcel Aymé allait donc publier, dans Marianne, des articles de 2 à 3 pages, sur des sujets d'actualité. Il s'y révèle non seulement ce qu'on savait qu'il est, un des plus grands auteurs du XXe siècle, mais également moraliste, et prophète. 

Les deux que nous vous offrons ici traitent, l'un, de la nature du communisme, ou si on veut, des buts réels de la gauche en général, l'autre, de la guerre. Le premier a été écrit au lendemain de l'assassinat du roi de Yougoslavie et du ministre Barthou à Marseille. Le second est une réponse à ses amis de gauche, qui lui reprochaient d'avoir signé une pétition de droite, contre une entrée en guerre de la France... en Abyssinie (pour y combattre Mussolini), alors que Mussolini faisait la guerre à l'Espagne – autant dire à leurs portes - sans que personne à gauche ou à droite songe à l'aller combattre (à l'exception des brigades internationales bien sûr, et, par la plume, François Mauriac et Bernanos).

Quand on vous dit que c'est d'actualité.

 

CHIENS ÉCRASÉS

Marcel AYMÉ

                                                                      

17 octobre 1934

Le jour de la tuerie de Marseille (1), vingt-neuf mineurs ont péri au fond d’une mine de pyrite, à Saint-Pierre-la-Palud. Ils n’ont pas eu de chance, leur mort n’a pas fait grand bruit. Bloqués au fond d’une galerie en feu, à cent soixante-dix mètres de profondeur, ils ont souffert pour mourir. Trois compagnons de travail, descendus dans la mine pour leur porter secours, sont morts aussi. Les femmes attendaient à l’entrée du puits, soutenues par l’espoir d’embrasser les cadavres. Tout ça n’a pas fait grand bruit. L’assassinat d’un souverain et d’un ministre a soulevé une vive émotion parce qu’on ne l’attendait pas et qu’on ne le voulait pas. Mais la mort d’une poignée de mineurs, on s’y attend à chaque instant, et l’on y consent bien volontiers. Elle ne révolte personne, peut-être même pas les familles des victimes. Hier à Cognac, aujourd’hui à Saint-Pierre-la-Palud, demain dans la Ruhr ou en Angleterre, c’est une aventure banale dont nous sommes tous complices, sur laquelle nous fermons les yeux avec complaisance. Il faut bien qu’il en soit ainsi, puisqu’il existe des mines et qu’on n’envisage pas de les supprimer. Il paraît que c’est une nécessité qu’il convient d’accepter avec tous les risques de mort qu’elle comporte. Les journaux les plus avancés, ceux qui travaillent de bonne foi à améliorer les conditions des ouvriers, parlent souvent de la sécurité des mineurs et réclament d’utiles précautions. Mais à L’Humanité ou au Populaire,pas plus que dans les conseils d’administration des trusts miniers, il n’est question d’abandonner l’exploitation des mines. Pourtant, un abandon progressif n’a rien d’utopique, au moins pour les mines de charbon où les catastrophes sont les plus fréquentes. Il ne manque pas d’autres sources d’énergie pour y suppléer. Ce serait sans doute une commodité de moins pour l’industrie, un clavier bloqué pour les gammes du travail en série, et c’est assez pour que les amis déclarés du prolétariat se défendent d’y songer. Car la grande affaire n’est pas l’homme, mais l’industrie. Autrement, quel besoin y aurait-il de faire descendre des êtres dans des trous pour y crever ou y mener une existence de taupe ? L’existence de milliers d’années pendant lesquelles on se passa de charbon prouve que le bonheur de l’humanité n’y est pas attaché et qu’on peut très bien vivre sans ça.

Les amis du progrès social sont des artistes qui se plaisent à jouer la difficulté, mais ce ne sont pas des révolutionnaires. Ils savent que l’industrie a fait surgir un prolétariat, qu’il n’y aurait pas de mineurs sans mines, mais ils n’ont en tête que de perfectionner l’industrie et améliorer les puits de mine. Ils ne sont révolutionnaires qu’en apparence. Leur rêve le plus cher est de conserver, de mettre de l’ordre dans un monde baroque, né des appétits du capitalisme. Tous leurs efforts d’imagination ne peuvent les transporter en dehors de ce monde sordide, sale de suie et de charbon, où la perfection  ne devra rien au caprice, à l’humeur de l’homme. Ils renoncent à Satan, mais non pas à ses pompes et à ses œuvres. Ils ne veulent la mort du bourgeois que pour s’emparer de son chapeau melon. Révolutionnaires pour faire peur, qui entendent ne rien révolutionner. Étant donné un bourbier, le problème consiste pour eux à s’en accommoder ; étant donné un puits de mine, à y faire mourir le moins d’hommes possible. C’est sûrement bien mieux que rien. Ce n’est même pas mal, et l’on aurait mauvaise grâce à se plaindre. On ne peut leur demander de dire : « J'efface tout et je recommence », qui serait autant dire comme : « Revenons en arrière. » On ne peut pas aller contre une certaine façon de parler. Aussi bien, que deviendrait ce rêve de cabinet, cette glorieuse et reposante conception du progrès à sens unique ? Aujourd’hui, l’on s’accorde encore à penser que la mort de trente-deux mineurs est presque une catastrophe. Peut-être même y a-t-il des personnes sensibles qui en souffrent, des administrateurs rongés par le remords. Quand l’industrie sera parvenue au plus haut degré de la perfection et que les puits seront aménagés aussi bien qu’ils peuvent l’être, il n’y aura plus de catastrophe ; la mort de trente-deux mineurs sera un phénomène régulier, prévu par les normes et les minima, le sacrifice rituel qui apaisera les exigences de la statistique.

Les enfants et les veuves des victimes de Saint-Pierre-la-Palud sont moins malheureux qu’il ne semble : ils ont encore le droit de pleurer sans être ridicules.

_____________________

(1)  Alexandre Ier de Yougoslavie fut assassiné à Marseille le 9 octobre 1934 par des terroristes croates. Le ministre français Barthou, qui l’accompagnait, périt également dans l’attentat.


Ce que Marcel Aymé avait compris des communistes, et qu'il ne leur reproche même pas, c'est l'imposture de s'être fait passer pour des révolutionnaires, ce qu'ils n'ont jamais ambitionné d'être, mais qu'ils ont laissé croire, à leurs adhérents d'abord, pour en avoir, aux ennemis de classe ensuite, lesquels ne les ont jamais crus mais ont très bien fait semblant, d'où la Guerre Froide à sens unique, la Perestroika et tout le reste. Trop tard pour pleurer.




   UNE SIGNATURE(1)

Marcel AYMÉ


16 octobre 1935

Je suis un renégat, un écrivain en saindoux, un porte-plume à tout faire. Au lieu de prendre du galon parmi les intellectuels de gauche en réclamant des sanctions contre l'Italie, j'ai signé un manifeste de droite, et même d'extrême-droite, qui s'insurgeait contre des mesures propres à nous entraîner, de l'aveu de leurs plus zélés partisans, dans une guerre de droit. Entre la paix européenne et une guerre sanglante à la guerre, j'ai choisi sans hésiter. C'est ma conviction qu'il faut être un fou de l'espèce furieuse pour vouloir s'embringuer, quels que soient ls torts de l'Italie, dans une guerre de principes. Je suis stupéfait de l'empressement des intellectuels de gauche à donner leur accord aux lords de l'Amirauté, nous signifiant, par la voie hiérarchique dont ils disposent (et disposent absolument), d'avoir à mettre sac au dos. Voilà, en gros, ce qui m'a conduit à signer un manifeste dont tous les termes ne me conviennent pas, il s'en faut, mais qui renferme l'essentiel : pas de guerre. Certes, j'aurais souhaité, pour une manifestation de ce genre, me trouver en autre compagnie que celle d'archevêques et d'académiciens. C'est un monde avec lequel je ne suis pas précisément familiarisé, et je me sens quelque peu gêné par le voisinage de cette vieillesse dorée. Tant pis. Si j'avais eu le choix, j'aurais pu ménager ma coquetterie à cet égard, mais j'ai vainement attendu une résolution des écrivains de gauche en faveur de la paix. Un Jules Romains(2), par exemple, semblait tout désigné pour prendre l'initiative d'une pareille tâche. Nombre d'intellectuels de gauche, qui craindraient de passer pour des suppôts de la réaction en donnant, comme moi, leur signature à un manifeste de droite, sont tout prêts à bêler pour la bonne cause sous la conduite d'un berger bon teint. Pour ma part, j'en connais plus d'un. Mais Jules Romains entend que les hommes de bonne volonté fassent leurs preuves jusqu'au sang. C'est très regrettable.

Depuis un an, des intellectuels français mettent toute leur fierté à être des gens disciplinés et briguent des bons points pour l'exactitude à l'obéissance. De plus en plus, les chefs d'école font place aux chefs de section et, bientôt, on connaîtra un bon écrivain à sa science du pas cadencé. Déjà, il paraît qu'on ne peut plus, quand on a donné ses sympathies à une idée, s'en désolidariser sur un seul point sans la rejeter tout entière.

Le jour où ma signature a paru sous le manifeste en question, j'ai senti peser sur moi la réprobation de mes confrères de gauche. Il était clair qu'à leurs yeux, je m'étais déshonoré. Ceux-là mêmes qui entraient dans mes raisons secouaient la tête avec accablement pour me signifier qu'on ne collabore pas avec un réactionnaire, quand même il s'agit de sauver un noyé. Dans la rue, j'ai rencontré un groupe d'écrivains « sanctionnistes » et jusqu'au-boutistes qui marchaient comme dans des bottes. L'un d'eux m'a arrêté en me demandant s'il était vrai que j'eusse signé « cette saloperie » ? J'ai essayé de lui expliquer ma détermination, mais sans réussir à me faire entendre. J'étais vaincu d'avance. On voyait bien qu mon âme ne chantait pas dans les clairons d'airain. J'en arrivais à me demander si mon interpellateur n'était pas dans le vrai, et à penser qu'après tout, le sang des soldats français n'était peut-être que du pissat de cheval en comparaison du noble sang abyssin. J'ai eu la tentation de faire amende honorable et de crier « force à la loi ! » avec cette exaltation girondine qui va si bien au cheveu et qui mouille d'une adorable rosée les yeux des jeunes femmes sensibles.

Le lendemain, j'apprenais une grande nouvelle : la C.G.T. du Mexique exigeait des sanctions contre l'Italie. Et, ma foi, on ne pouvait dire qu'en cette affaire, son désintéressement fût profond.


P.S. Le jour où l'Allemagne envahira Memel(3), je signerai le manifeste de gauche pour la non-intervention.

__________________

(1) Cet article fut précédé d'un chapeau dû à la rédaction de Marianne ainsi rédigé : « Marcel Aymé a accordé sa signature à un manifeste que Marianne réprouve de toutes ses forces – les protestations que ce geste a provoquées autour de Marcel Aymé incitent celui-ci à expliquer son attitude. »

(2) Dont Les Hommes de bonne volonté étaient en cours de publication (1932 à 1947).

(3) Port de la Baltique, actuellement soviétique sous le nom de Klaipeda.



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GAZETTES

 

 BELGIKISTAN ÜBER ALLES

 

39. Votez Sugus 79960785_p.jpg

Ce 14 octobre, on vote en Belgique

Le trimestriel El Batia Moûrt Soû (« Le Bateau Ivre ») qui mouille du côté de La Louvière, dans le Hainaut, sort son numéro 68, spécial « c’est pourquoi au juste qu’on vote ». En vente chez les marchands de journaux au prix de 2 Euros.

Achtung ! Les AMP (Agences et Messageries de la Presse) lui donnent une avant-dernière chance avec une distribution de 3000 exemplaires sur toute la Belgique  (on le trouve aussi dans le Nord de la France), mais pour maintenir cette diffusion, il faut que vous leur en achetiez au moins 1500 exemplaires, sinon bernique.

Ce n° de 20 pages dont 12 en couleurs contient de nombreux dessins entre autres de Giemsi, Sergio, Flavien, Decressac, Lisette Delooz... et textes de Noël Godin, Florian Houdart, la Bruxellôse, le Galopin d’André Stas, Théophile de Giraud, Henin Liétart, Serge Deruette, Olivier Doiseau, Dr Litchic ... « Au Cabaret des Âmes », la chanteuse rare Fanchon Daemers tient chronique de chansons populaires et autres : c’est délectable et savant.

Soutenez Le Bateau Ivre en vous jetant dessus. Faites-en cadeau à vos amis (et à vos ennemis, ne soyez pas sectaires).

 

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Mis en ligne avec la célérité de rigueur

du 7 au 14 octobre 2012, par Catherine L.





 

28/09/2012

Aux sources du chaos mondial actuel - 2 - XIII.

 

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Aline de Dieguez

 

AUX SOURCES DU CHAOS MONDIAL ACTUEL

" La chose la plus difficile au monde est de suivre à la trace n'importe quelle idée jusqu'à sa source. " ( Edward Mandell HOUSE )

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2ème Partie

Aux sources du sionisme

Chapitre XIII

XIII - Et les Kazars entrèrent dans l'histoire … 

1 - Un tremblement de terre géopolitique 


2 - Petit rappel démographique


3 - Pourquoi les Juifs se sont détournés de la Palestine entre le IVe et le XXe siècle 


4 - La Palestine avant le sionisme 


5 - Les vagues migratoires successives à partir de la naissance du mouvement sioniste 


6 - Et les Kazars entrèrent dans l'histoire

7 – Comment le Talmud devint le fil d'Ariane qui conduisit au sionisme. 


 

1- Un tremblement de terre géopolitique

Impossible de ne pas voir que la transplantation en plein cœur d'un monde majoritairement arabo-musulman d'une population hétérogène, aussi bien ethniquement que sociologiquement, demeure le pivot autour duquel tourne l'histoire du monde depuis le milieu du XXe siècle.

Unis par un contenu commun des cervelles remplies à ras bords de mythes et de songes élaborés en des temps lointains durant lesquels chaque ethnie se plaçait sous la protection de sa divinité personnelle, des groupes d'immigrants fanatisés issus des quatre coins de la machine ronde, mais se réclamant néanmoins d'ancêtres communs, et soutenus par des Etats aveugles aux conséquences géopolitiques de leurs décisions, se sont déversés en vagues successives sur un territoire déjà abondamment peuplé.

 

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 Arrivée de juifs européens à d'Haifa. 1950

Un tremblement de terre géopolitique d'une intensité telle en est résulté que les répliques qui affectent la politique internationale n'ont plus cessé depuis lors d'ébranler non seulement tous les Etats du bassin de la Méditerranée, mais la quasi-totalité de la planète. En effet, ces humains-là se déclarent eux-mêmes si profondément différents et si allogènes au reste de l'humanité, qu'ils éprouvent un besoin incoercible de ne vivre qu'entre eux et de chasser du territoire qu'ils ont investi les représentants d'autres variétés d'humains lorsqu'ils sont les plus nombreux - et donc, détiennent le pouvoir. Ils refusent vigoureusement toute forme d'assimilation au groupe chez lequel ils se sont installés lorsqu'ils sont minoritaires, tout en exigeant haut et fort de bénéficier des droits universels des sociétés-hôtes.

Comme l'écrit François Fejtö, écrivain juif hongrois, dans son ouvrage Dieu et son Juif : " Ce n'est pas l'antisémitisme qui a crée le Juif. A l'origine se trouve le Juif, peuple élu, prototype des nations nationalistes, expansives, xénophobes, intransigeantes et dont l'orgueil, l'auto-affirmation fervente ont survécu aux désastres de l'Etat et se prolongent à travers les siècles d'exil jusqu'à la résurgence sioniste et à la naissance d'Israël ." (Ed. Grasset 1960, p.32)

Voir - 12 - Petite généalogie du ghetto appelé Israël, 29 juin2012

2 - Petit rappel démographique

La destruction de Jérusalem et de son temple par les légions romaines avait porté un coup très rude à la présence juive en Palestine. La Judée était dépeuplée, mais d'innombrables et prospères communautés juives étaient présentes dans toutes les provinces et les villes de l'empire romain et notamment en son centre, à Rome.

Durant deux millénaires, les communautés juives ont donc prospéré dans la quasi totalité des pays d'Europe occidentale et orientale, ainsi que dans toutes les provinces du bassin de la Méditerranée… sauf en Palestine. La Palestine est le seul endroit de la terre que les Juifs boudaient. Jacques Attali nous en donnera la raison ci-dessous.

En effet, depuis le règne de l'empereur Julien, dit l'Apostat, les Juifs s'étaient détournés de la Palestine et n'avaient plus le moindre désir d'y retourner Cependant, une faible présence juive s'était malgré tout maintenue dans la région depuis l'antiquité. Il semble que cette catégorie, connue sous le nom de Yichouf ancien, ne représente pratiquement plus personne aujourd'hui. Les démographes de l'actuel Etat hébreu n'ont trouvé qu'une seule famille, les Zinati de Pek'in, qui aurait résidé en Palestine sans aucune interruption depuis l'antiquité.

2 - ancien_yichouv1895.jpg

 Juifs de l'ancien Yichouv, Jérusalem 1895

Jusqu'en 1880, c'est-à-dire jusqu'à la naissance du sionisme, seuls de petits groupes d'étude et de prières, en général sépharades et plutôt pauvres, étaient installés à Tibériade, Safed, Jérusalem ou Hébron et vivaient misérablement de l'argent envoyé par les Juifs de l'étranger. A partir du XVe siècle, quelques communautés exclusivement religieuses composées de groupes expulsés d'Espagne et du Portugal s'étaient également installées en Palestine. Hier comme aujourd'hui, leurs prières étaient censées hâter la venue du Messie et le soutien financier des juifs de la dispersion représentait une sorte de placement commercial dans un système d'échange gagnant gagnant, puisqu'il était prévu que le Messie attendu rétablirait le mythique royaume de David, d'autant plus glorieux qu'il n'a jamais existé que dans l'imagination des rédacteurs de la fiction sacrée. Ce royaume à venir comblerait les Juifs de toutes les richesses de la planète.

3 - Pourquoi les Juifs se sont détournés de la Palestine entre le IVe et le XXe siècle

A partir du moment où, vers le VIIIe siècle, les Etats européens se sont constitués peu à peu en nations régies par la doctrine et la morale du catholicisme, les communautés juives, qui niaient la divinité du Christ, se sont trouvées en situation d'ennemis de l'ordre social né du triomphe de l'Eglise catholique, c'est-à-dire universelle, face à l'étroit particularisme juif.

Mais cette situation de paria social n'avait pas que des inconvénients. Elle produisit des conséquences particulièrement favorables aux Juifs sur le plan économique. En effet, comme je l'ai développé dans le texte précédent les communautés dispersées, unies par un lien religieux puissant et des règles sociales impérieuses, demeuraient en rapports constants avec un centre, dirigé par un exilarque (gaon) dont le lieu de résidence a varié selon l'influence exercée par ce groupe humain dans telle ou telle région du monde. Après avoir été localisé en Babylonie jusqu'à la naissance de l'islam, le centre s'est déplacé en Espagne, puis en Pologne.

Voir - 12 - Petite généalogie du ghetto appelé Israël, 29 juin2012

Devenus d'habiles commerçants dans la prospère province mésopotamienne, leur dispersion, l'unité politique et la solidarité tribale des fidèles du dieu Jahvé leur offrirent d'excellentes opportunités d'échanges de marchandises de pays à pays. Ce commerce d'importation et d'exportation particulièrement lucratif, permit à quelques-uns d'amasser les richesses considérables. L'historien juif de l'antisémitisme, Bernard Lazare, nous apprend qu'avant de diversifier leurs activités, les commerçants jufs s'étaient spécialisés dans la vente d'esclaves . (L'Antisémitisme, chapitre V)

Petit à petit, ils se sont spécialisés dans l'usure et le commerce de l'or. Mais ils n'étaient ni les seuls, ni les premiers à êtres fascinés par le métal jaune. On connaît la cupidité des feneratores romains auxquels la loi des Douze Tables reconnaissait le droit de couper des morceaux de chair sur le corps vivant de l'emprunteur insolvable; les Lombards ont été des usuriers voraces, l'or fut la principale motivation de la conquête de l'Amérique, l'avidité des colons hollandais ou anglais est célèbre et les alchimistes s'épuisaient à essayer de fabriquer de l'or à partir de métaux grossiers. Au Moyen Age, l'or était devenu une véritable divinité...et il l'est resté.

Interdisant le prêt à intérêt et à plus forte raison l'usure, l'Eglise a empêché la formation d'un capitalisme chrétien. Ses interdits n'avaient évidemment aucune prise sur les Juifs qui faisaient commerce de l'argent et qui occupèrent tout naturellement la place laissée vacante par les riches bourgeois chrétiens. Ils se sont donc rendus utiles au développement du commerce et odieux par les abus que leur pouvoir a engendré. C'est ainsi qu'ils sont devenus progressivement les banquiers du monde.

  

 

"Peuple énergique, vivace, d'un orgueil infini, se considérant comme supérieur aux autres nations, le peuple juif voulut être une puissance. Il avait instinctivement le goût de la domination puisque,

Pour exercer cette sorte d'autorité, les Juifs n'eurent pas le choix des moyens. L'or leur donna un pouvoir que toutes les lois politiques et religieuses leur refusaient, et c'était le seul qu'ils pouvaient espérer. Détenteurs de l'or, ils devenaient les maîtres de leurs maîtres, ils les dominaient." (Bernard Lazare, L'antisémitisme)

 

 

Aux causes sociologiques et politico-économiques mises en avant par l'historien du judaïsme, Jacques Attali ajoute des arguments théologico-étymologiques. Dans son ouvrage Les Juifs, le monde et l'argent il analyse longuement les relations étroites entre la religion juive et le commerce à partir de l'étymologie du vocabulaire: "L'argent substitut du sang : on asperge l'autel avec le sang de l'animal sacrifié, acheté avec l'argent de celui qui offre le sacrifice. (p.40, souligné par l'auteur) (…) Le peuple juif fait de la monnaie l'instrument unique et universel d'échange, tout comme il fait de son Dieu l'instrument unique et universel de la transcendance." (p.41) 

Et notre Attali ajoute, en point d'orgue: "La valeur en argent de chaque chose est indissociable de sa valeur éthique." (p.42 )

Il en résulte qu'un lingot d'or est infiniment plus éthique qu'une miche de pain et que la famille Rothschild, M. Jacob Schiff , M. John Pierpont Morgan , M. Paul Warburg et tous leurs acolytes et complices qui sont parvenus à mettre la main sur le système financier américain au moyen de grandes et de petites manœuvres politiciennes et grâce à l'invention de leur monnaie privée - le dollar - sont les humains les plus moraux de la création. La fin justifie les moyens et seule la victoire est jolie. Toujours est-il qu'aujourd'hui, ils sont en mesure de manifester aux yeux du monde entier tout l'éclat de leur éthique en tapissant de lingots d'or les murs de leurs banques et de leurs logis.

La naissance de la Fed (Federal Reserve System) a permis non seulement un enrichissement exponentiel des heureux propriétaires de ces institutions bancaires privées, mais elle témoignait de la sollicitude de Jahvé envers des spécimens particulièrement "pieux" de son "peuple élu". Et M. Attali explique complaisamment que "pour un juif, la pauvreté est intolérable." C'est pourquoi, "pour les Juifs, tirer un intérêt de l'argent n'est pas immoral. (…) L'argent est, comme le bétail, une richesse fertile, et le temps est un espace à valoriser. Pour les chrétiens, au contraire, comme pour Aristote et les Grecs, l'argent - comme le temps - ne produit pas en soi-même de richesse, il est stérile ; aussi faire commerce de l'argent est-il un péché mortel." (p. 120)

Il se délecte à énumérer quelques belles réussites financières: "Peu de gens savent que l'agence Havas et l'agence Reuter au XIXe siècle sont des créations juives, au même titre que la Deutsche Bank, Paribas ou les principales banques d'affaires américaines. Et encore bien d'autres destins fascinants en France, en Allemagne ou en Russie."

Le même ancien conseiller spécial du Président François Mitterrand fournit la clé qui ouvre la porte de ces cavernes d'Ali Baba: "Comme les prêts sont de très courte durée - un an ou moins - et à des taux d'intérêt très élevés, de l'ordre de 50 à 80%, l'accumulation va très vite".

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Le Président François Mitterrand et Jacques Attali

Mais le monde est très méchant, alors notre hagiographe de la haute finance est brusquement saisi par un doute. Il s'inquiète de voir "les Juifs prendre le risque d'être haïs pour services rendus", alors que "les Juifs ont toutes les raisons d'être fiers de cette partie de leur histoire". [1]

D'ailleurs dans la section de son ouvrage consacrée au commerce, notre faux naïf et ancien directeur de la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) à la tête de laquelle il a été remercié en raison d'un train de vie pharaonique, ajoute une forte sentence, qui aurait enchanté Alice en son pays des merveilles: "Le commerce n'est pas le résultat d'un calcul de bénéfice, mais la juxtaposition de deux dons équivalents, la simultanéité de deux actes généreux, unilatéraux, où chacun des deux protagonistes est en situation d'égalité."(p.42) (Cette fois, c'est moi qui souligne)

Le marché simoniaque se poursuit de nos jours puisqu'une forte minorité de 20% de juifs ultra orthodoxes passent leur vie à étudier le Talmud et à prier afin d'accélérer l'arrivée d'un Messie pourvoyeur de munificences, tout en étant entretenus par de riches membres de la communauté, notamment américaine, qui ont, comme il se doit et conformément aux principes énoncés par le théoricien du judaïsme financier cité ci-dessus, acquis leur fortune grâce à la "générosité" dont ils font preuve à l'égard de l'humanité dans l'activité bancaire à laquelle ils s'adonnent si brillamment et espèrent un "retour sur investissement" à la hauteur de leur éthique.

Et voilà pourquoi il y eut si peu de candidats durant deux mille ans pour peupler, entretenir et cultiver à la sueur de leur front la terre "promise" par le Dieu Jahvé à son "peuple" bien-aimé, lequel a snobé son cadeau pendant près de deux millénaires, avant de se raviser à la fin du XIXe siècle. Il s'est alors engouffré dans le grand mouvement de colonisation des Etats européens en direction de l'Afrique et de l'Asie.

4 - La Palestine avant le sionisme

Lorsque les populations autochtones de Galiléens honnis, de Cananéens détestés, de Samaritains méprisés et d'autres sous-hommes, tous qualifiés péjorativement d' "arabes", eurent, durant deux mille ans d'un labeur acharné, transformé une Palestine plutôt aride en un jardin florissant et en une serre prospère, le mouvement sioniste des marches de l'Asie s'est souvenu de sa "terre promise".

Il a refusé avec horreur d'aller défricher l'Ouganda ou la Patagonie, comme certains naïfs le lui proposaient. La Thora d'une main et le Talmud de l'autre, il s'est rué sur le lopin qu'il avait sporadiquement et partiellement habité deux millénaires auparavant. Réitérant le vol accompli lors de sa première installation dans une région déjà hautement peuplée et civilisée, il a fait main basse pour la seconde fois sur les propriétés et les richesses des "indigènes" et s'est auto-justifié de ses rapines en brandissant les écrits rédigés in illo tempore par des notables religieux en Babylonie.

 

 

"Lorsque Yahvé ton Dieu t'aura conduit au pays qu'il a juré à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob, de te donner, aux villes grandes et prospères que tu n'as pas bâties, aux maisons pleines de toutes sortes de biens, maisons que tu n'as pas remplies, aux puits que tu n'as pas creusés, aux vignes et aux oliviers que tu n'as pas plantés. Dt 6:11

"Lorsque Jahvé, ton dieu, t'aura amené dans le pays où tu vas entrer pour en prendre possession et qu'il aura délogé devant toi de nombreuses nations (…) alors, Jahvé ton dieu les aura livrées à ta merci et que tu les livreras à l'anathème (à la destruction) . Tu ne concluras pas d'alliance avec elles, tu n'en auras point pitié ! " (Dt 7:1-2)

"Des villes de ces peuples que Jahvé, ton Dieu, te donne en héritage, tu ne laisseras rien vivre de ce qui a souffle de vie. Détruisez-les jusqu'au dernier… comme Jahvé, ton Dieu, vous l'a ordonné. " (Dt 20.16)

 

 

Voir : VI - Le messianisme biblique à l'assaut de la Palestine 

Les images sont souvent plus plus parlantes qu'un long discours. Quelques documents particulièrement représentatifs datant du temps de la Palestine heureuse suffisent à anéantir l'affirmation cynique des sionistes qui prétendaient que la Palestine était une "terre sans peuple" - donc vide depuis deux mille ans - qui attendait un "peuple sans terre" , lequel aurait réfléchi durant deux mille ans avant de se mettre en route. Ces clichés d'un temps paisible et heureux crèveront le coeur de tous ceux qui sont aujourd'hui sensibles à l'irréparable injustice dont le peuple palestinien est la victime innocente.

 

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Brodeuses palestiniennes, Ramallah 1940 (à gauche) 1920 (à droite)

 

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Classe de fillettes, Palestine, Ramallah, 1890

 

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Classe de fillettes, Palestine, XXIe siècle

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Port de Jaffa, 1914

Tous ces clichés viennent du site incontournable http://www.palestineremembered.com/MissionStatement.htm qui, dans sections "images" en présente des centaines.

5 - Les vagues migratoires successives à partir de la naissance du mouvement sioniste

L'immigration de masse n'a vraiment commencé qu'à partir de 1880 avec la première colonie fondée par les Amants de Sion. Cette fois, il s'agissait de juifs originaires d'Europe de l'Est en majorité, ainsi que de quelques groupes de juifs askhenazes allemands.

En 1885, le nombre de résidents auto-déclarés "juifs" en Palestine était de 24 000.

En 1914 leur nombre se montait à 85 000 personnes sur une population totale de 725 000 habitants: soit 12 % de l'ensemble.

Dès l'origine, l'expropriation des Palestiniens s'est installée quasi naturellement. En effet, de riches banquiers comme les barons Edmond de Rothschild et Maurice de Hirsch ont ouvert largement les vannes financières afin d'acheter des terres à n'importe que prix.

 

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Baron Edmond de Rothschild

 

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Baron Maurice de Hirsch

La "Jewish Colonization Association" fondée dès 1891 est à l'origine des premières colonies juives agricoles et son activité ne fera que croître au fil du temps.

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 FONDS NATIONAL

Il faut reconnaître que les "arabes" de Palestine et des Etats environnants ont manifesté un aveuglement et une passivité révélateurs de ce total manque de sens politique dont continuent de faire preuve tous les dirigeants de la région, notamment ceux de la mal nommée "Autorité palestinienne" qui, de l'Arafat signataire des calamiteux "Accords d'Oslo" à Mahmoud Abbas, l'actuel complaisant collaborateur du Jüdenrat de Cisjordanie, ont conduit les Palestiniens dans un gouffre dont ils auront le plus grand mal à sortir - s'ils en sortent un jour.Les actuels dirigeants du Hamas à Gaza semblent tentés à leur tour par les délices à courte vue de la collaboration. Les héros sont fatigués. [2] Les dirigeants palestiniens pelotonnés sous l'aile de l'occupant seraient bien inspirés de méditer sur le sort de Chaim Rumkowski, le "Président" du ghetto de Lodz, dont Primo Levi raconte l'histoire édifiante dans son ouvrage Les naufragés et les rescapés.

Voir :8 - La zone grise. Israël et la Palestine sous le regard de Primo Levi et de Kafka, 4 juin 2007.

En effet, le sionisme n'a rencontré pratiquement aucune résistance de la part des Palestiniens ni même de l'ensemble des Arabes de la région. Comme l'écrit le chercheur égyptien, Mounir Mahmoud, spécialiste de la presse sioniste au sein du Centre d'études politiques et stratégiques : "Les décisions émotionnelles irréfléchies des Arabes ont contribué à la réussite des projets sionistes en Palestine pendant près de cinquante années, avant même la création de l'entité sioniste, avec le prétendu "Yichouv " qui signifie l'implantation juive en Palestine."

Cette passivité des Palestiniens s'explique par une totale absence de racisme anti-juif. Les Palestiniens n'avaient pas compris qu'ils n'avaient plus en face d'eux des juifs, c'est-à-dire des hommes normaux qui honoraient simplement leur dieu d'une autre manière qu'eux-mêmes et avec lesquels ils avaient cohabité tranquillement jusqu'alors, mais une autre catégorie humaine, composée de colons fanatiques et impérialistes pour lesquels tout "arabe" palestinien était un ennemi à chasser ou à tuer.

C'est pourquoi notre anthropologue égyptien précise que "les Juifs qui vivaient dans les pays musulmans jouissaient d'une vie tranquille et stable, avec une liberté religieuse totale sans persécutions, et étaient investis dans les sociétés islamiques tolérantes pendant des centaines d'années jusqu'à l'époque moderne."[3]

Cette naïveté des Palestiniens trouve son expression dans la Charte de l'OLP (Organisation de Libération de la Palestine) qui, dans son article 6, prévoie candidement que "les Juifs qui demeuraient en Palestine jusqu'au début de l'invasion sioniste, seront considérés comme Palestiniens".

Les Palestiniens ont été bien mal récompensés de leur générosité. Les sionistes qui ont eu connaissance de cet article ont dû être secoués d'un rire à se décrocher la mâchoire devant une telle ignorance de leur psychologie, de leur projet secret et de leur mentalité messianique de colons.

6 - Et les Kazars entrèrent dans l'histoire

Jahvé s'était installé dans l'exil durant dix-sept siècles et le Dieu local d'une écharpe de terre du bassin oriental de la Méditerranée était devenu une divinité itinérante qui avait pérégriné durant deux millénaires dans le monde entier au gré des déplacements de ses fidèles.

Or, ses fidèles avaient la bougeotte. Tout en le refusant et en le combattant de toutes ses forces, Jahvé avait collé aux talons du Dieu Jésus. Malgré l'inimitié réciproque que les partisans des deux divinités se manifestaient, ses fidèles s'étaient immédiatement installés dans les régions progressivement converties au nouveau Dieu trinitaire. C'est ainsi qu'à la fin du premier millénaire, et alors que le Dieu Jésus régnait en maître sur toute l'Europe occidentale - Jahvé ne l'avait précédé qu'en Espagne - ses fidèles s'étaient attachés aux pas des chrétiens et on les trouvait en France, en Allemagne et jusqu'en Europe centrale, notamment en Bohême et en Pologne.

C'est là que s'était produit l'évènement extraordinaire qui permit au judaïsme de gonfler brusquement sa population, et donc de survivre jusqu'à nos jours en tant que groupe humain spécifique .

En effet, loin de s'épuiser au fur et à mesure qu'il s'éloignait de son camp de base judéen et qu'il expédiait tous azimuts des petits groupes d'éclaireurs, Jahvé avait offert à ses fidèles éberlués la surprise et le cadeau sans prix de découvrir que dans les plaines orientales de l'Europe et jusqu'aux confins de l'Asie vivait une immense population de co-religionnaires dont personne ni en Orient, ni en Occident n'avait entendu parler.

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 L'empire Kazar au moment de sa conversion à la religion du Dieu Jahvé

C'est ainsi que les Kazars judaïsés étaient entrés dans l'histoire. Ils entrèrent dans l'histoire locale par la force des choses, puisqu'ils étaient là. Mais ils ne sont jamais entrés dans la narration officielle car leur existence même contredit le mythe sur lequel se fondent les revendications des colons installés en Palestine. C'est pourquoi la narration mythologique qui tient lieu d'histoire dans l'Etat né en 1947 continue de refuser officiellement leur existence et une filiation dont leurs descendants semblent avoir honte.

7 - Comment le Talmud devint le fil d'Ariane qui conduisit au sionisme

La simple présentation du tableau d'une biographie succincte de tous les Premiers Ministres qui se sont succédés depuis qu'un vote de l'Assemblée générale de l'ONU en date du le 27 novembre 1947 a crucifié les Palestiniens, permet de comprendre au premier coup d'œil pourquoi je dirigerao mes pas en direction des marches de l'Asie plutôt que vers les rives qui auraient semblé plus accueillantes et plus logiques des bords de la Méditerranée, ou vers les paysages verdoyants et cléments de notre Europe occidentale qui ont connu, elles aussi, d'importantes et puissantes implantations juives au cours des siècles.

On sait, en effet, que toutes les grandes vagues migratoires se sont toujours déroulées d'est en ouest. La mythologie judaïque ne s'y est pas trompée, puisque les communautés de nos régions se proclament les descendantes légitimes d'ancêtres "chassés" de la province de Judée par les armées victorieuses de Vespasien et de Titus lors de la deuxième Guerre des Juifs en l'an 70 et qui auraient été "contraints" de se réfugier en direction de l'Occident.

Il est vrai que des groupes ont suivi les conquêtes chrétiennes et musulmanes en direction de l'Ouest européen et méditerranéen, comme je l'ai montré ci-dessus. Mais il s'agit d'une minorité par rapport à l'immense population juive qui résidait déjà en Europe de l'Est et avec laquelle les petits groupes venus de l'ouest ont établi une jonction. Aucun des premiers ministres qui ont dirigé l'Etat créé en 1947 en terre palestiniennene peut exciper de racines méditerranéennes ou occidentales susceptibles de donner une apparence de crédit à cette prétention. Tous, sans exception aucune, sont issus des régions talmudiques de l'Orient européen ou des marches de l'Asie. Il en est de même pour l'immense majorité des immigrants venus s'y installer. Ce fait n'est évidemment pas le fruit du hasard.

Il est hautement significatif et presque comique de voir à quel point cette réalité historique est occultée, quand elle n'est pas farouchement niée par les autorités officielles de l'actuel Etat d'Israël, qui, depuis David Grün, alias Ben Gourion, s'échinent à refuser la vérité historique et à imposer une narration mythologico-théologique de leur passé et de leur présent.

Voir : 20 - David Grün, alias Ben Gourion, et la naissance de l'"Etat juif", 22 mars 2011

 

 

1 - David Ben Gourion (né David Grün) 16 octobre 1886-1er décembre 1973est né à Plonsk en Polognedans une famille sioniste . Son père, professeur d'hébreu, était un membre des Amants de Sion. Il émigre en Palestine britannique en 1906.

2 - Moshé Sharett (né Moshé Shertok), 15 octobre 1894 - 7 juillet 1965) est né à Kherson, dans l'Empire russe, aujourd'hui en Ukraine. Il émigra en Palestine britannique en 1908.

3 - Levi Eshkol( 25 octobre 1895 - 26 février 1969) est né dans un village à proximité de la ville de Kiev , dans l'empire russe, aujourd'hui Ukraine. Il émigre en Palestine ottomane en 1914.

4 - Ygal Allon(né Ygal Païcovitch) 10 octobre 1918- 29 février 1980, est né Kfar Tabor, au pied du Mont Tavor dans l'est de la Basse Galilée d'une famille originaire de Roumaniequi émigre en Palestine en 1901.

5 - Golda Meir ( Golda Meirson, née Golda Mabovitz), 3 mai 1898 -8 décembre 1978, est née à Kiev , au cœur de l'empire russe, aujourd'hui capitale de l'Ukraine. Sa famille émigre aux Etats-Unis en 1903, le couple Meirson arrive en Palestine en 1921.

6 - Yitzhak Rabin(Yitzhak Rubitzov) , 1er mars 1922 - assassiné à Tel Aviv par un colon juif extrémiste le 4 novembre 1995 est né à Jérusalem. Ses parents, Nehemiah et Rosa Rubitzov originaires d'Ukraineémigrèrent d'abord vers les Etats-Unis

7 - Menahem Volfovitz Begin(Mieczyslaw Biegun) , 16 août 1913 -9 mars 1992 . Il est né à Brest-Litovsk, alors ville polonaise à majorité juive, aujourd'hui Biélorussie.Il n'arrive en Palestine qu'en 1942.

8 - Yitzhak Shamir(Yitzhak Jazernicki), 15 octobre 1915( 30 juin 2012, est né à Ruzhany, en Pologne, actuelle Biélorussie. Il émigre en Palestine en 1935.

9 - Shimon Peres(Szymon Perski ) Il est né le 2 août 1923 à Wisniew, Pologne, actuellement Biélorussie. Il émigre en Palestine en 1934.

10 - Benyamin Netanyahou, (nom réel du père: Benzion Mileikowsky) né le 21 octobre 1949 à Tel Aviv, petit-fils d'un rabbin émigré de Lituanieen Palestine en 1920

11 - Ehud Barak (Ehud Brog) , né le 12 février 1942 au kibboutz Mishmar Hasharon, fils d'Israel Brog et d'Esther Godin, immigrés respectivement de Lituanie et de Pologne.

12 - Ariel Sharon (Ariel Scheinermann), né le 26 février 1928 à Kfar Malal en Palestine . Son père Shmouel Scheinerman est originaire de Brest-Litovsk alors en Pologne,actuellement Biélorussie. Sa mère Véra est un médecin originaire de Mohilev en Biélorussie.

13 - Ehud Olmert , né le 30 septembre 1945 à Binyamina en Palestine. Son père Mordechaï - né à Buguruslan en Russie, émigre en Chine en 1919, à Harbin, et arrive en Palestine en 1933

14 - Netanyahou (voir n° 10)

 


Pour comprendre qui sont réellement ces dirigeants originaires de l'Est et imbibés jusqu'à la moelle de messianisme sioniste, il est précieux de jeter un regard sur les circonstances historiques qui ont conduit les communautés juives d'Europe occidentale d'abord, puis orientale, au fil des déplacements et des conversions, à ériger le Talmud
en rempart mental infranchissable derrière lequel elles se sont enfermées à double tour.
 

Le triomphe du talmudisme notamment dans les communautés juives de l'Europe de l'Est largement composées de descendants de Kazars ignorants et frustes, constituait, pour les rabbins et autres notables du judaïsme, une manière d'unifier les esprits, de sauvegarder et de bétonner une identité nationale autonome face à un christianisme qui régnait alors en maître dans l'Europe occidentale tout entière et qui modelait les sociétés des différents Etats. Dans un environnement social et politique chrétiens, les Juifs représentaient un groupe allogène, qui refusait catégoriquement de s'assimiler. Comment l'auraient-ils pu sans renier leur religion?

Mais les conséquences de cet isolement social étaient prévisibles. Les sociétés humaines, tout comme les sociétés animales, sont spontanément hostiles aux intrus et s'emploient à les rejeter avec plus ou moins de brutalité, en fonction du tempérament national et du degré de civilité des autorités politiques, si bien que des persécutions, parfois très violentes, ne manquèrent pas de se produire au fil des siècles dans de nombreux pays. Dans les sociétés intolérantes, comme le furent longtemps les Etats chrétiens, les motifs religieux officiellement brandis cachaient fréquemment, en réalité, des causes financières et économiques. Leurs victimes en voulaient aux prêteurs abusifs ou à aux usuriers, mais une fois déchaînée, la violence populaire ne faisait pas de quartier et s'en prenait également à la foule des besogneux innocents pour la simple raison qu'ils participaient à cette communauté et qu'ils étaient là.

A une situation politique et sociale qui leur fut très défavorable durant les siècles régis par un christianisme triomphant, donc arrogant, qui les tolérait du bout des lèvres, les notables des communautés juives répondirent par le renforcement de l'auto-exclusion, laquelle renforça à son tour l'animosité des sociétés-hôtes. La spirale était enclenchée car toutes les sociétés modelées par la religion aspirent à l'unité des cerveaux.

D'ailleurs l'actuel Etat créé en 1947 en Palestine en est un exemple particulièrement éloquent. Les moyens d'information du monde contemporain et la diffusion des images ne lui permettent plus de se comporter avec la brutalité qui fut celle des sociétés plus anciennes à l'égard des populations autochtones, bien que l'indulgence dont il a été l'objet durant des décennies lui a permis de procéder à des centaines de milliers d'expulsions - la nakba - de raser des milliers de villages, de tuer des milliers d'habitants, d'en emprisonner des centaines de milliers et d'ignorer superbement les recommandations et même les condamnations du Conseil de Sécurité de l'ONU qu'il considère comme des chiffons de papier.

Voir : 7 - Ils ont crucifié Marianne... Les nouveaux exploits de Tartuffe en Palestine, Pâques 2007.

A partir du XIIe siècle environ, le nouveau parti de zélotes bigots, bornés et ignorants, ennemi des sciences profanes qui avaient rayonné du temps de l'Espagne arabe avec Maïmonide et Ibn Gabriol, et qui n'avaient que le Talmud pour tout horizon intellectuel, posa un lourd couvercle sur les cervelles et les enferma avec une férocité incroyable dans l'espace ratatiné de ses ratiocinations.

 

 "Les Juifs (...) persécutèrent leurs coreligionnaires plus âprement, plus durement qu'on ne les avait jamais persécutés. Ceux qu'ils accusaient d'indifférence étaient voués aux pires supplices; les blasphémateurs avaient la langue coupée ; les femmes juives qui avaient des relations avec des chrétiens étaient condamnées à être défigurées : on leur faisait l'ablation du nez. " (Bernard Lazare, L'Antisémitisme)

 

 

Les conséquences intellectuelles, psychologiques et morales de l'enfermement tyrannique des esprits dans le coral du Talmud furent désastreuses pour le monde et pour fidèles de Jahvé. En effet, le Talmud est censé avoir tout prévu et tout décrit. Toute recherche intellectuelle ou scientifique se trouvait ipso facto non seulement délégitimée, mais violemment combattue. Comme seuls les actes extérieurs comptaient, il suffisait de suivre sans états d'âme et à la lettre les règles prescrites. La dictature des talmudistes réussit, certes, à maintenir par la terreur, l'unité du troupeau, mais elle le sépara irrémédiablement de son environnement et développa dans la population un esprit ritualiste, positiviste et pinailleur, ennemi de tout ce qui n'est pas juif, tourné vers les satisfactions matérielles et donc vers la recherche frénétique de la richesse.

On imagine l'effet des ratiocinations de certains des rabbins dont le Talmud a pieusement recueilli les élucubrations sexuelles, immorales et choquantes sur des cervelles uniquement gavées de cette nourriture-là.

Voir dans 12 - Petite généalogie du ghetto appelé Israël, 29 juin2012 , le tableau d'un petit florilège de grossières absurdités .

Une des des victimes les plus célèbres de l'obscurantisme et de la tyrannie des talmudistes hollandais fut le philosophe Baruch Spinoza qui s'était permis de penser par lui-même.

En effet, le 27 juillet 1656, le philosophe fut ostracisé et frappé de l'infamie et de la malédiction du herem, autrement dit, d'une mort sociale et religieuse. Un fanatique juif issu des fidèles de la grande synagogue d'Amsterdam, située sur le quai du Houtgrach, a même tenté de l'assassiner. Blessé, heureusement superficiellement, il a conservé durant de longues années son manteau troué par le poignard afin de garder sous les yeux les preuves des méfaits de tous les fanatismes, y compris et surtout de celui de ses co-religionnaires.

En 1948 David Grün, alias Ben Gourion a tenté de faire lever ce "herem", qui maudit le philosophe, y compris post mortem, mais les rabbins de l'Israel actuel s'y opposèrent. Le philosophe Baruch Spinoza demeure donc, aujourd'hui encore, frappé de pestifération par les rabbins juifs contemporains

Voir : -5 - La théocratie ethnique dans le chaudron de l'histoire, 3 janvier 2011

 

 

Le terme " herem " signifie beaucoup plus qu'une exclusion de la communauté, équivalente à une excommunion dans le christianisme. Il induit la "destruction", l'"anéantissement" du renégat, au point que le philosophe a été réellement frappé d'un coup de poignard.

" Les messieurs du Mahamad vous font savoir qu'ayant eu connaissance depuis quelques temps des mauvaises opinions et de la conduite de Baruch de Spinoza, ils s'efforcèrent par différents moyens et promesses de le détourner de sa mauvaise voie. Ne pouvant porter remède à cela, recevant par contre chaque jour de plus amples informations sur les horribles hérésies qu'il pratiquait et enseignait et sur les actes monstrueux qu'il commettait et ayant de cela de nombreux témoins dignes de foi qui déposèrent et témoignèrent surtout en présence dudit Spinoza qui a été reconnu coupable ; tout cela ayant été examiné en présence de messieurs les Rabbins, les messieurs du Mahamad décidèrent avec l'accord des rabbins que ledit Spinoza serait exclu et retranché de la Nation d'Israël à la suite du herem que nous prononçons maintenant en ces termes:

A l'aide du jugement des saints et des anges, nous excluons, chassons, maudissons et exécrons Baruch de Spinoza avec le consentement de toute la sainte communauté d'Israël en présence de nos saints livres et des 613 commandements qui y sont enfermés.

Nous formulons ce herem comme Josué le formula à l'encontre de Jéricho. Nous le maudissons comme Elie maudit les enfants et avec toutes les malédictions que l'on trouve dans la Torah.

Qu'il soit maudit le jour, qu'il soit maudit la nuit, qu'il soit maudit pendant son sommeil et pendant qu'il veille. Qu'il soit maudit à son entrée et qu'il soit maudit à sa sortie.

Que les fièvres et les purulences les plus malignes infestent son corps. Que son âme soit saisie de la plus vive angoisse au moment où elle quittera son corps, et qu'elle soit égarée dans les ténèbres et le néant.

Que Dieu lui ferme à jamais l'entrée de Sa maison. Veuille l'Eternel ne jamais lui pardonner. Veuille l'Eternel allumer contre cet homme toute Sa colère et déverser sur lui tous les maux mentionnés dans le livre de la Torah.

Que son NOM soit effacé dans ce monde et à tout jamais et qu'il plaise à Dieu de le séparer pour sa ruine de toutes les tribus d'Israël en l'affligeant de toutes les malédictions que contient la Torah.

Et vous qui restez attachés à l'Eternel , votre Dieu, qu'Il vous conserve en vie.

Ce texte a été affiché dans tous les lieux d'Amsterdam où vivaient des juifs et envoyé dans les principales villes d'Europe où il y avait d'importantes communautés juives.

 

 

L'afflux de centaines de milliers de fidèles nés d'une conversion de masse de la population d'un gigantesque territoire de l'Est européen et des marches de l'Asie, dont les ancêtres n'avaient évidemment jamais mis les pieds au Moyen-Orient et qui vivaient sous la poigne de fer de rabbins talmudistes métamorphosa définitivement le judaïsme. Et c'est ce talmudisme-là qui finit par donner naissance au sionisme contemporain.

J'aborderai plus longuement cette question dans le prochain texte.

 

Notes:

[1] Jacques Attali : "Les juifs ont toutes les raisons d'être fiers de cette partie de leur histoire", propos recueillis par Eric Conan http://www.denistouret.fr/ideologues/index.html

[2] Joseph Massad , Hamas et le nouveau/vieux croissant américain http://www.ism-france.org/analyses/Hamas-et-le-nouveau-vieux-croissant-americain-article-17320

[3] Mounir Mahmoud
http://www.wmaker.net/etreinformer/Chercheur-egyptien-les-regimes-arabes-ont-contribue-au-succes-de-la-judaisation-en-Palestine_a3422.html

 

Bibliographie

Professor Abdel-Wahab Elmessiri: 
The function of outsiders : http://weekly.ahram.org.eg/1999/435/op2.htm
The kindness of strangers: http://weekly.ahram.org.eg/1999/436/op2.htm
A chosen community, an exceptional burden : http://weekly.ahram.org.eg/1999/437/op5.htm
A people like any other : http://weekly.ahram.org.eg/1999/438/op5.htm
Learning about Zionism: http://weekly.ahram.org.eg/2000/476/eg6.htm

Mario Liverani, La Bible et l'invention de l'histoire, 2003, trad. Ed. Bayard 2008

Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman,La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l'archéologie, 2001 ,trad. Ed. Bayard 2002

Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, Les rois sacrés de la Bible, trad.Ed.Bayard 2006

Arno J. Mayer, De leurs socs, ils ont forgé des glaives, Histoire critique d'Israël, Fayard 2009

Ernest Renan, Histoire du peuple d'Israël, 5 tomes, Calmann-Lévy 1887

Douglas Reed , La Controverse de Sion

Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé, Fayard 2008, coll. Champs Flammarion 2010

Avraham Burg, Vaincre Hitler : Pour un judaïsme plus humaniste et universaliste , Fayard 2008

Ralph Schoenman, L'histoire cachée du sionisme, Selio 1988

Israël Shahak, Le Racisme de l'Etat d'Israël, Guy Authier, 1975

Karl Marx, Sur la question juive

SUN TZU, L'art de la guerre

Claude Klein, La démocratie d'Israël,1997

Jacques Attali: Les Juifs, le monde et l'argent, Histoire économique du peuple juif. Fayard, 2002

18 septembre 2012

Source : http://aline.dedieguez.pagesperso-orange.fr/mariali/chaos...

 

 

*


FILMS

et pourquoi pas ?

Deux mots sur un film qu'on vient de voir :

 

Sept jours à la Havane

 

Sept jours affiche 208_224339.jpg

Comme la plupart d'entre vous doivent le savoir, « Sept jours à La Havane», c’est donc sept chapitres, sept réalisateurs, sept regards, un pour chaque jour de la semaine. Un film construit en cadavre exquis porté par sept talents du cinéma international chargés de dérouler autant de récits. Des récits indépendants qui, mis bout à bout, rassemblés dans une trame commune constituent au final un instantané inédit de La Havane. Au fil des quartiers, des atmosphères, des générations, des classes sociales et des cultures, les réalisateurs entrecroisent leurs sensibilités, leurs parcours et leurs styles pour offrir un véritable portrait contemporain de la mythique capitale cubaine. » (Grand Ecart).

Et, n'en déplaise aux Inrocks, qui ne l'aiment pas, le résultat n'est ni hirsute, ni de bric et de broc, ni fade, mais atteint à une unité, ou si on préfère à une fusion, qui doit bien être un peu due à la vertu particulière du lieu et de ceux qui l'habitent.

Je mentionnerai juste pour mémoire les sept réalisateurs :

Le lundi revient à Benicio del Toro, avec El Yuma, histoire d'un jeune Américain venu faire un stage à l'école de cinéma de La Havane. On l'appelle ainsi, parce que « Yankee » est une injure. Il est pris en charge par un chauffeur de taxi entre deux âges, qui lui fait faire un tour de la ville by night dont il se souviendra.

Le mardi voit l'arrivée d'Emir Kusturica venu recevoir un prix récompensant sa carrière de cinéaste. Ici, il est acteur, fortement imbibé et tracassé par la colère probablement justifiée d'Anita, son épouse restée en Serbie. Il déteste les mondanités, les soupers de gala et le reste. C'est simple, il refuse de quitter le malheureux chauffeur noir qu'on a chargé de veiller sur lui et de le mener sans faute à bon port. Cette Odyssée – ce n'est pas Leopold Blum mais il y a un peu de ça – passe notamment par une cour d'immeuble, où, au milieu des poules et en présence d'un petit cochon, le chauffeur exténué par ses efforts inutiles joue de la trompette comme un dieu. C'est Jam Session, de Pablo Trapero.

Mercredi, Julio Medem suit le parcours de Cecilia, jeune chanteuse noire, qu'un Espagnol, ébloui par son talent, veut emmener à Madrid. Tentation amoureuse plus tentation de la gloire dans la riche Europe. Or, Cecilia vit avec José, un bronze de Riace noir qui a des ennuis dans sa carrière de champion de base-ball. José est portoricain, et veut prendre la mer en bateau gonflable pour passer à Miami, où il croit qu'il renouera avec le succès . Le film s'appelle La Tentación de Cécilia. Cecilia résistera à la tentation espagnole, mais pas à celle de suivre José dans son mirage américain.

Vendredi, Gaspar Noe raconte, dans Ritual, que les parents d'une jeune fille, ayant découvert qu'elle s'est fait séduire par une jeune gringa, bref, qu'elle est lesbienne, la font désenvoûter ou contre-envoûter, comme on voudra.

Samedi, c'est Dulce Amargo de Juan Carlos Tabio et l'histoire de Mirta Gutierrez, psychologue, animatrice d'un show télévisé où elle donne, une fois par semaine, des conseils aux gens pour mieux vivre. Dans la réalité, elle ne vit pas trop bien elle-même, entre son mari qui boit parce qu'il n'a plus d'emploi et sa fille (Cecilia) qui s'apprête à s'expatrier dans un sens ou dans l'autre. Et avec l'embargo qui n'arrange pas les choses, il faut bien qu'elle ait, comme presque tous, une seconde activité pour arriver à nouer les deux bouts. Un gros client lui commande des gâteaux, beaucoup de gâteaux, pour une occasion spéciale. Et voilà que son mari, rendu maladroit par l'alcool et la déprime, lui casse tous ses oeufs. Comment trouver autant d'oeufs d'un coup, à La Havane ? La débrouille et la solidarité entre petites gens y pourvoient. Comme on dit : la suite à l'écran. L'émission de Ménie Grégoire en direct est un petit morceau d'anthologie.

Dimanche enfin, vient une espèce de feu d'artifice tiré par Laurent Cantet : La Fuente, histoire d'une fontaine. Marta est une Havanaise d'un certain âge, qui habite au premier étage d'un immeuble à locataires multiples. Une statuette de la Vierge Marie trône dans son salon, car elle est très pieuse. Ce dimanche matin, elle réveille à grands cris toute la maison : la Vierge lui est apparue en rêve et a exigé une nouvelle robe – jaune – ainsi qu'une fontaine à ses pieds. Et, bien entendu, une grande fête. Aussitôt, tous de s'activer de gré ou de force. On se croirait au siège de Paris raconté par Rabelais. Maçons, peintres, couturière, tous portent, courent, volent, pédalent, s'échinent. Pas assez de place ? Qu'on abatte un mur. Pas d'eau courante ? Qu'on traverse la route et qu'on ramène de l'eau de mer !

La mer, c'est le domaine d'Ochun, mais Ochun et la Sainte Vierge s'entendent plutôt bien, elle ne dira rien. [ Ochun, déesse de la beauté dans la santeria, et première épouse de Chango, qu'on représente justement vêtue de jaune, un miroir à la main. Oui, vous avez compris, c'est l'Aphrodite de par là. Les Cubains, oecuméniques, l'ont assimilée à la Vierge de la Caridad del Cobre, sainte patronne de Cuba. La voilà. ]

Oshun - 2 .jpgComme de bien entendu, la vision de Marta s'accomplit. La Vierge avait dit : « Et une robe jaune aussi pour toi. » On lui en a fait une. L'apothéose, c'est quand une vieille dame noire très distinguée, chante a capella, en concertiste consommée, un très classique Ave Maria de Gounod, puis, sans transition, des chants africains peu susceptibles de déplaire à Ochun, chants et battements de mains que tous reprennent en choeur jusqu'à l'écroulement. L'histoire de Marta, c'est celle de tous les chefs et de tous les fondateurs de religion.

J'ai sauté le jeudi. Je le gardais pour la fin. C'est Diary of a beginner, d'Elia Suleiman, qu'il a réalisé et où il joue son propre rôle.

Quand les Inrocks disent de Sept jours à La Havane : « Une semaine à Cuba et sans inspiration. Deux jours auraient suffi. », ils se plantent le doigt dans l'oeil jusqu'aux cheveux. Quand ils ajoutent que seuls sauvent le « fade ragout » un « rituel vaudou moite et sensuel » et le film de Suleiman, ils se plantent davantage encore. Le vaudou passe assez mal à l'écran et le rituel du film, d'ailleurs, n'est pas du vaudou, c'est de l'exorcisme. Les rites d'exorcisme sont toujours un peu ridicules, qu'ils se déroulent dans une église ou en plein air. Tous font ample consommation d'eau bénite, celui-ci plus que d'autres : tout le monde est dans l'eau. La séquence de Gaspar Noe m'a fait l'effet d'être la plus faible des sept, même s'il réussit à communiquer la passion du coup de foudre entre les deux gamines, ce qui n'est pas donné à tout le monde. Quant à ce que nos bobos du VIe ou du VIIe (à vue de nez plutôt des Champs) disent de Suleiman, c'est à se demander s'ils n'ont pas visionné le film au soleil, sur la Croisette :

 

 « En résulte un brillant court-métrage d’une quinzaine de minutes, quintessence du cinéma suleimanien où le réalisateur se filme lui-même, impavide voyageur à la démarche lunaire, face à des situations absurdes dont le sens semble lui échapper [c'est à eux qu'il échappe, NdC]. Il voudrait interviewer Castro, mais n’a accès, depuis sa chambre d’hôtel, qu’à ses (interminables) discours télévisés ; alors il attend, observe le triste ballet des touristes et des jolies cubaines photographiées comme des trophées de chasse… “Il ne s’agit pas de juger le régime, mais de poser un regard politique sur un pays, c’est-à-dire un regard conscient. Tout est politique, même filmer la mer vide” ».

.

Les Inrocks n'aiment pas Cuba, ils n'aiment pas Castro, et parce que Suleiman leur a dit que « tout est politique, même filmer la mer vide », ils s'imaginent avoir vu un film critique à l'égard de Cuba. Comme si un artiste de cette envergure pouvait manquer de savoir-vivre au point d'aller donner des leçons à des gens qui ne lui ont rien demandé. C'est Suleiman qu'il s'appelle, pas Kouchner ou BHL.

 

Elia Suleiman - 1 .jpeg

Voici comment le film est décrit dans Première :

« Elia Suleiman arrive à La Havane et flâne dans les rues de la ville en attendant un rendez-vous organisé par l’ambassade de Palestine. Toute communication étant rendue impossible par son ignorance de l’espagnol, sa supposée solidarité politique avec le peuple cubain se heurte bientôt à son ignorance des codes culturels. Peu à peu, alors qu’il pénètre le cœur de la ville et s’imprègne de ses sons et de ses images, ce qu’il pensait n’être qu’une façon de tuer le temps, devient un test pour redéfinir son identité. »

Que signifie « toute communication étant rendue impossible par son ignorance de l'espagnol » ? Il parle anglais, Suleiman, et les Cubains aussi. Kusturica et le jeune Américain du lundi ne savent pas un traître mot d'espagnol non plus. Et alors ? La communication n'est pas impossible pour eux. Elle l'est pour lui. Y compris avec le fonctionnaire de son ambassade. Mais pourquoi ? Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas nouveau dans son oeuvre.

Qui, ayant vu Le temps qu'il reste, n'est pas hanté par les premiers instants du film, où un ami du réalisateur, au volant d'un camion, par une nuit de tempête, dans un pays d'Europe du Nord, lui crie dans son téléphone cellulaire qu'il est perdu, qu'il fait noir comme en enfer, que les éclairs l'aveuglent, que le tonnerre est assourdissant, qu'il pleut, qu'il n'en peut plus et pourquoi ne répond-il pas ? « Eli Eli ! Lamma Sabachtani ! ».

Silence.

Ce que ces critiques paraissent ignorer, c'est que Suleiman ne parle jamais que de la Palestine, ne filme jamais que l'absence de la Palestine. A la rigueur, le silence de Dieu.

Je vous raconte le film que j'ai vu :

Elia Suleiman arpente les couloirs d'un luxueux hôtel, celui où les Cubains logent leurs hôtes de marque et qui sert de décor à plusieurs des autres films, leur donnant ainsi une sorte d'unité de lieu. Dans ces couloirs, il croise des gens : une femme de chambre noire qui passe un aspirateur, un maître d'hôtel, etc. Aucun ne lui parle ni ne lui adresse le moindre signe car aucun ne le voit. Ce n'est pas Elia Suleiman qui est là, vêtu en touriste et le chapeau de paille sur la tête, c'est la Palestine. Et la Palestine n'existe pas. Comment les gens pourraient-ils la voir ? A plus forte raison lui parler ! Il sort et, apparemment sans but, se rend à son ambassade. Belle villa en bord de mer, élégante, sereine, presque luxueuse elle aussi, avec son buste d'Arafat en marbre dans le hall d'entrée, et la clim, c'est sûr. Quelqu'un - un fonctionnaire ? l'ambassadeur ? - lui annonce que le commandant Fidel Castro est en train de prononcer un discours à l'Université de la Havane et le recevra dès qu'il aura fini. Suleiman l'entend mais ne répond pas, et l'ambassadeur, si c'est lui, n'a pas l'air de s'en formaliser. On dirait qu'il a parlé de derrière une vitre épaisse. Suleiman arpente maintenant les pièces de cette ambassade d'un pays qui n'existe pas, une des seules qu'il ait au monde sans doute. On a même allumé pour lui un téléviseur, où il peut suivre le discours en train de se dérouler. La voix qui en sort est celle d'un très vieil homme, cassée. La rhétorique est toujours la même, les gestes toujours énergiques, les visages attentifs, les applaudissements nourris, mais où cela se passe-t-il ? Sur quelle planète ? Suleiman sort sur le pas de la porte, d'où il domine la route. Une voiture (vintage, années 50) s'arrête pile, en panne. Le chauffeur en sort, soulève son capot et commence à trifouiller. Ses passagers, une jeune femme et un homme, sans s'émouvoir, se mettent, elle à prendre des poses à la manière des magazines hollywoodiens (années 50 aussi), lui, à la mitrailler de son Nikon en sautoir : sur le toit, contre une portière, un pied dans le coffre. Le chauffeur claque son capot et repart, tout le monde rejoint sa place en courant. Routine. Suleiman a peut-être souri, comme un qui comprend les petites misères d'un pays sous embargo. La Palestine, elle, reste impavide. On ne voit que son dos. Une autre voiture arrive en sens inverse et tombe en panne à son tour. Le chauffeur s'encourt armé d'un petit bidon. Panne d'essence. Routine on vous dit. Suleiman traverse la route et gagne le bord de mer. Une femme, sur un rocher, a l'air d'attendre. Suleiman est à quelques pas. Elle ne le voit pas. Il ne la regarde pas. Comme elle, il regarde la mer vide. D'où sort, au bout d'un très long temps, un plongeur – combinaison, palmes,tuba. La femme et lui s'enlacent et s'en vont. Suleiman n'a pas bougé. Ce genre de « bateaux qui se croisent dans la nuit » se répète plusieurs fois. A la fin de la journée, Suleiman repart en taxi pour l'aéroport, comme il en était venu. « Sans avoir vu Castro », disent les critiques. On n'en sait rien. Qu'importe ? Ce n'est pas le sujet du film. La Palestine est sortie de son néant pour venir à Cuba. Elle y rentre. Il ne s'est rien passé, car même les Cubains ne peuvent pas voir les fantômes et même Castro ne peut pas les matérialiser. Elle laisse derrière elle ce seul morceau de son territoire qui ne soit pas souillé par les bombes, les offenses et les humiliations : son ambassade, où vaquent des gens qui ont l'air de poissons dans un bocal, autour d'un buste d'Arafat en marbre.

Le jour du Shock & Awe sur l'Irak, un représentant de l'Algérie dont je n'ai pas retenu le nom est monté à la tribune des Nations Unies et, au lieu d'un discours inutile, il a récité, en français, Le loup et l'agneau. Il y fallait un certain courage et pas mal de désespoir. Ce Jeudi à La Havane est une parabole semblable, dont même le titre est politique en effet : « Journal d'une débutante »... parmi les nations souveraines, et ce n'est sûrement pas pour rien qu'il est en anglais, quand tous les autres sont en espagnol. Ce septième d'un film international et collectif est une épure, une fable de La Fontaine, Le loup et l'agneau. Admirable Elia Suleiman.

Carte d'identité du film, de la part des producteurs :


http://www.7joursalahavane.fr/


Catherine


*

 

 Mis en ligne par Théroigne, le 28 septembre 2012.  

 

 

Afin que nul n'oublie

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Quatre heures à Chatila

 

Jean Genet

 

Beyrouth, Septembre 1982. La guerre civile fait rage au Liban, ourdie, provoquée et attisée par l'impérialisme occidental et son bras armé : Israël. Les forces israéliennes, qui viennent d'envahir le Liban, occupent Beyrouth et dominent militairement les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et de Chatila, qu'elles encerclent. Elles contrôlent aussi, bien entendu, tous les accès à la ville. – Du 16 au 18 septembre, l'horreur s'abat sur les deux camps palestiniens : pendant plus de quarante heures, trois mille cinq cents malheureux, enfermés dans ces souricières seront massacrés avec une sauvagerie innommable par « des phalangistes chrétiens libanais » (une des factions en présence). – Sous quel prétexte ? L'assassinat de leur chef, Bechir Gemayel, qu'on croit avoir été près de s'allier avec Israël. Un Syrien pro-palestinien en sera accusé. Sans preuves. D'aucuns accuseront les Israéliens d'avoir eux-mêmes assassiné ou fait assassiner leur allié potentiel, pour avoir une « bonne raison » de punir les fautifs indirects qu'ils désignent (les réfugiés sous barbelés). Certes, on ne prête qu'aux riches, et il y aura d'autant moins de preuves de l'intervention d'Ariel Sharon et de Tsahal qu'on se gardera bien d'en chercher. – Ce qui est sûr, c'est que les assassins avaient été armés par les Israéliens, que les Israéliens les ont fait entrer dans les camps dont ils empêchaient les Palestiniens de sortir, et qu'au mieux (au moins pire), ils ont assisté aux quarante heures de tuerie sans intervenir. Qu'importe qu'ils aient obtenu ce qu'ils voulaient sans avoir eu à salir leurs beaux costumes ? Qu'ils en soient à 100% responsables ne fait de doute pour personne doté d'un minimum de conscience. D'autant que le massacre de Gaza, de décembre 2008, sera la répétition exacte, par la voie des airs, de ceux de Sabra et de Chatila.

 

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« A Chatila, à Sabra, des non-juifs ont massacré des non-juifs, en quoi cela nous concerne-t-il ? » - Menahem Begin (à la Knesset)

 

En ce mois de septembre 1982, Jean Genet accompagne à Beyrouth Layla Shahid, devenue présidente de l’Union des étudiants Palestiniens. Le 16, ont lieu les massacres de Sabra et Chatila par les milices libanaises, avec l’active complicité de l’armée israélienne qui vient d’envahir et d’occuper le Liban . Le 19 septembre, Genet est le premier Européen à pouvoir pénétrer dans le camp de Chatila. Dans les mois qui suivent, il écrit « Quatre heures à Chatila », publié en janvier 1983 dans La Revue d’études palestiniennes.

Ce texte magnifique, réquisitoire implacable contre les responsables de cet acte de barbarie, ne commence pas par évoquer l’horreur du charnier. Il commence par le souvenir des six mois passés dans les camps palestiniens avec les feddayin, dix ans avant le massacre de Sabra et Chatila.

 

 

*


Personne, ni rien, aucune technique du récit, ne dira ce que furent les six mois passés par les feddayin dans les montagnes de Jerash et d’Ajloun en Jordanie, ni surtout leurs premières semaines. Donner un compte rendu des événements, établir la chronologie, les réussites et les erreurs de l’OLP, d’autres l’ont fait. L’air du temps, la couleur du ciel, de la terre et des arbres, on pourra les dire, mais jamais faire sentir la légère ébriété, la démarche au dessus de la poussière, l’éclat des yeux, la transparence des rapports non seulement entre feddayin, mais entre eux et les chefs. Tous, tous, sous les arbres étaient frémissants, rieurs, émerveillés par une vie si nouvelle pour tous, et dans ces frémissements quelque chose d’étrangement fixe, aux aguets, protégé, réservé comme quelqu’un qui prie sans rien dire. Tout était à tous. Chacun en lui-même était seul. Et peut-être non. En somme souriants et hagards. La région jordanienne où ils s’étaient repliés, selon un choix politique, était un périmètre allant de la frontière syrienne à Salt, pour la longueur, délimitée par le Jourdain et par la route de Jerash à Irbid. Cette grande longueur était d’environ soixante kilomètres, sa profondeur vingt d’une région très montagneuse couverte de chênes verts, de petits villages jordaniens et d’une culture assez maigre. Sous les bois et sous les tentes camouflées les feddayin avaient disposé des unités des unités de combattants et des armes légères et semi-lourdes. Une fois sur place, l’artillerie, dirigée surtout contre d’éventuelles opérations jordaniennes, les jeunes soldats entretenaient les armes, les démontaient pour les nettoyer, les graisser, et les remontaient à toute vitesse. Quelques-uns réussissaient l’exploit de démonter et de remonter les armes les yeux bandés afin de pouvoir le réussir la nuit. Entre chaque soldat et son arme s’était établi un rapport amoureux et magique.

 

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Comme les feddayin avaient quitté depuis peu l’adolescence, le fusil en tant qu’arme était le signe de la virilité triomphante, et apportait la certitude d’être. L’agressivité disparaissait : le sourire montrait les dents. 


Pour le reste du temps, les feddayin buvaient du thé, critiquaient leurs chefs et les gens riches, palestiniens et autres, insultaient Israël, mais parlaient surtout de la révolution, de celle qu’ils menaient et de celle qu’ils allaient entreprendre. 
Pour moi, qu’il soit placé dans le titre, dans le corps d’un article, sur un tract, le mot « Palestiniens » évoque immédiatement des feddayin dans un lieu précis - la Jordanie - et à une époque que l’on peut dater facilement : octobre, novembre, décembre 70, janvier, février, mars, avril 1971. C’est à ce moment-là et c’est là que je connus la Révolution palestinienne. L’extraordinaire évidence de ce qui avait lieu, la force de ce bonheur d’être se nomme aussi la beauté. 


Il se passa dix ans et je ne sus rien d’eux, sauf que les feddayin étaient au Liban. La presse européenne parlait du peuple palestinien avec désinvolture, dédain même. Et soudain, Beyrouth-Ouest.

 

***


Une photographie a deux dimensions, l’écran du téléviseur aussi, ni l’un ni l’autre ne peuvent être parcourus. D’un mur à l’autre d’une rue, arqués ou arc-boutés, les pieds poussant un mur et la tête s’appuyant à l’autre, les cadavres, noirs et gonflés, que je devais enjamber étaient tous palestiniens et libanais. Pour moi comme pour ce qui restait de la population, la circulation à Chatila et à Sabra ressembla à un jeu de saute-mouton. Un enfant mort peut quelquefois bloquer les rues, elles sont si étroites, presque minces et les morts si nombreux. Leur odeur est sans doute familière aux vieillards : elle ne m’incommodait pas. Mais que de mouches. Si je soulevais le mouchoir ou le journal arabe posé sur une tête, je les dérangeais. Rendues furieuses par mon geste, elles venaient en essaim sur le dos de ma main et essayaient de s’y nourrir. Le premier cadavre que je vis était celui d’un homme de cinquante ou soixante ans. Il aurait eu une couronne de cheveux blancs si une blessure (un coup de hache, il m’a semblé) n’avait ouvert le crâne. Une partie de la cervelle noircie était à terre, à côté de la tête. Tout le corps était couché sur une mare de sang, noir et coagulé. La ceinture n’était pas bouclée, le pantalon tenait par un seul bouton. Les pieds et les jambes du mort étaient nus, noirs, violets et mauves : peut-être avait-il été surpris la nuit ou à l’aurore ? Il se sauvait ? Il était couché dans une petite ruelle à droite immédiatement de cette entrée du camp de Chatila qui est en face de l’Ambassade du Koweït. Le massacre de Chatila se fit-il dans les murmures ou dans un silence total, si les Israéliens, soldats et officiers, prétendent n’avoir rien entendu, ne s’être doutés de rien alors qu’ils occupaient ce bâtiment, depuis le mercredi après-midi ? 


La photographie ne saisit pas les mouches ni l’odeur blanche et épaisse de la mort. Elle ne dit pas non plus les sauts qu’il faut faire quand on va d’un cadavre à l’autre. 


Si l’on regarde attentivement un mort, il se passe un phénomène curieux : l’absence de vie dans ce corps équivaut à une absence totale du corps ou plutôt à son recul ininterrompu. Même si on s’en approche, croit-on, on ne le touchera jamais. Cela si on le contemple. Mais un geste fait en sa direction, qu’on se baisse près de lui, qu’on déplace un bras, un doigt, il est soudain très présent et presque amical. 


L’amour et la mort. Ces deux termes s’associent très vite quand l’un est écrit. Il m’a fallu aller à Chatila pour percevoir l’obscénité de l’amour et l’obscénité de la mort. Les corps, dans les deux cas, n’ont plus rien à cacher : postures, contorsions, gestes, signes, silences mêmes appartiennent à un monde et à l’autre. Le corps d’un homme de trente à trente-cinq ans était couché sur le ventre. Comme si tout le corps n’était qu’une vessie en forme d’homme, il avait gonflé sous le soleil et par la chimie de décomposition jusqu’à tendre le pantalon qui risquait d’éclater aux fesses et aux cuisses. La seule partie du visage que je pus voir était violette et noire. Un peu plus haut que le genou, la cuisse repliée montrait une plaie, sous l’étoffe déchirée. Origine de la plaie : une baïonnette, un couteau, un poignard ? Des mouches sur la plaie et autour d’elle. La tête plus grosse qu’une pastèque - une pastèque noire. Je demandai son nom, il était musulman. 
  

- Qui est-ce ? 
  

- Palestinien, me répondit en français un homme d’une quarantaine d’années. Voyez ce qu’ils ont fait.

Il tira sur la couverture qui couvrait les pieds et une partie des jambes. Les mollets étaient nus, noirs et gonflés. Les pieds, chaussés de brodequins noirs, non lacés, et les chevilles des deux pieds étaient serrées, et très fortement, par le nœud d’une corde solide - sa solidité était visible - d’environ trois mètres de long, que je disposai afin que madame S. (américaine) puisse photographier avec précision. Je demandai à l’homme de quarante ans si je pouvais voir le visage. 
  

- Si vous voulez, mais voyez-le vous-même.

- Vous voulez m’aider à tourner sa tête ? 
  

- Non. 
  

- L’a-t-on tiré à travers les rues avec cette corde ? 
  

- Je ne sais pas, monsieur. 
  

- Qui l’a lié ? 
  

- Je ne sais pas, monsieur. 
  

- Les gens du commandant Haddad ? 
  

- Je ne sais pas. 
  

- Les Israéliens ? 
  

- Je ne sais pas. 
  

- Vous le connaissiez ? 
  

- Oui. 
  

- Vous l’avez vu mourir ? 
  

- Oui. 
  

- Qui l’a tué ? 
  

- Je ne sais pas.


Il s’éloigna du mort et de moi assez vite. De loin il me regarda et il disparut dans une ruelle de traverse. 


Quelle ruelle prendre maintenant ? J’étais tiraillé par des hommes de cinquante ans, par des jeunes gens de vingt, par deux vieilles femmes arabes, et j'avais l'impression d'être dans une rose des vents, dont les rayons contiendraient des centaines de morts.

Je note ceci maintenant, sans bien savoir pourquoi en ce point de mon récit : « Les Français ont l’habitude d’employer cette expression fade "le sale boulot", eh bien, comme l’armée israélienne a commandé le "sale boulot" aux Kataëb, ou aux Haddadistes, les travaillistes ont fait accomplir le "sale boulot" par le Likoud, Begin, Sharon, Shamir. » Je viens de citer R., journaliste palestinien, encore à Beyrouth, le dimanche 19 septembre. 


Au milieu, auprès d’elles, de toutes les victimes torturées, mon esprit ne peut se défaire de cette « vision invisible » : le tortionnaire comment était-il ? Qui était- il ? Je le vois et je ne le vois pas. Il me crève les yeux et il n’aura jamais d’autre forme que celle que dessinent les poses, postures, gestes grotesques des morts travaillés au soleil par des nuées de mouches. 


S’ils sont partis si vite (les Italiens, arrivés en bateau avec deux jours de retard, s’enfuirent avec des avions Herculès !), les marines américains, les paras français, les bersaglieri italiens qui formaient une force de séparation au Liban, un jour ou trente-six heures avant leur départ officiel, comme s’ils se sauvaient, et la veille de l’assassinat de Béchir Gemayel, les Palestiniens ont-ils vraiment tort de se demander si Américains, Français, Italiens n’avaient pas été prévenus qu’il faille déguerpir à toutes pompes pour ne pas paraître mêlés à l’explosion de la maison des Kataëb ? 


C’est qu’ils sont partis bien vite et bien tôt. Israël se vante et vante son efficacité au combat, la préparation de ses engagements, son habileté à mettre à profit les circonstances, à faire naître ces circonstances. Voyons : l’OLP quitte Beyrouth en gloire, sur un navire grec, avec une escorte navale. Béchir, en se cachant comme il peut, rend visite à Begin en Israël. L’intervention des trois armes (américaine, française, italienne) cesse le lundi. Mardi Béchir est assassiné. Tsahal entre à Beyrouth-Ouest le mercredi matin. Comme s’ils venaient du port, les soldats israéliens montaient vers Beyrouth le matin de l’enterrement de Béchir. Du huitième étage de ma maison, avec une jumelle, je les vis arriver en file indienne : une seule file. Je m’étonnais que rien d’autre ne se passe car un bon fusil à lunette aurait dû les descendre tous. Leur férocité les précédait. 


Et les chars derrière eux. Puis les jeeps. 


Fatigués par une si longue et matinale marche, ils s’arrêtèrent près de l’ambassade de France. Laissant les tanks avancer devant eux, entrant carrément dans le Hamra. Les soldats, de dix mètres en dix mètres, s’assirent sur le trottoir, le fusil pointé devant eux, le dos appuyé au mur de l’ambassade. Le torse assez, grand, ils me semblaient des boas qui auraient eu deux jambes allongées devant eux. 


« Israël s’était engagé devant le représentant américain, Habib, à ne pas mettre les pieds à Beyrouth-Ouest et surtout à respecter les populations civiles des camps palestiniens. Arafat a encore la lettre par laquelle Reagan lui fait la même promesse. Habib aurait promis à Arafat la libération de neuf mille prisonniers. « Israël. Jeudi les massacres de Chatila et Sabra commencent. Le "bain sang" qu’Israël prétendait éviter en apportant l’ordre dans les camps !... » me dit un écrivain libanais. 


« Il sera très facile à Israël de se dégager de toutes les accusations. Des journalistes dans tous les journaux européens s’emploient déjà à les innocenter : aucun ne dira que pendant les nuits de jeudi à vendredi et vendredi à samedi on parla hébreu à Chatila. » C’est ce que me dit un autre Libanais. 


La femme palestinienne - car je ne pouvais pas sortir de Chatila sans aller d’un cadavre à l’autre et ce jeu de l’oie aboutirait fatalement à ce prodige : Chatila et Sabra rasés avec batailles de l’Immobilier afin de reconstruire sur ce cimetière très plat - la femme palestinienne était probablement âgée car elle avait des cheveux gris. Elle était étendue sur le dos, déposée ou laissée là sur des moellons, des briques, des barres de fer tordues, sans confort. D’abord j’ai été étonné par une étrange torsade de corde et d’étoffe qui allait d’un poignet à l’autre, tenant ainsi les deux bras écartés horizontaux, comme crucifiés. Le visage noir et gonflé tourné vers le ciel, montrait une bouche ouverte, noire de mouches, avec des dents qui me semblèrent très blanches, visage qui paraissait, sans qu’un muscle ne bougeât, soit grimacer soit sourire ou hurler d’un hurlement silencieux et ininterrompu. Ses bas étaient en laine noire, la robe à fleurs roses et grises, légèrement retroussée ou trop courte, je ne sais pas, laissait voir le haut des mollets noirs et gonflés, toujours avec de délicates teintes mauves auxquelles répondaient un mauve et un violet semblable aux joues. Etaient-ce des ecchymoses ou le naturel effet du pourrissement au soleil ? 
  

- Est-ce qu’on l’a frappée à coups de crosse ? 
  

- Regardez, monsieur, regardez ses mains.


Je n’avais pas remarqué. Les doigts des deux mains étaient en éventail et les dix doigts étaient coupés comme avec une cisaille de jardinier. Des soldats, en riant comme des gosses et en chantant joyeusement, s’étaient probablement amusés en découvrant cette cisaille et en l’utilisant. 
  

- Regardez, monsieur.


Les bouts des doigts, les phalangettes, avec l’ongle, étaient dans la poussière. Le jeune homme qui me montrait, avec naturel, sans aucune emphase, le supplice des morts, remit tranquillement une étole sui le visage et sur les mains de la femme palestinienne, et un carton rugueux sur ses jambes. Je ne distinguai plus qu’un amas d’étoffe rose et gris, survolé de mouches.

Trois jeunes gens m’entraînent dans une ruelle. 
  

- Entrez, monsieur, nous on vous attend dehors.


La première pièce était ce qui restait d’une maison de deux étages. Pièce assez calme, accueillante même, un essai de bonheur, peut-être un bonheur réussi avait été fait avec des restes, avec ce qui survit d’une mousse dans un pan de mur détruit, avec ce que je crus d’abord être trois fauteuils, en fait trois sièges d’une voiture (peut-être d’une mercédès au rebut), un canapé avec des coussins taillés dans une étoffe à fleurs de couleurs criardes et de dessins stylisés, un petit poste de radio silencieux, deux candélabres éteints. Pièce assez calme, même avec le tapis de douilles... Une porte battit comme s’il y avait un courant d’air. J’avançais sur les douilles et je poussai la porte qui s’ouvrait dans le sens de l’autre pièce, mais il me fallut forcer : le talon d’un soulier à tige l’empêchait de me laisser le passage, talon d’un cadavre couché sur le dos, près de deux autres cadavres d’hommes couchés sur le ventre, et reposant tous sur un autre tapis de douilles de cuivre. Je faillis plusieurs fois tomber à cause d’elles. 


Au fond de cette pièce, une autre porte était ouverte, sans serrure, sans loquet. J’enjambai les morts comme on franchit des gouffres. La pièce contenait, entassés sur un seul lit, quatre cadavres d’hommes, l’un sur l’autre, comme si chacun d’eux avait eu la précaution de protéger celui qui était sous lui ou qu’ils aient été saisis par un rut érotique en décomposition. Cet amas de boucliers sentait fort, il ne sentait pas mauvais. L’odeur et les mouches avaient, me semblait-il, l’habitude de moi. Je ne dérangeais plus rien de ces ruines et de ce calme.

- Dans la nuit de jeudi à vendredi, durant celles de vendredi à samedi et samedi à dimanche, personne ne les a veillés, pensai-je.


Et pourtant il me semblait que quelqu’un était passé avant moi près de ces morts et après leur mort. Les trois jeunes gens m’attendaient assez loin de la maison, un mouchoir sur les narines. 


C’est alors, en sortant de la maison, que j’eus comme un accès de soudaine et légère folie qui me fit presque sourire. Je me dis qu’on n’aurait jamais assez de planches ni de menuisiers pour faire des cercueils. Et puis, pourquoi des cercueils ? Les morts et les mortes étaient tous musulmans qu’on coud dans des linceuls. Quels métrages il faudrait pour ensevelir tant de morts ? Et combien de prières. Ce qui manquait en ce lieu, je m’en rendis compte, c’était la scansion des prières. 
  

- Venez, monsieur, venez vite.


Il est temps d’écrire que cette soudaine et très momentanée folie qui me fit compter des mètres de tissu blanc donna à ma démarche une vivacité presque allègre, et qu’elle fut peut-être causée par la réflexion, entendue la veille, d’une amie palestinienne. 
  

- J’attendais qu’on m’apporte mes clés (quelles clés : de sa voiture, de sa maison, je ne sais plus que le mot clés), un vieil homme est passé en courant. 
  

- Où vas-tu ? 
 

- Chercher de l’aide. Je suis le fossoyeur. Ils ont bombardé le cimetière. Tous les os des morts sont à l’air. Il faut m’aider à ramasser les os.


Cette amie est, je crois, chrétienne. Elle me dit encore : « Quand la bombe à vide - dite à implosion - a tué deux cent cinquante personnes, nous n’avions qu’une seule caisse. Les hommes ont creusé une fosse commune dans le cimetière de l’église orthodoxe. On remplissait la caisse et on allait la vider. On a fait le va-et-vient sous les bombes, en dégageant les corps et les membres comme on pouvait. »

Depuis trois mois les mains avaient une double fonction : le jour, saisir et toucher, la nuit, voir. Les coupures d’électricité obligeaient à cette éducation d’aveugles, comme à l’escalade, bi ou triquotidienne de la falaise de marbre blanc, les huit étages de l’escalier. On avait dû remplir d’eau tous les récipients de la maison Le téléphone fut coupé quand entrèrent à Beyrouth-Ouest, les soldats israéliens et avec eux les inscriptions hébraïques. Les routes le furent aussi autour de Beyrouth. Les chars Merkeba toujours en mouvement indiquaient qu’ils surveillaient toute la ville et en même temps on devinait leurs occupants effrayés que les chais ne deviennent une cible fixe. Certainement ils redoutaient l’activité de morabitounes et celle des feddayin qui avaient pu rester dans les secteurs de Beyrouth Ouest. 


Le lendemain de l’entrée de l’armée israélienne nous étions prisonniers, or il m’a semblé que les envahisseurs étaient moins craints que méprisés ils causaient moins, d’effroi que de dégoût. Aucun soldat ne riait ni ne souriait. Le temps ici n’était certainement pas aux jets de riz ni de fleurs. 


Depuis que les routes étaient coupées, le téléphone silencieux, privé de communication avec le reste du monde, pour la première fois de ma vie je me sentis devenir palestinien et haïr Israël. 


A la Cité sportive, près de la route Beyrouth-Damas, stade déjà presque détruit par les pilonnages des avions, les Libanais livrent aux officiers israéliens des amas d’armes, paraît-il, toutes détériorées volontairement. 


Dans l’appartement que j’occupe, chacun a son poste de radio. On écoute Radio-Kataëb, Radio-Morabitounes, Radio-Amman, Radio-Jérusalem (en français), Radio-Liban. On fait sans doute la même chose dans chaque appartement.

« Nous sommes reliés à Israël par de nombreux courants qui nous apportent des bombes, des chars, des soldats, des fruits, des légumes ; ils emportent en Palestine nos soldats, nos enfants... en un va-et-vient continu qui ne cesse plus, comme, disent-ils, nous sommes reliés à eux depuis Abraham, dans sa descendance, dans sa langue, dans la même origine... » (un feddaï palestinien). « Bref, ajoute-t-il, ils nous envahissent, ils nous gavent, ils nous étouffent et voudraient nous embrasser. Ils disent qu’ils sont nos cousins. Ils sont très attristés de voir qu’on se détourne d’eux. Ils doivent être furieux contre nous et contre eux-mêmes. »

 

***

 

L’affirmation d’une beauté propre aux révolutionnaires pose pas mal de difficultés. On sait - on suppose - que les enfants jeunes ou des adolescents vivant dans des milieux anciens et sévères, ont une beauté de visage, de corps, de mouvement, de regards, assez proche de la beauté des feddayin. L’explication est peut être celle-ci : en brisant les ordres archaïques, une liberté neuve se fraye à travers les peaux mortes, et les pères et les grand-pères auront du mal à éteindre l’éclat des yeux, le voltage des tempes, l’allégresse du sang dans les veines. 


Sur les bases palestiniennes, au printemps de 1971, la beauté était subtilement diffuse dans une forêt animée par la liberté des feddayin. Dans les camps c’était une beauté encore différente, un peu plus étouffée, qui s’établissait par le règne des femmes et des enfants. Les camps recevaient une sorte de lumière venue des bases de combat et quant aux femmes, l’explication de leur éclat nécessiterait un long et complexe débat. Plus encore que les hommes, plus que les feddayin au combat, les femmes palestiniennes paraissaient assez fortes pour soutenir la résistance et accepter les nouveautés d’une révolution. Elles avaient déjà désobéi aux coutumes : regard direct soutenant le regard des hommes, refus du voile, cheveux visibles quelquefois complètement nus, voix sans fêlure. La plus courte et la plus prosaïque de leurs démarches était le fragment d’une avancée très sûre vers un ordre nouveau, donc inconnu d’elles, mais où elles pressentaient pour elles-mêmes la libération comme un bain et pour les hommes une fierté lumineuse. Elles étaient prêtes à devenir à la fois l’épouse et la mère des héros comme elles l’étaient déjà de leurs hommes. 


Dans les bois d’Ajloun, les feddayin rêvaient peut-être à des filles, il semble plutôt que chacun dessinât sur lui-même - ou modelât par ses gestes - une fille collée contre lui, d’où cette grâce et cette force - avec leurs rires amusés - des feddayin en armes. Nous n’étions pas seulement dans l’orée d’une pré-révolution mais dans une indistincte sensualité. Un givre raidissant chaque geste lui donnait sa douceur. 
Toujours, et tous les jours pendant un mois, à Ajloun toujours, j’ai vu une femme maigre mais forte, accroupie dans le froid, mais accroupie comme les Indiens des Andes, certains Africains noirs, les Intouchables de Tokyo, les Tziganes sur un marché, en position de départ soudain, s’il y a danger, sous les arbres, devant le poste de garde - une petite maison en dur, maçonnée très vite. Elle attendait, pieds nus, dans sa robe noire, galonnée à son rebord et au rebord des manches. Son visage était sévère mais non hargneux, fatigué mais non lassé. Le responsable du commando préparait une pièce à peu près nue, puis il lui faisait signe. Elle entrait dans la pièce. Refermait la porte, mais non à clé. Puis elle sortait, sans dire un mot, sans sourire, sur ses deux pieds nus elle retournait, très droite, jusqu’à Jerash, et au camp de Baq’a. Dans la chambre, réservée pour elle dans le poste de garde, j’ai su qu’elle enlevait ses deux jupes noires, détachait toutes les enveloppes et les lettres qui y étaient cousues, en faisait un paquet, cognait un petit coup à la porte. Remettait les lettres au responsable, sortait, partait sans avoir dit un mot. Elle revenait le lendemain. 


D’autres femmes, plus âgées que celle-là, riaient de n’avoir pour foyer que trois pierres noircies qu’elles nommaient en riant, à Djebel Hussein (Amman) : « notre maison ». Avec quelle voix enfantine elles me montraient les trois pierres, et quelquefois la braise allumée en disant, rieuses : « Dârna. » Ces vieilles femmes ne faisaient partie ni de la révolution, ni de la résistance palestinienne : elles étaient la gaieté qui n’espère plus. Le soleil sur elles, continuait sa courbe. Un bras ou un doigt tendu proposait une ombre toujours plus maigre. Mais quel sol ? Jordanien par l’effet d’une fiction administrative et politique décidée par la France, l’Angleterre, la Turquie, l’Amérique... « La gaieté qui n’espère plus », la plus joyeuse car la plus désespérée. Elles voyaient encore une Palestine qui n’existait plus quand elles avaient seize ans, mais enfin elles avaient un sol. Elles n’étaient ni dessous ni dessus, dans un espace inquiétant où le moindre mouvement serait un faux mouvement. Sous les pieds nus de ces tragédiennes octogénaires et suprêmement élégantes, la terre était ferme ?

C’était de moins en moins vrai. Quand elles avaient fui Hébron sous les menaces israéliennes, la terre ici paraissait solide, chacun s’y faisait léger et s’y mouvait sensuellement dans la langue arabe. Les temps passant, il semblait que cette terre éprouvât ceci : les Palestiniens étaient de moins en moins supportables en même temps que ces Palestiniens, ces paysans, découvraient la mobilité, la marche, la course, le jeu des idées redistribuées presque chaque jour comme des cartes à jouer, les armes, montées, démontées, utilisées. Chacune des femmes, à tour de rôle, prend la parole. Elles rient. On rapporte de l’une d’elles une phrase : 
  

- Des héros ! Quelle blague. J’en ai fait et fessé cinq ou six qui sont au djebel. Je les ai torchés. Je sais ce qu’ils valent, et je peux en faire d’autres. 


Dans le ciel toujours bleu le soleil a poursuivi sa courbe, mais il est encore chaud. Ces tragédiennes à la fois se souviennent et imaginent. Afin d’être plus expressives, elles pointent l’index à la fin d’une période et elles accentuent les consonnes emphatiques. Si un soldat jordanien venait à passer, il serait ravi : dans le rythme des phrases il retrouverait le rythme des danses bédouines. Sans phrases, un soldat israélien, s’il voyait ces déesses, leur lâcherait dans le crâne une rafale de mitraillette.


***

Ici, dans ces ruines de Chatila, il n’y a plus rien. Quelques vieilles femmes, muettes, vite refermées sur une porte où un chiffon blanc est cloué. Des feddayin, très jeunes, j’en rencontrerai quelques-uns à Damas. 


Le choix que l’on fait d’une communauté privilégiée, en dehors de la naissance alors que l’appartenance à ce peuple est native, ce choix s’opère par la grâce d’une adhésion non raisonnée, non que la justice n’y ait sa part, mais cette justice et toute la défense de cette communauté se font en vertu d’un attrait sentimental, peut-être même sensible, sensuel ; je suis français, mais entièrement, sans jugement, je défends les Palestiniens. Ils ont le droit pour eux puisque je les aime. Mais les aimerais-je si l’injustice n’en faisait pas un peuple vagabond ? 


Les immeubles de Beyrouth sont à peu près tous touchés, dans ce qu’on appelle encore Beyrouth Ouest. Ils s’affaissent de différentes façons : comme un mille-feuilles serré par les doigts d’un King-Kong géant, indifférent et vorace, d’autres fois les trois ou quatre derniers étages s’inclinent délicieusement selon un plissé très élégant, une sorte de drapé libanais de l’immeuble. Si une façade est intacte, faites le tour de la maison, les autres façades sont canardées. Si les quatre façades restent sans fissures, la bombe lâchée de l’avion est tombée au centre et a fait un puits de ce qui était la cage d’escalier et de l’ascenseur.

 

***

 

A Beyrouth-Ouest, après l’arrivée des Israéliens, S. me dit : « La nuit était tombée, il devait être dix-neuf heures. Tout à coup un grand bruit de ferrailles, de ferrailles, de ferrailles. Tout le monde, ma sœur, mon beau-frère et moi, nous courons au balcon. Nuit très noire. Et de temps en temps, comme des éclairs à moins de cent mètres. Tu sais que presque en face de chez nous il y une sorte de P.C. israélien : quatre chars, une maison occupée par des soldats et des officiers, et des sentinelles. La nuit. Et le bruit de ferrailles qui se rapproche. Les éclairs : quelques torches lumineuses. Et quarante ou cinquante gamins d’environ douze à treize ans qui frappaient en cadence des petits jerricans de fer, soit avec des pierres, soit avec des marteaux ou autre chose. Ils criaient, en le rythmant très fort : Là ilâh illâ Allah, Lâ Kataëb wa lâ yahoud. (Il n’est point de Dieu que Dieu, Non aux Kataëb, non aux juifs.) » 


H. me dit : « Quand tu es venu à Beyrouth et à Damas en 1928, Damas était détruit. Le général Gouraud et ses troupes, tirailleurs marocains et tunisiens, avaient tiré et nettoyé Damas. Qui la population syrienne accusait-elle ? 


Moi. - Les Syriens accusaient la France des massacres et des ruines de Damas. 


Lui. - Nous accusons Israël des massacres de Chatila et de Sabra. Qu’on ne mette pas ces crimes sur le seul dos de leurs supplétifs Kataëb. Israël est coupable d’avoir fait entrer dans les camps deux compagnies de Kataëb, de leur avoir donné des ordres, de les avoir encouragé durant trois jours et trois nuits, de leur avoir apporté à boire et à manger, d’avoir éclairé les camps de la nuit. » 


Encore H., professeur d’histoire. Il me dit : « En 1917 le coup d’Abraham est réédité, ou, si tu veux, Dieu était déjà la préfiguration de lord Balfour. Dieu, disaient et disent encore les juifs, avait promis une terre de miel et de lait à Abraham et à sa descendance, or cette contrée, qui n’appartenait pas au dieu des juifs (ces terres étaient pleines de dieux), cette contrée était peuplée des Cananéens, qui avaient aussi leurs dieux, et qui se battirent contre les troupes de Josué jusqu’à leur voler cette fameuse arche d’alliance sans laquelle les juifs n’auraient pas eu de victoire. L’Angleterre qui, en 1917, ne possédait pas encore la Palestine (cette terre de miel et de lait) puisque le traité qui lui en accorde le mandat n’avait pas encore été signé.

- Begin prétend qu’il est venu dans le pays.

- C’est le titre d’un film : « Une si longue absence ». Ce Polonais, vous le voyez en héritier du roi Salomon ? » 


Dans les camps, après vingt ans d’exil, les réfugiés rêvaient de leur Palestine, personne n’osait savoir ni n’osait dire qu’Israël l’avait de fond en comble ravagée, qu’à la place du champ d’orge il y avait la banque, la centrale électrique au lieu d’une vigne rampante.

- On changera la barrière du champ ?

- Il faudra refaire une partie du mur près du figuier. 
 

- Toutes les casseroles doivent être rouillées : toile émeri à acheter. 
  

- Pourquoi ne pas faire mettre aussi l’électricité dans l’écurie ? 
 

- Ah non, les robes brodées à la main c’est fini : tu me donneras une machine à coudre et une à broder. 


La population âgée des camps était misérable, elle le fut peut-être aussi en Palestine mais la nostalgie y fonctionnait d’une façon magique. Elle risque de rester prisonnière des charmes malheureux des camps. II n’est pas sûr que cette fraction palestinienne les quitte avec regret. C’est en ce sens qu’un extrême dénuement est passéiste. L’homme qui l’aura connu, en même temps que l’amertume aura connu une joie extrême, solitaire, non communicable. Les camps de Jordanie, accrochés à des pentes pierreuses sont nus, mais à leur périphérie il y a des nudités plus désolées : baraquements, tentes trouées, habitées de familles dont l’orgueil est lumineux. C’est ne rien comprendre au cœur humain que nier que des hommes peuvent s’attacher et s’enorgueillir de misères visibles et cet orgueil est possible car la misère visible a pour contrepoids une gloire cachée.

La solitude des morts, dans le camp de Chatila, était encore plus sensible parce qu’ils avaient des gestes et des poses dont ils ne s’étaient pas occupés. Morts n’importe comment. Morts laissés à l’abandon. Cependant, dans le camp, autour de nous, toutes les affections, les tendresses, les amours flottaient, à la recherche des Palestiniens qui n’y répondraient plus. 
  

- Comment dire à leurs parents, qui sont partis avec Arafat, confiants dans les promesses de Reagan, de Mitterrand, de Pertini, qui les avaient assurés qu’on ne toucherait pas à la population civile des camps ? Comment dire qu’on a laissé massacrer les enfants, les vieillards, les femmes, et qu’on abandonne leurs cadavres sans prières ? Comment leur apprendre qu’on ignore où ils sont enterrés ?

Les massacres n’eurent pas lieu en silence et dans l’obscurité. Eclairées par les fusées lumineuses israéliennes, les oreilles israéliennes étaient, dès le jeudi soir, à l’écoute de Chatila. Quelles fêtes, quelles bombances se sont déroulées là où la mort semblait participer aux joyeusetés des soldats ivres de vin, ivres de haine, et sans doute ivres de la joie de plaire à l’armée israélienne qui écoutait, regardait, encourageait, tançait. Je n’ai pas vu cette armée israélienne à l’écoute et à l’œil. J’ai vu ce qu’elle a fait. 


A l’argument : « Que gagnait Israël à assassiner Béchir : à entrer à Beyrouth, rétablir l’ordre et éviter le bain de sang. » 
  

- Que gagnait Israël à massacrer Chatila ? Réponse : « Que gagnait-il à entrer au Liban ? Que gagnait-il à bombarder pendant deux mois la population civile : à chasser et détruire les Palestiniens. Que voulait-il gagner à Chatila : détruire les Palestiniens. » 


Il tue des hommes, il tue des morts. Il rase Chatila. Il n’est pas absent de la spéculation immobilière sur le terrain aménagé : c’est cinq millions anciens le mètre carré encore ravagé. Mais « propre » ce sera ?... 


Je l’écris à Beyrouth où, peut-être à cause du voisinage de la mort, encore à fleur de terre, tout est plus vrai qu’en France : tout semble se passer comme si, lassé, accablé d’être un exemple, d’être intouchable, d’exploiter ce qu’il croit être devenu : la sainte inquisitoriale et vengeresse, Israël avait décidé de se laisser juger froidement. 
Grâce à une métamorphose savante mais prévisible, le voici tel qu’il se préparait depuis si longtemps : un pouvoir temporel exécrable, colonisateur comme on ne l’ose guère, devenu l’Instance Définitive qu’il doit à sa longue malédiction autant qu’à son élection.

De nombreuses questions restent posées : 


Si les Israéliens n’ont fait qu’éclairer le camp, l’écouter, entendre les coups de feu tirés par tant de munitions dont j’ai foulé les douilles (des dizaines de milliers), i tirait réellement ? Qui, en tuant, risquait sa peau ? Phalangistes ? Haddadistes ? Qui ? Et combien ? 


Où sont passées les armes qui ont fait toutes ces morts ? Et où les armes de ceux i se sont défendus ? Dans la partie du camp que j’ai visitée, je n’ai vu que deux armes anti-char non employées. 


Comment sont entrés les assassins dans les camps ? Les Israéliens étaient-ils à toutes les issues commandant Chatila ? En tout cas, le jeudi ils étaient déjà à l’hôpital de Acca, face à une ouverture du camp. 


On a écrit, dans les journaux, que les Israéliens sont entrés dans le camp de Chatila dès qu’ils ont connu les massacres, et qu’ils les ont fait cesser aussitôt, donc le samedi. Mais qu’ont-ils fait des massacreurs, qui sont partis où ? 


Après l’assassinat de Béchir Gemayel et de vingt de ses camarades, après les massacres, quand elle sut que je revenais de Chatila, madame B., de la haute bourgeoisie de Beyrouth, vint me voir. Elle monta - pas d’électricité - les huit étages l’immeuble - je la suppose âgée, élégante mais âgée. 
  

- Avant la mort de Béchir, avant les massacres, vous aviez raison de me dire que le pire était en marche. Je l’ai vu. 
  

- Ne me dites surtout pas ce que vous avez vu à Chatila, je vous en prie. Mes nerfs sont trop fragiles, je dois les ménager afin de supporter le pire qui n’est pas encore arrivé. 


Elle vit, seule avec son mari (soixante-dix ans) et sa bonne dans un grand appartement à Ras Beyrouth. Elle est très élégante. Très soignée. Ses meubles sont de style, je crois Louis XVI. 
  

- Nous savions que Béchir était allé en Israël. Il a eu tort. Quand on est chef d’état élu, on ne fréquente pas ces gens-là. J’étais sûre qu’il lui arriverait malheur. Mais je ne veux rien savoir. Je dois ménager mes nerfs pour supporter les coups terribles qui ne sont pas encore venus. Béchir devait retourner cette lettre où monsieur Begin l’appelait son cher ami. 


La haute bourgeoisie, avec ses serviteurs muets, a sa façon de résister. Madame B. et son mari ne « croient pas tout à fait à la métempsychose ». Que se passera-t-il s’ils renaissent en forme d’Israéliens ? 


Le jour de l’enterrement de Béchir est aussi le jour de l’entrée à Beyrouth-Ouest de l’armée israélienne. Les explosions se rapprochent de l’immeuble où nous sommes ; finalement, tout le monde descend à l’abri, dans une cave. Des ambassadeurs, des médecins, leurs femmes, les filles, un représentant de l’ONU au Liban, leurs domestiques. 


- Carlos, apportez-moi un coussin. 
  

- Carlos, mes lunettes. 
  

- Carlos, un peu d’eau.

Les domestiques, car eux aussi parlent français, sont acceptés dans l’abri. Il faut peut-être aussi les sauvegarder, leurs blessures, leur transport à l’hôpital ou au cimetière, quelle affaire ! 


Il faut bien savoir que les camps palestiniens de Chatila et de Sabra, c’est des kilomètres et des kilomètres de ruelles très étroites - car, ici, même les ruelles sont si maigres, si squelettiques parfois que deux personnes ne peuvent avancer que si l’une marche de profil - encombrées de gravats, de parpaings, de briques, de guenilles multicolores et sales, et la nuit, sous la lumière des fusées israéliennes qui éclairaient les camps, quinze ou vingt tireurs, même bien armés, n’auraient pas réussi à faire cette boucherie. Les tueurs ont opéré, mais nombreux, et probablement des escouades de tortionnaires qui ouvraient des crânes, tailladaient des cuisses, coupaient des bras, des mains et des doigts, traînaient au bout d’une corde des agonisants entravés, des hommes et des femmes vivant encore puisque le sang a longtemps coulé des corps, à tel point que je ne pus savoir qui, dans le couloir d’une maison, avait laissé ce ruisseau de sang séché, du fond du couloir où était la mare jusqu’au seuil où il se perdait dans la poussière. Etait-ce un Palestinien ? Une femme ? Un phalangiste dont on avait évacué le corps ? 


De Paris, surtout si l’on ignore la topographie des camps, on peut en effet douter de tout. On peut laisser Israël affirmer que les journalistes de Jérusalem furent les premiers à annoncer le massacre. En direction des pays arabes et en langue arabe comment le dirent-ils ? En langue anglaise et en français, comment ? Et précisément quand ? Quand on songe aux précautions dont on s’entoure en Occident dès qu’on constate un décès suspect, les empreintes, l’impact des balles, les autopsies et contre-expertises ! A Beyrouth, à peine connu le massacre, l’armée libanaise officiellement prenait en charge les camps et les effaçait aussitôt, les ruines des maisons comme celles des corps. Qui ordonna cette précipitation ? Après pourtant cette affirmation qui courut le monde : chrétiens et musulmans se sont entretués, et après que les caméras eurent enregistré la férocité de la tuerie.

L’hôpital de Acca occupé par les Israéliens, en face d’une entrée de Chatila, n’est pas à deux cents mètres du camp, mais à quarante mètres. Rien vu, rien entendu, rien compris ? 


Car c’est bien ce que déclare Begin à la Knesset : « Des non-juifs ont massacré des non-juifs, en quoi cela nous concerne-t-il ? » 


Interrompue un moment, ma description de Chatila doit se terminer. Voici les morts que je vis en dernier, le dimanche, vers deux heures de l’après-midi, quand la Croix-Rouge internationale entrait avec ses bulldozers. L’odeur cadavérique ne sortait ni d’une maison ni d’un supplicié : mon corps, mon être semblaient l’émettre. Dans une rue étroite, dans un redan de mur en arête, j’ai cru voir un boxeur noir assis par terre, rieur, étonné d’être K.O. Personne n’avait eu le courage de lui fermer les paupières, ses yeux exorbités, de faïence très blanche, me regardaient. Il paraissait déconfit, le bras levé, adossé à cet angle du mur. C’était un Palestinien, mort depuis deux ou trois jours. Si je l’ai pris d’abord pour un boxeur nègre, c’est que sa tête était énorme, enflée et noire, comme toutes les têtes et tous les corps, qu’ils soient au soleil ou à l’ombre des maisons. Je passai près de ses pieds. Je ramassai dans la poussière un dentier de mâchoire supérieure que je posai sur ce qui restait des montants d’une fenêtre. Le creux de sa main tendue vers le ciel, sa bouche ouverte, l’ouverture de son pantalon où manquait la ceinture : autant de ruches où les mouches se nourrissaient. 


Je franchis un autre cadavre, puis un autre. Dans cet espace de poussière, entre les deux morts, il y avait enfin un objet très vivant, intact dans ce carnage, d’un rose translucide, qui pouvait encore servir : la jambe artificielle, apparemment en matière plastique, et chaussée d’un soulier noir et d’une chaussette grise. En regardant mieux, il était clair qu’on l’avait arrachée brutalement à la jambe amputée, car les courroies qui habituellement la maintenaient à la cuisse, toutes étaient rompues. Cette jambe artificielle appartenait au deuxième mort. Celui de qui je n’avais vu qu'une jambe et un pied chaussé d'un soulier noir et d'une chaussette grise.

Dans la rue perpendiculaire à celle où j’ai laissé les trois morts, il y en avait un autre. Il ne bouchait pas complètement le passage, mais il se trouvait couché au début de la rue, de sorte que je dus le dépasser et me retourner pour voir ce spectacle : assise sur une chaise, entourée de femmes et d’hommes encore jeunes qui se taisaient, sanglotait une femme - vêtements de femme arabe - qui me parut avoir seize ou soixante ans. Elle pleurait son frère dont le corps barrait presque la rue. Je vins près d’elle. Je regardai mieux. Elle avait une écharpe nouée sous le cou. Elle pleurait, elle se lamentait sur la mort de son frère, à côté d’elle. Son visage était rose - un rose d’enfant, à peu près uniforme, très doux, tendre - mais sans cils ni sourcils, et ce que je croyais rose n’était pas l’épiderme mais le derme bordé par un peu de peau grise. Tout le visage était brûlé. Je ne puis savoir par quoi, mais je compris par qui. 


Aux premiers morts, je m’étais efforcé de les compter. Arrivé à douze ou quinze, enveloppé par l’odeur, par le soleil, butant dans chaque ruine, je ne pouvais plus, tout s’embrouillait. 


Des maisons éventrées et d’où sortent des édredons, des immeubles effondrés, j’en ai vu beaucoup, avec indifférence, en regardant ceux de Beyrouth-Ouest, ceux de Chatila je voyais l’épouvante. Les mots, qui me sont généralement très vite familiers, amicaux même, en voyant ceux des camps je ne distinguais plus que la haine et la joie de ceux qui les ont tués. Une fête barbare s’était déroulée là : rage, ivresse, danses, chants, jurons, plaintes, gémissements, en l’honneur des voyeurs qui riaient au dernier étage de l’hôpital de Acca. 


Avant la guerre d’Algérie, en France, les Arabes n’étaient pas beaux, leur dégaine était lourde, traînassante, leur gueule de travers, et presque soudainement la victoire les embellit, mais déjà, un peu avant qu’elle soit aveuglante, quand plus d’un demi-million de soldats français s’éreintaient et crevaient dans les Aurès et dans toute l’Algérie un curieux phénomène était perceptible, à l’œuvre sur le visage et dans le corps des ouvriers arabes : quelque chose comme l’approche, le pressentiment d’une beauté encore fragile mais qui allait nous éblouir quand leurs écailles seraient enfin tombées de leur peau et de nos yeux. Il fallait accepter l’évidence qu’ils s’étaient libérés politiquement pour apparaître tels qu’il fallait les voir, très beaux. De la même façon, échappés des camps de réfugiés, échappés à la morale et à l’ordre des camps, à une morale imposée par la nécessité de survivre, échappés du même coup à la honte, les feddayin étaient très beaux ; et comme cette beauté était nouvelle, c’est-à-dire neuve, c’est-à-dire naïve, elle était fraîche, si vive qu’elle découvrait immédiatement ce qui la mettait en accord avec toutes les beautés du monde s’arrachant à la honte. 


Beaucoup de macs algériens, qui traversaient la nuit de Pigalle, utilisaient leurs atouts au profit de la révolution algérienne. La vertu était là aussi. C’est, je crois, Hannah Arendt qui distingue les révolutions selon qu’elles envisagent la liberté ou la vertu - donc le travail. Il faudrait peut-être reconnaître que les révolutions ou les libérations se donnent - obscurément - pour fin de trouver ou retrouver la beauté, c’est à dire l’impalpable, innommable autrement que par ce vocable. Ou plutôt non par la beauté entendons une insolence rieuse que narguent la misère passée, les systèmes et les hommes responsables de la misère et de la honte, mais insolence rieuse qui s’aperçoit que l’éclatement, hors de la honte, était facile. 


Mais, dans cette page, il devait être question surtout de ceci : une révolution en est-elle une quand elle n’a pas fait tomber des visages et des corps la peau morte qui les avachissait. Je ne parle pas d’une beauté académique, mais de l’impalpable - innommable - joie des corps, des visages, des cris, des paroles qui cessent d’être mornes, je veux dire une joie sensuelle et si forte qu’elle veut chasser tout érotisme.


***

Me revoici à Ajloun, en Jordanie, puis à Irbid. Je retire ce que je crois être un de mes cheveux blancs tombé sur mon chandail et je le pose sur un genou de Hamza, assis près de moi. Il le prend entre le pouce, le majeur, le regarde sourit, le met dans la poche de son blouson noir, y appuie sa main en disant :
  

- Un poil de la barbe du Prophète vaut moins que ça. 


Il respire un peu plus large et reprend : 
  

- Un poil de la barbe du prophète ne vaut pas plus que ça.

Il n’avait que vingt-deux ans, sa pensée bondissait à l’aise très au-dessus des Palestiniens de quarante ans, mais il avait déjà sur lui les signes - sur lui : sur son corps, dans ses gestes - qui le rattachaient aux anciens. 


Autrefois les laboureurs se mouchaient dans leurs doigts. Un claquement envoyait la morve dans les ronces. Ils se passaient sous le nez leurs manches de velours côtelé qui, au bout d’un mois, était recouverte d’une légère nacre. Ainsi les feddayin. Ils se mouchaient comme les marquis, les prélats prisaient : un peu voûtés. J’ai fait la même chose qu’eux, qu’ils m’ont apprise sans s’en douter. 


Et les femmes ? Jour et nuit broder les sept robes (une par jour de la semaine) du trousseau de fiançailles offert par un époux généralement âgé choisi par la famille, éveil affligeant. Les jeunes Palestiniennes devinrent très belles quand elles se révoltèrent contre le père et cassèrent leurs aiguilles et les ciseaux à broder. C’est sur les montagnes d’Ajloun, de Sait et d’Irbid, sur les forêts elles-mêmes que s’était déposée toute la sensualité libérée par la révolte et les fusils, n’oublions pas les fusils : cela suffisait, chacun était comblé. Les feddayin sans s’en rendre compte - est-ce vrai ? - mettaient au point une beauté neuve : la vivacité des gestes et leur lassitude visible, la rapidité de l’œil et sa brillance, le timbre de la voix plus claire s’alliaient à la promptitude de la réplique et à sa brièveté. A sa précision aussi. Les phrases longues, la rhétorique savante et volubile, ils les avaient tuées.

A Chatila, beaucoup sont morts et mon amitié, mon affection pour leurs cadavres pourrissants était grande aussi parce que je les avais connus. Noircis, gonflés, pourris par le soleil et la mort, ils restaient des feddayin. 


Vers les deux heures de l’après-midi, dimanche, trois soldats de l’armée libanaise, fusil pointé, me conduisirent à une jeep où somnolait un officier. Je lui demandai : 
  

- Vous parlez français ? 
  

- English.


La voix était sèche, peut-être parce que je venais de la réveiller en sursaut.


Il regarda mon passeport. Il dit, en français : 
  

- Vous venez de là-bas ? (Son doigt montrait Chatila.) 
  

- Oui.

- Et vous avez vu ? 
  

- Oui. 
  

- Vous allez l’écrire ? 
  

- Oui. 


Il me rendit le passeport. Il me fit signe de partir. Les trois fusils s’abaissèrent. J’avais passé quatre heures à Chatila. Il restait dans ma mémoire environ quarante cadavres. Tous - je dis bien tous - avaient été torturés, probablement dans l’ivresse, dans les chants, les rires, l’odeur de la poudre et déjà de la charogne. 


Sans doute j’étais seul, je veux dire seul Européen (avec quelques vieilles femmes palestiniennes s’accrochant encore à un chiffon blanc déchiré ; avec quelques jeunes feddayin sans armes) mais si ces cinq ou six êtres humains n’avaient pas été là et que j’aie découvert seul cette ville abattue, les Palestiniens horizontaux, noirs et gonflés, je serais devenu fou. Ou l’ai-je été ? Cette ville en miettes et par terre que j’ai vue ou cru voir, parcourue, soulevée, portée par la puissante odeur de la mort, tout cela avait-il eu lieu ?

Je n’avais exploré, et mal, que le vingtième de Chatila et de Sabra, rien de Bir Hassan, et rien de Bourj et de Barajné.


***


Ce n’est pas à mes inclinations que je dois d’avoir vécu la période jordanienne comme une féerie. Des Européens et des Arabes d’Afrique du Nord m’ont parlé du sortilège qui les avait tenus là-bas. En vivant cette longue poussée de six mois, à peine teintée de nuit pendant douze ou treize heures, j’ai connu la légèreté de l’événement, l’exceptionnelle qualité des feddayin, mais je pressentais la fragilité de l’édifice. Partout, où l’armée palestinienne en Jordanie s’était regroupée - prés du Jourdain - il y avait des postes de contrôle où les feddayin étaient si sûrs de leurs droits et de leur pouvoir que l’arrivée d’un visiteur, de jour ou de nuit, à l’un des postes de contrôle, était l’occasion de préparer du thé, de parler avec des éclats de rire et de fraternels baisers (celui qu’on embrassait partait cette nuit, traversait le Jourdain pour poser des bombes en Palestine, et souvent ne revenait pas). Les seuls îlots de silence étaient les villages jordaniens : ils la bouclaient. Tous les feddayin paraissaient légèrement soulevés du sol comme par un très subtil verre de vin ou la goulée d’un peu de hachich. C’était quoi ? La jeunesse insouciante de la mort et qui possédait, pour tirer en l’air, des armes tchèques et chinoises. Protégés par des armes qui pétaient si haut, les feddayin ne craignaient rien. 


Si quelque lecteur a vu une carte géographique de la Palestine et de la Jordanie, il sait que le terrain n’est pas une feuille de papier. Le terrain, au bord du Jourdain, est très en relief. Toute cette équipée aurait dû porter en sous-titre « Songe d’une nuit d’été » malgré les coups de gueule des responsables de quarante ans. Tout cela était possible à cause de la jeunesse, du plaisir d’être sous les arbres, de jouer avec des armes, d’être éloigné des femmes, c’est-à-dire d’escamoter un problème difficile, d’être le point le plus lumineux parce que le plus aigu de la révolution, d’avoir l’accord de la population des camps, d’être photogénique quoi qu’on fasse, peut-être de pressentir que cette féerie à contenu révolutionnaire serait d’ici peu saccagée : les feddayin ne voulaient pas le pouvoir, ils avaient la liberté.

Au retour de Beyrouth, à l’aéroport de Damas, j’ai rencontré de jeunes feddayin, échappés de l’enfer israélien. Ils avaient seize ou dix-sept ans : ils riaient, ils étaient semblables à ceux d’Ajloun. Ils mourront comme eux. Le combat pour un pays peut remplir une vie très riche, mais courte. C’est le choix, on s’en souvient, d’Achille dans l’Iliade.

JEAN GENET

Revue d’études Palestiniennes n°6 Hiver 1983

Sources :

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=11193

http://www.legrandsoir.info/quatre-heures-a-chatila.html


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Aujourd'hui, un autre Occidental se souvient. Lui aussi fut un « eyewitness » :

http://www.internationalnews.fr/article-sabra-et-chatila-le-massacre-oublie-par-robert-fisk-the-independent-110325848.html

 Mis en ligne le 28 septembre 2012 par Théroigne