06/06/2014

Pourquoi les Russes ne...

1. Shtandart in the sunset.jpg

Pourquoi les Russes ne…

 

First things first

 

Il y a un moment que nous voulions vous parler du site www.les-crises.fr , « le-blog-d’Olivier-Berruyer-mais-pas-que », qui fait vraiment de l’excellent travail. Il est plus que temps. Voyez par vous-mêmes, et surtout, n’hésitez pas à remonter dans les semaines précédentes. Les textes sont souvent de premier ordre et les photos rares. Ceci est d’hier :

 

« Un journaliste est soit une pute soit un chômeur, d’où le surnom journalope »

Surya, lecteur de les-crises, 5.6.14, à propos de Marie Jego, du Monde.

 

5 juin 2014

 

[Énorme] La transcription de l’interview de Vladimir Poutine en version intégrale : le scandale des coupes de TF1

 

Voici la transcription de l’interview de Poutine d’hier. C’est la traduction de la version intégrale issue du site du Kremlin (ou ici en russe, ou ).

En effet, pour faire tenir cette interview de 41 minutes en 24 minutes, TF1 a sabré largement dans certaines parties. Comme il a été décidé de couper des éléments essentiels sur la Crimée, l’opposition dans les médias français, et de laisser des propos sans intérêt, genre sur la langue qu’il utilise avec Hollande, le mot censure me semble adapté – vu qu’il y a rétention d’informations importantes qui éclaireraient le public français. D’autant que rien n’empêchait de mettre en ligne sur le web la version complète… Et je reviendrai sur la faute inacceptable de traduction quand il parle d’Hillary Clinton.

Ceci étant, reconnaissons qu’il est salutaire que TF1 et Europe1 aient interviewé Vladimir Poutine…

Tout est donc traduit ici – les passages censurés sont en exergue – à vous de voir s’ils méritaient de l’être…

Lire/voir la suite…

Source : www.les-crises.fr/interview-poutine-scandale-des-coupes/

 

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Pour ceux à qui on n’a pas enseigné l’histoire (même anecdotique) à l’école :

 

Le Shtandart

(« Étendard »), est un navire-école russe, réplique de la frégate construite par Pierre le Grand en 1703, qui fut le navire-amiral de sa flotte.

Avis à ceux qui ont des sous : une souscription est ouverte pour remplacer ses voiles.

Shtandart - Legendary sailing ship from ActiveLifeVideo.com on Vimeo.

 

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Et puisqu’on est le 6 juin et que tout le monde est à Caen :

2. pertes-militaires-ww2-europe-usa-urss1-617x428.jpg

 

Ce qui ne veut pas dire qu’on se fout des 184.000 GI’s, dont certains étaient des engagés mais beaucoup d’autres des conscrits, qui auraient peut-être préféré rester chez eux et vieillir au lieu d’aller s’occuper des affaires de l’Europe.

Ce que l’image ne montre pas, c’est le zéro mort civil US sur son sol, et les

 

Plus de 60 millions de morts en 1945

ailleurs

 

 

La deuxième guerre mondiale a fait plus de 60 millions de morts parmi les militaires et les civils.

Les nations qui ont payé le plus lourd tribut sont l’URSS, avec plus de 23 millions de morts, la Chine avec presque 12 millions de morts, puis l’Allemagne, avec 7 millions de morts civils (recensés) et militaires.

Les oublier, c’est les tuer une seconde fois.

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Aux millions de morts civils soviétiques, il convient d’ajouter ceux exterminés dans les camps nazis au titre de « communistes », ceci valant également pour les Allemands.

Il convient aussi d’y ajouter les quelques centaines de miliers de morts (immédiats) d’Hiroshima et de Nagazaki – il en meurt encore – et le nombre inconnu de brûlés vifs au phosphore d’Allemagne, tous sacrifiés sur l’autel de l’expérimentation d’intéressantes armes nouvelles, largement utilisées depuis dans un nombre effarant de guerres (aucune russe)

 

 

 

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Pourquoi les Russes n’interviennent pas en Ukraine

On vous explique :

Le Saker - vous savez maintenant qui c’est - s’époumonne à expliquer aux uns et aux autres (principalement aux commentateurs de ses articles) pourquoi il ne faut pas que les Russes interviennent militairement en Ukraine et pourquoi ils ne le feront pas, sauf en cas de guerre planétaire au nucléaire inévitable, c. à d. déclenchée par d’autres.

Étant tombé sur un article qui vidait la question une fois pour toutes, mais en russe, il avait fait un appel pressant à quiconque aurait le temps, qu’il n’avait pas, de traduire ce long texte, qualifié par lui d’importantissime.

Eh bien, il n’y avait qu’à demander : un de ses lecteurs – qui signe BM  -  a fait la traduction du russe en anglais et la lui a envoyée. C’est là que nous l’avons lue. Mais de traduction française, point. On peut trouver assez régulièrement des articles du Saker dans quelques mauvais lieux tels que Le Grand Soir, Tlaxcala, Réseau International, Oulala.net et même, éventuellement, Les Grosses Orchades, mais, comme sœur Anne, sur  celui-là, nous n’avons encore rien vu venir.

Nous croyons cependant savoir que quelqu’un vient de s’y coller et nous lorgnons la route qui poudroie et l'herbe qui verdoie. Dès que nous recevons quelque chose, nous vous l’ajoutons ICI-MÊME.

 

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Le voilà :

 

09/06/2014

Article original publié le le 30 Mai 2014 sur le site sur worldcrisis.ru

Traduit en anglais par le site  : http://vineyardsaker.blogspot.be

Traduction en Français : Captain Flem

Le niveau des discussions analytiques sur l'Internet russe est parfaitement décrit par le politologue Simon Uralov: «Considérer que la crise ukrainienne a façonné seulement l'esprit des collègues de Kiev et les a tous transformés en sanguinaires hystériques est fondamentalement erroné. Parmi les collègues de Moscou, il y en a aussi un nombre incroyable ». Le but de ce document est de prendre du recul par rapport à l'hystérie et de froidement analyser la situation en Ukraine.

Je vais commencer par les éclaircissements nécessaires sur plusieurs sujets émotionnellement importants :

Pourquoi il n'y a pas d'intervention militaire russe ?

Si ce texte avait été écrit quelques jours plus tôt, une partie importante de celui-ci aurait dû être consacré à expliquer pourquoi l'envoi de troupes en Ukraine était inapproprié et tout simplement stupide, même après le référendum. Heureusement, le chef de la résistance à Slaviansk, Igor Strelkov, fait face à cette tâche mieux que moi : dans son message vidéo, il a décrit très clairement l'inertie de la population locale de Lugansk et Donetsk en termes de mesures concrètes pour protéger leurs intérêts contre la junte. Anticipant les arguments sur le référendum, je m'empresse de dire qu'une coche sur le bulletin de vote est certainement cool, mais que ce n’est pas très différent de pisser dans un violon ou d’un «J'aime» sur Facebook. Parce qu’un "J'aime" mis sur un bulletin ne change rien. Le référendum a été une action nécessaire mais pas suffisante.

Dans quelle mesure le Kremlin était-il préparé aux événements d’Ukraine et quelle est sa part d'improvisation maintenant ?

Je vous conseille de lire le télégramme de Wikileaks : https://wikileaks.org/plusd/cables/08MOSCOW265_a.html, dans lequel il est rappelé que le Kremlin a clairement indiqué aux Américains en 2008 les scénarios que nous voyons aujourd'hui : « Les experts nous disent que la Russie est particulièrement inquiète des fortes divisions interne en Ukraine sur l'OTAN, avec un rejet de l'adhésion de la communauté ethnique russe qui pourraient conduire à une scission majeure, impliquant de la violence ou, pire, une guerre civile. Dans cette éventualité, la Russie aurait à décider une intervention; et que c’est une décision à laquelle la Russie ne veut pas avoir à faire face ».

Il est logique de supposer qu'un tel développement, pour le Kremlin, n'était pas une surprise et que nous sommes maintenant dans un scénario encore plus désagréable mais moins nuancé, quelque chose comme un « Plan E ».

Afin de comprendre ce que le Kremlin va faire, nous allons formuler des objectifs:

  • - Ne pas permettre l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN.
  • - Ne pas permettre la mise en place et la stabilisation en Ukraine d'un régime russophobe, ce qui implique une dénazification.
  • - Ne pas permettre le génocide de la population russe du Sud-Est.

Idéalement cela nécessite la mise en œuvre de ces trois objectifs tandis que, dans le même temps, il ne faut pas casser l'économie russe en cours de réorientation vers l'Asie, tout en empêchant les Américains de réaliser leurs objectifs économiques au détriment de l'UE.

Comment peut-on réaliser ces objectifs ?

Prenons le scénario le plus simple et voyons quelles sont les vulnérabilités et les conséquences négatives :

Ainsi, l'armée russe entre en Ukraine et quelques jours plus tard prend Kiev, puis capture toute l'Ukraine. Les « patriotes » sont en liesse, il y a des défilés sur le Khreschatyk, etc

Il semble que les trois objectifs aient été atteints, mais les problèmes suivants émergent :

1. Dans l'UE, où l'élite des affaires européennes a lentement écrasé les pieds des politiciens et appuyé sur les freins en matière de sanctions, le «parti de la guerre» (c. à d. «Le Parti des États-Unis», ou plutôt « Le Parti de la Pax Americana») triomphe clairement. Un maximum de véritables sanctions contre la Fédération de Russie auront des effets terrifiants, principalement pour l'économie européenne elle-même, qui tombera immédiatement en récession. Donc rien de réjouissant.

Dans ce contexte, les Américains forceront facilement la signature de leur version du traité de partenariat transatlantique sur le commerce et sur l'investissement, un accord commercial, qui fera de l'Union un appendice de l'économie américaine. Les négociations sur le traité sont en cours en ce moment et, pour les Américains, l'entrée des troupes russes en Ukraine serait un énorme cadeau. Les sanctions contre la Russie détruiraient les affaires européennes, et les barrières commerciales avec les États-Unis achèveraient de terminer ce travail. Ce que nous avons à la fin : l'UE dans un état d'après-guerre; les États-Unis, comme un chevalier blanc, absorbant dans la joie le marché européen sur lequel ils n'ont pas et n'auront plus de concurrents; la Fédération de Russie pas dans la meilleure forme. Il semble bien pour tout le monde que quelqu'un dans cette situation est le dindon de la farce, et que ce quelqu'un n'est clairement pas les États-Unis. Par ailleurs, il vaut mieux ne pas compter sur une argumentation rationnelle pour convaincre les politiciens U.E. de ne pas permettre un tel suicide économique. La pratique montre que les Euro-bureaucrates ne sont pas capables de comprendre même cela.

2. Outre le fait que, dans ce cas de figure, le Kremlin rendrait service à Washington, nous devons nous pencher sur ce qui se passerait en Russie même.

  • Si les sanctions contre la Russie sont effectives avant que le méga-contrat de gaz de 30 ans avec la Chine ne soit signé, la Chine est en mesure de négocier un prix en position de force. En fait, en position de chantage (Cette possibilité transparaît dans le comportement de la Chine, quoique pas clairement).
  • Si les sanctions sont imposées contre la Russie avant que le méga-contrat pétrolier avec l'Iran ne soit paraphé, contrat grâce auquel elle doit être en mesure de contrôler 500.000 barils de pétrole supplémentaires par jour, l'Iran sera en mesure d’en négocier le prix en position de force.
  • Toutes les tentatives ultérieures pour construire quelque chose, même pour la livraison d'importations dont elle a besoin maintenant, lui reviendront très, très cher.
  • Si les sanctions tombent avant la signature de l'accord sur la création de la Communauté économique eurasienne, imaginez quels leviers auront Loukachenko et Nazarbaïev pour tordre les bras à Poutine lors des négociations. Encore un peu, et Moscou, afin de créer la Communauté économique eurasienne, devra payer pour livrer son pétrole.


3. La Fédération de Russie aurait à assumer la responsabilité de la restauration de l'économie ukrainienne et la dénazification : où trouver le nombre nécessaire de dénazificateurs en « casques poussiéreux » (si quelqu'un a oublié : selon Okudzhava, ce sont les commissaires en casques poussiéreux qui se sont penchés sur les héros morts de la guerre civile) pour combattre les groupes compacts de nazis ukrainiens, qui profiteront cependant de l'appui et de l'équipement de l'étranger ? Dans l'ensemble, il est clair que ce scénario profite grandement aux États-Unis et à la Chine. La Russie retire de tout cela un profond sentiment de satisfaction morale, qui, cependant, ne prend pas en compte les questions économiques et les malédictions futures des «généreux» Ukrainiens qui seront mécontents de « vivre sous l'occupation ».

 

Comment s'articulent ces points clés de nos vulnérabilités dans le temps ?

1. Contrat de gaz avec la Chine - Mai-Juin (21 mai, signé !)

2. Contrat pétrolier avec l'Iran en été (C'est pourquoi les États-Unis ont levé l'embargo, comme Rosneft est très bien assis sous BP et peu sous Exxon Mobil. Où va le pétrole ? En Chine).

3. Important! Les élections au Parlement européen, où s’exprimeront, pense-t-on, beaucoup de voix d’alliés eurosceptiques de la Russie. Après l'élection, l'Assemblée aura une composition différente, avec laquelle il sera sans doute plus facile de travailler. C’est le 25 Mai. - Encore plus important : une fois le contrat de gaz signé avec la Chine, les nouveaux élus devraient être mieux disposés envers le gazoduc South Stream.

4. Rassemblement de tous les documents requis -  permis, etc - pour la construction de South Stream – En mai.

[  Les Américains font pression sur les Bulgares  pour qu’ils bloquent le projet, arguant du fait qu'une des entreprises russes qui y participent est « interdite de commerce » : http://www.reuters.com/article/2014/06/09/southstream-bul...  NdT.]


Voilà ce qui est visible à l'œil nu, mais il y a d'autres aspects qui sont très importants, quoique difficiles à placer clairement sur un calendrier :

1. Transition vers un règlement en roubles de l'énergie. Le pétrole et le gaz ne sont pas des pommes de terre : ils sont fournis sous forme de contrats à long terme qui ne peuvent pas être modifiés unilatéralement et qui demandent un travail de longue haleine, quand on veut les remplacer par d’autres, sans compter les modifications éventuelles dans ceux en cours..

2 Transition vers la cotation des prix en roubles pour la commercialisation de l'énergie sur les marchés russes -. C'est un travail absolument infernal, d’autant que jusqu'à présent personne n'a jamais rien fait de ce genre.

3. Mise sur pied d'un sytème de paiement propre.

4. Préparation du remplacement ou de l'amélioration des importations, dans notre travail avec des fournisseurs asiatiques (pas en mode d'urgence).

La liste peut et devra, je crois, s’allonger. L’horizon du Kremlin est  bien plus vaste.

Ajoutez à cela des initiatives intéressantes du ministère russe des Affaires étrangères, qui ne reste pas du tout les bras croisés. Par exemple, le vice-ministre Karasin était à Doha le 6 mai et a rencontré toute l'élite du Qatar. Le résultat, à mon avis, s'est avéré spectaculaire. Selon le ministère des Affaires étrangères, l'émir du Qatar a déclaré qu'il apprécie la « politique régionale convaincante et cohérente de la Fédération de Russie », ce qui est très inattendu pour un pays qui n'est pas seulement un allié des États-Unis et la branche politique d'Exxon Mobil au Moyen-Orient, mais aussi un adversaire à 100% de la Fédération de Russie en Syrie. C'est que le cercueil a été ouvert : le fait est que les rêves américains de remplir le monde entier avec du gaz pas cher équivalent à une condamnation à mort pour le Qatar et son élite. Sans un prix du gaz très élevé, le Qatar ne perd pas seulement tout espoir de grandeur régionale, il devient un cadavre. Doha est en train de réajuster très rapidement ses perspectives et commence à offrir quelque chose d'intéressant : «Pour l'instant, il insiste pour que soit accélérée la coordination du Forum des Pays Exportateurs de Gaz (FPEG) », dont le prochain sommet (coïncidence !) aura justement lieu au Qatar.

Le Forum des Pays Exportateurs de Gaz est une organisation qui comprend des pays comme la Russie, l'Iran, le Qatar, le Vénézuela, la Bolivie et d'autres exportateurs, que le Kremlin a longtemps, mais sans succès, essayé de transformer en l'analogue de l'OPEP pour le gaz. Il est possible que le moment soit venu pour un éventuel cartel du gaz. Tout d'abord, les trois principaux exportateurs de gaz, la Russie, le Qatar et l'Iran, ont des intérêts très similaires et devraient être en mesure de travailler ensemble afin de se partager, en « prenant le taureau par les cornes», les marchés du GNL et du gaz de pipeline. Un tel cartel du gaz, même dans un format réduit (à seulement la Fédération de Russie, le Qatar et l'Iran) contrôlerait au moins 55% des réserves de gaz du monde et serait en mesure d'influencer fortement les marchés de l'énergie de l'UE et de l'Asie. Bien sûr, un tel projet impliquerait beaucoup de problèmes et il rencontrera de l'opposition, personne ne peut garantir que tout fonctionnera, mais il est important de voir que Moscou recherche activement le plus possible d’avantages stratégiques dans la lutte contre les États- Unis.

Nous espérons avoir à peu près rendu clair à quoi le Kremlin passe son temps, à quoi il est en train d'essayer d'arriver dans la situation ukrainienne, et pourquoi c'est important.

Revenons aux problèmes directement liés à l'Ukraine et notez que même la mise en œuvre de tous les projets importants en matière de politique étrangère ne va pas aider à réaliser la dénazification de Kiev et faire en sorte que les troupes russes ou que l'armée rebelle de Novorossia soient accueillies avec du pain et du sel, même dans la région centrale. Si l'armée de Novorossia a déjà des problèmes pour mobiliser à Lugansk et à Donetsk, accomplir quoi que ce soit dans les régions zombifiées sera très, très difficile. Cependant, il semble que que le Colonel Famine et les forces Spéciales Giperok («Hyperinflation») ne soient pas loin de faire leur apparition sur le champ de bataille aux côtés de la Fédération de Russie, ce qui devrait considérablement modifier l'équilibre des forces.

L'économie ukrainienne est morte. Compte tenu des semailles de printemps désastreuses, des cultures de légumes détruites (par le gel), du manque de crédits, des problèmes de gaz  et de la hausse des prix du carburant, on peut sans risque dire que l'économie ukrainienne se rendra docilement. Personne ne va donner d’argent à la junte, pas même le FMI, qui a promis quelque chose comme 17 milliards (50% exactement de ce dont l'Ukraine à besoin rien que pour cette année), mais a intégré dans le contrat une « clause de sauvegarde » : si Kiev ne contrôle pas toutes les régions, alors Kiev ne recevra pas un sou. La faim, le froid et l'hyperinflation (causée par l'effondrement de la hryvnia) travailleront activement à affaiblir la junte et à faire changer d’humeur les « généreux » (shchirykh) Ukrainiens : ils n'en viendront sûrement pas à aimer la Russie, mais ce n'est pas vraiment nécessaire. Il faut qu'ils commencent à se souvenir de la période Ianoukovitch comme d’un doux rêve, désormais inaccessible. Le chaos inévitable et l'effondrement total des structures sociales, associés à une guerre civile de faible intensité, garantissent que l'OTAN n'acceptera pas l'Ukraine dans ses rangs, en un moment où l'Europe aura elle-même «besoin de toutes ses plumes pour voler», et que, aux États-Unis, les politiciens modérés ne feront pas un seul geste qui ne conduirait pas de façon évidente à la victoire des États-Unis, mais ne manquerait pas, au contraire, d’entraîner le pays dans une guerre nucléaire.

En outre, dans le contexte de l'effondrement économique total, les mineurs, métallurgistes et autres camarades - qui sont restés jusqu’à présent fermement collés à leur emploi de peur de le perdre, bien à l’abri dans leurs huttes sur les bords (du précipice) - ne vont pas pouvoir continuer à se désintéresser ainsi des problèmes politiques et économiques de la Nouvelle-Russie. Il est même probable qu'ils seront forcés d'y participer activement.

Dans le même temps, le Porochenko élu par la junte, c'est-à-dire imposé au pays par l'Union Européenne, sera fortement incité à négocier avec Moscou, à faire des concessions et à offrir des compromis [ Pour l’instant, c’est raté ! NdGO]  Déjà, la nouvelle Commission Européenne, qui a besoin de paix à l’Est pour un transit stable du gaz, poussera Porochenko dans cette direction. Et Porochenko sera aussi poussé dans cette direction par les bouleversements sociaux que ne manqueront pas de provoquer le Colonel Famine et le Saboteur Hyperinflation.

Tous ces facteurs, en somme, offrent au Kremlin de grandes possibilités de reformater l'ancienne Ukraine en quelque chose d’assez approprié aux intérêts de la Fédération de Russie [ sans avoir à intervenir militairement, NdGO]. C'est précisément ce scénario que les États-Unis tentent d'éviter, et c'est pour cela qu’ils voient plus d’intérêt à  transformer un conflit larvé en guerre ouverte, avec intervention de troupes et effusion de sang à grande échelle.

Si vous ajoutez le temps nécessaire à l'action de la faim et celui dont la Russie a besoin pour résoudre les problèmes de politique étrangère en termes d'établissement de relations de travail avec la Chine, l'Iran, de détachement du dollar, de substitution des importations, etc (grosso modo) on peut en conclure qu’il faudra quelque 5 à 9 mois (ce qui nous amène à ce même mois de Décembre, en vue duquel M. Ianoukovitch a essayé de négocier) pour apporter des solutions aux problèmes ukrainiens et aux autres, à l'avantage maximal de la Russie. D'ici là, on doit pouvoir fournir au moins de quoi soutenir l'Ukraine, dans l’état de guerre civile où elle se trouve (c.-à-,d. soutenir la DNR, la LNR, mais il n'est pas nécessaire ni même souhaitable de "reprendre Kiev" trop vite, afin  de ne pas créer des problèmes supplémentaires) et, idéalement, en marge de la guerre civile,devraient se dérouler des négociations approfondies et prolongées, à l'intérieur de l'Ukraine, avec participation d'observateurs internationaux, sur le mode 2+4, c'est à dire, Porochenko+Tsarev et Russie+UE+OSCE+USA.

Touche finale. Ces derniers mois, les États-Unis ont ralenti l'activité de leur planche à billets, réduisant leur « pompe auto-aspirante » (pour dire les choses simplement )  de 85 à 55 milliards de dollars par mois. Beaucoup (http://www.reuters.com/article/2014/04/27/us-usa-fed-idUS...  par exemple) s’attendent à ce que la machine s'éteigne complètement d'ici la fin de cette année, soit en ce fameux  mois de décembre, justement. Cela est dû au fait que le dollar, bien qu’il soit la principale monnaie internationale, ne peut pas être imprimé à l’infini - c'est impossible. Selon diverses estimations, les États-Unis ont presque entièrement utilisé les « forces de réserve» du dollar, qui leur ont permis de faire les méchants avec la machine (financière). En outre, le corollaire et la conséquence inévitable de ces tours de passe passe sont de réduire les taux sur les obligations des États-Unis, qui, d'une part, permettent à Washington de payer moins pour ses dettes, mais, d'autre part, étouffent toute les pensions et le système d'assurance américain, lequel est construit sur l'hypothèse de rendements très différents de leurs obligations en portefeuilles. L'un dans l'autre, d'ici la fin de l'année, les États-Unis auront le choix entre faire sauter leur système social en continuant à imprimer de la monnaie à tout va, ou réduire considérablement leurs appétits, afin de préserver quelque chance de stabilité intérieure à leur pays. À en juger par la réduction de la quantité de dollars actuellement jetés dans le système, Washington a décidé que la prévention d'une explosion sociale est plus importante que ses ambitions en matière de politique étrangère.

Maintenant, pour compléter notre puzzle, faisons quelques prédictions :

  • Les États-Unis vont essayer, par tous les moyens, d'aggraver la crise en Ukraine, afin d'affaiblir la Russie et de mettre l'ensemble du marché européen sous leur domination, avant de devoir fermer leur presse à billets.
  • Le Kremlin va essayer de faire passer la guerre civile ukrainienne du stade aigu au stade  chronique, en l'assortissant de lentes négociations, au milieu de l'effondrement économique du pays. Simultanément, le Kremlin utilisera le facteur temps pour créer des conditions favorables à la transition vers l’inévitable affrontement avec les États-Unis – c. à d. le détachement du dollar - avec la Chine, l'Iran, le Qatar, pour la création de la CEE, etc
  • Fin probable de la crise en décembre 2014, peut-être plus tôt, dans le cas où les États-Unis renonceraient à vouloir aggraver les hostilités.
  • Et s’ils ne renoncent pas ? - Alors ... une grande guerre... une guerre pour les ressources, parce que le « boom » du gaz de schiste n'est qu’une petite bulle de rien du tout.


Pour plus de détails sur ce sujet, voir l'article de William Engdahl « Washington shale boom – bust ».
http://journal-neo.org/2014/05/12/washington-s-shale-boom.../

 

Notre source :
http://peakoil.blogs.letelegramme.com/archive/2014/06/09/...

Un site pointu sur les problèmes de ressources - à visiter !

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En attendant, les anglophones peuvent y jeter un œil (voire les deux) sur le site du Saker.

 

3. Saker.jpg

Sunday, June 1, 2014

Translation of the "must read" article of worldcrisis.ru explaining why there is no Russian intervention in the Ukraine

It is with an immense and heartfelt THANK YOU ! to « BM » for his translation that I have the real privilege to share with you this translation into English of the excellent article of worldcrisis.ru I mentioned in my previous post This is, in my opinion, the most complete and well-written analysis of the apparent Russian "passivity" and we all owe "BM" a big debt of gratitude for making it available to us on such short notice.  I especially encourage you all to circulate this translation as it is by far the best explanation of the Kremlin's policy.

The Saker

PS: I was also sent a link to this article http://sovietoutpost.revdisk.org/?p=127 with an interesting description of the condition of the Ukrainian army.  Also a must read imho.
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Why there is no Russian military intervention in the Ukraine

Posted on worldcrisis.ru 30 Май 22:19 
опубликовал Сухов боец красной армии [suho]

 
The level of analytical discussions on the Russian Internet is perfectly described by the political scientist Simon Uralov: "To consider that the Ukrainian crisis set off only the minds of the Kievan colleagues and turned them all into bloodthirsty hysterics is fundamentally mistaken. Among the Moscow colleagues there is also an incredible number of such." The purpose of this material is to take a step back from the hysteria and coldly analyze the situation in Ukraine. 

I'll start with the necessary clarifications on several emotionally important topics

Read more…

 Source :

http://vineyardsaker.blogspot.be/2014/06/translation-of-m...

 

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4. 13_dday.jpg

 La rue Saint-Pierre à Caen, le 6 juin 1944

5. 14_dday.jpg

La rue Saint-Pierre aujourd’hui.

 

Débarquement par-ci, débarquement par-là…

On s’en voudrait de passer sous silence la mise au point historique d’Annie Lacroix-Riz, que reprend très opportunément le Réseau Voltaire :

 

Le débarquement du 6 juin 1944, du mythe à la réalité

par Annie Lacroix-Riz

 

En 70 ans, le mythe de la libération de l’Europe par les Anglo-Saxons s’est imposé. Pourtant, rappelle le professeur Annie Lacroix-Riz, le projet de Washington et de Londres n’était pas prioritairement de lutter contre le nazisme, mais contre le communisme. Ce ne sont pas les troupes états-uniennes qui ont vaincu le Reich, mais avant tout les Soviétiques.

 

Réseau Voltaire – 4 juin 2014

___________________________________________________   

 

Le triomphe du mythe de la libération états-unienne de l’Europe

En juin 2004, lors du 60e anniversaire (et premier décennal célébré au XXIe siècle) du « débarquement allié » en Normandie, à la question « Quelle est, selon vous, la nation qui a le plus contribué à la défaite de l’Allemagne » l’Ifop afficha une réponse strictement inverse de celle collectée en mai 1945 : soit respectivement pour les États-Unis, 58 % (2004) et 20 % (1945), et pour l’URSS, 20 et 57 % [1]. Du printemps à l’été 2004 avait été martelé que les soldats US avaient, du 6 juin 1944 au 8 mai 1945, sillonné l’Europe « occidentale » pour lui rendre l’indépendance et la liberté que lui avait ravies l’occupant allemand et que menaçait l’avancée de l’armée rouge vers l’Ouest. Du rôle de l’URSS, victime de cette « très spectaculaire [inversion des pourcentages] avec le temps » [2], il ne fut pas question. Le (70e) cru 2014 promet pire sur la présentation respective des « Alliés » de la Deuxième Guerre mondiale, sur fond d’invectives contre l’annexionnisme russe en Ukraine et ailleurs [3].

Lire la suite…

 

Source : http://www.voltairenet.org/article184071.html

 

 

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Les chats-gardes de l’Ermitage

 

6. Chats-gardes ermitage.JPG

Pour ceux à qui on n’a pas appris l’histoire (même anecdotique), suite…

Savez-vous à qui sont confiées les précieuses collections d’œuvres d’art de l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg ? À une armée de 65 chats, qui vivent sous les combles et dans les caves du célèbre musée, et qu’on lâche la nuit, pour qu’ils y fassent la chasse aux prédateurs rats et souris.

Tradition datant de Catherine II, interrompue seulement lors du siège de Leningrad, où les chasseurs-chats furent mangés par les chasseurs-hommes.

Bien sûr, il existe aujourd’hui toutes sortes de produits de dératisation chimiques, mais soit le lobby de la chimie n’a pas le pouvoir en Russie, soit les Russes tiennent davantage à leurs traditions qu’au modernisme à tous crins. Ce qui laisse aux rats et aux souris une chance de s’en tirer en émigrant ailleurs. Il n’y a même pas de budget prévu dans les finances publiques pour l’entretien de la garde féline. Ce sont les employés du musée qui s’en chargent. Amour du travail bien fait… Vous avez dit « démodé » ? Hélas oui.

 

 

 

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Mis en ligne le 6 juin 2014

 

 

 

 

 

13:31 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

03/06/2014

L'avenir, visible à Saint -Pétersbourg

1. St-Petersburg Neva-3.jpg

« Eh que là, bordel des Anges, non ! Les Chinois à Brest le plus tôt possible !… mon plus fervent vœu ! le Q.G. de l'armée jaune à la préfecture maritime ! tous les problèmes seront résolus ! … »

Louis-Ferdinand Céline

 

L’avenir,

visible à Saint Pétersbourg

par Pepe Escobar

29 mai 2014 – I.C.H. – Asia Times

 

« Le modèle unipolaire de l’ordre du monde a échoué. »

Vladimir Poutine, St. Petersbourg, 22 mai 2014

 

De beaucoup plus d’une façon, la semaine dernière vient d’annoncer la naissance d’un siècle eurasien. Bien sûr, le contrat de gaz Russie-Chine de 400 milliards d’US$ n’a été conclu qu’à la dernière minute à Shanghaï, mercredi (complétant le contrat de pétrole de 270 milliards d’US$ sur 25 ans, de juin 2013 entre Rosneft et la CNPC de Chine).

 

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À la suite de quoi, jeudi, la plupart des acteurs principaux se sont retrouvés au Forum Économique International de Saint-Pétersbourg – la réplique russe à Davos – et, vendredi, le président Vladimir Poutine, tout juste débarqué de son triomphe de Shanghaï, s’est adressé aux participants et a, comme on dit, « cassé la baraque ».

Il faudra du temps pour apprécier la tornade de cette dernière semaine dans toute la complexité de ses implications. Je vous en rapporte l’essentiel.

Y eut-il moins de CEO (« directeurs généraux ») occidentaux  dans la ville, à la suite des pressions exercées sur eux par l’administration Obama, dans le cadre de sa politique d’« isolement » de la Russie ? Pas beaucoup. Goldman Sachs et Morgan Stanley peuvent l’avoir snobée, mais les Européens qui comptent sont venus, on vu, ont discuté et se sont engagés à continuer de faire des affaires.

Et par-dessus tout, les Asiatiques ont été omniprésents. Considérez cela comme une des dernières manifestations du choc en retour chinois à la tournée asiatique d’avril du président US Obama, partout décrite comme « tournée d’endiguement de la Chine ». [1]

Le premier jour du forum de Saint-Pétersbourg, j’ai assité à la séance décisive sur le partenariat économique stratégique Russie-Chine. Faites bien attention : la feuille de route est là tout entière. Telle que la décrit le vice-président chinois Li Yuanchao : « Nous avons l’intention de combiner le programme de développement de la Russie en Extrême-Orient et la stratégie pour le développement du Nord-Est de la Chine en un concept intégré. »

Ce n’était là qu’un exemple de la coalition eurasiatique en phase d’émergence rapide, qui s’est donné pour tâche de défier jusqu’en son noyau l’« indispensable » exceptionnalisme impérial. Les comparaisons qu’on peut en faire avec le pacte sino-soviétique sont infantiles. Le putsch en Ukraine – qui devait être le pivot autour duquel s’articulerait l’offensive de Washington pour « maîtriser » la Russie – n’a réussi qu’à accélérer le pivotement de la Russie vers l’Asie, lequel était inévitable tôt ou tard.

Tout commence à Sechouan

À Saint-Pétersbourg, de séance en séance et en suivant le fil de certaines conversations, ce que j’ai pu voir, ce sont quelques-uns des cubes de la construction de la (des) Nouvelle(s) Route(s) de la Soie, dont le but ultime est d’unir, via les échanges commerciaux, rien de moins que la Chine, la Russie et l’Allemagne.

 

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Pour Washington, ceci est pire qu’anathème. Sa réponse a été de trafiquer quelques contrats qui, en théorie, sont censés garantir le monopole américain sur les deux-tiers du commerce global : par le traité du Partenariat Trans-Pacifique (TPP) – qui a été repoussé par des puissances asiatiques-clés telles que le Japon et la Malaisie, lors de la fameuse tournée d’Obama – et par le plus problématique encore Partenariat Transatlantique (APT) avec l’U.E., que les Européens moyens abhorrent absolument ( voir Breaking bad in southern NATOstan, Asia Times Online, 15 avril 2014). Les deux traités sont en cours de négociations secrètes et ne sont essentiellement profitables qu’aux multinationales US.

Pour l’Asie, la Chine propose, à la place du TPP, une zone de libre-échange Asie-Pacifique ; après tout, elle est déjà le partenaire le plus important de l’Association - forte de dix membres - des Nations du Sud-Est Asiatique (ASEAN).

Et pour l’Europe, Pékin propose une extension de la voie ferrée qui, en seulement douze jours, reliera Chengdu, la capitale du Sechouan, à Lodz, en Pologne, en traversant le Kazakhstan, la Russie et le Belarus. Le contrat total concerne le réseau Chongqing-Xinjiang-Europe, avec arrêt terminal à Duisburg, en Allemagne. Rien d’étonnant à ce qu’il soit appelé à devenir la route commerciale la plus importante du monde. [2]

Il y a plus. Un jour avant la conclusion du contrat de gaz Russie-Chine, le président Xi Jinping en a appelé à rien de moins qu’une nouvelle architecture de coopération en matière de sécurité, qui inclurait, bien sûr, la Russie et l’Iran, et exclurait les États-Unis. [3] Se faisant en quelque sorte l’écho de Poutine, Xi a décrit l’OTAN comme une relique de la guerre froide.

Et, devinez qui était à Shanghaï lors de l’annonce du contrat historique, en plus des « stans » d’Asie Centrale ? Le premier ministre irakien Nouri al-Maliki, le président afghan Hamid Karzai, et surtout, et avant tout, le président iranien Hassan Rouhani.

Les faits, sur le terrain, parlent d’eux-mêmes. La Chine achète au moins la moitié de la production de pétrole de l’Irak et est en train d’investir lourdement dans son infrastructure énergétique. La Chine a aussi investi lourdement dans l’industrie minière d’Afghanistan – en, particulier celle du lithium et du cobalt. Et, de toute évidence, la Russie et la Chine continuent à commercer avec l’Iran. [4]

Ainsi, voilà ce que Washington est en train de récolter pour plus d’une décennie de guerres, d’incessantes brimades, de sanctions meurtrières et de trillions de dollars gaspillés.

Pas étonnant que la séance la plus fascinante à laquelle j’aie assisté à Saint-Pétersbourg ait été celle sur les possibilités commerciales et économiques liées à l’extension de l’Organisation de Coopération de Shanghaï (OCS) dont l’invité d’honneur n’était rien moins que Li Yuancho. Je crois bien avoir été le seul Occidental admis dans la pièce, au milieu d’une mer de Chinois et de Centre-asiatiques.

L’OCS est en passe de devenir bien plus qu’une espèce d’homologue de l’OTAN, axé principalement sur le terrorisme et la lutte contre le trafic de drogues. Elle veut faire des affaires à grande échelle. L’Iran, l’Inde, le Pakistan, l’Afghanistan et la Mongolie sont, pour l’instant, des états observateurs, mais pas très éloignés de devenir des membres à part entière.

Encore une fois, on voit là l’intégration eurasiatique en action. Le lancement de la (des) Nouvelle(s) Route(s) de la Soie est inévitable ; et cela explique clairement, dans la pratique, l’inévitabilité de l’intégration plus étroite de l’Afghanistan (minerais) et de l’Iran (énergie).

Le nouveau boom criméen

Saint-Pétersbourg a également montré comment la Chine souhaite financer toute une série de projets en Crimée, dont les eaux, soit dit en passant, et les richesses énergétiques encore inexplorées, soit dit sans vanité, sont maintenant propriété russe. Ces projets comprennent un pont d’importance capitale, qui, par-dessus le détroit de Kertch, relierait la Crimée à la Russie proprement dite, l’extension de ports criméens, des usines de production d’énergie solaire et même la création de nouvelles Zones Économiques Spéciales (ZES). Moscou n’a pas pu interpréter tout cela autrement que comme l’acquiescement de Pékin à la réintégration de la Crimée.

Pour ce qui est de l’Ukraine, elle pourrait d’abord, comme Poutine l’a rappelé à Saint-Pétersbourg, payer ses factures. [5] Et quant à l’U.E., au moins le président sortant de la Commission Européenne José Manuel Barroso a compris ce qui est évident : se mettre à dos la Russie n’est pas exactement une stratégie gagnante.

Dmitri Trenin, administrateur du Centre Carnegie de Moscou a été l'un des très peu nombreux bien informés qui ont conseillé l’Ouest dans ce sens mais sans succès : « La Russie et la Chine vont sûrement coopérer plus étroitement. Le résultat ne pourra qu’être profitable à la Chine, mais donnera du même coup à la Russie une chance de tenir en échec la pression géopolitique US, de compenser la réorientation énergétique future de l’U.E., de développer la Sibérie et ses territoires Extrême-orientaux, et de s’associer à la région Asie-Pacifique. » [6]

On the (silk) road again

La nouvelle alliance stratégique, désormais symbiotique, Russie-Chine – avec possibilité d’extension vers l’Iran [7] – est le fait fondamental sur le terrain, en ce jeune XXIe siècle. Elle extrapolera à travers les BRICS, l’Organisation de Coopération de Shanghaï, l’Organisation pour le Traité de Sécurité Collective et le Mouvement des Non-Alignés.

Bien sûr, les habituels complices continueront à bonimenter que toute forme d’avenir n’est possible que sous la houlette « bénigne » de l’empire. [8] Comme si des milliards de gens dans le vaste monde réel – et même les Occidentaux informés – étaient assez niais pour avaler cette baliverne. Cependant, quoique l’unipolarité soit morte, le monde n’en est pas moins toujours encombré de son cadavre. Le cadavre, suivant la nouvelle doctrine Obama, « délègue ses pouvoirs » à des partenaires.

Pour paraphraser Dylan (« Je quittai Rome et atterris à Bruxelles »), je quittai Saint-Pétersbourg et atterris à Rome, pour y assister à un autre épisode de la lente décadence de l’Europe : les élections parlementaires. Mais, avant cela, j’avais eu la chance de recevoir une véritable illumination esthétique. Pour tout dire, j’ai pu visiter un Institut des manuscrits orientaux de l’Académie des sciences de Russie pratiquement désert, où deux très-savants chercheurs m’ont guidé dans la visite de quelques pièces contenant ce qui est sans conteste la plus remarquable collection de manuscrits asiatiques anciens de la planète. En ma qualité d’explorateur fanatique de la Route de la Soie, j’avais entendu parler de beaucoup de ces documents, mais je ne les avais jamais vus. Et maintenant j’étais  là, sur les bords de la Neva, comme un gosse dans un magasin de bonbons (historiques), immergé dans toutes ces merveilles, de Dunhuang à la Mongolie, en védique et en sanscrit, à rêver de Routes de la Soie passées et futures. J’aurais pu y rester toujours.

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Notes:

1. China Thwarts U.S. 'Containment' With Vietnam Oil Rig Standoff, Forbes, 8 mai 2014.
2. Le président chinois appelle la Chine et l'Allemagne à construire la ceinture économique de la Route de la Soie (en français), Xinhua, 30 mars 2014.
3. China calls for new Asian security structure, Washington Post, 21 mai 2014.
4. Russia plans to build up to eight new nuclear reactors in Iran, Reuters, 22 mai 2014.

5.
Naftogaz Debt to Gazprom Stands at $4 Bln - EU Energy Commissioner, Ria Novosti, 28 mai 2014.
6.
Voir ici.

7. China, Iran and Russia: Restructuring the global order, Al Jazeera, 20 mai 2014.
8. In Defense of Empire, The Atlantic, 19 mars 2014.


Pepe Escobar est l’auteur de
Globalistan: How the Globalized World is Dissolving into Liquid War (Nimble Books, et  Obama does Globalistan (Nimble Books, 2009).

On peut le joindre à pepeasia@yahoo.com.


Sources :
http://www.informationclearinghouse.info/article38641.htm

http://www.atimes.com/atimes/Central_Asia/CEN-01-290514.h...

Traduction : C.L. pour Les Grosses Orchades

 

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Et si on vous disait que cet Institut d’Ali Baba doit une partie de ses richesses à un parent de Jean-Jacques Rousseau (sûr ?) qui fut consul de France à Alep et à Tripoli ?

 

5. Sûtra du Lotus - Dunhuang.jpg

Sûtra du Lotus

Celui-là est en France – Découvert dans une grotte de Dunhuang par Paul Pelliot en 1910.

 

Quelques liens utiles ou passionnants :

http://mongolschinaandthesilkroad.blogspot.be/2012/12/on-...

http://fr.cntv.cn/

Les vidéos (en français) d’histoire de la Route de la Soie :

http://www.youtube.com/watch?v=l43nazfBhrQ

http://www.youtube.com/watch?v=SI7wITncrG8

http://www.youtube.com/watch?v=OLO49kK26K0

http://www.youtube.com/watch?v=KY6E5Z0x1WA

etc. etc. etc.

 

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Mis en ligne le 3 juin 2014.

 

 

 

 

 

20:52 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

01/06/2014

WEEK-END D'ASCENSION 2014

1. winged car.JPG

Où vont mourir les voitures invendues ?

(c’est du 19 de ce joli mois mais on ne s’en lasse pas)

Avic, Réseau international

2. Voitures invendues.jpg

Ci-dessus, quelques-unes des milliers et des milliers de voitures invendues à Sheerness, au Royaume-Uni. Vous pouvez le voir sur Google MapsTapez Sheerness, Royaume-Uni. Regardez à l’ouest de la côte, en-dessous de la Tamise, à côté de la rivière Medway, à gauche de l’A249, Brielle Way.

Il y a des centaines d’endroits comme ça dans le monde d’aujourd’hui et ils continuent à s’accumuler. Et pourquoi utilisent-ils les pistes des bases aériennes désaffectées pour parquer des milliers de voitures si les ventes sont normales ?

Lire/voir la suite…

Source : http://reseauinternational.net/vont-mourir-les-voitures-i...

 

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Pas en Corée du Nord en tout cas !

 

Le photographe singapourien Aram Pan publie une vidéo très rare permettant de découvrir les (grandes) rues de la capitale de la Corée du Nord. Une promenade en voiture de 22 minutes – sans le moindre accompagnement musical – dont les images ont été validées par les autorités du pays avant diffusion.

Une capitale pratiquement sans bagnoles et sans un seul panneau publicitaire. Qui a dit que le paradis n’existait pas ?

On ne voit non plus personne dormir dans les rues. Comme à Cuba ?... On voit aussi ce qui est interdit dans certains états US : des piétons. Un peu inhumain, ces belles grandes avenues plantées d’arbres ? Un peu Versailles sans les grandes eaux ? On ne sait pas. On aurait bien aimé qu’Aram Pan circule un peu dans les petites rues, nous montre des gens achetant des beignets à des échoppes en plein vent, des choses comme ça. Pour la prochaine fois, peut-être ?

Pyongyang City Tour

 

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Parlant de paradis, voici une video où il en est question. Ce n’est pas que nous soyons fans de la RTBF, que nous n’écoutons/regardons même plus depuis que notre radiotélévision nationale a supprimé en tout arbitraire son émission la plus populaire, la plus intelligente, la plus impertinente et on en passe, comme si nous étions en dictature, ce qui est évidemment le cas, même si on a omis d’en informer S.M. le roi Philippe, dans l’idée que ce qu’on ne sait pas ne gêne pas. Mais enfin, ce n’est pas la faute d’Edmond Blattchen, qui a, un jour, entendu une voix - celle de Malraux – et qui anime, depuis, une émission intitulée Noms de dieux. Notre parti-pris de boycott nous a fait rater Jean Guitton, le Dalaï Lama, Sœur Emmanuelle, Elie Wiesel et Michel Onfray. On s’en remettra.

Dans la vidéo qui suit, il reçoit quelqu’un dont nous vous avons parlé récemment : Jean-Pierre OTTE, écrivain, peintre et pas mal d’autres choses. Homme qui s’est fait sa philosophie à lui par exemple. Ils y parlent des dieux, des mythes de création, du hasard aimanté, du 11 septembre, de présence au monde et de plaisir d'exister. À vous de voir si vous êtes d’accord (ou pas) avec ce qu’ils racontent. Vous pouvez même le faire savoir : la rubrique « commentaires » est là pour ça.

 

Noms de dieux

Interview de Jean-Pierre OTTE

par Edmond Blattchen

 

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C’est arrivé près de chez vous

 

3. ukraine-yatsenyuk-booed-germany.jpg

 

Il paraît que la SNCB, presque aussi dans le vent que la RTBF, va supprimer la liaison ferroviaire Liège-Guillemins-Aix-la-Chapelle (première gare après la frontière). On n’arrête pas le progrès à la belge.

Heureusement, la chose n’est pas encore faite, sans quoi nous eussions raté la visite en grandes pompes du valeureux Arseni Iatseniouk, premier ministre ukrainien « par interim », dans la capitale de Charlemagne, où il est venu assister à la remise du prix Charlemagne justement, à Herman Van Rompuy, pour ses efforts herculéens en faveur du maintien en vie artificielle de l’Union Européenne. Répétition générale de la cérémonie de réception de son propre Prix Nobel de la Paix ?

Les Aixois n’ont pas apprécié, mais on sait que les Allemands ne sont jamais contents. Quoi qu’il en soit, ils ont accueilli l’illustre visiteur et la doublure d’Angela Merkel qui l’accueillait, aux cris de « Terroriste ! », « Assassin ! », « Iatseniouk n’est pas le bienvenu ! », « Halte au fascisme en Ukraine ! », « Kiev, ne touche pas au Donbass ! » et autres invectives de mauvaise compagnie.

C’est une toute petite ville, Aachen, vous savez. Et ses habitants sont des gens ultra-paisibles et civilisés. Normalement.

Vidéo

http ://rt.com/in-motion/162656-ukraine-yatsenyuk-bo...

 

Leur manifeste protestataire en anglais (et en allemand) :

http://karlspreis.blogsport.de/aufruf/english/

 

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Place Taksim : 1 an

 

4. Taksim.jpg

Hier, plusieurs centaines de personnes se sont réunies dans les rues avoisinant la place Taksim. La police, qui les attendait, a tiré dans le tas aux grenades lacrymogènes.

Images :

http://rt.com/in-vision/turkey-police-crackdown-gezi/inju...

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Rappelez-vous, c’était le 12 juin 2013, lendemain du carnage, Davide Martello y était venu « jouer pour la paix ».

 

 

 

 

Mis en ligne le 1er juin 2014

 

15:03 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

29/05/2014

Mais que fait le Machin ? Où sont les Casques Bleus ?

1. Kärcer Titanic.jpg

 

Mais que fait le Machin ? Et où diable sont les casques bleus ?!

Abattoir 5 sur Dnieper

 

Les corps de civils s’empilent dans les morgues d’Ukraine orientale après le passage des escadrons de la mort  en fighter jets, hélicoptères et chars d’assaut

2. eastern-ukraine-attack-deaths.si.jpg

Slavyansk, un médecin regarde les papiers d’une femme tuée dans l’attaque aérienne de lundi 26, qui n’a fait que des morts civils.

3. feùmme abattue.png

Tirée comme un lapin, la brave dame, et dans le dos.

 

 

 

 


 

Des bâtiments ont été endommagés : l’église de la Mère de Dieu Régnante, un immeuble d’appartements et un dortoir pour étudiants.

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Dans la campagne autour de Slavyansk, le photojournaliste italien Andrea Rocchelli, 30 ans, et son interprète, le dissident russe Andreij Mironov, 60 ans, ont été tués par des tirs de mortiers. « Littéralement mis en pièces », disent les premiers témoins arrivés sur place. Le journaliste français William Roguelon, qui les accompagnait, s’en tire avec des blessures. Abandonnant leur voiture, ils avaient tenté tous les trois de se mettre à l’abri dans un fossé. Roguelon estime avoir entendu « plus de soixante explosions ».

La mascarade de la  ministres des Affaires étrangères italienne qui demande des comptes aux putschistes a commencé. Elle en obtiendra sûrement. Et justice sera faite. Si, si.

Dans la campagne autour de Dontetsk, plus de 50 défenseurs de l’aéroport, blessés, ont été achevés dans les deux camions qui les transportaient vers un hôpital. Les conducteurs ont été « achevés » eux aussi, cela va de soi.

 



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À Donetsk même, aux abords de la Gare Centrale, trois personnes ont été abattues : une est morte, deux, dont un petit garçon de 8 ans, sont blessées. Des terroristes, on vous dit.

Non, le nouveau « président élu », le chocolatier milliardaire Porochenko, ne va pas arrêter les tueries, il va les « rendre plus courtes et plus efficaces », et pour cela, il lui faut « du nouveau matériel », que nos impôts vont s’empresser de lui payer. Quand on aime on ne compte pas.

C’était juste un échantillon de nouvelles en provenance d’Ukraine.

En Allemagne, un projet de bataillon pour aller combattre Kiev
par Olivier Renault – La voix de la Russie

 

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La colère monte en Allemagne autour de la situation en Ukraine. Les anti-guerre allemands de tous les bords politiques se retrouvent dans des villes tous les lundis pour manifester.

La population, des personnalités des médias et des activistes politiques, suivent le modèle des manifestations « wir sind das Volk » (nous sommes le peuple), qui ont fait tomber la RDA, pour prendre le micro et dénoncer l'OTAN et le gouvernement de Berlin qui soutiennent le gouvernement fasciste. Contrairement aux Français, les Allemands, par la situation géographique de leur pays et leur histoire, se sentent davantage concernés par le conflit ukrainien. Les Montagsdemos (« manifestations du lundi ») ont réussi à réveiller une population qui était encore tenue en laisse par les médias officiels. Avec ces « manifestations du lundi », l'idée de fonder un bataillon international vient aussi d'être lancée autour de vétérans russes et de l’ex-RDA pour aller en Ukraine défendre les populations ukrainienne et russe contre ce qu'ils nomment les fascistes de Kiev. La révélation du projet de ce bataillon attire des Allemands, mais aussi des personnes d'autres nationalités.

Les manifestations du lundi. 

Elles sont nées avec les événements d’Ukraine, par des rassemblements, dans les villes, de citoyens qui ne veulent pas de guerre et qui dénoncent l'intervention de Berlin - avec l'OTAN - en Ukraine (Le parti UDAR du boxeur Vitali Klitschko est financé par Berlin. Les soldats ukrainiens reçoivent des uniformes allemands).

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Les anti-guerre allemands, qui rassemblent des personnes de toutes les tendances, mais qui sont boudés par les chefs des Verts et des Linke, se rassemblent de manière inédite dans ces manifestations. Plusieurs éclats se sont produits entre eux et les médias officiels, ZDF, ARD, qui ont du mal à cacher la vérité des faits sur l'Ukraine. Contrairement aux Français, les Allemands sont beaucoup plus sensibles aux bruits de bottes et aux signaux annonçant une guerre. Ils ont payé assez cher pour savoir que la situation politique n'est jamais réellement acquise. La fin de la RDA et la réunification ont marqué le peuple en montrant que des États peuvent disparaître.

Des brigades internationales en Ukraine ? Un bataillon allemand en tout cas. Pour commencer.

« Les manifestations du lundi », mais aussi l'interdiction du parti communiste et les actes de sauvagerie qui se déroulent en Ukraine, plus le refus de reconnaissance du référendum en Crimée, ont poussé les anti-fascistes allemands et des Russes allemands (trois millions en Allemagne, dont 500 000 venus dans le pays à la chute de l'URSS) à former le « bataillon Thälmann pour l'Ukraine ». C'est un journaliste du journal Kultura de Moscou qui le rapporte dans un article du 21 mai, après avoir rencontré ces 400 militants, qui se sont constitués lors d’un défilé en soutien à la Crimée, à Berlin, autour de vétérans russes et allemands, « C'est en l'honneur du bataillon Thälmann qui fut constitué pour la guerre d'Espagne que nous avons eu l'idée de le fonder pour l'Ukraine. En Allemagne la colère monte chez les anciens citoyens de l'Union Soviétique. Ils condamnent le soutien allemand au gouvernement de transition, la non reconnaissance de la Crimée et veulent des élections sans carnage pour l'autonomie », dit Alexander Kifel vétéran des troupes spéciales de l'ex-RDA. Ernst Thälmann était le chef du parti communiste allemand qui mena la résistance contre le nazisme en Allemagne. [La brigade allemande de soutien à la République espagnole s’était ainsi appelée en son honneur, alors qu’il était interné depuis 1933 dans les geôles nazies dont il ne devait jamais sortir : Thälmann est mort à Büchenwald, le 17 août 1944.] Condamnant la mascarade d'élections pseudo-démocratiques en Ukraine organisées par le gouvernement de transition, le nouveau bataillon Thälmann lance aussi un appel international pour intervenir en Ukraine et prêter main forte aux populations des nouveaux territoires,à la Nouvelle Russie (Novorossia), qui s'est constituée par référendum. Hier, Wilfried, un contact allemand, qui ne cesse de dénoncer la politique de son pays, a exprimé sa joie en apprenant la naissance de ce bataillon : « C'est réellement formidable. J'attends leur réponse et si ça marche, j'y vais. Il faut bien mourir un jour », dit –il, quand on lui rappelle qu'il peut y laisser sa vie.

Source : http://french.ruvr.ru/2014_05_27/En-Allemagne-un-projet-d...

 

© East News/AP Photo/Sergei Grits

 

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À la mode de Kiev

SALINAS, Californie

 

Plus de 6.000 personnes sont descendues dans la rue, dimanche 25, pour protester contre des exécutions policières et brutalités en tous genres, et par-dessus tout, contre le « racial profiling » ou profilage criminel raciste.

Des morts par balles sans sommations et sans cause, et pas le moindre petit bout d’enquête. Enquêter pour quelques latinos flingués ? Ils sont malades ou quoi ?

 


 

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Pendant ce temps-là, au Canada…

Lors de son voyage récent en Nouvelle Écosse, le prince de Galles, au milieu d’un aréopage de journalistes internationaux, a comparé la politique du président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, à celle d’Hitler. L’étonnante sortie de S.A.R. a suffisamment choqué l’opinion pour que des armées d’avocats et de communicants se voient obligés de monter au créneau et d'expliquer qu’il ne s’agissait là que d’une boutade lancée en privé, presque d'une plaisanterie. Le journaliste britannique Tony Gosling exprime ici ce qu’il en pense.

Qui a dit « les royals,  il vaut mieux les voir que les entendre » ?

 

Le prince Charles rompt une lance de plus pour la république de Grande Bretagne

par Tony Gosling, RT

 

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Le prince Charles nourrissant un ours polaire au zoo de Winnipeg, Canada, le 21 mai dernier.

 

Il y a quelque chose d’irréel dans la tentative des doreurs d’image du prince Charles de prouver que le futur chef de l’État britannique, lorsqu’il a comparé Poutine à Hitler, tenait une conversation privée, alors qu’il était entouré d’une foule de journalistes.

Ce n’est pas seulement que ses remarques montrent à quel point lui-même et ses préposés aux Relations Publiques sont coupés de la nation et du monde réel, c’est que les remarques désinvoltes de Charles attirent désastreusement l’attention sur les liens de sa famille et de lui-même avec les Nazis et avec le bellicisme qui leur est apparenté.

Son père, le prince Philip, duc d’Édimbourg, a fait une partie de ses études en Allemagne nazie et ses quatre sœurs ont épousé des officiers SS en grand uniforme noir (trois d’entre elles, d’ailleurs, Sophie, Cécile et Margarita s’affiliant au parti nazi allemand). Philip a avoué à un universitaire américain qu’il avait alors « des inhibitions à propos des juifs » et qu’il se sentait « jaloux de leurs succès ». Le grand-oncle de Charles, le duc de Windsor ex-Edouard VIII était un tel brandisseur de svastika que le MI6 dut le contraindre à résider aux Bermudes pendant toute la IIe Guerre mondiale, contrecarrant sa volonté et celle de son épouse nazie, Mrs Simpson, d’aller rejoindre Hitler en traversant l’Europe occupée.

Charles lui-même a été aussi près que possible de se faire le thuriféraire de l’architecte en chef et ministre de l’Armement d’Hitler, Albert Speer, en engageant le disciple le plus engagé de Speer, Leon  Krier, comme responsable des importants projets de construction de son duché de Cornouailles. L’écrivain et homme de radio Jonathan Meades, dans son documentaire de 1994, Jerry building, a épinglé Krier comme le « véhiculeur de Speer » et le « gardien de la famme toxique », faisant remarquer que chacune des réalisations de Speer, y compris le trop fameux stade de Nuremberg, est inséparable des expérimentations inhumaines et des camps de travail forcé utilisés pour les construire.

L’arrière-grand-père de Charles, George V, fut l’un des trois grands architectes de la Première Guerre Mondiale, qui fut appelée, on s’en souvient, la « guerre des cousins », quatre ans de carnage gratuit qui débutaient il y a tout juste un siècle. Avec deux autres cousins de Saxe Cobourg Gotha, les infortunés sujets de George ont dû en découdre, dans une effroyable guerre de tranchées, avec les malheureux sujets de Guillaume II d’Allemagne et de Nicolas II de Russie, pour arriver, en 1918, à un total de dix millions de morts sans but discernable.

Lorsque, en 1917, des soldats mal-élevés ont commencé à faire remarquer que les bombardiers allemands Gotha d’une autre branche de l’affaire de famille du roi étaient occupés à les massacrer, George V annonça gaiement que son nom de famille n’était plus « Saxe Cobourg Gotha » mais Windsor, à la consonnance plus anglaise.

Des chefs-d’œuvre, pourtant, comme le film de 1969 de Richard Attenborough, Oh ! What a Lovely War  (« Ah Dieu ! que la guerre est jolie »), comme le drame controversé de 1986 à la BBC, The Monocled Mutineer, ou même les poèmes de Geoffrey Studdert-Kennedy, vicaire de Worcester et aumônier militaire affectueusement surnommé Woodbine Willie, n’arrivent à rendre la futilité de cette guerre et l’amertume qu’elle suscita chez les gens ordinaires.

Aujourd’hui, quoiqu’ils aient été dans le camp opposé aux Nazis dans la IIe Guerre Mondiale, le gouvernement et les forces armées de Sa Majesté, qui, tous, prêtent allégeannce à la Reine, soutiennent la plupart des dictateurs et des despotes du monde. Du président Mahinda Rajapaksa du Sri Lanka, qui a le sang de 40.000 innocents civils Tamouls sur les mains,  au roi Abdullah du brutal régime saoudien, qui pratique les décapitations publiques au sabre. La bouche de Charles parle toujours en faveur des dirigeants dont Amnesty International nous dit qu’ils sont infréquentables, toujours prêt à se faire de l’argent en leur vendant de l’immobilier et des armes.

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Le prince de Galles, le prince William, la princesse Diana et le prince Harry assitant, à Hyde Park, à la cérémonie de commémoration de la Victoire, le 7 mai 1995

 

Assistons-nous à l’agonie de la monarchie britannique ?

Cela a commencé trente-six ans après que les sanguinaires Chevaliers du Temple, guerrier-banquiers, furent disgraciés et dissouts : un nouvel ordre de 26 « chevaliers », créé en 1348, n’a cessé, depuis, de dominer la Couronne britannique. L’Ordre de la Jarretière consiste en deux éléments siamois de treize chevaliers chacun, qui conseillent et « protègent » le monarque et son héritier en titre.

À cause de leur obsession du secret et de leur manque de transparence qui a traversé les siècles, ceux qui en font partie sont devenus l’absolue antithèse de la chevalerie médiévale, un mélange létal de yes-men et de tortueux arnaqueurs, qui vendraient leur mère pour un siège - et une tranche de revenus – au haut bout de la table.

Rien ne pourrait illustrer plus clairement le dédain de la monarchie britannique pour ses pauvres sujets que la confiscation des biens et l’éviction par Henry VIII, en 1530, d’à peu près dix mille moines dépouillés de leurs monastères britanniques. Depuis le temps d’Alfred le Grand, ces ordres avaient été l’épine dorsale de l’éducation et des soins de santé de la nation. Pour Henry, ils représentaient la Ve colonne du Vatican, qui avait eu la témérité de mettre en question la sagesse de sa rupture avec Rome et sa fondation de l’Église d’Angleterre.

En 1638, avec plaidoiries spéciales de l’archevêque Laud, Charles Ier s’est attaqué à la privatisation des terres publiques, en mettant à l’amende les riches marchands et les parlementaires qui spoliaient les villageois des terres communales jusque là libres d'accès et administrées collectivement. Seuls les « hommes libres » (freemen) qui possédaient de la terre donnant un rendement de plus de 40 shillings par an avaient le droit de voter, ce qui veut dire que les marchands s’étaient effectivement voté l’accaparement des terres dont les pauvres avaient besoin pour survivre.

Charles Ier, peut-être par bravoure, peut-être par stupidité, tenta de résister à la la privatisation rampante de la terre, mais les marchands s’organisèrent secrètement contre lui, déclenchèrent la Guerre Civile Anglaise et sa tête tomba en 1649. Les classes mercantiles étaient désormais fermement installées au pouvoir, prêtes à apporter leur capitalisme dernier cri au reste du monde.

Le prince « araignée-noire » qui se mêle abusivement de tout.

Que l’intrusion indiscrète de Charles dans les affaires politiques d’aujourd’hui ait ou non pour but le bien de l’Angleterre ne peut donner lieu qu’à des hypothèses, parce qu’il dépense des centaines de milliers de livres – plus encore qu’il n’en dépense en relations publiques – pour s’assurer que des avocats spécialistes en confidentialité empêchent le public britannique d’en rien savoir. Non seulement on l’a vu opposer secrètement son veto à des dispositions légales édictées
par le Parlement qui ne lui plaisaient pas, mais envoyer aussi des directives manuscrites du style « black spider » à des secrétaires d’État.

Les avocats de Charles se sont battus pendant quatre ans contre le journaliste du Guardian, Rob Evans, pour obtenir à tout prix que ces communications restent secrètes, arguant du fait qu’en tant que citoyen privé, il n’est pas couvert par la loi de Liberté d’Information. Jusqu’à présent, il a réussi à ce que ces directives – que le professeur de droit constitutionnel de l’Université de Manchester Rodney Brazier qualifie avec pudeur d’« innovations constitutionnelles » - restent secrètes.

Ce que la nation va devoir affronter avec les élargissements secrets apportés par Charles à ce qui est avant tout une fonction non-politique d’une façon que sa mère, la reine Elisabeth, semble avoir adoptée rarement, stagne dans l’air comme une très mauvaise odeur constitutionnelle. Si la lettre inhabituelle de sa mère au ministre de l’Intérieur, exigeant l’arrestation de l’ecclésiastique musulman radical Abou-Hamza, est un indicateur de tendance, les lettres de Charles seraient en effet révélatrices.

Ne parlez pas de Diana

Ceux qui visitent la résidence de Charles, Highgrove House, dans le Gloucestershire, sont déçus de constater que toutes les traces de la princesse Diana brillent par leur absence, y compris dans la boutique de souvenirs dont elle tirait un joli profit. Malgré le fait que William et Harry y on grandi, le nom, l’image et la mémoire de leur mère en ont été entièrement bannis.

 

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Charles, prince de Galles, prononce une allocution lors de sa visite au Stevenson Campus Air Hanger, le 21 mai, à Winnipeg, Canada

C’est dommage, car Diana et les garçons ont passé certaines de leurs journées les plus heureuses dans et autour de la petite ville de Tetbury, nichée au cœur de la campagne des Costwolds. Les dimanches matins, à la fin des années 1980 et au début des années 1990, on pouvait voir Diana et les deux jeunes princes William et Harry se glisser discrètement dans les derniers bancs de l’Église Sainte Marie Vierge et Marie Madeleine, juste après le début du service, pour éviter d’attirer l’attention, ressemblant autant qu'il était possible à n’importe quelle jeune mère accompagnée de ses deux enfants. Après le service, ils retournaient à bicyclette à Highgrove, à quelques miles au sud de la ville, par les chemins de campagne.

Les gens du cru disent qu’ils s’amusaient à semer les officiers de police chargés de leur protection permanente, dont la princesse disait qu'ils la rendaient « claustrophobe » en dressant une espèce de mur entre ses fils et elle et les autres passants. Diana disait vouloir élever ses garçons de façon à ce qu’ils se voient semblables à n’importe qui d’autre. Elle leur apprenait à parler avec le public de manière pratique et décontractée.

Mais, après l’adultère avec Camilla et le divorce qui en est résulté, Diana était devenue « un problème » pour Charles et pour la reine.  Selon le journaliste d’investigation australien John Morgan, ils mirent sur pied ce qu’ils appelèrent un Way Ahead Group (« Groupe voie à suivre ») ou WAG, pour gérer le triple problème Diana.

Pour commencer, sa campagne contre les mines anti-personnel menaçait les bénéfices des fabricants d’armes, tant en France qu’en Grande Bretagne; ensuite, elle se servait de la presse britannique pour s’affirmer comme une personnalité sur le plan national ; enfin, les résolutions du WAG devinrent plus urgentes du fait qu’elle était sur le point d’annoncer son prochain mariage avec Dodi Al Fayed, ce qui signifiait que William et Harry allaient se retrouver avec un beau-père musulman.

Dans son livre de 2012, La conncection Paris-Londres. Assassinat de la princesse Diana, John Morgan affirme que des preuves rassemblées par les deux enquêtes de police suggèrent que la reine et le prince Charles ont laissé filtrer vers le MI6 que si Diana devait avoir un accident, le palais n’y verrait pas d’inconvénient.

Le documentaire réalisé en 2011 par Keith Allen, Unlawful Killing (« Exécution extra-judiciaire »), qui passe en revue l’enquête vieille d’une décennie sur la mort de Diana, prouve sans aucun doute que cette mort ne fut pas un accident. Mais le film n’a jamais été projeté à la télévision et a été supprimé sur Internet comme dans les salles de cinéma, sur intervention des avocats aux poches profondes de la Couronne. Il est très possible qu’il ne soit jamais projeté en Grande Bretagne.

Charles descend de « l’autre » Vlad, celui de Transylvanie.

Charles n’est bien sûr pas responsable des méfaits de ses turbulents ancêtres, mais, comme quiconque, il peut et doit choisir sans tricher sa trajectoire personnelle. Les voies tortueuses du secret et le mur que ses relations publiques tentent d’élever autour de lui ne feront qu’aggraver les choses dans le monde interconnecté d’aujourd’hui, et finiront par lui aliéner ses 65 millions de sujets.

Cependant, la calomnie diffamatoire « Poutine = Nazi » a pris une ampleur regrettable du fait que les dirigeants des trois grands partis ont fait preuve d’un mépris total pour la Constitution et pour le public, en soutenant le prince contre les faits et contre l’intérêt national.

Ce qu’ils ont révélé, en pesant de tout leur poids pour couvrir l’insulte de Charles à la Russie, c’est que la classe dirigeante anglaise et son complexe militaro-industriel peuvent très bien être en train d’exercer une dictature, en décidant dans des conciliabules privés de ce que doit être la politique extérieure du Royaume Uni.

Jusqu’à pendant cette semaine d’élections, nos soi-disant politiques n’ont pas eu la dignité élémentaire de s’opposer à l’establishment, quelque éhontés que soient ses mensonges.

En-dehors du petit cercle de ses courtisans, les remarques déplaisantes de Charles convaincront peu de monde en Grande Bretagne. Elles révèlent à la fois une minimisation malintentionnée des 25 millions de morts soviétiques de la IIe Guerre Mondiale et font un pas irresponsable de plus en direction d’une guerre nucléaire – aujourd’hui – en Europe. Les chefs de partis ont également refusé de reconnaître le soutien du gouvernement et des forces armées de Charles au gouvernement de coup d’état ukrainien, dont des éléments-clés – notamment ceux du Secteur Droit - affichent fièrement les portraits de nazis confirmés tels que Stepan Bandera, sur les murs de Kiev.

Charles ne comprend pas, comme sa mère semble l’avoir compris, qu’il ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre, être à la fois le chef de l’État et un politicien chef de faction. Les remarques désinvoltes qu’il s’est permis de faire ont suscité le mépris à son égard dans le pays, et à l’égard de la Grande Bretagne à l’étranger. Ironiquement, pour l’homme qui est si fier de son ancêtre transylvanien, Dracula, puisqu’il descend du despote du XVe siècle Vlad l’Empaleur, ce mépris est un clou de plus enfoncé dans le cercueil de la monarchie britannique.

Selon la formule consacrée : Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne représentent pas nécessairement celles de R.T.

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Tony Gosling est un militant britannique pour les droits humains, qui a commencé sa carrière professionnelle dans l’industrie aéronautique et a été formé par la BBC. Il est historien et journaliste d’investigation. Il anime un programme hebdomadaire de réflexion politique sur BCfm (Bristol City) : http://politicsthisweek.wordpress.com/

 

Traduit par C.L. pour Les Grosses Orchades

Source : http://rt.com/op-edge/161020-prince-charles-strikes-blow/

Grain de sel : Nous ne sommes pas trop d’avis, aux Grosses Orchades, de mélanger les torchons et les serviettes, le linge (sale ou non) de la famille Windsor et les affaires publiques du Royaume Uni, mais nous ne sommes pas anglais. Peut-être, si nous l’étions, verrions-nous les choses autrement. Quoique les attaques d’un de nos députés contre notre Premier ministre sur ses mœurs nous paraissent également amoindrir le débat politique en l’amalgamant à la sphère privée.

 

 

 

Mis en ligne le 29 mai 2014

 

 

19:29 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

15/05/2014

Lettres belges d'un peu partout

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Lettres belges

d’un peu partout

 

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Des Belges d’origine ukrainienne qui publient en Belgique ; des Belges qui habitent et qui publient dans l’Hexagone. Une chatte n’y retrouverait pas ses petits.

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Ici, c’est un petit-fils qui écrit sur son grand-père. On ne sait pas si vous avez remarqué, mais depuis que les « zélites », au nom de « l’égalité », s’escriment à démolir la notion même de famille, il n’y en a, chez les fils et les petits-fils, que pour les pères et les grand-pères. Et ce sont tous des héros. Esprit de contradiction ou quoi ?

 

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Jean-François Füegg

Josef Bielik n’est pas un héros

Bruxelles – Territoires de la Mémoire, 2013

72 pages

 

 « C'est l'histoire de Jozef, immigré, boucher charcutier, catcheur et résistant, qui aimait le champagne ukrainien et les halusky et transforma une horde de Bohémiens en Belges pure laine. C'est l'histoire de mon grand-père.

« Et au fond, que savais-je vraiment de Jozef à part quelques bribes de la geste familiale où il était question de coups de main, de prisonniers cachés, d’explosifs subtilisés à l’ennemi et de hordes teutonnes tenues en respect par un géant slave ? Qu’est-ce qu’on avait rêvé d’aventure, ma sœur, mes cousins et moi, lorsqu’armés de fusils en plastique, nous rampions entre les rangs de pommes de terre du potager. Nous étions tous résistants, nous étions tous des héros. »

Jean-François Füeg est directeur du Service de la lecture publique à la Fédération Wallonie Bruxelles. Historien, il a été archiviste, dirigeant notamment le Mundaneum entre 1996 et 2001. Il a publié une cinquantaine d’articles sur des questions touchant à l’histoire du XXe siècle, en particulier de l’entre-deux-guerres. Il est aussi l’auteur d’un livre sur la revue non conformiste Le Rouge et le Noir, paru chez Quorum. Il quitte ici le monde des notes de bas de pages pour un texte plus intime.

Rencontre avec l’auteur le samedi 17 mai entre 16 et 19 heures à la Librairie La Borgne Agasse, au 30 de la rue Anoul,  à Ixelles (1050 Bruxelles).

Si vous êtes dans les parages, allez-y nombreux. (Aucun danger : ce n’est pas à Anderlecht).

 

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Jean-Pierre OTTE

 

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 Le pays où l’on n’arrive presque jamais

 

Jean-Pierre OTTE est un Ardennais belge qui vit dans le Lot.

Avant, il écrivait.

Maintenant, il écrit et il peint.

Pour vous mettre en appétit, voici 36 peintures à la cire qu’il a réalisées cet hiver,

https://www.flickr.com/photos/123700509@N05/sets/72157644608073611/

 

Il vous suffit de cliquer sur une des photos pour la voir en plein écran et jouer ensuite comme dans un diaporama.

 

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Belle occasion aussi de découvrir, si vous ne les connaissez pas, ses trois derniers livres :

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Jean-Pierre Otte

Strogof

Paris, Julliard, 2013

378 pages

 

 Comment devient-on écrivain ? En démêlant les événements et les expériences de sa jeunesse, Jean-Pierre Otte trouve l'origine de sa vocation littéraire dans la fascination qu'il éprouva très tôt pour Michel Strogoff de Jules Verne.

Dans la biographie de tout écrivain, il y a souvent la rencontre avec un livre, la découverte d'un univers qui s'avère étonnamment familier, comme s'il avait été écrit et conçu pour apporter cette révélation : « Ce livre, c'est moi, c'est la vie que je voudrais pour moi-même. » Pour Jean-Pierre Otte, ce fut Michel Strogoff, dont il découvre l'histoire à dix ans grâce à une adaptation cinématographique. Dès lors, il ne rêve plus que d'aventures échevelées. Puis il découvre le roman et le dévore.

De son enfance, Jean-Pierre Otte retient les éléments marquants : L'Harmonie, un établissement polyvalent dont ses parents sont les gérants, et où ont lieu des spectacles et des bals. Il évoque la ronde familiale ; ses parents restés pour lui des étrangers ; sa tendresse pour sa grand-mère, férue de botanique, et pour son grand-père, libre penseur passionné d'étymologie ; ses soeurs, qu'il surnomme Garce et Chipie ; Véra Vérouschka, la dame pipi ; la tante Maguy, amoureuse insatiable, et une association de boy-scouts attardés dont le local regorge de trésors pour apprenti entomologiste... Puis vient la vie en pension ou des abbés bornés s'efforcent, en vain, de formater son esprit rebelle. Au grand dam de ses parents, c'est en auditeur libre qu'il s'inscrit à l'Université, allant d'une faculté à l'autre, choisissant les matières au gré de ses intérêts du moment. On ne dresse pas Strogoff aussi facilement ! À dix-huit ans, il fréquente un cercle d'amis extravagants, connaît ses premières amitiés amoureuses avec le désir d'être « le prince charmant de quelque inconnue dont il est assuré qu'elle vient par lents détours à sa rencontre »...

Dans le coeur de l'étudiant iconoclaste qu'il est devenu, le héros de Jules Verne continue à vivre, chargé d'un message qui doit sauver le monde, du moins un certain ordre du monde. Jean-Pierre Otte a alors l'idée folle de récrire Michel Strogoff, avec une tout autre fin. À travers ce roman d'apprentissage, il nous livre un formidable éloge de la liberté et du plaisir qu'il y a dans la vie même.

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Jean-Pierre Otte

La vie amoureuse des fleurs dont on fait les parfums

Paris, Julliard, 2012 - 144 pages

 

 

Jamais vous n'auriez soupçonné que se cachait dans un innocent bouquet de fleurs une vie érotique aussi intense !

On dit que l'âme des fleurs est dans leur fragrance. Mais on ignore souvent que ces délicieux effluves n'ont en réalité rien de fortuit. Les parfums ont pour mission de diffuser dans les airs le message de la disponibilité amoureuse des fleurs. Grâce à eux, la rose, le chèvrefeuille, le lilas ou le muguet attirent leurs amants de passage. Insectes en tous genres trouvent ainsi leur chemin jusqu'aux corolles nuptiales ou, tout en s'enivrant des nectars les plus raffinés, ils procèdent à la fécondation de leurs hôtesses.

À l'image des femmes qui devant leur miroir se préparent aux plus folles nuits d'amour, pour séduire, les fleurs s'ingénient à l'attrait en adoptant formes et couleurs les plus inventives. Il y a la capricieuse comme le narcisse, qui par son architecture arquée exige de ses amants des talents d'acrobate ; l'ultrasensible, comme le mimosa, qui se rétracte au moindre effleurement et ne tolère que des partenaires délicats ; la généreuse, telle la lavande, qui accueille tous les amants sans distinction ; l'exclusive, tel l'oeillet, qui ne s'offre qu'aux papillons et dont le dépit de ne pas avoir été visitée s'exprime par une odeur de décomposition fétide ; ou bien encore la satisfaite, tel le chèvrefeuille, dont la valse érotique cesse en même temps que l'exhalaison de ses arômes dès qu'elle est enfin fécondée.

Observateur infatigable de la nature et grand érudit, Jean-Pierre Otte est aussi un styliste incomparable. L'originalité de son oeuvre réside dans sa capacité à mêler l'observation scientifique à la verve poétique. Il s'attache cette fois aux secrets d'alcôve des fleurs les plus entêtantes à travers une promenade littéraire et sensuelle en compagnie de grands auteurs tels que Rousseau, Jünger, Goethe, Homère, Stendhal ou Buffon.

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Jean-Pierre Otte

Le labyrinthe des désirs retrouvés

Paris, Julliard, 2012 - 210 pages

 

 

 Amours, fêtes et rencontres extravagantes dans les très secrètes catacombes de Paris.

Sans cesse à la recherche d'aventures hors norme, Jean-Pierre Otte relate cette fois sa rencontre avec un groupe de jeunes « cataphiles », amateurs de visites clandestines des anciennes carrières souterraines de Paris plus connues sous le nom de Catacombes. Introduit dans ce petit monde de noctambules, il s'initie avec eux à un univers d'une richesse insoupçonnée. Peu de piétons de Paris soupçonnent ce qui se déroule en réalité la nuit sous leurs pieds. Bien sûr, il y a la partie ouverte au public, les visites en famille ou l'on s'extasie sur des tas d'ossements et des noms de rues gravés sur les murs, seuls repères dans cette géographie parallèle de la ville. Mais la majeure partie des Catacombes est fermée au public. Pourtant, depuis qu'elles existent, elles sont le lieu de réunions clandestines dont Jean-Pierre Otte retrace ici un pan de l'histoire. Utilisé sous l'Occupation par l'armée des ombres pour circuler discrètement d'un quartier à l'autre, voire s'y échanger des informations confidentielles, ce réseau souterrain a plus tard servi aux zazous pour y improviser de frénétiques soirées jazzy. En 68, situationnistes et anarchistes s'y croisent pour réinvestir la ville par l'art et/ou la politique, et dans les années 80, la scène punk-rock underground prend la relève en y donnant des concerts plus ou moins mémorables.

De nos jours, de la performance artistique à la messe noire, en passant par la méditation solitaire, les pique-niques improvisés à la bougie, la réalisation de copies de fresques célèbres (par des étudiants des Beaux-Arts) ou les bains de minuit, les spectacles les plus étonnants y sont possibles. Plus inattendue encore, la littérature « cataphile », textes ou tracts produits par des initiés et semés au hasard, comme autant de rébus, au gré des différentes salles. Jean-Pierre Otte y découvre d'étranges fragments d'une fable érotique écrite sous un pseudonyme et dont il commence à chercher les parties manquantes. Cette histoire dans l'histoire sera le fil conducteur de son récit qui le conduira même à découvrir l'identité de son mystérieux auteur.

Dans cet outre-monde qu'il explore - en dehors et à l'insu du monde - Jean-Pierre Otte continue de creuser la thématique de la marge qui lui tient tant à coeur. Explorer de nouvelles contrées, interdites, secrètes, retranchées, lui permet aussi de se recréer une famille d'élection, composée d'individus tout aussi passionnés qu'insolites, dont il sait rendre le caractère par son sens de l'événement et de l'anecdote. Il porte sur ces baladeurs de l'obscur, à la fois confrérie et tribu, un regard semi-intrigué, semi-amusé d'anthropologue. Mais ce monde souterrain qu'il découvre n'est pas que le trivial envers du dehors. S'y aventurer signifie se révéler à soi-même, ou se régénérer, comme lors d'un rite initiatique, ou d'une expérience primitive de retour aux sources.

Il a aussi un blog où on trouve des extraits de ses livres, une galerie de ses peintures et une oie baladeuse : Plaisir d’exister

 

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Centenaire TAZIEFF – suite…

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La secrétaire du Centre Haroun Tazieff nous signale :

Les commémorations ont lieu un peu partout en France, s'appuyant sur l'implication d'enseignants ou d'associations, avec expositions, ateliers scientifiques, conférences pour élèves puis tout public. Ce fut le cas dans le Pas-de-Calais, à Bapaume, puis à Thonon les Bain.

 Il y aura des « Journées Tazieff » dans l'Hérault en juin.

Mais aussi des conférences à Troyes, au muséum de Toulouse, à la Pierre Saint Martin, la fête de la science à Annemasse....

Dans le cadre du projet Coménius « volcans et paysages européens » et du réseau écoles associées de l’UNESCO, un album Et si Tazieff m’était conté a été réalisé. Le but est de raconter de manière originale l’histoire d’Haroun Tazieff en l’illustrant de magnifiques aquarelles et de documents d’archives (40 pages). Les textes sont de Christine Hainaut, les illustrations  d’Anne Douillet.

Tazieff est à l'honneur à  Vulcania, à Clermont-Ferrand, depuis le 8 mai, avec une exposition et une conférence le 16 mai.

Enfin une pièce de théâtre La sexualité des volcans, mise en scène par Frédéric Viguier, sera jouée au Festival off d'Avignon en juillet.

 

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Enfants en danger ! 

La lecture de ceux qui s’en sont faits les champions et qui ne seront jamais assez nombreux s’impose. Ainsi de Frédéric Lavachery, qui ne se contente pas d’écrire sur Haroun Tazieff mais qui se prépare aussi au procès que lui intente la famille d’un des notables mis en cause dans son livre d’il y a 15 ans sur l’affaire Dutroux - audience à Bruxelles le 24 juin prochain…

Marie-Christine Gryson (Outreau, la vérité abusée) parle du livre qui lui est dédié et des combats de son auteur. Mais lisez plutôt (l’article et les commentaires) :

 

Sur le blog Mediapart de Marie–Christine Gryson :

Un volcan nommé Haroun Tazieff par son fils : où sont nos héros ?

|  Par marie-christine gryson

Frédéric Lavachery, le fils biologique d'Haroun Tazieff qui redonne vie à ce père prestigieux qu'il a connu mais qui ne l'a pas reconnu. L'auteur nous rappelle dans un ouvrage éblouissant, l'être d'exception qu'il fut, tant par sa trajectoire de vie qui l'a conduit à la Résistance que par ses apports scientifiques fondamentaux dans le domaine de la volcanologie.

Haroun Tazieff fait partie de ces héros qui éclairent nos rêves par leur corps-à-corps avec la mère nature, car il savait converser avec les entrailles flamboyantes de la Terre et il nous permettait de le suivre jusqu'au ravissement.

« Un volcan nommé Haroun Tazieff 1» nous projette dans les images et les émotions du passé mais pas seulement. On apprend beaucoup sur les volcans grâce à l'ingénieux professeur qu'est Frédéric Lavachery. Il donne sa place au père, au scientifique et à l'artiste. À la fin, il récupère la sienne en tant que fils dans un mouvement presque symphonique en écho l'un à l'autre. Haroun et Frédéric définitivement réunis. On ose la familiarité car il nous la permet, tout comme la grandiloquence car elle sied au sujet.

Lire la suite…

Source : http://blogs.mediapart.fr/blog/marie-christine-gryson/020...=

 

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Marie-Christine Gryson-Dejehansart

Outreau, la vérité abusée

Hugo & Compagnie, 2009

262 pages

 

 

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Périphéries : Danemark, Allemagne

Le girafon Marius et l’ourson Knut,

deux animaux aux destins bien différents

http://french.ruvr.ru/2014_05_12/Le-girafon-Marius-et-l-o...

 

Père et fils : Thomas Dörflein et Knut

 

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Mais passons aux choses sérieuses

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À faire de même ? Mais encore ?...

 

Dalida avec une barbe, une voix d’homme et des tatouages sur les bras. On ne saurait penser à tout. Au moins ses cheveux étaient-ils à elle. Mais la question n’est pas là…

 

Irons-nous voter pour la tolérance et Dalida ou nous conduirons-nous très très mal ?…

 

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Mis en ligne le 15 mai 2014

21:30 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

11/05/2014

ANNIVERSAIRE (LE 69e) DE LA CAPITULATION DU REICH

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Anniversaire (le 69e) de la capitulation du Reich

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Berlin – Reichstag – 2 mai 1945

Ce soldat soviétique s’appelait Abdoulkhakim Ismaïlov

Il est mort le 17 février 2010 à Khassaviourt (Daghestan) âgé de 94 ans.

 

Célébrations

 

À Moscou

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Qu’Allah, Dieu, Bouddha, et tous les diables fassent que ces jeunes gens ne soient pas d’ici peu transformés par notre faute en bouillie sanglante !

 

C'est ici  :

http://rt.com/in-motion/157888-russia-victory-day-ww2/

 

Savez-vous que, jusqu’à l’an dernier, il y avait des troupes américaines, britanniques et françaises pour défiler le 8 mai sur la Place Rouge avec les Russes ? Pas cette fois-ci. Elles ont choisi l’autre camp.

Et, Mesdames et Messieurs des merdias... si vous arrêtiez d'appeler «pro-russes» les anti-nazis ? Ça vous gêne à ce point-là qu'ils le soient ?

 

À Sébastopol

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À Leningr St. Petersbourg

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À Omsk (c’est dans l’Oural)

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À Slavyansk

Où on a promené des choses et des gens pris à Kiev

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À Lugansk

Où on a brandi un drapeau « République de Lugansk »

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À Paris

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Mais où sont les monsieurs et les madames ?

http://croah.fr/corbeau-dechaine/commemorations-du-8-mai-les-champs-elysees-pratiquement-deserts-pour-hollande/

Et en plus, ils n’ont même pas refait les trottoirs…

Tout ceci ne manquerait-il pas un peu de mongénéral et de sens de la Nation ?

 

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Sans aucun rapport, sauf qu’ils sont rouges et chinois.

Ils n’ont pas encore de nom, ils sont frère et sœur et apparaissent ici pour la première fois en public. Zoo de Canberra

 

Petit rappel

 

Il paraît qu’on fête le 10 mai la fin de l’esclavage. Pourquoi le 10 mai ? On ne sait pas.

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Il y en a qui ont célébré ça le 9 pour ne pas faire comme tout le monde…

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Le 10 au matin, au même endroit, François Hollande a déposé un bouquet de fleurs.

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L’après-midi, il a lancé tout l’espace Schengen aux trousses de l’esclave Kemi Seba même pas en fuite (c’est pré-emptif).

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Quand on a son 81e anniversaire entre ceux de Robespierre et de la chute du Reich, on regarde un peu autour de soi, on fait des comptes…

Dites, vous avez vu le nombre de mégères en activité simultanément ? Milquet, Onkelincks, Lagarde, Alliot-Marie, Allbright, Livni, Rice, Merkel, Clinton, Ashton, Tymochenko, Nuland, Power, Feinstein, Rice (l'autre, la fille) et tutte quante, sans parler des pisseuses en chapeaux de fleurs… Les hommes ne sont plus capables de faire leurs conneries tout seuls ?

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C’est ça l’égalité ?

 

 

Mis en ligne le 11 mai 2014

(On n’est pas aux pièces).

 

 

 

 

15:43 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

05/05/2014

Pauvre Belgique

1.BLOG Pauvre Belgique -la-nave-dei-folli-franz-borghese-G.JPG

Pauvre Belgique

ou

Quand les maïeurs de Clochemerle se prennent pour ceux d’Istanbul

 

 

Des commentaires ? Est-ce bien la peine ?

 

 

À la prochaine

sur une terre moins risible sordide.

Conf.jpg

 

laughing-cat-haha-gotcha.jpg

 

 

Mis en ligne le 5 mai 2014

 

 

 

 

 

21:48 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

28/04/2014

MAXIMILIEN, TU AS VU ?

1. Navires français.jpg

« Quel spectacle de fin du monde que celui d'une France rendue exsangue par les ambitions mercantiles et à courte vue des hommes d'affaires, quel spectacle que celui de l'impuissance des masses populaires à remonter sur le front messianique de 1789, quel spectacle que celui de la chute des idéaux de la raison et de la science dans l'avortement d'une gauche intellectuellement épuisée et d'une nation contrainte au sauve-qui-peut cérébral! »

Manuel de Diéguez

 

Maximilien, tu as vu ce qu’ils ont fait de ta République, ces apatrides ?

2. I know you as I know God.PNG

« Vous, Monsieur, que je ne connais, comme Dieu, que par des merveilles. » Saint-Just.

 

“ Quelle que soit votre attitude devant la Révolution française, n’oubliez pas que le nom de Robespierre compte parmi les quatre ou cinq qui représentent la France au Panthéon de l’humanité. Vous n’avez donc pas le droit de garder de lui une image superficielle ou fausse. ”

Gérard Walter

 

Le 6 mai prochain, l’Incorruptible aurait eu 256 ans. Inutile de déposer des fleurs là où il a vécu : elles sont enlevées et jetées dans la demi-heure qui suit. Essayez, vous verrez. En guise de bouquet de fleurs, donc, voici un article posté par AVIC sur son site en octobre dernier. Nous le lui fauchons et merci à lui.

 

Robespierre, un caillou dans la chaussure

Avic - Réseau International – 23 octobre 2013

Amis financiers et spéculateurs du XXIème siècle, je veux vous conter cette sombre période de notre Histoire de France où vos ancêtres, dont fait partie votre serviteur, ont failli vaciller.

Tout s’était si bien déroulé en cette année 1789. Comme prévu, notre bourgeoisie d’affaire était arrivée au pouvoir sous couvert d’une révolution populaire. On avait détruit les privilèges de ces profiteurs du Clergé et de la Noblesse en lançant la foule des gueux en première ligne. Une foule à qui on aurait pu faire avaler n’importe quoi. Il est vrai que l’homme descend de plusieurs degrés sur l’échelle de la civilisation alors qu’il se mêle à la foule.

On allait enfin pouvoir se partager le gâteau hexagonal !

Un petit coup de novlangue par-ci en s’autoproclamant Tiers-État. Quelques récalcitrants mâtés dans le sang par-là, à l’aide des soldats de La Fayette. Il a toujours aimé amuser la galerie celui-là ! Et l’affaire était ficelée. La vision politique de Voltaire était exaucée : une nation bien organisée est celle ou le petit nombre fait travailler le grand nombre, est nourri par lui et le gouverne.

Vive la liberté, l’éga…heu, la liberté et la liberté !

Chacun était enfin libre d’exploiter son prochain. Que d’émotions cette révolution populaire. Pas le droit de vote pour les pauvres, pas d’union des travailleurs possible. Du haut de votre siècle, José Manuel Barroso doit en faire des rêves érotiques, le fripon.

Seulement voilà qu’un avocat de province, chef de famille à 9 ans, vint jouer le donneur de leçon. À nous, les vrais révolutionnaires ! En fondant les lois sur la richesse, on ferait, selon lui, de la constitution même la corruptrice de la vertu. Drôle d’énergumène que ce Robespierre ! Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, il dénonça l’hypocrisie des droits de l’homme alors que quelques grandes compagnies s’adonnaient à l’esclavage.

0. Maximilien.jpg

Une des icônes de notre monde de la richesse mobilière, la si gracieuse Madame de Staël, tendit à s’étrangler. Comprenez-la, la pauvre. Elle qui a connu cette douce époque où son père, le ministre des finances Necker, prêtait son propre argent au roi, à 14% d’intérêts, alors qu’il était en fonction. Dire que deux cent ans après, votre ministre des Finances ne sera que le simple intermédiaire des usuriers… Toutes les valeurs se perdent.

Pour soi-disant faire le ménage dans notre révolution aboutie, l’effronté Robespierre, adorateur de Rousseau, proposa ensuite que les députés ne puissent pas se représenter. Certes, ce n’était pas du Chouard, mais tout de même il y allait fort le bougre. Et fichtre, pourquoi ne pourrait-on pas être député à vie ? Si on laissait se propager de telles idées, les enfants de députés n’auraient bientôt plus eu le droit de faire le même métier que leur père ! Et pourtant, les fils de paysans le faisaient bien, eux !

Autre sujet, autre fâcherie, cet hurluberlu décida de faire voter un décret déclarant que la France ne ferait plus jamais de guerre d’agression et ce, même au nom de nos nouvelles valeurs de liberté, sous le fallacieux prétexte que personne n’aime les missionnaires armés. Mais personne ne lui a dit que la guerre ça rapportait ? Que les fournisseurs militaires (nouveau petit clin d’œil à notre ami Voltaire) avaient tout de même le droit de s’en foutre plein les poches ? Que pour entrer en guerre le nouvel État devrait emprunter ? Narbonne, le ministre de la guerre d’alors, n’avait-il d’ailleurs pas proclamé qu’il fallait faire la guerre parce que le sort des créanciers de l’Etat en dépendait ? Un bien brave ministre ce Narbonne, lui qui fut mis en place par sa maîtresse, l’incontournable et si « ouverte » madame de Staël.

Maximilien était définitivement trop dangereux pour nous autres, exploiteurs de tous bords. Fallait l’acheter comme on l’avait fait avec ce truculent Danton pour qui les livres scolaires francs-maçons et libéraux auront diablement plus de considération. Peine perdue. « On n’y réussira pas, proclama Mirabeau, c’est perdre son temps que de vouloir corrompre Robespierre, cet homme n’a pas de besoins, il est sobre et a les mœurs trop simples. »

En effet, après réflexion, comment voulez-vous corrompre un homme affublé de tous les pouvoirs qui se permet l’outrance de vivre dans une seule pièce ?

Cependant, le pire restait à venir. Ce vulgaire demanda la peine de mort contre les accapareurs et les spéculateurs de denrées de premières nécessités. Il alla même jusqu’à s’offusquer que le responsable des finances en personne fomente cet agiotage. Si les financiers ne peuvent plus spéculer, autant qu’ils se fassent boulangers ! Il proposa aussi, ce mécréant du profit inique, que la constitution républicaine marque les limites au droit de propriété, sous prétexte que la limite de la propriété c’est la vie ou la dignité d’autrui. Je vous entends déjà du haut de votre XXIème siècle : « Mais alors, c’est vrai, des gens de gauche ont vraiment existé ? »

Face à ces idées monstrueuses, Mirabeau et son panache ont à nouveau eu le courage de se lever :

« Monsieur Robespierre est disqualifié pour la politique car il croit tout ce qu’il dit ! »

Manifestement non rassasié, Robespierre se remit à table en évoquant le droit de pétition et le droit à tout homme de publier ses pensées, par quelques moyens que ce soit, et que la liberté de la presse ne pouvait être gênée et limitée en aucune manière. C’est qu’il s’attaquait à nos formateurs d’opinions ce fourbe !

De tels hommes ne pouvaient définitivement être laissés libres de s’exprimer sous peine de ruiner nos profits sur le dos de la plèbe. Pour l’arrêter, on a dû avoir recours à la subversion et à un guillotinage en règle. Après tout, chacun son tour.

Toutefois, avant de décapiter ce sanglant orgueilleux, et de pouvoir annoncer sous la voix de monsieur Boissy d’Anglas qu’« un pays gouverné par les propriétaires est dans l’ordre social », nous avons mobilisé nos peu de restes de charité parfois chrétienne pour lui permettre d’exprimer ses dernières volontés…

     Nous voulons une patrie qui procure du travail à tous les citoyens ou les moyens de vivre à ceux qui sont hors d’état de travailler.

     Nous voulons une cité où les transactions seront la circulation de la richesse et non pas le moyen pour quelques-uns d’une opulence fondée sur la détresse des autres.

     Nous voulons une organisation humaine où les mauvaises passions seront enchaînées : l’égoïsme, la cupidité, la méchanceté.

     Nous voulons substituer la droiture aux bienséances, substituer le mépris du vice au dédain du malheur.

Quand on sait qu’il croyait vraiment à ce qu’il disait… cela fait froid dans le dos.

Chers descendants rapineurs du XXIème siècle, ne nous plaignez point en conjecturant que cette épreuve fut douloureuse. À vrai dire, elle a même eu un mérite. Celui, de nous inciter à passer à la vitesse supérieure. Et, c’est avec l’appui d’un petit général corse que nous créerons dans la foulée une banque privée, La Banque de France. Oui, j’ai bien écrit « privée ».

Or sur vos familles,

Un banquier né au XVIIIème siècle.

Source : http://reseauinternational.net/robespierre-un-caillou-dan...

 

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Comme sous Badinguet…

La France en Mer Noire avec des bateaux, et au-dessus des pays baltes avec des avions, pour attaquer des gens qui l’ont sauvée du nazisme !

Quel drôle de 256e anniversaire

 

Les Français l’ignorent, mais depuis une quinzaine de jours, la marine de guerre française se manifeste activement en Mer Noire. Selon plusieurs sources (turques, russes, ukrainiennes, roumaine...), dont le site turc "Bosphorus Naval News" de Cem Devrim Yaylal, qui relève systématiquement les passages de navires de guerre à travers le Bosphore.

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    L’Alizé passe les Dardanelles

Fin mars (le 26 ou le 28 selon les sources), la frégate Alizé, « bâtiment de soutien de plongée », y pénètre pour participer officiellement à un exercice naval conjoint au large de Varna (Bulgarie).

5. alize.jpg

   La frégate Alizé

L’Alizé est un bâtiment de 60 mètres de long et 1500 tonnes. Avec un équipage de 18 hommes, il peut embarquer jusqu’à 230 passagers. Il est équipé pour assurer toutes sortes de missions de plongée, dont le renseignement à l’étranger et le support de plongeurs de combat. On ignore où est la frégate actuellement, mais on ne l’a pas vue ressortir de Mer Noire et le Courrier de Russie vient d’affirmer qu’elle y est encore.

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   Le Dupuy de Lôme passe Istanboul, 10 avril 2014

Le 10 avril, dans le sillage du destroyer américain USS Donald Cook, le navire de renseignement Dupuy de Lôme franchit les Dardanelles et pénètre à son tour en Mer Noire.

Cf. La France envoie un navire-espion en Mer Noire, les États-Unis un destroyer lance-missiles

Au même moment, le Bâtiment de Commandement et de Ravitaillement BCR Var (A608), pétrolier ravitailleur de la classe Durance, fait escale à Marmaris (Sud-Ouest de la Turquie, Méditerranée orientale). Outre sa mission de soutien logistique aux autres navires, le Var peut embarquer un état major amiral de 70 personnes.

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    Le Var accoste à Marmaris, 5 avril 2014

Et de trois !

Aujourd’hui 14 avril, c’est la frégate anti-sous marine Dupleix qui est attendue en Mer Noire, pour y rester jusqu’en mai.

8. Fregate_Dupleix.jpg

   La frégate Dupleix

Et de quatre !

Le ministère de la défense, qui à notre connaissance n’a encore publié aucun communiqué sur son envoi ni sur celui d’autres navires français en Mer Noire, décrit ainsi ses missions :

• Conçues à l’origine pour assurer prioritairement la défense anti-sous-marine d’un groupe aéronaval, les frégates de lutte anti-sous-marine (FASM) ont vu récemment leurs capacités d’action au-dessus de la surface fortement renforcées.

• La mise un place de senseurs optroniques, d’armes puissantes et de mise en œuvre très rapide permet désormais à la FASM, non seulement d’identifier avec certitude la menace avant de la traiter, afin d’éviter toute méprise, mais aussi de conserver la plus grande retenue possible avant l’engagement, dans le but de ne pas élever le niveau de la crise.

• Bâtiment de combat moderne et performant, la FASM constitue un outil militaire puissant, capable d’intervenir, seul ou au sein d’une force interarmées nationale ou multinationale, en tout point des mers où la France a décidé d’agir pour maintenir ou restaurer la paix.

Silence en France, bruits de bottes ailleurs

A Paris, les grandes manœuvres de la marine française, soigneusement passées sous silence par le gouvernement, sont ignorées de la presse, des médias, et par suite, de l’opinion publique ou, si l’on préfère, du peuple français.

Ce n’est le cas ni à Moscou, ni à Kiev.

    Izvestia, 14 avril 2014

A Moscou, les Izvestia consacrent un édito du 14 avril à l’arrivée du Dupleix en Mer Noire.

   Vesti, Kiev, édito 14 avril 2014

A Kiev, Vesti, dans son journal en ligne de langue russe, en fait autant. La Deutsche Welle, radio allemande à destination de l’étranger, en parle dans son édition en langue ukrainienne. Ainsi, Russes et Ukrainiens, russophones ou non, sont mieux informés que les Français de ce que fait la France.

Dans le contexte de tension actuel, chaque "geste" militaire, même s’il relève peut-être de la "gesticulation diplomatique" et n’enfreint pas la loi internationale, peut provoquer un accrochage. Un incident naval en Mer Noire pourrait fort bien survenir et dégénérer en conflit armé. Autrement dit, en guerre. On espère que ce ne sera pas le cas. Mais si cela devait être, une fois de plus les Français seraient mis devant le fait accompli.

Ils le sont d’ores et déjà du fait du silence gouvernemental et médiatique, qui entretient citoyens et parlementaires dans l’ignorance de ce que fait leur marine nationale, sous pavillon français et au nom du peuple français.

C’est ce qu’on appelle une démocratie bien tempérée.

Le 14 avril 2014

Jean-Marie Matagne, ACDN (Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire)   wwww.acdn.net

contact@acdn.net

 

9. Carpette diem.JPG

 

Juste devant la glorieuse marine hollandiste, était arrivée la pièce maîtresse :

10. USS-Donald-Cook Distrugatorul 2.jpg

 Soit le destroyer américain USS Donald Cook

Brrrr…

 

Ce n’est pas tout…

Quatre chasseurs français dans le ciel balte fin avril

 11. quatre chasseurs français ciel balte fin avril.jpg

Chasseurs Rafale

© RIA Novosti. Grigoriy Sysoev

10:07 25/04/2014

MOSCOU, 25 avril - RIA Novosti

La France a mis à disposition de l'Otan quatre chasseurs Rafale afin de renforcer sa mission de protection aérienne au-dessus des pays baltes, a annoncé jeudi le ministère français de la Défense dans

Source : http://french.ruvr.ru/news/2014_04_25/Quatre-chasseurs-fr...

 

9. Carpette diem.JPG

 

« N’aurons-nous tant vécu que pour cette infamie !» s’écrieraient les héros de Normandie-Niémen s’ils étaient encore là pour voir leur drapeau maculé, marqué au fer ou recyclé en torche-cul…

 

12. Drapeau maculé.JPG

 13. derecha-francesa-6001.JPG

 

 

 

 

 

 

 

 

14. Marianne Hollande.jpg

 

Maximilien

Pour ton 256e anniversaire,

le seul qui ne soit pas une insulte à ta mémoire est celui à tes couleurs – celles de Paris - qui se trouvent être aussi celles d’Haïti.

Que dirais-tu d’une femme-drapeau pour oblitérer les horreurs postières ?

15. haiti_femme_drapeau.jpg

 

**

 Et du côté des encerclés, il se passe quoi ?…

Torpille à Supercavitation : Shkval VA-111

 

Bienvenue en Mer Noire !

 

16. ruban Saint George petit.jpg

 

Aux dernières nouvelles (qui sont à confirmer)

17. Su-24 BIS.jpg

Un Sukhoi Su-24 (vieux modèle) aurait survolé en rase-motte le Donald Cook et réussi à complètement neutraliser son équipement de détection hyper-sophistiqué Aegis. En somme, c’est un peu le coup du drone cueilli par le Iraniens qui recommence.

Source : http://indian.ruvr.ru/2014_04_21/Russian-Su-24-scores-off...

En français :

Le Sukhoi Su-24 russe ridiculise la technologie du destroyer USS Donald Cook

« Le Sukhoi Su-24 russe équipé du plus récent complexe de brouillage a paralysé dans la mer Noire le système de gestion de combat américain le plus moderne “Aegis” installé sur le destroyer “USS Donald Cook”.

Pavel Zolotarev, directeur adjoint de l'Institut des États-Unis et du Canada de Moscou, partage une information sur cette version qui est activement discutée dans les médias russes et par les blogueurs.

Le Destroyer américain “Donald Cook” armé de missiles de croisière “Tomahawk” est entré dans les eaux neutres de la mer Noire le 10 Avril. L'objectif était une démonstration de force et d'intimidation dans le cadre de la position de la Russie en Ukraine et en Crimée. L'apparition de navires de guerre américains dans ces eaux est en contradiction avec la Convention de Montreux sur la nature et la durée de séjour en mer Noire des navires militaires de pays non bordés par cette mer.

En réponse, la Russie a envoyé un bombardier désarmé Su-24 voler autour du destroyer américain. Toutefois, les experts disent que l'avion a été équipé de la dernière technologie de guerre électronique russe.

Selon cette version, “Aegis” a repéré de loin l'avion en approche, et sonnait l'alarme. Tout s'est passé normalement, les radars américains ont calculé la vitesse de la cible approche. Et soudain, tous les écrans se sont vidés. “Aegis” n'a plus fonctionné, et les roquettes ne pouvaient pas obtenir les informations de ciblage. Pendant ce temps, le Su- 24 a survolé le pont du destroyer, a refait une approche combative et d'attaque de missiles simulée sur la cible. Puis il est revenu et a répété la manœuvre 12 fois. » (...)

Source de la traduction :

http://rustyjames.canalblog.com/archives/2014/04/23/29720...

Pour qui ne comprendrait pas de quoi il retourne, car il n’est pas question que de technologie, Philippe Grasset, sur DeDefensa.org vous explique :

Su-24 versus USS Donald Cook

C’est le site Vineyard of the Saker, et plus précisément la réaction de Saker à une intervention d’un de ses lecteurs, qui ont attiré notre attention sur une nouvelle concernant un incident d’un particulier intérêt ... Fixons bien ce jugement, parce que les circonstances autant que l’environnement politico-militaire donnent à la nouvelle, à l’hypothèse qu’implique cette nouvelle, à l’imprécision éventuelle de la source avec toutes les interrogations que cela implique, une importance particulière : il s’agit aussi bien d’un point qui concerne la bataille au sein du système de la communication que la bataille au sein du système du technologisme entre la Russie et les USA (le bloc BAO), en connexion avec la crise ukrainienne et les tensions qui se manifestent autour d’elle.

Lire la suite…

Source : http://www.dedefensa.org/article-su-24_versus_uss_donald_...

 

16. ruban Saint George petit.jpg

 

 

Ha ha, vous allez rire …

Le Pentagone (qui confirme donc) condamne cette « provocation ».

C’est en anglais mais assez clair :

http://www.defensenews.com/article/20140414/DEFREG02/3041...

 

Russie 2 – Empire 0

16. ruban Saint George petit.jpg

Le pouvoir russe montre sa détermination à protéger la population du Donbass

Avic, Réseau international

18. Pouvoir russe.jpg

L’attaque militaire massive de ce matin et ce midi dans les faubourgs de Slaviansk (Région de Donetsk) avec la prise d’un barrage de la résistance populaire du Donbass a fait sept morts parmi les défenseurs. Suite à cela le pouvoir russe vient de mettre en garde les putschistes de Kiev. Cette attaque s’est d’ailleurs conclue par le repli des forces loyales aux putschistes de Kiev et à la reprise du terrain perdu par la résistance populaire.

Lire la suite…

http://reseauinternational.net/pouvoir-russe-montre-deter...

 

Kolossal Kulot

 

Nonobstant quoi, M. Kerry, qui se fait traiter de bouffon ignare par Justin Raimondo, a lancé urbi et orbi des imprécations vengeresses contre RT (Russia Today) et accusé la Russie… des crimes de sa propre clique. M. Kerry n’est pas un fanatique aveuglé par sa « cause ». M. Kerry sait qu’il ment – pardonnez l’expression – à fleur de gueule. Qui espère-t-il encore tromper ? Les zombifiés en phase terminale qui commencent  - même eux – à lui glisser comme du sable entre les doigts.

 

(Désolés, pas de sous-titres en français.)

 

Deux réactions :

John Kerry et la règle du « dernier recours » comme source d’optimisme (The Vineyard of the Saker)

The Saker – 26 avril 2014

En écoutant Kerry aujourd’hui, je suis passé par une série d’émotions assez contradictoires. Tout d’abord, je me suis senti dégoûté, un dégoût qui se transforma en colère, puis à l’émerveillement pur et simple et, à la fin, je me sentais plutôt heureux. Laissez-moi vous expliquer pourquoi.

Lire la suite…

Source : http://www.legrandsoir.info/john-kerry-et-la-regle-du-der...

Traduction de Viktor Dedaj pour Le Grand Soir.

 

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M. Kerry, parlons de la propagande « au mégaphone » de Fox News, de la BBC et d’Al-Jazeera

Pepe Escobar (Asia Times) pour Croah.fr via RT

26 avril 2014

Le Secrétaire d’État des États-Unis, John Kerry, a critiqué RT pour sa couverture de la crise en Ukraine ce jeudi, parlant de « propagande au mégaphone », ajoutant que la Russie était derrière les troubles en Ukraine sans fournir aucune preuve.

RT — Ce sont des mots assez durs que le Secrétaire d’État américain a exprimé au sujet de cette chaîne. Pourquoi, selon vous, a-t-il épinglé RT en commentant la crise ukrainienne ?

Pepe Escobar — On dirait que RT fait s’hérisser quelques poils aux États-Unis. Comme les mots durs employés dans l’émission de RT – enfin le réseau… ou bien le programme – concernant la guerre en Iraq : « J’ai été invité ici, puis je rentre à la maison ». C’est le plus haut diplomate américain qui parle. C’est écrit par d’autres personnes bien sûr, il n’a pas écrit ces mots lui-même. Il ne savait même pas ce qu’il lisait. Je vais avoir des mots durs à mon tour si vous le permettez. Parlons de ces mégaphones. Parlons de Fox News en tant que mégaphone privé des États-Unis pour les factions les plus démentes de l’extrême droite américaine. Parlons de la BBC en tant que mégaphone britannique possédé par l’État et au service du MI5, du ministère des Affaires étrangères et du 10 Downing Street. Parlons d’Al-Jazeera en tant que mégaphone possédé par l’État pour le compte du ministère des Affaires étrangères du Qatar et du pétro-dollar. Donc, M. le Secrétaire d’État, j’ai une proposition pour vous. Ce sont peut-être des mots durs, mais je peux être plus doux aussi. Pourquoi, au lieu de parler de mégaphones, d’émissions de RT, et de pleurnicher comme un gamin, ne viendriez-vous pas visiter un des bureaux de RT, comme celui de Washington, qui se trouve être votre ville, et nous pourrions discuter de géopolitique et de la politique étrangère de l’Amérique entre adultes, en tant que grandes personnes, et non comme des gamins pleurnichards, des groupies et des pom-pom girls ? Vous seriez peut-être surpris, et vous pourriez peut-être même apprendre des choses.

Lire la suite…

Traduit par Fabio Coelho de Ficientis pour Croah.fr

Source : http://croah.fr/corbeau-dechaine/mr-kerry-parlons-de-la-propagande-au-megaphone-de-fox-news-bbc-et-al-jazeera/

 

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Poutine met fin aux pourparlers avec la Maison Blanche

Josh Rogin – en exclusivité pour Daily Beast

26 avril 2014

Alors que les nouvelles sanctions U.S. contre la Russie paraissent imminentes, le Kremlin vient de mettre un arrêt définitif  - du moins pour le moment – aux communications au plus haut niveau entre les États-Unis et la Russie.

18 bis. vladimir-poutine waving.jpg

Depuis l’« invasion de la Crimée », le président Vladimir Poutine et le président Barack Obama ont eu des entretiens téléphoniques réguliers, dans un effort non sans réserves de faire baisser la tension en Ukraine. Mais, tandis que les USA et l’U.E. se préparent à rendre publiques leurs nouvelles sanctions contre la Russie, Poutine a décidé que les interactions n’avaient plus lieu d’être. Le Kremlin a mis fin aux contacts à haut niveau avec l’administration Obama, si l’on en croit certains diplomates et des sources proches de la direction russe. Cette mesure signe la fin de la diplomatie pour l’instant.

« Poutine ne parlera pas à Obama sous pression », a dit Igor Yurgens, Président de l’Institut pour le Développement Contemporain, un important groupe de réflexion de Moscou proche du Premier Ministre Dmitry Medvedev. « Ça ne veut pas dire définitivement. »

Obama et Poutine se sont parlé au téléphione pour la dernière fois le 14 avril, l’appel venant de Moscou prétend la Maison Blanche. Au cours de cette conversation, Obama a pressé Poutine de « cesser de soutenir des activistes armés pro-russes qui créent du désordre en Ukraine ». Il a également prévenu que les USA feraient payer la Russie encore davantage si Poutine persistait dans sa ligne de conduite actuelle. Selon la lecture que fait le Kremlin de cette conversation, Poutine a réfuté toute allégation d’ingérence russe en Ukraine orientale et a dit que « ces spéculations étaient basées sur des informations fausses ».

Obama et Poutine ont parlé ensemble de l’Ukraine à diverses reprises au cours des dernières semaines, y compris lors de leurs entretiens téléphoniques du 28 mars, du 16 mars et du 6 mars. Mais ces entretiens sont maintenant suspendus pour un temps indéterminé, vu leur absence de progrès et la frustration qu’elles provoquent de part et d’autre.

Vendredi, Kerry a averti qu’une nouvelle série d’attaques financières américaines contre la Russie allaient avoir lieu. « Nous mettons en œuvre d’autres sanctions, elles seront opérationnelles dès lundi au plus tard, » a-t-il dit dans une assemblée privée, à Washington, d'après des personnes qui étaient présentes. Il aurait ajouté que des hommes d’affaires russes et des personnalités proches de Poutine seraient sur la liste de ceux qu’allaient frapper ces sanctions.

Des sources diplomatiques impliquées dans le processus ont confirmé que Poutine ne voit aucun intérêt à continuer de parler avec Obama dans les circonstances présentes. Les deux dirigeants se reparleront peut-être dans le futur, mais aucun des deux ne prendra l’initiative d’amorcer des rapports directs comme ils en ont eus depuis le début de la crise ukrainienne. La mise en échec des accords pris la semaine dernière à Genève entre les groupes de contact des États-Unis, de l’Union Européenne, de la Russie et de l’Ukraine, a remis en question toute interaction future entre Washington et Moscou.

D’autres hauts fonctionnaires U.S. ont désormais perdu le contact avec leurs interlocuteurs russes. Le Secrétaire à la Défense Chuck Hagel a, lui aussi, essuyé une fin de non recevoir de son homologue russe Sergey Shoygu. De hauts responsables du Pentagone ont tenté de prendre langue avec la Russie au cours des dernières 24 heures pour le compte de M. Hagel, mais n’ont obtenu aucune réponse, a fait savoir le colonel Steve Warren, porte-parole du  Pentagone.

Cela laisse le canal entre le Secrétaire d’État John Kerry et le ministre des Affaires  Étrangères russe Sergei Lavrov, en guise de voie de communication fonctionant encore à moitié au niveau diplomatique entre Washington et Moscou, mais cette relation elle-même, souvent glaciale, s’est encore refroidie cette semaine, les deux côtés se lançant à qui mieux mieux des injures et des accusations graves.

Après s’être entretenus au téléphone lundi, puis mardi, des accords maintenant défunts de Genève sur l’Ukraine, Kerry et Lavrov n’entretiennent plus de relations diplomatiques qu’à travers la presse, en y proférant l’un envers l’autre des accusations corrosives très peu diplomatiques.

Kerry a fait une apparition dans la salle de presse du Département d’État jeudi après-midi, pour déclarer publiquement que la Russie manquait à sa parole.

« Depuis sept jours, la Russie a refusé de faire un seul pas concret dans la bonne direction » a-t-il morigéné. « Pas un seul officiel russe, pas un seul, ne s’est montré à la télévision ukrainienne, pour appeler les séparatistes à respecter les accords de Genève, à remettre leurs armes et à se retirer des bâtiments officiels qu’ils occupent. Ils n’ont pas fait appel à eux pour qu’ils se soumettent. »

Kerry s’en est également pris à Russia Today, la chaîne de télévision « patronnée par le Kremlin » qui, selon lui, « passe son temps à faire de la propagande et à déformer ce qui se passe ou ce qui ne se passe pas en Ukraine. »

« Au lieu de ça, la Russie, continue ouvertement à financer, à coordonner et à exciter un lourd mouvement séparatiste à Donetsk » a –t-il encore accusé.

Lavrov a publiquement répondu que « Les États-Unis s’ingénient à pervertir tout ce qui se passe en Ukraine ».

Vendredi, Kerry a ainsi résumé ses récents échanges avec son homologue russe : « J’ai eu six conversations avec Lavrov au cours des dernières semaines. La dernière a été kafkaïenne… C’était bizarre. »

Bizarre ! Vous avez dit « bizarre » … Moi, j’ai dit « bizarre » ?... Oui, vous avez dit « bizarre »… Bizarre, bizarre, bizarre !

Source : http://www.informationclearinghouse.info/article38340.htm

Traduction C.L. pour Les Grosses Orchades

 

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La fête du ruban de Saint-Georges a commencé en Russie

L’Ordre de Saint Georges a été fondé le 7 décembre 1769 parl'Impératrice Catherine II pour récompenser exclusivement les services militaires.

Lancée en 2005 par Ria Novosti, à l’occasion du 60e anniversaire de la fin de la IIe Guerre Mondiale, l’action « ruban de Saint-Georges » commémore la victoire des troupes soviétiques sur le fascisme. Elle commence le 24 avril et dure jusqu’au 8 mai.

C’est un peu l’équivalent russe de la petite fleur rouge que les Français et les Belges s’offraient et arboraient jadis le 1er mai pour commémorer d’autres victoires.

19. ruban Saint Georges grand.JPG

Images :

http://french.ruvr.ru/2014_04_24/photo-L-action-consacree...

 

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Terminons ce post comme nous l’avons commencé : avec AVIC, en souscrivant des deux mains parce qu’il était temps que quelqu’un le dise :

Les dirigeants ne sont pas les seuls complices de l’impérialisme américain

Avic, Réseau International

26 avril 2014

21. quelle-foule.jpg

Ceux qui croient que :

-          La Russie dont le soldat le plus proche des États-Unis se trouve à des milliers de kilomètres est une menace.

-          Les États-Unis qui possèdent des bases tout autour de la Russie ne sont, en aucun cas, une menace.

-          Les bateaux de guerre américains qui embouteillent le détroit du Bosphore pour s’engouffrer dans la Mer Noire sont en goguette, ou ne sont là que pour faire un petit coucou aux amis turcs, bulgares ou roumains, et quand ils s’arrangent, par la suite pour tomber en panne pour ne pas avoir à ressortir au bout du délai légal, que ce n’est qu’un effet du hasard.

Lire la suite…

Source : http://reseauinternational.net/blog/2014/04/26/les-dirige...

 

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Toute dernière minute

On reçoit ceci, à quoi on s’associe aussi bien volontiers :

22.  BOYCOTTER.jpg

« EUROPE : Résistance par le Boycott »

c’est ici :  http://cnr-rue.fr/

 

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« …et les Philippines, où Obama se trouvera dans quelques jours pour y vendre du militarisme contre la Chine et négocier des marchés qui seront profitables aux multinationales américaines. »

Pepe Escobar, dans son article ci-dessus.

 

En prévision de cette visite, les Philippins sont descendus dans la rue le 23 avril 2014.

23. Philippines 22.4.14.jpg

Stop au viol de notre patrie !

Violents affrontements entre la police anti-émeutes et les manifestants anti-Obama aux Philippines 

Images :

http://rt.com/in-vision/manila-protest-obama-visit/

 

Et video d’une autre manifestation dispersée aux canons à eau

 

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Et parce qu’il ne faudrait pas qu’ils croient qu’il n’y en a que pour l’Ukraine et qu’on les oublie

24. Latuff usa vs venezuela.jpg

Fuerza, compañero Maduro !

 

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20. Bande chat muguet.jpg

Mis en ligne le 28 avril 2014

 

 

 

12:13 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

19/04/2014

BLOG - LE DÉBUT DU DÉBUT DE LA FIN ?

 

1. Europe-atonique.JPG

 

Le début du début de la fin ?

 

Au moment où nous nous apprêtions à mettre en ligne notre post d’aujourd’hui – en retard pour cause de centenaire Tazieff – arrive un article de Thierry Meyssan. Pas un entre d’autres. Un très important. À tout seigneur tout honneur :

 

« Sous nos Yeux »

François Hollande se révèle

par Thierry Meyssan

L’opinion publique française a accueilli avec scepticisme la nomination d’un nouveau gouvernement après la défaite électorale des socialistes aux élections municipales. Elle accepte avec résignation les réformes annoncées dans l’intérêt économique général. En réalité, observe Thierry Meyssan, le changement de gouvernement n’a rien à voir ni avec l’échec économique, ni avec l’occasion présentée par cette défaite électorale, mais reproduit un exemple historique permettant au président Hollande de révéler progressivement ses choix politiques personnels. De même la réforme territoriale, telle qu’envisagée, n’a rien à voir avec des économies budgétaires, mais avec le projet de liquidation de la République française.


Réseau Voltaire | Damas (Syrie) | 14 avril 2014

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2. Gouvernement Valls-1.jpg 

D’anciens ministres de Jean-Marc Ayrault forment le nouveau gouvernement de Manuel Valls. Seuls deux sont remplacés.

Présenté comme une réponse à la défaite socialiste aux élections municipales des 23 et 30 mars 2014, le nouveau gouvernement de Manuel Valls acte en réalité le virage opéré par François Hollande lors de sa conférence de presse du 14 janvier. Le président, élu comme ancien Premier secrétaire du Parti socialiste, ne réfute pas le modèle du colonisateur Jules Ferry dont il s’est inspiré jusqu’ici, mais veut en plus y ajouter le modèle des relations avec les grandes entreprises du chancelier allemand Gerhard Schröder.

Lire la suite…

Source : http://www.voltairenet.org/article183193.html

 

*

Pour rester dans le ton :

Henri Guillemin – Jules Ferry et la République colonialiste

 

 

*

Tournant…

ou

Le salut viendra-t-il d’Allemagne ?

 

Au soir de la bataille de Valmy, Goethe, qui était présent, a écrit : « De ce lieu et de ce jour date une nouvelle époque de l'histoire du monde ».

Un lieutenant-colonel à la retraite de l’Armée de l’Air allemande et plus de 300 intellectuels d’Outre-Rhin viennent d’adresser une lettre ouverte au président Poutine.

Dans le silence himalayen des merdias atterrés.

Un internaute, lecteur du Saker, la lui a traduite en anglais. Nous ne pouvions faire moins que vous la traduire à notre tour en français.

Peut-être prenons-nous nos désirs pour des réalités, mais qui sait si on ne dira pas un jour : « De ce lieu et de cette lettre date une nouvelle époque de l’histoire d’Europe » ?

 

Oberstleutnant Jochen Scholz a. D.

à Vladimir Poutine

Président de la Fédération de Russie

3. Retired Col. Johan SCholtz.jpg

Le Lieutenant-colonel à la retraite de l’Armée de l’Air allemande, Jochen Scholz

 

Cher Monsieur le Président,

 

Dans votre discours devant la Douma, vous avez demandé au peuple allemand de vous comprendre. Nous sommes des citoyens allemands qui avons, pour la plupart, vécu l’époque d’après-guerre dans la moitié ouest de l’Allemagne. En 1990, quand la guerre froide a pris fin et que notre pays a été réunifié, le monde a poussé un soupir de soulagement, parce que le danger toujours menaçant d’un conflit nucléaire qui aurait affecté la terre entière semblait écarté. Dans un tel conflit, l’Allemagne aurait disparu.

L’Union Soviétique a joué un rôle décisif dans la libération de l’Europe du nazisme, au prix d’un nombre incomparable de victimes. Néanmoins, elle a été, en 1990, d’accord pour soutenir la réunification de l’Allemagne, pour dissoudre le Pacte de Varsovie et même pour admettre l’entrée de l’Allemagne réunifiée dans l’OTAN. L’Occident ne lui en a su aucun gré.

L’ancien ambassadeur des États-Unis à Moscou (de 1987 à 1991) Jack Matlock, a confirmé il y a quelques jours dans le Washington Post que le président Bush Sr avait formellement promis de ne pas tirer abusivement parti de la générosité du président Gorbatchev.

L’expansion de l’OTAN jusque dans les anciennes républiques soviétiques, l’implantation de bases militaires dans les pays qui avaient jadis signé le Pacte de Varsovie et la construction d’un « Bouclier Anti Missiles » en Europe de l’Est, coïncidant avec le désengagement unilatéral des États-Unis du traité ABM (pour Anti-Ballistic Missile, signé à Moscou le 26 mai 1972 dans le cadre des négociations pour la limitation des armes stratégiques. NdT), sont autant de ruptures d’engagements criantes. Ces mesures, nous les prenons pour ce qu’elles sont : une claire et nette volonté de puissance hégémonique de la part des gouvernements occidentaux, dirigée contre la consolidation économique de votre pays, que vous poursuivez depuis votre accession à la présidence en 2000.

En outre, Keir A. Lieber et Daryl G. Press avaient déjà reconnu sans ambages, dans un article de 2006 intitulé « L’essor de la primauté nucléaire des États-Unis », que le Bouclier (« de défense ») Anti-Missiles n’avait d’autre but que de permettre une première frappe destinée à neutraliser la Russie.

Ce contexte est, sous forme condensée, celui dans lequel nous évaluons les événements qui se déroulent en Ukraine depuis novembre 2013. Il est abondamment prouvé que les États-Unis ont exploité les revendications légitimes des Ukrainiens à leurs propres fins. D’autres pays nous ont, de manière répétitive, familiarisés avec ce schéma : la Serbie, la Géorgie, l’Ukraine en 2004, l’Égypte, la Syrie, la Libye, le Venezuela…

L’ingérence de l’Union Européenne et de l’OSCE s’est déployée avec célérité dans les douze heures qui ont suivi le rejet de l’accord pris par les ministres des Affaires Étrangères en vue d’un règlement pacifique ; avec le concours de forces fascistes.

Le site web de la Fondation Ukraine Ouverte du Premier ministre en exercice montre qui est derrière le gouvernement de coup d’état actuellement au pouvoir à Kiev.

Des questions de lois nationales et internationales sont diversement en cours d’interprétation à propos de la sécession de la Crimée. Nous voulons les évaluer ici non pas légalement mais d’un point de vue politique.

Compte tenu des développements survenus en Europe depuis 1990, du déploiement de quelque 1.000 bases militaires U.S. dans le monde, du contrôle exercé par les États-Unis sur tous les détroits et des dangers que font courir les auteurs du crime de Maïdan à la flotte russe de la Mer Noire, nous voyons, dans la sécession de la Crimée, une mesure défensive assortie d’un message : jusqu’ici et pas plus loin !

La différence cruciale entre cet événement et la déclaration d’indépendance du Kosovo réside dans le fait que cette dernière n’a été rendue possible que par les bombardements massifs illégaux de l’OTAN, avec, malheureusement, la participation de l’Allemagne, qui ont créé les conditions de l’indépendance.

Cher Monsieur le Président, il y a près de quatre ans que vous en appelez à une communauté économique de Lisbonne à Vladivostok. Cette communauté pourrait être la base économique d’une « maison européenne commune ».

L’Ukraine pourrait remplir la fonction de pont idéal pour cette future coopération entre l’Union Eurasienne dirigée par vous et l’Union Européenne, dont l’aspect culturel ne devrait surtout pas être absent. Nous sommes persuadés que la tentative de prise de contrôle par les États-Unis n’a pas d’autre but que d’empêcher l’Ukraine de jouer ce rôle.

Les forces qui ont prévalu au sein de la Commission Européenne soutiennent la politique des États-Unis contre la Russie. Le discours du secrétaire général exécutif du Service européen pour l'action extérieure, Pierre Vimont, le 14 mars dernier est si unique (EurActiv : « L’Union Européenne écartée de la rencontre USA-Russie sur l’Ukraine »). 

Cher Monsieur le Président, nous sommes sûrs que votre discours historique de 2001 continuera à constituer la base de vos actions à l’égard de l’Union Européenne et de l’Allemagne. Les derniers sondages montrent que la majorité des Allemands ne veut pas d’une confrontation avec la Fédération de Russie et, au contraire, comprend parfaitement l’action de la Russie à l’égard de l’Ukraine.

Nous ne sous-estimons pas les difficultés auxquelles doit faire face la République Fédérale d’Allemagne, en tant que membre de l’Union Européenne et de l’OTAN, dans ses rapports avec la Russie. Vous ne les ignorez pas non plus. Cependant, nous comptons que le Gouvernement Fédéral ne fera pas fi du vieux principe de droit romain audiatur et altera pars (« toujours écouter aussi l’autre partie »). Ce principe a été ignoré par la politique extérieure de l’Union Européenne, dans l’affaire ukrainienne.

Même pendant la guerre froide, la Russie ne s’est jamais prévalue du fait que 27 millions de ses citoyens étaient morts pendant la IIe Guerre Mondiale, pour en tirer un avantage politique contre l’Allemagne. Ce chiffre seul donne une qualité spéciale aux relations entre nos deux pays.

Le peuple allemand en a vivement conscience. Ainsi, quand les troupes d’occupation soviétiques en Allemagne se sont retirées, en 1994, leur Corps de Musique a participé à une cérémonie qui s’est déroulée sur la place du Bundeskunsthalle, à Bonn. Elle a donné lieu à des scènes d’émotion communes entre les musiciens et les spectateurs.

Sachant tout cela, les informations et les commentaires des médias allemands nous dégoûtent profondément.

Cher Monsieur le Président, avec nos modestes moyens de simples citoyens, nous avons l’intention de faire tout notre possible pour que la division programmée de l’Europe n’ait pas lieu, et pour qu’au contraire, les idées de Gottfried Wilhelm Leibniz retrouvent une vie et une vigueur nouvelles.

Nous en sommes convaincus : si seulement les états et les peuples du double continent eurasien pouvaient régler leurs affaires en paix les uns avec les autres, respectueusement, coopérativement, sur la base du droit et sans ingérence extérieure, leur entente ne pourrait que se communiquer au reste de la planète. Nous voyons en vous, de ce point de vue, un allié. Pour votre mandat présent et, nous l’espérons, pour le suivant, nous vous souhaitons force, endurance et sagesse.

Avec notre profond respect,

Jochen Scholz

Oberstleutnant a. D.

Volker Bräutigan, journaliste

Neue Rheinischer Zeitung

Et  co-signataires

Lettre originale, liste des signataires et liste des personnalités auxquelles copie de la lettre a été envoyée : http://www.nrhz.de/flyer/beitrag.php?id=20163&css=print

Traduction C.L. pour Les Grosses Orchades

 

*

4. Saker.jpg

 

Commentaire du Saker 

 

 

 

« On pourrait dire que, 300 personnes, ce n’est pas beaucoup pour un pays de 80 millions d’habitants, mais on se tromperait. Ces gens-là ne sont pas « juste 300 personnes ». Ce sont 300 personnes qui ont décidé de se faire socialement et politiquement hara-kiri (il dit seppuku, NdRT) en osant ouvertement aller à contre-courant de ce qu’on peut considérer comme la pire campagne de haine et de propagande depuis la IIe Guerre Mondiale (je n’ai pas souvenir, pour ma part, d’une hystérie anti-soviétique de cette intensité pendant la guerre froide).

5. Hara-Kiri d'un samourai.jpg

En outre, ils montrent au reste des Européens en état de passivité terminale, qu’il est possible de parler haut et non seulement de refuser de participer à cette campagne de haine, mais de s’y opposer ouvertement. En fait, ces Allemands vont même plus loin : ils appellent Poutine (le « Nouvel Hitler », le « Pire-Ennemi-du-Genre-Humain-de-tous-les-Temps ») leur allié, en récusant leur propre gouvernement national. Pour ça, me amis, il faut avoir des tripes. Et ça prouve, en plus, que la fatalité, en Histoire, n’existe pas. Si le pays qui a attaqué la Russie non pas une mais deux fois au cours du XXe siècle peut produire ce genre de conscience, alors, rien n’est désespéré. J’espère que cette lettre sera traduite et largement répandue par les médias russes, pas seulement pour montrer que la Russie est soutenue, mais pour montrer que les Européens ne sont pas tous des ennemis du peuple russe.

Je ne sais pas si ça se produira, mais je suis sûr que des lettres semblables pourraient être envoyées d’autres pays que l’Allemagne. Je reçois une très grande quantité d’e-mails de lecteurs d’Europe, qui sont écoeurés de ce qui est fait prétendûment en leur nom. C’est pareil pour les États-Unis et même pour l’Europe Centrale. »

Le Saker conclut son commentaire par une citation de la Genèse (l’histoire de Sodome et Gomorrhe, où un seul juste, etc.) disant que l’honneur de 80 millions d’Allemands vient d’être sauvé par 300 Allemands qui, suivant la recommandation de Stéphane Hessel, se sont indignés, et suivant les mots de Yehuda Bower, ont refusé d’être spectateurs.

Des lecteurs athées ou agnostiques lui ont reproché ce passage. Il leur a répondu longuement que ce qui est le plus déterminant pour l’histoire du monde se passe aujourd’hui dans l’ex-URSS et au Proche Orient, que les peuples impliqués dans les convulsions les plus vives sont des croyants et que, de cela, il faut tenir compte, sous peine d’arrogance et d’indécrottable comportement colonial. On ne peut comprendre, dit-il, Hassan Nasrallah, par exemple, en faisant l’impasse sur sa foi.

Pour ceux que la chose intéresse, voici l’échange en anglais :

http://vineyardsaker.blogspot.be/2014/04/open-letter-to-p...

http://vineyardsaker.blogspot.be/2014/04/personal-announc...

 

Foutredieu, Malraux avait-il raison ? Nous nous en tenons ici à Marat : « On n’a pas le droit de scandaliser les croyants ».

 

*

Le sondage qui tue

ou

tout ça à cause de Nigel Farage…

 

Quand Nigel Farage a déclaré le 31 mars à la cantonade que le chef de gouvernement qu’il admirait le plus était Vladimir Poutine, ils ont cru que c’était son poisson d’avril.

6. Poisson d'avril.JPG

Mais, non, il était sérieux.

Quelqu’un, alors, à l’Independent,  s’est dit « Et si on faisait un peu rire de Farage en répandant sa calembredaine ? Ça ne mange pas de pain.  Il ne se passe pas grand-chose d’intéressant dans le monde. Bientôt les marroniers sont en fleurs… Allez, on y va !» Et de monter l’opération « sondage ».


« L’homme politique préféré de Nigel Farage est  Vlad l’Empaleur. Qui est le vôtre ? »

http://www.independent.co.uk/voices/iv-drip/poll-nigel-fa...

 

Le 5 avril : BOUM !

7. Putin popularity.png

 

Euh…

Une dizaine de jours plus tard, on arrête les frais, car…

8. Sondages-The-Independant.jpg

Poutine 92% - Merkel 3% - Obama 2% - Cameron 1% - Hollande 1% - les autres : 0%.

Laissons là ceux qui, à l’Independent, vont devoir aller s’inscrire au Pôle Emploi d’Outre-Manche.

Ces résultats sont surprenants à plus d’un titre. D’abord, parce que c’est arrivé en plein cœur de l’Anglosphère et qu’on n’aurait jamais cru à ce point-là.

Certes, si V. Poutine se présentait à des élections non truquées n’importe où dans le monde, il les gagnerait, et, certes, il peut y avoir eu de ses groupies qui ont voté plusieurs fois – le sondage n’était pas scientifique – mais les groupies d’Obama et de Cameron pouvaient le faire aussi.

Le surprenant, c’est qui sont les autres. Pourquoi ceux-là ? Pourquoi pas de Xi Jinping ? Pas de Nasrallah ? Pas de Khamenei ? Pas d’Al-Assad ? Pas de Correa ? Pas de Raùl Castro ? Pas de Cristina Kirschner – et, quoi, pas de Netanyahou !!! – Pas d’Erdogan ? Pas d’Al-Sissi ? Pas de Marine Le Pen ? Soit les Anglais n’ont jamais entendu parler d’eux, soit on ne leur a donné à choisir que dans cette brochette étroite. (C’est le cas.)  Tu vas voir qu’ils croient que ce sont là les seuls leaders qui comptent, à l’Independent.

Mais qui aurait pu imaginer qu’un pour cent des Britanniques admirait François Hollande ? D’accord, l’Angleterre est une île et la réputation d’excentricité des Anglais n’est plus à faire, mais il y en a quand même qui doivent fumer ds trucs bizarres.

 

À la prochaine, M. Farage…

9. Nigel-Farage.jpg

 

*

Redevenons sérieux.

10. Grain-de-sel.jpg

Grain de sel des Grosses Orchades

Dans tout ce que dit ci-dessus Henri Guillemin sur un moment de l’Histoire de France qui ressemble comme un frère à celui que nous vivons, le passage qui est à nos yeux le plus important est celui où il parle de l’Éducation Nationale.

L’Éducation Nationale française ne s’est jamais remise de Thermidor. À plus forte raison de Jules Ferry.

Que s’était-il passé juste avant Thermidor ?

Le représentant (de la noblesse) Michel Lepeletier de Saint-Fargeau avait accouché, à la demande de l’Assemblée, d’un Plan d’Éducation Nationale. Avant de pouvoir le défendre, il avait été assassiné. C’est Robespierre qui dut le faire à sa place et qui réussit à le faire voter (une de ses plus grandes victoires, restée sans lendemain pour cause, précisément, de Thermidor).

Avant de le présenter au vote, il y avait apporté quelques corrections : un peu d’argent de poche aux orphelins élevés par la République, à partir de leurs 7 ans ; le salaire des enseignants doublé, car les instituteurs et les institutrices qui font bien leur travail sont aussi indispensables à la nation que les généraux victorieux, etc.

L’importance accordée à l’Éducation n’est pas propre à Robespierre ni à la France.

Joseph Staline a été ce qu’il a été, les historiens désintéressés trancheront, mais il est une chose dont nous avons la certitude, c’est qu’il a légué à son pays, en mourant, le système d’Éducation Nationale qui l’a sauvé : une épine dorsale en fer qui n’a pas plié ni cassé pendant les années chaotiques de l’après Gorbatchev, et dont nous voyons aujourd’hui les effets. Vladimir Poutine, comme tous ceux qui l’entourent et le soutiennent sont cette colonne vertébrale, quelles que soient leurs divergences (nous ne parlons pas ici d’opinions ni même d’idées politiques, mais de formation commune). Il n’y a pas de miracles en Histoire.

Qu’est-ce qu’a fait Fidel Castro lorsque, en février 1959, il a lancé, en commençant par les rangs de son armée, une campagne d’alphabétisation qui n’a jamais eu d’équivalent dans le monde ? Qu’a-t-il fait pendant les années qui ont suivi, avec ses discours-fleuves tant raillés par l’Occident, sinon jeter et consolider les fondations d’une Éducation Nationale digne de ce nom, c’est-à-dire comprenant une éducation politique basée sur un certain nombre de principes ? On oublie si volontiers ce « détail » ! Par quelle opération du Saint-Esprit croit-on que Cuba résiste, depuis 56 ans, à un embargo meurtrier et aux menées criminelles de l’Empire ? Non, il n’y a pas de miracles !

Or, ce qui nous caractérise aujourd’hui, nous, peuples d’Europe, c’est d’être éduqués par nos plus mortels ennemis. D’où la stupidité et la passivité en phase terminale des Européens zombifiés, que déplore avec raison le Saker. D’où notre incapacité à faire fonctionner une vraie démocratie, quand bien même on nous en apporterait une sur un plateau.

 

Modeste proposition

 

à  MMmes Belghoul, Bourges, de Dieguez, Gauthier, Grimault, Poumier, Skandrani, Veil et tutte quante…

à MM. Asselineau, Belissa, Berland, Berthier, Biard, Boniface, Chauprade, Cheminade, Chitour, Chouard, Cohen, Dedaj, de Dieguez, Enderlin, Hillard, Landini, Lordon, Mazauric, M’Bala M’Bala, Meyssan, Moadab, Naba, Oberlin, Ribbe, Seba, Soral, Stanechy, Uleski, Vivas et tutti quanti… (Ce n’est pas qu’il y ait moins de femmes, c’est que nous ne les connaissons pas.)

On le sait que vous n’êtes pas tous du même bord et que vos recettes ne sont pas les mêmes, mais…

Que diriez-vous de reprendre le Plan d’Éducation Nationale tel que voté en 93, de l’adapter aux circonstances et aux besoins d’aujourd’hui, de l’expliquer urbi et orbi et de le soumettre à referendum ?

Que diriez-vous, au cas où le Souverain se déclarerait « pour », comme il s’est naguère déclaré « contre » le traité de Lisbonne, de mettre l’exécutif en demeure de l’appliquer, en le faisant financer par les amendes infligées aux abuseurs de biens sociaux et autres fraudeurs fiscaux (pour commencer) ?

11. bouteille à la mer.JPG

 

Plan d'éducation nationale
présenté à la Convention nationale
par Maximilien Robespierre le 13 juillet 1793

 

CITOYENS,

Votre Commission d'Instruction publique sera bientôt en état de vous présenter l'ensemble du travail important dont vous l'avez chargée. Elle a cru dès aujourd'hui devoir présenter à la Nation et à vous un garant de ses principes, et payer un juste tribut à l'impatience publique, en remettant sous vos yeux l'ouvrage d'un homme illustre, qui fut notre collègue, et que le tombeau met à couvert des traits de l'envie et peut-être de la calomnie, si toutefois la rage des satellites de la tyrannie savait respecter même les droits du tombeau(1). Avec la mémoire de ses vertus, Michel Le Peletier a légué à la patrie un plan d'éducation publique, que le génie de l'humanité semble avoir tracé. Ce grand objet occupait encore ses pensées, lorsque le crime plongea dans son flanc le fer sacrilège. Celui qui disait "Je meurs content, ma mort servira la liberté", pouvait se réjouir aussi de lui avoir rendu d'autres services moins douloureux pour la patrie; il ne quittait point la terre, sans avoir préparé le bonheur des hommes par un ouvrage digne de sa vie et de sa mort. Citoyens, vous allez entendre Le Peletier dissertant sur l'éducation nationale; vous allez le revoir dans la plus noble partie de lui-même. En l'écoutant, vous sentirez plus douloureusement la grandeur de la perte que vous avez faite, et l'Univers aura une preuve de plus que les implacables ennemis des rois (que la tyrannie peint si farouches et si sanguinaires) ne sont que les plus tendres amis de l'humanité.

Lire la suite…

Source : http://www.samuelhuet.com/paid/43-melanges/755-plan-deducation-nationale1.html

 

*

Spirit of compétition, piège à cons !

12. Spirit of competition.jpg

« Certains pourront trouver hard de convoquer un brief si tôt, mais vous savez tous l’importance d’un follow-up on time pour que chacun soit aware.

Dans la mesure où vous ont été forwardés les nouveaux updates de la policy, il était important de réunir tout le team board afin d’avoir un maximum de feed-backs sur les implémentations correspondantes.

Pouvoir aussi évaluer la capacité de chacun à savoir filer les priorities, distinguer les big issues du « nice to have ».

Identifier également les process nécessaires et bien targeter les tools à situer on-line avec les goals définis.

Rappeler l’importance de challenger vos teams pour atteindre les meilleurs ratings possibles, avec un focus sur les return on revenues plus que sur les return on sales.

Dans cette optique, le management des queues pour qu’elles soient checkées asap est important, car n’oubliez jamais que vous devez rester client-minded avant tout. Veiller aussi à ce que soient immédiatement délétées celles qui ont été clearées.

La volonté d’upgrader vos résultats doit toujours préserver le high-level services et les business plans doivent intégrer nos basic values. Savoir s’appuyer sur le networking est un atout qui pourra alimenter tant la task force que le think tank mis en place afin de speeder les process et d’encourager le best practices increase. C’est pourquoi nous allons développer les open-spaces. Dans un environnement BtoB, pensez à privilégier les calls et le e-working plutôt que les face-to-face.

Si nous voulons être des winners et ne pas devenir des has-beens, nous devons garder un challenger-mind et agir comme des outsiders. Savoir toujours se benchmarquer avant d’aborder nos prospects et ne pas négliger les back-ups qu’il s’agisse du front office comme du middle office ou du back office dans nos packages. Privilégier le low profile dans nos approches pour faire ressortir notre added value.

Savoir aussi être proactif et viser toujours le « above expectations » pour ne pas se contenter d’un just achieved. Nous devons être tous des cost-killers et des profit-hunters dans toutes nos actions si nous voulons rester leaders.

13. homo homini lupus.jpg

« Homo homini lupus », art mural de la ‘Serie del aguante’, par Jaz, Buenos Aires

Si vous n’êtes pas en mesure de saisir toute la dimension existentielle d’un tel speech, il y a deux lectures possibles :

Si l’on se fie au référentiel des Échos des Valeurs Actuelles, vous souffrez d’un déficit de compétitivité qui peut impacter sérieusement votre performance et nuire à votre employabilité. Vous faites partie des personnes hermétiques à l’évolution de la société, arc-boutées sur des réflexes dépassés et qui sont rétives à l’avancée inexorable du capitalisme mondialisé.

Par contre, si vous n’entravez que couik à ce galimatias, si vous ne voyez pas quel rapport a le free trade avec la liberté, si la logique mercantile de l’or gris ne vous semble pas moins nocive ripolinée en silver economy, si quand on vous parle de rate, vous pensez à vos organes plutôt qu’à des taux, si vous n’êtes pas convaincu que le fast-food se mange, si vous n’éprouvez pas le besoin d’un dancefloor pour esquisser quelques pas de danse, si en sport vous ne voyez pas pourquoi une finale à quatre se transforme fatalement en bide ultime, c’est-à-dire en final four, ni en quoi des play-offs sont plus captivants que des phases finales, alors dites-vous que vous n’êtes pas encore complètement contaminé par le virus de la compétition à tout crin, par le jargon adapté à cette logique aussi inepte que suicidaire pour la planète qui ne voit en l’humain qu’une source éventuelle de profit pourvu qu’il soit pressé comme un citron ainsi que la planète par ailleurs. Qu’il vous reste encore assez de séquelles d’humanité pour ne pas désespérer du lendemain, quand bien même il ne chante pas toujours comme on l’espère.

14. nobrega3.jpg

Et pour ceux qui craindraient de souffrir d’une flambée d’anti-anglicisme primaire, qu’ils se rassurent : SHAKESPEARE himself ne trouverait pas d’espace dans cet univers utilitaire où la pauvreté du langage est proportionnelle à l’abondance des profits exigée par la voracité du capital. Car si le ci-devant Baron Ernest-Antoine SEILLIÈRE, patron des patrons de l’Union Européenne, a fait allégeance à l’english en tant que langue du business, il serait bien en peine de lire un texte du grand William en version originale. Mais pour les prédateurs du capital, le seul esperanto qui compte, c’est celui des taux de profits, quoi qu’il en coûte à l’humain et à la planète.

Pedro da Nóbrega

Source : http://reseauinternational.net/spirit-of-competition-pieg...

 

*

Et, pour finir (attention, on y devient accros)

15. Indignation à géométrie variable.jpg

De l’indignation à géométrie variable

Par Alain Fame-Hollignoble

 Sur Diktakratie.

Le 12 avril 2014

Les événements récents offrent à la grappe de mal pensants en attente de rééducation une occasion royale de se pencher sur l’étonnante hémiplégie qui sclérose le logiciel indignognottique de nos fiers Humanistes.

Ah, admirable souplesse des saltimbanques du Grand Cirque Divers ! A quelles fantastiques contorsions ne se livrent pas nos éternels chantres de la Démocratie (TM) et des Droits de l’Homme (TM) ! Voyez-les un peu brandir le poing gauche à l’adresse de Popov tandis que de la main droite ils flattent le museau de l’insatiable vermine imériale! Faire la morale républicaine aux femmes voilées tout en armant les barbus égorgeurs… Écoutez donc les Grandes et Belles Voix s’insurger de ce que Vlad interdise chez lui la propagande homosexualiste, puis s’éteindre complaisamment quand dans les Émirats on exécute les pédés ; hurler au génocide à la première vanne antisémite de Dieudonné – ne reculant devant aucune énormité, le comparant sans vergogne à Hitler et Al Capone – puis chanter les louanges de groupes armés néo-nazis avides de pogrom… Entendez brailler les miauleuses, horrifiées que la Crimée recouvre le giron russe, puis ronronner voluptueusement, douillettement blotties contre la panse du spoliateur en chef.

Lire la suite…

Source : http://diktacratie.com/de-lindignation-a-geometrie-variab...

Le collage est d’André Stas.

 

Note à benêt :

L’auteur a aussi son propre blog, appelé : Le Torchon.

http://letorchondalainfame.wordpress.com/

On ne s’y ennuie pas une seconde.

Outre ses textes, on y trouve des reportages fascinants :

 

Dans les super-marchés US : des trotinettes pour obèses


 

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16. Joyeuses Pâques.JPG

à la mode anti-genres

 

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Finalement, pas si joyeuses que ça…

Gabriel Garcia Marquez est mort.

 

 

Mis en ligne le 19 avril 2014.

 

 

 

 

15:45 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

16/04/2014

UN VOLCAN NOMMÉ TAZIEFF

1. soufriere vue de bateau.JPG

 

Un volcan nommé Tazieff

 

« Et le législateur de l’univers, qui est la nature. » Robespierre

 

Le 6 mai prochain, quelques personnes, en France, lèveront leur verre à la mémoire de Maximilien Robespierre, dont ce sera le 256e anniversaire de naissance.

Cinq jours plus tard – le 11 – ceux qui l’ont connu célébreront le 100e anniversaire de la naissance d’Haroun Tazieff.

Les plus jeunes d’entre nous se demanderont peut-être de qui nous parlons et pourquoi célébrer son 100e anniversaire.

Haroun Tazieff fut un homme qui eut quelque chose à voir avec les volcans et qui en fut un lui-même.

Jean Cocteau l’appelait le poète du feu.

Les gens qui se disent scientifiques et qui font de la politique ne sont pas nécessairement équipés pour savoir ce que c’est qu’un poète. L’ambition, la soif de pouvoir, la foire d’empoigne, une certaine callosité les en empêche.

À l’intention de ceux qui ne savent rien de lui, nous allons en rappeler deux ou trois choses.

Tout a commencé en Russie, à la fin du XIXe siècle, lorsqu’une jeune femme qui avait voulu devenir chimiste et qui l’était devenue – la première dans son pays – et qui était ensuite devenue aussi docteur en sciences politiques, rencontra un prince tatar qui était, lui, médecin. Elle avait pour prénom Zénitta. Le Tatar s’appelait Tazieff. Ils se marièrent, vécurent à Varsovie, qui était alors terre russe, et, le 11 mai 1914, leur naquit un fils qu’ils appelèrent Haroun. Presque aussitôt, la guerre éclata, le jeune père fut mobilisé, envoyé au front et n’en revint pas. Zenitta n’apprit sa mort qu’après la fin du carnage. Entretemps, la Révolution avait éclaté pour ainsi dire à l’intérieur de la guerre. Les temps étaient durs pour une jeune femme seule avec un enfant en bas-âge. Mère et fils vécurent dans la misère.

En 1921, la Révolution, plus ou moins triomphante mais attaquée de partout, s’amputa des troupes ukrainiennes qui l’avaient débarrassée de l’Allemagne et des armées blanches. Leur chef, Nestor Makhno, le corps percé de treize blessures, fut évacué inconscient et finit par arriver à Paris, pour y mourir douze ans plus tard dans une misère aussi noire que son drapeau. Nous avons vu, par le récit qu’en a fait Emma Goldman, que bien d’autres convulsions agitaient alors le pays. Zenitta Tazieff, de naissance aristocratique, n’était pas sûre d’y survivre : plusieurs de ses cousins, avec les débris de l’armée du général Wrangel, s’agitaient en exil. Elle et son fils de sept ans émigrèrent vers la Belgique.

C’est là que l’orphelin allait faire toutes ses études et finir par adopter la nationalité du pays.

Tout ce qu’il y a appris relève des sciences de la terre. À Gembloux, il devint ingénieur agronome. L’université de Liège le fit ingénieur géologue et ingénieur des mines. Grand sportif aussi, il fut alpiniste, fit partie d’une équipe de football bruxelloise, puis devint champion national de boxe universitaire et fut même sélectionné pour les J.O. de Berlin. C’était en 1936, Hitler étant chancelier du Reich. Zénitta lui interdit de s’y rendre : on ne fricote pas avec ces gens-là. Mais elle lui interdit aussi de rejoindre les Brigades Internationales en Espagne. Pour des raisons politiques ? Berlin, c’était sûr. Mais Madrid ? Or, il avait 22 ans, l’âge idéal pour s’affranchir de la tutelle de papa-maman et voler de ses propres ailes. Surprotection maternelle ? Abusive ? Une chose est sûre, c’est que dans une double existence plus que mouvementée, la mère n’a jamais cessé de protéger son fils et le fils sa mère.

Après la deuxième Guerre Mondiale, qui les avait vus l’un et l’autre prendre d’énormes risques, les compétences professionnelles de Tazieff ne pouvaient que le faire atterrir au Congo, pas encore ex-belge. C’est peut-être pour pouvoir remplir certaines fonctions qu’il s’était fait naturaliser (en 1936). Il fera de même plus tard, en France, avant – et sans doute aussi pour – y remplir des fonctions encore plus officielles et même y devenir secrétaire d’État de François Mitterrand.

Quoi qu’il en soit, c’est au Congo, alors qu’il prospectait, à la recherche de gisements de zinc, qu’il rencontra son premier volcan. Un tout jeune, né quasiment sous ses yeux, au point de lui devoir son nom - Kituro – qui est celui du lieu-dit le plus proche, et qui allait devenir aussi, en son honneur, celui de l’équipe de rugby à XV de Schaerbeek, banlieue de Bruxelles.

2. Volcan Kituro.JPG

Ce fut un coup de foudre. Le Kituro, entré en éruption le 1er mars 1948, allait cracher des flammes pendant cinq mois. La passion de Tazieff pour cette expression-là de la Terre ne tiédirait jamais.

*

Cependant, avant tout cela, il y avait eu la guerre. Haroun, mobilisé, puis fait prisonnier, n’avait pas tardé à s’évader. Celle qu’on appelait déjà « la redoutable Zenitta » n’avait pu lui interdire, alors, de se mêler de Résistance : elle en était aussi. Plus ou moins agent du Komintern, malgré ses cousins aristocrates avec lesquels elle n’avait jamais rompu et qui vivaient aussi en Belgique. C’est ainsi qu’on les vit – ou plutôt qu’on ne les vit pas – eux et elle, faire évader des mines de charbon où on les décimait, les prisonniers de guerre soviétiques. Dans leur pays, ils se seraient entretués, mais c’étaient des compatriotes. Soit dit incidemment à ceux qui ne comprennent rien au plantage des US/UE en Ukraine.

Sur un autre plan, Haroun Tazieff et la Résistance eurent une conséquence sans rapport direct avec la guerre.

Il faut, là, qu’on vous parle des Lavachery.

Jean Lavachery, militant communiste, était un enseignant avec des idées sur l’éducation des gosses. Sa femme Betty et lui avaient installé, dans l’ancienne abbaye de Maransart, une école plus ou moins expérimentale, « La Clé des Champs ». (C’était une époque à entreprises de ce genre : les parents de Laurence Olivier aussi.) Ils étaient amis avec Haroun Tazieff et sa mère.

3. Maransart.jpg

Jean Lavachery, capturé avec toute l’armée belge par la Wehrmacht, au terme des dix-huit jours de drôle de guerre, fut interné au diable, dans un stalag dont il ne sortit qu’à la Libération. Pendant toute la guerre, Betty fut donc seule pour faire fonctionner l’école. Qui devint un des centres de la Résistance. Zenitta Tazieff y planqua des enfants juifs et des rejetons de hauts dignitaires du Parti Communiste Français réfugiés à Moscou. Betty, qui avait, jeune fille, participé aux débuts de l’embrigadement façon Baden Powell, se mit à emmener ses gamins la nuit, allumer des feux de signalisation aux avions pondeurs d’armes et de parachutistes, sous couleur d’activités scoutes. Ce que voyaient plutôt d’un bon œil les autorités occupantes, militaristes s’il en fut. Haroun Tazieff et elle devinrent amants. Proximité quotidienne de la mort et vie jetée en dehors de règles qu’on n’eût pas transgressées en temps normaux…

En 1945, Jean Lavachery revint d’Allemagne.

Qu’on nous pardonne un petit détour par l’histoire de notre propre famille. Notre grand-père avait fait partie, du vivant de Karl Marx, d’un noyau dur de tisserands anarcho-syndicalistes, au point de recevoir, dans son galetas, la visite de Mikhaïl Bakounine et, plus tard, celle du prince Kropotkine. « Galetas » n’est pas une figure de réthorique : une seule pièce où vivaient et dormaient père, mère et dix enfants, autour d’un métier à tisser qui ne s’arrêtait jamais. D’où sortit pourtant l’embryon d’une bibliothèque municipale, aujourd’hui une des plus riches de Belgique. Jusqu’au jour où les progrès de la technologie firent des artisans des esclaves (voyez Les Temps modernes), où la bourgeoisie inventa les Partis Ouvriers, bientôt « Socialistes », pour les faire tenir tranquilles et où les anarcho-syndicalistes, requalifiés « anti-politiques » furent sommés de s’affilier à des syndicats convenables ou de dégager.

Lorsque les prisonniers survivants revinrent d’Allemagne, le « grand homme »  du PS belge était déjà si atlantiste qu’il n’allait pas tarder à devenir Secrétaire-Général de l’OTAN et notre oncle Victor – un des dix – écoeuré, fut s’inscrire au Parti Communiste. Muni de sa carte toute fraîche, il se rendit à sa première réunion de cellule, où il trouva les camarades en train de sabler la chicorée pour fêter Hiroshima. Hébété, il ne put que leur demander ce qui les prenait de se réjouir du massacre de « gens comme nous ». De bons gros rires balayèrent sa connerie car « Ouah, l’autre, eh… c’est des Japonais ! ». Il déchira sa carte, leur en jeta les morceaux à la figure et sortit en claquant la porte. La carrière de militant communiste de Victor L. est la plus brève de l’Histoire.

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Jean Lavachery et son chien Plume

Eh bien, ce sont ces gens-là qui, lorsque Jean Lavachery rentra dans ses foyers, l’excommunièrent pour n’avoir pas, selon eux, « essayé de s’évader ». Vous croyez peut-être qu’on plaisante ? Mais, non. L’histoire des PC d’Europe reste à écrire.

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Betty Lavachery-Limbosch

Les seuls qui ne rejetèrent pas le rescapé furent sa femme et Tazieff.

Qui fut alors au courant de quoi ? Nous ne savons. C’est leur affaire. Ce qui est sûr, c’est qu’en 1946, Haroun Tazieff émigrait à Paris et y épousait France, qui lui survivrait, tandis que Betty mettait au monde un petit Frédéric, aujourd’hui sosie de son père.

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Frédéric Lavachery

« Des pères, j’en ai eu deux» dit-il. C’est d’autant plus évident que, s’il s’est pris de passion dans son âge mûr pour les volcans et les sciences de la terre chers à son géniteur, c’est à celui qui lui a donné son nom et l’a élevé qu’il doit sûrement son autre passion pour l’intégrité de l’enfance, passion qui a, notamment, motivé son implication dans l’affaire Dutroux. Il a animé pendant des années le site www.dignaction.org jusqu’à la mort inopinée de son webmaster et la perte accidentelle de leurs archives, dont voici un tout petit fragment retrouvé sur le blog d’une internaute suisse : http://www.luciole.ch/UserFiles/File/Fichier%20PDF/Aout20... ,

Pour le reste – le patrimoine Tazieff – c’est une histoire d’amitié autant que de piété filiale, car autour de Frédéric se sont regroupés d’anciens collaborateurs du vulcanologue et quelques-uns de leurs disciples. Ensemble, ils  ont mis sur pied le Centre Haroun Tazieff pour les sciences de la terre : www.tazieff.fr  qu’on ne saurait trop vous conseiller d’explorer car il est riche de projets et d’ambition, et ce sont eux qui, à l’approche du centenaire, ont suggéré au fils d’écrire un livre sur son père. Celui qui sort ces jours-ci.

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 Frédéric Lavachery

Un volcan nommé Haroun Tazieff

 Paris, l’Archipel, 2 avril 2014

 263 pages

Également publié en format Kindle

1614 KB.

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Son intérêt ne réside pas seulement dans la relation père-fils, que l’auteur ne pouvait éluder et qu’il traite avec sobriété. L’essentiel, nous semble-t-il, réside dans sa revisitation de « l’affaire de la Soufrière » et de l‘impact qu’elle a eu sur la vie et la carrière du savant, comme d’ailleurs sur celles de plusieurs autres. Il y a là des blessures qui ne se sont jamais refermées et des passions qui ne se sont jamais éteintes. Une vague recherche dans Google suffit pour s’en persuader.

L’affaire de la Soufrière

Qu’en dire à ceux qui n’étaient pas nés ?

Qu’un jour de 1976, le volcan dit de la Soufrière, près de Saint Claude, en Guadeloupe, a donné des signes d’activité et que les autorités françaises se sont lancées dans une campagne de « protection des populations » qui a frôlé l’hystérie.

Pourquoi ?

Vraisemblablement parce qu’en 1902, le réveil d’un autre volcan, celui de la Montagne Pelée, en Martinique, avait été, par les autorités de l’époque, criminellement minimisé pour cause d’élections législatives en cours, et qu’il en était résulté la plus grande catastrophe volcanique du XXe siècle : destruction totale de la capitale Saint-Pierre et mort de 30.000 personnes. Le scandale avait été énorme.

Lorsque des fumerolles furent visibles au sommet de la Soufrière de Guadeloupe, Tazieff, dont c’était la responsabilité, revint dare dare d’Équateur observer, mesurer, évaluer, et… déclarer qu’il n’y avait pas péril, expliquant scientifiquement pourquoi. Cela ne fit pas l’affaire de son supérieur hiérarchique, dont la vulcanologie n’était pas le fort, mais qui voyait très bien en quoi un danger, réel ou supposé, pouvait « booster » sa carrière politique, pour peu qu’on sût convenablement mettre en scène l’ouverture du parapluie. Les autres politiques, claquant des dents à l’idée de répéter la bourde meurtrière du début du siècle, choisirent d’écouter le matamore plutôt que le savant et firent déplacer inutilement, pour des mois, 70.000 personnes, démettant aussi de ses fonctions, dans la foulée, celui qui refusait d’instrumentaliser la peur.

 

Werner Herzog était sur place.

Il y a tourné un film documentaire :

L’attente d’une catastrophe inévitable


La SOUFRIERE (1977) - stfr - Werner HERZOG par UGTG

 

La suite devait donner raison à Tazieff, mais le mal était fait. La justice eût voulu qu’il fût alors réintégré dans ses fonctions et Claude Allègre – car c’était lui – renvoyé planter ses choux en les comptant sur ses doigts. Mais ce n’est pas ainsi que les choses se passent dans les allées du pouvoir.

Coutumier des rodomontades à la Danton (du culot, encore du culot, toujours du culot !), l’ineffable mathématicien devait, trente ans plus tard opérer un virage à 180° et, ayant jadis monté des alarmes en baudruche, nier le réchauffement climatique, en se gaussant avec une délicatesse d’hippopotame dans une cristallerie de ceux qui attachaient le grelot pour avertir du danger. Un danger, faut-il le dire, autrement conséquent que celui d’un volcan qui se réveille.

Le 16 février 2010, il faisait paraître un ouvrage intitulé L’imposture climatique ou la fausse écologie. Le 21 avril suivant, Sylvestre Huet, journaliste à Libération, publiait à son tour L’imposteur c’est lui, démontrant, preuves à l’appui, que Claude Allègre avait dupé ses lecteurs et les medias, où il s’était beaucoup répandu.

Bien des années avant cela (1981), Tazieff avait été nommé, par François Mitterrand, commissaire à l'étude et à la prévention des catastrophes naturelles. De 1984 à 1986, toujours sous Mitterrand, il avait été le secrétaire d'État chargé de la prévention des risques technologiques et naturels majeurs dans le gouvernement Fabius, fonction supprimée lors de la cohabitation Chirac. Mais aussi qu’était-il allé faire dans cette galère ? Haroun Tazieff, dégoûté de l’écologie politique, reprit alors ses seules occupations scientifiques et ne les quitta plus.

Quant à Claude Allègre, qui avait misé sur Lionel Jospin dont il avait été un des ministres, il ne rechigna pas, plus tard, à faire des offres de service à Petit Nicolas, qui les dédaigna.

Ce bref rappel de quelques faits parce que nous avons déniché un document où l’on voit Tazieff, son ami Cousteau, Jérome Pasteur, Paul-Émile Victor et d’autres (que du beau linge !) discuter de ce fameux réchauffement climatique dont les ours polaires font aujourd’hui les premiers frais.

 

9. oursnorvege.jpg

 

Haroun Tazieff et le risque de réchauffement climatique

Document INA de 1979

Haroun TAZIEFF répond ici aux questions des télespectateurs qui s'inquiètent du risque de réchauffement climatique. Il explique que le risque vient de la pollution industrielle qui peut créer un effet de serre et ainsi faire monter le niveau de l'eau. Le commandant COUSTEAU s'oppose à ce point de vue en soulignant qu'il y a des correctifs comme la végétation et les océans. Haroun TAZIEFF ajoute que l'effet de serre pourrait augmenter la température de l'atmosphère de 2 ou 3 degrés d'où la fusion de la glace et la montée des eaux qui noierait toutes les côtes basses comme New York, Londres, le Havre et Nice. Jérôme PASTEUR pense que de tels propos pourraient paniquer la population. L'échelle de ces changements s'effectuerait, selon lui, sur des milllions d'années. Claude LORIUS ajoute que l'Antarctique n'a pas bougé. Paul Emile VICTOR ne dit rien.

 

 

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 29. Histoires-de-volcans.jpeg

 

 

Haroun Tazieff

Histoire de volcans

Illustrations de Jean Lavachery

Brodard et Taupin – 1964

191 pages

 

 

 

La bibliographie et la filmographie complètes d'Haroun Tazieff sont si riches qu’il est impossible de tout énumérer ici. Pour une liste plus ou moins exhaustive, rien ne vaut  http://fr.wikipedia.org/wiki/Haroun_Tazieff

Voir aussi :

http://www.babelio.com/auteur/Haroun-Tazieff/49898/biblio...

Quelques liens précieux :

·  Centre Haroun Tazieff pour les sciences de la terre

·  Biographie d'Haroun Tazieff par François Le Guern, l'un de ses collaborateurs

·  Vidéo: Haroun Tazieff en 1966, il s'exprime sur son film Le volcan interdit, une archive de la Télévision suisse romande

·  Robin des volcans Long métrage documentaire autour du parcours d’Haroun Tazieff Overdub Interactive

·   À propos de la polémique de Soufrière 1976...

Rappel des faits et point de vue personnel sur les événements qui ont marqué la Guadeloupe et la communauté volcanologique  - par François Beauducel http://www.ipgp.fr/~beaudu/soufriere/forum76.html

In memoriam :

En 2008, pour le dixième anniversaire de la mort d’Haroun Tazieff, la Guinée-Bissau a émis deux timbres en son honneur : un sur fond d’Etna, l’autre sur fond de Krakatoa.

 

10. TIMBRE - Emissione-della-Guine-Bissau-del-2008-del-Vulcano-dellEtna-in-Italia-dedicata-a-Haroun-TazieffItaly.jpg11. TIMBRE - Emissione-della-Guine-Bissau-del-2008-del-Krakatau-Volcano-in-Indonesia-dedicata-a-Haroun-Tazieff.jpg

 

*

On n’a pas d’image de la terrible matriarche Zenitta Tazieff, mais on en a de ses tableaux, car, remariée avec le poète liégeois Robert Vivier, elle a fait une très honorable carrière de peintre, et ses œuvres font encore aujourd’hui l’objet de ventes publiques. En voici deux, récemment vendues par la Galerie du Pistolet d’Or :

12. Zenitta Tazieff.JPG

13. Zenitta meules.JPG

Il ne reste plus à Frédéric Lavachery qu’à écrire l’histoire de sa grand-mère.

 

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Déesse des passions et des volcans

 

Petit à-côté mythologique

Tous les biologistes le savent : sans violence, pas de vie.  Et tous les mythologues (ou presque) vous le diront : cette violence fut, pendant des millénaires, un peu partout sur la terre, l’affaire d’une déesse, celle que M. Jean Przyluski a appelée, dans un petit livre fort savant que les éditions Payot feraient bien de republier,  La Grande Déesse.  Les Grecs l’avaient, pour leur part, baptisée Aphrodite, mais elle eut des myriades de noms.

Au temps de nos ancêtres d’il y a des dizaines de milliers d’années, elle régna sur toutes les passions violentes, et partout : au ciel, sur la terre, au fond de la terre et au fond des mers, comme dans le fond des cœurs et des reins humains. Jusqu’à ce que les pères de famille, en prenant le pouvoir il y a plus ou moins dix mille ans, la fragmentent, pour l’évincer, en plusieurs dieux mâles : Zeus, qui allait régner à sa place au ciel sur la foudre, le tonnerre et les orages ; Poséidon, qui, du fond des mers, gouvernerait les tempêtes, les raz de marée et les tsunami, s’amusant aussi les jours de semaine à provoquer ou à empêcher les naufrages ; Hadès le Très-Riche qui, non content de régner sur les morts et sur les métaux précieux, lui raflerait le sceptre des tremblements de terre et des éruptions volcaniques ; Arès, amant prétendu, qui déchaînerait les guerres à sa place et, bien entendu, le petit cinquième : son fils Cupidon. Ils lui collèrent aussi, pendant qu’ils y étaient, un mari, nommé Héphaïstos, qui habitait sous l’Etna, où on l’entendait taper sur son enclume, façonnant les armes et les œuvres d’art des autres dieux de l’Olympe, dont le trident de Poséidon et le foudre de Zeus. Le philosophe Empédocle (5e s. av. J.-C.) ayant eu l’idée saugrenue de se suicider en se jetant dans son cratère, le dieu maréchal-ferrant aurait manifesté son déplaisir en rejetant une de ses sandales, devenue de bronze.

 

L’Etna : 16-17 novembre 2013

 

Soyons sérieux, revenons à notre déesse. Lorsqu’elle était reine des morts et qu’elle régnait sur les profondeurs de la terre ou des mers, elle était noire (d’où l’autre nom de son époux : le Forgeron-Noir-de-Charbon, en anglais Blacksmith). C’est elle, bien sûr, qu’on retrouve, déguisée en Vierge à l’Enfant au milieu des volcans d’Auvergne, elle à qui on offre, dans ses sanctuaires montagnards, des ex-votos de bateaux, alors qu’il n’y a pas de mer à proximité ni même de rivière navigable. Comme ici, à Rocamadour :

14. rocamadour_bateau.JPG

Elle encore qu’on priait pour échapper à la prison ou aux galères, et  à qui on venait offrir ses chaînes, quand on recouvrait la liberté, car l’amour de la liberté n’est pas une passion mineure. Ici, toujours à Rocamadour.

15. rocamadour chaînes.JPG

Ces sortes d’offrandes, dans ces sortes d’endroits, sont des preuves indiscutables de sa très haute antiquité, antérieure non seulement au christianisme mais bien plus ancienne aussi que les dieux mâles du paganisme.

16. Vierge noire rosslyn.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour l’anecdote, la « Vierge Noire » de la chapelle de Rosslyn (en Écosse) est la seule au monde qui ait conservé quelque chose de sa nature d’Aphrodite. Elle se trouve très logiquement sous terre – dans la crypte – alors que son autre Elle-même (celle qui est blanche) est vêtue et se trouve dans le sanctuaire proprement dit, en hauteur.


17. Black Madonna St. George Cape Tow,n.jpeg

 

 

 

 

 

 

 

Pour sa part, Notre-Dame de Cape Town, en Afrique du Sud est, certes,  noire parce que ses fidèles le sont, et de type évidemment négroïde, mais ce n’est pas la seule raison de sa noirceur, car on la prie, comme les autres, pour la fortune de mer, pour obtenir une bonne mort et pour être délivré de ses chaînes. L’église Saint-Georges, où elle se trouve, touche d’ailleurs l’ancien marché aux esclaves, et Mgr Desmond Tutu y a prêché, infatigablement, pendant des années, contre l’apartheid. La statue en soi est récente, en bois de gaïac, œuvre du sculpteur Leon Underwood.

 

 

 

*

Des hommes et des enfants

 

L’histoire des Lavachery a une suite :

Après la mort de son épouse, Jean Lavachery devait se remarier et engendrer un fils. Bien à lui, cette fois. Ce fils, Thomas Lavachery, qui n’est même pas le demi-frère de Frédéric, a repris lui aussi à son compte les passions paternelles. Non, il ne fait pas la classe aux enfants : il leur écrit des livres. Il est même devenu l’écrivain préféré des petits Belges et de pas mal de petits Français. : Bjorn le Morphir, c’est lui.

18. ThomasLavachery.jpg

Il est même allé jusqu’à écrire une autre histoire en collaboration avec toute une classe de 5e primaire (CM1). Le résultat – La colère des McGrégor – a trouvé un éditeur et obtenu un prix.

Mais Thomas Lavachery n’est pas que le fils de son père, il est aussi le petit-fils de son grand-père, Henri Lavachery. Lequel fut anthropologue et s’en alla, un beau jour de 1934, avec le Suisse Alfred Métraux, à l’île de Pâques, pour tenter d’en percer l’énigme. Son petit-fils y est allé après lui, sur ses traces ; il y a rencontré des Pascuans qui l’avaient connu, et il en a rapporté un film. : L’homme de Pâques.

Après quoi, bon sang ne pouvant mentir, il s’est tourné vers une autre ethnie énigmatique, une des fameuses 55 minorités chinoises dont nous vous parlions il y a peu : celle des Moso. La particularité des Moso (+ ou – 30.000 âmes vivant au bord du lac Lugu, entre le Sechuan et le Yunan) est d’être restés depuis la préhistoire la plus reculée une société purement matriarcale. Ceux qui les ont approchés disent que, chez eux, c’est le paradis sur la terre. Cela ne le restera pas longtemps. Le tourisme va bientôt n’en faire qu’une bouchée.

Internautes qui nous lisez, n’y allez pas avec vos shorts, vos tongs et vos cellulaires ! Regardez plutôt le film que Thomas Lavachery leur a consacré : Un monde sans père ni mari. (Mais pas sans oncles.)

19. Hlidi Gemu.jpg

 Hlindi Gemu, qui est à la fois une montagne et la déesse-mère des Moso.

Et pour tout savoir sur l’écrivain-cinéaste, allez voir son blog, c’est une vraie caverne d’Ali  Baba. On y passerait des heures : http://thomaslavachery.skynetblogs.be/

 

 

8. chat clignant des yeux.gif

 

Pour conclure cette tranche de saga familiale sur Frédéric Lavachery-son-of-Tazieff :

 

Dans le cadre de ses activités liées à l’enfance, il a écrit, en 2001, avec le journaliste luxembourgeois Jean Nicolas, un livre consacré à l’affaire Dutroux.

En fait, les deux hommes ont co-signé un ouvrage dont ils ont écrit une moitié chacun, Nicolas se focalisant sur Dutroux et sa trajectoire, Lavachery s’attachant à l’examen des dysfonctionnements de la justice belge, dans cette affaire-là et dans d’autres.

Or il y a, dans sa contribution, un chapitre qui remet en question la responsabilité historique attribuée au roi Léopold III dans la débâcle de mai 1940. En abrégé, ce monarque, outrepassant peut-être ses prérogatives constitutionnelles, aurait tenté de faire obstacle à l’irrésistible ascencion de la particratie (ne pas confondre svp avec démocratie), dont nous voyons aujourd’hui les fruits merveilleux d’un bout de l’Europe à l’autre, sans parler de son noyau dur de Bruxelles. Selon l’auteur, le gouvernement belge en exil et celui de Vichy auraient, de concert, neutralisé Léopold, en lui faisant « porter le chapeau » de leur propre forfaiture, autrement dit d’une capitulation intempestive, voire préméditée.

Ceux qui les ont vécus ont conservé le souvenir des événements violents qui secouèrent la Belgique en 1950, lorsque ce roi, rentrant d’exil, voulut remonter sur son trône. Ils se souviennent certainement du referendum qui coupa le pays en deux - 51% « pour » au nord, 49% « contre » au sud - Léopold III finissant par abdiquer en faveur de son fils Baudouin pour ne pas être la cause d’une guerre civile.

Que la thèse de Frédéric Lavachery soit fondée ou infondée, elle méritait assurément un examen sérieux, sinon de la part des merdias, du moins de celle des historiens. Or, rien. Nada. Silence radio partout. Certes, les pressions lors de la sortie du livre furent telles que Flammarion le retira aussitôt de la vente. Mais où a-t-on vu que ce genre de péripétie ait jamais empêché quelqu’un de déterminé de se procurer un exemplaire de bouquin et de faire son métier ? Decline of the West…

 

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Jean Nicolas - Frédéric Lavachery

Dossier pédophilie. Le scandale de l’affaire Dutroux

 Paris, Flammarion, 2001

 361 pages

 

 

 

 

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Allez, on va se faire plaisir …

 

Invocation des matriarches Moso aux esprits totems

 

Vous avez dit paradis ?

 

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Autres livres non sans rapport…

 

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Quand fiction et réalité sont jumelles.

Plonger dans l’histoire des Tazieff et des Lavachery est un peu comme piquer une tête dans un roman de Peter Temple, mais c’est bien sûr l’inverse et les romans de Peter Temple qui ressemblent à l’histoire des Tazieff et des Lavachery.

Peter Temple est un romancier australien, auteur de ce qu’il est convenu d’appeler des « polars ». Ses polars, comme ceux de bien d’autres, sont les meilleurs témoins de notre temps, souvent plus justes qu’un traité d’Histoire. Écrits en bon anglais, certains sont pourtant quasiment intraduisibles - non question de langue mais de langage – particularité qui les rend fortement exotiques, alors que tout ce qu’ils racontent pourrait se passer à Londres, à Paris, à Trifouillis-les-Oies ou à Steenokkerzeel : même société crevant de son matérialisme, même faune politicarde vendue ou soumise à chantage, mêmes affairistes aux dents qui raient les parquets, mêmes machines à tuer rescapées de plusieurs guerres, prêtes à vendre leur sang mais plutôt celui des autres, mêmes ronds-points remplaçant les carrefours partout, mêmes jeunes journalistes BCBG à la taille et aux lèvres minces, capables comme personne de présenter des JT ou de faire semblant de mettre en difficulté mais seulement jusqu’à un certain point les grands prédateurs et petits porte-coton du pouvoir. Comédie humaine que ne désavouerait pas Balzac, car il n’y a pas que la matière, il y a la manière, le style.

Quelque chose de particulier qui frappe aussi, chez Temple, c’est son obsession des relations fils-pères, pères-fils, le cas échéant pères-filles, les pères des uns s’adressant aux fils des autres pour retrouver des fils indignes disparus avec les économies paternelles, morts peut-être et pour qui on ne veut pas s’avouer qu’on s’inquiète ; les fils des autres comptant sur les pères des indignes pour lever leurs propres doutes : « mon père m’a-t-il seulement aimé un peu ou lui ai-je été indifférent ? à charge ? l’ai-je encombré ? m’a-t-il méprisé ? ». Questions qui taraudent encore à l’âge de raccrocher, quand votre femme vous a plaqué pour un autre et qu’une de vos filles meurt dans la rue d’overdose tandis que l’autre vous regarde avec un peu de commisération comme la cinquième roue de la charrette…

On le comprendra, on est ici à des années-lumière des théories du genre, des minorités folklo-persécutées, des perversions légalisées et des autres moisissures d’un monde dont on ne sait pas s’il est en train de crever ou d’accoucher de quelque chose dans la douleur. Ici, comme chez les Tazieff et les Lavachery, on est en présence d’une humanité dense, pleine de passions mais aussi de courage, une humanité tabassée par ce foutu XXe siècle, et qui s’obstine à faire comme si tout cela avait un sens.

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Peter Temple :  Black Tide

(non traduit)

Quercus Publishing, UK, 2013

355 pages

Format Kindle : 495 KB

C.D.

 

 

Pour les autres titres en anglais, voir Google ou Wikipedia

En français :

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Peter Temple

Séquelles

Gallimard, 2008

496 pages

 

 

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Peter Temple

Un monde sous surveillance

Payot-Rivages, 2010

393 pages

 

 

 

 

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Peter Temple

Vérité

Payot-Rivages, 2012

443 pages

 

 

 

 

 

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L’histoire des PC d’Europe reste à écrire…

Voici un livre d’écrivain-cinéaste, où on trouve des tas choses bien intéressantes, y compris une page de l’histoire du PCI

1948 en Italie.

Orson Welles, qui vient de se séparer de Rita Hayworth, de tourner Macbeth avec 12 dollars dans des décors en carton-pâte, qui a des tas de projets, pas d’argent, beaucoup de dettes et que le FBI prend pour un rouge, donc surveille, débarque à Rome. Il vient y tourner, comme acteur, un film alimentaire, Black Magic, qui s’appellera en français Les aventures de Cagliostro.

C’est l’occasion, pour l’auteur, tout en faisant vivre à Welles une aventure qui tient du thriller et du roman d’espionnage, de brosser un tableau puissant et rigoureusement vrai de son pays à la croisée des chemins : Cinecitta est un camp de réfugiés, le Vatican pratique l’évasion des capitaux contre une honnête commission double – une pour faire bouillir la marmite, l’autre pour financer la lutte contre le communisme -, les dignitaires du fascisme non exfiltrés aux USA sont recyclés démocrates chrétiens sans changer de bureau (pour quoi faire ?), les vrais malfrats-faux résistants de tout poil se livrent aux magouilles les plus vertigineuses, la bourgeoisie s’adonne aux mêmes perversions qu’avant, les enfants font du marché noir, Al Capone est là, plus vrai que nature, pas du tout décidé à adopter profil bas, le pays n’en finit pas de panser ses plaies et s’apprête à voter communiste en masse aux élections prévues pour le 18 avril, les premières depuis la chute de Mussolini.

Ce dernier détail ne plaît pas du tout aux Américains, qui font en sorte qu’il n’en soit rien. Certes, Victoria Nuland ne va pas venir distribuer des petit-beurres comme elle l’a fait place Maidan, elle n’est pas née, mais Tyrone Power, qui l’est, vient distribuer des rations de lait en poudre et des pâtes made in USA. Des enfants estropiés sont sélectionnés pour aller réciter un compliment au président Truman, qui les recevra à la Maison  Blanche. On amène même une vache du Texas pour célébrer l’amitié italo-américaine. L’empire est là, tel qu’en lui-même. Il n’a pas, depuis, changé d’un iota son modus operandi.

L’entretien Welles–Togliatti dans une petite trattoria vaut à lui seul un livre d’histoire ou deux. Le candide Orson et un autre protagoniste apportent au chef du PC de quoi faire, des élections qui viennent, un irrésistible raz-de-marée. Togliatti demande.

-       Et quand allons-nous enfin voir des films de John Ford, M. Welles ?

-       Euh.. je n’en sais rien, et Le voleur de bicyclettes ?

-       Oui, mais Hollywood, c’est quand même autre chose. C’est Hollywood qu’ils veulent.

(De fait, à Rome, Citizen Kane tiendra trois jours à l’affiche. Ninotchka, film de propagande anti-communiste, y restera trois mois.)

Et de finir par expliquer que, non, ils ne va pas se servir de ce qu’on lui offre, et que, non, les communistes  ne vont pas gagner les élections, ils vont s’arranger pour les perdre de justesse, et s’assurer ainsi un poids certain dans l’opposition…

-       Mais pourquoi ???

-       Z’avez vu les Grecs ? Les Américains sont déterminés. Si nous gagnions les élections, il y aurait un bain de sang. Je ne veux pas d’un bain de sang.

Aux chiottes les Grecs ! La foule qui y croit et qui éclate de bonheur malgré sa misère – c’est le printemps – ne se doute de rien. Elle lui élèverait même des statues à Palmiro, si elle en avait les moyens.

Il faut lire ce livre. D’histoire autant que de fiction. L’auteur réussit en prime un très beau portrait d’Orson Welles.

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Davide Ferrario

Black Magic

Traduit de l’italien par Sophie Bajard

Rivages Thriller, 2002

408 pages

 

 

 

Au fait, sait-on que Welles a eu, de ses trois mariages, trois filles légitimes, et, hors mariage, un fils qu’il n’a jamais reconnu ? L’aînée, qui gagne sa vie en écrivant des ouvrages pédagogiques pour les enfants, lui a consacré un livre .

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Christopher Welles Feder

In My Father’s Shadow : A Daughter Remembers Orson Welles

Algonquin Books, 2009

304 pages

Inédit en français.

 

 

D’où il ressort qu’il est aussi difficile d’être la fille légitime d’un génie que d’être le fils non reconnu d’un savant hors normes. Ou, comme l’a dit quelqu’un :

« Ignore your children and they will be obsessed with you for life »Alain de Botton

 

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Mis en ligne le 16 avril 2014

 

 

 

16:51 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |