01/12/2014

TAPROBANA A VEU LAPPIA

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« Icelle moyenant, par la rétention des flotz aërez, sont les grosses orchades, les amples thalamèges, les fors guallions, les naufs chiliandres et myriandres de leurs stations enlevées et poussées à l’arbitre de leurs gouverneurs.

Icelle moyenant, sont les Nations, que Nature sembloit tenir absconces, imperméables et incongneues, à nous venues, nous à elles : chose que ne feroient les oyseaulx, quelque légièreté de pennaige qu’ils ayent et quelque liberté de nager en l’aër que leurs soit baillée par Nature. Taprobana a veu Lappia, Java a veu les mons Riphée ; Phebol voyra Thélème ; les Islandoys et Engronelands boyront Euphrates. Par elle Boréas a veu le manoir de Auster ; Eurus a visité Zéphire. De mode que les Intelligences célestes, les Dieux tant marins que terrestres en ont esté tous effrayez, voyans par l’usaige de cestuy benedict Pantagruelion les peuples arctiques en plein aspect des antarcticques, franchir la mer Athlanticque, passer les deux Tropicques, volter soubs la zone torride, mesurer tout le Zodiacque, s’esbattre soubs l’Æquinoxial, avoir l’un et l’aultre pôle en veue à fleur de leur orizon. » 

RABELAIS, TIERS LIVRE, Chapitre 51.

 

 

Prenant au mot S.S. François I et Vladimir Vladimirovitch,

soyons multipolaires et transversaux

 

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Essayons de connaître ceux avec qui nous allons passer les siècles à venir s’il en reste, et donnons aujourd’hui la parole à un représentant de l’Islam (chi’ite) et à un juif israélien redevenu russe et converti à l’orthodoxie byzantine.



De Karbala à l’État Islamique

A propos du plus grand pèlerinage au monde, qui a lieu actuellement, et des raisons pour lesquelles vous n’en avez jamais entendu parler

Par Sayed Mahdi al-Modarresi

Traduction : http://www.sayed7asan.blogspot.fr

 

Ce n’est pas le Hajj musulman, ou la Kumbh Mela indou. Désigné comme le « Arbaeen » [le quarantième jour], c’est le plus grand rassemblement au monde et vous n’en avez probablement jamais entendu parler ! Non seulement cette congrégation dépasse-t-elle le nombre de visiteurs à la Mecque (par un facteur de cinq, en fait), mais elle est encore plus importante que la Kumbh Mela, puisque cette dernière n’est commémorée que tous les trois ans. En bref, Arbaeen éclipse tous les autres rallyes de la planète, atteignant les vingt millions de participants l’an dernier. Cela représente une proportion impressionnante de 60% de toute la population d’Irak, et leur nombre est en augmentation année après année.

 

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Procession des pèlerins en direction de Karbala

Surtout, Arbaeen est unique parce qu’il se déroule contre un arrière-fond de scènes géopolitiques chaotiques et dangereuses. Daech – alias « État islamique » – considère les chiites comme des ennemis mortels, si bien que rien n’exaspère le groupe terroriste plus que la vue des pèlerins chiites rassemblés pour leur plus grande démonstration de foi.

Il y a une autre particularité de Arbaeen. Bien que ce soit un exercice spirituel typiquement chiite, des sunnites, et même des chrétiens, des Yézidis, des Zoroastriens et des Sabéens prennent part à la fois au pèlerinage et au service des dévots. Cela est remarquable compte tenu de la nature exclusive des rituels religieux, et cela ne peut signifier qu’une chose : les peuples, indépendamment de leur couleur ou de leur croyance, considèrent Hussein comme un symbole universel de la liberté et de la compassion, sans frontières et méta-religieux.

La raison pour laquelle vous n’en ayez jamais entendu parler est probablement liée au fait que la presse s’intéresse plus aux tabloïds négatifs, sanglants et sensationnalistes qu’aux récits positifs et inspirants, surtout lorsqu’il s’agit de l’Islam. Si quelques centaines de manifestants opposés à l’immigration défilent dans les rues de Londres, ils feront les gros titres. Un même niveau de temps d’antenne est accordé à une marche en faveur de la démocratie à Hong Kong ou à un rassemblement anti-Poutine en Russie. Mais un rassemblement de vingt millions de personnes, s’élevant en défi manifeste contre la terreur et l’injustice, ne parvient pas même à apparaître sur le bandeau défilant au bas des chaînes d’informations télévisées ! Un embargo médiatique non officiel est imposé sur cet événement gigantesque, bien que cette histoire possède tous les éléments critiques d’un reportage à succès : les chiffres effarants, la signification politique, le message révolutionnaire, le contexte tendu, ainsi que l’originalité. Mais quand une telle histoire parvient à franchir la hache éditoriale des grands médias, elle crée une onde de choc et touche toutes les catégories de populations.

Parmi les innombrables personnes inspirées par cet événement, il y a un jeune homme australien que j’ai rencontré il y a plusieurs années, et qui s’était converti à l’Islam. Évidemment, personne ne prend à la légère une telle décision qui change notre vie, et en réponse à ma demande, il m’a informé que tout avait commencé en 2003. Un soir, alors qu’il regardait les informations, son attention a été attirée par des scènes de millions de personnes affluant vers une ville sainte appelée Karbala, et entonnant le nom d’un homme dont il n’avait jamais entendu parler : « Hussein ». Pour la première fois depuis des décennies, dans un événement télévisé à l’échelle mondiale, le monde a pu avoir un aperçu de la ferveur religieuse auparavant interdite en Irak.

Une fois le régime baas sunnite renversé, les téléspectateurs occidentaux étaient impatients de voir comment les Irakiens allaient répondre à une nouvelle ère libérée de la persécution dictatoriale. La « République de la peur » s’était écroulée et le génie s’était échappé de la bouteille de façon irréversible. Ce jeune homme se souvient de s’être alors demandé : « Où se trouve Karbala, et pourquoi tout le monde va dans cette direction ? Qui est donc ce Hussein qui pousse ainsi les gens à défier tous les obstacles et les probabilités [d’attentat] et à sortir pour pleurer sa mort quatorze siècles après qu’elle soit survenue ? »

Ce qu’il vit dans ce reportage de 60 secondes lui parut tout particulièrement émouvant car les images étaient telles qu’il n’en avait jamais vues. Un sentiment fervent de communauté transformait les pèlerins humains en limaille de fer, s’essaimant en une masse de plus en plus compacte à mesure qu’ils se rapprochaient de ce qui pourrait être décrit comme le champ magnétique irrésistible de Hussein. « Si vous voulez voir une religion vivante, qui respire, pleine de ferveur et de vitalité, venez à Karbala » conclut-il.

 

 

Comment un homme qui a été tué il y a 1334 ans pourrait-il être si vivant et avoir une présence si palpable aujourd’hui, au point de pousser des millions de personnes à soutenir sa cause, et à considérer son sort comme le leur ? Les gens sont peu susceptibles de se laisser entraîner dans un différend (surtout s’il a eu lieu dans des temps anciens), à moins d’avoir un intérêt personnel dans l’affaire. Mais d’un autre côté, si vous avez le sentiment qu’une personne s’est engagée dans un combat pour votre droit à la liberté, votre droit à être traité avec justice et votre droit à une vie digne, vous pourrez considérer que vous avez un intérêt direct dans sa cause, et ressentir de l’empathie avec elle au point où la conversion à ses croyances ne serait pas une possibilité très lointaine.

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Procession des pèlerins devant le mausolée de l'Imam Hussein à Karbala

 

La tragédie ultime

Hussein, le petit-fils du prophète Mohamed, est vénéré par les musulmans comme le « Prince des Martyrs ». Il a été tué à Karbala en un jour qui a été désigné comme ‘Achoura – le dixième jour du mois islamique de Muharram – car il refusait de prêter serment d’allégeance au calife corrompu et tyrannique, Yazid.

Avec sa famille et ses compagnons [72 personnes], il fut encerclé dans le désert par une armée de 30 000 hommes, assiégé jusqu’à ce qu’il manque cruellement de nourriture et d’eau, puis décapité de la manière la plus macabre, un récit épique et captivant rapporté sur les chaires chaque année depuis le jour où il a été tué. Leurs corps ont été mutilés. Dans les mots de l’historien anglais Edward Gibbon, « [Même] dans une époque et un climat lointains, la scène tragique de la mort de Hussein réveillera la sympathie du lecteur le plus froid. »

Les musulmans chiites ont depuis ce jour pleuré la mort de Hussein, en particulier durant le jour de ‘Achoura, puis, 40 jours plus tard, durant le Arbaeen. Quarante jours est la durée habituelle du deuil dans beaucoup de traditions musulmanes. Cette année, Arbaeen tombe le vendredi 12 Décembre [2014].

 

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Ce tableau magnifique est une fresque des derniers instants de la tragédie de Karbala, à la mort des derniers combattants. On y voit le deuil des rescapées de la famille de Hussein, après le massacre et la décapitation de tous leurs proches (dont des enfants et un nouveau-né, et l'Imam Hussein lui-même, atrocement mutilé) et juste avant leur captivité et leur marche forcée à Damas. Seules les femmes ont été épargnées, dont Zaynab, la sœur de Hussein, ainsi que le fils de Hussein, l’Imam Ali « Zayn al Abidine » (qui était gravement malade), le 4e Imam du chi’isme. Tous deux prononceront des discours fameux face au tyran Yazid, à Damas. Pour rappel, l'intervention du Hezbollah en Syrie avait initialement été cantonnée à la protection du mausolée de Zaynab à Damas, que les terroristes de l'État Islamique menaçaient de détruire, ce qui aurait pu entraîner une guerre sectaire sunnites-chiites.

 

Longue marche

J’ai voyagé à Karbala, mon propre foyer ancestral, afin de pouvoir découvrir par moi-même pourquoi cette ville est si enivrante. Ce que j’ai vu m’a prouvé que même l’angle le plus large de l’objectif de la meilleure caméra reste trop étroit pour capturer l’esprit de ce rassemblement tumultueux, mais paisible.

Une avalanche d’hommes, de femmes et d’enfants, mais plus visiblement de femmes voilées de noir, remplit l’œil d’un bout de l’horizon à l’autre. Les foules étaient tellement énormes qu’elles causaient un encombrement sur des centaines de kilomètres.

Les 500 kilomètres de distance entre la ville portuaire méridionale de Bassora et Karbala constituent déjà un long voyage en voiture, mais c’est un périple incroyablement difficile à pied. Il faut deux semaines complètes aux pèlerins pour réaliser ce parcours. Des gens de tous les groupes d’âge crapahutent sous le soleil brûlant pendant la journée, et dans un froid glacial durant la nuit. Ils voyagent à travers un terrain accidenté, sur des routes inégales, à travers des bastions terroristes et des marais dangereux, et sans même l’équipement de voyage ou les commodités les plus élémentaires, les pèlerins emportant peu de choses à part leur amour ardent pour « le Maître » Hussein. Drapeaux et bannières leur rappellent, à eux et au monde entier, l’objet de leur voyage :

Ô mon âme, tu es sans valeur après Hussein.

Ma vie et ma mort sont une seule et même chose,
S’ils me prennent pour un fou, peu importe !

Ce message reprend des vers récités par Abbas, le demi-frère de Hussein et son fidèle lieutenant – également tué durant la bataille de Karbala* en l’an 680 de notre ère –, alors qu’il essayait d’aller chercher de l’eau pour ses neveux et nièces qui souffraient terriblement de la soif. Les conditions de sécurité actuelles étant dans l’état catastrophique qui fait de l’Irak le premier titre des informations dans le monde, personne ne doute que cette affirmation est authentique dans toutes les significations.

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Un « mawkeb » sur le chemin de la procession (ici, servant du thé aux pèlerins)


Déjeuner gratuit… et même dîner et petit déjeuner !

Une des parties du pèlerinage qui laissera chaque visiteur perplexe est la vue de milliers de tentes avec des cuisines de fortune mises en place par les villageois qui avoisinent le parcours des pèlerins. Les tentes (appelées « mawkeb ») sont des lieux où les pèlerins reçoivent pratiquement tout ce dont ils ont besoin. Repas chauds, espaces pour se reposer, appels internationaux gratuits pour rassurer des parents anxieux, couches pour bébés, etc., pratiquement tous les équipements dont peuvent avoir besoin les pèlerins sont fournis gratuitement. De fait, les pèlerins n’ont pas besoin de transporter quoi que ce soit sur ce parcours de 500 kilomètres, sauf les vêtements qu’ils portent.

Plus intrigante est la façon dont les pèlerins sont invités à manger et à boire. Les personnes qui organisent les « mawkeb » interceptent les pèlerins sur leur chemin et les prient instamment d’accepter leurs offres, qui incluent souvent une suite complète de services dignes de rois : on vous propose d’abord un massage des pieds, puis on vous offre un délicieux repas chaud, et vous êtes invités à vous reposer tandis que vos vêtements sont lavés et repassés, puis vous sont restitués après votre sieste. Tout cela gratuitement, bien entendu.

À titre de comparaison, considérez ceci : à la suite du tremblement de terre en Haïti, et avec la sympathie et le soutien du monde entier, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies a annoncé la livraison d’un demi-million de repas au plus haut degré de ses efforts de secours. L’armée des États-Unis a lancé l’opération Réponse unifiée, réunissant les ressources massives de divers organismes fédéraux et annonçant que dans les cinq mois suivants la catastrophe humanitaire, 4,9 millions de repas avaient été livrés aux Haïtiens. Maintenant, comparez cela avec plus de 50 millions de repas par jour pendant Arbaeen, ce qui équivaut à environ 700 millions de repas pour la durée du pèlerinage, le tout financé non pas par l’Organisation des Nations Unies ou des organisations caritatives internationales, mais par des travailleurs et des agriculteurs pauvres qui se serrent la ceinture pour pouvoir nourrir les pèlerins et peuvent économiser durant toute l’année afin que les besoins des visiteurs soient satisfaits. Tout, y compris la sécurité, est assuré principalement par des volontaires, dont les combattants ont un œil sur Daech et un autre sur la protection du parcours des pèlerins. « Pour savoir ce que l’Islam enseigne, dit un organisateur de mawkeb, ne regardez pas les actions de quelques centaines de terroristes barbares, mais les sacrifices altruistes dont font preuve des millions de pèlerins pour Arbaeen. »

De fait, Arbaeen devrait être répertorié dans le Livre Guinness des records dans plusieurs catégories : le plus grand rassemblement annuel, la plus longue table à manger en continu, le plus grand nombre de personnes nourries gratuitement, le plus grand groupe de bénévoles participant à un seul événement, le tout sous la menace imminente des attentats-suicides.

 

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Un « mawkeb » sur le chemin de la procession (ici, servant de la nourriture aux pèlerins)

Dévotion inégalée

Le seul fait de contempler ces multitudes est à couper le souffle. Ce qui rend cette scène plus spectaculaire encore est que tandis que les conditions de sécurité se détériorent, de plus en plus de personnes sont prêtes à défier les menaces terroristes et à participer à cette marche en guise de protestation. Ainsi, le pèlerinage n’est pas un simple exercice religieux, mais une affirmation courageuse de résistance. Des vidéos mises en ligne montrent des kamikazes se faire exploser au milieu des pèlerins, avec pour seule conséquence des foules qui se font toujours plus nombreuses, et chantent à l’unisson :

S’ils nous coupent les jambes et les mains,
Nous ramperons jusques aux terres saintes !

Les horribles attentats à la bombe qui se produisent toute l’année, en ciblant principalement des pèlerins chiites et en prenant d’innombrables vies, illustrent les dangers auxquels sont confrontés les chiites vivant en Irak, et l’insécurité qui continue de gangréner le pays. Pourtant, la menace imminente de mort ne semble pas dissuader les gens – jeunes et vieux, Irakiens et étrangers – d’entreprendre le voyage dangereux vers la ville sainte.

Il n’est pas facile pour un étranger de comprendre ce qui inspire les pèlerins. On voit des femmes transportant des enfants dans leurs bras, des vieillards en fauteuil roulant, des gens sur des béquilles, et des personnes âgées aveugles tenant des bâtons de marche. J’ai rencontré un père qui avait parcouru tout le chemin depuis Bassora avec son garçon handicapé. Cet enfant de 12 ans avait une paralysie cérébrale et ne pouvait pas marcher sans aide. Ainsi, durant une partie de la marche, le père avait placé les pieds du garçon sur les siens et marchait avec lui en le tenant par les aisselles. C’est le genre d’histoire à partir desquelles des films oscarisés sont réalisés, mais il semble que Hollywood soit plus intéressé par les héros de comics que par ceux de la vie réelle dont les super-pouvoirs sont le courage et le dévouement.

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Un fidèle handicapé sur le chemin du pèlerinage

 

Le Dôme d’or de Hussein

Les visiteurs du sanctuaire de Hussein et de son frère Abbas ne sont pas motivées par la seule émotion. Ils pleurent au souvenir de sa mort atroce, et, ce faisant, réaffirment leur engagement en faveur de ses idéaux.

La première chose que les pèlerins font après avoir atteint son sanctuaire est de réciter la Ziyara, un texte sacré qui rappelle le statut de Hussein. Ils commencent cette récitation en appelant Hussein l’ « héritier » d’Adam, de Noé, d’Abraham, de Moïse et de Jésus. Il y a quelque chose de profond dans cette proclamation. Elle montre que le message de Hussein, un message de vérité, de justice et d’amour pour l’opprimé, est considéré comme une extension inséparable de tous les prophètes divinement nommés.

Les gens ne vont pas à Karbala pour s’émerveiller devant le paysage de la ville – luxuriant de palmiers-dattiers –, pour admirer la beauté architecturale du mausolée, pour faire des achats, se divertir, ou visiter des sites historiques anciens. Ils y vont pour pleurer. Pour faire leur deuil et ressentir l’aura angélique de Hussein. Ils entrent dans le sanctuaire sacré en pleurant et en se lamentant sur le plus grand acte de sacrifice de l’histoire.

 

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Fidèles autour du tombeau de l'Imam Hussein, à l'intérieur du mausolée


C’est comme si chaque individu avait établi une relation personnelle avec cet homme qu’il n’a jamais vu. Ils lui parlent et l’appellent par son nom ; ils saisissent les cloisons de son tombeau ; ils embrassent le sol conduisant au sanctuaire ; ils touchent ses murs et ses portes de la même manière qu’on touche le visage d’un ami perdu depuis longtemps. C’est une vision pittoresque aux proportions épiques. Ce qui motive ces gens est quelque chose qui nécessite une compréhension de la nature et du statut de l’Imam Hussein et de la relation spirituelle que ceux qui ont appris à le connaître ont développée avec sa légende vivante.

Si le monde comprenait Hussein, son message et son sacrifice, il commencerait à comprendre les racines anciennes de Daech [l’Etat Islamique] et son credo de mort et de destruction. C’est il y a des siècles, à Karbala, que l’humanité a assisté à la genèse de monstruosités insensées, incarnées dans les assassins de Hussein. Ce fut le combat des ténèbres les plus obscures contre la lumière brillante et absolue, de l’exhibition de vice contre l’archétype de vertu, ce qui explique la puissance du spectre de Hussein aujourd’hui. Sa présence est primordialement tissée dans toutes les facettes de la vie des pèlerins. Sa légende encourage, inspire, et se fait le champion du changement pour un monde meilleur, et aucune black-out médiatique ne pourra éteindre sa lumière.

« Qui est donc ce Hussein ? » Pour des centaines de millions de ses partisans, une question si profonde, qui peut inciter les gens à renoncer à leur religion pour une autre, ne peut recevoir de réponse qu’après un pèlerinage à pied au sanctuaire de Hussein.

 

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Le « Dôme d'or », mausolée de l'Imam Hussein

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* Il y a eu, en fait, deux batailles de Karbala : celle de 680, que commémorent les Chiites, au cours de laquelle l’imam Hussein, petit-fils du Prophète, a trouvé la mort, et celle de 2003, qui a opposé les forces de la « Coalition » (USA & C°) aux forces de défense irakiennes (principalement composées de Fedayin), qui s’est déroulée du 31 mars au 6 avril et a précédé la prise de Bagdad. [NdGO].

Voir également :

Discours de Sayed Hassan Nasrallah durant la cérémonie commémorant le 40e jour après ‘Ashura (03/01/2013)

On peut consulter (en anglais) : Histoire de la tragédie de Karbala

Et : Une « latmiya », commémoration type du martyre de Hussein chez les chi'ites (persan)

 

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Hassan Nasrallah : L'État Islamique est la plus grande distorsion de l'Islam dans l'Histoire (VOSTFR)


Voir également :

Discours de Sayed Hassan Nasrallah durant la cérémonie commémorant le 40e jour après ‘Ashura (03/01/2013)

 

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Vous souvenez-vous de l’article d’Israël Shamir, intitulé « Août 14 », que nous vous avions signalé le 3 septembre ?  (C’est ici tout à la fin. )

Eh bien, il y avait une suite et nous l’avons ratée ! Il n’est jamais trop tard pour bien faire. D’ailleurs, le propre des articles de Shamir, c’est qu’ils vieillissent comme le bon vin, peu importe quand on les boit. Le voici donc :

 

Août 14 – (Deuxième partie)

par Israël Adam Shamir – Septembre 2014

 

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« La Syrie et l’Ukraine sont deux champs de bataille en perspective...»

 

Les raisons du cessez-le-feu

La phase aigüe de la crise ukrainienne est passée à partir de la signature du cessez-le-feu de Minsk. On ne saurait prédire combien de temps il va être effectif, et s’il va évoluer vers une paix stable; mais déjà cette pause offre une occasion de revenir sur les politiques et stratégies des deux côtés. La première partie de cet essai traitait de la crise ukrainienne jusqu’à l’incident du Boeing. J’écrivais que les résultats obtenus par les rebelles étaient bien ternes et je concluais que « sans engagement russe franc, un mouvement séparatiste en Novorussie était voué à l’échec. »

Après la catastrophe aérienne, les Russes ont fait de la paix en Ukraine leur priorité. Paradoxalement, ceci exigeait un engagement plus grand de la part des Russes. Depuis le début, le Département d’État a eu beau prétendre le contraire, Poutine ne voulait pas la guerre en Ukraine, et encore moins contre l’Ukraine. Il aurait préféré que l‘Ukraine reste neutre et amicale. L’intervention n’était pas prévue au menu, de son point de vue, lorsque les US ont entrepris d’attaquer la Russie par le biais de l’Ukraine, ou du moins, de renforcer leur emprise sur l’Europe en utilisant l’épouvantail russe. Et Poutine a continué à traîner des pieds, en espérant que les choses s’arrangeraient d’elles-mêmes.

Mais il avait mal fait son calcul. Il n’avait pas compté avec les ardeurs belliqueuses de Porochenko, sur la disposition du nouveau gouverneur de Kiev pour infliger de grands carnages aux civils et pour y sacrifier sa propre armée. C’était la surprise, après la transition pacifique qui avait eu lieu en Crimée, car Poutine avait des raisons d’espérer que Kiev écouterait les revendications du Donbass. Poutine ne pouvait pas abandonner le Donbass en flammes et oublier toute l’affaire.
Un million de réfugiés sont déjà passés d’Ukraine en Russie; la poursuite de la guerre de Kiev au Donbass aurait pu provoquer un afflux de réfugiés de l’ordre de cinq millions, trop pour que la Russie puisse les absorber.

Poutine était prêt à négocier avec Porochenko et à s’entendre sur des bases pacifiques; mais Porochenko a refusé. Le soutien aux rebelles du Donbass, de basse intensité, ne suffisait pas pour changer les règles du jeu et pour forcer Porochenko à négocier. Cela exigeait une victoire limitée, au prix d’un relatif engagement russe.
Mais cet engagement a suffi pour modifier rapidement la situation. Devant sa défaite dans la ville portuaire de Marioupol, Kiev a accepté les propositions de Poutine. L’engagement pouvait-il aller jusqu’à l’invasion ? Je n’ai pas accès aux secrets d’État, mais je vais partager avec vous ce que j’ai entendu dire, vu et compris.
Premièrement, comparons la Russie au Vietnam d’il y a cinquante ans.

• Le Vietnam était divisé entre le Sud et le Nord, par l’œuvre de l’Occident, de même que l’URSS a été divisée entre Ukraine et Russie par l’Occident.

• Le Nord Vietnam est devenu indépendant, tout comme la Russie.

• Le Sud Vietnam est resté sous occupation, et l’Ukraine est restée sous occupation occidentale.

• Les habitants du Sud Vietnam se sont dressés contre leur gouvernement mis en place par les USA, et le Vietnam du Nord a soutenu leur lutte.

• Les USA ont présenté la guerre comme une « agression par le Nord Vietnam », mais le Nord et le Sud ne constituaient pas deux États indépendants; il s’agissait d’un seul État, artificiellement scindé par l’Occident.

• De la même façon, les USA présentent maintenant la guerre en Ukraine en termes d’« intervention russe » mais ni la Russie ni l’Ukraine ne constituent deux pays pleinement indépendants; ce sont plutôt deux moitiés d’un seul pays, au regard des Russes comme des Ukrainiens. De leur point de vue, les habitants de l’Ukraine se sont soulevés contre le gouvernement mis en place par les USA, et la Russie indépendante a été forcée de soutenir leur combat.

• Les gens de ma génération se souviennent que les USA ont tué des millions de Vietnamiens, ont bombardé leurs villes et saccagé leur terre sous la bannière de la « résistance à l’agression du Nord Vietnam », mais cela s’est terminé par la réunification du Vietnam. Porochenko est le Ngo Dinh diem de l’Ukraine, Poutine est un improbable Ho Chi Minh de la Russie.

L’engagement russe a consisté tout d’abord à équiper et à entraîner des forces de Novorussie de la même façon que les USA ont entraîné les rebelles syriens en Jordanie, et ensuite il a été permis à certains officiers russes de quitter leur poste pour rejoindre les forces rebelles sur la base du volontariat. Les unités rebelles, entraînées et équipées par la Russie, renforcées par quelques officiers russes, n’étaient pas capables de faire autant de dégâts qu’une armée régulière; leur enthousiasme remplaçait le manque de savoir-faire. Le régime de Kiev a estimé l’ensemble de la présence militaire russe en Ukraine à un millier de personnes; quantité négligeable en comparaison des 50.000 hommes de troupe ukrainiens et des 30.000 rebelles en armes, mais ce sont eux qui ont fait la différence. Encore plus important : le commandement stratégique et le renseignement, fournis par des stratèges à la retraite de l’État-major russe.

Des gens présents sur le terrain m’ont dit que le chef militaire en Novorussie, le colonel Strelkov (dont j’ai parlé dans la première partie de cet article) n’avait pas d’expérience du commandement dans des opérations à grande échelle, et que malgré son courage personnel il n’a pas pu mener à la victoire une force de 30.000 hommes. Apparemment, on lui a demandé de laisser le commandement à des professionnels plus expérimentés. Ce sont eux qui ont rapidement amélioré la situation en stabilisant le lien entre la Russie et l’enclave tenue par les rebelles. L’armée de Kiev a été chassée des villes de Donetsk et de Lougansk.

Une force rebelle supplémentaire a franchi la vieille frontière entre Russie et Ukraine, s’enfonçant loin au sud de Donetsk et tout près de Marioupol, importante ville portuaire sur la mer d’Azov. La vitesse éclair de l’attaque de Marioupol a modifié l’équilibre sur le terrain. Après cela les rebelles ont pu avancer vers Melitopol, et viser même Kakhovka, site de batailles féroces lors de la guerre civile en 1919. S’ils devaient prendre Kakhova, ils pourraient parfaitement sécuriser toute la Novorussie ou même reprendre Kiev. Ces développements ont prouvé à Porochenko qu’il avait besoin d’un cessez-le-feu. Il a accepté la formule de Minsk et l’armistice s’est mis en place. Les rebelles étaient outrés par l’armistice, parce qu’ils ont eu l’impression qu’on leur volait la victoire, mais ils ont été convaincus par les Russes qu’il valait mieux préserver le Donbass.

 

Les sanctions

Pour le principal antagoniste de la Russie, les USA, le cessez-le-feu était un recul mineur. Washington aurait préféré que les Russes de Russie et d’Ukraine s’entretuent, mais il fallait tenir compte de la faiblesse des forces de Kiev. En 1991, lors de l’implosion de l’URSS, l’Ukraine avait hérité d’une armée bien mieux équipée et plus forte que celle de la Russie, mais vingt ans de détournements en ont fait un organe affaibli. Lorsque l’armée de Kiev aura été vitaminée par les mercenaires occidentaux et par les soldats de l’Otan, la guerre pourra toujours se rallumer, à moins qu’un règlement politique intervienne d’ici là.

Pendant ce temps-là, les USA ont appliqué plusieurs mesures de guerre économique contre la Russie. Le terme de sanctions nous égare. Des sanctions, à proprement parler, ce sont des actes d’une autorité légitime envers ses sujets; ainsi les sanctions du Conseil de Sécurité. Mais les mesures des USA et de l’UE contre la Russie ne sont que des actes de guerre contre la Russie, menés par le biais économique

Certaines « sanctions » visaient les plus puissants des Russes de l’entourage de Poutine. L’idée était d’amener ces hommes puissants à comploter et à se débarrasser du ce président populaire. Ce cercle de personnalités sanctionnées a ensuite été élargi jusqu’à inclure de nombreux parlementaires et hommes d’affaires, tandis que les Russes ordinaires prenaient les sanctions à la légère, se réjouissant même des désagréments qu’elles causent aux richards de ce pays. Poutine a plaisanté, soulignant que les interdictions de voyager, contre des législateurs au sommet, leur laisseraient plus de temps pour s’occuper de leurs administrés.

D’autres sanctions visaient l’économie russe : les banques, le crédit ont été touchés; les alliés des USA se sont vu interdire de transférer leur technologie de pointe vers la Russie. Les Russes sont habitués à ce traitement : en fait, à l’époque soviétique, cela s’appelait le CoCom (le comité de coordination pour le contrôle multilatéral des exportations), un embargo sur l’approvisionnement en technologie de pointe pour les pays socialistes. C’était un obstacle puissant à leur développement; si d’autres pays pouvaient acheter de la technologie de pointe ailleurs, par exemple au Japon, les Russes et les Chinois devaient la détourner ou la réinventer. Le CoCom est l’une des raisons pour lesquelles les soviétiques ont pris du retard, après la Deuxième Guerre mondiale, en comparaison des années 1930, quand les soviétiques pouvaient acquérir la technologie la plus pointue de l’époque, ce qu’ils n’ont pas manqué de faire. Apparemment, Obama a ressuscité le CoCom; et c’est là la menace la plus sérieuse contre la Russie jusqu’à maintenant.

Tout cela aura un effet puissant, de différentes manières, non seulement quant aux bénéfices pour la Russie mais aussi au niveau de leur façon de penser. Après 1991, la Russie a bradé plusieurs de ses propres industries, en particulier en matière d’aviation, et s’est mise à acheter des Boeings ou des Airbus. Maintenant, il va falloir qu’ils fabriquent leurs propres avions. La Russie est pleinement intégrée au système bancaire occidental et a placé des milliards en titres US. La Russie a utilisé ses bénéfices pétroliers pour acheter du fromage de Hollande, des pommes polonaises, du vin italien, tout en négligeant sa propre production d’aliments. Sous les sanctions occidentales, les Russes vont probablement renoncer à bien des actions de coopération internationale, et commencer ou recommencer à développer leurs propres industries et agriculture. Cela coûtera cher, les projets sociaux en souffriront. La prospérité des dix dernières années pourrait bien s’évanouir

La Russie a appliqué des contre-sanctions et l’a fait avec modération. Elle a cessé d’importer des aliments des pays qui la sanctionnent, ce qui fait pression sur les producteurs agricoles européens. Cette mesure pourrait avoir du poids en Europe. En France, pour la première fois, cela peut amener Mme Le Pen, du Front national, à l’Élysée, dans la mesure où les deux partis officiels sont également liés aux USA. La Finlande, la Slovaquie, la Grèce vont soupeser la possibilité de quitter l’UE aussi. En Russie, la classe pro-occidentale, toute clinquante et caquetante, a été absolument scandalisée de la disparition des huîtres et du parmesan; les prix alimentaires ont grimpé partout, mais graduellement.


Les sanctions après le cessez-le-feu

Les Russes ont été sidérés par la réponse occidentale, qui a consisté à élargir encore les sanctions, malgré le cessez-le-feu en Ukraine. Apparemment, ils pensaient et espéraient que la coexistence amicale antérieure avec les USA allait reprendre dès qu’ils lâcheraient le fardeau de la Novorussie. Les élites au pouvoir en Russie étaient prêtes à accepter leurs lourdes pertes stratégiques en Ukraine et à vivre avec. Mais c’était compter sans les USA. Parce que Washington exigeait encore plus de sanctions.

Lentement, ce qui qui transpire, c’est que pour l’administration US, la crise ukrainienne ne constituait guère qu’une explication plausible et un prétexte pour attaquer la Russie. Pour se trouver à couvert, Obama a ouvert le Second Front contre la Russie au Moyen Orient; ostensiblement, contre la chimère du Califat, mais en fait avec un tout autre objectif.

L’ISIS (ou ISIL, IS, Daish ou Califat) est un projet de néo-colonisation de la Syrie et de l’Irak. La technique nous est familière : les Anglo-américains créent un démon, le nourrissent jusqu’à ce qu’il atteigne son plein épanouissement, puis le détruisent et s’emparent du territoire. Ils avaient créé Hitler, ils l’ont soutenu, pour ensuite le démoniser et l’ont fait démolir par l’intermédiaire des Russes*. L’Allemagne reste un pays occupé jusqu’à aujourd’hui. Al-Qaida a été créé dans les années 1980 pour combattre les Russes en Afghanistan, puis a été utilisé pour créer le casus belli en 2001. Et l’Afghanistan est toujours occupé. L’ISIS a été mis en place pour combattre les Russes en Syrie, et maintenant, ils s’en servent pour bombarder l’Irak et la Syrie. Au final, les USA vont contrôler et occuper tout le Croissant Fertile, avec Israël comme pièce maîtresse. Certaines personnes tournées vers la religion pourront y voir l’accomplissement de la prophétie du Grand Israël du Nil jusqu’à l’Euphrate.

Les Russes, comme les gens du Moyen Orient, ne croient pas à l’histoire officielle du sauvetage d’un monde menacé par l’ISIS. Ils se rappellent que, tout récemment encore, l’ISIS était censé être une force modérée qui se battait en Syrie pour la démocratie, contre un tyran sanguinaire. Ils pensent que les USA utilisent leur joujou monstrueux pour briser l’Irak, créer un Kurdistan « indépendant », bombarder la Syrie, chasser Bachar al Assad du pouvoir et dérouler un nouvel oléoduc depuis le Qatar via le Kurdistan et la Syrie, jusqu’en Turquie et en Europe, rejetant la Russie hors du marché du gaz européen, de façon à assurer la chute des revenus russes et la fin des liaisons dangereuses entre Européens et Russes.

Les Russes n’aiment pas plus les extrémistes islamiques takfiristes que quiconque, de sorte qu’ils ont été surpris que dans l’esprit des mandarins US, il y ait une connexion entre ISIS et Russie. Robert Whitcomb, éditorialiste du Wall Street Journal dit dans un essai intitulé « Quelques vœux pieux à propos de Poutine et de l’État islamique » que tous deux sont en quelque sorte semblables dans leur pure perversité. « Nous pourrions sourire devant ces fresques de la Renaissance où de petits diables s’agitent. Nous ne voulons pas admettre qu’il y ait du diabolique dans notre univers. Mais si on regarde du côté de l’État islamique et du régime de Poutine, on réalise qu’en 1500 ces gens-là mijotaient déjà quelque chose » (vous ne serez pas étonnés d’apprendre que Whitcomb déteste l’Islam et adore Israël, n’est-ce-pas ?)

Anne-Marie Slaughter, ancien membre du Département d’État et professeur à Princeton, a appelé à l’intervention en Syrie pour donner aux Russes une leçon : « La solution à la crise en Ukraine se trouve en partie en Syrie. C’est la reculade d’Obama sur la question du lancement de missiles sur la Syrie, en août de l’année dernière, qui a donné des ailes à Poutine pour annexer la Crimée. Il est temps de réorienter les calculs de Poutine, et la Syrie est le lieu indiqué pour cela. Une frappe US contre le gouvernement syrien, maintenant, modifierait la dynamique tout entière. Après la frappe US, France, et Grande Bretagne demanderaient au Conseil de Sécurité un accord rétrospectif pour la décision prise, comme ils l’avaient fait pour le l’intervention de l’Otan au Kosovo en 1999. Et, ce qui est aussi important, les tirs US en Syrie résonneront puissamment en Russie »**.

En Russie, il y a quelques voix pour appeler au soutien des frappes US en Syrie. D’importants politiciens et parlementaires proposent de refaire le coup de 2001, quand les Russes ont soutenu la guerre US contre le terrorisme, malgré des conséquences fâcheuses. (Rappel : depuis 2001, l’Afghanistan est occupé par les USA et le trafic de drogues en direction de la Russie et de l’Europe s’est trouvé multiplié par vingt). En fait, il y a beaucoup de politiciens pro-occidentaux au pouvoir en Russie, et particulièrement dans les médias russes. Jadis, l’Occident avait la liberté d’expression, tandis que la Russie soviétique parlait d’une seule voix. Maintenant, les choses se sont inversées : la Russie jouit du pluralisme des points de vue et de la liberté d’expression, tandis qu’à l’Ouest, les points de vue alternatifs n’existent que dans les marges du discours public.

Pourquoi les USA veulent-ils tellement soumettre la Russie, alors que la Russie n’a pas d’ambitions disproportionnées et qu’elle est généralement accommodante face aux exigences US ? Les USA, c’est quelque chose de spécial, car ces héritiers de l’empire britannique guidés par l’esprit juif sont le seul pays qui ait jamais été mu par le désir unique, ruineux et pesant de commander l’ensemble de la planète Terre. Ils envisagent toute force indépendante dans l’univers comme un défi intolérable. Ils pensent que la Russie, avec ses armes nucléaires et sa population éduquée, peut devenir trop forte et désobéissante. La Russie est un mauvais exemple pour l’Europe, le Japon, la Chine, l’Inde aussi, car ces pays pourraient basculer vers l’indépendance. La Russie, avec son pétrole et son gaz, peut miner le statut du dollar en tant que monnaie internationale. Les armes russes pourraient protéger l’Iran et la Syrie de l’agressivité américaine.

Pour toutes ces raisons, une guerre entre les USA et ses relais contre la Russie semble très probable. La Syrie et l’Ukraine sont deux champs de bataille en perspective, où l’affrontement des volontés précède la bataille d’acier. La guerre peut être conventionnelle ou nucléaire, régionale ou à l’échelle mondiale. L’enjeu, c’est la domination globale des USA sur tous les plans. Nombreux sont les Russes qui préfèreront une guerre à ce projet sinistre.

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* Nous pensons qu’ils ne l’ont démonisé que lorsqu’il a été irrémédiablement battu par l’Union Soviétique, afin de pouvoir intervenir sur le terrain et arrêter la marche de l’Armée Rouge, à laquelle rien ne se serait opposé jusqu’au mur de l’Atlantique. La preuve en est que Winston Churchill a voulu attaquer l’URSS aussitôt le Reich vaincu. [NdGO]

** Il a bonne mine, Raimondo, avec ses « trois mégères de l’Apocalypse ». Elles sont au moins douze. ! [ NdGO]

Les passages soulignés le sont par nous.

Traduction: Maria Poumier - http://www.plumenclume.net/

Contact: adam@israelshamir.net

0. israel_shamir2.jpg

11. l'autre visage d'israel.jpeg

 

 

AlQalam – 2004 – 416 pages

Préface de Silvia Cattori

 

Pour plus d’informations :

http://www.israelshamir.net/French/Fr12.htm

http://www.israelshamir.net/French/Fr14.htm

 

 

 

 

12. bataille du discours.jpeg

 

 

 

 

 

 

Booksurge – éd. illustrée – 2008

493 pages

 

 

 

 

 

 

 

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Addendum

Encore un qu’on avait sauté. Sans rapport avec religions ou philosophies. Il s’agit de technologie. Mais de technologie chez les ayatollahs…

Vous vous souvenez du drone US supersophistiqué descendu et capturé intact par les Iraniens ? Suite de l’histoire :

 

Ingénierie Aéronautique Iranienne : L’Exploit !

par Georges Stanechy – À contre-courant

18 novembre 2014

[ N.B. : Texte publié le 15 novembre 2014, sur le Blog : Iran : Analyses et Perspectives ]

« D’un point de vue du secret, c’est comme si on avait fait tomber une Ferrari dans une culture technologique du char à bœuf »… Métaphore méprisante de Richard Aboulafia, analyste au Teal Group (expertise en aéronautique et spatial),(1).

Emblématique de  l'arrogance indécrottable des responsables US et de leurs « experts militaires ». Face à la magistrale opération de contrôle, le 4 décembre 2011, par la Division « Guerre Electronique » des forces armées Iraniennes de leur drone le plus sophitiqué : le RQ-170 Sentinel.

L’appareil avait pénétré l’espace aérien Iranien, se croyant indétectable pour l’avoir effectué précédemment à plusieurs reprises, sur une profondeur de 225 km au nord-est du pays. Survolant Kāshmar, capitale de la province de Razavi Khorasan, à 926 km de Téhéran.

Nuance de taille : la « Ferrari » n'est pas tombée du ciel...

Les Iraniens s'en sont emparés !...

 

13. Drone Iran.JPG

Lire la suite…

 

Source : http://stanechy.over-blog.com/2014/11/ingenierie-aeronautique-iranienne-l-exploit.html

 

 

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Le pape a parlé d’esclaves en Europe ?

Le Home Office confirme : 13.000 en Angleterre

(Les brèves de RT sont en  anglais)

14. UK modern slavery.jpg

L’an dernier, on les avait estimés à 2744, dont 600 enfants. Mais on était loin de compte. Cette année, le chiffre a quadruplé.

Sources : Forces de police et œuvres charitables.

http://rt.com/uk/209939-uk-modern-slavery-statistics/

 

15. marriage-scandal.si.jpg

Une Slovaque de 20 ans, enceinte, vendue par un simulacre de mariage. La police de Manchester arrête dix hommes et deux femmes.

http://rt.com/uk/205123-trafficking-abortion-marriage-scandal/

 

16. human-trafficking-uk-report2.si.jpg

Marqués comme du bétail – Le rapport fait état de « hordes » de victimes, y compris des enfants, vendues au Royaume Uni.

http://rt.com/uk/191864-human-trafficking-uk-report/

 

00. doctor.si.jpg

Vingt-deux ans de prison à un médecin de Cambridge, pour avoir abusé sexuellement de 18 de ses petits patients atteints de cancer. 

http://rt.com/uk/210399-pedophile-doctor-jailed-abuse/

 

 

Pourtant Dutroux-prédateur-isolé, est derrière les barreaux.

 

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Dernière minute :

Thierry Meyssan sur le limogeage de Chuck Hagel

« ... En premier lieu, il a coupé bien des passerelles entre les Forces US et Tsahal. Puis, il a procédé à de colossales coupes budgétaires, sauf dans le domaine nucléaire. Durant son mandat, il n’a cessé d’être attaqué par les pro-Israéliens, les néo-conservateurs et les organisations gays (financées par les précédents)... »

Obama a-t-il encore une politique militaire ?

http://www.voltairenet.org/article186084.html

 

 

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Mis en ligne le 1er décembre 2014.

 

 

 

 

17:48 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

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