23/09/2010

Ne voilà pas de braves messagers qui vont errants par pays estrangers

 

 

Ne voilà pas de braves messagers
Qui vont errants par pays estrangers

  

Vous avez dit Roms ?

Oui, et guerre nucléaire mondiale.


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Tandis que l’Invincible Armada fonce sur Téhéran et sur Pyongyang, et que Marie s’escrime sur la déglingue de la Belgique soigneusement programmée et orchestrée par nos bons maîtres (merci, prince !), Catherine continue d’écumer les bibliothèques publiques, en ce compris Internet, qui en est une fameuse. Avant que le ciel lui tombe sur la tête, elle vous livre en vrac, ici, ses trouvailles. Et comme elle est infichue de faire court, ce post interminable est découpé en plusieurs tranches (quatre).


Votre webmaîtresse.



Chers tous,

Je commencerai par Internet.
D’abord, que tous ceux d’entre vous qui se passionnent pour l’Histoire la plus ancienne comme la plus récente, pour la politique et pour la morale, se jettent sur le dernier opus d’Aline de Diéguez. Ils y trouveront ample matière à réflexion, autant qu’à saine indignation (M.Mahmoud Abbas vient une fois de plus, en effet, de tenir à justifier aussi sanguinairement qu’il était en lui l’opinion exécrable qu’il a su inspirer à cette dame).




Aux sources du chaos mondial actuel



gravure-dore-bible---abraha.jpgIII

Israël, du mythe à l'histoire


        "L'organisation sociale des hommes ressemble beaucoup à celle des rats qui, eux aussi, sont, à l'intérieur de la tribu fermée, des êtres sociables et paisibles mais se comportent en véritables démons envers des congénères n'appartenant pas à leur propre communauté."


        Konrad Lorenz , L'agression, une histoire naturelle du mal


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                  1 - Il était une fois un ciel vide et une terre toute petite...
                  2 - Le dieu de la tribu
                  3 - Du polythéisme à l'hénothéisme. Une déité mixte
                  4 - Les fondements religieux du comportement d'Israël
                  5 - Où l'on voit Samson essayer d'ébranler les colonnes du temple
                  6 -  Religion et morale
                  7 -  Où l'on comprend que la "bibliothèque de Babel" de Jorge Luis Borges situe Israël  
                        dans le Cosmos    
                  8 -  Où l'on suit de hardis explorateurs se lançant à l'assaut du mythe
                  9 -  Où l'on découvre comment le mythe crée un corps collectif et le pérennise
                10 -  Où l'on assiste à la chute du mythe dans la politique. Il était une fois Israël ...
                11 -  Une question de psychophysiologie
                12 -  Où l'on observe le "peuple élu" confronté à l'insurrection morale des peuples du
                         monde
                13 -  Où l'on verra le mythe prendre la forme d'une montgolfière cosmique



Lire la suite :  http://aline.dedieguez.pagesperso-orange.fr/mariali/chaos...

 

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Les mêmes, mais aussi les autres, feront bien de ne pas laisser passer sans un maximum d’attention le remarquable « point » que fait de notre peu enviable situation M. Georges Stanechy, sur son blog À contre-courant, que je pille une fois de plus sans vergogne. Je recommande la note 6 à ceux qui n’étaient pas nés.




IRAN, WAR GAMES ET SINUOSITÉS STRATÉGIQUES

 

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C’est ici :

http://stanechy.over-blog.com/article-iran-war-games-et-sinuosites-strategiques-55658839.html

 



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Autre lecture impérative (ça ne vous agace pas « incontournable » ?) : celle du premier discours prononcé en public par M. Fidel Castro (84 ans aux récentes prunes) depuis la grave maladie qui l’a frappé en 2006. Il l’a réservé à l’université de La Havane, tout comme, d’ailleurs, M. Serguei Lavrov, chef de la diplomatie russe, vient d’en prononcer un, d’importance indiscutable pour l’Europe, devant les étudiants de l’Institut des relations internationales de Russie (MGIMO)    
http://fr.rian.ru/world/20100901/187335523.html
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Ce n’est pas un discours gai que celui de Fidel Castro. Il n’y a rien dans les affaires du monde qui incite à la rigolade.

Ayant amené le peuple cubain à un niveau de conscience et de responsabilité rarement atteint par un ensemble humain pendant tout le cours d’un demi-siècle, le comandante s’est attelé, depuis peu, à deux tâches : crier casse-cou aux sept milliards de zozos qui courent à leur perte avec l’empressement écervelé des rats de Hans le Joueur de flûte et préparer ses compatriotes à ce pire qu’ils ne méritent pas.

 

fidel cazstro 9.JPGQuiconque sait lire entre les lignes ne peut ignorer ce que cet homme, qui devrait pouvoir mourir en paix après avoir échappé à plus de six cents attentats et usé dix présidents des États-Unis, ne cesse d’instiller dans le cerveau de ceux qui l’écoutent ou le lisent : si je ne réussis pas à convaincre cette foutue humanité suicidairement passive, tout ce que nous avons accompli ensemble depuis cinquante ans va se trouver réduit à néant. Il se peut même que notre espèce tout entière disparaisse. Il se peut aussi que les monstres malades aujourd’hui à l’oeuvre réussissent « seulement » dans leur projet de nous renvoyer tous à l’âge de pierre ( à pire que l’âge de pierre, car il était innocent !). Il se peut que Cuba n’échappe pas à la catastrophe universelle. Si tel est le cas, il faut vous préparer à voir sans broncher anéantir le résultat de siècles de luttes et d’efforts, et à tout reprendre à zéro sans désespérer. Le désespoir n’est pas digne et ne mène à rien. Courage.

Gouverner par la persuasion : cela ne s’était pas vu depuis Robespierre. La campagne d’un seul homme contre tous que mène actuellement cet octogénaire malade est l’entreprise la plus héracléenne que notre planète ait vu de longtemps. Que cette dernière bataille soit une dernière victoire ! C’est ce que, très égoïstement, on lui souhaite.

Texte de ce discours :  
http://www.legrandsoir.info/Message-aux-etudiants-cubains.html

Discours Castro 2.JPG

 

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Mais nous avions dit « Roms » ! J’y viens.

Nul n’ignore les contorsions récentes des Ubus d’Outre-Quiévrain. Même moi, qui n’ai pas la télévision et ne lis pas les journaux, j’en ai entendu parler. Plutôt que vous infliger davantage de ma prose, je m’en vais reproduire ce que vient de publier sur son blog Journal d’un avocat Maître Eolas (pseudonyme d’un avocat du barreau de Paris), car on ne saurait mieux dire.

 

Roms, uniques objets de mon ressentiment...  (Acte 1)
Maître Eolas


Le Gouvernement a donc décidé, pour des motifs d’opportunité politique assez évidents sur lesquels je ne m’étendrai pas, ayant assez de choses à dire par ailleurs, de mettre en œuvre une politique d’expulsion, au sens premier du terme : « pousser dehors », les Roms étrangers vivant en France.

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Ils sont fous, ces Roms, hein ?

Avant d’aller plus loin, qu’est-ce qu’un Rom ? Rom vient du mot Rrom, en langue romani (l’orthographe a été amputé d’une lettre en français, la double consonne initiale n’existant pas dans cette langue), qui signifie « homme » au sens d’être humain (féminin : Roma ; pluriel : Romané). Il s’agit d’un peuple parti, semble-t-il (la transmission de la culture étant orale chez les Roms, il n’existe pas de source historique fiable, mais tant la langue romani parlée par les Roms que la génétique confirme l’origine géographique indienne), du Nord de l’Inde (Région du Sindh, dans l’actuel Pakistan, et du Penjab pakistanais et indien) aux alentours de l’an 1000 après Jésus-Christ, sans doute pour fuir la société brahmanique de l’Inde qui les rejetait comme intouchables (c’est donc une vieille tradition pour eux que d’être regardés de travers par leur voisin).

Ils sont arrivés en Europe via la Turquie au XIVe siècle, suivant les invasions des Tatars et de Tamerlan, et s’installèrent dans l’Empire byzantin (qui les appelle Ατσίγγανος , Atsinganos, « non touchés », du nom d’une secte pré-islamique disparue, dont les zélotes refusaient le contact physique ; quand les Roms arrivèrent, les byzantins, qu’on a connu plus rigoureux dans leur réflexion, les prirent pour des membres de cette secte), ce qui donnera tsigane, Zigeuner en allemand et Zingaro en italien. Ceci explique que leur foyer historique se situe dans les actuelles Turquie, Roumanie, Bulgarie, pays qui restent les trois principales populations de Roms, et dans les Balkans (ex-Yougoslavie).

Outre des professions liées au spectacle ambulant, les Roms se sont spécialisés dans des professions comme ferronniers et chaudronniers, Γύφτοs, Gyftos, ce qui donnera Gypsies en anglais, Gitano en espagnol, et Gitan et Égyptien en Français (dans Notre Dame de Paris, la Recluse appelle Esmeralda « Égyptienne » ; et Scapin appelle Zerbinette « crue d’Égypte »).

Le roi de Bohême (actuelle république Tchèque) leur accordera au XVe siècle un passeport facilitant leur circulation en Europe, d’où leur nom de Bohémiens. De même, le Pape leur accordera sa protection (Benoît XVI est donc une fois de plus un grand conservateur) Leur arrivée en France est attestée à Paris en 1427 par le Journal d’un Bourgeois de Paris (qui leur fit très bon accueil) — C’est d’ailleurs à cette époque que se situe l’action du roman d’Hugo Notre Dame de Paris.

Pour en finir avec les différents noms qu’on leur donne, Romanichel vient du romani Romani Çel, « groupe d’hommes », Manouche semble venir du sanskrit manusha, « homme », soit le mot Rrom en romani, et Sinti semble venir du mot Sind, la rivière qui a donné son nom à la province du Sindh dont sont originaires les Roms. Sinti et Manouche désignent la même population rom établie dans les pays germanophones et presque intégralement exterminés lors de la Seconde guerre mondiale C’est pourquoi le mot Tsigane, évoquant l’allemand Zigeuner, d’où le Z tatoué sur les prisonniers roms, est considéré comme blessant aujourd’hui .

Il convient ici de rappeler que les Roms ont été, aux côtés des Juifs, les cibles prioritaires de la politique d’extermination nazie. Le nombre de victimes du génocide, que les Roms appellent Samudaripen (« meurtre collectif total »), se situe aux alentours de 500 000, avec pour les Sinti allemands entre 90 et 95% de morts.

Ces mots peuvent être utilisés indifféremment pour désigner les Roms, encore que les siècles d’installation dans des pays différents ont fait apparaître des différences culturelles profondes. Même la langue romani n’est plus un dénominateur commun, puisque les Roms d’Espagne et du sud de la France, les Gitans, parlent le kalo, un sabir mâtiné d’espagnol, depuis qu’une loi espagnole punissait de la mutilation de la langue le fait de parler romani (les espagnols ont un atavisme profond avec les langues, mais c’est un autre sujet).

En 1971 s’est tenu à Londres le Congrès de l’Union Rom Internationale (IRU) qui a adopté le terme de « Rom » pour désigner toutes les populations du peuple rom, d’où l’usage de ce terme dans ce billet (ce que les gitans refusent, eux se disent kalé). Le mot rom ne vient donc absolument pas de Roumanie, ni de Rome, bien que ce peuple se soit installé en Roumanie et auparavant dans l’Empire romain d’Orient.

Je ne puis conclure ce paragraphe sans vous inviter à lire les commentaires de cet article, où je ne doute pas que des lecteurs plus érudits que moi apporteront de précieuses précisions ou, le cas échéant, rectifications.

Tous les chemins mènent aux Roms

Les Gens du voyage sont-ils des Roms ? En un mot, non. Le nomadisme n’est pas une tradition chez les Roms, mais une nécessité historique. Aujourd’hui , entre 2 et 4% des Roms sont du voyage, c’est-à-dire ont fait le choix d’une vie nomade. Et beaucoup de gens du voyage ne sont pas roms, comme les Yéniches, que l’on prend souvent pour des Roms. Les forains sont aussi nomades, mais du fait de leur profession, et pour la plupart ne sont pas Roms. Et si demain, il vous prenait la fantaisie de vivre une vie nomade, vous deviendriez aussitôt Gens du Voyage, sans pour autant devenir Rom (sauf aux yeux des lecteurs du Figaro). Un abus de langage est apparu du fait que la Constitution française interdit toute distinction sur une base ethnique. Le terme de Gens du Voyage, neutre de ce point de vue, est souvent employé aux lieu et place du mot Rom. Or ce ne sont pas des synonymes.

Ce qui d’emblée montre que le problème des occupations illégales de terrains, publics ou privés, par des Roms ne vient pas uniquement du fait que la loi Besson (pas Éric, non, celui qui est resté de gauche, Louis) du 5 juillet 2000, qui oblige les communes de plus de 5000 habitants à prévoir des aires d’accueil, est allègrement ignorée par la majorité des maires.

Quand un Rom viole la loi, c’est mal. Quand l’État viole la loi, c’est la France. Laissez tomber, c’est de l’identité nationale, vous ne pouvez pas comprendre.

La majorité des Roms en France sont Français, et leur famille l’est même depuis plusieurs siècles. Les Roms ont de tout temps adopté le style de vie des pays où ils se sont installés, jusqu’à la religion (ils sont catholiques en France, protestants en Allemagne, musulmans en Turquie et dans les Balkans), et il ne viendrait pas à l’idée d’un Rom de donner à ses enfants un prénom qui ne soit pas du pays où il nait (lire les prénoms des enfants d’une famille rom permet parfois de retracer leur pérégrination ; exemple : Dragan, Mikos, Giuseppe, Jean-Pierre). Cela ne les empêche pas de garder vivace la tradition rom, à commencer par la langue romani, et l’importance primordiale de la famille élargie (la solidarité n’est pas un vain mot chez les Roms). Il est d’ailleurs parfaitement possible qu’un de vos collègues de travail soit Rom et que vous ne l’ayez jamais soupçonné.

Naturellement, ces Roms ne sont pas personnellement menacés par la politique actuelle, même s’il est probable qu’ils la vivent assez mal.

Les Roms étrangers sont donc quant à eux des migrants qui veulent une maison qui ne bouge pas, et habitent des habitations de fortune, triste résurgence des bidonvilles. Ils viennent de pays qui ont toujours refusé l’intégration des Roms, en faisant des parias dans leur propre pays. Même si l’intégration à l’UE de ces pays a conduit à un changement total de politique, les états d’esprit, eux n’ont pas changé, et le rejet répond hélas souvent au rejet. Certains Roms se sont sédentarisés et tant bien que mal intégrés, comme les Kalderashs (du roumain Căldăraşi, chaudronniers, habiles travailleurs du métal, en particulier du cuivre) ; d’autres, comme les nomades, forment une société fermée et hostile aux gadjé — aux non-Roms. La plupart des Roms de Roumanie qui viennent en France sont des kalderashs, et non des nomades, fuyant la misère et le rejet dont ils font l’objet dans leur pays. Donc, pas des gens du voyage.

Les roms des Balkans (ils sont nombreux en Serbie et au Kosovo) fuient eux aussi la misère, même si certains demandent l’asile (très peu l’obtiennent) prétendant faire l’objet de persécutions. Il faut reconnaître que lors de la guerre du Kosovo en 1999, des Roms ont été recrutés par les troupes serbes pour se livrer à des opérations militaires de nature à intéresser le tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), et se sont acquittés de cette tâche avec un zèle qui n’a pas laissé de très bons souvenirs auprès des populations kosovares (j’entends par là : albanais du Kosovo).

Des Roms, des stats et de la bière nom de Dieu

Une question se pose, et je ne tiens pas à l’éluder : celle des Roms et de la délinquance. Le lien est certain, les chiffres ne mentent pas. Partout en Europe, les Roms sont bien plus victimes de la délinquance que les autres populations. Destructions de biens, agressions racistes, sur lesquelles les autorités ferment bien volontiers les yeux, d’autant plus que les Roms, on se demande pourquoi, ont développé à leur encontre une certaine méfiance, quand ce ne sont pas des pogroms. Sans compter les crimes contre l’humanité subis par ce peuple, que ce soit le génocide nazi ou la réduction en esclavage en Valachie et en Moldavie —oui, des esclaves en Europe— jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle.

Ce n’est pas une boutade, c’est une réalité : la délinquance, les Roms en sont d’abord victimes. On a déjà vu que même en France, État de droit imparfait mais État de droit, l’État ne respecte pas la loi Besson. Vous verrez dans la suite de ce billet qu’au moment où je vous parle, il fait encore pire à leur encontre puisque la politique d’expulsion mise en œuvre est illégale. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les juges administratifs. L’Union européenne l’a remarqué. Le Conseil de l’Europe l’a remarqué. L’ONU l’a remarqué. Le Pape l’a remarqué. L’UMP n’a rien remarqué.

Mais n’esquivons pas la question de la délinquance de Roms. De Roms, pas DES Roms. Elle existe, c’est indéniable, ne serait-ce du fait qu’aucun groupe humain n’est épargné. Est-elle plus élevée que dans les autres groupes sociaux ? C’est probable.

Évacuons rapidement une question sur laquelle je reviendrai dans le prochain billet : l’occupation sans droit ni titres de terrains publics ou privés. Il ne s’agit pas de délinquance, puisqu’au pire (occupation d’un terrain public), ces faits sont punis d’une contravention de grande voirie.

Les causes premières de la délinquance, au-delà du mécanisme intime et personnel du passage à l’acte, qui fonde la personnalisation de la peine, sont la pauvreté (liée au chômage ou à la précarité de l’emploi ; un CDD est aussi rare dans une audience correctionnelle que la vérité dans la bouche d’Éric Besson), l’exclusion (qu’entraîne mécaniquement le fait d’être sans-papier, notamment), le faible niveau d’instruction (qui empêche d’accéder aux professions rémunératrices), outre le fait que la délinquance concerne surtout des populations jeunes (le premier enfant a un effet remarquable sur la récidive).

Vous avez remarqué ? Je ne viens pas de vous dresser un portrait du jeune versaillais. Plutôt celui du jeune Rom des terrains vagues. Ou du jeune des cités, soit dit en passant pour la prochaine fois ou on tapera sur eux. À vous de voir avec votre conscience si vous voulez y ajouter une composante génétique.

Parce qu’aucune statistique n’existe sur la délinquance des Roms. Aucune. Tout simplement parce que ce serait interdit : Rom est une origine ethnique, or la loi prohibe la constitution de fichier sur des bases ethniques ou raciales — suite à un précédent quelque peu fâcheux.

Donc quand le ministre de l’intérieur Brice Hortefeux, que l’on a connu plus méticuleux en matière d’arithmétique ethnique, prétend présenter des statistiques de la délinquance des Roms pour justifier la politique du Gouvernement, il ment. Je sais, ça devient une tradition de ce Gouvernement, mais que voulez-vous, je n’arrive pas à m’y faire. Quelqu’un, je ne sais plus qui, m’a mis dans la tête l’idée saugrenue de République exemplaire, du coup, je fais un blocage.

Le ministre de l’intérieur a cru devoir présenter publiquement (sur RTL) le 25 août des statistiques fondées sur « une étude des services de police », non sur l’origine ethnique, interdite, mais sur la nationalité du délinquant, roumaine en l’occurrence.

Mes lecteurs ayant suivi jusqu’ici ont déjà compris l’inanité de l’affirmation. Rom ne veut pas dire Roumain, et le ministre joue ici sur la ressemblance des termes, et l’inculture de son auditoire. Mes lecteurs sachant faire la différence entre un mot sanskrit et un mot latin, je ne m’attarderai pas sur ce stratagème grossier, qui ne trompera que qui veut être trompé.

De plus, les services de police, même si on leur fait perdre un temps précieux depuis des années à collectionner des statistiques inutiles hormis à la communication gouvernementale, ne sont pas un service de statistique. La méthode de récolement des données n’a rien de scientifique et n’a jamais eu la prétention de l’être. Elle repose sur les délits constatés ou dénoncés, ayant donné lieu à élucidation. Donc préalablement à enquête. Or la distribution des effectifs et des moyens (limités, et de plus en plus du fait de ce même Gouvernement) dépend pour l’essentiel des directives données par ce même Gouvernement.

Je m’explique. Le Gouvernement estime que l’opinion publique, qu’il confond hélas trop volontiers avec le peuple souverain, est particulièrement remontée contre les vols à la tire (les pickpockets) ou à l’arraché (qui en est une variante un peu plus bourrin) dans les transports en commun. Le ministre de l’intérieur va demander aux forces de police de mettre la pression contre cette délinquance. Le commissaire de police va recevoir cette instruction et va redistribuer ses effectifs, qui préalablement luttaient contre les violences faites aux personnes, sur les voleurs du métro. Mécaniquement, le nombre d’interpellation pour des faits de violence va baisser. Les policiers interviendront toujours lors d’une bagarre, mais n’arrêteront personne pour des faits de violences légères, puisque leur mission est de surveiller les voleurs à la tire. Un délit constaté de moins = baisse de la statistique correspondante, sans que la réalité n’ait changé en quoi que ce soit. En revanche, plus de voleurs à la tire seront arrêtés (car la police reste malgré tout plutôt efficace dans son boulot). Augmentation de la statistique, sans lien avec l’évolution de la réalité. Voilà la méthodologie qui préside à la confection de ces statistiques.

C’est pourquoi le ministre peut proclamer des chiffres aussi aberrants, et sans hélas faire tiquer qui que ce soit, qu’une augmentation de 138% en un an de la délinquance roumaine. Personne ne fait le lien avec une autre donnée, qui indique que 13,65% des auteurs de ces vols seraient Roumains (sous-entendu : Roms). C’est-à-dire que 13,65% des délinquants sont responsables d’une augmentation de 138% des délits. Qui a dit que les Roms étaient des feignants ?

D’autant plus que pour fréquenter un peu les prétoires parisiens, je suis assez bien placé pour savoir qu’il existe aussi une délinquance roumaine non-rom, assez active ces derniers mois, dite de l’escroquerie aux « Yes-card ». Une Yes-card est une fausse carte de crédit qui, quel que soit le code que vous tapez, renvoie toujours une réponse positive au lecteur, faisant croire que la banque a accepté la transaction. Des Roumains achètent ainsi des vêtements de marque et des parfums, et vont les revendre à Bucarest. C’est une atteinte aux biens, commise par des Roumains, mais pas par des Roms. Sauf dans les statistiques de M. Hortefeux.

Brisons là, ce billet mérite je pense d’être soumis à vos commentaires. Le deuxième volet sera centré sur le droit des étrangers et portera sur les mesures actuelles d’expulsion, pour lesquelles le Gouvernement use selon les cas de deux méthodes : soit violer la loi, soit se payer votre tête.

Et fort cher, si ça peut vous consoler.


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Qu’hospitalière était la France,
au temps du Grand Cardinal !

 


Source : Maître Eolas ( http://www.maitre-eolas.fr/ ) Comme le dit l’auteur : la discussion se poursuit ailleurs, soit sur son blog, à la fin du présent article.

Image : détournement d’affiche d’Investig’Action, d’après Le temps des gitans, d’Emir Kusturica ( http://www.michelcollon.info/ ).

 

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23:59 Écrit par Theroigne dans Général | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

Ces pauvres gueux pleins de bonadventures

 

 

Ces pauvres gueux pleins de bonadventures
Ne portent rien que des choses futures.



J’aimerais à présent vous parler d’un livre. Il ne vient pas de sortir, ceci n’est pas une promotion. Vous aurez même, si vous le cherchez, du mal à le trouver. Car il est épuisé chez l’éditeur français et ceux qui ont la chance de le posséder ne semblent pas vouloir s’en séparer. R.A.S. même sur Internet. Inconnu aussi dans la plupart des bibliothèques publiques. Sauf une. Il m’a fallu, pour l’emprunter, faire le voyage jusqu’au village le plus proche où passe le bibliobus de ma province. Chic !... c’est justement un livre de voyage.

Good190.jpgMais commençons par l’auteur. Il est anglais et s’appelle Jason GOODWIN. Ne voilà-t-il pas un nom prédestiné, pour un voyageur ! Il circule actuellement de lui quelques polars en édition de poche, dont Istanboul au XIXe siècle est le théâtre et dont un eunuque est le détective. Je vous en reparlerai plus loin s’il me reste de la place et à vous de la curiosité.

Adonc le Jason anglais du XXIe siècle, né en 1964 (2e moitié du XXe) est tombé sous le charme d’Istanboul en étudiant, à l’Université de Cambridge, l’Histoire de Byzance.

Byzance... ancienne capitale de la Thrace (l’autre Jason y est passé en allant chercher la Toison d’Or et sa Médée en Colchide), d’abord cité grecque, puis romaine, rebaptisée Constantinople en 330 par l’inénarrable Constantin et sa digne (de lui) mère Hélène (sainte pour les cathos), elle est devenue Istanboul le 29 mai 1453, à l’occasion de sa conquête par les Turcs ottomans. Toujours à cheval sur le Bosphore – un  pied en Europe, un pied en Asie - elle est aujourd’hui la capitale de la Turquie.

Le premier voyage de notre auteur, pourtant, ne l’emmènera pas là, mais en Inde et en Chine, sur les traces du thé. Il en tirera, en 1988, un livre que les scribes de chez Phébus (qui ne l’ont pas publié !) qualifient de « promenade érudite et humoresque à travers l’Inde et la Chine ». C’est The Gunpowder Gardens : Travels in China and in India in Search of Tea.

Après le succès de ce premier livre, qui lui a valu le Prix du Meilleur Jeune écrivain, il se décide – on est au printemps de 1990 – à donner corps à son rêve : partir à la découverte d’Istanbul. Mais il le fera sur les traces du grand écrivain-marcheur Patrick Leigh Fermor, dont il a lu le mythique Temps des offrandes (A Time of Gifts). Ce voyage à pied, cinquante -sept ans après l'autre, en compagnie de celle qui a déjà refusé trois fois de l’épouser, il va le faire de Dantzig au Bosphore, à travers l’Europe de l’Est, peu après la chute du mur de Berlin. Car, outre la ville de ses rêves, il veut encore voir ce qui reste, dans cette Europe des confins, de la longue présence ottomane, après une deuxième guerre mondiale et une contre-révolution victorieuse à l’échelle d’un continent. Il en rapportera ce livre : On foot to Golden Horn. En français :  Chemins de traverse. Lentement, à pied, de la Baltique au Bosphore, qui lui vaut, en 1993, un autre prix littéraire et la traduction en plusieurs langues, dont la nôtre.

Espérant que l’auteur et l’éditeur me pardonneront un emprunt qui ne peut leur porter préjudice, je vous en propose un extrait. Nous sommes en Transylvanie, patrie bien connue des vampires, peu après l’exécution de Nicolau et d’Elena Ceaucescu. Ion Iliescu assure l’interrègne et a bien l’intention d’être le successeur du Conducator défunt. Ceux qui n’ont pas la mémoire trop courte se rappelleront qu’il y eut en Roumanie, en ce mois de mai 1990, du sang tiré autrement que par succion.

 

dents de dracula.jpg

    Déjeunant une fois de plus au Transylvania, nous partageâmes notre table avec un jeune Hongrois qui, pour son anniversaire, sortait sa petite amie. Tous deux parlaient parfaitement l’anglais.
    Il travaillait comme ambulancier, bien que son ambition fût de devenir dentiste. Avant toute chose, il était capital qu’il se rendît en Hongrie pour récupérer un tableau de famille qui lui rapporterait beaucoup d’argent.
    — C’est impossible de prendre ses dispositions d’ici, expliqua-t-il. La Transylvanie n’est pas une bonne adresse pour traiter avec l’Ouest.
    — Non, reconnus-je. Tout le monde penserait à Dracula !
Notre nouvel ami fixa le fond de son verre, puis détourna le regard.
    — Excusez-moi, dit-il avec un petit rire solennel, mais, en réalité, je suis... ah ! au village, c’est ce qu’on dit... un vampire. J’ai la marque.
Il leva le menton et montra sur son cou blanc une tache grosse comme une prune de la couleur du sang séché.
    — Il y a aussi d’autres signes, ajouta-t-il avec un rire bref, couvrant sa bouche de sa main.
Sa petite amie hocha la tête.
    — Mes parents n’aiment pas ça, renchérit-elle. On dit strigoi... c’est... comment dites-vous... vampire ?
    Et elle mima un coup de griffe au-dessus de la table.
    Nous organisâmes leur passage à l’Ouest avec des gars charitables du Yorkshire de notre connaissance qui se préparaient à ramener en Angleterre leur camion de secours vide. Nous n’entendîmes plus reparler du couple. Ambulancier. Dentiste. Je me sens bizarrement responsable. Enfermé derrière le rideau de fer pendant cinquante ans, parodié dans les films d’horreur, le comte Dracula peut désormais aller et venir librement, et même se rendre à Whitby, si ça lui chante...

    Créée au XVIIIe siècle par un ministre des Habsbourg, la bibliothèque Teleky du centre ville représentait tout ce qui nous avait manqué : pouvoir humer de vieilles reliures et fourrer notre nez dans des textes anciens, dans la longue et frâche salle de lecture voûtée, avec sa galerie et ses hautes vitrines de livres.
    En fouillant pour trouver des cartes, nous fîmes la connaissance de Milhály Spielmann, le bibliothécaire en chef. En tant qu’intellectuel roumain d’origine juive hongroise, il était trois fois minoritaire. Deux fois si l’on admettait que juif et intellectuel étaient, en pratique, synonymes en Europe orientale.
     Milhály nous avait emmenés nous asseoir sur un banc, sous un arbre au milieu de la cour, plus par habitude, je pense, que par prudence. On y était à l’abri des oreilles indiscrètes ; il était difficile de s’approcher sans être vu.
    — Ce qui me contrarie, c’est l’idée que Petru Roman soit juif, déclara-t-il.
    — Le premier ministre ?
    — Roman, pour l’amour de Dieu ! On n’a pas un nom comme celui-là par hasard. C’est son grand-père qui a dû le changer. Dans les années 30, beaucoup de Juifs voulaient paraître plus roumains que les Roumains. Roman, comme patronyme, est aussi juif que le mien.
    — Vous n’aimez pas avoir un premier ministre juif...
    — Parce qu’une gaffe... et il n’est plus ministre d’Iliescu. C’est le Juif !

    Un soir, Milhály nous invita chez lui et nous parlâmes des Tsiganes. Depuis Cluj, les gens avaient fait de leur mieux pour nous mettre en garde contre les villages tsiganes, sur la route entre Tirgu-Mures et Segesvár. Si nous devions disparaître, c’était là. (Beaucoup plus tard, nous découvrîmes que nos parents croyaient vraiment que nous avions disparu en Roumanie : il y eut des séries de coups de téléphone angoissés, des démarches à un haut niveau auprès du Foreign Office et – pour des raisons que je n’ai jamais bien comprises ! – un diplomate suédois fut associé aux recherches. On envisagea même une mission de sauvetage... avant que nous ne gâchions tout en téléphonant de Bulgarie.) Seul Milhály était entièrement certain que nos inquiétudes étaient hors de propos.
    La peur des bohémiens, fit-il observer, était un préjugé entretenu par les autorités. Ceaucescu lui-même avait prétendu que les Tsiganes n’existaient pas : le résultat, c’est que personne ne savait combien d’entre eux vivaient en Roumanie. Certaines estimations donnaient le chiffre de quatre millions, soit un cinquième de la population roumaine.
    Pour un peuple qui avait toujours esquivé les ingérences et les règlements imposés d’en haut, leur exclusion des archives officielles était une ironie du sort. La dernière chose qu’ils voulaient, d’après Milhály, c’était être mis en carte, en rangs et commandés. Ils pensaient que le monde « normal » de la bureaucratie et du gouvernement transformait les hommes en pantins, et s’efforçaient d’y échapper. Ce qui ne faisait pas nécessairement d’eux des coupe-jarrets.
    — La majorité des gens échangeraient certaines de leurs libertés contre la sécurité, poursuivit Milhály. Dans cette partie de l’Europe, c’est une vieille tradition. L’empire des Habsbourg est un exemple extrême du contrôle bureaucratique. Les Tsiganes qui vivaient aussi dans cet empire, incarnaient l’excès inverse. Aux yeux de beaucoup, ils ont l’air oisifs. C’est plus facile de croire qu’ils survivent en volant et en fraudant que de chercher à voir ce qu’il en est réellement...
    Milhály avait fait une découverte.
    — Les Tsiganes travaillent tout le temps. Ils traînent dans les rues pour troquer des informations, échanger des renseignements. Voyez-vous des ordures et des détritus dans la rue ? Ce sont les Tsiganes, ces prétendus fainéants, qui ramassent les vieux journaux, les tickets, les emballages...
    Il prit un livre. Nous étions chez lui à présent, dans une pièce encombrée de livres.
   — Savez-vous comment il est possible d’acheter ceci ? Parce que les Tsiganes rapportent tout le papier dans les usines de papeterie. Personne d’autre ne penserait à s’en charger, car cela prendrait trop de temps. Mais les Tsiganes, eux, insèrent cela dans leur activité normale. Il recyclent tout.
    « Les Tsiganes sont les seuls commerçants et artisans de ce pays. Dans un village tsigane, le forgeron fabriquera des bijoux et sa femme des vêtements. Et leurs enfants trieront les chiffons, le caoutchouc, le verre et le papier. L’un d’eux va à la ville vendre leur production. En réglant ses affaires, il tend l’oreille pour connaître les besoins des autres. Ce qu’on appelle l’économie roumaine – aciéries, construction navale, industrie minière, etc. -, c’est de la foutaise. L’économie réelle tourne grâce aux Tsiganes.
    « Au fil des ans, les Tsiganes ont mis au point des moyens d’éviter la main de fer que les autorités font peser sur la majorité. En se tenant à l’écart de notre monde de « rouages », ils échappent à toute prévision. Le gouvernement n’a pour ainsi dire aucune prise sur eux. Ils brûlent les maisons qu’on leur attribue. Ils se servent de dix noms différents. En retour, la police les jette en prison au moindre prétexte. Les prisons sont encombrées de bohémiens pour la plupart innocents. Leur présence en ce lieu renforce le mythe.
    Mais malgré la finesse de toutes ses observations, Milhály n’avait pas remarqué que les Tsiganes portaient leur costume traditionnel.
    — Ils sont habillés normalement, aujourd’hui. L’ancien costume est réservé aux fêtes et aux rassemblements, nous assura-t-il, alors que sous notre nez, les Tsiganes arboraient quotidiennement les motifs et les coloris chatoyants de l’Orient, des jupes, des corselets, des gilets et des chapeaux taillés sur des modèles d’un autre siècle.
    Des chapelets de saucissons pendaient des étagères de la bibliothèque : comme tous les Hongrois que nous avions rencontrés, Milhály tuait son cochon chaque année et confectionnait pâtés, saucissons, graisse fumée et porc salé en pleine ville.
    À neuf heures, ses enfants entrèrent pour regarder Das Erbe Von Gulenbergs à la télévision : une saga allemande tentaculaire mettant en scène une famille de brasseurs de bière et focalisée sur les voitures que conduisaient les protagonistes pour se rendre à leurs somptueuses résidences ou aux batailles de salles de conseil d’administration.
    — Le programme national de la Roumanie, commenta Milhály. Voilà la vie que nous concocte notre président...
    Et, sur cette indispensable ironie, ayant dit ce qu’il avait sur le coeur, il s’installa pour suivre la série aussi passionnément que ses enfants.
    Deux mois auparavant, à Tirgu-Mures, des affrontements avaient opposé Roumains et Hongrois. Même si nous en avions entendu parler en Pologne – Andrzej alléguait que c’était une raison pour éviter la Roumanie ! -, nous rencontrions à présent des témoins de première main. Nul ne croyait que ces événements s’étaient produits spontanément.
    Un écrivain de Budapest, Erno Suto, devait prendre la parole devant le parti parlementaire hongrois, dans un bâtiment que celui-ci partageait avec divers partis d’opposition roumains. Une foule d’agriculteurs roumains, armés de fourches et de faux, prirent le bâtiment d’assaut. Suto et les autres se barricadèrent dans les combles en coinçant un réservoir d’eau en travers de l’escalier, obligeant les attaquants à entrer un par un.
    Au bout de deux heures, un escadron de l’armée arriva pour proposer des sauf-counduits aux Hongrois assiégés, et les défenseurs commencèrent à sortir. En chemin, ils furent bousculés et reçurent des coups de pied. Ils montèrent dans un camion fermé par une bâche tendue sur des cerceaux d’acier. Une fois la plupart d’entre eux à bord, la bâche s’envola comme une voile dans un typhon. Les Hongrois furent tirés à bas du camion par la populace et sauvagement rossés. Suto lui-même perdit un oeil. La bibliothèque Teleky fut attaquée, mais ses grilles anciennes se révélèrent imprenables.
    Plusieurs questions demeurèrent sans réponse. Apparemment, les Roumains étaient persuadés que la réunion devait se clore sur une déclaration d’indépendance de la Transylvanie et coïncider avec une invasion militaire hongroise. D’autre part, à un moment où le fuel et les moyens de transport étaient rares, un nombre étonnant de paysans avaient débarqué en ville en même temps. Enfin, la milice était arrivée sur les lieux des heures après que le bâtiment eût été pris d’assaut. Par conséquent, l’opération entière avait été préméditée.
    Le jour suivant, une manifestation hongroise se heurta dans l’avenue à une foule roumaine armée d’outils agricoles. Un maigre cordon de troupes fut déployé au milieu. Comme la tension montait, les Hongrois renvoyèrent les femmes et les enfants à la maison. Les Roumains les conspuaient aux cris de « Nous les maîtres ! Vous les squatters ! » et scandaient «Vatra ! Vatra ! », ce qui veut dire la «terre des ancêtres».
    Après les insultes, les jets de pierre. Des combats au corps à corps éclatèrent dans l’après-midi. Un camion surgit à toute allure dans l’avenue du côté roumain, et la troupe fléchit avant de reculer. Les échauffourées étaient vives, la rue jonchée de blessés et de morts.
    Vers six heures, une bande d’hommes apparut dans le jour déclinant. Ils portaient des gilets et des chapeaux noirs, et débouchèrent d’une rue latérale dans l’avenue. Les combattants les regardèrent avec incertitude. Personne ne savait ce que pensaient les Tsiganes.
    — Ne vous en faites pas, Hongrois ! clamèrent-ils. C’est nous, les Gitans !
Leur attaque fut brutale. Les Roumains qui remontaient dans leurs cars en chancelant virent ceux-ci incendiés : quand ils tentaient de ressauter à terre, ils se faisaient tabasser. Les couteaux étaient sortis, ainsi que les fourches et les fléaux, jusqu’à la tombée de la nuit ils piquèrent et cognèrent tandis que couraient des ombres à la lueur tremblotante des autocars en feu.
    Dans leurs casernes, les troupes attendaient un ordre qui ne vint jamais.


 Jason GOODWIN
Chemins de traverse. Lentement, à pied, de la Baltique au Bosphore

 

    Oh, et puis, au diable l’avarice, en voici un autre :

 

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    Le ciel matinal était froissé comme un lit défait. Derrière la bibliothèque Teleky, des tours encrassées avançaient de front avec nous, puis disparurent brusquement sur le côté, tandis que commençait la campagne. Une cinquantaine de voitures faisaient la queue le long de l’accotement pour prendre de l’essence.
    Une heure après, un chien nous attaquait.
    Kate l’avait repéré à un bon demi-kilomètre de distance, là où les arbres butaient sur un champ en pente, près d’une petite construction grillagée ressemblant à un transformateur électrique.. Le bruit des aboiements ne voulait rien dire : on nous avait aboyé après à travers la moitié de l’Europe. Les chiens étaient toujours attachés.
    — Il vient vers nous, dit soudain Kate.
    — Je me retournai. Un petit point blanchâtre dévalait le coteau. Mais il était encore très loin.
    — Il chasse les lapins, affirmai-je.
    — Je ne crois pas.
    — Kate se mit à presser le pas. On distinguait presque le chien; il arrivait à fond de train.
    — D’accord, il n’y a qu’à continuer à marcher, dis-je de manière superfétatoire. Tentons d’atteindre les arbres.
     La forêt commençait deux cent mètres plus loin. Ici, on était à découvert, avec un fossé de chaque côté. Les champs étaient vides, la route déserte depuis une heure. Le chien décrivait une courbe à travers le champ le plus proche de nous. Il aboyait à pleine gorge.
    Jusqu’au moment où le chien sauta le fossé et où j’entendis ses ongles griffer le goudron, je n’avais pas pris sa menace au sérieux. C’était le chien le plus laid et le plus féroce que j’avais jamais vu. Un poil jaunâtre hérissait son échine. Son cou massif s’effilait vers une gueule pleine de crocs et des yeux fauves qui louchaient. L’animal étendit ses antérieurs sur le sol et raidit son arrière-train, pendant que nous reculions sur la route. Je brandis ma canne et criai :
    — Bas les pattes ! Bas les pattes !
    Les babines du chien se retroussèrent avec un son qui évoquait une scie attaquant du bois dur.
    — Pas bouger !
    Le chien agita la tête et aboya en même temps. Son aboiement se termina par un bruit d’eau aspiré par une bonde. De la bave gargouilla à travers ses crocs.
    Très lentement, nous battîmes en retraite vers les arbres. Le chien tour à tour grondait, montrait ses dents, découvrait ses gencives noires et baissait la tête, pendant que nous mettions deux mètres de plus entre lui et nous, et puis il faisait un écart dans notre direction. Parfois, il se ruait en avant et s’immobilisait, les yeux à deux centimètres du bout de ma canne, les babines rabattues.
    Le seul conseil que je connaisse à propos de chiens sort d’un livre consacré aux cyclistes. À mon sens, un cycliste, même effrayé, doit battre un chien à la course ! Il y avait plein de choses qu’on pouvait faire si le chien était très petit. Sinon, il fallait viser pour lui planter la pompe à vélo dans la gueule et l’étouffer jusqu’à ce que mort s’ensuive. Quand on n’avait pas de pompe, lisait-on dans ce livre, on pouvait se servir de son bras. Cela me paraissait à présent un  moyen rapide de perdre mon bras. Si le chien bondissait, j’étais évidemment prêt à lui ficher ma canne dans la gueule. Mais il semblait y avoir peu de chances pour qu’il jouât correctement son rôle et bondît sur sa pointe, les mâchoires ouvertes. Il déboulerait probablement en faisant un crochet, puis attaquerait de côté. Une fois hors de portée de ma canne, il était bien mieux armé que nous. La canne serait inutile. Déjà, il devenait plus hardi. Il chercha soudain à mordre le bout de ma canne, et ses crocs cliquetèrent quand j’écartai celle-ci. Trop loin. Maintenant, il allait bondir.
    Je ramenai la canne devant ses yeux en tremblant un peu. Une autre pensée m’avait traversé l’esprit. Si on se faisait mordre (seulement mordre!), il nous faudrait le vaccin antirabique. On nous avait conseillé d’emporter un stock d’aiguilles pour ne pas risquer de contracter le sida dans un hôpital roumain. Naturellement, on ne s’était pas donné cette peine.
    — Arrière, espèce de salaud !
    Voix trop tendue.
    Avec des gestes précautionneux, nous détachâmes nos sacs à dos afin de les utiliser comme boucliers.
    Et, à ce moment-là, grincement d’un changement de vitesse, puis bruit de moteur. Je priai : Écrase-le.
    Un autocar penché surgit des arbres. Le chien était en plein milieu de la route.
    — Au secours ! criâmes-nous, à l’instant précis où l’autocar nous dépassait à vive allure.
    D’un bond, le chien avait regagné le bas-côté opposé. Le car s’éloigna. Une voiture suivit. Nous tentâmes des gestes désespérés mais elle ne s’arrêta pas davantage.
    — Fuyons !
    La voiture qui passait nous couvrit momentanément. Nous courions à toute vitesse sur la route, la nuque en feu. Arrivé aux arbres, je me retournai vivement avec ma canne.
    Trente mètres plus haut, le chien flairait quelque chose dans le fossé.
    Là où la route se recourbait pour escalader la colline, il y avait, chose improbable entre toutes, un hôtel qui servait de café. Nos genoux tremblants s’entrechoquaient encore tandis que nous nous shootions à coups de cigarettes. Un tsigane nous adressa un clin d’oeil. Un autre entra et s’attabla avec lui. Un gros homme aux petits yeux porcins se plaignit au patron et ce dernier demanda aux tsiganes de sortir.
    En entreprenant l’ascension de la colline, nous chancelions; à deux reprises, nous nous retournâmes. Coupant à travers champs pour éviter un virage en zigzag, nous remplîmes nos mains de pierres. Aucun chien ne montra son nez. Nous fîmes halte à l’ombre d’un arbre noueux, au sommet de la crête, et un cheval sans cavalier passa sur la route au petit galop. En bas s’étendait une large vallée, dont le fond formait un capiton de champs ensemencés et de petits hameaux, éparpillés comme des villes miniatures dans une plaine à échelle réduite.

    Le père Barna, notre hôte à Segesvár, avait sa théorie sur le chien.
    — Quand vous marcher, demanda-t-il, comment vous habiller ?
    — Ma foi, heu... comme ça.
    — Ouais. En noir. Et chapeau, ajouta-t-il avec beaucoup d’insistance ?
    — Mon chapeau ?
    — Chapeau de gitan, non ? Haha !
    — Mais le chien était enragé.
    — Enragé parce que déteste Gitans. Les Gitans, braves gens, mais...
    Il haussa les épaules avec un sourire.
    Barna avait sans doute raison : le chien avait été dressé à chasser les Gitans. On lui raconta donc une autre histoire sur ce chapeau.


Idem 

CALLOT 2.jpg


Et la Roumanie sous le Grand Turc...

 

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LIVRES



Ceux du maître : Patrick Leigh Fermor


1. violons de saint jacques.jpg

 

 

 

Les violons de Saint Jacques, conte antillais (sa seule oeuvre de fiction).
Paris, Albin Michel, 1956. Gallimard, coll. Le Promeneur, 1992

 

 

2. roumeli.jpg

 

 

 

Roumeli : Travels in Northern Greece, Penguin, 1966
Apparemment non traduit en français.

 

 

3. Courrier des Andes.jpg

 

 

 

Courrier des Andes : chroniques nostalgiques du pays Inca,
Paris, Phebus, 1991, 1992.

 

 

4. Le temps des offrandes.jpg

 

 

 

Le Temps des offrandes  (première partie du voyage à travers l’Europe),
Paris, Payot, 1992. Petite Bibliothèque Payot, 2003



5. Entre fleuve et forêt -.jpg

 

 

À pied jusqu’à Constantinople : du Moyen Danube aux Portes de Fer,
(2e partie du voyage à travers l’Europe). Payot 1992. Republié sous le titre :

Entre fleuve et forêt, Paris, Payot, 2003.


6. Vents alizés.jpg

 

 

 

Vents alizés : un voyage dans les Caraïbes, Paris, Payot,1993.





7. Mani.jpg

 

 

 

Mani, voyages dans le Sud du Péloponnèse, Paris, Payot, 1999.




8. In Tearing Haste.jpg

In Tearing Haste : Letters between Deborah Devonshire and Patrick Leigh Fermor, ed. Charlotte Mosley, 2008.

Cette correspondance de plus de cinquante ans avec celle des soeurs Mitford qui a épousé un duc est ce qui se rapprochera jamais le plus d'une autobiographie de l'auteur. Inédit en français.

 

 

Quelques mots sur le maître lui-même :

Né le 11 février 1915 et autodidacte. À 18 ans, il a traversé l’Europe à pied, alors qu’Hitler venait de prendre le pouvoir en Allemagne : de Rotterdam à Istanbul (comme Childe Harold ? comme Childe Harold). À 25 ans, agent secret britannique parachuté en Crète, il y a kidnappé le général Kreipe, commandant du Reich, « pour relever le moral des troupes». Sexagénaire, il a nagé dans l’Hellespont « en l’honneur de Lord Byron ». À 93 ans (problèmes de vue, écriture devenue illisible) il a appris la dactylo pour faciliter le travail de ses éditeurs.
 
8. Leigh Fermor et Moss en uniformes allemands, juste avant le kidnapping du général Kreipe.jpgEntretemps, il avait fêté son vingt-et-unième anniversaire au Mont Athos, vécu une grande histoire d’amour interrompue par la guerre avec une princesse roumaine, fait retraite dans un couvent de moines trappistes « pour apprendre le silence », participé à une charge de cavalerie, assisté à une cérémonie vaudou en Haïti, arpenté la Grèce, les Cyclades, les Caraïbes et les Andes. Il avait aussi écrit pas mal de livres qui ont fait de lui le plus grand des écrivains-voyageurs de langue anglaise. De sa légendaire traversée de l’Europe en 1933-34 sont nés les deux premiers tomes d’une trilogie, dont le troisième n’est pas encore sorti. Ce sont eux qui l’ont rendu célèbre. Mais il a aussi été journaliste, et scénariste pour Hollywood : c’est à lui qu’on doit le scénario des Racines du Ciel (1958, John Huston, Trevor Howard, Errol Flynn, Orson Welles et Juliette Gréco), d’après le roman de Romain Gary. Il a lui-même été incarné au cinéma par le jeune Dirk Bogarde, dans Ill met by Moonlight (« Intelligence Service »), film tiré du livre éponyme de son camarade de guerre W. Stanley Moss, qui raconte leur capture du général Karl Kreipe en 1944. On le trouve encore, hôte de Lawrence Durrell à Corfou, dans Citrons acides. Etc. etc. etc.
 

Aujourd’hui Sir Patrick « Paddy » Leigh Fermor et OBE (Officier de l'Empire Britannique, personne n'est parfait), il vit à Kardamyli, dont il est citoyen d’honneur, dans la maison qu’il s’y est lui-même construite, désormais seul avec ses chats, depuis la mort de sa femme Joan, en 2003. Il a aussi été fait citoyen d’honneur d’Heraklion et de Gytheio. Un autre de ses disciples fut Bruce Chatwin, mort en France, en 1989, mais dont les cendres sont dispersées autour de sa maison. Il a été l’hôte du Festival des Étonnants Voyageurs de Saint-Malo en 1991.

(Photo :  Leigh Fermor et Moss en uniformes allemands, juste avant le kidnapping du général Kreipe.)
               

9. portrait patrick leigh fermor.jpg









                                      Patrick Leigh Fermor aujourd'hui

 

 

Ceux du disciple :  Jason GOODWIN

              

1. The Gunpowder Gardens.jpg

 

 

 

The Gunpowder Gardens : Travels through India and China in Search of Tea, Londres, Chatto & Windus, 1990. Non traduit en français.



2. Chem Trav.jpg

 

 

Chemins de traverse : Lentement, à pied, de la Baltique au Bosphore.
Paris, Phebus, 1995.




3. Lords of the Horizon.jpg

 

 

Lords of the Horizons : A History of the Ottoman Empire,
Londres, Chatto & Windus, 1998 – Non traduit en français



 

4. Greenback le bon.jpg

 

 

 

GREENBACK : The Almighty Dollar and the Invention of America.
N.Y., Henry Holt & C°, 2003 – Non traduit en français.




5. Complot des janissaires.JPG

 

 

 

Le complot des janissaires
Paris, 10/18, Coll. Grands détectives, 2008.




6. Le trésor d'Istanbul.JPG

 

 

 

Le trésor d’Istanboul
Paris, 10/18, Coll. Grands détectives, 2009.




7. Le mystère Bellini.JPG

 

 

 

Le mystère Bellini
Paris, 10/18, Coll. Grands détectives, 2010.




Sur les « polars ».

J’ai promis deux mots sur cette série, dont les personnages récurrents vivent à Istanboul dans la première moitié du XIXe siècle. Le héros de ces histoires est un eunuque (fils de noble massacré dans une lutte de clans, lui-même châtré enfant par les vainqueurs). Élevé à l’École des Janissaires, mélange de Compagnie de Jésus et de pépinière à paracommandos. Le sultan Mahmoud II l’a distingué et lui confie les affaires les plus épineuses et les plus secrètes.

Une qui l’a également distingué est la grande favorite, qu’on appelle La Validé, c’est-à-dire la Sultane-Mère, maîtresse toute-puissante du harem et mère de substitution du futur sultan Abd-ul-Medjid, qui a perdu la sienne en bas âge. Figurez-vous qu’elle est française - de son vrai nom Melle de Rivery - ou plutôt créole, puisque née à La Martinique, où sa meilleure amie s’appelait Rose Tascher de la Pagerie (c’est de l’Histoire, tout ceci, pas de la fiction). Expédiée de son île à Paris pour s’y marier le mieux possible, elle est capturée en mer par des pirates, qui la vendent au Dey d’Alger. Elle en devient la favorite, au point de se permettre de lui tirer la barbe. Le fait-elle une fois de trop ? Je l’ignore. Toujours est-il qu’il l’envoie un jour au Sultan : cadeau. L’histoire se répète et la voilà épouse principale, régnant sur le harem impérial comme jamais son amie d’enfance n’a régné sur les Tuileries. Elle adore les romans français – nous sommes à leur grande époque – et en fait bénéficier, après les avoir lus, son protégé, Yashim en anglais, Hashim en français, qui parle des tas de langues dont la sienne.

Yashim-Hashim est fin gourmet, fait lui-même aussi souvent qu’il le peut la cuisine, mais ne dédaigne pas d’arroser ses spécialités stambouliotes de vodka à l’herbe de bison, laquelle lui est fournie par son meilleur et peut-être seul ami Stanislas Paliesky, ambassadeur de Pologne auprès du Divan. Comment peut-on être ambassadeur de Pologne quand la Pologne n’existe plus, partagée entre trois puissances voisines ? Par la grâce du Sultan, qui fait semblant d’ignorer ces péripéties.

Je vous laisse découvrir le reste. Par exemple Venise sous les Habsbourg, où se déroule en grande partie la troisième enquête de cet improbable duo


Ce qu’il convient de savoir encore

sur Jason Goodwin.

J’y ai fait allusion plus haut, notre auteur a aussi un blog :

( http://www.jasongoodwin.net/ ).

On y trouve des gravures du XIXe siècle sur le Bosphore et le Danube, des informations sur ses livres, des vidéos d’interviews et un  petit film d’amateur réalisé par lui-même dans la ville qui lui est si chère. On  y trouve aussi une rubrique culinaire. Traduction d’un court extrait :

« Ils (les Ottomans) sont arrivés en Turquie en nomades du désert, mais au cours des sept siècles suivants, ils ont sérieusement rattrapé leur retard de civilisation, mélangeant savamment les influences du Moyen-Orient à celles de la Méditerranée. Istanboul reste une Mecque en fait de nourriture. Mon détective ottoman ne pouvait pas ne pas être fin cuisinier. Vous trouverez la plupart de ses recettes dans les livres qui racontent ses aventures. Un jour, un chef de la cour impériale (française) venu visiter les cuisines du palais de Topkapi, armé de ses balances et  de son livre de recettes,  s’en fit éjecter avec pertes et fracas par le cuisinier du Sultan, pour qui un vrai chef impérial “cuisine avec ses sentiments, avec ses yeux et avec son nez” ! Servez-vous des vôtres. N’usez que des ingrédients les plus frais. Travaillez lentement, avec un couteau bien aiguisé. C’est tout. »

Faut-il préciser que Jason Goodwin lui-même adore faire la cuisine. Il vit dans le Sussex rural, avec Kate, sa compagne d’équipée devenue sa femme et leurs quatre enfants. Ils font pousser leurs propres légumes, élèvent des poules et ont deux chiens de braconniers.




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23:36 Écrit par Theroigne dans Général | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

L'Invincible Armada cinglant vers Téhéran

1. USS-Theodore-Roosevelt-CVN-71.JPG

 

Le porte-avions atomique USS Theodore Roosevelt – $ 2.4 milliards

 

  L’INVINCIBLE ARMADA
                          CINGLANT VERS TÉHÉRAN

 

Ils sont une bonne douzaine de cette taille, dont :

                                                                                                                      2. USS_George_Washington.jpg                                   L’USS George Washington                                   

 

3. George Washington Strike Group.jpg

Le George Washington Strike Group (au milieu, c’est lui).
         

4. Le porte-hélicoptères d'assaut Nassau.JPG

Le porte-hélicoptères d’assaut Nassau

                     
                                                                                                                       

5. Le même en action.JPG

Le même en action
                                              

6. Abraham-Lincoln-battlegroup XX.jpg

L’Abraham Lincoln Battle Group

7. Le Roonald Reagan.JPG

Le Ronald Reagan

  

8. George Bush encore.jpg

Le George H.W. Bush

9. Le même survolé par des FA 18.JPG

Le même survolé par des FA 18

 

 

      Et le menu fretin...

                                       

10. Et le menu fretin ici avec le R.R..JPG

... ici entourant le Ronald Reagan
 
                  

11. Carrier John C. Stennis.jpg

Le « carrier » John C. Stennis (333 mètres de long – 20 étages de hauteur au-dessus de la ligne de flottaison) – Chaque « carrier » est le centre d’un « Carrier Strike Group » et transporte des bombardiers au nucléaire.


 

12. Tous les six des porte-avions quand même.JPG

Six plus petits porte-avions amphibies dont je ne connais pas les noms.


13. Ne pas oublier les sous-marins Graylings eteahawk et le sous-marin Grayling.JPG

 Invisibles mais présents : les sous-marins Graylings – ici survolés par un hélicoptère Seahawk.

                                  

14. Et ni last ni least  - Task Force One.JPG

Et ni last ni least : Task Force One


15. Sans oublier le Charles De Gaulle.JPG

Sans oublier le Charles De Gaulle...

« S’il te plaît, dessine-moi un général qui mange son képi ! »

 

16. Ah ! Celui-là, c'est un allemand.JPG

Ah ! Celui-là, c’est un Allemand.


17. Un des Sous-marins nucléaires israéliens Dolphin.JPG

Un des sous-marins nucléaires israéliens –
                                         cadeaux de l’Allemagne.



Je ne vous ai pas photographié les flottes du Royaume-Uni, de l’Australie, du Canada et de la Nouvelle Zélande, mais elles y sont.

Il vous reste à imaginer l’aviation : les bombardiers dont la moindre bombe est cent fois plus destructrice que celle  d’Hiroshima, les chasseurs, les drones, ceux qui lâchent des voies lactées de phosphore blanc, les dix-huit sortes d’hélicoptères, etc. etc.

18. Quelques petits malheureux F-16-Israéliens.JPG

Quelques petits malheureux F16 israéliens. Rassurez-vous, ils en ont d’autres.

 

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19. Némésis.JPG

Et ça, c’est si jamais Némésis décidait d’intervenir 

en se faisant aider par Zeus..

 


20 Fusées iraniennes ...JPG

M. Mahmoud Ahmadinejad, qui ne compte pas trop sur les dieux grecs, se prépare à accueillir ces visiteurs non souhaités le plus bravement possible.

Tout est prêt pour la représentation.





À l’affiche : la fin du monde.


RIDEAU !

 


 

Euh... pour quoi jouer au fait ?

« L’anéantissement d’une centrale nucléaire civile de la taille plus ou moins de Tihange. »

 

 

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fools_map.jpg
 

 

Soufflons un peu.

 

«...pour ce que rire... »

 

   Les fouaces dérobées, le duc de Menuail, le comte Spadassin et le capitaine Merdaille comparurent devant Picrochole et lui dirent :
    « Sire, aujourd’hui nous faisons de vous le prince le plus valeureux et le plus chevaleresque qui ait jamais été depuis la mort d’Alexandre de Macédoine.
    — Couvrez-vous, couvrez-vous dit Picrochole.
    — Grand merci, dirent-ils, Sire, nous ne faisons que notre devoir. Voici ce que nous proposons :
    « Vous laisserez ici quelque capitaine en garnison, avec une petite troupe de gens pour garder la place qui nous semble assez forte, tant par nature que grâce aux remparts dus à votre ingéniosité. Vous diviserez votre armée en deux, vous comprenez ? Une partie ira se ruer sur ce Grandgousier et ses gens et il sera, au premier assaut, facilement mis en déroute. Là, vous récupérerez de l’argent en masse, car le vilain a de quoi. Nous disons vilain parce qu’un noble prince n’a jamais un sou. Thésauriser, c’est bon pour un vilain.
    « Pendant ce temps, l’autre partie tirera vers l’Aunis, la Saintonge, l’Angoumois et la Gascogne et aussi vers le Périgord, le Médoc et les Landes. Sans rencontrer nulle résistance, ils prendront villes, châteaux et forteresses. À Bayonne, à Saint-Jean-de-Luz et à Fontarabie, vous saisirez tous les navires et, en côtoyant la Galice et le Portugal, vous pillerez toutes les contrées maritimes jusqu’à Lisbonne où vous aurez en renfort tout l’équipage qu’il faut à un conquérant. Cordieu ! L’Espagne se rendra, car ce ne sont que des rustres. Vous passerez par le détroit de Séville et dresserez là deux colonnes plus magnifiques que celles d’Hercule pour perpétuer le souvenir de votre nom. Ce détroit sera nommé mer Picrocholine. Passée la mer Picrocholine, voici Barberousse qui devient votre esclave...
    — Je lui ferai grâce, dit Picrochole.
    — Assurément, dirent-ils, à condition qu’il se fasse baptiser. Et vous attaquerez les royaumes de Tunis, de Bizerte, d’Alger, de Bône, de Cyrène et toute la Barbarie, hardiment. En continuant, vous prendrez en main Majorque, Minorque, la Sardaigne, la Corse et les autres îles du golfe de Gênes et des Baléares. En longeant la côte à main gauche, vous soumettrez toute la Gaule Narbonnaise, la Provence et le pays des Allobroges, Gênes, Florence, Lucques et, à Dieu sois, Rome ! Le pauvre Monsieur du Pape en meurt déjà de peur.
    — Ma foi, dit Picrochole, je ne baiserai pas sa pantoufle.
    — L’Italie prise, voilà Naples, la Calabre, les Pouilles et la Sicile mises à sac, et Malte avec. Je voudrais bien que ces plaisantins de chevaliers, jadis Rhodiens, Vous résistent, pour voir un peu ce qu’ils ont dans le ventre.
    — J’irais volontiers à Lorette, dit Picrochole.
    — Non, non, dirent-ils, ce sera au retour. De là nous prendrons la Crète, Chypre, Rhodes et les îles Cyclades, puis nous attaquerons la Morée. Nous la tenons ! Saint Treignan ! Dieu garde Jérusalem, car la puissance du Sultan n’est pas comparable à la vôtre !
    — Je ferai donc bâtir le temple de Salomon, dit-il.
    — Non, dirent-ils, pas encore, attendez un peu. Ne soyez jamais si prompt dans vos entreprises. Savez-vous ce que disait Auguste ? Hâte-toi lentement. En premier lieu, il vous faut tenir l’Asie Mineure, la Carie, la Lycie, la Pamphilie, la Cilicie, la Lydie, la Phrygie, la Mysie, la Bithynie, Carrasie, Adalia, Samagarie, Kastamoun, Luga, Sébasta, jusqu’à l’Euphrate.
    — Verrons-nous Babylone et le mont Sinaï, dit Picrochole ?
    — Ce n’est pas nécessaire pour l’instant, dirent-ils. Vraiment, n’est-ce pas assez de tracas d’avoir traversé la mer Caspienne et parcouru les deux Arménies et les trois Arabies à cheval ?
    — Ma foi, dit-il, nous sommes affolés. Ah ! les pauvres gens !
    — Qu’y a-t-il demandèrent les autres ?
    — Que boirons-nous dans ces déserts ? L’empereur Julien et toute son armée y moururent de soif, à ce qu’on raconte.
    — Nous avons déjà donné ordre à tout, dirent-ils. Vous avez neuf mille quatorze grands navires chargés des meilleurs vins du monde dans la mer Syriaque. Ils arrivèrent à Jaffa. Là, se trouvaient deux millions deux cent mille chameaux et mille six cents éléphants que vous aurez pris à la chasse aux environs de Sidjilmassa, quand vous êtes entré en Libye, et de plus vous avez toute la caravane de la Mecque. Ne fournirent-ils pas suffisamment de vin ?
    — Sûr, dit-il, mais nous ne bûmes point frais.
    —Vertu non d’un petit poisson ! dirent-ils. Un preux, un conquérant qui aspire à l’empire universel ne peut pas toujours avoir ses aises. Remerciez Dieu d’être arrivés sains et saufs, vous et vos gens, jusqu’au Tigre.
    — Mais, dit-il, que fait pendant ce temps la moitié de notre armée qui déconfit ce vilain poivrot de Grandgousier ?
    — Ils ne chôment pas, dirent-ils, nous allons bientôt les rencontrer. Ils vous ont pris la Bretagne, la Normandie, les Flandres, le Hainaut, le Brabant, l’Artois, la Hollande, la Zélande. Ils ont passé le Rhin sur le ventre des Suisses et des Lansquenets. Une partie d'entre eux a soumis le Luxembourg, la Lorraine, la Champagne et la Savoye jusqu’à Lyon. Là, ils ont retrouvé vos garnisons, de retour des conquêtes navales en Méditerranée et se sont rassemblés en Bohème, après avoir mis à sac la Souabe, le Wurtemberg, la Bavière, l’Autriche, la Moravie et la Stirie. Puis, ils ont foncé farouchement sur Lubeck, la Norvège, la Suède, le Danemark, la Gothie, le Groenland, les pays hanséatiques, jusqu’à la mer Arctique. Cela fait, ils ont conquis les Orcades et mis sous leur joug l’Écosse, l’Angleterre et l’Irlande. De là, navigant sur la Baltique et la mer des Sarmates, ils ont vaincu et dominé la Prusse, la Pologne, la Lithuanie, la Russie, la Valachie, la Transylvanie, la Hongrie, la Bulgarie, la Turquie et les voilà à Constantinople.
    — Rendons-nous vers eux au plus tôt, dit Picrochole, car je veux être aussi empereur de Trébizonde. Ne tuerons-nous pas tous ces chiens de Turcs et de Mahométans ?
    — Que diable ferons-nous donc, dirent-ils ? Vous donnerez leurs biens et leurs terres à ceux qui vous auront loyalement servi.
    — La raison le veut, dit-il, c’est justice. Je vous donne la Caramanie, la Syrie et toute la Palestine.
    — Ah ! dirent-ils, Sire, vous êtes bien bon ! Grand merci ! Que Dieu vous donne toujours prospérité. »
    Il y avait là un vieux gentilhomme éprouvé en diverses aventures, un vrai routier de guerre, nommé Échéphron. Il dit en entendant ces propos :
    « J’ai bien peur que toute cette entreprise ne soit semblable à la farce du pot au lait dont un cordonnier s’enrichissait en rêve. Ensuite, quand le pot fut cassé, il n’eut pas de quoi manger. Qu’attendez-vous de ces belles conquêtes ? Quelle sera la fin de tant de travaux et de travers ?
    — Ce sera, dit Picrochole, que nous pourrons nous reposer à notre aise quand nous serons rentrés. »
    Alors Échéphron dit :
    « Et si par hasard vous n’en reveniez jamais ? Le voyage est long et périlleux : n’est-ce pas mieux de se reposer déjà à présent, sans nous exposer à ces dangers?
    — Oh, dit Spadassin, pardieu, voilà un bel idiot ! Allons nous cacher au coin de la cheminée et passons-y notre temps et notre vie avec les dames, à enfiler des perles ou à filer comme Sardanapale ! Qui ne risque rien n’a cheval ni mule, c’est Salomon qui l’a dit.
    — Qui se risque trop, dit Échaphron, perd cheval et mule rétorqua Marcoul.
    — Baste ! dit Picrochole, passons outre. Je ne crains que ces diables de légions de Grandgousier. Pendant que nous sommes en Mésopotamie, s’ils nous donnaient sur la queue ? Quel serait le remède ?
    — Il est facile, dit Merdaille : un beau petit ordre de mobilisation que vous enverrez aux Moscovites vous mettra sur pied pour un moment quatre cent cinquante mille combattants d’élite. Oh ! Si vous me faites lieutenant à cette occasion, je tuerai un peigne pour un mercier ! Je mords, je rue, je frappe, j’attrape, je tue, je renie !
    — Sus ! Sus ! dit Picrochole, qu’on mette tout en train et qui m’aime me suive ».



Gargantua
Comment certains gouverneurs de Picrochole,
par leur précipitation, le mirent au dernier péril.
Chapitre 33.



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Reprenons.

 

 

1. dauphin allez jouer.jpg

 

73 dauphins trouvés morts, d’un coup, sur les plages de Jask, dans le sud de l’Iran : ce n’est hélas pas la première fois qu’on y assiste à de semblables morts en masse..

Dans un  premier temps, les scientifiques iraniens les avaient attribuées aux filets de pêche dans lesquels les dauphins se seraient pris en plongeant à de grandes profondeurs, en quête de nourriture, et qui les auraient empêchés de remonter à temps pour respirer (il faut qu’ils le fassent toutes les demi-heures).

Mais l’importance et la localisation de l’hécatombe infirment cette hypothèse.

Les résultats des récentes enquêtes font plutôt le lien entre la mort des dauphins et les sonars émetteurs des bâtiments américains présents dans le Golfe; c'est ce que pense à présent le responsable du département d’Ecologie de l’Institut de recherches au sein de l’organisation de la Pêche iranienne.

  « Au mépris des interdictions prévues y compris dans la constitution américaine au sujet de l’utilisation des sonars à haut risque (équipements d’acoustique sous-marine qui présente des dangers écologiques), les États-Unis continuent toujours de les utiliser dans les projets d’interception sous-marine dans les eaux du golfe Persique », a déclaré Hossein Negarestan, Directeur de Recherche à l’Organisation de la Pêche iranienne. « Les Sonars de la Marine américaine émettent à des dizaines, voire à des centaines de kilomètres de profondeur sous les eaux du golfe Persique les ondes sonores très puissantes qui ont provoqué récemment la mort des 73 dauphins du port de Jask».


Bien sûr, on peut toujours nourrir des doutes sur la qualité et l’impartialité de cette enquête, dans la mesure où elle a été réalisée par une organisation iranienne mettant en cause le Gouvernement américain. Néanmoins, ce n’est pas la première fois que de telles situations ont été signalées.

Arte a diffusé naguère le reportage d’une journaliste qui tentait d’établir un lien entre ces fameux sonars et les échouages de dauphins. Elle démontrait que le dauphin, affolé par un sonar alors qu’il est en plongée profonde pour se nourrir, remonte beaucoup trop vite, et… meurt, des bulles d’air dans tout le système sanguin et le foie.

La démonstration était concluante, servie par des images de synthèse soignées et des autopsies édifiantes.

2. dauphin-mort.jpg

Voici quelques points techniques sur cette nouvelle technologie :

Il s’agit d’un sonar de très haute technologie dont le but est de détecter des sous-marins ennemis à longue distance. Il envoie des ondes sonores d’environ 235dB à basse fréquence (100 à 500 Hertz) et se propageant à des centaines de kilomètres. Par comparaison, une baleine grise émet des sons de 185 dB et l’oreille humaine peut supporter un son de 160 dB maximale. Les échos en retour sont mesurés par le système de détection SURTASS et transformés en coordonnées spatiales précises. Les sons de basse fréquence voyagent très loin dans l’eau (le son est porté 5 fois mieux dans l’eau que dans l’air), d’où l’intérêt d’un tel système de surveillance. Il n’y a pas que l’US Navy qui manie cette nouvelle technologie : l’OTAN s’adonne également à des essais  de ce genre, notamment en Méditerranée. Actuellement, les États-Unis veulent déployer le système LFAS dans 80% des océans, en remplacement de l’actuel réseau d’hydrophones, mis en place depuis 1980. 4 bateaux placés aux 4 coins du globe suffiraient à cela.

 

3.stranded dolphin.jpg

4. stranded dolphin 2.jpg

5. stranded dolphin 3.jpg

6. stranded dolphin 4.jpg

 

7. stranded dolphins together.jpg

Mais les baleines aussi...
 
Aux États-Unis, la bataille fait rage depuis plusieurs années entre l’US Army et les écologistes, à propos des dangers mortels que font courir aux mammifères marins les exercices qui se déroulent au large de plusieurs côtes US , mais surtout celles de Hawaï. Jusqu’à présent, les juges ont généralement déféré aux souhaits de l’armée, qui veut pouvoir détecter les sous-marins silencieux. Il faut dire que, depuis l’ère Bush, les cours ont accepté sans piper la manoeuvre préférée de cette administration, à savoir : le "secret -défense", qui, pour elle, signifie qu’il n’est même pas permis aux juges d’examiner quelque preuve que ce soit, de peur de révéler ainsi des secrets d’état et de mettre en péril la sécurité nationale.

Et cela dure depuis des années... depuis les sous-marins furtifs chargés d’armes de destruction massive de feu Saddam Hussein, dont personne n'a jamais dit ce qu'ils étaient devenus.

 

8. Baleines Hawaiï.jpg

Ici un banc de baleines échoué sur la côte de Kauai (Hawaï) après des manoeuvres de la Marine, en 2004.

 

9. baleines californie.jpg

Quelques autres baleines échouées sur la côte de Californie, après une de ces manoeuvres. La marine a admis que l’utilisation de sonars au cours de ces exercices « pourrait déranger plus ou moins 170.000 mammifères marins », mais a insisté sur le fait que la conduite d’exercices réalistes est nécessaire à son entraînement.

Source : San Francisco Chronicle (The Thin Green Line).

Par ailleurs...

D’après la Deafwhale Society, un des plus anciens groupes de protection des mammifères marins au monde, les tremblements de terre vulcano-tectoniques seraient responsables de 90% des échouages en masse de baleines et/ou de dauphins, comme cela s’est produit, par exemple, sur les côtes de Madagascar, où Exxon Mobil poursuit sa campagne de séismes sous-marins provoqués, dans le cadre de sa prospection pétrolière.

Tout cela est en anglais, et c’est ici : http://www.deafwhale.com/
 

Sans compter bien entendu les « accidents », comme celui–ci - (quand on a l'habitude d'exterminer les humains en masse, comme le fait BP après APOC et AIOC ses précédents avatars , on ne va pas se gêner pour quelques millions d'animaux marins) :



Requiem pour le Golfe du Mexique ...



Vidéo



 

 

 

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14:57 Écrit par Theroigne dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

22/09/2010

El Comandante y The Atlantic

 

Petites barques de pecheurs à Cuba.jpg

 

 

 

El Comandante y The Atlantic

Conte cubain

Il était une fois un Américano-Israélien (double nationalité) qui, en Israël, avait été militaire, chose très-très courante, et gardien de prison (aussi). Il y avait «gardé» des gamins jeteurs de pierres pendant la première Intifada. 

Aux États-Unis, il faisait journaliste. Ici et là connu de ses pairs pour être un des agents sionistes les plus influents qui soient.
 

Il s’y était rendu célèbre pour avoir fabriqué, en stakhanoviste, le consentement dont George W. Bush avait besoin pour envahir-détruire-à-jamais l’Irak sans que l’opinion publique américaine s’en  émeuve au point de remuer. Livres et articles primés par des jurys en service commandé avaient stigmatisé un Saddam Hussein-Hitler (c’est de lui) prêt à déverser sur New York ses Armes de Destruction Massive et passant sa vie au téléphone avec Al Qaeda, par ligne directe entre Baghdad et les grottes afghanes. Les attentats du 11 septembre étaient venus, juste à point, lui apporter un coup de main décisif.

Épinglé pour ces « missions accomplies » par plusieurs courageux journalistes US (espèce de plus en plus rare), et pas seulement pour ce rôle dans le déclenchement de la guerre, mais aussi pour quelques fracassantes interviews-bidon, dont une prétendûment obtenue de prisonniers musulmans enfermés dans une prison kurde d’Irak, quelque part à la frontière de l’Iran. Au point que certains, excédés, avaient empoigné leur barda et s’en étaient allés in situ vérifier ses dires, et n’avaient pas manqué de publier leurs conclusions au retour : fabriqué de A à Z, en sollicitant, par des questions orientées, des réponses qu’il avait dû finir par faire lui-même. En 2003, à propos – entre autres - de cette fameuse interview, M. Alexander Cockburn, journaliste politique et animateur du site CounterPunch, avait descendu le faussaire en flammes.
Pour ceux qui lisent l’anglais vitriolique, c’est ici :
http://www.counterpunch.org/cockburn02282003.html

Quoique dès lors perdu de réputation aux yeux des gens sérieux de sa profession, le laveur de cerveaux – il s’appelle Jeffrey Goldberg – n’en continua pas moins sa longue et lourde tâche. Car il y a une autre guerre, encore plus monstrueuse, à faire avaler. Et les millions d’Américains dans la dèche, sans toit, sans travail, sans soins de santé, dépendant de tickets de rationnement pour manger et ne voyant à l’horizon que perspectives encore pires sont de plus en plus difficiles à faire s’enthousiasmer sur des entreprises qu’on leur vend (cher) comme patriotiques.

Or donc, récemment, l’infatigable M. Goldberg s’est fendu d’un long article, intitulé « Le Point de non retour », où il se demande gravement si Israël doit bombarder l’Iran, et si oui, quand, et ne vaudrait-il pas mieux faire en sorte que ce soit Obama qui le fasse, etc. etc. C’est ici :
http://www.theatlantic.com/magazine/archive/2010/09/the-point-of-no-return/8186/
Article qui, selon certains blogueurs, notamment Glenn Greenwald, serait «l'œuvre d’un propagandiste, dont l’objectif tendrait à rendre acceptable l’idée de frappes aériennes contre l’Iran... » (v. en note .. l’article de Médiapart).

Et ne voilà-t-il pas que M. Fidel Castro, qui l’a lu, se met à dire urbi et orbi tout le bien qu’il en pense.

S’ki’s’passe ?

gif-humour-12-gratuit_d2j.gifQuand on lit M. Fidel Castro, il vaut toujours mieux lire aussi ce qu’il y a entre les lignes. Et surtout, se rappeler que les choses les plus importantes à ses yeux ne sont jamais dites au premier degré, mais toujours (implacablement) suggérées. Il est très possible de critiquer sévèrement quelqu’un en n’en disant que du bien. Comme il le fit, par exemple, au moment de l’entrée des chars soviétiques à Prague : «J’espère que, si nous sommes nous-mêmes attaqués, du dedans ou du dehors, ils viendront à notre secours aussi ».  À vous de faire travailler vos petites cellules grises.

Quoi qu’il en soit, les éloges enrobant ce qui était peut-être un hameçon n’ont pas dû manquer d’enchanter l’auteur et lui faire nourrir l’illusion qu’il devait être bien malin, s’il avait réussi à faire avaler sa salade à Castro. (C’est intéressant, parfois, d’être octogénaire. Les gens vous croient volontiers gaga. Ils baissent leur garde, tout ça.)

On sait par ailleurs – nous en avons assez parlé ici même – que M. Fidel Castro a entrepris une croisade personnelle dans le but de faire avorter la der des der picrocholines que, pour sa part, M. Goldberg s'échine à faire advenir.

Se pourrait-il que M. Castro ne sache pas qui est M. Goldberg, ni à quoi il a déjà tant servi ? Ouh, la la... Ce n’est pas parce qu’on est sous blocus depuis 48 ans qu’on ne se tient pas au courant de ce qui se passe dans le monde, qu’est-ce que vous croyez !

Bref, ne voilà-t-il pas derechef que, peu de temps après, M. Goldberg, « en vacances » à Martha’s Vineyard (une plage pour impécunieux) reçoit un message d’un fonctionnaire cubain tout ce qu’il y a d’officiel, du nom de Jorge Bolanos : « Fidel veut vous voir ».

Va-t-il gober l’hameçon ? Il va. Et la ligne avec.

En moins de temps qu’il n’en faut pour dire hasbara, le brillant journaliste obtient son visa, alors que le grand Bill Blum, ami personnel du Jefe et de  la Révolution attend le sien, en vain, depuis deux ou trois dizaines d’années. Ne mégotant pas sur la logistique, M. Goldberg en obtient un aussi pour une dame Julia Sweig, « qui connaît bien Castro », laquelle officie pour sa part au Council on Foreing Relations. Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est le CFR, voir Daniele Ganzer, Les Armées Secrètes de l'OTAN : Réseaux Stay Behind, Opération Gladio et Terrorisme en Europe, éditions Demi-Lune, 2007, ainsi que l’article qu’y a consacré, en 2004, Thierry Meyssan, sur le site Réseau Voltaire :   http://www.voltairenet.org/article14344.html

Et les voilà partis, bras-dessus bras-dessous à La Havane. Où ils rencontrent effectivement, pendant plusieurs heures, Fidel Castro « fragile et affaibli, qu’on tient par le coude ».

On a presque pitié de l’inconscient.
Mais tant pis pour lui.
Tant pis pour ceux qui n’ont pas vu Volpone, avec Jouvet en Jorge Bolanos.

La suite, tout le monde la connaît, c’est cet article – première moitié de son reportage – qui fait l’effet d’une maison  de dix étages tombant à pic dans le lac du Bourget, mais qui fait surtout, en une paire d’heures (ô Internet), le tour de la planète. Sa traduction en espagnol paraît en même temps, cela va de soi, dans les journaux cubains.

Vous dirai-je la beauté (si prévisible) des réactions ? Elles furent de trois sortes. Il y eut ceux qui refusèrent de croire ce qu’ils lisaient, exigeant d’entendre l’intégrale de l’interview pour savoir où gisait l’entourloupe. Il y eut les petites mains sionistes sévissant masquées, qui se pâmèrent d’admiration pour quelqu’un qui – enfin ! – se repentait de ses péchés, reconnaissait la sacralité unique « des Juifs », se convertissait au sionisme, admettait que la Révolution cubaine s’est plantée et que si c’était à refaire, il ne le ferait plus. (Aaaarrrgh, c’est trop beau : Joie ! Joie ! Pleurs de joie !) Il y eut  les – innombrables – qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, et qui, aussitôt, dans les forums, conseillèrent « au vieux » de fermer son clapet, d’arrêter de se mêler de tout, de s’occuper de ses couches et de son Alzheimer, on en passe et des meilleures dans le genre, y compris sur les sites de la presse cubaine.

Eh, oui, « le vieux » avait pris ce qui s’appelle un risque calculé : celui de passer pour un con pendant quelques heures, voire un jour ou deux.

Mais le résultat, en fin de compte ? Son audience dans le monde entier a explosé de façon exponentielle. Ce qu’il n’avait pas encore accompli sur le plan de la médiatisation en trois fois vingt ans, il vient de le faire en quelques heures. Et son message essentiel a été diffusé par celui-là même qui avait le plus d’intérêt à l’occulter, mais qui était bien obligé, pour maintenir la fiction de son sérieux journalistique, de reproduire au moins une fois ce qui venait de lui être répété avec tant d’insistance. Quelque chose comme : La guerre que vous préparez fait courir à notre espèce un  risque d’extinction définitive. Si vous croyez vous en tirer par la supériorité de votre armement, par sa disproportion dantesque et par une attaque-éclair du genre shock-and-awe, détrompez-vous. Les Iraniens vous attendent, les Iraniens se battront et ne partiront pas dans le néant sans vous. Et sans doute sans nous.  

Il n’y a plus un chat aujourd’hui, au fin fond du plus déshérité bidonville, plus une bonne soeur au fond de son couvent, plus un banquier au fond de son coffre, qui ignore ce que Castro avait à leur dire. Maintenant, mes chéris (là, c’est moi qui parle) si vous vous laissez faire par les fous furieux lâchés dans le Golfe Persique, libre à vous. Vous ne viendrez pas pleurer après. Vous serez morts.

Résultat corollaire : le « reportage » dont un des buts non proclamés mais évident était de discréditer le commandant Castro, s’est retourné contre son auteur, aujourd’hui définitivement perdu de réputation et pas seulement chez quelques-uns de ses confrères.

On ne dure pas cinquante-deux ans au milieu des pires embûches sans savoir jouer aux échecs. Et au billard à plusieurs bandes.

Bravo l’artiste.

Où est mon verre de vodka à l’herbe de bison ?

                                                                           à Fidel Castro...
                                                     
                                                                           Santé, Monsieur ! Vivez centenaire.
 

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Fidel Castro, Jeffrey Goldberg et Julia Sweig à l'Aquarium de La Havane
  

Fidel en el aquario.jpg

Les mêmes, de dos, regardant évoluer des dauphins et des athlètes.

 

 

  Catherine L.

 

_______       

Les corps des délits :

http://www.newyorker.com/archive/2002/03/25/020325fa_FACT1 

(Article de 2002 « The Great Terror »)

http://www.theatlantic.com/magazine/archive/2010/09/the-p...   

(Interview Castro - Article original)

http://www.thewashingtonnote.com/archives/2010/08/an_isra...
(Should Israel bomb Iran?)

Pour qu’on ne dise pas que je suis partiale, voici un défenseur-&-ami de J. Goldberg :

http://monde-info.blogspot.com/2010/08/israel-iran-guerre-nucleaire-pour.html

Sinon, voyez Mediapart, pas spécialement des communistes au-couteau-entre-les-dents :

http://www.mediapart.fr/club/edition/dijon-bourgogne/article/170810/israeliranetats-unis-un-trio-explosif

Ou encore :

« Goldberg's article has been criticized, however, as "a J-school nightmare : bad sources, compromised sources, unacknowledged uncertainties, and the whole text spun through with an alarmist rhetoric that is now either laughable or nauseating, depending on your mood." Critics also charge that the article boosted the Bush administration's argument for the invasion of Iraq by emphasizing Saddam Hussein's use of weapons of mass destruction. »  Wikipedia

http://www.counterpunch.org/cockburn02282003.htm

Hacks and Heroes. Meet The New Yorkers’ Jeffrey Goldberg, CounterPunch 28 février 2003

On peut lire aussi - il est intéressant - l'article d'Adam Shatz, dans la London Review of Books de ce 23 septembre  :  

http://www.lrb.co.uk/v32/n18/adam-shatz/short-cuts

 

Pied de nez Je dédie ce conte à Thomas Gunzig, écrivain et homme de radio, qui chausse « à la belge » les mocassins de Stéphane Guillon tous les matins à 8h30 (Café serré, RTBF-La Première), et qui, parce que La Semaine Infernale  (RTBF-La Première) est enregistrée le jeudi et non le vendredi, a perdu une belle occasion de ne pas dire deux grosses sottises en une seule phrase. Peut-on lui suggérer, aux vacances de l’année prochaine, plutôt qu’emmener les gosses à Eurodisney Resort Paris (billet à classer historique), de les envoyer à la mer avec leurs grand-parents et de s’enfermer au jardin avec la vie et les oeuvres de Fidel Castro, histoire de ne pas mourir idiot. Avec de la tequila bien fraîche, c’est jouable. Ou de la vodka à l’herbe de bison s’il préfère, les Cubains ne sont pas sectaires.


*

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Que celui qui n’a jamais fauté...

 

Une qui risque de ne pas vivre centenaire, c’est Madame Sakineh Mohammadi Ashtiani, dont le nom résonne aux quatre coins de l’Occident, depuis que nos habituelles bonnes âmes curieusement intentionnées se sont mises en campagne pour lui éviter la lapidation. Pour adultère, évidemment, comme dans la Bible.

Je ne me joindrai pas à ce choeur des vierges, mais comme seule la vérité est révolutionnaire (je ne sais plus qui dixit), je m’en vais résumer, pour ceux qui auront eu la constance d’arriver jusqu’ici, le peu de sûr que l’on sache de cette affaire.

Madame Mohammadi Ashtiani n’a pas été condamnée à la lapidation, forme d’exécution qui a été supprimée par la Révolution iranienne, elle a été condamnée à la pendaison. Et non pour adultère, mais pour meurtre. Avec préméditation. Selon l’enquête, elle a endormi son mari pour permettre à son amant de le tuer sans risque. Des tenants, des aboutissants et surtout des causes de tout cela, personne, ici, ne sait rien. Sauf que son complice est condamné à la même peine.

L’Iran étant un pays civilisé, les condamnés peuvent se pourvoir en appel. Madame Mohammadi Ashtiani attend aujourd’hui, en prison, le résultat de la procédure d’appel en cours.

Devons-nous les 99 coups de fouet à l’imagination fertile de M. Béhachelle ? Il ne faudrait pas s’en étonner. Quand M. Béhachelle fabrique du consentement à une guerre, pire elle est, plus il tient à gagner ses sous.

Pour être complète, j’ajouterai que la loi iranienne possède encore une disposition légale qui n’existe  pas dans nos contrées  : tout condamné à mort peut voir sa peine annulée, si la ou les victimes de son forfait lui accordent leur pardon. L’État alors se retire et lui rend la liberté. En cas de confirmation de la sentence par la Cour d’Appel, il dépend de la famille de son mari et en premier lieu de son propre fils, que Madame Mohammadi Ashtiani ne soit pas exécutée.

Pour des informations plus détaillées sur ce cas malheureux utilisé sans gêne par les habituels je-me-mêle-de-tout occidentaux au service des intérêts les plus louches, voir :

Thierry Meyssan : Le scandale Sakineh (Réseau Voltaire).

Ainsi que le compte-rendu de Dieudonné M’Bala M’Bala (oui, je sais, c’est un comique) qui, tournant un film dans la région, s’est rendu à Téhéran pour intercéder en faveur de la condamnée :
http://www.plumenclume.net/articles.php?pg=art672

Et pendant que nous sommes sur le site de l’association « La Plume et l’Enclume » ( M. Israël Shamir, Mmes Maria Poumier, Ginette Hess Skandrani et leurs amis), voici la pétition qu’eux-mêmes ont signée, fait circuler.et envoyé au Président Ahmadinejad, qui n’est pas habilité à s’occuper de ces choses mais qui aura transmis, j’imagine, à qui de droit :




Appel respectueux à la clémence pour Sakineh,
par l'Association Entre la Plume et l'Enclume



Lettre ouverte à M. Mahmoud Ahmadinejad, président de la République islamique d’Iran pour lui demander d’accorder sa clémence à Sakineh Mohammadi menacée d’exécution.

Nous n’avons pas signé la pétition des personnalités françaises exigeant l’arrêt de son exécution, car nous pensons que cette pétition est incomplète et ne prend en compte que les intérêts occidentaux.

Nous soutenons l’Iran contre la politique répressive adoptée par la communauté internationale contre son Etat, son président et l’ensemble du peuple iranien.

Nous dénonçons l’exclusion par embargo économique, commercial et financier de ce pays porteur d’une des civilisations les plus prestigieuses de l’humanité.

Aussi longtemps qu’Israël paradera avec ses centaines de bombes nucléaires dans le désert du Neguev et continuera ses productions atomiques dans le centre de Dimona, l’Iran ne doit pas être puni sous le prétexte hypocrite qu'il pourrait vouloir acquérir la bombe.

L’AIEA (l’Agence pour l’information sur l’énergie atomique) n’est jamais arrivée à prouver que l’Iran fabrique la bombe atomique alors que cette agence sait qu’Israël en produit des quantités, destinées à terroriser le monde entier.

Nous dénonçons cette campagne honteuse contre le peuple iranien; en effet, nos dirigeants occidentaux ont déjà utilisé par deux fois le prétexte de la défense des valeurs féminines, contre l’Afghanistan et l’Irak, avant de les attaquer militairement; voilà pourquoi nous nous demandons si nos dirigeants ne sont pas en train d’utiliser le même stratagème afin de pouvoir agresser l’Iran sans donner les motifs réels d'une simple guerre de conquête, qui ne correspond ni aux intérêts ni aux sentiments des peuples de notre région.

Nous ne nous permettons pas de nous immiscer dans la justice iranienne, mais nous nous permettons de demander au Président iranien d’accorder sa clémence pour la citoyenne iranienne Sakineh Mohammadi, 43 ans, menacée d’exécution, dans le cadre de notre rejet universel des châtiments définitifs.

Nous sommes contre la peine de mort que nous dénonçons également ailleurs. Mumia Abu Jamal , (le journaliste et membre américain des Black Panters) est dans le couloir de la mort aux USA depuis plus de vingt ans ainsi que de nombreuses autres personnes en majorité des noirs ou des Amérindiens tel Leonard Pelletier. Nous demandons également au Président Obama de leur accorder sa clémence.

Tout comme nous demandons la clémence et la justice pour le million et demi de Palestiniens de Gaza soumis à une peine de mort lente, sans être coupables en rien de leur sort.

Toutes ces personnalités qui veulent imposer la loi occidentale sur votre pays, qui a ses propres traditions juridiques, éthiques, religieuses, nous ne les avons jamais vues se mobiliser pour dénoncer toutes ces condamnations à mort!

Pour l'Association "entre la Plume et l'Enclume", la présidente, Ginette Hess Skandrani

Paris, 27 août 2010.

Pétition à adresser à plumenclume@orange.fr

Je m'associe à la "Lettre ouverte au président Ahmadinejad" de l'Association Entre la Plume et l'Enclume, je la diffuse et je soutiens la demande de clémence pour Sakhina Mohammadi.

Nom, prénom

Fonction

*   


N.B. La photo ci-dessus n’est pas celle de Madame Mohammadi Ashtiani mais celle d’une jeune femme condamnée en Irak, où on exécute à tour de bras, y compris à la perceuse électrique, et ce depuis des années, sans que personne s’en émeuve



*

Puisque nous sommes du côté de chez les femmes,

             restons-y :

 

 

Eva R.jpg

Pour vous signaler le blog – non : les blogs – d’une femme courageuse, qui déploie depuis quelques années, sur Internet, une activité extraordinaire.

Son nom : Eva Onochtchenco.
Elle est écrivain, journaliste, de père français et de mère russe, et elle habite dans le midi de la France

L’ensemble de ses blogs s’appelle Eva R-sistons à l’intolérable, où rien de ce qui nous concerne tous n’est ignoré. Les voici dans l’ordre des urgences :



- No War
  http://no-war.over-blog.com/5-index.html  


- R-sistons à l'intolérable
   http://r-sistons.over-blog.com


- R-sistons à la désinformation
  http://anti-fr2-cdsl-air-etc.over-blog.com

 
- R-sistons à la crise (tuyaux,analyses,alternatives..)
  http://sos-crise.over-blog.com
 

- R-sistons à l'actualité
  http://r-sistons-actu.skynetblogs.be/


- R-sistons au choc de civilisations
  http://eva-communion-civilisations.over-blog.com/


- Eva coups de coeur blogs
  http://eva-coups-de-coeur.over-blog.com/


- Eva informe les seniors
  http://senor-information.over-blog.com


Son adresse   :   evaresis@yahoo.fr

Personne ne perd son temps en lui rendant visite.




 
Avons-nous dit journalisme ?

Des qui ne font pas dans la dentelle, quand il est question de persuader les foules de la pertinence de la présence U.S. et affiliés en Afghanistan, ce sont les médiateux de Time Magazine.

Qui peut encore ignorer la récente couverture chargée d’horrifier les foules (guerre au terrorisme, n’est-ce pas) montrant une jeune femme afghane cruellement mutilée.

Par les talibans précise la photographe Jodi Bieber, qui l’a persuadée de poser en lui disant qu’elle était belle. Jodi Bieber, de nationalité indéfinie et vivant à Johannesburg, semble avoir une prédilection pour les corps de femmes plutôt très abîmés, qu’elle expose sous le titre «Real Beauty».

L’auteur de l’article s’appelle Aryn Baker. Elle est l’épouse d’un entrepreneur afghano-américain, a qui la guerre a valu quelques juteux contrats avec les forces de l'OTAN.

TIME_1.jpg



Gros titre :  Voilà ce qui arrivera si nous quittons l’Afghanistan.

Et de préciser que cette jeune femme de dix-huit ans s’est évadée de la maison de ses beaux-parents, qu’elle a été poursuivie, rattrapée, condamnée par les talibans à avoir le nez et les oreilles coupés; qu’elle a été abandonnée, se vidant de son sang, dans la montagne, recueillie par une patrouille de démocrates et sauvée. Qu’elle va être gratuitement opérée par un Dr. Grossman, chirurgien plastique en Californie.

Précision n° 1 :

Les Talibans ont formellement démenti, la Sharia leur interdisant ce genre de pratiques.

Précision n°2

L’auteur des mutilations est son propre mari, qui l’accuse d’avoir bafoué l’honneur de sa famille. L’Europe, qui n’est pas plus exempte que d’autres de crimes d’honneur familiaux, ne devrait pas trouver ce comportement si étrange.

Reste l’usage qui a été fait de ce drame privé, et qui continue à en être fait, en dépit d’une polémique très vive.


Extraits :

Suite à cette couverture controversée, certains commentateurs ont estimé que le journal avait utilisé une image choc pour défendre le maintien des troupes américaines en Afghanistan. Dans un éditorial, le rédacteur en chef de Time Magazine, Richard Stengel, avait justifié la publication de la photo en assurant qu'Aisha avait posé car elle voulait que le monde voie les conséquences, pour les femmes, du rôle accru des talibans en Afghanistan".  (RTL-Info)
___________     

Conçue pour choquer, cette couverture justifiait outrageusement l’intervention militaire en Afghanistan. Une affaire qui a été très bien couverte par Courrier International et qui a surtout fait couler beaucoup d’encre dans les pays anglo-saxons. « Stratagème cynique » lit-on dans The Guardian. « L’inquiétante une de Time Magazine (…) est parfaitement fallacieuse vu que le scénario décrit est déjà une réalité alors que nous sommes encore là-bas » ajoute The Observer dans un article intitulé « Le salut des femmes ne viendra pas de l’Occident ». (Bakchich-Blogs)
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Les résistants affirment que Time ment en les accusant d’avoir coupé le nez et les oreilles d’Aisha, 18 ans, après qu’elle a fui son foyer dans la région d’Oruzgan, (centre) l’an dernier.

«Cet acte désespéré de propagande par le magazine Time a montré à la planète les excès auxquels les médias sont prêts à recourir pour satisfaire les Etats-Unis, même au prix de leur intégrité journalistique», a dénoncé un porte-parole des résistants dans un communiqué cité par SITE.

Le communiqué en anglais a été publié samedi sur le site de l’Emirat islamique. Il accuse les Américains de «publier ces mensonges pour détourner l’attention des gens de leur défaite nette et honteuse».(Journal de l'Afghanistann - La coalition perd la guerre. - n° 450 - du 09-08 au  31-08 - C. De Broeder & M.Lemaire : http://journauxdeguerre.blogs.lalibre.be )


Restons-en là. Mais puisqu’il continue à n’être bruit partout que de talibans, posons à Mmes Aryn Baker et Jodi Bieber, mais aussi  à leurs employeurs quelques questions de Béotiens très bêtes  :

Les Moudjahidines devenus talibans étant, de notoriété publique, des paysans analphabètes, grâce a qui a pu être renversé,  le 16 avril 1992, le gouvernement communiste (donc laïc) de la République Démocratique d’Afghanistan, pour le remplacer par un gouvernement ouvertement islamiste (c. à d. intégriste),

- QUI a recruté, dans leurs villages, ces malheureux paysans pour en faire des «Moudjahidines»?
- QUI les a endoctrinés ou achetés ?
- QUI les a drogués ?
- QUI les a entraînés ?
- QUI les a armés, alors qu’ils n’avaient pas les moyens de l’être ?
- QUI s’en est servi pour renverser le gouvernement communiste élu et ainsi attirer l’URSS (appelée à l’aide par celui-ci), dans le piège qui devait être « son Vietnam » (selon les vantardises répétées de M. Zbigniew Brzezinski,  idéologue et organisateur du forfait, sous la présidence Carter) ?
- QUI les a ensuite utilisés dans ses guerres d’agression en les lançant contre la Yougoslavie (présidence Clinton – direction  des opérations : Oussama Ben Laden), contre l’Irak, etc.
- QUI les a utilisés encore (années 1990) pour semer la terreur par des massacres innommables en Algérie ?
- QUI les utilise à présent comme « ennemis publics n°1 », selon une recette éprouvée consistant à corrompre des gens pour leur faire trahir leurs compatriotes et à les réutiliser ensuite comme ennemis dès qu’ils ont fini de servir, ainsi que cela s’est produit avec Saddam Hussein, Slobodan Milosevic et tant d’autres ?

- Les « journalistes » de TIME Magazine ne savent-ils pas où trouver leurs gouvernants ?

Question subsidiaire :

- Pourquoi se donner tant de mal pour démontrer la nécessité d’une présence occidentale-sinon-qu’est-ce-qui-va-arriver-aux-femmes en Afghanistan alors que la guerre EST perdue ? Serait-ce une manière de persuader les vassaux de s'y coller tout seuls pendant qu’on va s’occuper d’Hugo Chavez et des autres pays de l’ALBA ?

C’est avec les impôts payés par les Européens que l’OTAN fonctionne et commet ses crimes (seuls, les Européens riches ont les mains propres, puisqu’ils n’en paient pas)

 

*

 

Exécutions capitales et tchic et tchac

teresa lewis.jpgCe jeudi, à 21h13 heure locale, Teresa Lewis, 41 ans,  a été exécutée à Jarrat, en Virginie. Coupable d’avoir fait tuer, également pendant leur sommeil, son mari et son beau-fils, pour hériter de l’un et toucher l’assurance-vie de l’autre. Aboutissement d’un long asservissement au sexe et à la drogue. La défense a eu beau faire valoir qu’elle avait un Q.I. de 72 (« borderline mentally disabled ») et qu’elle avait été manipulée par un des tueurs, après avoir eu des relations sexuelles avec les deux ; ceux qui se sont mobilisés pour tenter d‘obtenir sa grâce ont eu beau faire valoir qu’au bout de huit années d’emprisonnement, elle était devenue une autre femme, la Cour ne les a pas suivis et l’exécution a eu lieu « en présence de l’aumonière de la prison, la Rév. Julie Perry, sanglotante et s’accrochant désespérément à son livre de prières ». Ses deux complices mâles ont écopé de perpète.

brandon joseph rhode.jpgEn cours : l’exécution de Brandon Joseph Rhode, auteur d’un triple meurtre (un cambriolage ayant mal tourné) alors qu’il était mineur (17 ans).
Le condamné (« utterly terrified and hopeless »)  ayant tenté de se suicider quelques heures avant l’exécution, en se tailladant au rasoir la gorge et les poignets, a été sauvé in extrémis et la Cour a décidé de surseoir de trois jours à l’exécution, afin qu’il soit conscient pour subir sa peine.

Le débat sur la peine de mort s’intensifie aux États-Unis, tandis que Jerry Brown (Dem.) appelle à une reprise des exécutions capitales en Californie «aussi rapidement que possible».

Pour les armes à feu en vente libre dans les supermarchés, voyez Michael Moore.  Il  a des tas de choses à en dire.


*

 Sale temps pour les opposants aux guerres !

On a appris avec délices – cela ne date pas de cette semaine, mais peut-être certains d’entre vous ne le savent-ils pas encore – que saint Barak Obama a passé en loi le droit d’exécuter à vue et sans sommations quiconque sera soupçonné de terrorisme. Cette décision concerne autant les citoyens américains que les autres. Elle est applicable sur le territoire des États-Unis et n’importe où dans le monde.

Soupçonné par qui ? Euh... Sur quelles bases ? Pfft... Et si on tue d’abord pour s’apercevoir ensuite qu’on s’est trompé ? Och... on s’excusera.

Même Franco et Pinochet n’avaient pas osé. Certes, ils l’avaient « fait », c. à d. assassiné des gens soit parce qu’ils les gênaient, soit pour terroriser les autres (par « les autres» entendez toute la population de leur pays), mais jamais, quand même, ils n’ont eu l’audace de se  donner avant – par une loi - le droit d’assassiner selon leur bon plaisir.

Jadis, les tueurs à gages et autres exécuteurs des basses oeuvres des tyrans devaient rapporter  à leur maître la tête ou le scalp de leur victime, en guise de preuve qu’ils avaient honnêtement gagné leur salaire. Ceux d’aujourd’hui doivent rapporter un échantillon d’ADN. On n’arrête pas le progrès.
 
Voir  : « Obama tue plutôt que faire des prisonniers », par Lorraine Millot, pour Libération.
http://washington.blogs.liberation.fr/great_america/2010/02/obama-tue-plut%C3%B4t-que-faire-des-prisonniers-1.html


Les articles les plus détaillés sur la question sont ceux de Glenn Greenwald repris en français par Le Grand Soir :
 « Officiel : Obama autorise l’assassinat de citoyens étasuniens »  

 http://www.legrandsoir.info/Officiel-Obama-autorise-l-assassinat-de-citoyens-etasuniens-Salon-com.html
et par Soutien-Palestine :

http://soutien-palestine.blogspot.com/2010/04/officiel-ob...


d’après son propre site Salon.com :
http://www.salon.com/news/opinion/glenn_greenwald/2010/01/27/yemen

C’est dans le discours présidentiel du 31 août sur le retrait des troupes d’Irak, qu’a été annoncée cette intéressante initiative :

Voir à ce propos : « Le discours d'Obama sur l'Irak : un exemple de lâcheté et de malhonnêteté », par Bill Van Auken, dans  Mondialisation.ca.

Citation : «La réputation de la démocratie américaine a été bâtie sur des principes et des droits constitutionnels qui ont été mis en lambeaux par l’administration Bush au nom de la  “guerre globale contre le terrorisme”. L’administration Obama a adhéré pleinement à ces attaques sur les droits démocratiques, défendant la surveillance domestique, les déportations, l’emprisonnement sans accusation ou poursuites. Elle a même donné à l’exécutif le droit de désigner des citoyens américains comme des suspects terroristes et a ordonné leur exécution extra-judiciaire.»


Texte complet ici :   

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=20995

Je crois me souvenir qu’en 1793, voyant que les députés de la Gironde voulaient doter la France d’une constitution calquée sur celle des États-Unis, Maximilien Robespierre s’y était opposé avec force, expliquant pourquoi et prédisant ce qui devait forcément advenir d’une nation qui l’adopterait. Il semble que l’Histoire soit en train de lui donner raison.

 

*  

 

Pense-bête

 

Les hommes de tous les pays sont frères, et les différents peuples doivent s'entraider selon leur pouvoir comme les citoyens du même état.

*

Celui qui opprime une seule nation se déclare l'ennemi de toutes.

*

Ceux qui font la guerre à un peuple pour arrêter les progrès de la liberté et anéantir les droits de l'homme, doivent être poursuivis par tous, non comme des ennemis ordinaires, mais comme des assassins et des brigands rebelles.

*

Les rois, les aristocrates, les tyrans, quels qu'ils soient, sont des esclaves révoltés contre le souverain de la terre qui est le genre humain, et contre le législateur de l'univers qui est la nature.

Robespierre

 

 

 

*****

 

19:09 Écrit par Theroigne dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |