30/03/2014
RUSSIE ET CRIMÉE - UKRAINE S'IL EN RESTE
RUSSIE ET CRIMÉE
UKRAINE S’IL EN RESTE
La corvette ukrainienne Ternopil arraisonnée par la marine russe dans le port de Sébastopol
en profite pour faire sécher ses couvertures.
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La Transnistrie demande à adhérer à la Fédération de Russie
Réseau Voltaire| 24 mars 2014
Le suprême commandeur de l’Otan, le général Philip Breedlove, a mis en garde la Russie contre toute tentative d’« annexer » la Transnistrie.
Nina Shtanski, Ministre des Affaires étrangères de Transnistrie
Lors du référendum d’autodétermination de la Crimée, le ministre des Affaires étrangères de la République moldave de Transnistrie, la très glamour Nina Shtanski (photo), s’était félicitée du résultat obtenu chez ses voisins et avait rappelé que les Transnistriens avaient voté identiquement, le 17 septembre 2006, pour adhérer à 97,2 % à la Fédération de Russie.
Source : http://www.voltairenet.org/article182934.html
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Transnistrie : Serguei Lavrov dénonce une provocation de l’Occident
L’Occident passe sous silence le blocus de la Transnistrie, organisé par Chisinau et Kiev, a déclaré samedi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov dans une interview accordée à la chaîne télévisée Rossia 1.
Lire la suite…
Sources :
http ://www.egaliteetreconciliation.fr/Transnistrie-Serguei-Lavrov-denonce-une-provocation-de-l-Occident-24383.html
http ://fr.ria.ru/world/20140329/200836386.html
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Rions un peu…
Les États-Unis essaient désespérément de faire isoler la Russie
Dans ce but, un sommet du G7 (G8 sans la Russie) s’est tenu le 24 mars à La Haye, au domicile du Premier Ministre hollandais.
Ils en sont là ?
Pas même fichus de se trouver un Bilderberg quelque part ?
Pepe Escobar a son avis là-dessus :
Les USA désespèrent d’isoler la Russie
28 mars 2014
L’administration Obama ne ménage rien ni personne dans ses efforts pour « isoler » la Russie sur tous les fronts possibles – avec, jusque-là, des résultats négligeables.
J’ai décrit ici quelques raisons pour lesquelles l’Asie n’isolera pas la Russie. Et ici quelques raisons qui font que l’UE ne peut pas se permettre d’isoler la Russie. Pourtant l’administration Obama est fiévreuse, et sûre d’attaquer sur trois fronts majeurs – le G20, l’Iran et la Syrie.
Source : http://reseauinternational.net/les-usa-desesperent-disoler-russie/
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L’article qui suit a paru en anglais, sur Counterpunch, le 21 mars, et en français, sur Entre la plume et l’enclume, le 24. Autant dire qu’au point de vue de l’actualité, si c’était un petit-suisse, il aurait dépassé la date de péremption. Mais les articles d’Israël Shamir ne sont que superficiellement dépendants de l’actualité. On peut les lire avec profit à peu près n’importe quand, et même, souvent, les relire longtemps après, pour s’apercevoir qu’ils ont quelque chose en commun avec le bon vin. Celui-ci ne déroge pas à la règle. Quand Shamir parle de sa Russie, du Proche Orient ou de Julian Assange, il est inégalable.
Crimée : le triomphe de Poutine
par Israël Adam Shamir
Personne ne s'attendait à ce que les choses bougent à une vitesse pareille. Les Russes prenaient leur temps; ils avaient l'air d'être au spectacle, tandis que les troupes d'assaut des Bruns s'emparaient de Kiev, et au spectacle tandis que Victoria Nuland et son pote Yatsenyuk, dit Yats, se tapaient dans le dos et se congratulaient pour leur victoire en deux temps trois mouvements. Au spectacle toujours, tandis que le président Ianoukovitch sauvait sa peau en se réfugiant en Russie. Ils ont regardé les bandes brunes se déplacer vers l'Est pour aller menacer les Russophones au Sud-Est. Ils ont écouté patiemment Mme Timochenko, fraîchement relâchée des geôles, promettre de désavouer les traités signés avec les Russes et de chasser la Flotte russe en Mer Noire de Sébastopol, leur port principal. Ils n'ont pas bronché quand le nouveau gouvernement a embauché des oligarques pour gouverner les provinces de l'Est. Ils n’ont toujours pas réagi quand les écoliers ukrainiens ont reçu l'ordre de chanter: « Les Russkoffs on les pendra, haut et court on les pendra », à quoi le représentant du gouverneur oligarque répondait qu'il promettait de pendre tout Russe mécontent à l'Est dès que la Crimée serait pacifiée. Tous ces funestes événements se déroulaient sous ses yeux, et Poutine gardait le silence.
C'est un animal à sang froid, ce Poutine. Tout le monde, y compris votre serviteur, se disait qu'il était bien négligent, alors que l'Ukraine s'effondrait. Il attendait son heure, il patientait. Les Russes ont fait quelques pas hésitants, au ralenti, presque furtivement. Les marines que la Russie avait basés en Crimée en vertu d'un accord international (tout comme les US ont des marines à Bahrein) sécurisaient les aéroports et les barrages routiers, apportaient des renforts aux volontaires de la milice, qui s'appellent Force d'autodéfense de la Crimée, mais restaient à couvert. Le parlement criméen assurait son autonomie et promettait un plébiscite un mois plus tard. Et puis tout s'est brusquement accéléré.
Le référendum a été avancé au dimanche 16 mars. Avant même, le parlement proclamait l'indépendance de la Crimée. Les résultats ont été spectaculaires : 96% de oui en faveur du rattachement à la Russie; avec un taux de participation exceptionnellement élevé, plus de 84%. Non seulement les Russes ethniques, mais les Ukrainiens de souche et les Tatars ont également voté pour la réunification avec la Russie. Un referendum symétrique en Russie donnait plus de 90% de voix en faveur de la réunification avec la Crimée, malgré les avertissements effrayants des libéraux : « cela va coûter trop cher, les sanctions vont ruiner l'économie russe, les US vont bombarder Moscou », etc.
Même à ce moment, la majorité des experts et commentateurs décisifs s'attendaient à ce que la situation reste bloquée pendant un bon moment. Les uns pensaient que Poutine pourrait reconnaître l'indépendance de la Crimée, tout en calant sur un statut définitif, comme il l'avait fait pour l'Ossétie et l'Abkhasie après la guerre d'août 2008 avec Tbilissi. D'autres, tout particulièrement les libéraux russes, étaient convaincus que Poutine lâcherait la Crimée pour sauver les investissements russes en Ukraine.
Mais Poutine a corroboré le proverbe russe : les Russes sont lents à seller leurs montures, mais une fois dessus, ils sont rapides comme la foudre. Il a reconnu l'indépendance de la Crimée le lundi, l'encre des procès verbaux électoraux n'avait pas fini de sécher. Le lendemain, mardi, il réunissait tous les parlementaires et vieux renards de la politique dans le plus grand salon du Kremlin, la somptueuse et élégante galerie Saint-Georges, rutilante de sa gloire impériale de jadis tout juste restaurée, et il déclarait que la Russie acceptait la demande de réunification de la Crimée. Aussitôt après son discours, le traité entre Russie et Crimée était signé, et la presqu'île était rendue à la Russie comme avant 1954, l'année où Krouchtchev, secrétaire du Parti Communiste, l'avait transférée à la République soviétique d'Ukraine.
C'était l'allégresse, parmi les politiques et dans chaque foyer où l'on suivait les choses en direct à la télé. Le salon Saint-Georges croulait sous les applaudissements, à peu près aussi intensément que lorsque le Congrès US avait applaudi Netanyahou. Les Russes étaient immensément fiers : ils se souviennent encore de leur humiliante défaite de 1991, quand leur pays s'était vu rabaissé. Regagner la Crimée, c'était une revanche extraordinaire. Il y a eu des festivités dans toute la Russie et particulièrement en Crimée. On exultait.
Les historiens ont comparé ces événements avec la restauration de la souveraineté russe sur la Crimée en 1870, presque vingt ans après que la Guerre de Crimée se fût achevée par la défaite de la Russie, et que la France et la Grande Bretagne victorieuses eurent imposé des limites sévères aux Russes en Crimée. La Flotte en Mer Noire va pouvoir se déployer librement à nouveau, ce qui permettra de défendre la Syrie lors du prochain round. Les Ukrainiens ont laissé se dégrader les installations navales et ont fait de la base de sous-marins de Balaclava un abattoir, mais le potentiel est toujours là.
Outre le plaisir de récupérer ce bout de territoire, il y avait le plaisir d'avoir roulé l'adversaire. Les néo-cons ont bricolé le coup d'État en Ukraine et ont poussé le malheureux pays à la catastrophe, mais le premier fruit tangible de cette initiative, c'est la Russie qui l'a récolté.
Une nouvelle histoire juive fait le tour du pays depuis la semaine dernière :
Le président israélien Shimon Peres demande au président russe :
- Dis donc, Vlady, tu as des ancêtres juifs ?
- Poutine : Qu'est-ce qui te fait penser une chose pareille, mon Shimon ?
- Peres : Tu es arrivé à faire raquer cinq milliards de dollars* aux Américains pour qu'ils livrent la Crimée à la Russie. Même pour un juif, c'est gonflé !
(*allusion à l'aveu de Victoria "Fuck UE" Nuland, selon laquelle c'est la somme investie par les US pour « démocratiser » l'Ukraine, autrement dit la déstabiliser.)
Le président Poutine a arraché la victoire des crocs de la défaite, et l'hégémonie US en a pris un coup.
Les Russes ont adoré voir leur représentant à l'ONU Vitaly Churkin riposter à une agression de la part de la représentante US Samantha Power. Cette Irlandaise de naissance était à deux doigts de lui tomber dessus à bras raccourcis, lui vieux diplomate à cheveux gris, et lui criait : « la Russie a été battue (on suppose qu'elle se référait à 1991) et elle est censée en subir les conséquences !... La Russie menace les US avec son armement nucléaire! », Churkin la priant alors de ne pas le toucher et de cesser de lui postillonner au visage. (Sous les gloussements de joie de l’assistance. NdE)
Ce n'était pas leur première rencontre hostile : un mois plus tôt, Samantha avait accueilli deux des Pussy Riots [qui venaient d’être libérées par grâce présidentielle, NdE], et Churkin s'en était moqué, lui suggérant de se joindre à elles pour leur prochaine tournée en concert dans les églises américaines.
Le rôle des néo-cons dans le coup d'État de Kiev a été mis en lumière par deux déballages indépendants. Le merveilleux Max Blumenthal et Rania Khalek ont montré que la campagne anti-russe de ces derniers mois (manifestations de gays, affaire Wahl, etc) avait été organisée par le PNAC néo-con et sioniste (maintenant rebaptisé FPI) que dirige Robert Kagan, le mari de Victoria « fuck UE » Nuland. Il semble que les néo-cons soient bien décidés à couler la Russie par tous les moyens, alors que les Européens seraient beaucoup plus souples; n'oublions pas que les troupes US restent stationnées en Europe, et que le Vieux continent n'est pas tellement libre d'agir comme il le voudrait.
Le second dévoilement, on le tient dans une interviw donnée par Alexander Yakimenko, chef des Services secrets ukrainiens (SBU) qui s'était sauvé en Russie tout comme son président. Yakimenko a accusé Andriy Parubiy, l'actuel tsar de la sécurité, d'avoir passé un accord avec les Américains. Sur instructions US, il a livré les armes et fourni les snipers qui ont tué environ 70 personnes en quelques heures. Ils avaient tiré sur la police anti-émeutes et sur les manifestants, sans distinction.
Le complot ourdi par les néo-cons américains visait à empêcher les Européens de s'entendre avec le président Ianoukovitch, voilà ce qu'a déclaré le chef du SBU. Ils étaient d'accord sur presque tout, mais c'est Victoria Nuland qui voulait saboter l'accord d'association, ce qu'elle a fait, avec l'aide de quelques snipers.
Et les snipers ont resservi à nouveau en Crimée : un sniper a abattu un soldat ukrainien, et quand les forces d'auto-défense criméennes ont commencé à le prendre en chasse, il a tiré sur eux, en a tué un et blessé un autre. Même schéma; les snipers sont utilisés pour provoquer des ripostes et déclencher une fusillade généralisé.
Novorossia
La Crimée, c'était une promenade de santé, mais les Russes ne sont pas au bout de leurs peines. La confrontation s'est déplacée dans les provinces de l'Est et du Sud-Est de l'Ukraine continentale, qui s'appelait Nouvelle-Russie jusqu'à la Révolution communiste de 1917. Soljenitsine dans ses vieux jours avait prédit que la désintégration de l'Ukraine viendrait de la charge excessive constituée par les provinces industrielles qui n'avaient jamais appartenu à l'Ukraine avant Lénine, en d'autres termes, la Nouvelle-Russie russophone. Cette prédiction est en passe de se réaliser.
Qui se bat contre qui, par là-bas? C'est une grave erreur que de considérer qu'il s'agit d'un conflit tribal, entre Russes et Ukrainiens. Ce bon vieux Pat Buchanan est tombé dans le panneau quand il a dit « Poutine est un ethno-nationaliste qui croit au sang et à la terre, au trône et à l'autel, qui se voit en Protecteur de toutes les Russies et voit les Russes à l'étranger comme les Israéliens voient les juifs du monde entier : comme des gens dont la sécurité dépend d'Israël ». Rien n'est plus loin de la vérité, quoique, peut-être, il soit encore plus aberrant d'imaginer Poutine en restaurateur de l'empire russe.
Poutine n'est pas un bâtisseur d'empire du tout (ce que regrettent tant les communistes que les nationalistes). Pour son « hold-up sur la Crimée », ce sont les habitants de la Crimée, décidés à tout, qui lui ont forcé la main, avec l'agression sans fard du régime de Kiev. Je le tiens de quelqu'un de sérieux : Poutine espérait qu'il n'aurait pas à prendre de décision. Mais une fois qu'il se décide, il y va.
L'idée d'un « ethnonationaliste » selon Buchanan nous égare encore plus. Les ethno-nationalistes en Russie sont les ennemis de Poutine; ils soutiennent les ethno-nationalistes ukrainiens, et marchent main dans la main avec les libéraux juifs dans les manifestations à Moscou. L'ethnonationalisme est aussi étranger aux Russes qu'aux Anglais. On peut s'attendre à rencontrer des nationalistes gallois ou écossais, mais un Anglais nationaliste c'est une rareté. D'ailleurs la Ligue de Défense Anglaise avait été créée par un juif sioniste. De même, on trouve facilement des nationalistes ukrainiens, ou biélorusses, ou cosaques, mais pratiquement jamais russes.
Poutine promeut un monde russe non nationaliste. Mais qu'est-ce donc que le monde russe ?
Le monde russe
Les Russes embrassent dans leur propre vaste univers plusieurs unités ethniques d'origine variée, depuis les Mongols et les Caréliens, jusqu'aux Juifs et aux Tatars. Jusqu'en 1991, ils peuplaient un territoire encore plus étendu, appelé alors l'Union soviétique, et auparavant l'empire russe, où le russe était la lingua franca et la langue d'usage courant pour la majorité des citoyens. Les Russes ont pu constituer leur énorme empire parce qu'ils ne discriminaient pas et ne tiraient pas la couverture à eux. Le tribalisme leur est étonnamment étranger, quelque chose d'inouï dans d'autres pays plus petits d'Europe, mais c'est comparable à ce qui se passe dans d'autres nations impériales d'Orient : les Chinois de la dynastie Han et les Turcs avant l'ère des Jeunes Turcs et d'Atatürk. Les Russes n'assimilaient pas leurs voisins, mais les acculturaient partiellement, de sorte que la langue et la culture russes devenaient leur fenêtre sur le monde. Les Russes protégeaient et défendaient les cultures locales, même à leurs dépens, parce qu'ils aiment cette diversité.
Avant 1991, les Russes défendaient une vision du monde universaliste et humaniste; le nationalisme était pratiquement banni, et avant tout l'ethnonationalisme. Personne n'était persécuté ou discriminé à cause de son origine ethnique (d'accord, les juifs se plaignaient, mais ils se plaignent toujours). Il y avait une certaine discrimination positive dans les républiques soviétiques, par exemple un Tadjik avait la priorité pour étudier la médecine dans la république du Tadjikistan, avant un Russe ou un Juif; et il avait plus de chance de promotion dans le parti et la politique en général. Mais l'écart restait faible.
Après 1991, cette vision du monde universaliste s'est trouvée combattue par un ethno-nationalisme de clocher dans chacune des républiques soviétiques, à l'exception de la Russie et du Bélarus. La Russie n'était plus soviétique, mais elle gardait son universalisme. Dans les républiques, les gens de culture russe étaient sévèrement discriminés, souvent chassés de leurs emplois, et même parfois pourchassés ou abattus. Des millions de Russes, des autochtones dans ces républiques, devinrent des réfugiés; avec eux, des millions de non-russes qui préféraient la culture universaliste à leur « propre » nationalisme chauvin partaient s'installer en Russie. Voilà pourquoi la Russie moderne a des millions d'Azéris, d'Arméniens, de Géorgiens, de Tadjiks, de Latviens et d'autres groupes ethniques plus petits de toutes les républiques. Malgré la discrimination, des millions de Russes et de gens de culture russe sont restés dans ces républiques où leurs ancêtres avaient vécu depuis des générations, et la langue russe est devenue un territoire commun pour toutes les forces non-nationalistes.
Si l'on veut faire la comparaison avec Israël, comme le fait Pat Buchanan, ce sont les républiques comme l'Ukraine, la Géorgie, l'Ouzbékistan, et l'Estonie qui suivent le modèle israélien de discriminations et de persécutions contre leurs « minorités ethniques », tandis que la Russie suit le modèle égalitaire de l'Europe occidentale
France contre Occitanie
Si l'on veut comprendre le problème entre Ukraine et Russie, il faut faire la comparaison avec la France. Imaginez le pays divisé en France du Nord et France du Midi, le Nord gardant le nom de France, et le Midi choisissant de s'appeler « Occitanie », ses habitants devenant des Occitans, et sa langue l'occitan. Le gouvernement d'Occitanie forcerait les gens à parler provençal, à apprendre les poèmes de Frédéric Mistral par cœur, et on apprendrait aux enfants à détester les Français, qui ont dévasté la merveilleuse Provence lors de la Croisade des Albigeois en 1220. En France on grincerait des dents, forcément. Imaginez maintenant qu'au bout de vingt ans, le pouvoir en Occitanie se trouve violemment confisqué par quelques fascistes romantiques et méridionaux souhaitant « éradiquer 800 ans de domination franque », et prétendant discriminer tous ceux qui préféreraient parler la langue de Victor Hugo et d'Albert Camus. La France se trouverait bien obligée d'intervenir pour défendre les francophones, ne serait-ce que pour contenir une inondation de réfugiés. Il est probable que les francophones de Marseille et de Toulon choisiraient de soutenir le pays d'Oïl contre leur « propre » gouvernement d'Oc, sans pour autant constituer des immigrés en provenance de Normandie.
Poutine défend tous les russophones, toutes les minorités ethniques, telles que les Gagaouzes ou les Abkhazes, et pas seulement les Russes ethniques. Il défend le monde russe, tous ces russophones qui veulent et requièrent sa protection. Ce monde russe inclut, qu'on le veuille ou non, une majorité des habitants de l'Ukraine, les Russes ethniques, les juifs, de petits groupes ethniques et des Ukrainiens ethniques, en Nouvelle Russie comme à Kiev.
Oui, le monde russe était et reste attirant. Les juifs y étaient heureux d'oublier leur schtetl et leur patois yiddisch; leurs meilleurs poètes Pasternak et Brodsky écrivirent en russe et se considéraient eux-mêmes comme des Russes. Ce qui n'empêchait pas d'autres poètes mineurs de s'exprimer à titre personnel en yiddisch. Les Ukrainiens, de même, se servaient du russe pour la littérature, mais gardèrent longtemps leur patois dialectal à la maison, entre eux. Il y eut quelques Romantiques mineurs pour créer en patois, comme Taras Shevchenko et Lesya Ukrainka.
Soljenitsine lui-même écrivit jadis : « Même les Ukrainiens ethniques n'utilisent pas et ne savent pas l'ukrainien. Pour promouvoir l'usage de cette langue locale, le gouvernement ferme les écoles russes, interdit la télévision russe, et les bibliothécaires ne sont pas autorisés à parler russe avec leurs lecteurs. Cette position anti-russe de l'Ukraine, c'est exactement ce que veulent les USA pour affaiblir la Russie ».
Poutine dans son discours sur la Crimée a souligné qu'il voulait protéger le monde russe partout en Ukraine. En Nouvelle Russie le besoin est grand, parce qu'il y a des confrontations journalières entre les habitants et les gangs envoyés par le régime de Kiev. Alors que Poutine ne veut pas encore s'emparer de la Nouvelle Russie (ce que souhaitait pourtant Soljenitsine et ce qui est le sentiment général en Russie) il se pourrait qu'il s'y trouve forcé, comme il l'a été en Crimée. Il y a un moyen d'éviter cela: que l'Ukraine rejoigne le monde russe. Tout en gardant son indépendance, l'Ukraine doit garantir la pleine égalité à ses russophones. Ils devraient pouvoir rouvrir leurs écoles en russe, leurs journaux et télévisions en russe, avoir le droit de parler russe partout. La propagande anti-russe doit cesser, et les velléités de rejoindre l'OTAN aussi.
Il n'y a rien d'extraordinaire dans cette revendication : les Latinos aux USA ont le droit de parler espagnol. En Europe, l'égalité des langues et des cultures n'est pas négociable. Il n'y a que dans les républiques ex-soviétiques que ces droits sont bafoués, pas seulement en Ukraine, mais aussi dans les républiques baltes. Pendant vingt ans, la Russie se contentait d'objecter faiblement, lorsque les russophones (la majorité d'entre eux ne sont pas des Russes ethniques) se trouvaient discriminés dans les États baltes. Ceci devrait changer. La Lituanie et la Lettonie ont d'ores et déjà payé le prix pour leur position anti-russe, en perdant leur rôle sur la route du commerce avec la Russie. L'Ukraine est beaucoup plus importante pour la Russie. À moins que le régime actuel soit capable de changer (ce qui est peu probable), ce régime illégitime sera renversé par les habitants, et la Russie se prévaudra du droit d'ingérence humanitaire contre les éléments criminels au pouvoir, s'ils ne cèdent pas.
La majorité des Ukrainiens seraient probablement d'accord avec Poutine, quelle que soit la catégorie ethnique où ils se rangent. Car de fait, lors du référendum de Crimée, les Ukrainiens et les Tatars ont voté en masse avec les Russes. Ce qui est un signe positif : il n'y aura pas de conflit ethnique en Ukraine orientale, malgré les efforts US en ce sens. Le moment des choix se rapproche : certains experts estiment que vers la fin mai la crise ukrainienne sera derrière nous
Traduction : Maria Poumier
Dernière modification le : 24/03/2014 @ 11:4
Sources :
http://www.plumenclume.net/articles.php?pg=art1551(français)
http://www.counterpunch.org/2014/03/21/putins-triumph/ (anglais)
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Ne quittons pas le plume et l’enclume de Maria Poumier sans mentionner un de ses tout derniers articles. Aux antipodes du monde russe, nous vivons dans un univers en cours de désagrégation forcée, et rien ne nous fait plus plaisir que la résistance, aux forces de la dissolution, de sensibilités si diverses et parfois même si opposées. Preuve que la Nature ne se laisse pas attaquer sans rendre les coups. Nous publions d’autant plus volontiers Maria Poumier que nous partageons tout à fait son analyse.
La pilule à gogos
par Maria Poumier – Entre la plume et l’enclume
La théorie du genre est un passe-temps talmudique qui n'intéresse que les championnes olympiques de la carrière universitaire, un sport cérébral tordu pour dames peu avenantes, qui laisse le gros des mortels fort froid. On suppose que ces gens-gentes-là sont sérieusesx, qu'elles-ils cherchent des choses importantes, qu'ils-elles font des « sciences humaines », et que, quelque part, elles-ils doivent bien trouver quelque chose...
Source : http://www.plumenclume.net/articles.php?pg=art1552
Ceci était une parenthèse dans notre sujet d’aujourd’hui, mais pas une parenthèse mineure.
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Et revenons à notre glose de l’article d’Israël Shamir
On voit ici le premier tableau de Vladimir Poutine, et sans doute le seul qu'il peindra jamais.
C'était au début de 2009, alors qu’il était le Premier Ministre de Dmitri Medvedev. Il s’agissait de récolter des fonds au bénéfice de deux hôpitaux pour enfants de Saint-Petersbourg et d’une église qui avait besoin de réfection.
M. Poutine aurait peint « en quinze minutes », cette oeuvre intitulée « Broderie » (c’est écrit dans le bas : Ouzor), qui représente une fenêtre gelée, encadrée de rideaux brodés, vue de l’intérieur d’une cabane en bois. Elle est ici montrée par Madame Natalia Kournikova, propriétaire de la galerie qui organisait la vente. Les rideaux sont faits de « serviettes nationales » ukrainiennes.
Moralité : si vous êtes russe et si vous avez besoin de serviettes « nationales », Israël Shamir a raison, il vous faut aller les chercher en Ukraine.
L’œuvre a été vendue, aux enchères, pour 860.000 €.
À un oligarque ? Kodhorkovski, pour l’offrir au baron Jacob ? Non, on plaisante : il était au frais.
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L’Occitanie, diables merci, n’annonce pas sa sécession d’avec la France et ne lui réclamera pas de dommages-et-intérêts pour les victimes de Montségur, mais M. Shamir n’a pas dû entendre parler (à moins qu’il s’abstienne charitablement d’en parler) de l’Holocauste vendéen et des noyades de Carrier, en comparaison desquelles celles d’aujourd’hui en Méditerranée ne sont que petite bière, si on en croit les nostalgiques de Charette et de Cathelineau, qui finiront peut-être, eux, par en réclamer.
Ces jours-ci, cependant, c’est la Sardaigne qui veut se détacher de l’Italie et devenir suisse ! Pauvre Italie, qui a eu tant de mal à réaliser cette unité aujourd’hui bafouée, envers et contre les canonnades du Second empire français, qui n’en voulait absolument pas, car, voyez-vous, un pays solidement uni est beaucoup plus difficile à envahir, et dieusait qu’elle l’avait été, envahie, la malheureuse péninsule, tout au long des siècles précédents ! Par la France, par l’Espagne, par l’Autriche, par le diable et par sa mère… Ah, que les gens ont la mémoire courte !
À propos, qui se souvient des républiques serviles de Sicile, dont la première – 140 à 132 av. n.e. – fut dirigée par Eunus – un Syrien, oui, madame – qui s’était inspiré de celle d’Aristonicos à Pergame, à laquelle (en -132) avait participé le stoïcien Blossius de Cumes, lequel avait été le professeur de Tiberius Gracchus, qui fut, avec son frère Caïus, le modèle des Robespierre, comme, probablement aussi, de Fidel et de Raùl ? Se rappelle-t-on que la seconde - de 104 à 100 avant n.e. - dura cinq ans, exactement autant que la Révolution Française ? Le monde est plus petit, et surtout plus jeune qu’on ne pense. Mais, ah, Garibaldi… t’être donné tant de mal pour en arriver là !
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Pour ce qui est des Tadjiks
Cette population minoritaire en Russie, dont parle Israël Shamir, l’est aussi en Iran et en Chine. Or la Chine, le saviez-vous, a eu l’idée d’honorer ses minorités, de les faire mieux connaître les unes aux autres - elles sont 55 - et à la majorité des Chinois hans, en leur consacrant, à Pékin, un très vaste parc appelé « Parc des Minorités » ou encore « Parc des nationalités ». Les Tadjiks y ont leur espace.
Visite virtuelle :
http://coins-du-monde.over-blog.com/article-chine-pekin-parc-des-minorites-108818392.html
Repas (de fête) tadjik
Bouc tadjik – on ne sait pas son nom. Belzébuth ?
Le même avec une chevrette de sa descendance.
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Crimée russe : Il n’y a pas que Gehrard Schröder… Helmut Schmidt aussi est pour. Qu’est-ce que Madame Merkel attend pour dégager ?
« L’action de Moscou en Crimée est cohérente » a dit l’ancien chancelier allemand, qui critique les réactions occidentales à la réunification de la Russie et de la Crimée.
L’approche de cette question par le président Poutine est « tout à fait compréhensible », vient-il d’écrire dans le journal Die Zeit, dont il est le rédacteur en chef.
Tandis que les sanctions ciblant des personnamlités politiques et du monde des affaires russes, par l’Union Européenne et les USA, sont, selon lui, « une idée stupide ».
Quant aux mesures restrictives qui viennent d’être prises, elles sont de nature symbolique, mais si des sanctions économiques plus sérieuses leur succèdent, « elle frapperont l’Ouest au moins aussi durement que la Russie , a-t-il ajouté.
Il croit aussi que le refus des pays occidentaux de coopérer avec la Russie dans le cadre du G8 est une décision erronée.
« Une rencontre, précisément maintenant, entre les pays occidentaux et la Russie, aurait été bien plus favorable à la paix que la menace de sanctions », a expliqué l’ex-chancelier. Avant d’ajouter que « le G8 lui-même n’est pas aussi important que le G20, dont la Russie reste membre ».
Toujours d’après Schmidt, la situation en Ukraine « est dangereuse parce que l’Occident a terriblement mal réagi » et que son « agitation » provoque une « agitation correspondante dans l’opinion publique et les cercles politiques russes ».
L’ex-chancelier a refusé de spéculer sur un possible déploiement de troupes russes dans la partie orientale de l’Ukraine, mais il estime que l’Occident ne devrait pas en tisonner l’envie chez les Russes.
Helmut Schmidt a rempli les fonctions de chancelier d’Allemagne occidentale, de 1974 à 1982, et a aussi été son ministre des finances, de l’économie et de la défense.
[Les citoyens russes mis individuellement sur liste noire sont interdits de séjour aux États-Unis et en Europe, et les biens qu’ils y possèdent ont été mis sous séquestre. NdT]
Source : http://rt.com/news/schmidt-crimea-russia-germany-465/
Traduction : Catherine L.
pour Les Grosses Orchades
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Vitaly Churkin, ambassadeur de la Fédération de Russie à l’ONU après l’avoir été en Belgique de 1994 à 1998 et au Canada de 1998 à 2003, qui avait fait éclater de rire tout le web aux dépens de Samantha Power et de Madonna, monte aujourd’hui au créneau sur un sujet moins frivole.
Le vote des Nations Unies montre que la Russie est loin d’être isolée – Churkin
R.T. – 28 mars 2014
« En dépit de très fortes pressions des États-Unis et d’autres pays pour faire déclarer invalide le référendum de Crimée, le résultat du vote qui a eu lieu aux Nations Unies montre que la Russie est loin d’être isolée », a déclaré l’ambassadeur de la Fédération de Russie à l’ONU, Vitaly Churkin.
« Beaucoup de pays se sont plaints d’avoir été soumis à des pressions colossales, de la part des puissances occidentales, pour qu’ils votent en faveur de la résolution » a-t-il confié à des journalistes à l’issue du vote, ajoutant qu’il croyait que ces pressions avaient « produit un certain effet ».
« Certains pays ont voté, je dirais, à contrecoeur, et se sont plaints à nous des fortes pressions qu’ils avaient subies. »
Malgré l’approbation de la résolution non contraignante (c. à d. de pure forme, NdT) par l’Assemblée Générale, 11 voix contre et 58 abstentions montrent que la Russie n’est pas isolée.
L’Arménie, le Belarus, la Bolivie, Cuba, la Corée du Nord, le Nicaragua, le Soudan, la Syrie, le Venezuela et le Zimbabwe ont tous voté contre la résolution d’opposition au referendum de Crimée.
« Beaucoup se sont abstenus et certains ont soutenu la Russie en votant contre. La tendance est évidente. À la suite du vote au Conseil de Sécurité, certains de nos partenaires occidentaux se sont empressés de déclarer la Russie isolée » a dit Churkin.
« Je considère ce qui s’est passé comme un développement positif. Même si une modeste majorité de l’Assemblée Générale a voté en faveur de la résolution à laquelle la Russie s’est opposée, la tendance qui se dessine me plaît bien » a-t-il précisé. « Car cette fois-ci, il est clair qu’il n’y a pas d’isolement de la Russie. Aujourd’hui, nous n’avons pu obtenir la majorité, mais une tendance positive est apparue. »
« Un nombre croissant de pays commencent à comprendre les tenants et les aboutissants de ce qui s’est passé en Ukraine et en Crimée » a encore dit Churkin.
Cependant, 100 pays ont voté pour un document appelant à soutenir « la souveraineté, l’indépendance politique, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues ».
« En passant cette résolution, la communauté internationale a envoyé un message fort à la Russie ; lui a rappelé qu’elle n’a pas le droit de piétiner les lois internationales » a commenté le Ministre des Affaires étrangères de Grande Bretagne, William Hague.
Et l’ambassadrice des États-Unis à l’ONU, Samantha Power, a tweeté pour sa part que « en passant la résolution d’aujourd’hui, le monde a fait savoir que les frontières ne sont pas de simples suggestions ».
Parmi les pays qui se sont abstenus de voter sont la Chine et un certain nombre de pays d’Amérique Latine et d’Afrique.
Avant le vote, Churkin avait appelé cette résolution « conflictuelle par nature », ajoutant que l’attitude de la Russie à son égard était « de refus net », du fait que ce document « essaie de mettre en doute la signification du referendum de Crimée, qui a déjà joué son rôle historique ».
Il a réitéré que « la Russie ne pouvait pas dénier au peuple de Crimée son droit à l’autodétermination » et a appelé la réunification de la péninsule et de la Russie une « manifestation de justice historique ».
100 pays membres des Nations Unies ont voté en faveur de la résolution, tandis que 11 ont voté contre et que 58 se sont abstenus. Seulement 168 des 193 pays membres étaient présents à l’A.G. de New York.
[Ce qui revient à dire que 25 ont voté avec leurs pieds, portant à 94 le nombre des contre. La cote de popularité de Vladimir Poutine dans son pays est actuellement de 82,3%. Pas précisément celle de François Hollande dans le sien. NdT]
Source : http://rt.com/news/churkin-crimea-un-vote-749/
Traduction : Catherine L.
pour Les Grosses Orchades
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Pendant ce temps, Iulia Timochenko a pété les plombs…
La ligne Timochenko
Philippe Grasset – DeDefensa.org
25 mars 2014
Ioulia Timochenko va mieux. De son hôpital allemand où on la soigne depuis sa sortie de prison, elle semble prête à se lancer dans la campagne pour les présidentielles du 25 mai en Ukraine et semble, plus que jamais, conduite à se manifester comme si elle était promise à devenir la présidente. Puisqu’elle reste ferme dans son statut d’« icône» aux yeux du bloc BAO, et par conséquent de favorite du même bloc pour la présidence, on en déduit que ses deux très récentes sorties nous donnent un excellent avant-goût de ce que devraient être l’ambiance et l'orientation politique de cette campagne.
Source : http://www.dedefensa.org/article-la_ligne_timochenko_25_0...
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Et Muzychko s’est fait descendre…
Coup d’État occidental en Ukraine : Pravi Sektor, jeté après usage
par Lucien Cerise - Scriptoblog
La mort par balles d’Alexandr Muzychko, l’un des chefs de Pravi Sektor, le groupe paramilitaire le plus actif à Kiev, était largement prévisible.
Lui-même l’avait anticipée en déclarant dans une vidéo : « Le bureau du Procureur Général et le Ministère de l’Intérieur de l’Ukraine ont pris une décision pour, ou m’éliminer, ou me capturer et me remettre en Russie, et ensuite imputer tout aux Renseignement russes. » (1)
Muzychko a donc été éliminé par le gouvernement putschiste qu’il a contribué à installer, juste au moment où il semblait comprendre que c’était ce gouvernement fantoche au service des Occidentaux qui menaçait sa vie et que la Russie n’était peut-être pas son pire ennemi, finalement. (2) Dans ces conditions, la probabilité pour qu’il retourne sa veste du côté de Moscou étant élevée, il fallait l’éliminer de toute urgence. De manière tout aussi prévisible, le gouvernement putschiste ukrainien, essentiellement composé de membres de Svoboda, parti pro-occidental et sous contrôle de l’axe Washington/Tel Aviv, a commencé à lancer des opérations de purges contre Pravi Sektor : « Sur sa page VKontakte, équivalent russe de Facebook, des membres du mouvement [Pravi Sektor] ont dénoncé l’arrestation de six responsables régionaux de Pravy Sektor à Poltava, dans le nord-est du pays. Selon son communiqué, les six hommes ont été accusés de détenir des armes sans autorisation, alors que selon eux ils n’étaient pas armés. » (3)
Source : http://www.scriptoblog.com/index.php/blog/geopolitique/13...
À propos de son dernier livre OLIGANARCHY, entretien avec Lucien Cerise
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La vie des bêtes
« On n'a pas deux cœurs, l'un pour l'homme, l'autre pour l'animal… On a du cœur ou on n'en a pas ».
Lamartine
Simferopol : 55 chats dans un appartement. Il suffit de s’organiser
Pendant que les politiques s’affrontent et que de grandes choses se décident, à Simferopol, capitale de la Crimée, une retraitée de 66 ans, Raisa Zhukova, assure le gîte et le couvert à 55 chats, qu’elle a recueillis au cours de ces dix dernières années. Elle partage avec eux, mais aussi avec sa fille et sa petite-fille, son appartement à une seule chambre à coucher.
C’est sa retraite qui les fait tous vivre. Inutile de dire qu’il y a juste assez pour les nourrir et que toute maladie est source d’angoisse car, là pas plus qu’ailleurs, il n’y a de Sécu pour les chats.
« Plus je communique avec les bêtes, plus je suis déçue par les gens » dit-elle. « Les bêtes ne vous trahissent jamais. Elles ne savent pas comment faire. » Il nous semble qu’en son temps le chancelier Bismarck a dit quelque chose d’approchant.
Zhukova avait commencé par leur construire des petits abris dans les rues, mais cela déplaisait aux voisins, qui détruisaient les abris et lâchaient leurs chiens sur les chats, si bien qu’elle dut les prendre chez elle, beaucoup étant très abîmés, voire estropiés. Certains, d’ailleurs, sont restés handicapés mais en vie.
« J’ai commencé par vendre tout l’or que je pouvais avoir de ma jeunesse - boucles d’oreilles, bagues, broches – parce que je n’avais pas assez pour les nourrir et surtout pour les soigner. L’or n’est rien, comparé à la vie, que ce soit une vie de chien, de chat ou d’être humain. Elle n’est donnée qu’une fois et il faut tout faire pour la conserver.»
L’or a dû fondre depuis longtemps et, aujourd’hui, Zhukova lutte pour sa propre vie. Elle a un gros problème de santé et pas assez d’argent pour suivre un traitement médical approprié.
Elle a bien essayé de trouver des familles d’accueil pour au moins un certain nombre de ses pensionnaires, mais… histoire connue. Archi-connue.
Incidente :
Mina Yuditskaya Berliner, native de Mena en Ukraine et vivant aujourd’hui à Tel Aviv, a été le professeur d’allemand de Vladimir Poutine, lorsqu’il avait quinze ans – en 1967/68 - à Saint Petersbourg.
En avril 2005 – c’est le journal Haaretz qui le raconte ce 24 mars - elle a rencontré son ancien élève, de passage à Tel Aviv. Celui-ci lui a fait cadeau d’un appartement « plus proche d’un arrêt de bus » et le personnel de l’ambassade l’a aidée à déménager. Elle a aujourd’hui 93 ans et on espère pour elle qu’elle en jouira encore longtemps.
Bien sûr, Nous savons que, même les présidents, de pays même riches, ne peuvent se charger de toute la misère du monde en gros et en détail.
Reste la catastrophe imminente pour Zukhova et ses chats.
Cela veut-il dire que nous mettons la vie de 55 chats sur le même plan que celle d’un être humain ? Oui. Nous la mettons sur le même plan que celle de 55 êtres humains, car nous sommes des extrémistes et que Zhukova a raison : une vie est une vie et ne peut être remplacée par un coup de sifflet.
Cela coûterait-il si cher aux contribuables russes et criméens réunis, une petite baraque avec un grand jardin autour ? Combien de roubles par tête de pipe et par an ? De son côté, la Faculté dérogerait-elle en faisant une fleur à une patiente qui a déjà donné plus qu’elle ne recevra jamais ?
Monsieur le Président s’il vous plaît !
Madame Bardot s’il vous plaît !
Internautes s’il vous plaît ! (Saker, please !)
Qui aurait le temps et les moyens techniques d’ouvrir sur Internet une liste, pour y récolter les quelques $ virtuels et € en perdition, dont Raisa Zhukova a besoin ? Avant qu’elle craque.
Non, nous n’oublions pas les Gazaouis ni les autres enfants martyrs, mais c’est tout le monde ou personne et un principe est un principe. Celui qui est capable de laisser crever un animal est capable de faire mourir un enfant. (Voyez Lamartine).
*
À l’autre bout du spectre humain :
Le zoo de Copenhague a remis le couvert !
Moins de deux mois après la vague d’indignation quasi planétaire qu’ils ont suscitée en abattant sans nécessité le girafon Marius dans des conditions indignes, les Pieds Nickelés de l’euthanasie à la danoise viennent de faire la peau à toute une famille de lions en bonne santé : le père, la mère et deux bébés lionceaux, pour pouvoir acquérir un nouveau mâle. Mais pour quoi en faire grands dieux ? Le débiter en côtelettes pour nourrir les ours ou les autruches, qui à leur tour… ? L’idée ne leur viendrait pas de laisser en paix ces bestioles dans leur savane et de fermer leur Auschwitz new-look ?
Adieu, papa.
Autant vous le dire tout de suite : plus de 400 animaux sont « euthanasiés » chaque année dans les Zoos d’Europe. Pourquoi diantre les y mettre si on est infoutus de les y laisser vivre ?
Réactions :
http://rt.com/news/danish-zoo-killed-lions-201/
https://twitter.com/Steffendus/status/448500741267677184/photo/1
http://www.brantfordexpositor.ca/2014/03/25/giraffe-killi...
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Il est interdit de jeter des cacahuètes aux singes, mais…
Un ours polaire du zoo de Stuttgart meurt après avoir mangé un sac à main et un manteau. Il avait 25 ans. Il s’appelait Anton. Qui peut bien être assez taré pour jeter des sacs à main et des manteaux à un ours en cage ?
Et si on réclamait la suppression des zoos ? Par mesure d’austérité…
*
Pour nous consoler de la malfaisance exponentielle de l’Europe « civilisée » et essayer de nous réconcilier avec nos semblables à roulettes :
Scènes de la vie russe
Elles sont d’avril 2013. Et alors ?
*
En prime :
Henrin Guillemin – une journée d’Ivan Denissovitch
*
Pour finir en beauté
Sans sortir de notre sujet
Lesquels préférez-vous, les merdias anglais ou les nôtres ?
Mis en ligne le 30 mars 2014.
19:41 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook |
Commentaires
Elle est remontée, Poumier. Nous féministes, nous féministes, nous féministes - moi présidente?
Quant à ce qui précède ce discours, c'est un rien délirant, mais Théroigne pense peut-être comme ça.
La connerie, c'est le mariage gay-lesbien: il a fallu tant de temps pour sortir de l'obligation matrimoniale, qu'ont-ils, ces humains-là, à réclamer un contrat de plus? Des pacs bien pensés (cela existe dans d'autres pays) suffisent à garantir les choses matérielles (patrimoine etc) et acter (pour ceux qui en éprouvent l'irrépressible besoin, les pôvres) la réalité de leur relation.
Quand la nature dit qu'on ne peut pas avoir d'enfant, pour des raisons médicales (stérilité), d'âge (plus ou moins avancé), ou de préférence sexuelle incompatible avec la procréation à la manière de nos aïeux, il ne faut pas aller contre. Et adopter, si on veut un enfant. Point barre. PMA, GPA etc sont des béquilles pour les imbéciles, tant pis pour eux s'ils engraissent tous ceux que l'inénarrable Marie dénonce. Et dommage pour le monde qui aurait besoin d'une médecine davantage orientée vers la santé publique.
Nous sommes (pas) tous sortis de toutes les bêtises, subliminales ou non, qu'on nous enseignait à l'école. C'est cela qui a fait de nous des adultes. Qu'on ouvre les gamins au "gender" ou à la "famille", ou à autre chose, peu importe. Il sortira de tout ça quelques individus bien trempés (a contrario de l'enseignement reçu), et une masse de moutons, comme depuis des générations!
D'autre part, un appartement avec 50 chats, ça ressemble à un zoo, non?
Le repas tadjik: trop abondant pour moi. Les humains ne pensent qu'à manger (et baiser).
Écrit par : veronique | 31/03/2014
Chère Véronique,
Vous nous honorez de plusieurs remarques. Nous vous répondons aux deux principales.
Un zoo est un endroit fermé, où sont incarcérés des animaux sauvages, achetés, chassés ou volés dans des pays exotiques, pour les donner en spectacle aux badauds. Ils n’ont aucune raison d’être, surtout à l’ère d’Internet.
Enfermer des chats – animaux faits pour la liberté quoique domestiqués – dans un minuscule appartement, revient à les mettre en sécurité mais aussi en prison. Peut-être vaudrait-il mieux les laisser crever en toute liberté. L’ennui, c’est que ni Mme Zhukova ni vous n’êtes en mesure de demander leur avis aux intéressés. Au moins sont-ils, dans leur prison, nourris, soignés et caressés, pour compenser autant que faire se peut la barbarie policée de ceux qui les abandonnent ou les pourchassent parce qu’ils « font désordre » dans leur monde aussi inhumain qu’anti-félin.
Pour ce qui est du « gender », vous devez avoir raté un chapitre. On n’en est plus, comme vous semblez le croire, au mariage unisexe, mais à l’élevage d’une nouvelle variété d’humains, dernière étape avant le clonage industrialisé.
Vous paraissez convaincue que l’animal humain se remettra toujours de tout. Or, s’il est vrai qu’on peut avoir été Hitlerjugend et s’en guérir – comme Günter Grass et SS. Benoît XVI l’ont brillamment prouvé, donnant par là raison à Boris Cyrulnik, et sans doute, la jeunesse de B. Netanyahou s’en remettra-t-elle aussi, on le lui souhaite – il n’est pas sûr du tout que l’empêchement préemptif (« ils » adorent ce mot) de toute construction de personnalité cohérente chez les enfant à venir, par les spin doctors au pouvoir, puisse être rattrapée plus tard par notre Mère Nature. C’est sans doute la raison pour laquelle elle se rebiffe, non moins préemptivement, de toutes les façons possibles : des législations à la russe aux manifs monstres à la française, c. à d. allant de l’extrême-droite la plus catholiquement «travail-famille-patrie » à l’extrême-gauche non identifiée à ce jour hélas (en étant exclus les inénarrables antifas se disant anarchistes et ceux se disant communistes), en passant par des musulmans d’obédiences diverses et… par Maria Poumier qui, n’étant d’aucune obédience encartée, représente bravement les athées, les agnostiques, les croyants laïques – mais, oui, il y en a ! – les femmes et les innombrables hommes que vous étiquetez à travers elle « féministes ». Et après tout pourquoi pas ?
Sans doute l’opportunité – c. à d. bientôt l’obligation de louer son ventre comme on loue ses bras (horreur dans les deux cas) sera-t-elle, dans un premier temps épargnée aux bourgeoises. Comme le tirage au sort de triste mémoire, où les plus pauvres allaient bon gré mal gré verser leur sang à la place des bourgeois mâles, se faire mère porteuse pour des clopinettes sera-t-il un privilège réservé aux crève-la-faim femelles, qui n’auront pas les moyens de spéculer sur le sort réservé à ce qu’elles auront pondu. Il ne faut cependant pas beaucoup d’imagination pour deviner à quoi servira leur descendance. Il n’y a qu’à savoir qui sont les avocats de la chose. Vous voulez des photos ?
Amitiés à vos chiens et à vos chats.
Écrit par : Catherine | 02/04/2014
2e réponse à Véronique :
Il y a, dans l’exposé par ailleurs magistral de Maria Poumier, un seul point sur lequel nous ne sommes pas d’accord avec elle. C’est quand elle dit :
« L'invention de la pilule, dès le départ, s'inscrit dans le même schéma: limiter le nombre des indésirables, les pauvres du tiers Monde, mais en douceur, avec leur consentement, sous la bannière de la libération de la femme.
(…)
Une génération plus tard, alors que ce sont les femmes des pays riches qui se sont ruées sur la pilule, nos autorités occultes cachent soigneusement ce qui constitue leur grand espoir, ce que chaque gouvernement interdit que l'on fasse savoir au peuple : au bout de 40 ans de pilule, d'innovations constantes dans le domaine de la contraception, et de libéralisation maximale de l'avortement, la stérilité progresse rapidement! Les hormones pissées par les dames du monde entier continuent d'agir en douce dans l'alimentation de tous : les hommes s'empressent de devenir femmelettes, et les femmes, espèrent nos ministresses, choisiront bientôt de devenir toutes maçonnes, sauf les ministresses et autres femmes de cabinet, pas folles. On est sur la bonne voie ! La fertilité baisse, et les magnats du bébé business tapotent fébrilement leurs calculettes: bientôt les hétéros n'arriveront plus du tout à se reproduire par la méthode ancestrale. »
Premièrement, la fertilité ne baisse pas du tout dans les pays du Tiers Monde, ni dans les populations immigrées de nos « paradis » occidentaux. Ce sont leurs populations qui baissent, par massacres.
Deuxièmement, la contraception et le droit à l’IVG n’ont pas été octroyés par de machiavéliques forces de Satan ou de la franc-maçonnerie, ils ont été ARRACHÉS DE HAUTE LUTTE par les femmes, surtout celles, d’ailleurs, des classes pauvres. Étant, de même que Maria Poumier, bien plus jeune que nous sans doute, vous n’avez pas connu l’époque dite «de tante Yvonne » où une paire d’heures (voire moins) passées dans un lit avec ami, amant ou mari pouvait vous condamner aux travaux forcés à perpétuité, anéantir à jamais toute velléité de développement personnel, au mieux rejetant avec vous au fond de la nasse votre co-responsable, au pire, lui permettant de vous asséner le fatidique « et qui me prouve que je suis le père de ton gosse ? » tout en condamnant bien entendu le malheureux fruit de vos entrailles à la même galère que vous. « On ne fait pas d’enfants quand on est dans la misère » affirmait notre grand-père, qui en fit dix, parce que, comment aurait-il pu, à moins de se châtrer, faire autrement ?
C’est bien d’une guerre de classes qu’il est question, car, depuis la fin de la IIe Mondiale jusqu’à la légalisation de la contraception et/ou de l’IVG, les femmes des classes aisées n’ont guère eu de mal à protéger leur liberté par un petit voyage en Suisse. Il n’est donc pas question d’abandonner ce DROIT qu’il a fallu des siècles pour conquérir : celui de ne mettre au monde que des enfants plus ou moins assurés de ne pas être jetés dans une marmite infâme échappant à tout contrôle.
Or, il ne manque pas de bons apôtres pour se saisir aujourd’hui de la saine réaction de masse aux entreprises de la dictature mercantile la plus perverse, pour ramener en catimini leurs programmes de sujétion les plus patriarcaux. Comme ici :
http://www.egaliteetreconciliation.fr/Le-president-equatorien-Rafael-Correa-denonce-la-theorie-du-genre-22421.html
et ici :
http://zebrastationpolaire.over-blog.com/article-rafael-corea-avortement-theorie-du-genre-la-vraie-gauche-nationale-sociale-et-identitaire-121875760.html
Nous tenons juste à dire que si MM. Besson, Soral et le camarade Raphaël Correa veulent nous refourguer, sous couleur de combattre le « gender » un pétainisme encore plus vicieux que l’article d’origine, ils trouveront les femmes sur leur chemin. Surtout et avant tout les femmes pauvres.
Écrit par : Catherine | 02/04/2014
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