27/03/2014
RED STAR LINE
Ceci est un rappel et une incitation à lâcher TFI, Canal 5, France 2 ou même Arte… notre connaissance en matière de chaînes est limitée – nous n’avons pas la télé – mais vous devez en avoir au moins cinquante, non ? Alors, pour une fois, choisir de regarder la RTBF ne serait peut-être pas une mauvaise idée.
À l’heure où la moitié de la planète est ou va être forcée de s’exiler, de chercher sa survie dans l’émigration vers des eldorados qui n’existent plus, les deux jeunes cinéastes belges auteurs de ce document ont été, à notre avis, bien inspirés d’aller mettre leur nez dans les archives sonores d’il y a un siècle.
http://www.cinevox.be/red-star-line-en-route-vers-le-nouveau-monde/
On le sait, la très grande majorité des deux millions de passagers de la Red Star furent des juifs venus de Russie, des pays baltes, d’Allemagne et de Pologne, fuyant la misère et/ou les pogroms. Bien sûr, il y en eut des millions d’autres, principalement des Italiens et des Irlandais, mais ceux-là partirent d’autres ports. Et tous les passagers juifs ne furent pas nécessairement des malheureux fuyant quelque chose. Il y en eut aussi qui voyagèrent en 1ère et en 2e classe. Il y en eut même un qui fit plusieurs fois la traversée, avec Madame, un certain Albert Einstein, que les membres des équipages trouvèrent « très simple en dépit de sa célébrité ».
Einstein et son épouse Elsa Koch, à bord du Belgenland
Beaucoup cependant furent des bolcheviques fuyant la répression tsariste. Le grand John Cowper Powys tint toujours à honneur d’avoir planché devant eux dans ce Cooper Hall qui était la salle de leurs syndicats. Ce même Cooper Hall d’où, un siècle plus tard, John Mearsheimer et Stephen Walt allaient lancer une bombe dont les effets collatéraux se font encore sentir.
Cooper Union Great Hall
Mais il n’y eut pas qu’Albert Einstein à faire la traversée au milieu d’anonymes qui eurent le tort de n’être pas assez riches pour pousser jusqu’à Hollywood et se mettre « dans le cinéma ». Il y eut aussi une petite bonne femme pas encore célèbre, du nom d’Emma Goldman, qui allait réussir l’exploit de se faire expulser des États-Unis après y avoir fait de la prison, puis d’URSS, et qui, imperturbée, finirait par aller se mesurer à Franco sur son territoire.
C’est à la grande peur causée aux gens de biens par ces agitateurs, que les candidats-immigrants de la vague suivante durent d’être renvoyés dans les bras d’un Adolf Hitler qui n’en voulait pas, sous l’hypocrite prétexte de « quotas atteints ». La « terre des libres, patrie des braves » n’avait que faire de trublions égalitaires, anticapitalistes, communistes, anarchistes et quoi-z-encore ! Elle a préféré de tout temps les banquiers, les marchands d’art et les fondateurs de Metro-Goldwyn–Mayer. Mais c’est aux descendants des trublions, peut-être devenus bourgeois, que Daniel Cattier et Fabio Wuytack sont allés tendre leurs micros après leur avoir fait entendre la voix de leurs grand-pères et grand-mères. Chose hélas que Daniel ne pourra jamais faire pour les myriades d’Africains moins chanceux, qui continuent à faire monter le niveau de la Méditerranée par l’amoncellement de leurs cadavres, dans l’indifférence massive et même gaie des Occidentaux ingérants-humanitaires-et-donneurs-de-leçons. Ces émigrants-là, chassés de leurs pays regorgeant de richesses, n’auront jamais de descendance. Leur descendance, bébés à la mamelle inclus, périt avec eux.
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J’ai toujours pensé que la grandeur exceptionnelle est désignée à l’avenir par le flair acharné de l’ennemi, bien avant que les amis ne l’aient reconnue.
Romain Rolland, Robespierre
Si vous êtes comme nous, vous n’avez jamais eu l’occasion de voir et d’entendre un discours de S. H. Nasrallah sous-titré en français. C’est d’autant plus regrettable que S. H. Nasrallah est un des plus grands hommes politiques de notre temps et un des plus sages.
Cette affirmation ne surprendra que ceux qui se sont laissé bourrer le crâne par les « propagandistes mercenaires » dont se plaignait déjà Robespierre.
C’est ainsi que les grands discours de Mahmoud Ahmadinejad, qui n’eurent d’équivalents que ceux d’Hugo Chavez et de Vladimir Poutine*, ne furent jamais accessibles qu’avec deux ou trois semaines de retard et parce qu’il s’était quand même trouvé des citoyens US pour les traduire dans leur langue.
Le front nous brûle encore de honte d’avoir vu ces retransmissions de séances de l’ONU, où ceux qui prétendent nous représenter se levaient en toute goujaterie de meute, et sortaient de l’hémicycle dès qu’il s’approchait de la tribune pour y prendre la parole. On a rarement vu plus abject
Aujourd’hui, Mahmoud Ahmadinejad n’est plus le président élu de 80 millions d’Iraniens. Il a repris son travail de professeur à l’Université de Téhéran, où il se rend en autobus.
Et en voyageant debout…
Si cet homme avait été le tyran qu’ont fabriqué les enfumeurs à gages des merdias, il y a beau temps qu’il serait mort.
Donc, voici l’autre, le Libanais dont la tête est mise à prix par nos zélites. Le voici dans une allocution qu’il a faite le 12 mars dernier, à laquelle il faut prêter attention car il y parle de choses graves.
En effet, à force de pratiquer la méthode Coué, de se réjouir du croissant isolement d’Israël, de se féliciter de l’effet BDS qui s’étend naninanère – même si c’est vrai – on oublie de voir que les Palestiniens crèvent, que c’est miracle qu’il en reste encore et que bientôt, si rien de sérieux n’est fait très vite, il n’en restera plus.
S.H. Nasrallah n’est pas qu’un grand résistant et un grand homme d’État, c’est aussi une conscience. Quelque chose de bien rare par ici. Un peu comme si on trouvait le Koh-i-Nor sous les pavés de la Concorde. Voyez ? Écouter ce qu’il dit est une urgence absolue.
Découverte ! Notre correspondant, Salah, à qui nous devons déjà la traduction des discours de Vladimir Poutine, sous-titre systématiquement et publie sur son blog « Sayed 7asan », toutes les interventions de Sayed Hasan Nasrallah. Qu’il en soit chaudement remercié. On les trouve ici :
https://www.youtube.com/playlist?list=PLgJPDxCzzmTNP_1gitE-UONm5W5sO2NP9
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* Nous ne mentionnons pas Fidel Castro, parce qu’on ne mentionne pas les légendes ; on s’incline avec respect quand on a la chance de les avoir entendues.
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Letters of John Cowper Powys and Emma Goldman
Avec une longue introduction de David Goodway, historien de l’anarchie : « POWYS and EMMA GOLDMAN »
London, Cecil Woolf , 2008
188 p.
- Emma Goldman: A Documentary History Of The American Years, Volume 1 – Made for America, 1890–1901. Berkeley: University of California Press, 2003
- Emma Goldman: A Documentary History Of The American Years, Volume 2 – Making Speech Free, 1902–1909. Berkeley: University of California Press, 2004.
- Emma Goldman: A Documentary History of the American Years, Volume 3 – Light and Shadows, 1910–1916. Stanford: Stanford University Press, 2012
Ouvrage capital pour l’histoire de la lutte des classes aux États-Unis. Inédit en français, ce n’est pas notre faute si l’édition française préfère publier Botul.
En français et en ligne :
Emma Goldman : Un an au pénitencier de Blackwell
http://www.non-fides.fr/?Un-an-au-penitencier-de-Blackwell
Emma Goldman : 1921, L’orage éclate à Pétrograd
http://www.non-fides.fr/?1921-l-orage-eclate-a-Petrograd
Luc SANTE
Low life : Lure and Snares of Old New York
N.Y., Farrar Straus Giroux, 2003
432 p.
Luc Sante's Low Life is a portrait of America's greatest city, the riotous and anarchic breeding ground of modernity. This is not the familiar saga of mansions, avenues, and robber barons, but the messy, turbulent, often murderous story of the city's slums; the teeming streets--scene of innumerable cons and crimes whose cramped and overcrowded housing is still a prominent feature of the cityscap...
(C’est une histoire - illustrée de documents rares - des bas-fonds de New York, du milieu du XIXe siècle au début des années trente. Autrement dit, une histoire qui grouille d’immigrés pauvres et de criminels. Luc Sante est lui-même un immigré belge : un des tout premiers à être descendu d’un avion, donc à n’être pas passé par Ellis Island. Il est francophone. Ce n’est pas une raison pour être publié en français.)
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Walid Khalidi
Histoire véridique de la conquête de la Palestine
Paris, Éditions de Minuit, 1998
96 pages.
Walid Khalidi
Pour ne jamais oublier : les villages de Palestine détruits par Israël et les noms de leurs martyrs.
Institut des Études Palestiniennes, 2001
Walid Khalidi
Nakba 1947-1948
Paris, Sindbad-Actes Sud, 2012
Rachid Khalidi
L’identité palestinienne – La construction d’une conscience nationale moderne
Paris, La Fabrique, 2003
Rachid Khalidi
Palestine : Histoire d’un état introuvable
Arles, Actes Sud, 2007
361 pages.
Ilan Pappé
Le nettoyage ethnique de la Palestine
Paris, Fayar, 2008
394 pages
Joe Sacco
GAZA 1956 : En marge de l’histoire
B.D.
Paris, Futuropolis, 2010
424 pages
Joe Sacco a 49 ans. Il est né à Malte et vit aux États-Unis. Il est titulaire d'une licence ès lettres et journalisme et d'une maîtrise d'art. Passionné de bande dessinée, il se fait connaître avec des comics underground dont Yahoo et War Junkie, où il aborde l'actualité du moment, dont la guerre du Golfe. 1993 : il créé l'événement avec Palestine, qui est le premier album de ce qui sera qualifié par la suite de «bande dessinée de reportage». 1996: Palestine, une nation occupée (Vertige Graphic). 1997 : Palestine, dans la bande de Gaza(Vertige Graphic). 2001 : Goradze (2 tomes, Rackham). 2002 : Le Rock et moi (Rackham). 2005 : The Fixer, une histoire de Sarajevo (Rackham). 2010 : Palestine (Intégrale, Rackham). Parallèlement, il multiplie les reportages pour différents journaux comme The New York Times Magazine, Time, Harper's, The Guardian...
Gaza 1956 : Six ans de travail, plus de 400 pages, pour mettre au jour un massacre perpétré par l'armée israélienne sur la population de Gaza en 1956, et que l'Histoire a tout fait pour oublier. Hautement considéré par ses pairs auteurs, les médias et ses lecteurs du monde entier, Sacco poursuit son engagement sincère, courageux, âpre, rigoureux et nécessaire. Son oeuvre est une charge explosive qui a fait voler en éclats les limites de la bande dessinée. C'est lors d'un reportage pour le magazine «Harper's» en 2001, que Joe Sacco se remémore une brève citation, une note de bas de page, lue dans un rapport de l'ONU. Elle parlait d'un massacre de près de 275 civils, perpétré par l'armée israélienne à Khan Younis et d'une dizaine d'autres à Rafah, ville voisine, en 1956. Difficile à croire, alors entre novembre 2002 et mai 2003, le dessinateur reporter se rend à trois reprises sur le terrain, afin d'établir la véracité de cette tragédie et embarque le lecteur à la recherche de traces du massacre.
Elia SULEIMAN
Intervention divine
DVD – 99 minutes
France Télévision Distribution, 2003
Le temps qu’il reste
DVD – 104 minutes
Frande Télévision Distribution , 2010
Et, bien entendu, sur Internet, le site d’Aline de Dieguez, Aux sources du chaos mondial actuel, qui lui est entièrement consacré. http://aline.dedieguez.pagesperso-orange.fr/mariali/
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Dernière minute :
Argentine : 38e anniversaire du coup d’état des colonels
Manif monstre à Buenos Ayres
Mis en ligne le 27 mars 2014
11:53 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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