24/03/2014

Il y a 15 ans aujourd'hui

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Il y a 15 ans aujourd’hui : le 24 mars 1999 

commençait le bombardement massif des populations civiles de Yougoslavie.

Il allait durer 78 jours sans interruption

 

Une quinzaine de Belges, partis en deux ou trois voitures apporter des médicaments et diverses choses à des Belgradois déjà victimes d’un blocus meurtrier, se retrouvèrent sous les bombes. Ils y restèrent 3 ? 4 ? 5 jours ? Au plus, une semaine. Un an plus tard, deux des quinze étaient frappé du lymphome (« maladie des Casques Bleus ») dont ils devaient mourir ; un troisième, le journaliste Michel Collon, devait être amputé d’un rein qui s’avéra saturé d’uranium appauvri. Que dire des populations locales qui subirent la totalité de l’horreur et qui y restent, tous leurs fleuves et leurs sols contaminés, soumis aux radiations mortelles pour des générations, pour toujours peut-être ?

Nous dédions ce billet de triste anniversaire à feue notre amie Michelle Beaujean (l’auteur dramatique Chiquet Mawet) qui, en puissance d’un époux graveur, s’était liée d’amitié avec des graveurs yougoslaves venus exposer en Belgique et avait trouvé tout naturel, en ce printemps de guerre, de leur apporter non seulement les médicaments de base qui leur manquaient si fort mais aussi de quoi travailler, des matériaux de gravure.

 

Balkans info

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Louis Dalmas

 

Source : WWW.b-i-infos.com

 

 

La guerre de l’Empire contre la nation serbe : leçons pour la résistance

The Saker

Il y a quinze ans, l’Empire anglo-sioniste entamait la troisième phase de sa guerre contre la nation serbe. Il est important de prendre quelques minutes pour rappeler cette guerre, parce que sa principale raison d’être fut de montrer au peuple russe ce qu’on pourrait lui faire s’il s’avisait de résister (aux plans qu’on avait pour lui NdT). Exactement comme les USA ont bombardé Nagasaki et Hiroshima, principalement pour faire savoir à l'URSS ce qu'on pourrait lui faire si on le décidait, les Anglo-Sionistes ont bombardé le peuple serbe qui vivait en Croatie, en Bosnie, au Kosovo, en Macédoine et en Serbie, principalement pour envoyer un « message » au peuple russe : si vous ne vous laissez pas faire, vous êtes les suivants sur la liste.

En plus d’une campagne de bombardements massifs et de frappes aux missiles de croisière, l’Empire a déchaîné la plus grande campagne de propagande de l’Histoire, faisant passer les Serbes pour des assassins de masse vicieux, cinglés, nationalistes et sadiques, et tous leurs ennemis pour de gentils civils héroïques, démocrates et amoureux de la liberté, qui ne disposaient que d’un armement dérisoire pour résister aux massacres à l’arme lourde des Serbes. La fable, passant toutes les bornes, gonflait encore la diffamation en parlant de « camps de concentration » serbes et de « campagnes de nettoyage ethnique » utilisant « le viol comme arme de guerre ». En fin de compte et très logiquement, les Anglo-Sionistes ont conclu que Milosevic était « le nouveau Hitler » et que les Serbes étaient en train de perpétrer un génocide.

À l’époque, pratiquement tout le monde a avalé l’affabulation. Il y eut quelques exceptions – peu – ici et là – le journaliste indépendant Michel Collon, en Belgique, mérite une mention spéciale avec son livre Médiamensonges, qui avait paru dès 1994 – mais, l’un dans l’autre, la campagne de PSYOPS stratégiques de l’Empire fut un succès stupéfiant.

Je reviendrai sur le sujet de cette guerre hors commémoration, parce que beaucoup de choses doivent être revisitées et réexpliquées, spécialement aujourd’hui où le monde musulman se retrouve à la place des Serbes, aux prises avec exactement les mêmes forces, qui refont les mêmes choses en Libye et en Syrie. Mais, pour l’instant, je veux juste partager avec vous un échange d’e-mails que je viens d’avoir avec un lecteur, parce que la réponse que je lui fais peut servir de point de départ utile, pour commencer à remettre les pendules à l’heure.

 

*

Nous ne sommes pas en mesure de poster aujourd’hui cet échange, sur lequel nous nous proposons de revenir plus tard. Pour les anglophones, il est ici :

http://vineyardsaker.blogspot.be/2014/03/the-empires-war-...

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Nul n’est plus esclave que celui qui se croit libre sans l’être

 

Louis Dalmas, dans l’article de Balkans Info ci-dessus parle d’une « désinformation éhontée ayant réussi à endormir les opinions publiques », et, « À l’époque, pratiquement tout le monde a avalé l’affabulation », dit le Saker. N’est-il pas temps de dire que cela suffit ? Les opinions publiques se laissent endormir parce qu’elles le veulent bien. Parce que le sommeil de leur raison les arrange. Elles avalent les affabulations parce qu’il est beaucoup plus confortable de s’indigner dans les rails que de penser par soi-même et d’avoir à prendre peut-être des responsabilités. Refuser de voir les évidences les plus stridentes est tout un art. Les opinions publiques y sont passées maître(sse)s.

Évoquer avec horreur les « camps de concentration » serbes, alors que tous les pays d’Europe ont les leurs et que s’y ajoutent les camps de torture US off limits  (n’importe où sauf sur le territoire des USA, c’est-à-dire partout y compris sur les mers), c’est pratiquer une forme d’hypocrisie qui ferait tomber Tartufe sur le cul d’admiration. Déborder de compassion pour les Tibétains persécutés pendant les J.O. de Pékin et pour les Ukrainiens pas contents pendant ceux de Sotchi, c’est se foutre du monde. Nous ne parlons pas ici des enfumeurs, mais de leurs prétendues victimes. Il n’y a pires sourds que ceux qui ne veulent pas entendre les cris des suppliciés et pires aveugles que ceux qui refusent de voir le sang dans lequel ils pataugent benoîtement jusqu’aux cheveux. Alors, franchement, l’excuse de la désinformation… BASTA !

Le Saker parle encore, à propos de la boucherie yougoslave, de « message » aux Russes, et c’est sûrement vrai. Mais ce qui est vrai aussi, c’est qu’il s’agissait de donner le coup d’envoi au démantèlement de l’Europe. Les Anglo-Sionistes y tiennent beaucoup, et il faut reconnaître qu’ils n’ont eu besoin de mettre la main à la pâte que pour faire tomber ce premier domino, puisque les autres se préparent à tomber docilement tout seuls. Politique de Gribouilles. Car, enfin, se séparer de l’agglomérat dont on fait partie pour rester dans l’Union européenne, ça ressemble à quoi ? Et qu’on ne vienne pas nous bassiner avec la Crimée. En Crimée, il s’agit d’un remembrement. Tel qu’on le souhaite à la Yougoslavie.

Soyons bien assurés d’une chose : tant que la Yougoslavie ne sera pas restaurée, où que nous soyons en Europe, nous ne serons pas libres.

 

*

Considérons ceci comme de bon augure :

 

Au cours d’une cérémonie brève mais touchante, Vladimir Poutine s’est exprimé lors d’un rassemblement à Moscou derrière le slogan « Nous sommes ensemble! », en soutien à l’adhésion de la République de Crimée à la Fédération de Russie.

Merci à Sayed Hasan pour la vidéo et la traduction.


 

PRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION DE RUSSIE VLADIMIR POUTINE :

Mes chers amis,

C’est un jour de grande joie et de bonheur pour nous !

Citoyens de Russie, habitants de Crimée et de Sébastopol !

Après un long périple, difficile et épuisant, la Crimée et Sébastopol sont de retour dans leur foyer, dans leur terre natale, dans leur port d’attache, la Russie !

Je tiens à remercier les habitants de Crimée et de Sébastopol pour leur prise de position cohérente et décisive et pour leur volonté clairement exprimée d’être avec la Russie. Nous avons tous ressenti de l’émotion pour eux, et la Russie leur a donné sa chaleur, s’est tournée vers eux et leur a ouvert son cœur.

Nous sommes extrêmement préoccupés par les événements qui se déroulent en Ukraine, mais je crois que l’Ukraine surmontera toutes ces difficultés. Nous ne sommes pas de simples voisins, nous sommes une famille, et notre réussite future dépend de nos deux pays, à la fois de la Russie et de l’Ukraine.

Je voudrais encore une fois remercier les habitants de Crimée et de Sébastopol pour leur courage et leur persévérance, pour être restés fidèles à la mémoire de leurs ancêtres héroïques et pour avoir maintenu leur amour pour notre mère patrie, la Russie, à travers les décennies.

Ensemble, nous avons accompli de grandes choses, mais il reste encore beaucoup à faire, plus de tâches à mener à bien. Cependant, je suis certain que nous allons surmonter tous ces problèmes, et nous le ferons parce que nous sommes ensemble.

Vive la Russie !

*

Le rassemblement s’est conclu par l’hymne national de la Fédération de Russie :

 

Russie ô notre patrie sacrée,

Russie ô notre pays bien-aimé.

Une volonté puissante, une gloire immense

Seront ton héritage à jamais !

 

Rossiya – svyashchennaya nasha derzhava,
Rossiya – lyubimaya nasha strana.
Moguchaya volya, velikaya slava –
Tvoio dostoyanye na vse vremena!

 

[Refrain]

 

Sois glorieuse, ô notre libre Patrie,
Alliance éternelle de peuples frères !
Sagesse ancestrale de notre peuple !
Sois glorieux, ô notre pays !

Nous sommes fiers de toi !

 

Slav'sya, Otechestvo nashe svobodnoye,

Bratskih narodov soyuz vekovoi,

Predkami dannaya mudrost' narodnaya!

Slav'sya, strana! My gordimsya toboi!

 

Source :  http://www.sayed7asan.blogspot.fr

 

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Écrivains déracinés

 Écrivains du déracinement

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Dubravka Ugrešić

Née yougoslave, d’un père croate et d’une mère bulgare, devenue croate après l’éclatement de la Yougoslavie, elle a fait ses études à l’université de Zagreb (littérature russe et comparée) en serbo-croate. La Croatie victorieuse a banni le serbe de la langue nationale, mais le croate pur est une langue qui n’existe pas. Pour cette raison et pour d’autres, politiques, Dubravka a choisi l’exil en 1993. C’est une espèce de Gilad Atzmon au féminin. Elle enseigne la littérature russe dans les universités où on l’appelle – Europe ou États-Unis – et réside principalement en Hollande. Elle est traduite en une trentaine de langues et a reçu de nombreux prix internationaux.

 

Son site personnel (en anglais ) : http://www.dubravkaugresic.com/

 

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Le musée des redditions sans conditions

Paris, Fayard, 2004

349 pages

 

Une mère, dans Zagreb assiégée, pense à sa fille exilée à Berlin qui, à son tour, imagine la fuite de sa mère de Bulgarie vers la Yougoslavie un demi-siècle plus tôt. Comment rendre compte de l'exil ? Pour ceux dont la vie tient dans une valise, les souvenirs disparates - vieilles photos, journaux intimes, objets fétiches de l'enfance - prennent une signification étrange, comme autant d'échos à la fatalité du destin, à l'image de ces objets insolites découverts dans l'estomac de Roland, un éléphant de mer mort en 1961, et que l'on peut voir aujourd'hui dans une vitrine du zoo de Berlin : un fume-cigarettes rose, quatre bâtons d'esquimau, une broche métallique, une épingle à cheveux, un crayon de papier, un pistolet à eau, un couteau en plastique, des lunettes de soleil, une petite chaîne, un ressort. Qu'ont-ils d'autre en commun que d'avoir calmé pour une heure l'appétit de Roland ? Constitué d'une mosaïque d'histoires, de souvenirs et d'anecdotes, ce roman lumineux retrace la vie de quelques personnages pris entre deux cultures, déchirés entre leur histoire et la nôtre. Traduit dans une quinzaine de langues, Le musée des redditions sans condition a été reçu par la critique internationale comme une œuvre universelle.

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Le Ministère de la douleur

Paris, Albin Michel, 2008

336 pages

Le ministère de la douleur est un club bien connu à Amsterdam. Pour survivre, nombre de jeunes étudiants, exilés de l'ancienne Yougoslavie, confectionnent à son intention, comme à celle d'autres établissements fétichistes, toutes sortes d'articles à usage érotique. Ils ont tout perdu, leur maison, leur langue, leur pays. Tout sauf le souvenir torturé de la guerre et de la destruction. C'est précisément pour exorciser leurs fantômes que Tania Lusic, une jeune professeur de littérature, entreprend d'apaiser leurs souffrances. Mais sa méthode est tout de même trop peu orthodoxe au regard des canons académiques... Ce nouveau roman de Dubravka Ugresic a été unanimement salué à l'étranger pour sa puissance et sa subtilité. Pour cet humour noir aussi, qu'elle distille avec tant d'ironie tout au long d'un voyage aux enfers marqué par la douleur de la perte, l'isolement et la solitude auxquels ne saurait échapper aucun exilé.

 

Voir également, du même auteur :

Karaoke Culture, Paris: Galaade 2012.

Il n’y a personne pour vous répondre, Paris, Albin Michel, 2010.
Ceci nest pas un livre, Paris, Fayard, 2005.
Dans la gueule de la vie , Paris, Plon, 1997.
L’offensive du roman-fleuve, Paris, Plon 1993.

 

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Abdellah Hammoudi

Abdellah Hammoudi, est d’origine marocaine et de tradition musulmane. Il enseigne l’anthropologie à l’université de Princeton aux États-Unis depuis 1990. Il est connu pour ses travaux sur le sacrifice et sur les rituels du pouvoir. Il est l’auteur de La victime et ses masques, essai sur le sacrifice et la mascarade au Maghreb, Le Seuil, 1988, Master and Disciple. The Cultural Foundation of Moroccan Authoritarianism, The University of Chicago Press, 1997, traduction du manuscrit rédigé en français et publié en 2001 sous le titre Maîtres et disciples. Genèse et fondements des pouvoirs autoritaires dans les pays arabes. Essai d’anthropologie politique, Maisonneuve et Larose. Avec le politologue Rémy Leveau il a dirigé Monarchies arabes, transitions et dérives dynastiques, Paris, Documentation Française, 2002. Il est lauréat du prix international de l’art du reportage, Lettre Ulysses Award pour Une saison à La Mecque, récit de pèlerinage.

https://www.princeton.edu/anthropology/faculty/abdellah_hammoudi/

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Une saison à La Mecque

 Paris, Seuil, 2005

 314 pages

 

 

 

 

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Maîtres et disciples

Genèse et fondements des pouvoirs autoritaires dans les sociétés arabes : essai d’anthropologie politique

Paris, Maisonneuve et Larose, 2001

277 pages

 

 

 

 

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W.G. Sebald

Feu W.G. Sebald – il est mort en 2001 – est né en Allemagne juste à la fin de la guerre. Il a fait ses études à Fribourg-en-Brisgau. Comme Dubravka Ugresic, il s’est exilé pour des raisons de malaise politique et a enseigné principalement aux universités de Manchester et d’East Anglia, avec un an de parenthèse en Suisse. C’est en Angleterre qu’il est mort, dans un accident de voiture.

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De la destruction comme élément de l’histoire naturelle

Arles, Actes Sud, 2004

160 pages

 

 

 

 

 

Voir aussi, du même auteur (tous chez Actes Sud)

Les Émigrants(1999)

Les Anneaux de Saturne (2000)

Vertiges (2001),

Austerlitz (2002),

Séjours à la campagne (2005),

D'après nature (2007).

 

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Une mine :

 

Serbica : le portail de la littérature serbe en langue française

http://www.serbica.fr/

 

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Et, bien entendu, Emir Kusturica, serbe et grand cinéaste

 



En attendant Le long de la voie lactée, en cours de tournage.

 


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Et puisqu’on en a parlé :

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Michel Collon  

Journaliste belge indépendant

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Poker menteur

Les grandes puissances, la Yougoslavie et les prochaines guerres

Bruxelles, EPO, 1997

379 pages

 

 

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Les damnés du Kosovo

 DVD de Vanessa Stojilkovič et Michel Collon

 

 

 

 

Tous les livres , films , DVD et vidéos de Michel Collon se trouvent sur son site

http://michelcollon.info/spip.php?page=rubrique_thelia

ainsi qu’aux éditions ADEN (Bruxelles) et EPO (Bruxelles)

 

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Louis Dalmas

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B.I. infos - ex Balkans Info - est un mensuel de politique internationale en langue française, publié à Paris, animé par Louis Dalmas. Il est totalement indépendant de tout gouvernement, institution ou parti. Il vit de ses abonnements.

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Mis en ligne le 24 mars 2014

Notre bateau d’aujourd’hui est le Lyubov Orlova, le bateau- fantôme yougoslave qui, désarmé et halé vers le Canada avec d’autres, s’est détaché et erre depuis dans l’océan Atlantique.

 

 

 

 
 

23:25 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

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