03/09/2014
IN MEMORIAM
In memoriam
Jaurès flingué au café du Croissant : c’était il y a eu dimanche cent ans.
(Notre post est à la bourre)
« Celui qui commence la guerre est dans son tort : il n’est que juste qu’il soit vaincu et puni d’avoir tiré l’épée le premier… Deus dissipat gentes qui bella volunt » (Psaume lxviii, 31)
Martin Luther
Dernier discours de Jaurès, trois jours avant son assassinat
Donc, Jaurès était opposé à la guerre. Aussi désespérément que Vladimir Poutine aujourd’hui, et pour les mêmes raisons. Son idée était de faire s’y opposer – ensemble – les classes ouvrières française et allemande, par des grèves conjointes.
L’assassin le prit de court.
Tout le monde – son parti en tête, qui n’attendait que cela – s’engouffra tête baissée dans l’« Union Sacrée » et, trois jours plus tard, la France mobilisable partit, la fleur au fusil.
Cinq ans et dix-neuf millions de morts plus tard, dont un et demi de Français (en mars 1919), eut lieu le procès de son assassin. Il s’appelait Jacques Villain. Il fut acquitté, et Madame Jaurès fut condamnée à payer les frais du procès.
Cinq autres années plus tard, « ils » eurent le front de le mettre au Panthéon.
La fin de Villain dut beaucoup à la déesse Némésis : il mourut en 1936, à Ibiza, fusillé par des anarchistes. On retrouva son cadavre sur une plage, dévoré par les fourmis.
Un livre
Charles Sylvestre
Le deuxième assassinat de Jean Jaurès – Le procès de l’assassin de Jaurès
Editions Pagala – 450 pages
(Pas d’image de couverture disponible).
Et quelques autres :
http://jaures2014.org/comment-bibliographie.php
[Vous allez rire : il y en a même un co-signé par Manuel Valls.]
« Ceux qui moururent dans cette guerre ne surent pas pourquoi ils mouraient. Il en est de même dans toutes les guerres. Mais non pas au même degré. Ceux qui tombèrent à Jemmapes ne se trompaient pas à ce point sur la cause à laquelle ils se dévouaient. Cette fois, l'ignorance des victimes est tragique. On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels ».
Anatole France
C‘est à Craonne, sur le plateau…
http://www.lafeuillecharbinoise.com/?p=9949
Quand au bout d´huit jours, le r´pos terminé,
On va r´prendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile.
Mais c´est bien fini, on en a assez,
Personn´ ne veut plus marcher,
Et le coeur bien gros, comm´ dans un sanglot
On dit adieu aux civ´lots.
Même sans tambour, même sans trompette,
On s´en va là haut en baissant la tête.
Adieu la vie, adieu l´amour,
Adieu toutes les femmes.
C´est bien fini, c´est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C´est à Craonne, sur le plateau,
Qu´on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
C´est nous les sacrifiés!
Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance,
Pourtant on a l´espérance
Que ce soir viendra la r´lève
Que nous attendons sans trêve.
Soudain, dans la nuit et dans le silence,
On voit quelqu´un qui s´avance,
C´est un officier de chasseurs à pied,
Qui vient pour nous remplacer.
Doucement dans l´ombre, sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes.
Adieu la vie, adieu l´amour,
Adieu toutes les femmes.
C´est bien fini, c´est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C´est à Craonne, sur le plateau,
Qu´on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
C´est nous les sacrifiés!
C´est malheureux d´voir sur les grands boul´vards
Tous ces gros qui font leur foire;
Si pour eux la vie est rose,
Pour nous c´est pas la mêm´ chose.
Au lieu de s´cacher, tous ces embusqués,
F´raient mieux d´monter aux tranchées
Pour défendr´ leurs biens, car nous n´avons rien,
Nous autr´s, les pauvr´s purotins.
Tous les camarades sont enterrés là,
Pour défendr´ les biens de ces messieurs-là.
Adieu la vie, adieu l´amour,
Adieu toutes les femmes.
C´est bien fini, c´est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C´est à Craonne, sur le plateau,
Qu´on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
C´est nous les sacrifiés!
Ceux qu´ont l´pognon, ceux-là r´viendront,
Car c´est pour eux qu´on crève.
Mais c´est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève.
Ce s´ra votre tour, messieurs les gros,
De monter sur l´plateau,
Car si vous voulez la guerre,
Payez-la de votre peau!
Et un autre livre :
Robert GRAVES
Adieu à tout cela
Paris, Stock, 1965
387 pages
De père irlandais et de mère allemande, c’est sur la Somme qu’il a fait, dans l’armée anglaise, cette guerre monstrueuse, qu’il décrit comme personne.
C’est en défendant devant un conseil de guerre son ami Siegfried Sassoon - qui avait mis la crosse en l’air d’indignation -, qu’il craqua et fut interné pour un temps dans un asile d’aliénés, puis renvoyé au front.
C’est dans ce livre qu’on apprend que, dès 1917, l’Allemagne demandait un armistice. Qui fut refusé, car il restait pour un an d’armes a écouler, avant de passer à celles de la génération suivante.
Par un des plus grands poètes du XXe siècle.
Graves pendant la guerre
Et, bien entendu :
Centenaire
1914 – 2014
Des livres – des films – des sites
http://lettres-histoire-geo.ac-amiens.fr/sites/lettres-hi...
Mais surtout :
Louis-Ferdinand CÉLINE
Voyage au bout de la nuit
Denoël, 1932
623 pages
Louis-Ferdinand CÉLINE
Voyage au bout de la nuit
Illustré par Tardi
Gallimard-Futuropolis, 2006
216x294 mm – 384 pages
Louis-Ferdinand CÉLINE
Casse-pipe
Gallimard - Folio – 1997
123 pages
Louis-Ferdinand Céline
Casse-pipe
Illustré par Tardi
Gallimard-Futuropolis, 2007
210x285 mm – 96 pages
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Mis en ligne le 3 septembre 2014.
22:32 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
Commentaires
Le mythe et la réalité...Et la réalité est que Jaurès fut un ardent colonialiste. Il a, entre autres, encouragé la colonisation de l'Algérie.
Écrit par : Djamal Benmerad | 05/09/2014
Merci Djamal,
Existe-t-il une source où on puisse en savoir plus sur ce sujet ?
Pour Ferry, je savais, mais Jaurès ? L'inconvénient d'avoir une culture à trous...
Est-ce que, par exemple, Lounis Aggoun en aurait parlé ? Ou quelqu'un d'autre ?
Merci d'éclairer ma lanterne.
Catherine
Écrit par : Catherine | 06/09/2014
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