12/09/2014
CHEMINS DE DAMES
Chemins de dames
Une femme, un livre.
Arundhati Roy n’est pas seulement une des plus belles femmes du monde, c’est aussi un des cerveaux les plus lucides et les plus intrépides qui soient, et une conscience comme il y en a peu. Elle est indienne, mais quand un nouvel écrit d’elle paraît, c’est un événement mondial, pas indien.
Aujourd’hui, elle sort, après plusieurs années de silence, un livre au titre trompeusement aride : Capitalism, A Ghost Story
En espérant que l’édition française n’attendra pas trois ans pour le publier, nous vous en proposons ici un passage, reproduit par ICH avec la permission de l’éditeur.
Arundhati Roy – 53 ans dont vingt de lutte à plein temps, grâce à la sécurité financière que lui a valu le prestigieux Booker Prize pour son roman Le dieu des petites choses
Comment le pouvoir des grandes entreprises a transformé la richesse en philanthropie pour prendre le contrôle de la société
Arundhati Roy
Son nouveau livre Capitalisme : une histoire de fantômes explore la relation astucieusement brouillée entre les grands groupes d’intérêts et les fondations qu’ils dotent.
Août 2014 - I.C.H.
Ce qui suit est un extrait du nouveau livre d’Arundhati Roy, Capitalism : A Ghost Story (Haymarket Books 2014), ici reproduit avec autorisation. |
Ce qui est dit dans cet essai pourrait apparaître à certains comme une critique plutôt corrosive. Par ailleurs, dans la tradition qui consiste à honorer l’adversaire, on pourrait y voir une reconnaissance de la vision, de la flexibilité, de la sophistication et de l’inébranlable détermination de ceux qui ont voué leur existence à préserver la sécurité du capitalisme dans le monde.
Leur fascinante histoire, qui s’est effacée de la mémoire contemporaine, a commencé aux États-Unis, dans les premières années du XXe siècle, lorsque, armée en toute légalité de fondations dotées, la philanthropie des grandes entreprises a commencé à remplacer l’activité missionnaire, non seulement pour ouvrir la route, mais pour entretenir et contrôler le système propre au maintien du capitalisme (et de l’impérialisme).
Parmi les premières fondations mises en place aux États-Unis il y eut la Carnegie Corporation, dotée en 1911 grâce par les bénéfices de la Carnegie Steel Company, et la Fondation Rockefeller, dotée en 1914 par J.D. Rockefeller, fondateur de la Standard Oil Company. Les Tata et les Ambanis de leur temps.
Au nombre des institutions qui ont été financées, qui ont reçu des capitaux de démarrage ou qui sont couramment subventionnées par la Fondation Rockefeller, on trouve les Nations Unies, la CIA, le Conseil des Relations Étrangères U.S. (CFR), le fabuleux Musée d’Art Moderne de New York et, bien sûr, le Rockefeller Center, également à New York (où la gigantesque peinture murale de Diego Rivera dut être décollée du mur, parce qu’elle montrait avec trop d’espièglerie des capitalistes réprouvés face à un vaillant Lénine ; la liberté d’expression avait pris un jour de congé).
El hombre en el Cruce de Caminos
L’homme à la croisée des chemins – détail.
Rockefeller fut le premier milliardaire de l’Amérique et l’homme le plus riche du monde. Il était abolitionniste, soutint Abraham Lincoln et était abstinent. Il croyait que son argent lui avait été donné par Dieu, ce qui a dû être bien agréable pour lui.
Quand les fondations dotées par les grandes entreprises ont fait leur apparition aux États-Unis, il y eut un débat acharné sur leur provenance, leur légalité et leur absence de responsabilité. Des gens suggérèrent que, si les compagnies avaient tant d’argent excédentaire, ils n’avaient qu’à augmenter le salaire de leurs ouvriers. (Les gens faisaient ce genre de suggestions scandaleuses en ce temps-là, même en Amérique). L’idée de ces fondations, si communément admise aujourd’hui, fut, en fait, un bond que fit le commerce dans l’imaginaire. Des entités légales non soumises à impôt, avec des ressources massives pour un rayon d’action illimité – complètement opaques et n’ayant pas à répondre de leurs actes – quelle meilleure façon de métamorphoser la richesse économique en capital politique, social et culturel, de transformer de l’argent en pouvoir ? Quelle meilleure trouvaille, pour des usuriers, que d’utiliser un infime pourcentage de leurs profits pour diriger le monde ? Comment, sinon, Bill Gates, qui, il faut le reconnaître, connaît deux ou trois choses sur les ordinateurs, se retrouverait-il en train de planifier des politiques d’éducation, de santé et d’agriculture, pas seulement pour le gouvernement des États-Unis mais pour des gouvernements du monde entier ?
Au fil des années, tandis qu’on assistait à l’excellent travail réel que faisaient les fondations (comme diriger des bibliothèques publiques, éradiquer des maladies, etc.), la relation directe entre les grandes entreprises et les fondations qu’elles dotaient est devenue floue. Elle a même fini par disparaître. Aujourd’hui, même ceux qui se considèrent comme des gens de gauche n’éprouvent pas de gêne à accepter leurs largesses.
Dès les années 1920, le capitalisme US avait commencé à lorgner vers l’extérieur, en quête de matières premières et de marchés d’outremer. Les fondations commencèrent à formuler l’idée de gouvernance mondiale par les entrreprises. En 1924, les Fondations Rockefeller et Carnegie créèrent, de concert, ce qui est aujourd’hui le groupe de pression en matière de politique étrangère le plus puissant au monde : le Conseil en Relations Extérieures (Council on Foreign Relations ou CFR), qui devait, plus tard, être également dotée par la Fondation Ford. Dès 1947, la CIA, qui venait d’être créée, était financée par et travaillait en étroite collaboration avec le CFR. Au fil des années, le CFR a compté parmi ses membres vingt-deux secrétaires d’État US (ministres des Affaires étrangères, NdT). Il y avait cinq membres du CFR dans le comité dirigeant de 1943 qui conçut les Nations Unies, et c’est par un don de 8,5 millions de dollars de J.D. Rockefeller qu’a été payé le terrain sur lequel se trouve le quartier général de l’ONU à New York.
Tous les (onze) présidents de la Banque Mondiale, depuis 1946 – des hommes qui se sont présentés aux pauvres comme des missionnaires – ont été des membres du CFR (à l’exception de George Woods, qui était le fondé de pouvoir de la Fondation Rockefeller et le vice-président de la Chase Manhattan Bank).
À Bretton Woods, la Banque Mondiale (BM) et le Fonds Monétaire International (FMI) ont décidé que le dollar US serait la monnaie de réserve de la planète, et que, pour faciliter sa pénétration du capital global, il serait nécessaire d’universaliser et de standardiser les pratiques commerciales au moyen d’un marché complètement ouvert. C’est dans ce but qu’ils dépensent de très importantes sommes d’argent à promouvoir la Bonne Gouvernance (aussi longtemps qu’ils en tiennent les fils). Deux des plus opaques et irresponsables organisations au monde se répandent partout en admonestations, exigeant de la transparence et de la responsabilité de la part des gouvernements des pays les plus pauvres.
Si on tient compte du fait que la Banque Mondiale a plus ou moins dirigé les politiques économiques du Tiers-Monde par la contrainte et l’effraction du marché d’un pays après l’autre pour y imposer la loi de la finance mondiale, on peut dire que la philanthropie commerciale s’est avérée être l’affaire la plus visionnaire de tous les temps.
Les fondations alimentées par les grands groupes administrent, canalisent et exploitent leur pouvoir, ils placent leurs pions sur l’échiquier du monde par un système de clubs élitistes et de boîtes de réflexion, dont les membres se superposent, entrent et sortent par des portes tournantes. Contrairement aux diverses théories conspirationnistes qui circulent, surtout dans les milieux de gauche, il n’y a rien de secret, de satanique ni de maçonnique dans cet arrangement. Il n’est pas très différent de la manière dont les groupes d’affaires utilisent des sociétés fictives et des comptes off-shore pour transférer et administrer leur argent, à ceci près que sa devise, c’est du pouvoir, pas de l’argent.
L’équivalent transnational du CFR est la Commission Trilatérale, créée en 1973 par David Rockefeller, l’ex-conseiller en sécurité nationale Zbigniew Brzezinski (membre fondateur des Moudjahidines Afghans, prédécesseurs des Talibans), la Chase Manhattan Bank et quelques autres éminences privées. Son but était de créer un lien d’amitié et de coopération durable entre les élites américaines, européennes et japonaises. Elle est devenue aujourd’hui une Commission pentalatérale, depuis qu’elle s’est adjoint des membres de la Chine et de l’Inde (Pour l’Inde : Tarun Das du CII; N. R. Narayana Murthy, ex-directeur général d’Infosys; Jamsheyd N. Godrej, administrateur général de Godrej; Jamshed J. Irani, administrateur de Tata Sons; et Gautam Thapar, directeur général du groupe Avantha).
L’Institut Aspen est un club international de membres de l’élite, d’hommes d’affaires, de bureaucrates et de politiciens locaux [on ne dit plus « nationaux », vous avez remarqué ? NdT] avec des franchises dans plusieurs pays. Tarun Das est le président de l’Institut Aspen en Inde et Gautam Thapar préside son conseil d’administration. Plusieurs cadres supérieurs du McKinsey Global Institute (qui parraine le Corridor Industriel Mumbai de Delhi) sont membres du CFR, de la Commission Trilatérale et de l’Institut Aspen.
La Fondation Ford (faire-valoir libéral de la plus conservatrice Fondation Rockefeller, bien que les deux travaillent constamment main dans la main) a été créée en 1936. Même si la chose est souvent minimisée, la Fondation Ford a une idéologie très claire et bien définie, et elle travaille en très étroite collaboraton avec le Département d’État US. Le projet d’approfondissement de la démocratie et la « bonne gouvernance » sont partie intégrante du schéma de Bretton Woods, visant à standardiser les pratiques commerciales et à promouvoir l’efficacité dans le marché libre.
Après la Deuxième guerre mondiale, quand les communistes ont remplacé les fascistes comme ennemi n°1 du gouvernement US*, il a eu besoin de nouvelles institutions pour s’occuper de la Guerre Froide. Ford a alors fondé RAND (Research and Development Corporation, « Société de Recherche et de Développement »), une boîte de réflexion militaire qui s’est lancée dans la recherche en armements pour les services « de défense » US. En 1952, dans le but de mettre en échec « les efforts persistants du communisme pour pénétrer et perturber les nations libres », elle établit le Fonds pour la République, qui se transforma ensuite en Centre pour l’Étude des Institutions Démocratiques (CSDI), dont la mission consistait à faire la Guerre Froide intelligemment, sans les excès voyants du McCarthysme. C’est à travers cette lunette que nous devons observer le travail que la Fondation Ford accomplit, grâce aux millions de dollars qu’elle a investi en Inde : son financement d’artistes, de cinéastes et de militants, ses généreuses subventions aux universités et ses bourses d’études.
Les « buts pour l’avenir de l’humanité » que déclare poursuivre la Fondation Ford comprennent des interventions en faveur de mouvements politiques locaux, tant localement qu'internationalement. Aux États-Unis, elle fournit des millions, en dons et prêts, pour soutenir le mouvement des coopératives de crédit, dont le propriétaire de chaînes de supermarchés Edward Filene avait été le promoteur en 1919. Filene croyait en la création d’une société de consommation de masse, par l’octroi aux ouvriers d’un crédit accessible – idée révolutionnaire pour l’époque. Mais c'était seulement la moitié d’une idée révolutionnaire, en fait, parce que l’autre moitié de ce que voulait Filene, c'était une redistribution plus équitable du Produit National. Les capitalistes se sont emparés de la première moitié de l’idée de Filene et, en déboursant pour des dizaines de millions de dollars en prêts « abordables » aux ouvriers, ont fait de la classe laborieuse US une masse de gens endettés en permanence, qui s’essouffle à essayer de rattraper – sans jamais y arriver - les standards de vie qu’on lui fait miroiter.
Bien des années plus tard, cette idée a ruisselé jusque dans les campagnes appauvries du Bengladesh, où Mohammed Yunus et la banque Grameen ont apporté le micro-crédit à des paysans affamés, avec des conséquences désastreuses. Les pauvres du sub-continent ont toujours vécu endettés, dans la poigne impitoyable de l’usurier du village : le Baniya. Mais la micro-finance a fait, de cela aussi, une entreprise à grande échelle. Les sociétés qui, en Inde, pratiquent le micro-financement, sont responsables de centaines de suicides – 200 personnes dans l’Andra Pradesh, rien qu’en 2010.
Suicide d’un fermier – 26 mars 2012
Un quotidien national a publié récemment le billet laissé par une jeune fille de dix-huit ans, qui s’est suicidée après avoir été forcée de donner ses 150 dernières roupies – ses droits d’inscription scolaire – aux employés harceleurs de la société de micro-financement. Son billet disait : « Travaillez dur et gagnez de l’argent. N’empruntez jamais ».
Il y a beaucoup d’argent à se faire chez les pauvres, et quelques prix Nobel aussi.
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* On ne peut suivre, ici, A.R. : les fascistes n’ont jamais été l’ennemi public n°1 des forces d’argent en général ni des États-Unis en particulier, mais le bras armé de leur guerre au communisme. Les unes et les autres n’ont fait semblant de combattre le fascisme que lorsqu’il est devenu patent qu’il serait défait par l’URSS. Mettons qu’elle ait voulu dire « quand les communistes, d’alliés, sont devenus ennemi public n°1… ».
[Traduction C.L. pour Les Grosses Orchades.]
Ses œuvres traduites en français :
- Fiction
- Arundhati Roy (trad. Claude Demanuelli), Le Dieu des Petits Riens[« The God of Small Things »], Gallimard, 1997, 438 p. Essais
- Arundhati Roy (trad. Claude Demanuelli),Le Coût de la vie, Paris, Gallimard, coll. « Arcades », 1999, 163 p.)
- Arundhati Roy (trad. Frédéric Maurin), Ben Laden, secret de famille de l'Amérique, Gallimard, coll. « Hors série Connaissance », 2001, 32 p.
- Arundhati Roy (trad. Claude Demanuelli), L'Écrivain-militant, intégralité des essais et articles politiques écrits depuis 1998, 2003
- Arundhati Roy (trad. Claude Demanuelli), La Démocratie : notes de campagne, Paris, Gallimard, coll. « Du Monde Entier », 350 p.
- Articles
- Assiéger l’Empire
- Les périls du tout-humanitaire
- Le monstre dans le miroir, 15 décembre 2008 sur http://anti.mythes.voila.net/evenements_histoire/inde/aru... et http://divergences.be
- Ma marche avec les camarades, récit de son séjour chez les guérilleros naxalites, publié le 19 mars 2010 dans Outlook Magazine (texte original, en anglais)
(Merci Wikipedia)
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Ce qui est arrivé à Ferguson
par Nora
De la Vigne du Saker
Samedi 30 août 2014
[Ce papier date du 30 août. Notre demande au Saker français (« allez-vous le traduire ou pas ? ») étant restée sans écho, nous l'avons fait nous-mêmes. Nos excuses pour le retard, mais à quinze jours près, la condition des Noirs aux États-Unis ne va pas se sauver. Hélas.]
Préambule
Je suis tellement pris par les événements d’Ukraine, que j’ai à peine eu le temps de suivre les événements de Ferguson, c’est pourquoi je reconnais volontiers que je n’ai pas d’opinion à leur sujet. Cependant, j’ai quelques opinions sur les relations inter-raciales aux USA, y compris quelques incorrectes (je ne considère pas les Noirs US comme soit des Africains soit des Américains par exemple). Quand je vivais à Washington DC (de 1986 à 1991), au temps de Marion Barry… je me suis souvent retrouvé être la cible du racisme noir. Malgré quoi je considère Malcolm X comme le plus grand « Américain » (entre guillemets, parce qu’il ne s’est jamais considéré comme un « Américain » et que je suis d’accord avec lui) de l’histoire des États-Unis et qu’il est un de mes héros personnels. Je vis maintenant dans le Sud (quoiqu’on pourrait dire que la Floride est culturellement au nord des Carolines), où certains de mes amis africains et compatriotes noirs me racontent des histoires intéressantes sur ce que cela fait d’être noir et de voir votre voiture arrêtée par un flic. Je trouve la question des relations inter-raciales aux USA absolument fascinante, mais ce n’est, en ce moment, pas le moment pour moi de m’en occuper. Toutefois, un jour, si ça intéresse quelqu’un, je pourrais le faire. Pour l’instant présent, l’équipe russe a demandé des articles sur les événements de Ferguson et un des meilleurs a été écrit par Nora. Attention ! Divulgation complète et mise en garde : je considère Nora comme une amie et comme une dame à la fois sage et bienveillante. Ne pensez même pas à poster quelque chose de laid si vous n’êtes pas d’accord avec elle ! Libre à vous de critiquer et d’être en désaccord, mais faites foutrement attention que vos critiques soient fondées et qu’elles soient formulées respectueusement envers Nora. Deuxièmement : s’il est vrai que la question raciale est une réalité aux États-Unis, tout commentaire raciste ira directement à la poubelle. Critiquez les Noirs ou les Blancs tant que vous voudrez, en tant que groupes sociaux ou organisations, mais n’utilisez aucun argument impliquant que le libre-arbitre de tel ou tel membre de la race X est affecté par son origine ethnique, ou assimilant tous les individus à un seul. D'accord ?
Le Saker
Ce qui est arrivé à Ferguson
Plantons le décor
Pour planter le décor de ce qui est arrivé à Ferguson, il serait sans doute utile de savoir deux ou trois choses sur la façon dont les dés ont été pipés contre les gens de couleur aux États-Unis. Bien que l’esclavage ait été officiellement aboli en 1863, il a été en fin de compte remplacé, dans le Sud, non seulement par le terrorisme d’état « Jim Crow » mais même par un rétablissement officieux de l’esclavage, par le double moyen du système de métayage (ou privatisation des prisons, NdT) et des arrestations sur base d’accusations fabriquées conduisant au travail forcé non rémunéré, dans des chaînes de forçats. L’époque des Droits Civiques a mis fin à ce que ces pratiques avaient de pire, mais la Lutte Anti-Drogues a su faire en sorte que les Afro-Américains continuent à être arrêtés et emprisonnés dans une proportions plus que double des Blancs, pour les mêmes délits, bien que l’utilisation de drogues soit la même dans les deux groupes. Une main d’œuvre scandaleusement sous-payée dans les prisons – qui sont des prisons privées à but lucratif – a remplacé le peu qui restait de la manufacture en Amérique.
Richard Nixon a fait croître l'antagonisme blanc par la manière dont il a « résolu » la mise en œuvre de Brown vs. Board of Education, la décision de la Cour Suprême de 1954 sur la déségrégation de l’école qui a fait jurisprudence, parce qu’il s’est astucieusement rendu compte que les « Démocrates » de la classe laborieuse blanche, du Nord comme du Sud, seraient trop heureux de devenir « Républicains », si le Parti républicain « prenait leur parti » dans cette affaire. Le résultat final de tout cela est une re-ségrégation non-avouée, qui fait que les écoles noires sont de nouveau sous-financées, pourvues d’installations misérables, de livres dépassés - souvent pas de livres du tout (!) - et d’un corps enseignant de qualité très inférieure à celle des autres écoles. Ce qui veut dire que pas grand-chose n’a changé non plus en termes d’éducation.
Ruby Bridges, la première petite fille noire de l'histoire des États-Unis à avoir posé le pied dans une école pour Blancs, en 1960, sous la protection du FBI. Peinture de Norman Rockwell
Pire encore : bien que les Noirs aient, dans le passé, vécu dans toutes les régions de ce pays depuis le troisième quart du XIXe siècle, ils ont été maintenant refoulés dans les grandes villes, et littéralement interdits de circulation après la tombée du jour dans les villes de moindre importance. Et les parties des endroits où ils vivent ont généralement de bien plus mauvais services publics que les autres – collectes de déchets et déneigements moins fréquents, éclairage public mal entretenu, etc. – mais des loyers toujours très élevés, surtout si on considère la qualité inférieure des logements. Théoriquement, ces problèmes auraient dû disparaître avec l’application de diverses lois sur les Droits Civiques, mais, une fois encore, cela n’a pas été le cas. La discriminatuion raciale financière est un procédé toujours en vigueur, au moyen duquel on empêche les Noirs d’acheter des maisons dans certains quartiers, en leur rendant plus difficile qu’aux autres l’accès aux emprunts immobiliers et en leur appliquant des taux d’intérêts plus élevés qu’aux Blancs, pour les mêmes critères. Étant donné qu’être propriétaire de son logement est la première source de patrimoine pour la plupart des familles américaines, cette arène-là aussi a été fermée à la majorité des Afro-Américains. Et, enfin, les emplois : sur deux candidats également qualifiés pour un poste, l’Afro-Américain a toujours beaucoup moins de chances de l’obtenir que le Blanc.
Pendant ce temps-là, les attitudes blanches n’ont guère fait de progrès non plus. C’est en partie dû à la stratégie de Nixon pour remettre le Parti Républicain en selle, et, en partie, aux stratégies délibérées de dénigrement de certaines collectivités ethniques pour engranger le plus de votes possible, adoptées par Ronald Reagan et George H.W. Bush, qui n’ont pas hésité à fabriquer de toutes pièces des peurs blanches de violences noires et à mentir éhontément quant à l’étendue des fraudes noires à l’assistance sociale. Mais les Démocrates, effrayés de leurs pertes en votes blancs, ne se sont pas mieux conduits : la Réforme de la Sécurité Sociale de Bill Clinton a frappé de plein fouet beaucoup de victimes innocentes, blanches et noires, parce que lui aussi a tenu à se donner l’air intransigeant sur « la criminalité noire », alors qu’elle était en régression, tout en fermant benoîtement les yeux sur la criminalité infiniment plus coûteuse des Blancs riches. Un autre facteur, ici, résulte de la relative isolation des Blancs par rapport aux Noirs : il est beaucoup plus facile de continuer à avoir peur des gens que vous ne connaissez pas, surtout si les commentateurs des médias n’arrêtent pas de vous bombarder de stéréotypes au lieu de vous dire la vérité. Et ne vous y trompez pas : les Blancs qui ont le plus de préjugés sont ceux qui ont le plus peur. Hélas, leur maintien dans cet état ne se fait pas qu’au bénéfice du Parti républicain, car peu de Noirs votent « républicain » : le Parti démocrate n’a pas à se donner beaucoup de mal pour obtenir malgré tout les votes noirs, raison pour laquelle il se fiche complètement de leur plaire ou de leur déplaire. C’est donc, là encore, du perdant-perdant pour les Noirs.
Au tour de la police, à présent.
Le profilage racial et la brutalité policière sont, depuis toujours, une réalité quotidienne pour les gens de couleur dans ce pays. Cela vient en partie du fait que, traditionnellement, les gens recrutés par la police ont grandes chances de l’être parmi ceux qui considèrent les Noirs comme des inférieurs et des criminels très probables. L’usage des armes à feu est profondément enraciné dans la culture américaine, et ceux qui entretiennent ces sentiments racistes risquent fort de voir, dans leurs armes, un élément essentiel de leur sécurité et la seule manière envisageable de maintenir l’ordre public. Il faut noter aussi que les peurs d’une insurrection noire, en même temps que le désir de conserver ses biens, a conduit très tôt, dans le Sud, à la formation de patrouilles paramilitaires anti-esclaves, raison principale de l’inclusion dans la Constitution et de la formulation particulière du IIe amendement (http://fr.wikipedia.org/wiki/Deuxi%C3%A8me_amendement_de_... ) La croissance du lobby américain des armes au cours des 25 dernières années à la fois s’est nourrie de ces façons de voir et les a renforcées, tandis que, dans la vie réelle, les parents de la communauté noire ont dû traditionnellement faire asseoir leurs pré-adolescents, lors d’une espèce de rite de passage connu sous le nom de « La Conversation», au cours duquel ils leur donnent des instructions très spécifiques sur la manière dont ils doivent se comporter, c’est-à-dire avec suffisamment d’humilité et de soumission, s’ils veulent avoir une chance de rester en vie.
Cependant, la sur-militarisation des polices locales – qui va jusqu’aux instructions officielles de considérer et de traiter les protestataires non-violents comme des terroristes – est une nouvelle tendance très préoccupante. Le Département de la Sécurité Intérieure (DHS) est une entreprise extrêmement lucrative pour le Complexe Militaro Industriel, tant en termes de subventions aux frais des contribuables, accordées aux différentes polices et services d’incendie, théoriquement pour nous protéger des attaques terroristes, mais en réalité pour faire en sorte que tout ce qui ne sert plus dans les guerres d’Afghanistan et d’Irak puisse être vendu ailleurs. C’est ainsi que, maintenant, la plus minuscule des casernes de pompiers rurale possède des véhicules blindés qu’elle a à peine les moyens d’alimenter en carburant et que les polices locales sont dotées du dernier cri en matière d’équipement militaire et entraînées par le MOSSAD, qui leur inculque une véritable terreur des populations civiles – c’est-à-dire de nous – qu’ils sont payés pour protéger avec les dollars de nos impôts.
Un internaute, sur la version anglophone de ce blog (celle du vrai Saker, NdT) qui habite un faubourg de Washington D.C. a récemment fait appel à la police pour un cas de fraude qui aurait dû nornalement être traité par un simple policier. Au lieu de quoi, un SWAT team* au complet, de cinq hommes armés jusqu’aux dents, a déboulé, prêt à faire feu… à une mauvaise adresse. Ce genre d’incident devient de plus en plus fréquent, des gens de tous âges et de toutes couleurs, et jusqu’à leurs animaux de compagnie, se voyant brutaliser et/ou tuer à des feux de signalisation ou à leurs propres domiciles, dans des situations à l’évidence non-violentes, quand une simple assistance, médicale ou autre, avait été demandée, sans compter les fois où la police débarque à la mauvaise adresse et/ou celles où un policier estime que les ordres (souvent autoritaires et illégaux) qu’il a donnés n’ont pas été suffisamment bien ou vite obéis. Il y a aussi de nombreuses preuves démontrant un contrôle insuffisant en matière de dépistage des excès de violence ou des comportements inacceptables, des infractions de cette sorte précédemment commises et/ou d’abus d’alcool et de drogues, chez les candidats policiers.
Ajoutez-y une quantité « normale » de racisme sudiste (très présent dans le Nord aussi, bien entendu, récemment revigoré par Sarah Palin et délibérément amplifié par divers médias de droite occupés à pousser un maximum de gens à voter à droite), un groupe important d’Afro-Américains récemment déplacés du centre de la ville vers un des rares quartiers où on leur a, de mauvaise grâce, permis de résider, et un faubourg où la 2e source des revenus publics vient des amendes et des taxes disproportionnées qui frappent les Afro-Américains, tels que feux grillés ou autres délits mineurs (http://www.democracynow.org/2014/8/27/is_ferguson_feeding... ) et, oui, Ferguson avait tout pour aller au désastre. L’événement en lui-même, cependant, à peine atypique, est d’une certaine façon moins intéressant que ses conséquences, qui fournissent presque un test de Rorschach du peuple, des médias et de la manière dont l’Amérique est gouvernée en ce moment précis.
L’événement
Les faits sur lesquels toutes les parties sont d’accord disent que Michael Brown était un garçon de 18 ans non armé, tenu en haute estime par ses professeurs, qui souhaitait créer sa propre affaire et n’avait pas de casier judiciaire. Il a été tué à coups de fusil par le policier M.O. de Ferguson Darren Wilson alors qu’il se rendait avec un ami chez sa grand-mère, aux environs de midi, le dimanche 9 août 2014, juste deux jours avant sa rentrée au collège. Il n’existe pas de vidéo policière de la fusillade, bien qu’un enregistrement audio de plusieurs coups de feu paraisse recevable, ainsi que plusieurs tweets de témoins oculaires et une vidéo ultérieure du corps de Brown, en dépit de quoi plusieurs détails de l’incident restent peu clairs. Ce qu’on peut affirmer sans équivoque, c’est que Wilson a arrêté les deux adolescents et leur a ordonné assez peu légalement de ne pas marcher dans la rue, mais sur les trottoirs ; les témoignages diffèrent sur le degré d’hostilité de cette confrontation et sur la question de savoir si Brown est ou non resté dans la rue, a été ou non traîné par Wilson dans la voiture de police, ou s’il a, à un certain moment, étant dans la voiture, agressé Wilson comme l’a plus tard prétendu la police. Il est assez précisément établi cependant que Wilson était assis dans sa voiture quand il a tiré sur Brown et sur son ami pour la première fois à travers la fenêtre ouverte de la voiture, mais les a manqués tandis qu’ils s’enfuyaient. Il est alors sorti de sa voiture, a tiré de nouveau sur Brown et a continué à tirer de multiples rafales, après que le jeune homme se soit retourné et ait mis les mains en l’air, pour finir par l’achever d’une balle dans la tête alors qu’il tombait. Ce qui s’est passé ensuite relève de la tectonique des plaques et de la tragédie grecque.
Les conséquences
Ne faisant pas confiance à la structure de pouvoir presque entièrement blanche de Ferguson, la famille de Brown a demandé qu’une autopsie privée soit faite par un ex-médecin légiste de New York ; ses résultats ont mis en évidence neuf blessures par balles (quatre au bras droit, trois dans la tête et deux dans la poitrine), estimant qu’on lui a tiré dessus au moins six fois, quoique pas à bout portant, puisqu’il n’y avait pas de résidus de poudre sur le corps. (http://www.nytimes.com/2014/08/18/us/michael-brown-autops... ) Cela dit, la totalité des constatations de l’autopsie officielle, par l’expert médical du Comté de Saint-Louis n’a pas été rendue publique, si bien que la présence éventuelle de résidus sur les vêtements de Brown ou dans la voiture de Wilson reste incertaine. Le Ministère de la Justice a été également requis de se livrer à une autopsie, mais il est très peu probable qu’il découvre des indices nouveaux.
Le corps de Michael Brown est resté dans la rue pendant quatre heures sur l’insistance de la police ; le nom de Wilson n’a été révélé qu’au bout d’une semaine et, bien que le département de police de Ferguson ait enregistré un rapport d’incident à la date du 8 août, rapport qui prétend que Brown et son ami avaient commis un vol juste avant qu’il soit tué, il a fallu toute une autre semaine au même département pour enregistrer un autre rapport, même très abrégé, sur son meurtre. Il est admis aussi que Wilson n’avait pas connaissance du vol allégué au moment où il a donné l’ordre à Brown de quitter la rue pour le trottoir.
Lorsque la police a finalement autorisé l’approche du lieu de sa mort, la famille de Brown et d’autre habitants de l’endroit ont déposé des fleurs et des bougies sur les flaques de sang. C’est alors que, dans un geste de mépris bien connu de ceux qui ont vécu à l’époque de Jim Crow, un policier a laissé son chien uriner sur le mémorial improvisé et que d’autres ont derechef interdit la rue aux véhicules et roulé, avec les leurs, dans les fleurs, éparpillant les pétales et les bougies écrasées, au grand scandale des gens déjà sous le choc de leur deuil. (http://www.motherjones.com/politics/2014/08/ferguson-st-l... ).
Tout au long des nuits suivantes, la foule des proches et des protestataires non armés venus d’un peu partout est devenue de plus en plus nerveuse, et il semble qu’une douzaine d’entre eux ait commencé à saccager et même à piller, jusqu’à mettre le feu à un commerce. Habitués à se faire obéir par la force, mais à ce moment-là craignant véritablement de se retrouver avec une émeute sur les bras, la police a refusé d’admettre la moindre culpabilité, a essayé, avec une bonne foi discutable, de faire porter le blâme par le seul Brown pour tout ce qui était arrivé, et a réagi aux protestations selon les instructions reçues du MOSSAD par leur chef. Ce qui a signifié équipement anti-émeutes, hélicoptères et interventions de SWAT teams la première nuit, puis, les suivantes, tirs à pellets en bois, à balles en caoutchouc, bombes fumigènes, grenades aveuglantes et lacrymogènes. Les résultats étaient prévisibles. Le gouverneur intervint, des mesures furent tentées pour calmer les choses, il y eut de plus en plus de protestataires, la police, une fois de plus, sur-réagit, l’intensité des manifestations subit des flux et des reflux, on fit appel à la Garde Nationale, beaucoup de gens se firent malmener, menacer et arrêter, y compris plusieurs journalistes, et, des déclarations de l’administration Obama, on put tirer la conclusion qu’elle se préoccupait davantage des violences protestataires que de celles qui avaient été exercées sur Michael Brown. Les choses finirent par se calmer peu à peu après les funérailles.
Les lignes de rupture
Chaque composante de cette tragédie, jusqu’à et y compris l’absence de formation, le jugement malsain et le comportement violent de certains policiers, était entièrement prévisible, comme l’étaient la couverture sensationnaliste et hautement calomniatrice des médias, la localisation, le contenu et l’intensité des protestations publiques des deux côtés de la division politique gauche-droite, ainsi que la calleuse indifférence du centre et la très grande disparité des sommes collectées pour soutenir la cause de Michael Brown et celle de Darren Wilson ( http://www.ksdk.com/story/homepage/2014/08/23/cash-raised... ). Hautement prévisible aussi était l’intensité de la réaction populaire, peu surprenante au vu de la destruction d’un simple mémorial à la mémoire d’un adolescent assassiné, dont le corps n’était pas encore froid, profanation commise en outre par l’organisme auquel appartient l’homme qui l’a tué dans des circonstances hautement suspectes.
Il est également important de reconnaître que ce qui est arrivé à Ferguson ne constitue en rien une anomalie : pas une seule chose ne s’y est produite qui ne se soit produite dans beaucoup d’endroits de ce pays et de nombreuses fois. En fait, si on envisage les choses de loin, la plus grosse question qu’on se pose est de savoir pourquoi les médias ont choisi d’accorder tant d’importance à cette affaire. Et la réponse réside sans doute dans leurs finances de plus en plus précaires, dans l’état de nos affaires étrangères et dans la conclusion qu’une fois de plus ils en tirent, à savoir que le public a besoin d’une forte diversion et qu’il convient de lui inculquer encore un peu plus de peur si possible.
Cependant, tout comme les peuples du reste du monde prennent de plus en plus conscience de ce que le vrai rôle de l’empire anglo-sioniste est de dominer et/ou de détruire une quantité croissante de pays, la hideuse différence entre mythe et réalité à propos de la vie en Amérique – pratiquement inchangée depuis sa fondation – commence à apparaître aux yeux de tous. La triste vérité, hélas, est que, dans leur grande majorité, les Américains restent enfermés à double tour dans les préjugés que leur ont inculqués les propagandes, et alors que tant d’efforts sont faits pour mettre en évidence les questions sous-jacentes à la militarisation de la police, à sa brutalité et au traitement inégal devant la loi réservé aux uns et aux autres, la probabilité d’une véritable amélioration dans ces divers secteurs reste extrêmement faible.
Un mot sur les sources
N’hésitez pas à poser des questions si vous en avez. Et si vous souhaitez davantage d’informations sur tout ceci, je vous transmettrai volontiers toutes sortes d’URLs, mais pour une vue approfondie et nuancée de l’expérience afro-américaine, je ne puis trop chaudement recommander un écrivain et blogueur nommé Ta-Nehisi Coates. Il est d'une grande lucidité, il va remarquablement au fond des choses et il écrit de façon superbe : http://www.theatlantic.com/ta-nehisi-coates/ . Une autre bonne source, sur cette question et d’autres concernant les Afro-Américains est le Professeur Gerald Horne, interviewé ici dans une série en six parties, avec les transcriptions : http://therealnews.com/t2/index.php?option=com_content&am... Alexander Reid Ross fournit aussi, de son côté, une vision intéressante et instructive d’autres développements survenus à Ferguson, qui ont un impact sur cette affaire : http://www.counterpunch.org/2014/08/28/notes-on-ferguson/ . Enfin, The Color of Change : http://colorofchange.org/ et Black is Back Coalition : http://www.blackisbackcoalition.org/2014/08/27/national-m... sont deux sources excellentes, pour qui s’intéresse à la réaction volontairement mesurée de la communauté afro-américaine et de ceux qui la soutiennent dans sa recherche d’une solution à ces problèmes.
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* Les SWAT teams (Special Weapons And Tactics) sont des groupes d’intervention tactique, équivalant aux GIGN en France. NdT.
Source : http://vineyardsaker.blogspot.be/2014/08/what-happened-in...
Traduction C.L. pour Les Grosses Orchades
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Strange Fruit – Billie Holiday
Pour mémoire : Abel Meeropol, l’auteur de Strange Fruit, était un enseignant juif russe, membre du Parti Communiste américain, qui a écrit cette chanson en une nuit, bouleversé d’avoir vu dans les journaux la photo du lynchage de deux noirs – Thomas Shipp et Abraham Smith. C’est lui aussi qui a adopté les petits Ethel et Julius Rosenberg, après l’exécution de leurs parents, condamnés, comme on sait, pour « intelligence avec l’URSS ».
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On croyait Silvia Cattori « en pause », goûtant quelques semaines d’un repos bien mérité. Mais pas du tout, car…
Le 6 août, on pouvait lire l’annonce qui suit sur son blog :
Chers lecteurs
Notre site a subi plusieurs attaques informatiques et a été mis hors ligne plusieurs fois ces derniers mois. Nous avons connu également de nombreux problèmes techniques. Sa refonte et son amélioration nécessite un investissement qui dépasse nos moyens.
Arrêt sur Info prend le relais
En attendant nous avons ouvert un nouveau blog plus ergonomique et simple à gérer.
Merci de votre compréhension.
Silvia Cattori
Cet acharnement à vouloir la faire taire est l’hommage involontaire le plus éclatant que pouvait rendre le vice à la vertu de la Dame suisse. Nous empruntons à son nouveau blog ce pamphlet pas volé, sur « les Russes et nous ».
Vous l’aurez voulu !
par Andreï Nikitine
Sputnik & Pogrom est la voix la plus intelligente de la blogosphère russe. Le cynisme de ce pamphlet est à prendre avec un grain de sel. Il n’exprime évidemment pas une intention belliqueuse, mais l’écœurement ô combien justifié d’une grande majorité de Russes face au mépris que leur témoigne l’Occident. La provocation qu’il leur adresse – « Et si cela arrivait près de chez vous ? » – est particulièrement insoutenable.
Slobodan Despot
La crise ukrainienne a donné lieu à un phénomène singulier. Un sentiment de supériorité morale absolue est né au sein du peuple russe, sentiment d’ailleurs tout à fait justifié. Ceci alors que toute la propagande ennemie vise à soustraire aux Russes ce sentiment d’être dans le juste, de défendre la vérité.
Notre belle opposition humaniste
Les premiers à se mettre dans l’ornière ont été les membres de «l’opposition » russe, autoproclamés « démocrates », « combattants de la liberté » et autres expressions grandiloquentes. « La marche de la Paix » sous les drapeaux ukrainiens (qui s’est déroulée à Moscou librement et sans aucun incident) a été encore tolérée par la population, qui leur cherchait des excuses : ce n’est pas si simple, ces gars-là ne veulent tout simplement pas la guerre, ils aiment tout le monde, etc. etc.
Cependant, ces gars-là n’ont pas eu le bon sens de s’arrêter là et de regarder autour d’eux. Ils ont continué de chanter leur ritournelle sur le thème « Honte d’être Russe », « Russie – pays agresseur » et « Touche pas à la Grande-Ukraine » après les événements d’Odessa du 2 mai(1), puis après les attaques aériennes des villes et villages paisibles est-ukrainiens, et aussi après les bombardements de ces cités par l’artillerie lourde, et même après la chute des obus sur le territoire russe. Ils n’ont été interpellés ni par la mort des civils, ni par la réaction de l’opinion publique ukrainienne à la mort de leurs compatriotes à Odessa(2), et lorsque a surgi l’info (qui s’est plus tard révélée fausse) selon laquelle les brûlés de la Chambre des syndicats d’Odessa étaient pour la plupart des citoyens russes, ils ont justifié sans aucun scrupule les opérations de l’armée ukrainienne.
Source : http://arretsurinfo.ch/
Via : http://reseauinternational.net/vous-laurez-voulu/
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On lui refait le coup du Venezuela et du Honduras à Dilma ? Comme d’hab. Vous espériez autre chose ?
Brésil : Marina Silva, joker « apolitique » contre Dilma Roussef
Frédéric Delorca – Atlas Alternatif
Jeudi 11 septembre 2014
On se trompe ou elle a un faux air de Condoleeza Rice ?
Évangéliste, écologiste fervente mais aussi adepte d'une politique économique néolibérale et censeur de l'actuel processus d'intégration régionale (Unasur), l'ex-ministre Marina Silva, une amazonienne descendante de Noirs et d'Indiens, candidate du "Parti socialiste du Brésil" (après la mort accidentelle du précédent candidat de ce parti le 13 août dernier, mais Marina Silva, elle, se dit "apolitique") vient perturber pour les élections présidentielles du 5 octobre le jeu politique entre le parti des travailleurs (PT) et sa candidate, la présidente sortante Dilma Rousseff et le Parti social-démocrate (PSDB), de droite, dont le candidat est facilement identifiable aux échecs du gouvernement de Fernando Henrique Cardoso dans les années 2000.
En 2012 le gouvernement britannique a invité Silva à être l'un des huit porteurs de la torche lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques, ce qui avait souligné ses liens avec la monarchie britannique (rappelons qu'en juillet 2014 la banque de Santander, filiale du groupe du baron anglais Rothschild avait émis à l'intention de ses adhérants un bulletin hostile à la réélection de Dilma Rousseff). Lors de la présidentielle de 2010 le président de l'ONG de protection de la nature World Wildlife Fund-Brésil (WWF Brésil) Alvaro de Souza était devenu président du Comité des finances de campagne de Silva. En échange Silva, ministre de l'écologie, a accordé de nombreuses zones à gérer au WWF. Le WWF est présidé par la reine d'Angleterre.
Alvaro de Souza
Jacob, baron Rothschild, philanthrope mais opposé à la réélection de Dilma Roussef. À quel titre ? La famille Rothschild a une « branche brésilienne » ?
Les sondages d'opinion jusqu'à présent indiquent que Dilma Rousseff a sa principale base de soutien parmi les plus humbles qui vivent avec jusqu'à deux fois le salaire minimum (1 448 reais, d'environ 650 $), un groupe qui représente 40 % de l'électorat brésilien. Parmi ceux qui gagnent entre 3 et 5 salaires minimum (la «nouvelle classe moyenne») les soutiens sont divisés à parts égales entre les deux candidates, tandis que Marina Silva s'impose parmi ceux qui gagnent plus de 5 fois le salaire minimum (El Economista). Sa percée dans les sondages était mise à l'honneur par le Wall Street Journal le 26 août.
Les deux dames ne fréquentent pas le même genre d’hommes
Le Brésil, membre des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) est un pivot de l'unification de l'Amérique du Sud. Il a mené des batailles récemment contre l'espionnage américain, contre la tutelle des États-Unis sur le Net, mais aussi contre le colonialisme française au Mali. La victoire de Silva impliquerait la sortie immédiate du pays des BRICS.
Source : http://atlasalternatif.over-blog.com/article-bresil-marin...
En marge, quelques liens amusants :
http://www.lalibre.be/light/societe/et-l-homme-le-plus-ri...
http://forum.prisonplanet.com/index.php?topic=201825.msg1...
http://www.memoiresdeguerre.com/tag/banques%20et%20banqui...
Un journaliste français exilé au Brésil, c’est qui ça ?
http://capitaineenzo.over-blog.com/2014/05/il-faut-rendre...
et une méchanceté anglaise :
Salut vous autres…
Mon nom est Jacob Rothschild
Ma famille vaut 500 trillions de dollars
Nous possédons pratiquement toutes les banques centrales du monde.
Nous avons financé les deux côtés de toutes les guerres depuis Napoléon.
Nous possédons tout ce que vous avez, vous, vos médias, vos carburants et votre gouvernement.
Vous n’avez probablement jamais entendu parler de moi.
(Il y en a beaucoup d’autres de cette sorte. Pas seulement d’origine anglaise. Vous pouvez les chercher si le jeu vous amuse. Ah, oui : les Rothschild sont en guerre contre Poutine, mais les articles qui en parlent disparaissent curieusement du web….
http://www.paroleaupeuple.com/archives/2014/07/04/3018187...
… nous en avons quand même trouvé deux :
http://stopmensonges.com/affrontement-juif-entre-rothschi...
http://www.chaos-controle.com/archives/2014/06/26/3014640...
Diable, vous voilà avec de la lecture pour plus d’une semaine !)
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La vie exaltante des Liégeois(e)s
(suite)
Cette fois, ce ne sont pas les LilithS, mais des militantes de l’Association Belgo-Palestinienne qui sont montées aux créneaux d’un château-fort israélien de l’hyper-centre de la ville : le Carrefour de la place Saint-Lambert, qui fait face au Palais des Princes-Évêques. Leur but : attirer l’attention sur le réétiquetage frauduleux de produits « made in Sionistan » pour pallier les ravages du mouvement BDS. Faux-drapeaux-étiquettes-fallacieuses, comme pour les armes et les fleurs, mais là, c’est pour les pommes de terre et autres toutes sortes de denrées food et non-food. Le gérant n’a pas l’air content. Dame, il va falloir qu’il trouve une autre astuce. Après le pseudo-rachat des Carrefour par Mestdagh et les embrouilles à la petite semaine… la vie devient dure dans l’épicerie.
Après, nos dames de choc pourront s’en prendre - à peu près tous réunis sous la même verrière - à Héma, à H & M (oui, c’est suédois et néanmoins sionisto-nazi, la morale, ce n’est pas fait pour les tiroirs-caisses) et autres boutiques de fringues du genre Victoria’s Secret, Lola & Liza, etc. etc. la liste est longue. (Et chère si vous voulez notre avis).
La suite au prochain happening.
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Mais puisqu’on était en Inde…
Siddarth : un néo-réalisme à l’indienne.
Rosa LLORENS
Certes la rentrée n’a pas encore eu lieu, et la minceur de l’Officiel des Spectacles relève encore du régime d’été ; mais on se demande si, il y a 10 ou 15 ans encore, les programmes d’été au cinéma étaient aussi désolants. Toutefois, dans ce désert culturel, il y a (presque) toujours une surprise, voire un miracle : cette semaine, c’est Siddarth, de l’Indo-Canadien Richie Mehta.
Source : http://www.legrandsoir.info/siddarth-un-neo-realisme-a-l-...
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Les dernières critiques en date de Rosa Llorens :
29/08 Jimmy’s Hall : une petite musique à contre-temps.
10/06 Adieu au langage ou : le système technique contre le bonheur.
24/05 Deux Jours, une nuit, ou le prix d’un être humain.
12/04 El Impenetrable : une enquête sur l’histoire du Paraguay.
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Qu’on ne croie cependant pas Les Grosses Orchades sexistes. Les hommes aussi peuvent écrire d’excellentes choses. La preuve :
Ukraine : Les dislocations du front européen (II)
Chercheur du Temps
Les chroniques de Rorschach
7 septembre 2014
La Russie est notamment confrontée à deux ennemis qui, pour l’essentiel, se recoupent largement : l’UE (pour la partie politico-diplomatique et économique) et l’OTAN (pour l’aspect militaire). Un des principes fondamentaux de l’art de la guerre est celui de la dislocation du front ennemi en provoquant sa rupture aux points les plus faibles pour, à partir de là, enfoncer en profondeur son dispositif afin de lui interdire toute action coordonnée.
C’est un art auquel excelle Vladimir Poutine qui va s’efforcer de provoquer l’éclatement de l’UE et de l’OTAN. Les membres de ces deux organisations étant pratiquement les mêmes, la désagrégation de l’une entrainerait celle de l’autre. Mais il ne s’agira en rien de la guerre que prévoyait l’OTAN…
Un grand nombre d’États de l’ancien COMECON, mais aussi de petits pays (Malte, Chypre, Slovénie…) n’ont adhéré à l’UE et à l’OTAN que par pur opportunisme et faute d’alternative viable. Ces intégrations leur offraient l’ouverture d’un vaste marché, l’effet de levier des aides et prêts européens, et la restructuration de leur appareil militaire dans le cadre d’un système de défense autrement inenvisageable avec leurs faibles moyens.
Source : http://leschroniquesderorschach.blogspot.be/2014/09/ukrai...
Il va sans dire que, sous couvert de lutte contre l’EIIL/ISIS, la marionnette de l’Empire se prépare à bombarder en réalité Bachar el-Assad, malgré le veto formel de la Russie et de la Chine. Reste à voir comment elles prendront la chose.
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Et pour terminer dans la joie :
Il y a longtemps qu’on la voyait venir, celle-là, et pas que dans les mégapoles… Les habitants de Boston sortis de chez eux avec autant de ménagements que des Afghans ou des Irakiens par des SWAT teams déjà armés jusqu’aux dents sous prétexte de « chasse au terroriste »... vous en souvenez-vous ? Un gamin de 18 ans, lui aussi. Pas noir. Tchétchène. De ceux qu’on tue ou condamne à mort sans indigner personne. Pour commencer. Histoire de faire bien peur à tout le monde et que personne n’ose bouger…
Cela s’appelle tester la capacité de réaction des foules ahuries. Et aussi «terrorisme» mais, chut…
Répétition générale ? Cela ne vous crève pas les yeux ?
Quelle différence avec Pinochet ?
États-Unis : un rapport de l’armée appelle à préparer une occupation des mégalopoles américaines
Le rapport, intitulé Megacities and the United States Army (Les mégalopoles et l’armée des États-Unis, disponible en PDF en anglais), a été publié par le secrétaire général du groupe d’études stratégiques de l’armée.
Faisant état d’un avertissement concernant la capacité « décroissante » des gouvernements nationaux à gérer les problèmes causés par une urbanisation croissante et par la croissance des mégalopoles, le rapport indique qu’il est « inévitable qu’à un moment donné, l’armée des États-Unis soit appelée à opérer dans une mégalopole, et qu’elle souffre actuellement d’un manque de préparation total dans cette optique ».
Source : http://croah.fr/corbeau-dechaine/etats-unis-un-rapport-de...
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Pas de panique ! Il y a plein d’autres façons de vous tuer, et elles sont au programme pour une partie au moins des 99% dont vous êtes, qui ne servent plus à rien et qui continuent à bouffer. C’est comme dans les cancers, tout ça : au début, on ne sent rien.
Paranos, les Grosses Orchades ? Meuh noooon…
Mis en ligne le 13 septembre 2014.
23:47 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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