07/09/2014

CESSEZ-LE-FEU, ET PUIS QUOI ?

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Cessez-le-feu, et puis quoi ?

Deux réflexions

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CESSEZ-LE-FEU EN UKRAINE

De la Vigne du Saker

Samedi 6 septembre 2014

Il y a tant de rumeurs et d’opinions, concernant le dernier cessez-le-feu entre la Novorossia et la junte de Kiev, que j’ai décidé de rédiger une petite vue d’ensemble, sous forme de questions et réponses. Je vous écrirai une véritable analyse la semaine prochaine. Et, pendant que j’y suis, je vais profiter de l’occasion pour expliquer un certain nombre de choses sur ma position personnelle à cet égard. Voilà :

Q – Est-ce que vous soutenez le plan de paix, ou est-ce que vous vous y opposez ?

R – Ni l’un ni l’autre. D’abord, je n’ai toujours pas vu les 14 points sur lesquels ils se sont mis d’accord, et, plus important, je ne crois pas que cet accord tiendra.

Q – Pourquoi pas ?

R – Parce quie les groupes suivants y sont tous opposés : les USA, l’OTAN, les Nazis Ukies, la plupart des commandants novorossiens sur le terrain et les idéologues nationalistes de Russie. En plus de cela, Porochenko est tellement faible qu’il n’a pas les moyens d’imposer sa volonté à qui que ce soit. Enfin, les Ukies et leurs supporters occidentaux sont toujours revenus sur tous les accords qu’ils ont signés.

Q – Donc, vous croyez que cet accord n’avait pas lieu d’être ?

R – Non, pas du tout. D’abord parce que son parfait timing a pas mal coupé l’herbe sous le pied aux anti-Russes du sommet de l’OTAN qui, en fin de compte, vient de se terminer sur des menaces creuses.

Q – Êtes-vous en train de dire que c’est une victoire pour la Russie ?

R – À peine, mais cet accord a été une manière efficace de désamorcer temporairement une situation potentiellement dangereuse. De plus, le simple fait que ni l’Union Européenne, ni l’OTAN, ni les USA n’aient été même présents à Minsk est un symbole très puissant du fait que la « nation indispensable » et ses instruments de domination coloniale ne sont pas indispensables après tout.

Q – Mais, un cessez-le-feu ne va-t-il pas permettre aux Forces de Répression de la Junte (FRJ) de se regrouper ?

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R – Si, mais ce n’est pas vraiment la question, parce que, vu la taille de sa profondeur stratégique, la Junte a les moyens de se réorganiser et de se regrouper de toute façon. La plupart des unités de la Junte sont si déglinguées, qu’un « regroupement » ne les aidera pas beaucoup. Au mieux (au mieux pour les JRF, naturellement), ce cessez-le-feu fera d’une vraie débandade une retraite plus ou moins en bon ordre, suivie d’une pause plus que nécessaire. Mais l’élément-clé dont il faut toujours se souvenir ici, c’est que les guerres se gagnent toujours par la volonté, la force morale et l’esprit combatif. À l’opposé des Russes, l’esprit combatif des Ukies a été complètement brisé par les FAN (Forces Armées Novorossiennes). Regardez ces deux photos, qui circulent sur RU/NET. On voit un soldat russe blessé (du 08.08.08 iirc) dans la guerre contre la Géorgie et un de ces soldats ukrainiens rendus célèbre par les vidéos néo-nazies et militaristes qui ont inondé les réseaux sociaux, capturé en Novorossia. Ce montage fait voir quelque chose de crucial. Comparez l’expression déterminée et invaincue du simple soldat russe, pourtant sévèrement blessé, avec l’expression complètement hagarde et terrifiée du parachutiste ukrainien. La différence, ici, n’est pas «Russe » contre « Ukrainien » au sens ethnique (il n’existe pas de « Russe ethnique » ni d’« Ukrainien ethnique » - ils sont tous ethniquement mélangés), la différence est dans l’esprit combatif du soldat russe et du soldat ukrainien. Et il n’y a pas d’aide US/OTAN, quel qu’en soit le volume, qui puisse changer ça. Contrairement à l’Ukrainien, le Russe sait pourquoi il se bat, et il est déterminé.

Q – Et qu’en est-il de Mariupol ?

R – Qu’en est-il ? La ville est toujours encerclée et les Forces Armées Novorossiennes ne se retireront pas. Tout ce que le cessez-le-feu va faire, c’est « geler » la situation autour de la ville. Ce que pourront éventuellement tenter les Ukies, c’est briser l’encerclement et prendre leurs jambes à leur cou.

Q – Les FAN retireront-elles un bénéfice du cessez-le-feu ?

R – Oui. Il y a plusieurs « chaudrons » à l’arrière des FAN, qui sont une vraie merde. Et cette v. m., avec un peu de chance, sera évacuée par la chasse d’eau d’un accord mutuel qui devrait permettre aux unités de la Junte de sortir de leurs trous en laissant leurs armes derrière elles. Sinon, rappelez-vous que les FAN contrôlent toutes les frontières de la Novorossia et que le « voentorg » (livraison secrète d’armes et de spécialistes) va continuer de plus belle.

Q – Êtes-vous en train de dire que tout va bien et qu’il n’y a qu’à se réjouir ?

R – Pas du tout. Premièrement, il y a des signes indubitables de querelles en Novorossia. Non seulement, il semble qu’on ait fait perdre le contrôle de la situation à Strelkov en exerçant sur lui un chantage, mais il y a même eu des rumeurs d’une tentative de coup, hier, par Antiufeev. Les Novorossiens démentent l’information, d’autres disent que le coup n’a pas réussi, mais il n’est pas douteux qu’il y ait actuellement des tensions en Novorossia et que, tandis que certains soutiennent la stratégie en cours des négociations (on peut les appeler le « clan Zakharchenko »), d’autre s’y opposent clairement (appelons-les le « clan Mozgovoï »). De même, en Russie, il y a ceux qui sont favorables à cette stratégie (en gros, les cercles proches du Kremlin) […] et ceux qui y sont opposés (Douguine, le colonel Cassad, el-Miurid et beaucoup d’autres, des blogueurs et des activistes para-marxistes).

Q – Donc, vous admettez que ceci est mauvais pour la Novorossia ?

R – Non, je n’ai pas dit ça non plus. Je pense qu’on assiste probablement à une phase temporaire inévitable et peut-être indispensable de ce conflit, phase qui n’est ni un triomphe ni un désastre, mais une conséquence naturelle de la situation sur le terrain.

Q – Que voulez-vous dire ?

R – Contrairement à la plupart des commentateurs qui s’expriment ici, je ne crois pas que les FAN aient été « traîtreusement stoppées » dans ce qui aurait été leur marche triomphale sur Kiev. Les étonnants succès obtenus dans le Sud ont totalement occulté, dans l’esprit de beaucoup, le fait que les forces de la Junte, au nord de Lugansk sont toujours importantes, puissantes, qu’elles tiennent bon, que les Ukies ont même tenté une (petite et inutile) contre-offensive dans la région de Dukuchaevsk, et que, contrairement aux rapports initiaux, l’aéroport de Donetsk n’est toujours pas sous complet contrôle des FAN. Ceux qui se sont imaginé que les FAN allaient bientôt prendre Odessa, Kharkov, Dniepropetrovsk et même Kiev, ne se rendent tout simplement pas compte de la situation militaire. Pour l’instant, les FAN ne peuvent même pas reprendre Slavyansk, encore moins reconquérir toute la Novorossia.

Q – Que pensez-vous de l’idée que les oligarques sont la force réelle derrière ce deal ?

R – Quels oligarques ? Akhmetov n’a pas seulement perdu Donetsk pour toujours, même les infrastructures matérielles de ses avoirs sont maintenant en ruines. Kolomoïski a vu ses biens de Crimée nationalisés, et il est pour l’instant, engagé dans un bras de fer avec Akhmetov et Porochenko. Quant aux oligarques russes, ils ont exactement zéro besoins en Novorossia, et ils sont bien trop malins pour aller investir quoi que ce soit dans une région aussi dangereuse, instable et ravagée. Au moins à court terme, seul l’État russe fournira de l’aide, pour des raisons politiques, mais les oligarques russes ont beaucoup d’options bien plus sûres et plus lucratives que le Donbass dévasté.

Q – O.K., alors, qu’en est-il des accusations qui disent que, plutôt que permettre la création d’une Novorossia viable et indépendante, Poutine n’a fait que créer une autre Transnistrie ?

R – Sur quoi se fonde cette thèse ? Sur un plan en 14 points dont personne ne sait rien et qui sera bientôt brisé de toute façon ?

Q – Non, sur le fait qu’au lieu de combattre Porochenko et les nazis, les Novorossiens ont été forcés de négocier avec eux.

R – Oh, allons ! Combien de fois devrai-je répéter qu’à l’inverse des Occidentaux, les Russes n’ont pas de problème du tout à parler avec leurs ennemis ? Étudiez l’histoire des invasions tatares-mongoles de la Russie, quand les princes russes étaient toujours en train de parler et de « négocier » avec les khans de la Horde d’Or, ce qui ne les empêchait pas de se soulever et de les combattre avec régularité. Les Russes sont beaucoup plus asiatiques qu’européens. Pour eux, parler à un ennemi est normal, cela fait partie de la guerre. Si,  en Occident, parler à son ennemi ou négocier avec lui est un signe de faiblesse, en Asie, ce n’est pas parler ou négocier avec son ennemi qui est un signe de faiblesse.

Q – Alors, qu’est-ce que vous croyez que Poutine veut, dans cette guerre ?

R – Ce qu’il a toujours dit qu’il voulait : une Ukraine unie, indépendante, neutre, prospère et amicale, en d’autres termes, un « changement de régime » à Kiev.

Q – Alors, est-ce qu’il va « vendre » la Novorossia pour atteindre son but ?

R – Je n’en sais rien. Contrairement à tant de généraux en chambre, qui travaillent au noir comme télépathes et prophètes, je ne suis pas capable de lire dans les pensées de Poutine ou de prédire l’avenir. Ce que je puis dire, c’est que jusqu’à présent, je ne vois aucun signe que Poutine ait trahi ou « vendu » qui que ce soit. En fait, il faut être doté d’un degré stupéfiant d’aveuglement ou de malhonnêteté intellectuelle pour ne pas voir que la première conséquence de ce que tant de gens prennent pour un changement de direction ordonné par le Kremlin s’est soldé par une offensive énorme et réussie, qui a laminé les forces répressives de la Junte. Si Poutine avait voulu « vendre » la Novorossia aux nazis, il aurait pu aisément le faire avant que la contre-offensive soit lancée.

Q – Alors, vous avez réellement confiance en Poutine et vous l’aimez, c’est ça ?

R – Non, mais j’admets que ce que j’ai vu cet homme faire pour la Russie et pour le monde m’emplit de sincère admiration, une admiration qui va même jusqu’au respect, et que je ne vois absolument aucun signe permettant de penser qu’il a changé son fusil d’épaule. Ce que je vois, c’est un dirigeant dont les méthodes et les stratégies sont simplement trop subtiles et complexes pour que la plupart des « chefs d’état en chambre » les comprennent. Cette foule des contempteurs de Poutine qui, en ce moment, hurlent hystériquement à la trahison, est celle qui disait déjà exactement la même chose à propos de la Syrie, quand Poutine a, d’une seule main, stoppé net l’invasion de ce pays par les États-Unis. Et quand les Russes ont dit aux Syriens de se débarrasser de leurs (dangereuses et inutiles) armes chimiques, n’étaient-ce pas les mêmes dénigreurs de Poutine qui glapissaient à « la preuve indéniable » qu’il les poignardait dans le dos. Aujourd’hui, Assad a, sinon gagné la guerre civile, du moins été brillamment réélu, et l‘Occident, ravalant ses prétentions, est obligé de solliciter son aide en Irak. Alors, même si je n’« aime » pas Poutine, je méprise profondément les éreinteurs de Poutine, non seulement pour leur jugement à courte-vue et leur manque de compétences, mais pour leur hallucinante malhonnêteté intellectuelle. Ils sont comme un disque rayé, à toujours répéter « Poutine a trahi, Poutine a trahi, Poutine a trahi ». En Russie, cette espèce de patriotes est appelée « горе патриоты » ou « patriotes chagrins ». Ils sont de l’espèce qui ne fait, en réalité, jamais rien d‘utile, mais qui est toujours la plus prompte à vociférer ce qui devrait être fait. Je tiens à préciser que je ne parle pas ici de Strelkov, de Mozgovoï ni d’aucun vrai patriote qui se trouve ne pas être d’accord avec Poutine. Je parle de ceux pour qui se farcir Poutine est une fin en soi et qui, en fait, n’en ont rien à f… pourvu qu’ils puissent dénigrer Poutine.

Q – C’est bien beau, mais la Novorossia veut son indépendance, alors que Poutine veut une Ukraine unie. Est-ce que vous ne voyez pas la contradiction, là ?

R – Bien sûr que je la vois. Et alors ? Ça ne veut pas dire qu’un côté est « mauvais » et l’autre « bon ».Ça veut juste dire à quel point est vraie l’expression américaine « où je suis, c’est là que j’en suis ». La vraie question est de savoir comment cette contradiction sera résolue. En ce moment, je ne sais pas et je réserve mon jugement, précisément parce que, contrairement aux « diffamateurs de Poutine à plein temps », j’aime fonder mes opinions sur des faits, pas sur de la télépathie ni sur des visions prophétiques.

Q – Vous parlez tout le temps de « tabasseurs ou de dénigreurs de Poutine » - beaucoup jugent ça offensant.

R – Vous savez quoi ? Je ne suis pas un brave type. Je suis un type qui appelle un  chat un chat, et si ce que je dis offense quelqu’un, il peut prendre ses cliques et ses claques et aller pleurer dans sa cour. Mon message à ces gens est le suivant : démerdez-vous pour grandir et rappelez-vous que je ne vous dois rien. Ceci est mon blog, et je l’écris pour des adultes qui préfèrent la véracité et l’honnêteté aux affirmations sur mesure.

Q - Qu’en est-il de Porochenko ? N’a-t-il pas réussi à gagner un énorme répit, sinon la victoire ?

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R – Hier, j’ai regardé la dernière édition du super-show propagandiste ukie  « Shuster Live » et j’ai eu l’impression d’assister à un enterrement. L’hôte et les invités avaient l’air triste et déprimé de gens assistant à une veillée mortuaire. Quoique ne voulant pas admettre l’amplitude de la râclée que leur « invincible armée ukrainienne » venait de se faire infliger, il était aussi clair que possible que l’esprit n’était pas à l’agitation de petits drapeaux. Un officiel ukie a même dit « quand il est question de 30 à 40.000 hommes en armes, alors, nous “devons” parler à ces “terroristes” ». C’était hilarant, franchement. Donc, non, Porochenko, n’a pas gagné quoi que ce soit, loin de là, il est au contraire dans les ennuis jusqu’au cou. Pour commencer, son propre Premier ministre, Iatseniouk, est absolument furieux de l’accord et n’en fait pas mystère. Idem pour Timochenko. Pas la peine de même mentionner les phénomènes de foire nazis. Le fait est que protéger Porochenko est devenu une source de migraine pour l’équipe de la CIA en poste à Kiev : ce type est ÉNORMÉMENT dans la panade et son seul espoir est d’avoir l’air, aux prochaines élections, un peu moins affreux ou cinglé que les autres. En supposant, bien sûr, que ces élections aient lieu et que Yaroch ou Tiagnibok ne s’emparent pas purement et simplement du pouvoir en exécutant Porochenko pour « haute trahison, crimes variés ou comme agent de la FSB » (il ne l’est évidemment pas mais qui s’en soucie ?!). Le régime est tellement sur la défensive que, bien que tout le monde sache parfaitement que ce plan est celui de Poutine, la Junte a dû s’embarquer dans une  massive opération de communication destinée à convaincre le public que c’est  en réalité le plan de Porochenko. Typiquement, les Russes se contentent de sourire et de lui en laisser le bénéfice moral (rappelez-vous, ceci est l’Asie – les règles sont différentes).

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Q – Alors, que va-t-il se passer maintenant ?

R – Comme je l’ai dit, je ne suis pas un prophète. Mais je suis sûr d’une chose : il est clair que Poutine contrôle parfaitement la Russie et la Novorossia. Ce qu’il dit arrive. Il peut tenir ses promesses. Porochenko n’a aucun contrôle sur rien, même pas sur sa propre coalition gouvernementale. Il n’existe aucun pouvoir réel au Banderastan, pas même celui de l’antenne locale de la CIA. C’est pourquoi je ne crois pas que l’accord de cessez-le-feu tiendra. Je ne vois pas non plus grand changement dans l’équilibre militaire. Les FAN sont beaucoup plus capables que les FRJ, dont le seul avantage est la profondeur stratégique de leur territoire. Les FRJ avaient (au passé !) un énorme avantage en hommes et en matériel lourd, mais cela même a changé. En terme d’armement lourd, le principal de ce qu’elles avaient est désormais perdu ou aux mains des FAN. Oui, la Junte  a encore d’énormes réserves, mais d’un équipement vieux et terriblement mal entretenu. Pour ce qui est des troupes, elle a de plus en plus de mal à enrôler assez d’hommes pour compenser ses terribles pertes. Posez-vous une simple question : si vous étiez ukie, même nationaliste, est-ce que vous iriez vous engager dans les FRJ pour aller combattre les FAN ? Exactement. Et, oui, c’est vrai, l’OTAN a promis 15 millions de dollars. Cette somme pourrait permettre aux Ukies d’acheter peut-être 10 T-72 vieux et usés ou 3 T-80… C’est une plaisanterie. Mais supposons même que les États-Unis fournissent une aide secrète de 150 millions – ils ne feront pas pencher la balance, et encore moins ne la renverseront. Quant aux FAN, elles se portent bien et vont probablement recevoir davantage d’hommes et d’armement moderne via le « voentorg », même si elles ne peuvent pas pousser les choses trop loin. Comme l’a dit un des commandants des FAN « jusqu’ici, nous avons été des libérateurs, mais nous ne voulons pas devenir des occupants ». L’équation est simple : plus les FAN avanceront, moins elles recevront de soutien et plus elles seront exposées à une guerre de guerilla de la part d’une insurrection locale. Une stratégie beaucoup plus intelligente est de s’asseoir et d’attendre patiemment, en regardant les Ukies s’empoigner entre eux.

Q – Pourquoi pensez-vous que ça se produira ?

R – Parce que, et peu importe ce qu’il y a encore de vrai là-dedans, l’Ukraine a toujours été un pays artificiel, et le Banderastan est encore pire. Aucun pouvoir réel n’exerce aucun contrôle, même la Junte est juste « plus ou moins » au pouvoir. Le pays est économiquement mort-mort-mort. La crise économique en est à son tout premier stade et elle ne peut désormais qu’empirer. Du point de vue social, les gens sont de plus en plus furieux, déçus, certains qu’on leur ment et, en même temps, de moins en moins effrayés de dire ce qu’ils pensent. Les nazis sont, de loin, le groupe le plus uni et le mieux armé du pays, si on excepte une « Armée ukrainienne » plutôt théorique, et, en tout cas jusqu’à présent, sans chef et donc désunie. (Ceci pourrait-il changer à l’avenir ? Peut-être.) Toute personne qui a choisi « sciences sociales » au collège pourra vous dire que les Ukies vont maintenant se dresser les uns contre les autres. Dieu veuille que ce soit seulement avec des mots et des idées, mais la violence est beaucoup plus probable. Quant aux FAN, il vaut beaucoup mieux qu’elles attendent jusqu’à ce que Zaporozhye, Dniepropetrovsk, Kharkov et même Odessa se changent en cités sans loi que personne ne contrôle plus vraiment, pour essayer de les prendre. Il est même très possible qu'elles soient dans ce cas perçues en libératrices, pour peu que le chaos y ait atteint un niveau « Mad Max ».

Q – Et si l’OTAN envoie des forces pour appuyer la Junte ?

R – LOL ! Premièrement, je recommanderais fortement à nos « partenaires » (comme ils disent en Russie) anglo-sionistes de demander à leurs collègues allemands, français et polonais si ces derniers, qui ont été en charge de l’Ukraine, en ont gardé d’agréables souvenirs. Deuxièmement, je rappellerais à nos partenaires anglo-sionistes leur entrée en Irak et en Afghnistan, qui devaient être des lunes de miel riches en dividendes. Troisièmement, je suggérerais que s’ils n’aiment pas Maliki, il se pourrait qu’ils n’aiment pas non plus Yaroch. Bien sûr, envoyer une force symbolique manœuvrer avec ce qui reste de l’armée ukie est une bonne idée – on appelle ça « montrer le drapeau » - mais essayer de faire quelque chose de significatif en utilisant les forces militaires de l’OTAN à l’intérieur de l’Ukraine pourrait s’avérer très, très dangereux, même si la Russie ne faisait rien du tout pour compliquer les choses.

Q – Et l’Union Européenne dans tout ça ?

R –Je pense qu’elle a perdu toute volonté (non qu’elle en ait jamais eu beaucoup). La ridicule prestation de Hollande s’est déjà dégonflée d’elle-même : il s’avère que la sonore déclaration [ sur le Mistral, NdT] ne représentait que « son opinion personnelle » et n’avait pas de force légale. Maintenant, c’est sûr, le jardin d’enfants de l’Europe (Pologne, Lituanie, etc.) restera ce qu’il est, mais les adultes (Allemagne, France, etc.) donnent des signes d’exaspération. Je ne m’attends pas à ce qu’ils fassent une volte-face à 180° du jour au lendemain, mais je m’attends à ce qu’ils arrêtent d’envenimer activement les choses. Un des signes de cette tendance pourrait être la diminution du rôle de l’U.E. et l’augmentation de celui de l’OSCE.

Q – Et l’Oncle Sam ?

R – Il est complètement coincé dans son unique modus operandi : exigences, menaces, condamnations, exigences, menaces, condamnations, etc. etc. Normalement, « agression » fait partie de ce mantra, à ceci près que ni les USA ni l’OTAN n’ont ce qu’il faut pour attaquer militairement la Russie. Pour ce qui est de l’État profond anglo-sioniste, il continuera à essayer de subvertir et de handicaper économiquement la Russie, mais tant que Poutine sera au Kremlin, je ne vois pas cette stratégie réussir non plus.

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Q – On dirait que vous êtes optimiste.

R – Si oui, alors, je le suis très très prudemment. Je ne vois pas un gros drame, moins encore un désastre, dans ce qui vient de se produire. Je pense que la Russie détient toutes les bonnes cartes dans ce jeu, et je ne vois pas de danger pour les peuples de Novorossia. À ceux qui voulaient rouler tout le long du chemin jusqu’à Maidan debout sur un tank, je peux seulement dire que, même si je partage leurs espoirs et leurs rêves, la politique est l’art du possible, et les politiques intelligentes sont souvent lentes et à longue échéance. Le maximalisme, c’est bon pour les adolescents, pas pour des chefs d’État dont les décisions affectent les vies de millions de gens. C’est pourquoi ma conclusion provisoire est la suivante : jusqu’ici, les choses se présentent mieux qu’il y a deux mois, et je ne vois pas de raison valable de m’attendre à un revirement majeur dans un avenir prévisible.

Q – À votre avis, quel peut être le plus grand danger pour la Novorossia à l’heure actuelle ?

R – Les luttes politiques intestines. Je ne sais pas si la chose est actuellement possible, mais j’aimerais voir émerger un dirigeant novorossien indiscuté, qui jouirait du soutien officiel et sans faille de Strelkov, de Zakharchenko, de Borodaï, de Mozgovoï, de Kononov, de Khodakovski, de Tsarev, de Bolotov, de Gubarev et de tous les dirigeants politiques et militaires. Ce devrait être un vrai dirigeant novorossien, pas juste un « proconsul de Poutine », une personnalité capable de négocier avec Poutine dans l’intérêt des gens de Novorossia. Je ne veux pas dire que ces négiociations ne pourraient pas être amicales, rien que parce que’il ne peut y avoir de Novorossia opposée à la Russie, mais un tel dirigeant doit représenter vraiment les intérêts de tout le peuple novorossien et non pas des Russes, dont les intérêts sont (très bien) représentés par Poutine lui-même. En ce moment, la principale raison pour laquelle Poutine a tant de pouvoir en Novorossia est qu’il n’y a toujours pas de vraie direction novorossienne. Il y a une direction militaire novorossienne, et même elle doit probablement faire plus ou moins ce que l’Armée russe lui dit de faire. Loin d’être affaiblie par l’émergence d’un dirigeant véritablement indépendant, je pense que l’alliance Russie-Novorossia en serait fortement renforcée. La Novorossia ne doit pas et ne peut pas être micro-dirigée par le Kremlin. Autrement dit, ce que j’espère, c’est un « Nasrallah novorossien », qui serait un allié loyal et fidèle - mais souverain et indépendant - de Poutine (comme l’est Nasrallah vis-à-vis de l’Ayatollah Ali Khamenei), mais en aucune façon un caniche comme Blair ou Hollande. La Novorossia a besoin d’un porte-parole qui soit un négociateur doté d’un vrai mandat pour parler au nom du peuple de Novorossia. Jusqu’à ce qu’une telle chose arrive, je serai toujours inquiet pour l’avenir du peuple novorossien.

Salut et bien à vous !

Le Saker

Source : http://vineyardsaker.blogspot.be/2014/09/ukrainian-ceasef...

Traduction C.L. pour Les Grosses Orchades

 

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Dimanche 7 septembre, 19h52’

L’OSCE rend public le Protocole de Minsk

L'OSCE a publié le protocole sur le cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine, signé par Kiev et les républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk (DNR et LNR) le 5 septembre dernier à Minsk, en Biélorussie.

Le protocole adopté par le Groupe de contact tripartite prévoit les 12 mesures suivantes destinées à rétablir la paix dans les régions de Donetsk et de Lougansk :

Lire la suite…

Source : http://french.ruvr.ru/2014_09_07/Ukraine-cessez-le-feu-lO...

 

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Ukraine : vers la dislocation des fronts

Chercheur du Temps

Les chroniques de Rorschach – 5 septembre 2014

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Il faut avoir clairement conscience que la Russie est engagée dans une lutte à mort pour assurer sa survie. Tous les coups bas lui seront assénés. Elle le sait et y répondra à sa façon : inattendue, asymétrique, décalée dans le temps et l’espace. Au-delà de l’évolution de la situation du front, ou plutôt des fronts, dans le sud-est de l’Ukraine c’est à un ensemble d’autres fronts, plus lointains et de natures différentes, qu’il convient également de prêter attention. La dislocation des fronts dans le Donbass va entraîner la dislocation d’autres fronts et permettre des recombinaisons inattendues dont les répercussions dépasseront largement les berges du Dniepr.

Le front du Donbass

L’effondrement systémique de l’armée ukrainienne que nous pronostiquions comme probable il y a quelques semaines est désormais engagé. L’étau se desserre largement autour des villes martyres de Donetsk et Lougansk, de larges secteurs de la frontière avec la Russie sont désormais sous contrôle, des brigades entières de l’armée ukrainienne agonisent dans des chaudrons, les autres se replient en panique et en désordre. Il n’y a plus réellement de front au sens classique du terme, mais des unités de plus en plus éparpillées et sans coordination entre elles, incapables de la moindre action réellement efficace.

L’initiative est désormais l’apanage unique des forces armées novorossiennes qui obligent l’armée ukrainienne, les escadrons de la mort nazis et les mercenaires de l’OTAN à se retirer en hâte vers des positions tenables pour tenter de constituer d’hypothétiques fronts défensifs.

Lire la suite…

Source : http://leschroniquesderorschach.blogspot.fr/2014/09/ukrai...

 

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Le Tattoo militaire de la Tour Spasskaya impressionne Moscou

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Du 30 août au 7 septembre, plus de 50.000 personnes auront assisté au festival traditionnel de musique militaire, folklorique et populaire dit « de la Tour Spasskaya » sur la Place Rouge.

Avec la participation, cette année, de dix pays : l’Arménie, l’Irlande, l’Italie, le Kazakhstan, la Chine, le Mexique, la Serbie, la Turquie, la Suisse et la Russie.

Ce festival, mélange de musique militaire, de classique, de folk, de pop et de rock, comprend des défilés d’ensembles orchestraux, accompagnés d’une débauche d’effets laser et pyrotechniques.

Le thème retenu cette année est « La Première guerre mondiale ».

La garde d’honneur nationale participe traditionnellement à ce festival, ainsi que diverses fanfares des armées russe et étrangères.

Pour l’étranger, la Chine est représentée par le groupe des arts martiaux de Wudang, l’Irlande par « Le Cheile SaCheol » (« Ensemble en musique »), l’Italie par un groupe de « sbandieratori » (jongleurs de drapeaux), le Mexique par la Banda Monumental et la Folk Dance Company de Teochtitlan et la Turquie par le « Mehter Band » d’Iznik.

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Pour conclure le festival en apothéose, la légendaire chanteuse française Mireille Mathieu chantera pour le public de la Place Rouge, avant le feu d’artifice final.

Diaporama : http://rt.com/in-vision/spasskaya-tower-festival-moscow/m...

Source : RT

À l’heure de Moscou, c’est fait :

 


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Et Bon Anniversaire à Roger WATERS !

(qui a eu 71 ans hier)

 

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Mis en ligne le 7 septembre 2014.

 

 

 

 

 

23:05 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook |

Commentaires

on ne sait pas ce qui est le meilleur: le son (MM), les images (toutes) ou les textes. merci!

Écrit par : maria poumier | 08/09/2014

Merci Maria !
Venant de vous, ça fait triplement plaisir.
Catherine

Écrit par : Catherine | 08/09/2014

Les commentaires sont fermés.