15/03/2016
AU COUP PAR COUP
Au coup par coup
On avance en ce moment au coup par coup, un article ou deux à la fois, parce qu’on est en train de pédaler dans une copieuse semoule et qu’on ne peut pas être en même temps au four et au moulin. On essaie de relayer ce qui nous paraît essentiel sur le moment… en sautant par-dessus des choses très importantes. Nos excuses.
Ah, qu’on aimerait avoir des représentants de cette trempe ! On n’en a pas.
Al-Mouallem à De Mistura :
« Nous n’accepterons plus votre transgression de l’objectivité pour satisfaire telle ou telle partie »
lundi 14 mars 2016, par Comité Valmy
Conférence de presse de M. Walid Al-Mouallem, vice-premier ministre et ministre syrien des Affaires étrangères et des Expatriés
Mes frères et sœurs,
Nous nous réjouissons de la présence parmi nous du Docteur Bachar al-Jaafari, chef de la délégation arabe syrienne, ainsi que des membres de cette délégation qui quittera demain [Dimanche 13 mars] pour Genève. Naturellement, que Dieu les protège, car leur mission est nationale.
Nous avons reçu une lettre de Stephan de Mistura nous informant que la date de sa réunion avec notre délégation, dans les locaux des Nations Unies, est fixée au lundi matin, 14 mars, et que la session débutera par cette première rencontre.
C’est une bonne chose, mais notre délégation ne répétera pas les erreurs de la session précédente, c’est-à-dire qu’elle ne restera pas à attendre, à Genève, l’arrivée des autres délégations au siège des Nations Unies plus de 24H avant d’entamer le dialogue.
Nous espérons que ce dialogue aura lieu avec la plus grande participation « des oppositions » conformément au mandat confié à M. de Mistura par le Conseil de sécurité et les communiqués de Vienne et Munich, notamment avec la participation des représentants de l’ « opposition nationale », lesquels n’ont pas élu domicile dans les hôtels cinq étoiles à l’étranger et ne sont pas tenus par des agendas étrangers. Raisons pour lesquelles nous espérons leur présence, d’autant plus que nulle opposition ne peut prétendre représenter, à elle seule, toutes les autres.
La semaine dernière a vu un flot de déclarations émanant de M. de Mistura, dont sa conférence de presse du 9 courant où il a précisé le programme de la session qui débutera donc le 14 mars, en disant qu’elle concernera le gouvernement, la Constitution, les élections parlementaires et présidentielles, lesquelles devront avoir lieu dans les 18 mois à partir de cette date.
Premièrement, les documents des Nations Unies n’accordent pas à M. de Mistura le droit de proposer l’ordre du jour des réunions, car c’est sur ce sujet que doivent s’entendre les interlocuteurs, le dialogue étant censé se dérouler entre Syriens et sous direction syrienne. Notre délégation est prête pour en discuter.
Ensuite, lorsque M. de Mistura parle de la Constitution, il sait que c’est au futur « gouvernement d’union nationale » d’en discuter et que c’est à lui de désigner le comité chargé de rédiger une nouvelle Constitution ou de modifier la Constitution actuelle, avant de la soumettre à l’approbation effective du peuple syrien par referendum.
L’autre point sur lequel je voudrais revernir concerne ce que M. de Mistura a déclaré à propos des élections dans les 18 mois à venir. S’agissant des élections parlementaires, elles sont prévues dans les textes des communiqués de Vienne et de la résolution du Conseil de sécurité. En revanche, nul n’a le droit, ni M. de Mistura, ni qui que ce soit d’autre, de parler des élections présidentielles. C’est un droit réservé exclusivement au peuple syrien et, par conséquent, je répète que ce qu’a déclaré M. de Mistura constitue une transgression à l’ensemble des textes des Nations Unies et des communiqués de Vienne et de Munich, lesquels précisent que c’est au peuple syrien de décider de l’avenir de la Syrie.
C’est pourquoi, je dis à M. de Mistura : « Dorénavant, nous refuserons que vous transgressiez l’objectivité pour satisfaire telle ou telle partie et que notre délégation rejettera toute tentative visant à mettre cette question des élections présidentielles à l’ordre du jour. Notre délégation n’est pas autorisée à le faire. Ce droit n’appartient qu’au peuple syrien et à lui seul ».
Source : http://www.comite-valmy.org/spip.php?article6944
« C’est à vous, s’il vous plaît que ce discours s’adresse »…
Staffan de Mistura, est un diplomate suédois né à Stockholm en 1947, et naturalisé italien en 1999. (Mère suédoise, père italien originaire de Šibenik en Croatie).
En Italie, il a été ministre délégué aux Affaires étrangères pendant un mois en 2013, après avoir été secrétaire d’État depuis fin 2011.
C’est tout ce qu’on sait de lui, sauf que, en juillet 2014, Ban Ki-moon, secrétarire général de l’ONU, a annoncé l’avoir nommé « nouvel envoyé spécial chargé de la recherche d’une résolution pacifique au conflit en cours en Syrie ».
À quel titre ? Mais, ils vont les chercher où, tous ces gens ? Quelle est leur légitimité - en dehors du bon vouloir de M. Ban-ki-moon sélectionné de même - et quelles sont leurs compétences ? Ne faudrait-il pas qu’on s’en inquiète ?
Dernière minute, en lien étroit avec ce qui précède :
Réaction du SAKER à l’annonce du retrait des troupes russes de Syrie.
(En attendant la traduction de l’analyse complète par le Saker Francophone)
Poutine a accompli exactement ce qu’il avait annoncé dans l’interview accordée le 11 octobre à Vladimir Soloviev sur la chaîne TV Russia 1 : « Notre objectif est de stabiliser l’autorité (du gouvernement syrien, NdA) et de créer les conditions d’un compromis politique ».
La situation est stabilisée et les conditions qui devraient permettre un compromis politique sont établies. Elles le sont à temps pour que les négociations évoquées ci-dessus puissent commencer. Chose rien moins qu’admirable, dit le Saker, avec la très petite force d’intervention impliquée.
Il pense que Poutine donne ainsi aux Américains l’occasion de montrer ce qu’ils savent faire. Contre un Daech qui n’est de toute façon plus en état d’accomplir son but initial, lequel était de renverser le gouvernement légitime. Mais c’est peut-être aussi un piège… Si les USA veulent y aller « à pied », c’est-à-dire faire intervenir des troupes au so comme il en a été plusieurs fois question, le risque est grand, pour eux, de s’embourber dans une situation à l’afghane ou à l’irakienne : sans issue.
Donc : mission accomplished. Mais le Saker pense quand même que beaucoup de questions restent sans réponse. Car qu’en est-il de la partition de la Syrie, qui est le but poursuivi depuis toujours par Israël ? Les risques ne sont pas minces, là non plus, de voir les USA obtempérer docilement, surtout avec les néo-cons au pouvoir et pire encore si celui-ci échoit à Hillary. De jure, ils n’en ont pas le droit, mais de facto, ils pourraient tenter de le faire, s’assoyant une fois de plus sur les lois internationales. Avec la Turquie et l’Arabie Saoudite en renfort de Daech, le risque est exponentiel. Wait and see.
« La Russie a-t-elle quelque obligation morale d’empêcher un tel développement ? » demande encore le Saker. La réponse est : non. La Russie a rempli la tâche que la Syrie l’avait priée d’entreprendre.
Analysant finement la déclaration de retrait de Poutine (encore une fois, à voir en détail quand la traduction intégrale sera disponible) le Saker pense que les Russes, en se retirant, n’ont fermé la porte à rien, même pas à un retour dans le jeu si nécessaire. Ce que son expérience lui suggère, c’est qu’ils vont poursuivre leur aide sur le plan diplomatique. Maintenant qu’une « opposition modérée » a été créée et reconnue, M. Lavrov et les siens ne vont laisser passer aucune occasion de rappeler, toutes les fois et dans tous les lieux où ce sera utile, qu’il est impératif qu’un accord sérieux soit négocié entre les parties, à défaut de quoi la guerre devrait reprendre avec une intensité accrue. À bons entendeurs, salut.
Tout ceci est, très caricaturalement résumé, ce que nous avons compris.
Dernier mot : l’annonce du retrait par le RÉSEAU VOLTAIRE se termine sur une phrase qu’on ne trouve pas ailleurs : « La plupart des jihadistes originaires du Caucase ont été tués ». Gageons que, sans cela, l’armée russe serait encore en Syrie, quelque vaillante – et capable ! – que soit l’Armée Arabe Syrienne, et quelque confiance qu’on puisse faire à la détermination du gouvernement de M. Bachar Al-Assad.
c.l.
Source : http://thesaker.is/analysis-of-the-russian-military-pullo...
Un Shamir des grands jours.
Bénis soient Trump et son fanatisme !
Israël Adam Shamir – 14 mars 2016
Entre la plume et l’enclume
Il faudrait être un poisson taré pour se plaindre si quelqu’un disait : « je ne mange jamais de poisson et je n’ai pas l’intention de manger du poisson » - un poisson extrêmement stupide même - et pour le traiter de fanatique. « Quoi, il ne nous aime pas, nous les poissons ! ». Et pourtant c’est comme pour être à la hauteur du poisson le plus niais que nos amis musulmans donnent de la voix contre Donald Trump.
J’ai déjà dit du bien de Mr. Trump. Un de mes amis, musulman radical et Américain, a hurlé sur une liste de diffusion : « Comment, et ses remarques racistes sur les musulmans qui ressemblent à ce qui se disait des juifs il n’y a pas si longtemps ? Faudra-t-il accepter une chose pareille, sans compter ce qu’il dit, ce malade mental, sur les femmes en surpoids ? Comment laisser passer des choses pareilles ! »
Il faisait allusion à l’idée de Trump d’interdire aux musulmans d’émigrer aux US. C’est vrai que ça sonne mal, et ce n’est pas la première fois qu’on fait des rapprochements avec les juifs.
Mais je vais vous dire : si Trump promettait d’interdire aux Russes, et non aux musulmans, d’émigrer aux US, ces âmes sensibles applaudiraient vigoureusement au lieu de le traiter de fanatique. S’il renvoyait chez eux tous les Russes qui sont arrivés là-bas depuis 1990, ils créeraient des boulevards et des avenues Donald Trump. Or, d'ores et déjà, voilà ce qui se passe :
1) L’émigration vers les US est un vrai problème pour la Russie, et pour toutes les autres nations d’ailleurs. Les spécialistes les mieux éduqués, les médecins et les ingénieurs, les techniciens quittent leur patrie et s’en vont offrir leur précieux capital humain aux US.
2) Pire encore, bien des Russes importants se préparent à partir pour les US, et tout ce qu’ils font en attendant, chez eux, c’est en fonction des intérêts US, au lieu d’agir pour le bien de leur propre pays.
Source : http://plumenclume.org/blog/99-benis-soient-trump-et-son-...
Traduction : Maria Poumier.
Et pour qu’on ne dise pas qu’il n’y en a jamais que pour le même et que nous faisons du favoritisme entre les candidats…
Le mouvement illusoire de Bernie Sanders
Chris Hedges – Le Partage – 22 février 2016
Bernie Sanders, qui s’est attiré la sympathie de nombreux jeunes universitaires blancs, dans sa candidature à la présidence, prétend créer un mouvement et promet une révolution politique. Cette rhétorique n’est qu’une version mise à jour du « changement » promis en 2008 par la campagne de Barack Obama, et avant cela par la Coalition National Rainbow de Jesse Jackson. De telles campagnes électorales démocratiques, au mieux, élèvent la conscience politique. Mais elles n’engendrent ni mouvements ni révolutions. La campagne de Sanders ne sera pas différente.
Aucun mouvement ni aucune révolution politique ne se construiront au sein du parti démocrate. L’échec répété de la gauche états-unienne à comprendre la fourberie du jeu des élites politiques, fait d’elle une force politique stérile. L’histoire, après tout, devrait servir à quelque chose.
Les Démocrates, comme les Républicains, n’ont pas intérêt à mettre en place de véritables réformes. Ils sont liés au pouvoir corporatiste. Ils sont dans l’apparence, mais n’ont pas de substance. Ils parlent le langage de la démocratie, et même du réformisme libéral et du populisme, mais empêchent obstinément la réforme sur le financement des campagnes, et font la promotion d’un ensemble de politiques, dont les nouveaux accords commerciaux, qui dépossèdent affaiblissent les ouvriers. Ils truquent les élections, non seulement avec de l’argent, mais aussi avec des soit-disant superdélégués — plus de 700 délégués qui n’ont aucun compte à rendre, parmi plus de 4700 au congrès démocrate. Sanders a peut-être remporté 60% des voix au New Hampshire, mais il a fini avec moins de délégués d’état que Clinton. Un avant-goût de la campagne à venir.
Source : http://partage-le.com/2016/02/le-mouvement-illusoire-de-b...
Article original publié en anglais sur le site de truthdig.com, le 14 février 2016.
Christopher Lynn Hedges (né le 18 septembre 1956 à Saint-Johnsbury, au Vermont) est un journaliste et auteur américain. Récipiendaire d’un prix Pulitzer, Chris Hedges fut correspondant de guerre pour le New York Times pendant 15 ans. Reconnu pour ses articles d’analyse sociale et politique de la situation américaine, ses écrits paraissent maintenant dans la presse indépendante, dont Harper’s, The New York Review of Books, Mother Jones et The Nation. Il a également enseigné aux universités Columbia et Princeton. Il est éditorialiste du lundi pour le site Truthdig.com.
Il y en a un autre, plus dur, de Chris Floyd, qu’on n’a, hélas, pas le temps de vous traduire. Le voici, pour ceux qui veulent s’y coller en V.O.
No Bern Notice : The Imperial Myopia of Candidate Sanders
By Chris Floyd –ICH – March 11, 2016
March 11, 2016 "Information Clearing House" - Does Bernie Sanders know what Hillary Clinton and Barack Obama did to Honduras? Does he care? Last week saw yet another savage murder of a Honduran activist for democracy -- one of hundreds such atrocities since Clinton and Obama blessed a brutal oligarchical coup there in 2009. But Sanders said nothing -- says nothing -- about this damning legacy of his opponent. It's an extraordinary omission by someone presenting himself as an alternative to the failed elitist policies of the past.
The only Sanders reference to Honduras that I've been able to find is some justified criticism of the draconian treatment of Honduran refugees by the Obama-Clinton team. But he never tied this back to why there has been a flood of Hondurans fleeing their country -- most of them children, sent on a perilous journey by desperate parents hoping to save them from the hellish conditions wrought by the coup. Political repression and rampant gangsterism -- including the abandonment of broad swathes of society to the ravages of poverty and gangs -- have driven the nation to its knees. Last week's murder of indigenous activist Berta Cáceres is but the latest bitter fruit of the Obama-Clinton betrayal of democracy.
Clinton -- with a heart as hard as that most adamantine of all elements, neoconium -- obviously doesn't care. (Although at least she has refrained from looking on the latest murder and crying, "We came, we couped, she died!") One assumes that Sanders, who over the years has opposed various American depredations in Latin America, might not be so sanguine. But as of this writing, a week has passed since Cáceres's murder without comment from Sanders. However, his Senate colleague from Vermont, Patrick Leahy, did condemn the killing -- and the wasteful, land-grab dam project that Cáceres opposed. Perhaps now that Leahy has provided some Establishment cover, Sanders could bestir himself for a word or two on the Cáceres case.
Source : http://www.informationclearinghouse.info/article44417.htm
Et voilà, pendant qu’on y est, l’article de John Perkins dont parle Chris Floyd :
The Murder of Berta Cáceres
John Perry – The LRB Blog – March 7, 2016
According to the campaign group Global Witness, 116 environmental activists were killed in 2014, a fifth more than the year before. Many of them were leaders of indigenous communities defending their land. The most dangerous place for environmental campaigners is Honduras, where 101 were reported killed between 2010 and 2014. The chief activist of the indigenous Lenca community, Berta Cáceres, a campaigner against dams and mining projects, told Global Witness that she led a ‘fugitive existence’ because of death threats. ‘They follow me,’ she said. ‘They threaten to kill me, to kidnap me, they threaten my family. This is what we face.’ She was awarded the 2015 Goldman Environmental Prize. Last Thursday she was murdered.
Source : http://www.lrb.co.uk/blog/2016/03/07/john-perry/the-murde...
Rappelons que John Perkins est l’auteur de Confessions of an Economic Hitman (« Les confessions d’un assassin financier »)
Et pour ceux qui ont quand même envie de rire (mais en anglais et seulement sur les élections US) :
« J’aime les poissons qui ne se font pas prendre. Tu es un faible, un perdant. À la friture ! »
« Devinez qui vient d’acheter le Mexique ? »
« Espèce de crétin, tout le monde te hait. Dégage ! »
« Regarde, il m’a pris mon rôle ! »
Merci Seigneur Jésus, pour le président Trump.
Mis en ligne le 15 mars 2016.
14:23 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
Les commentaires sont fermés.