23/02/2014
UKRAINE R.I.P.
UKRAINE R.I.P.
Mise à plat de la trahison de Ianoukovitch
(et Iulia en route vers sa remise en liberté)
par Le Saqr
21 février 2014
Ainsi, c’est fait. Ianoukovitch a totalement capitulé. Il a signé un accordavec les insurgés, accord qui, selon la BBC, comprend les conditions suivantes :
· La constitution de 2004 est restaurée dan s les 48 heures et un gouvernement d’« union nationale » sera formé dans les dix jours.
· Une réforme constitutionnelle « rééquilibrant » les pouvoirs du Président, du gouvernement et du Parlement sera entamée immédiatement et devra être achevée en septembre.
· Une élection présidentielle sera tenue après l’adoption de la nouvelle constitution, mais pas plus tard que décembre 2014, et de nouvelles lois électorales seront promulguées.
· Une enquête sera menée sur les récents actes de violence, sous la supervision conjointe des autorités, de l’opposition et du Conseil de l’Europe.
· Les autorités ne proclameront pas l’état d’urgence et, tant les autorités que l’opposition s’abstiendront d’utiliser la violence.
· Les armes illégales seront remises aux représentants du Ministère de l’Intérieur.
Qu’est-ce que tout ceci signifie en simple et bon anglais (ou français) ?
Le « retour à la constitution de 2004 » veut dire que le Président a remis le contrôle de toutes les forces de police et de sécurité au Parlement. Ce faisant, il a donné aux insurgés le pouvoir légal de commander le Berkut et la police anti-émeutes, dont les hommes ont été battus, estropiés, torturés, brûlés et tués par les insurgés, alors que, sous les ordres de Ianoukovitch, il leur était fait interdiction de se servir de leurs armes. À la lumière de cette absolue monstruosité, je ne peux qu’applaudir la prévoyance et la sagesse des gouverneurs de Kharkov et de la Crimée, qui ont rappelé leurs contingents du Berkut.
Le prétendu « gouvernement d’union nationale » signifie que sce sont les insurgés qui vont gouverner le pays, mais sans avoir à porter la responsabilité du désastre économique, politique et social dans lequel l’Ukraine va plonger.
Quant à « l’enquête sur les récents actes de violence » , elle blanchira tous les insurgés et tolus les terroristes de quelque accusation que ce soit et fera porter tpout le blâme sur les policiers qui ont essayé de maintenir la loi et l’ordre pour protéger la Présidence.
Ceci est assuré de rester dans l’Histoire comme un des pires actes de haute trahison des temps modernes.
Viktor-Victoria au temps des risettes
Inutile de dire que les dirigeant réels du soi-disant « Bloc de Droite » ont rejeté cet accord et promis de continuer leur « résistance » jusqu’à l’obtention d’un changement de régime total et absolu [ le fameux regime change si cher à l’Empire, NdGO] .
Ce dernier développement tourne vraiment une page. L’expérience de l’Ukraine-état unitaire a visiblement échoué, et, à moins d’un miracle, une guerre civile suivie de l’éclatement du pays en deux est maintenant inévitable. Kiev est tombée et le nouveau « Front de l’Est » a fait un bond de 400 kms vers l’Est. Un long conflit commence.
Le Saqr.
P.S. Je viens juste d’apprendre que le Parlement, contrôlé par les insurgés, a voté la mise en liberté de Iulia Timotchenko. Bravo ! J’espère qu’ils donneront sa cellule à Ianoukovitch, qui la mérite in finiment plus qu’elle.
Traduction Catherine L.
Pour Les Grosses Orchades
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Voilà qui est fait : elle est libre, et s’adressait, hier samedi, à la foule de ses libérateurs place Maïden
Justement, le site de Michel Collon vient de se fendre d’un portrait-rappel. Mettons-nous à jour :
Qui est vraiment Iulia Timochenko ?
Simon de Beer
22 novembre 2012
Egérie de la « Révolution orange », qui a amené en 2005 le camp pro-occidental à la tête de l'Ukraine, Ioulia Timochenko est généralement présentée dans nos médias comme la garante de la démocratie et des droits de l'homme face au camp « pro-russe ». Sa récente incarcération, unanimement considérée comme politique par nos dirigeants, a ravivé l'élan de sympathie dont elle bénéficie en Europe et aux Etats-Unis. Pourtant, le parcours de cette puissante femme d'affaires est moins rose qu'il n'y paraît à première vue : corruption, liens avec l'extrême droite, pion de l'impérialisme US... De quoi sérieusement égratigner l'image de parfaite démocrate que l'on essaie habituellement de lui donner.
Source : http://www.michelcollon.info/Qui-est-vraiment-Ioulia-Timochenko.html
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Le Saqr s’est, lui, mis en congé bien mérité jusqu’à lundi. Et pendant ce temps, notamment sur le site de Tom Feeley, INFORMATION CLEARING HOUSE, les nouvelles continuent de pleuvoir.
Attendons lundi pour voir si Le Saqr confirme son jugement à chaud, car dans un article intitulé
Les insurgés se sont emparés de Kiev. Le président parle de coup d’état.
de Maria Danilova et Yuras Karmanau pour Associated Press (AP),
une autre version semble se dessiner. Nous vous en résumons les points saillants (texte original en annexe).
· Les émeutiers ont pris hier le contrôle de la capitale ukrainienne et ont envahi le bureau du Président, tandis que le Parlement votait sa destitution et fixait la date du 25 mai pour de nouvelles élections.
· Le président Viktor Ianoukovitch a déclaré, sur une chaîne de télévision non capturée par l’émeute, qu’il s’agissait d’un coup d’état, qu’il n’était pas question qu’il démissionne et qu’il ne reconnaîtrait pas la légitimité des décisions prises dans ces conditions.
Après les événements de ces dernières semaines, la peur est grande, disent les auteurs de l’article, de voir le pays éclater en deux morceaux. C’est fait, non ?
· M. Ianoukovitch a quitté Kiev pour rejoindre son bastion électoral, dans la partie russophone du pays, à l’est, où il a rencontré des législateurs qui refusent de reconnaître la légitimité du nouveau Parlement au pouvoir et ont appelé les citoyens à former des milices de volontaires pour assurer le maintien de l’ordre.
· « Ils essaient de m’effrayer. Je n’ai pas l’intention de quitter le pays. Je ne vais pas me démettre. Je suis le président régulièrement élu » a dit Ianoukovitch, visiblement secoué, en s’interrompant longuement plusieurs fois, lors de son allocution télévisée. «Ce qui se passe aujourd’hui est, à un degré accentué, du vandalisme, du banditisme et un coup d’état. Je ferai tout pour protéger mon pays de l’éclatement et pour empêcher l’effusion de sang.»
Les régions occidentales du pays, irritées par la corruption qui sévit dans le gouvernement Ianoukovitch veulent se rapprocher de l’Union Européenne et ont contesté son autorité dans plusieurs villes, disent nos journalistes. Mais la partie orientale de l’Ukraine, qui représente la masse la plus importante de la production économique nationale, souhaite au contraire nouer des liens plus étroits avec la Russie et a jusqu’à présent très largement soutenu le Président.
(…)
· « Un dictateur a été renversé. Nous nous sommes soulevés pour avoir le droit de vivre dans une Ukraine différente. C’est une victoire ! » a dit Anatoly Soumchinsky, un des chefs émeutiers.
Les événements de samedi sont le résultat d’une intervention de l’Union Européenne dans le but proclamé de faire intervenir un accord de paix entre la Présidence et l’opposition. Mais… Ianoukovitch a dit ce même jour qu’il ne reconnaîtrait aucune des mesures prises par le Parlement au cours des deux derniers jours, en conséquence de cet accord… Lequel stipule que le Président a décidé de démissionner, fixant de nouvelles élections présidentielles pour le 25 mai au lieu de l’an prochain, taille sérieusement dans les pouvoirs du président et décrète l’élargissement de sa grande rivale, l’ex-premier ministre Iulia Timochenko. Ces décisions ont été votées à de larges majorités, comprenant les votes favorables de membres du Parti des Régions de Ianoukovitch, qui a dominé jusqu’à présent la scène politique mais semble lui retirer son soutien.
[ Questions idiotes : De quoi ce Parlement était-il fait avant ces dernières semaines ? Que lui est-il arrivé ? On dirait bien que c’est lui le responsable de la haute trahison que Le Saqr reproche si virulemment à Ianoukovitch, à moins que nous n’ayons pas tout compris. Mézalors, ces dits parlementaires élus régulièrement dans toute l’Ukraine y compris l’orientale sont-ils en majorité des néo-nazis ou se sont-ils tous vendus, comme le Congrès des États-Unis, à des puissances étrangères, ou les-deux-mon-général ? Si quelqu’un y voit plus clair que nous… ]
· La Russie s’est fermement prononcée samedi contre l’accord de paix, estimant que l’opposition ne respecte pas sa part du contrat qui fait obligation aux insurgés de remettre leurs armes et de lever leur camp de tentes. Le ministre russe des Affaires Étrangères Sergei Lavrov a appelé ses homologues allemand, français (Fabius !) et polonais et les a pressés d’user de leur influence auprès de l’opposition pour qu’elle arrête de se livrer à ce qu’il a défini comme des mises à sac. Les officiels européens ont appelé au calme (hihi). Les responsable ukrainiens de la Défense Nationale et de l’Armée ont également appelé les Ukrainiens à rester calmes. Dans un communiqué du même jour. Le Ministère de la Défense et le Chef des Forces Armées ont affirmés qu’ils ne se laisseraient entraîner dans aucun conflit et qu’ils prendraient toujours le parti du peuple (Ah, oui, mais lequel puisque maintenant ils sont deux ?). Mais ils n’ont pas spécifié s’ils soutenaient toujours le Président ou s'ils se ralliaient à l’opposition.
· Le Président était, à ce moment-là, à Kharkov, où des gouverneurs, des autorités provinciales et des législateurs ont rencontré des législateurs russes du niveau le plus élevé. Ils ont émis un communiqué commun disant que les événements de Kiev ont conduit à la « paralysie du gouvernement central et à la déstabilisation de la situation dans le pays. » Certains d’entre eux ont appelé à la formation de milices de volontaires pour organiser la défense contre les protestataires tout en insistant pour que les forces armées restent neutres et se contentent de protéger les dépôts de munitions.
· Les insurgés ont revendiqué l’entier contrôle de Kiev ; ils ont encerclé et occupé le bureau du Président ainsi qu’une luxueuse résidence qu’on prétend lui appartenir, quoiqu’il ne l’ait jamais admis. Cette résidence est devenue, au cours de ces dernières semaines, l’emblème du secret et de l’arrogance qui caractérisent, selon eux, la présidence de Ianoukovitch. Empêchés par des modérés de piller l’endroit, des manifestants ont attaché un drapeau ukrainien à un des réverbères et hurlé « Gloire à l’Ukraine ».
[ Un des grands classiques de l’intoxe ! Avons-nous déjà oublié le « Versailles » de Ceaucescu, preuve de sa mégalomanie, qui s’avéra plus tard n’être qu’une masure à peine améliorée, en regard par exemple de l’appartement germanopratin du fils Fabius ? Après avoir déclenché tant de stridentes indignations jobardes, le dégonflement de la baudruche ne fit pas grand bruit. D’autant que, dans l’intervalle, Nicolas Ceaucescu et sa femme avaient été trucidés, bien entendu sans jugement, et qu’il valait mieux oublier les conditions du lynchage. Ah, s’ils s’étaient appelés Romanov…]
· Autour du bureau du Président, dans le centre de Kiev, des hommes casqués, lourdement armés y compris de boucliers, montent la garde. Il n’y a pas de police en vue.
(Dalton Bennett à Kharkov, Angela Charlton et Jim Heintz à Kiev et Vladimir Isachenkov à Moscou).
Source : http://www.informationclearinghouse.info/article37728.htm
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Hélas le temps nous manque pour vous traduire deux autres articles d’importance. Les voici pour mémoire, et pour les anglophones.
Ukraine : La révolution (des chemises) brune(s)
Une interview par John Robles du Pr. Francis BOYLE, Professeur de Droit International à l’Université « Illinois College of Law ».
http://www.informationclearinghouse.info/article37729.htm
Plus somnambules que jamais
Les fantoches US ont perdu le contrôle
Par Paul Craig Roberts
http://www.informationclearinghouse.info/article37736.htm
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L’avons-nous assez dit, lorsqu’ils se mêlèrent, avec notre passif aval, d’aller mettre en pièces la Yougoslavie, que ce n’était qu’une répétition générale !
Ah, quel réjouissant spectacle aujourd’hui que celui de ces sanglants mirliflores - les Fabius, les Botul, les Ashton, les Cameron, lesVerhofstadt, les Van Rompuy et leurs compères teutons, polonais & C° s’en allant, au seuil même de la Russie, souffler sur les braises de l’incendie qui va les cramer !
C’est ce que démontre lumineusement Philippe Grasset, aidé d’un observateur US sidéré, dans l’article qui suit. Pure ambroisie pour amateurs de justice immanente !
Le « modèle ukrainien » pour « notre » Europe ?
Philippe GRASSET, DeDefensa.org
... Effectivement, que voilà donc une théorie intéressante. Son concepteur n’est pas un de ces dissidents infréquentables, du genre qui fourmille à dedefensa.org. Martin Sieff, qui se présente dans l’interview qu’on va citer comme collaborateur de The Globalist, a été pendant plus de dix ans le chef des affaires internationales à UPI (jusqu’en 2010-2011) et le récipiendaire, durant sa carrière, de trois Prix Pulitzer. Voilà pourtant, 1) qu’il émet ce jugement extraordinaire pour le commun de la presse-Système de voir dans le soutien US aux “insurgés” de Kiev une “initiative catastrophique”, dont les effets vont se faire ressentir au cœur du bloc BAO ; 2) qu’il développe cette analyse dans une interview à Russia Today, ce 21 février 2014.
Sieff ne met pas toute la responsabilité de cette “initiative catastrophique” au débit de Washington. Pour lui, et à notre sens fort justement, les USA à leur niveau le plus officiel (hors des incendiaires-solo comme Victoria Nuland), n’ont suivi que d’assez loin la crise ukrainienne, et ont surtout suivi l’Europe (l’UE) dans son évolution vis-à-vis de cette crise. Plus grave, tout de même : le constat, par Martin Sieff, de la faiblesse conceptuelle du département d’État dans cette affaire, par manque de capacités intellectuelles au plus haut niveau, dans l’équipe dirigeante du département («Les membres les plus hauts gradés du Département d’État étatsunien manquent de compétence en ce qui concerne l’Europe et d’ailleurs aussi la Russie. L’accent a été mis sur le Pacifique asiatique toutes ces dernières années et sur le Moyen-Orient. Ils ne se sont pas intéressés à l’Europe et leur lacune dans ce domaine commence à leur nuire.») Vient alors sa thèse...
« Russia Today : Que pensez-vous du fait que Washington blâme les autorités de Kiev pour toute cette violence ?
Martin Sieff : C’est une catastrophe, c’est subversif. Les conséquences seront bien plus graves que quiconque à Washington ou en Europe occidentale ne semble en avoir conscience. Cela place l’Union Européenne et les États-Unis du côté du chaos et du désordre révolutionnaire non pas seulement dans un autre pays de la planète, ce qui serait déjà suffisamment grave, mais au cœur de l’Europe. C’est tout à fait dangereux et irresponsable.
Russia Today : Les États-Unis et l’UE n’ont-ils donc pas vu la montée du nationalisme et de l’extrémisme dans ces soulèvements ? Nous assistons bel et bien à une révolution et c’est ce que veulent les nationalistes, Est-ce aussi ce que veulent les États-Unis et l’UE ?
Martin Sieff : Ils ne devraient pas le vouloir, vous avez tout à fait raison. C’est un énorme paradoxe spécialement pour l’UE. Les forces qui cherchent à diviser l’Ukraine sont les mêmes que celles qui tentent de déstabiliser les nations européennes occidentales. Il y a d’importants mouvements sécessionnistes au coeur des nations européennes occidentales. Regardez l’Écosse, qui, très tranquillement, est en train de devenir indépendante avec son référendum programmé cette année. L’Espagne, quant à elle, a réussi à empêcher la désintégration du pays, notamment dans la région de Barcelone en Catalogne. La ligue du Nord est très puissante et c’est une force relativement modérée et responsable mais si des émeutes se déclenchaient dans les rues d’Espagne, de France, d’Italie et d’Angleterre dans le but de renverser le pouvoir en place et de faire sécession, l’Europe n’attiserait pas les forces de destruction. Elle les réprimerait. Alors pourquoi les attise-t-elle là-bas [en Ukraine] ? »
Il est vrai que nous avons tendance à regarder l’Ukraine, soit avec les yeux du spécialiste en crisologie, et alors l’analyse se réfère au “modèle libyen” ; soit avec les yeux du spécialiste en russophobie, et alors l’analyse se réfère à l’ex-URSS et à la guerre froide, du temps où “l’Europe de l’Est” désignait le glacis communiste. Mais l’Ukraine est un pays européen, ô combien, puisque c’est même l’enjeu de départ et le faux-enjeu d’apparence de la crise. C’est là justement le regard de Martin Sieff, et alors que dans les autres interprétations la pensée conventionnelle fait de l’Ukraine un cas hors-Europe (on veut dire la vraie, la civilisée, la bruxelloise & Cie), qui se révolte justement pour gagner sa place dans le “paradis européen”, lui la voit comme un pays européen dont la révolte d’une de ses parties peut servir de modèle aux forces sécessionnistes de nombre de pays de “la vraie Europe, la civilisée...”, etc., – et Dieu sait s’il n’en manque pas, comme on commencera à le mesurer lors des prochaines élections européennes. Aussitôt, son propos s’éclaire et la thèse devient lumineuse, et particulièrement jubilatoire car si Sieff dit vrai, s'il y a effectivement un enchaînement de révoltes se référant à l'Ukraine et devant lesquelles les USA seront de plus en plus embarrassés, peut-on rêver plus sévère perspective de déculottée en forme de blowback (“coup de fouet en retour”, selon la CIA) ? (Nous ajouterons que nous sommes nous-mêmes intéressés par cette thèse, dans la mesure où nous avons déjà affiché notre conviction que la crise ukrainienne pourrait apporter plus de déboires à l'UE qu'à la Russie : «L’Ukraine est donc engagée dans un processus syrien, dont il n’est assuré en rien qu’il porte ombrage d’abord à la Russie. (Notre remarque du 18 décembre 2013 est plus que jamais valable, notamment en ayant à l’esprit l’engagement polonais derrière l’extrême-droite ukrainienne antirusse par rapport aux normes de vertu de l’OTAN et l’UE, qui ressurgiront à un moment ou l’autre avec leurs exigences : “...l’Ukraine, dont la déstabilisation affecterait beaucoup plus, à notre sens, l’UE elle-même voire l’OTAN que la Russie, qu’elle unirait dans la lutte contre un danger pressant.”» [Notre texte du 23 janvier 2014].)
Ainsi Martin Sieff entre-t-il dans l’affrontement intellectuel en cours pour saisir la véritable signification des événements ukrainiens en introduisant un facteur déstabilisant fondamental. Il est conforté en cela, d’une part par le véritable parcours de Ianoukovitch, élu comme proche de la Russie mais qui a suivi depuis une voie extrêmement sinueuse, qui a cherché un rapprochement avec l’UE et qui a lui-même suivi les négociations avec l’UE dans l’espoir qu’elles réussissent ; d’autre part, par la véritable personnalité des membres de l’opposition insurgée, et notamment des plus actifs, les extrémistes qui ne cessent de s’affirmer comme ultra-nationalistes et anti-UE, partisans d'une “grande Ukraine”, comme c’est le cas pour Andrei Tarasenko, le coordonnateur du groupe le plus radical et pointe armée de l’insurrection, Pravy Sektor, et même revendicatifs de certains territoires d’autres pays européens au nom de l’histoire ukrainienne, et notamment de territoires actuellement polonais.
(On peut lire à cet égard le texte de Vladislav Goulevich sur Strategic-Culture.org, ce 20 février 2014, sur les liens entre les nationalistes ukrainiens et les Polonais. L’aide polonaise depuis plusieurs années aux extrémistes ukrainiens, malgré des revendications de ces extrémistes sur des territoires actuellement polonais, vient essentiellement du ministère des affaires étrangères, dont le ministre est Radoslaw Sikorski. On sait que Sikorski, qui a passé beaucoup de temps à Washington, notamment à l’AEI [American Enterprise Institute], le think tank néo-conservateur, fut apprécié comme une “antenne neocon” en Pologne lorsqu’il y revint, en 2005, pour prendre le poste de ministre de la défense [voir le 28 novembre 2005]. A ce titre, Sikorski a certainement gardé des contacts avec ses amis washingtoniens, dont le couple Robert Kagan-Victoria Nuland.)
Cette extraordinaire complication de la crise ukrainienne renvoie résolument à des problématiques européennes, et aux tensions nationalistes et sécessionnistes. C’est en cela que la thèse de Martin Sieff est intéressante et présente un certain crédit. L’ignorance US de cette sorte de problème ne se limite pas au département d’État, bien entendu, comme on l’a vu avec la visite du sénateur McCain en Hongrie, corrélativement à une visite en Ukraine en décembre (voir le 1er février 2014). Mais que dire de l’éventuel aveuglement européen selon cette perception, dont Sieff parle peu puisqu’il est surtout préoccupé de la politique étrangère US ? La crise ukrainienne, avec ses multiples dimensions qu’on découvre peu à peu, intervient alors que l’Europe se trouve dans un état de grande tension anti-intégrationniste, caractérisée par une poussée populiste, sinon nationaliste et extrémiste, et l’un ou l’autre rendez-vous sécessionniste, comme le référendum sur l’indépendance écossaise du 18 septembre prochain. (De nouveaux sondages montrent que les indépendantistes progressent, de 32% en janvier à 38%, tandis que les partisans du maintien dans le Royaume-Uni reculent de 52% à 47%, – voir PressTV.ir, le 21 février 2014.)
Le paradoxe le plus remarquable, à la lumière de la thèse de Martin Sieff, est de voir une crise déclenchée en apparence par la question du rapprochement de l’Ukraine avec l’UE, et selon le thème officiel d’une insurrection pro-UE, risquer, non seulement de “réveiller de vieux démons” selon l’expression consacrée, mais encore de leur donner du crédit et presque le label de l’honorabilité-Système cher au parti des salonnards. Il est finalement assez sympathique, dans tous les cas hautement ironique et encourageant pour la pluralité des opinions, de se dire que BHL est venu le 9 février haranguer les foules d’Euromaidan semées ici et là de groupes nationalistes extrémistes, antisémites et fascistes tirant sur le nazisme, tous ayant pignon sur rue dans leurs équipements de combattants des barricades, de ces barricades que certains ont comparé à celles de 1848, année du grand courant révolutionnaire européen... Le Système en perd ses repères et finira par ne plus savoir comment et pourquoi l’on reconnaît un antiSystème.
Mis en ligne le 21 février 2014 à 12H16
Et pendant qu’on y est, voici l’interview intégrale de Martin Sieff, traduite pour Le Grand Soir :
23 février 2014
« La position étatsunienne consistant à blâmer les autorités ukrainiennes pour les violences est une catastrophe ! »
Martin SIEFF
Il est irresponsable et dangereux de la part de Washington d'accuser le gouvernement de la violence qui règne dans les rues de Kiev, a dit à RT Martin Sieff, un géopoliticien très renommé du Globalist Research Center et envoyé spécial de the Globalist.
Sieff pense que les désordres en Ukraine sont le résultat des pressions de l'UE qui a refusé d'accepter la décision de Kiev de suspendre l'accord d'intégration européen. Selon lui, la décision des États-Unis et de l'UE de soutenir les insurgés en Ukraine pourrait avoir comme conséquence de susciter des aspirations similaires en Europe occidentale où les mouvements sécessionnistes ont le vent en poupe.
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Et qu’est-ce que dit de tout cela le toujours si bien informé Réseau Voltaire ?
Coup d’État pro-US en Ukraine
23 février 2014
Sous le contrôle et en présence de diplomates états-uniens, la Verkhvna Rada ukrainienne a opéré un coup d’État, les 22 et 23 février 2014.
Le Parlement a d’abord pris acte de la démission forcée de son président et élu à sa place l’ancien patron des services secrets, Olexandre Tourtchinov.
Puis, 328 députés sur 450 ont abrogé la Constitution et lui ont substitué celle de 2004 [1], c’est-à-dire sans référendum et en situation d’urgence en violation des articles 156 et 157 de la Constitution.
Lire la suite…
Source : http ://www.voltairenet.org/article182305.html
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Le président de la Rada ukrainienne démissionne sous la menace
Réseau Voltaire, 23 février 2014
Menacé de mort, le président de la Rada ukrainienne, Volodymyr Rybak, a démissionné, le 22 février 2014, et a quitté le parlement.
Immédiatement, les membres présents de la Rada ont adopté plusieurs motions, dont la libération de l’ancienne Premier ministre, la personne la plus riche du pays, Ioulia Tymochenko (condamnée à sept ans de prison pour abus de pouvoir dans la négociation d’un contrat gazier avec la Russie).
Simultanément, des groupes nazis ont envahi les principaux bâtiments du pouvoir après s’être emparés d’une armurerie militaire.
Source : http://www.voltairenet.org/article182283.html
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La Clinton-Pintchouk connection
Par Manlio Dinucci
Réseau Voltaire (Rome – Italie) 22 février 2014
Connaissez-vous Viktor Pintchouk, seconde fortune d’Ukraine ? Ce magnat de l’acier s’est forgé de solides réseaux en Occident, que ce soit aux États-Unis ou en France. Mécène, il finance des artistes et désormais sponsorise une « révolution ».
À la table de Kiev où a été négocié l’accord formel entre gouvernement, opposition, Union européenne et Russie ne siégeait officiellement aucun représentant de la puissante oligarchie interne qui, plus liée à Washington et à l’Otan qu’à Bruxelles et à l’UE, pousse l’Ukraine vers l’Occident. Emblématique est le cas de Viktor Pintchouk, magnat de l’acier, 54 ans, classé par la revue Forbes parmi les hommes les plus riches du monde [1].
Source :http://www.voltairenet.org/article182277.html
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Les Israéliens disent avoir peur de ce que signifie pour les juifs le retour de Timochenko aux affaires. Ah, bon ?
Certes, elle est pro-nazie et violemment judéophobe, mais ils le savaient en envoyant des officiers de Tsahal prendre la tête des vandales de la place Maïden. Est-ce que la faire libérer n’était pas à leur programme ?
Alors, soit ils jouent à Gribouille et vont se réfugier dans la mare pour se mettre à l’abri de la pluie, soit ils font semblant, n’en ont pas peur du tout et sont cul et chemise avec elle. Ce qui ne veut pas dire que les juifs n’ont rien à craindre. Tout dépend desquels.
Quoi qu’il en soit, un rabbin vient de faire appel à Lieberman pour qu’il s’occupe d’eux. (Voir ici :
http://www.dedefensa.org/articleun_rabbin_ukrainien_presse_les_juifs_de_quitter_kiev_22_02_2014.html ).
Les Ukrainiens ne sont pas sortis de l’auberge. Et les Palestiniens vont devoir se pousser un peu pour faire de la place.
Bon. Le portrait n’est pas très flatteur, mais il augmente ses chances d’être bien accueilli. N’est-ce pas ce qui compte ?
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Les États-Unis sont-ils en train d’essayer de renverser trois gouvernements à la fois ? Oui. Celui de Bachar al-Assad, celui de Viktor Ianoukovitch, et celui de Nicolas Maduro. Entre autres.
Y réussiront-ils ?
À vos dictionnaires !
Le gouvernement vénézuélien envoie l’Armée combattre de « graves » désordres fomentés par l’opposition à la frontière colombienne
par Ewan Robertson
22 février 2014
http://www.informationclearinghouse.info/article37731.htm
Et à suivre.
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Mis en ligne le 23 février 2014.
23:56 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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