16/11/2014
UBU EN SARRE
La musique adoucit les mœurs ? Pas toujours…
Ubu en Sarre
12 juillet 2014 : Lorin Maazel casse sa baguette. Il avait 84 ans. Et dirigeait toujours la Philharmonique de Münich. Laquelle se met en quête d’un autre konzert meister pour lui succéder. Elle offre le poste à Valeri Guerguiev, qui accepte. Il prend ses fonctions le 1er janvier prochain, pour cinq ans.
Valeri Guerguiev, d’origine ossète, né à Moscou en 1953, a passé vingt ans de sa vie à la tête du Mariinsky de Saint-Pétersbourg, non sans avoir été, parallèlement, pendant treize ans, le directeur musical de l’orchestre Philharmonique de Rotterdam, premier chef invité du Metropolitan Opera de New York et avoir, en 2007, remplacé sir Colin Davis à la tête de l’Orchestre symphonique de Londres. C’est un des plus grands chefs d’orchestre du monde. Ils ont de la chance à Munich de ne pas tomber de Maazel en Tartempion. S’ils ont fait un pont d’or à celui-ci, ce n’est quand même pas cher payé, car réputation oblige.
Donc, tout baigne. Théoriquement.
Cependant… du 21 au 30 mai 2015 doit se dérouler le Festival de Sarre (à deux pas des frontières française, belge et luxembourgeoise). Ce festival musical se tient tous les deux ans et le Münchner Philharmoniker y est naturellement invité. Mais ce sera, cette fois, sans son chef, qui vient d’être « désinvité » par les organisateurs, pour avoir refusé de critiquer le président Poutine.
Non, ce n’est pas pour rire, c’est vrai.
La décision « qui n’est pas politique », a été prise pour ne point contrister M. Donald Tusk, ancien Premier ministre polonais et actuel président du Conseil européen, sous le patronage de qui doit se dérouler, cette fois, le dit festival. M. Tusk, on le sait, succède, non à Maazel mais à Herman Van Rompuy et Frank-Walter Steinmeier, ministre des Affaires étrangères de Berlin, grands démocrates et droitsdelhommistes sous le soleil, qui soutiennent comme on sait, de tout leur poids moral, les massacres perpétrés par Kiev et l'OTAN dans le Donbass.
Selon les organisateurs du Festival de Saar, il ne fallait pas froisser Donald Tusk car divers concerts venus de Pologne doivent s‘y dérouler. Les organisateurs ont donc fait appel, pour remplacer Valeri Guerguiev, à un chef d’orchestre polonais, M. Michal Nesterowicz. «Nous avons reçu une demande explicite de l'ambassade polonaise de Berlin nous disant qu’il n'était pas souhaitable d'inviter Guerguiev », a expliqué le directeur du festival Robert Leonardy, avant de préciser : « cela ne va pas qu'un Russe, et en plus un proche de Poutine, puisse participer au Festival. »
Mais qu’a-t-il donc fait Guerguiev, pour mériter ainsi la hart et l’opprobre ? Accrochez-vous : Il a « refusé de dénoncer clairement les violations des droits de l'homme que représentent les lois anti-homosexuelles de Poutine ». Et Courrier International (c’est un canard mainstream) de se poser gravement la question : « Munich peut-elle encore se permettre d'employer Guerguiev ? » Surtout s’il risque, étant sur place, d’aller boire un coup à la Hofbräuhaus… Sait-on jamais ?
D’accord, il a de mauvaises fréquentations, mais qui prétend être parfait ?
L’abominable Guerguiev s’est donc abstenu de critiquer la politique de la Fédération de Russie à l’égard du lobby homosexuel (l’expression est du Saker). Car c’est évidemment le gouvernement russe, et non Vladimir Poutine, qui a légiféré pour interdire la propagande pédomaniaque dans les écoles. Bof, c’est pareil, pour nos « démocrates » à voile et à vapeur, depuis le temps qu’on ne fait plus ce genre de distingo par ici… C’est la ville de Moscou qui a interdit les gay prides pour les cent ans à venir, et Guerguiev fait de la musique à Saint-Pétersbourg ? Pfftt… tout ça, c’est russe et compagnie ! Chez nous, en Otanazie, est-ce que les couturiers ne dirigent pas l’Éducation Nationale ? (Avec le CRIF il est vrai, bien la preuve que nous ne sommes pas sectaires).
Double grain de sel des Grosses Orchades
Au lobby sus-mentionné :
Ce n’est pas votre homosexualité qui dérange, c’est votre exhibitionnisme. L’exhibitionnisme des hétéros est aussi intolérable que le vôtre. Étaler sa libido sur la voie publique n’est pas qu’un manque flagrant de savoir-vivre, c’est une agression envers quiconque a gardé quelque décence, respecte les autres et tient à conserver l’estime de soi. Tout le monde n’a pas envie de se promener dans les rues en string avec des plumes dans le cul ou de s’y enfoncer des crucifix. Pourquoi ne conviez-vous pas la presse à venir vous voir faire caca au milieu de la place de la Concorde aux heures de pointe, pendant que vous y êtes ? Ah, (en tout cas pipi) c’est fait ? Pardon.
À Valeri Guerguiev :
Maestro, on n’a pas de conseils à vous donner, mais si on était vous, on ferait tout de suite un saut, mettons, à New York, pour y engager une demi-douzaine d’avocats rompus à l’exercice banal en ces contrées d’arracher aux zozos sarrois à nez de Pinocchio une somme aussi pharamineuse que possible, à titre de dommages et intérêts pour atteinte à votre image, à votre réputation ou à n’importe quoi d’autre. Soyez sans crainte, ils trouveraient : ce sont des pros. Et si vous avez scrupule à vous enrichir sur le dos de la bêtise européenne, pourquoi ne pas en faire des bringues monstres les cinq « Rosenmontag » à venir avec vos musiciens, à la bière, à la vodka ou aux deux ? Prosit !
Euh… si vous invitez Obélix, il faudra que vos baveux se défoncent.
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La Pologne étant, comme on sait, le royaume d’Ubu, les choses se présentent ainsi :
La philharmonie de Munich et son nouveau chef sont invités à jouer à Paris le 9 mars, avec la soliste de renommée mondiale Sol Gabetta. Concert d’hommage au chef décédé, né, on vous le rappelle, à Neuilly-sur-Seine.
Le 10 mars, le même concert devait se donner, pour le même motif, au Festival de Saar, en Allemagne, mais il le sera sans son directeur, et le Polonais Michal Nesterowicz, pas bégueule, prendra sa place.
Dans un entretien, l’ineffable Robert Leonardy a expliqué, en essayant de cacher son nez qui grandissait à vue d’oeil : « le refus d'inviter Valeri Guerguiev n'est pas le résultat d'une décision politique. Comme ce dernier a officiellement donné son soutien en août dernier à Vladimir Poutine et que le Festival se déroule sous le patronage de l'ancien Premier ministre polonais, Donald Tusk, nous n'avons pas voulu mettre en danger le bon déroulement du Festival.» Quel diplomate, cet homme !
Sources :
http://french.ruvr.ru/2014_11_13/Un-eminent-chef-dorchest...
http://www.courrierinternational.com/article/2014/03/19/u...
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En attendant la suite de ces péripéties
hautement culturelles :
Tous à la Philharmonie de Paris
(Grande salle)
Le 9 mars prochain à 20h30
(retenez vos places dès à présent)
Pour
Saluer Maazel disparu
Applaudir la belle soliste argentine Sol Gabetta.
Et ovationner le nouveau chef du Münchner Philharmoniker !
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Au programme
Dvořák, Antonín : Concerto pour violoncelle
Strauss, Richard : Ainsi parlait Zarathoustra, op. 30
Strauss, Richard : Till Eulenspiegel, op. 28
(Programme sous réserve de modifications.)
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Pour consoler ceux qui n’auront pas la chance de s’y trouver :
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À quoi bon lésiner ?…
Notre bateau du jour « La bataille de Grunwaldski –Nef des Fous », d’après Jérôme Bosch, est une œuvre collective du groupe polonais Les Krasnals (les Nains), qui a récemment fait scandale, parce qu’on y voit feu le pape Jean-Paul II allaité au sein par le père Rydzyk, chef de la très controversée station de radio catholique « Radio Maryja », représenté en truie.
Ryszard Nowak, du Comité polonais de Défense contre les Sectes et la Violence (OKOS) a déposé une plainte contre le groupe des peintres. Nowak, qui avait, peu auparavant, intenté une autre action en justice contre des musiciens, dont la pop star Doda, « pour blasphème », affirme que la peinture des Krasnals « offense les sentiments religieux de millions de gens » et est insultante à la fois pour le père Rydzyk et pour le feu pape.
À quoi les Krasnals ont répondu qu’ils regrettaient que le niveau d’éducation artistique soit aussi bas au Comité polonais contre les sectes et la violence, « qui devrait pourtant être le pré carré de l’intelligence dans notre pays » se demandant « pourquoi ces gens ne sont pas capables de faire la différence entre fiction et réalité ». « La bataille de Grunwalski/Nef des fous n’est qu’une œuvre d’art. Notre peinture est une création légère et accessible, qui représente les événements et les personnalités contemporaines de l’Histoire polonaise dans un contexte international ; ce ne sont rien d’autre que des caricatures dans la veine de “South Park”. Le concept de “Guerre Civile Polonaise” devrait être pris avec un grain de sel. Le message de notre œuvre est pourtant très positif, sans aucune intention d’offenser personne. Ce sont nos traditions polonaises qui nous poussent à voir le diable et le mal dans tout. »
Détail de « La bataille de Grunwaldski/Nef des Fous »
Source :
http://sz-n.com/2014/04/painting-of-priest-breastfeeding-...
P.S. L'Ubu est de Chanot.
Mis en ligne le 16 novembre 2014.
03:19 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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