05/11/2014
Qui prétend que Nadine de Rothschild n’a jamais servi à rien ?
Qui prétend que Nadine de Rothschild n’a jamais servi à rien ?
Elle fait même des émules…
Vous souvenez-vous de quand le Palais Royal et l’Avenue de l’Opéra sont devenus japonais ? De quand Trafalgar Square et le West End sont passés aux mains des émirs du Golfe ? Eh bien, c’est le tour de Manhattan et de Miami de devenir propriété d’oligarques russes.
Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que ces milliardaires en biens mal acquis ont des filles, qui se lancent, elles, principalement, dans le business de l’art et s’achètent des pied-à-terre new-yorkais de 88 millions de dollars comme vous vous payez une toile aux Champs le samedi soir.
Ces oligarchettes parvenues, même pas trentenaires, ont presque toutes fait leurs études « à l’Ouest » et veulent aussi y jouer leur rôle d’« élite » (Eleanor Roosevelt n’est pas loin). Une d’entre elles s’est même mise à théoriser sur la manière de régenter ses domestiques, et ce n’est pas triste.
Visite guidée.
Baibakova (Maria), 29 ans, fille d’Oleg Baibakov, magnat du métal devenu milliardaire en deux (mettons trois) coups de cuillère à pot sous Eltsine, aujourd’hui « diversifié » dans l’immobilier international.
Elle a fait ses études supérieures à Harvard, à Barnard, et quand elle s’est mise à l’art (moderne !), elle a fait des stages chez Sotheby‘s, à la Mike Weiss Gallery de Chelsea et s’est même payé un master’s degree au Courtauld Institute of Art, toujours de Londres, qu’elle décrit comme « une académie de gauche très anti-marché ». Elle se défend d’être une fille-à-papa élevée au caviar et rappelle même volontiers avoir fait une fois, quand elle avait trois ans, la queue pour du pain avec sa mère. Les deux orphelines de La porteuse de pain, Merci pour ce moment ne sont rien en comparaison, c’était sous Gorbatchev. Heureusement, papa a su assez vite mettre la main sur Norilsk Nickel, un gigantesque complexe métallurgique du nord de la Sibérie, construit par les esclaves du goulag, et envoyer femme et fille – de dix ans – résider dans le New Jersey.
À peine terminées ses études d’art, Maria, par le biais d’une société qu’elle a fondée, « Baibakov Art Project », s’est acheté, fin 2008, une ancienne chocolaterie moscovite, dont elle a fait un « espace d’art à but non lucratif » (voir Arundhati Roy pour les explications techniques), et l’a baptisé Octobre rouge (où y’a de la gêne…). Elle y a aussitôt organisé quelques expositions tape-à-l’œil, qui ont fait écrire au New Yorker que si quelqu’un devait devenir un jour la Peggy Guggenheim de Russie, ce serait Baibakova.
De ce tremplin, l’héritière-mécène s’est diversifiée dans le business artistique, pour le coup plutôt lucratif, tous azimuts. C’est ainsi que c’est par une indiscrétion de http://baibakovartprojects.wordpress.com/ qu’on a su qu’à la FIAC de Moscou, qui s’appelle COSMOSCOW, a été vendu, fin septembre, par la galerie Michael Werner de New York et Londres, « à un collectionneur russe dont le nom n’a pas été divulgué », le Portemanteau aux coquilles d’oeufs, de l’artiste belge Marcel Broodthaers, pour la somme de 2 millions de dollars, S’il n’était mort en 1976, Broodthaers serait épaté lui-même de la vogue post mortem de ses fines plaisanteries.
Broodthaers : Portemanteau aux coquilles de moules.
Son œuvre la plus célèbre : Casserole de moules rouge.
Ah oui : Maria siège aussi aux conseils d’administration du Lincoln Center, de la Tate, du Guggenheim et de son alma mater, Barnard. Elle a collecté des fonds pour contribuer à l'élection de Barak Obama et fait partie évidemment, dans son pays d'origine, du peloton de tête des «résistants à la tyrannie de Vladimir Poutine». Elle est à la tête de cinq résidences (elle dit trois par modestie) - à New York, Londres, Moscou, Cannes et Miami – où elle s’escrime à diriger une « armée » de domestiques (entre 50 et 60), dont vous n’imaginez pas les soucis qu’elle lui donne. Altruiste, la nouvelle Peggy Gugenheim-Nadine de Rothschild a tenu à faire profiter les autres maîtresses de maison de son savoir-faire. Mais – attention ! - en s’adressant uniquement « aux femmes qui travaillent, pas aux ménagères lambda ».
Elle a résumé tout cela dans un article de 2000 mots, qui a paru le 29 septembre dans le Tatlers en russe (oui, ça existe), article qui a fait et qui fait encore des vagues chez les légions d’aspirants milliardaires de l’Internet russe et qui commence, grâce à Buzzfeed, à en faire sur l’Internet U.S.
Treize tuyaux sur la manière de bien diriger sa domesticité.
par Maria Baibakova – The Tatler’s de Moscou – 29.9.2014
(Pour la manière de bien voler ses maîtres, la valetaille se reportera aux conseils de feu M. Jonathan Swift)
● Ne leur permettez pas de s’asseoir à la table du dîner
● Pour les diriger, assurez-vous les services d’un maître d’hôtel hors de prix (200.000 $ par an minimum).
● Ne les laissez pas porter des vêtements de couturiers.
● Il vaut mieux qu’ils aient une porte d’entrée séparée.
● N’engagez pas de Philippines.
● … pour résumer : faites en sorte qu’ils sachent se tenir à leur place.
1. – Procurez-vous une dizaine de catégories de domestiques.
La bonne tenue d’une maison repose sur des administrateurs, des gouvernantes, des cuisiniers (ou cuisinières), des agents de sécurité, des jardiniers, des chauffeurs, des nounous, des préposé(e)s à l’entretien, des organisateurs de soirées, et des responsables de votre garde-robe. (Ma camériste gère ma garde-robe sur Pinterest, parce que je vis dans trois foyers différents).
2. – Engagez un maître d’hôtel à 200.000 $ par an pour les diriger tous.
Si vous n’avez pas de maître d’hôtel, il vous faudra faire vous-même tout ce qu’ils font d’habitude. Quand vous aurez vécu cette expérience, vous ne vous demanderez plus pourquoi ce genre de spécialiste est si bien payé. Soit dit en passant, si vous avez une entrée principale et une entrée de service, comme c’est le cas dans toute maisonnée importante qui se respecte, les deux seuls membres de votre personnel qui aient le droit de passer par la porte principale sont le maître d’hôtel et la gouvernante.
3. – Instaurez un code déontologique pour diriger votre « armée » de serviteurs.
La véritable direction d’une maisonnée doit toujours obéir à une étiquette, d’une part parce que c’est efficace et confortable, d’autre part parce qu’il ne faut pas que cela empiète sur vos prérogatives et qu’il ne faut pas non plus que cela rende les choses difficiles pour personne. L’étiquette est l’arme d’une maîtresse de maison expérimentée et la domesticité est son armée.
4. – N’engagez surtout pas de Philippines. Ce serait une grossière erreur.
C’est, j’en suis sûre, la chose à ne pas faire. Nous avons tendance à oublier trop facilement que, bien qu’ils ne parlent pas russe, ils ne sont quand même ni sourds, ni sots ni aveugles. Ils comprennent tout et sont particulièrement à l’écoute de mes disputes avec mon mari ou mes amies. Et leur incapacité à s’exprimer dans votre langue veut dire que vous devrez leur servir de bonniche ou de traductrice. Par exemple, une Philippine n’ira pas, elle-même, s’acheter des provisions de bouche au magasin. C’est votre chauffeur qui devra y aller pour elle et les mettre dans son frigo. Et c’est vous-même qui devrez décrire ses fréquentes migraines au docteur.
5. – Débarrassez-vous des domestiques indésirables de façon aussi expéditive que possible.
Puisqu’on parle de licencier : la chose doit être faite sans tarder, par une expression claire des raisons du renvoi, sans excuses ni larmes, en se conformant aux lois et contrats en vigueur (en payant deux semaines de salaire par exemple), et – ceci est important – en présence de témoins. Attention : le ou les témoins doivent être du même sexe que la personne licenciée. C’est ainsi que les connotations sexuelles sont légalement exclues du processus dans certains pays.
6. – Si vous licenciez différemment (de la mauvaise manière), assurez-vous que ceux que vous renvoyez ne sont pas sans papiers.
Une famille arabe aisée de Londres a engagé une servante indonésienne. Elle a travaillé pour eux pendant quinze ans et les a volés tout le temps. Ils l’ont virée sur le champ mais pas de la bonne manière : sans témoins, par une conversation avec la maîtresse de maison. L’Indonésienne les a poursuivis en justice, ce qui a fort compliqué les choses pour eux, parce que l’ex-servante avait été engagée illégalement. La famille arabe a dû trouver des moyens de se justifier quand la Cour a voulu savoir s’ils lui avaient bien pris son passeport et l’avaient gardée toutes ces années à Londres contre son gré, comme elle le prétendait. Comment pouvez-vous poursuivre – et commencer par trouver - une femme de chambre moldave qui vous a dérobé les boucles d’oreilles en diamants de votre grand-mère ? Comment pouvez-vous, en Amérique, poursuivre une nounou russe qui menace de vous dénoncer parce que vous engagez des illégaux ?
7 – Si vous avez accusé à tort une domestique de vous avoir volée, excusez-vous pour la forme.
Si vous vous rendez compte que vous avez mal traité votre personnel, disons en accusant votre bonne de choses terribles (puis retrouvé les cuillères que vous croyiez qu’elle avait volées), vous pouvez et devez vous excuser.Mais ne versez pas de larmes de repentir sur son épaule - « Ah, Olenka, pardonnez-moi pour l’amour de Dieu ! » -. Dites plutôt : « Olga, il y a eu un malentendu. Je vous prie de m’en excuser. » Point barre.
8 – Ne traitez pas vos domestiques comme des membres de votre famille.
Maria ici en compagnie de la mezzo-soprano Margarita Zimmerman, aujourd'hui gouvernante chez les Vuitton.
Rien de bon n’en sortira jamais. En faisant cela, vous perdez une bonne servante et vous ne gagnez ni une sœur ni une amie. Et cela, bien que la tentation soit grande, parfois, de faire de votre soubrette une confidente ou une sorte de parente pauvre mais gentille.
9 – Vos domestiques ne sont pas dignes de votre colère.
Ce n’est pas seulement parce que ce n’est pas éthique (bien que ce le soit, évidemment), c’est que nous ne devons exprimer nos plus fortes émotions qu’en présence de nos égaux. Si vous réagissez trop violemment à un grain de poussière sur le pied d’un verre en Baccara, bien sûr, un peu plus tard, votre conscience vous le reprochera. De là à capituler, il n’y a qu’un pas. Et vous voilà en train de pleurer dans les bras l’une de l’autre, et votre servante devient presque une amie, mais personne ne sait toujours comment bien essuyer la poussière sur les verres.
10 – Ne laissez pas vos domestiques s’asseoir avec vous à la table du dîner.
La seule personne qui doive être autorisée à s’asseoir à table avec vous est le précepteur de votre fils. Un garçon doit être élevé par un homme et, à l’évidence, il faut qu’il le respecte, sinon il ne l’écoutera pas. Si votre fils ne sent pas que vous respectez son maître, il vous sera impossible de l’exiger de lui. Cette règle ne s’applique pas à la femme qui élève votre fille.
11 – Ne laissez pas votre servante porter vos toilettes de grands couturiers : elle oubliera qui est la patronne.
Qu’y a-t-il de mal à cela ? penserez-vous. Vos pantalons Prada sont vieux de deux saisons et Lusya serait si contente de les avoir. À première vue, ceci paraît logique, mais en fait, vous avez franchi une ligne qu’il ne fallait pas franchir. Votre servante se déplace dans votre maison, seule, dans vos vêtements ? Il vous faudra faire un effort pour vous rappeler qui commande. Vous pouvez faire une exception pour une nounou qui a travaillé des années pour vous et qui a une fille. Si sa fille fait un malheur au bal de son collège avec vos vieilles Louboutin, pas de problème. L’essentiel est que ça ne se passe pas dans votre maison.
12 – Ne fréquentez pas vos domestiques. Il faut qu’ils sachent où est leur place.
Le soir, vous éprouvez le désir insurmontable de partager les petits événements du jour avec votre servante… vous lui envoyez des textos de votre yacht pour lui dire à quel poin,t votre belle-mère vous tape sur les nerfs… ou quand vous revenez de la Semaine de la Mode, vous ne pouvez vous empêcher de lui raconter que Riccardo Tucci vient une fois de plus d’épater tout le monde… À force de recevoir tant de confidences à faire tourner la tête, votre servante finira par avoir l’impression qu’elle fait partie de votre monde et pas du sien. Dans ce monde, prendre les poussières et aspirer les tapis est impensable.
13 – Apprenez à tout faire vous-même. Ainsi, vos domestiques ne pourront pas vous soumettre au chantage en menaçant de vous quitter.
Vous ne savez pas quoi utiliser pour nettoyer le four, comment faire le lit, comment servir à table. Pour que cela n’arrive pas, apprenez à tout faire vous-même. Ainsi, vous ne vous sentirez pas perdue, si une de vos servantes s’essaie au chantage en menaçant de s’en aller.
Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades
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Moralité : Si vous envoyez vos enfants dans des écoles chic et chères où s’éduquent les milliardaires, vous risquez de ne pas en avoir pour votre argent.
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Devant le tollé qu’elle a soulevé Outre-Atlantique, l’imprudente a dû s’excuser. Ce qu’elle a fait sans élégance excessive en chargeant la barque de ses traducteurs : « Je suis horrifiée de voir ce que sont devenus mes propos en anglais». Ceux qui les ont lus en russe disent que, dans la langue d’origine, c’est pire…
Brèves de comptoir Internet à l’américaine :
1. Pourquoi est-ce qu’en lisant ça, je pense à Robespierre ?
2. Il faudrait qu’on reprenne toute son éducation à zéro, qu’on lui fasse faire un stage comme servante.
3. Pour quoi faire ? Filez-lui 3 mètres de corde et une chaise. Pas besoin de l’éduquer pour ça !
4. Voilà un museau qui cherche une brique.
5. Une balle dans la tête à cette garce !
6. Quand elle se fera mitrailler au fond d’une cave, il y en aura encore qui se demanderont pourquoi.
7. Il est où, Lénine, quand on a besoin de lui ?!
8. Et les bolcheviques, où ils sont passés ?
9. Elle en a oublié un : 14. – S’ils se plaignent de ne pas avoir assez de pain, qu’ils bouffent du gâteau !
Etc. etc. Bien sûr, il y en a une aussi qui dit :
10. Je la comprends. C’est vrai que du personnel de maison, ça se dirige comme une société. Moi, si j’étais à leur place, j’aimerais être dirigée de cette façon-là. Au moins, on sait où on va.
On trouve de tout sur Internet.
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Au club de l’élite spatiale
(suite en quelque sorte)
Il y a un mois d’ici, le New York Times a publié une caricature, qui tournait en dérision le programme spatial de l’Inde, dont la navette Mars Orbiter Mission, venait d’être capturée avec succès par la gravité de la planète rouge.
Les habitants de ce troisième membre des BRICS ont estimé, non sans raison, que le petit mickey du New York Times était ouvertement raciste. Au point que le canard US a dû s’en excuser. (Sur sa page Facebook, il ne faut pas exagérer.)
Or, voici que le 30 octobre – mardi dernier – est arrivée, au décollage de la fusée US Antarès, la mésaventure que l’on sait.
Et l’Hindustani Times a pu déguster, même pas froid, le plat délicieux de la vengeance :
Ce n’est pas très charitable de se moquer des malheurs des autres, mais personne ne prétend l’être :
NASA - Un petit pas avec l’Ukraine, un grand pas vers la catastrophe.
Ce qui devait arriver est arrivé. Après des années de coopération dans les technologies de l’Espace, la NASA s’est retrouvée, à cause des sanctions, contrainte du jour au lendemain de se passer de la Fédération de Russie. L’heure est à la recherche de moyens de ne plus dépendre de « l’ennemi ». Or, pour ce qui concerne l’espace, plus que partout ailleurs, la dépendance est énorme, et apparemment, les décideurs de Wasgington n’en ont pas réellement conscience.
Source : http://reseauinternational.net/nasa-petit-pas-lukraine-gr...
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À part ça…
5e colonnes
ou
Pendant les guerres, les petites magouilles de l’Empire continuent
En Russie
Nous sommes abonnés – personne n’est parfait – à une lettre d’information qui se dit anarchiste. Hier, nous avons, de Pologne, reçu cet émile :
L’aube de la liberté ?
Le 30 octobre, Jour des Prisonniers Politiques en Russie, six personnes se sont rendues place Loubianka, à Moscou. Elles ont déroulé une grande banderole qui disait « Liberté pour les prisonniers politiques » et ont scandé des slogans tels que « Nous voulons une Russie sans Poutine ! », « Longue vie à Maidan ! », « Russie prison du Peuple ! » et « À mort l’empire fasciste de Poutine ! ».
Personne n’a été arrêté. Peut-être est-ce la raison pour laquelle www.grani.ru a donné à la manifestation le titre d’Aube de la liberté. Je ne suis pas aussi optimiste, à moins que le visage bouffi de Poutine, ces temps derniers, ne soit la conséquence d’un traitement contre le cancer qui ne lui laisserait plus que quelques années à vivre.
Vidéo de la manifestation : http://grani.ru/Politics/Russia/activism/m.234537.html
1er novembre 2014
Kuba Waskowski
Des anars à gages à c’t’heure ? On n’arrête pas le progrès.
Mais « six personnes » pour une manif… on dirait que les fonds baissent.
Quant aux deux pandores moscovites, ce n’est pas à Sivens qu’on verrait des mollassons pareils.
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Restons dans les parages :
Voici pourquoi les Russes veulent réglementer sévèrement les ONG étrangères
Jeudi 30 octobre 2014 – Vineyard of the Saker
Qu’est-ce que vous dites de cette « surveillance » des droits humains ?
« Une nouvelle tyrannie s’installe. Signez pour prendre position contre la politique répressive de Poutine. Human Rights Watch.»
Le fait est que les organisations occidentales de droits de l’homme sont au-delà du mépris. Certaines ne sont rien d’autre que des instruments politiques aux mains de l’Empire (Human Rights Watch), certaines grouillent d’espions occidentaux (Médecins sans frontières, les contrôleurs de l’OSCE), certaines sont dirigées par de cyniques bureaucrates, qui se servent de jeunes délégués idéalistes comme chair à canon (La Croix Rouge), certaines sont utilisées, à ses propres fins, par le big business (Greenpeace), alors que d’autres ne sont que des instruments quasi officiels de la CIA (NED, Freedom House, Open Society Foundation, etc.).
Ce qu’il y a de drôle ici, c’est que la photo n’a pas été prise en Russie, mais en Ukraine, et que les flics anti-émeute qu’on y voit portent des insignes d’unités du régime de Kiev. Mais qui s’en préoccupe de toute façon ? Ce n’est pas comme si « la vérité » était un sujet qui intéresse Human Rights Watch.
Le Saker
Traduction cl, pour Les Grosses Orchades
Source : http://vineyardsaker.blogspot.be/2014/10/this-is-why-russ...
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Au Brésil
Manifestation anti-Roussef à Sao Paulo
Aux cris de « Dilma dehors », quelque 2.500 personnes ont manifesté samedi à Sao Paulo pour exiger le départ de la présidente Dilma Rousseff, réélue dimanche dernier pour un second mandat, a constaté l’AFP.
Les manifestants brandissaient de grandes pancartes contestant la transparence du scrutin, critiquant les politiques du gouvernement et jugeant « corrompu » et « voleur » le Parti des travailleurs (PT) au pouvoir ainsi que l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, auquel Mme Rousseff a succédé.
Munis de drapeaux brésiliens, certains d’entre eux criaient des slogans contre Cuba ou agitaient des pancartes « contre le communisme ». D’autres demandaient même une « intervention de l’armée maintenant ». « Ce n’est pas la même chose qu’un coup d’Etat. Avec une intervention, les militaires mettraient de l’ordre », déclarait Carlos Cabala, un entrepreneur âgé de 50 ans.
« Nous demandons l’impeachment (destitution) de Dilma, nous sommes ici pour montrer notre rejet du PT », a expliqué à l’AFP Maria Lucia Monteiro, 61 ans, professeur.
Vidéo :
http://rt.com/in-motion/201643-brazil-election-protest-ro...
Sources :
http://reunion.orange.fr/news/monde/bresil-des-manifestan...
http://rt.com/in-motion/201643-brazil-election-protest-ro...
Comme pour Ahmadinejad et Poutine, comme pour Maduro.
Bref, que du courant.
Il est vrai que le Brésil maintenu dans les BRICS ne doit pas donner à Washington l’envie de beaucoup rire.
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On n’ose pas s’en réjouir tant ils vont le payer cher :
La troisième Intifada a commencé
Les médias occidentaux osent à peine prononcer le mot, les «Israéliens» le nient obstinément, les Arabes l’ignorent, mais les faits sont là : la troisième intifada palestinienne, celle d’al-Qods, a déjà commencé.
Source : http://reseauinternational.net/troisieme-intifada-eclate-al-qods/
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Les lanceurs de pierre palestiniens risquent d’encourir 20 ans de prison en Israël
Un jeune Palestinien lance une pierre lors d’une manifestation de protestation contre le vol de terres palestiniennes du village d’An Nabi Saleh pour agrandir la colonie sioniste de Hallamish (en arrière-plan).
04.10.2014 – Dimanche, le cabinet israélien a approuvé un amendement au code pénal israélien pour permettre que des sanctions plus sévères soient prises contre les Palestiniens accusés d’être impliqués dans des jets de pierre contre des cibles israéliennes.
Les nouvelles sections, qui seront ajoutées au code pénal israélien, permettront d’imposer une condamnation allant jusqu’à 20 ans de prison pour ceux qui seront accusés de jets de pierre ou autres objets sur des véhicules israéliens.
Source : http://reseauinternational.net/les-lanceurs-pierre-palest...
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À propos des récentes élections de Kiev, dont nous n’avons pas à nous gausser, elles valent bien les nôtres.
Coup de gueule
des Grosses Orchades
Vu que même les internautes US se mettent à invoquer Robespierre, parlons-en, tiens, puisqu’aussi bien M. Philippe Grasset vient de le faire sur dedefensa.org, avec un article intitulé « La nouvelle RADA de Kiev, une foule de petits Robespierre camouflés » sans que personne saute au plafond devant tant d’ignorance, d’inconscience et d’irresponsabilité (quand on se pique d’informer les foules en leur parlant politique, un minimum de connaissances de base et de probité intellectuelle s’impose).
Or, non seulement personne – nous voulons dire aucun site – n’a réagi avec indignation, mais nombreux – hélas très nombreux - sont ceux qui ont reproduit l’insanité la bouche en cœur, sans sourciller. Entre autres :
niooze.fr
seenthis.net
scoop.it (c.àd. koter, la gazette des étudiants de Louvain-la- Neuve, nos futures élites belgeoises. Joie ! Joie ! Pleurs de Joie !)
gagarinetimes.ch
oulala.net
praxion.org
zorgol.fr
réseaudepresse altermondialiste
le citoyen.org (front de « gauche » ?)
le blogue noir de Brocéliande, etc. etc. etc.
plus, hélas, Le Saker francophone
Un jour, on leur rebalancera Mein Kampf, et ils le feront avaler, fiers comme des petits bancs.
C’est à eux que ce coup de gueule s’adresse.
Que vous soyez ignares au-delà du supportable ne vous autorise pas, Messieurs les censeurs bien-pensants à la file indienne, à vous essuyer les pieds sur la figure du plus grand homme d’État de l’histoire – resté seul jusqu’à Fidel Castro, et seulement rejoint, non dépassé, par lui. Qui êtes-vous pour ériger votre ignorance crasse en étalon-or de ce qu’il convient de penser de ceux qui ont donné leur vie pour que vous soyez moins nuls. Est-ce leur faute s’ils ont raté leur coup ? On ne fait pas ce genre de choses in vitro. On les fait au milieu d’une foule – là pour le coup – de cellules cancéreuses voraces, vos semblables, vos frères (ou sœurs, soyons transgenre, c’est la mode).
Que le lynchage actuel de Vladimir Poutine par la tourbe du monde ne soit rien, mais alors vraiment RIEN, comparé au lynchage de Robespierre, qui dure depuis plus de deux siècles, car il a commencé de son vivant, ne frappe en rien votre manque absolu d’imagination et de conscience. Non, Robespierre-Poutine-même-combat, l’histoire-qui-se-répète et de façon si hallucinante, ne vous dit absolument rien. Curieux, non ? Vous ne voyez pas le rapport…
Nous avons fait part aussi poliment que possible à M. Grasset de notre surprise d’un tel faux-pas venant de lui. Pour bien faire, il devrait s’excuser. (La petite Baibakova l’a bien fait, elle, même si uniquement pour la forme et du bout des dents.) Car la vérité historique n’est pas seulement révolutionnaire, elle EST. Il n’est tout simplement plus acceptable qu’elle soit, à notre époque, ignorée à ce point-là. Il l’est encore moins que quiconque se permette de la piétiner, car c’est une agression meurtrière envers tous les humiliés et les offensés, quels et où qu’ils soient.
Nous ne dirons rien des Vendéens d’opérette qui n’en finissent pas, ne sachant quoi faire de leur cerveau reptilien, de geindre sur leur Shoah bicentenaire. Quand Dieudonné en aura fini avec l’autre, peut-être voudra-t-il s’y coller. Après tout, il est breton. Même si naître à Fontenay vous rapproche plus de Léautaud que de Charrette.
Bravo en tout cas au Cercle des Volontaires, au Grand Soir, à Moadab, à Réseau International, à Sayed7Asan, à Serge Uleski et à ceux qui se sont abstenus de tremper dans cette mauvaise action, preuve qu’ils regardent où ils mettent les pieds et qu’ils réfléchissent à ce qu’ils font !
Pour ce qui est du Saker Francophone, il faut bien sûr continuer d’y lire les traductions du Saker… et trier sérieusement le reste. Après tout, le libre examen n’a pas été inventé pour les chiens. TRIER, donc, car il est inadmissible d’utiliser, derrière son dos, la caution morale du Saker, pour faire passer des notions indéfendables dont il n’a même pas connaissance, qui seraient pardonnables venant de lui, étant données les distances géographiques et autres, mais dont il se garde bien, justement.
En attendant que vous ayez les couilles de faire enfin à Robespierre le procès qu’il n’a jamais eu – pas une farce à la Hossein : en vrai ! – jetez un œil à votre portrait et essayez de nous étonner en faisant votre examen de conscience ou votre autocritique, selon vos goûts respectifs.
En-dehors de ces deux camps, et les tenant tous deux en respect, se dressait un homme, Robespierre.
Au-dessous se courbaient l’épouvante, qui peut êre noble, et la peur, qui est basse. Sous les passions, sous les héroïsmes, sous les dévouements, sous les rages, la morne cohue des anonymes. Les bas-fonds de l’Assemblée s’appelaient la Plaine. Il y avait là tout ce qui flotte ; les hommes qui doutent, qui hésitent, qui reculent, qui ajournent, qui épient, chacun craignant quelqu’un. La Montagne, c’était une élite, la Gironde, c’était une élite ; la Plaine, c’était la foule. La Plaine se résumait et se condensait en Sieyès.
Sieyès, homme profond qui était devenu creux. Il s’était arrêté au tiers-état et n’avait pu monter jusqu’au peuple. De certains esprits sont faits pour monter à mi-côte. Sieyès appelait tigre Robespierre qui l’appelait taupe. Ce métaphysicien avait abouti, non à la sagesse, mais à la prudence. Il était courtisan et non serviteur de la Révolution. Il prenait une pelle et allait, avec le peuple, travailler au Champ de Mars, attelé à la même charrette qu’Alexandre de Beauharnais. Il conseillait l’énergie dont il n’usait point. Il disait aux Girondins : Mettez le canon de votre parti. Il y a les penseurs qui sont les lutteurs ; ceux-là étaient, comme Condorcet, avec Vergniaud, ou, comme Camille Desmoulins, avec Danton. Il y a les penseurs qui veulent vivre. Ceux-là étaient avec Sieyès.
Les cuves les plus généreuses ont leur lie. Au-dessous même de la Plaine, il y avait le Marais. Stagnation hideuse laissant voir les transparences de l’égoïsme. Là grelottait l’attente muette des trembleurs. Rien de plus misérable. Tous les opprobres, et aucune honte ; la colère latente ; la révolte sous la servitude. Ils étaient cyniquement effrayés ; ils avaient tous les courages de la lâcheté ; ils préféraient la Gironde et choisissaient la Montagne ; le dénoûment dépendait d’eux ; ils versaient du côté qui réussissait ; ils livraient Louis XVI à Vergniaud, Vergniaud à Danton, Danton à Robespierre, Robespierre à Tallien. Ils piloriaient Marat vivant et divinisaient Marat mort. Ils soutenaient tout jusqu’au jour où ils renversaient tout. Ils avaient l’instinct de la poussée décisive à donner à tout ce qui chancelle. À leurs yeux, comme ils s’étaient mis en service à la condition qu’on fût solide, chanceler c’était les trahir. Ils étaient le nombre, ils étaient la force, ils étaient la peur. De là l’audace des turpitudes.
De là le 31 mai, le 11 germinal, le 9 thermidor, tragédies nouées par les géants et dénouées par les nains.
Victor Hugo, Quatre-Vingt Treize
Peu importe qu’il se plante sur à peu près tous ceux qu’il nomme. C’était inévitable à son époque, et son tableau d’ensemble est juste.
Quelques rappels de jugements, non pas à l’intention de ceux qui se bousculent pour jeter avant les autres leur pierre au bouc-émissaire, mais pour les jeunes à qui l’Éducation Nationale (on sait ce qu’elle est devenue) n’apprend rien de ce qu’ils devraient savoir :
« Vous lui reprochez d’avoir gouverné par la persuasion »
Saint-Just
« On a tant calomnié cet illustre martyr de l'égalité, qu'il est du devoir de tout écrivain honnête de consacrer sa plume à en venger la mémoire. »
Philippe Buonarroti
« Ils l'ont noyé dans le sang qu'ils avaient tiré pour le perdre. »
Lamartine
« De tous les terroristes, Robespierre fut le plus humain, le plus ennemi par nature et par conviction des apparentes nécessités de la Terreur. Cela est assez prouvé aujourd'hui, et on ne peut pas récuser à cet égard le témoignage de M. de Lamartine. La réaction thermidorienne est une des plus lâches que l'histoire ait produites. À quelques exceptions près, les thermidoriens n'obéirent à aucune conviction, à aucun cri de la conscience, en immolant Robespierre. La plupart d'entre eux le trouvaient trop faible et trop miséricordieux. La veille de sa mort et le lendemain, ils lui attribuèrent leurs propres forfaits pour se rendre populaires. Soyons justes enfin, Robespierre est le plus grand homme de la Révolution et un des plus grands hommes de l'histoire. »
Georges Sand
«Votre opinion sur Robespierre est au moins fort hasardée si elle n’est pas fausse ; les hommes d’État ne doivent pas être jugés d’après les règles ordinaires de morale. En 1793 et 1794, il s’agissait de sauver le corps social et s’il était prouvé que le chef des Jacobins n’eût fait dresser les échafauds de la Terreur que pour abattre les factions [et rétablir ensuite ce gouvernement royal que la France entière désirait], il serait injuste de regarder Robespierre comme un homme cruel et de l’appeler tyran ; il faudrait au contraire, voir en lui, comme dans Sylla, une forte tête, un grand homme d’État. Richelieu aurait fait plus que Robespierre s’il se fût trouvé dans une position semblable. »
Louis XVIII, en 1797 et en 1814.
« Le plus grand homme de la Révolution n’a pas encore en France sa statue : c’est un monument expiatoire qu’il faudrait ! Il ne s’est pas trouvé un seul gouvernement républicain pour oser revendiquer sa mémoire. Plus clairvoyante, la haine des ennemis de la République n’a jamais désarmé. J’ai toujours pensé que la grandeur exceptionnelle est désignée à l’avenir par le flair acharné de l’ennemi, bien avant que les amis ne l’aient reconnue.»
Romain Rolland
[Les « amis » ?]
« C’est une erreur de croire que Robespierre était une sorte de rhéteur épris d’idées générales et capable seulement de phrases et de théories. La forme de ses discours où il procède souvent par allusions, où il enveloppe volontiers de formules générales un exposé très substantiel et des indications ou des accusations très précises, a contribué à ce malentendu. En fait, il se tenait au courant de tous les détails de l’action révolutionnaire dans le pays tout entier et aux armées ; et avec une tension d’esprit incroyable, avec un souci minutieux du réel, il essayait de se représenter l’exacte valeur des hommes que la Révolution employait. Toujours aux Jacobins, il est prêt à redresser, par les renseignements les plus précis, les vagues allégations et accusations d’une démagogie querelleuse… Quelle âpre et dure vie d’aller presque tous les soirs, dans une assemblée populaire souvent houleuse et défiante, rendre compte du travail de la journée, dissiper les préventions, animer les courages, calmer les impatiences, désarmer les calomnies !... »
Jean Jaurès
« On ne sait si l'on doit rire ou pleurer de pitié en voyant ce concert universel de malédictions vomies par des vociférateurs à gages sur le cadavre d'un homme, dont ils font à leur manière et sans s'en douter, le plus bel éloge en le déchirant. Le plus plat gredin croit s'honorer aujourd'hui en lui donnant un coup de pied. Je connais tel de ces misérables qu'un regard seul de Robespierre vivant aurait replongé dans son élément : c'est-à-dire dans la boue... En général, c'est l'usage à Paris. Dès qu'on y tue un homme... on le calomnie après l'avoir assassiné.
Louis-François CASSAT
Tableau de la dernière quinzaine.
Lausanne, 16 août 1794.
Faut-il préciser que ces propos pourraient s’appliquer à Vladimir Poutine, qui se tient, nous semble-t-il, à mi-chemin entre Richelieu et Robespierre, à ceci près que Richelieu, pour le roi son maître, a envahi des pays et en a colonisé d’autres, ce que Robespierre n’eût jamais fait, c’était contraire à ses principes, et que Vladimir Poutine n’a pas fait non plus, quoi qu’en disent les clabaudeurs salariés. On peut dire en schématisant qu’il s’apparente au premier par sa politique intérieure et au second par sa politique étrangère, mais pas que.
Ces trois chefs d’état ont encore en commun leur amour des bêtes, qui n’est pas si courant, même ailleurs. Robespierre élevait des pigeons, Richelieu adorait les chats (il en avait 14 à sa mort, dont l’histoire a retenu les noms : Félimare, Lucifer, Ludovic-le-Cruel, Ludoviska, Mimi-Piaillon, Mounard-Le-Fougueux, Perruque, Rubis-sur-l'ongle, Serpolet, Pyrame, Thisbe, Racan, Soumise et Gazette). Outre fonder l’Académie, il a donné le goût des chats de compagnie aux Français. Vladimir Poutine aime les (très gros) chats, les chiens, les élans, les grues, les dauphins, les ours… et les bébés-phoques. Au moins.
Armand Duplessis, ses chats et le père Joseph
« La politique consiste à rendre possible ce qui est nécessaire. »
« Je ne suis pas le défenseur du peuple. Je n'ai jamais prétendu à ce titre fastueux ; je suis du peuple, je n'ai jamais été que cela, je ne veux être que cela; je méprise quiconque a la prétention d'être quelque chose de plus. »
« Nous sommes tous différents, mais quand nous demandons la bénédiction de Dieu, nous ne devons pas oublier qu’il nous a créés tous égaux. »
Bref, quiconque essaie de regarder l’Histoire avec un peu de recul comprend que l’URSS a été le leg de Babeuf et Cuba celui de Robespierre. Il appartient à Vladimir Poutine, à Hassan Nasrallah, à Nicolas Maduro, à Evo Moralès, à Dilma Roussef, à Cristina Kirchner, à Rafael Correa et à d’autres, encore inconnus, de poursuivre dans cette voie, la seule qui ne soit pas de garage : aider leurs compatriotes et nous tous à sortir d’enfance avant qu’il soit trop tard.
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Livres
Jonathan Swift
L’Art de voler ses maîtres
Bruxelles, Cosmopolis, 1946
123 pages
Jonathan Swift
Instructions aux domestiques
Paris – Livre de Poche, 1959
287 pages
Henri Guillemin
Silence aux pauvres
Paris – Arléa – 1989
119 pages
Michèle Fogel
Marie de Gournay, itinéraires d’une femme savante
Paris - Fayard – 2004
420 pages
À propos de ce livre :
Comme François Furet, Shakespeare et Molière ont été des propagandistes à gages (et c’est Céline qu’on vitupère !) : ils ont calomnié pour des sous. Le premier : Macbeth, Richard III, Jeanne d’Arc. Le second : les femmes savantes et les précieuses, qu’il a décrétées ridicules pour amuser des puissants d’alors.
Marie de Gournay fut une de ces femmes savantes. Qui plus est : autodidacte.
À dix-sept ans, elle a lu les Essais de Montaigne et les a compris. Elle a aussi compris qu’elle préférait étudier, lire, écrire, traduire, éditer et rester célibataire (pour les femmes, on dit « vieille fille »). Montaigne fit d’elle sa « fille d’alliance », titre qu’elle porta toute sa vie avec fierté.
Elle ne fut pas seulement littéraire mais aussi politique. Elle soutint les jésuites, jusqu’au père Garasse, exclusivement, qui eut la mort de Cyrano de Bergerac et de Théophile de Viau sur la conscience. Car les poètes lui importaient davantage que les politiques, et elle fut fidèle à Théophile persécuté, comme à Ronsard dédaigné. Son amour des mots était si grand, qu’elle eut l’idée d’une assemblée d’hommes de lettres qui veilleraient à leur préservation et maintiendraient en vie les vieux mots, quelles que fussent les modes. C’est chez elle que l’Académie Française est née, même si c’est le Cardinal qui l’a fondée.
En 1626 – elle avait 61 ans - elle publia son dernier livre L’ombre de la damoiselle de Gournay, qu’elle envoya à Richelieu. Il la reçut :
Boisrobert la mena au cardinal de Richelieu, qui lui fit un compliment tout de vieux mots qu’il avait pris dans son Ombre. Elle vit bien que le Cardinal voulait rire : « Vous riez de la pauvre vieille », dit-elle, « Mais riez, grand génie ; il faut bien que tout le monde contribue à votre divertissement ». Le cardinal, surpris de la présence d’esprit de cette vieille fille, lui en demanda pardon, et dit à Boisrobert : « Il faut faire quelque chose pour Mademoiselle de Gournay. Je lui donne deux cents écus de pension. » - « Mais elle a des domestiques », dit Boisrobert. – « Et quels ? », reprit le cardinal. – « Mlle Jamin », répliqua Boisrobert, « bâtarde d’Amadis Jamin, page de Ronsard. » - « Je lui donne cinquante livres par an », dit le Cardinal. – « Il y a encore ma mie Piaillon », ajouta Boisrobert, « c’est sa chatte ». – « Je lui donne vingt livres de pension », répondit l’Éminentissime, « à condition qu’elle aurait des tripes ». – « Mais, Monseigneur, elle a chatonné », dit Boisrobert. Le cardinal ajouta une pistole pour les chatons.
Tallemant des Réaux, Historiettes
Ma mie Piaillon chez l’une, Mimi Piaillon chez l’autre… Allez savoir si la Mimi Piaillon du Cardinal n’est pas un des chatons à une pistole de la mie Piaillon de la demoiselle de Gournay, dont elle lui aurait fait cadeau en témoignage de sa gratitude ? L’énigme ne vaut-elle pas bien celle de Louis XVII au Temple, pauvre gosse chargé de nourrir les fantasmes de générations de zinzins ?
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Mis en ligne le 5 novembre 2014
14:10 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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