23/03/2017

QUELQUEFOIS LES RETOURS EN ARRIÈRE...

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Quelquefois les retours en arrière sont plus brûlants que l’actualité

 

PALESTINE

On n’en aura fini que quand justice sera faite

 

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Uri Avnery normalise la dépossession des Palestiniens

Jeffrey BlankfortArrêt sur Info 20 mars 2017

 

Une lectrice n’ayant trouvé aucun texte d’Uri Avnery dans les archives d’Arrêt sur Info – parmi les nombreux auteurs qui traitent d’Israël-Palestine – nous demande pourquoi ? La réponse à cette question est explicitée dans cette lettre adressée à Avnery par le journaliste américain Jeffrey Blankfort, et dont nous partageons entièrement l’analyse. [1]. [ASI]

 

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Uri Avnery

 

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Préambule du traducteur

Récemment [en 2009, ndlr], Uri Avnery, dirigeant du Gush Shalom (Bloc de la Paix, ndt) et « coqueluche » des sionistes de gauche a décidé d’ajouter son grain de sel à l’appel palestinien au boycott d’Israël, pour dénoncer fermement ledit boycott. Jeff Blankfort, écrivain, journaliste et animateur radio, l’interpelle, pour la énième fois.

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Jeff Blankfort – 5 septembre 2009

 

Hello Uri,

Je viens de lire ta réaction à certaines critiques soulevées par ton opposition au boycottage d’Israël. Ayant pris conscience il y a bien longtemps des limites de ton militantisme et de ta vision du monde, cela ne m’a nullement étonné. Tu as manifestement investi trop de temps et trop d’énergie, depuis tant d’années, dans la normalisation de la dépossession des Palestiniens de leur patrie par Israël pour reconnaître l’injustice qui fut non seulement inhérente à la création de l’État d’Israël, mais qui lui fut même nécessaire.

Le passage du temps n’efface en rien cette injustice et peu importe le nombre de fois où toi et d’autres vous invoquerez l’Holocauste nazi. Le dé de la création d’un État juif en chassant les Palestiniens de leurs maisons et de leurs villages avait déjà été jeté bien des années avant qu’Hitler ne parvînt au pouvoir, si bien que la question de l’hitlérisme ne saurait trouver de place dans ce débat.

Les arguments contre la création d’un État juif en Palestine, soulevées par des juifs antisionistes et non sionistes, remontant aux premières années du siècle dernier, étaient bien connus, et tous ont apporté la preuve de leur exactitude. Il n’est donc nullement étonnant que la légitimité d’Israël n’ait été reconnue ni par les Palestiniens ni par les autres peuples du Moyen-Orient.

De fait, les sionistes en avaient fait la publicité dans le monde entier, avec fierté, le présentant comme une entreprise de colonisation de peuplement… jusqu’à ce qu’une telle terminologie soit passée de mode. Le fait qu’Israël ait été créé en des temps où le reste du monde était engagé dans une période de décolonisation fut une garantie supplémentaire, s’il en était besoin, de son rejet. Sans l’influence de ses groopies aux États-Unis et en Europe, et sans les armes qui s’y déversèrent afin de le soutenir, Israël, à l’instar de l’Algérie française, n’aurait été rien d’autre qu’un bref épisode aberrant de l’Histoire (il convient de noter, à cet égard, que c’est le soutien d’Israël au régime colonialiste français contre la Résistance algérienne qui amena la France à être le principal fournisseur d’armes d’Israël, jusqu’à un certain joli mois de mai 1967…)

Tu sais aussi pertinemment qu’afin de maintenir Israël en tant que Sparte du Moyen-Orient, le « lobby pro-israélien » tient depuis longtemps le Congrès des « États-Unis, étranglant le peu de ce qui restait de la démocratie américaine. Tu ne te rappelles pas d’avoir décrit la manière dont un président américain après l’autre a tenté de résoudre le conflit israélo-palestinien et dont chacun d’entre eux fut contraint, par Le Lobby, de se retirer du champ de bataille, la queue entre les jambes ? Et qu’après chacune de leurs défaites, le vol de la terre palestinienne et la croissance des colonies continuaient ? Qui en a payé le prix, à ton avis ?

Comme tu l’as sans doute deviné, je suis contre l’existence de l’État d’Israël ou de tout État juif, quel qu’en fût le nom, fondé sur la notion qu’un juif originaire de n’importe où dans le monde a plus que le droit de vivre dans ce que l’immense majorité du monde connaissait et reconnaissait comme étant la Palestine qu’un Arabe palestinien né dans ce pays ou que les membres de sa famille. Si la situation actuelle n’est ni immorale, ni raciste, alors nous devons trouver à ces adjectifs une nouvelle définition. Mais toi, apparemment, tu ne le penses pas ; tu rejettes les opinions de ceux qui sont de cet avis. (La notion selon laquelle Israël ou n’importe quel pays puisse être la patrie d’une personne qui n’y est pas née et qui ne connaît aucun proche qui y soit né n’est qu’un exemple supplémentaire d’à quel point les sionistes ont déformé le langage afin de tenter de justifier l’injustifiable). Ton échec à trouver un argument allant à l’encontre de l’idée d’un État unique devient patent, quand tu écris que les Français et les Allemands ne se sont pas mis d’accord pour vivre ensemble. Tu crois vraiment que l’on puisse faire la moindre comparaison entre les deux situations ? Les Français seraient donc en train d’occuper l’Allemagne ? Ou vice-versa ? Et l’on ne m’aurait rien dit ??

Je ne cesserai sans doute jamais d’être scié par tes efforts irréfragables visant à séparer les colons de ceux des juifs qui vivent à l’intérieur de la Ligne Verte, comme si la majorité des habitants d’Israël proprement dit n’étaient pas responsables de l’élection d’une série de tueurs professionnels en tant que leurs Premiers ministres, année après année, qui ont, tous, augmenté et agrandi les colonies. Il n’y a eu aucun sondage d’opinion des Israéliens (je les ai tous consultés) depuis 1988, au début de la première Intifada, dont la moitié des répondants n’aient pas appelé à l’épuration ethnique des Palestiniens de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Il y avait beaucoup de colons, en 1988 ? Soyons sérieux…

Dans ta belle démocratie, tout juif ou toute juive valide, à l’exception des hassidim, a joué le rôle d’un occupant en Cisjordanie ou à Gaza tout au long des quarante-deux années écoulées. Ce sont des innocents ? Hier, j’ai regardé, sur Al-Jazeera, des soldats israéliens en train de tirer des grenades lacrymogènes et un liquide vert nauséabond contre des Palestiniens non-violents qui manifestaient contre le mur d’acier qui coupe leur terres à Ni’ilin, après quoi ces soldats ont pris pour cible le reporter d’Al-Jazeera. Attend-on de nous que nous soutenions ces jeunes malfrats en uniforme israélien ? Ceux qui les haïssent devraient être condamnés, et non pas les malfrats et ceux qui envoient ces types là-bas ?

Tu utilises le mot ‘paix’ à tout bout de champ, mais chez toi, le mot ‘justice’ ne risque pas de s’user ! C’est ce qui vous distingue, toi et tes potes sionistes, des Palestiniens et de ceux qui les soutiennent sincèrement. L’occupation dérange ta conscience, ton sentiment d’identité, en ta qualité d’Israélien, mais jusqu’à quelle point affecte-t-elle ta vie ? Mettre un terme à l’occupation, de quelque façon que ce soit, t’apportera la tranquillité de l’esprit et le temps de finir tes mémoires. Eh bien, là, maintenant, essaie, si tu le peux, d’imaginer que tu es dans la peau d’un Palestinien, qui a été soumis à l’arbitraire d’un squatter israélien toute sa vie. Rechercherais-tu simplement la paix, l’absence de ce squatter israélien, ou rechercherais-tu et exigerais-tu que justice soit faite ?

Ta conclusion ne fait que traduire ta confusion. Tu écris que tu veux qu’ « Israël soit un État appartenant à tous ses citoyens, sans distinction d’origine ethnique, de sexe, de religion ou de langue ; avec des droits entièrement égaux pour tous », et pourtant tu supposes qu’il y aura « une majorité hébraïsante », qui permettra à ses « citoyens arabophones… de chérir leurs liens étroits avec leurs frères et leurs sœurs palestiniens… ». S’il n’y a plus de distinction entre un citoyen et un autre, entre un juif et un Arabe, alors comment peux-tu imaginer que la majorité continuera à être hébraïsante ?

Ou bien alors, peut-être envisages-tu la possibilité que la population arabe palestinienne d’Israël, qui est d’ores et déjà largement bilingue arabe-hébreu deviendra la majorité, ce qui ferait qu’Israël, dès lors, ne serait plus un État juif ?

Si tel est le bien cas, il y a peut-être encore un peu d’espoir, en ce qui te concerne ?

Jeff Blankfort – 5 septembre 2009

Article original: http://dissidentvoice.org/2009/09/on-rationalizing-israel...

Traduction : Marcel Charbonnier

[1] Sur le blog de l’Association France Palestine Solidarité on trouve 736 articles d’Avnery à ce jour http://www.france-palestine.org/spip.php?page=recherche&a...

Source: http://arretsurinfo.ch/uri-avnery-normalise-la-depossessi...

 

 

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Les pétitions volent bas dans le 4e Arrdt de Paris.

 

L’histoire de Giuseppe

(et de quelques autres dans la foulée)

 

Giuseppe, disent certains, « ouvre une fenêtre sur la liberté d’agir dans cette société où tout ce qui n’est pas encore obligatoire est devenu strictement interdit ». Qui ne serait d’accord ?

 

 Nous vous avions parlé, en novembre 2012 (« Il était une fois un  paradis »), de Giuseppe Belvedere, ce septuagénaire ami des pigeons qui, dans le 4e arrondissement de Paris, ayant perdu son logement, s’était retrouvé sans abri, dormait dans va voiture, mais n’en avait pas pour autant abandonné ses protégés. Nous avions même mis en ligne une petite vidéo le montrant dans son activité quotidienne et aux prises avec un environnement humain tantôt solidaire, tantôt amusé et tantôt pas bienveillant du tout

Nous espérions que, depuis lors, de bonnes âmes auraient réussi à lui faire retrouver un gîte, même inconfortable, même précaire, mais nous nous trompions. C’est le contraire qui s’est produit, et Giuseppe, aux dernières nouvelles, se serait plutôt fait tabasser par de courageux inconnus que sa présence dans la rue dérange. Mieux – c’est-à-dire pire – : il serait même en butte aux attentions redoutables de la police.

C’est pourquoi nous reprenons ici son histoire, en remontant un peu en arrière, oui, comme Jeffrey Blankfort le fait pour la Palestine. L’injustice a partout le même mufle.

Il faut dire qu’en cette période d’élection, un certain nombre de sites de droite se sont emparés de l’histoire de Giuseppe pour stigmatiser les autorités socialistes qui, depuis plus de six ans, le pourchassent et le persécutent. Peu importe qu’à leur place, les forces de droite eussent sans doute fait la même chose. Les élus PS sont impliqués dans cette honteuse saga jusqu’au cou. Qu’ils assument.

Voici l’appel qui circule, nous le prenons ici chez Voxnr :

 

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Les oiseaux de la colère

Giorgio DamianiVoxnr  16 mars 2017

 

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Giuseppe BELVEDERE, âgé de 72 ans, a été mis à la rue par la mairie socialiste du 4ème arrondissement de Paris en 2010. Depuis, il vit dans une camionnette stationnée dans le quartier de saint Merri. Une histoire sur fond d’intrigue politique, de comportements étranges et de faux témoignages en plein Beaubourg !

Harcèlement policier orchestré par la mairie, agression, violence, maltraitance sont le quotidien de Giuseppe.

Comment une histoire pareille est-elle possible ? Un prétexte fallacieux pour l’expulser de chez lui : il nourrissait les pigeons de la place Pompidou… mais pas chez lui comme certains ont pu le prétendre lors de son procès. Un appartement sans doute convoité… Par qui ? Il habitait rue Saint Martin avec un loyer à moins de 100 € depuis près de 40 ans….

Des personnes formant aujourd’hui un réseau se sont réunis sur Facebook pour lui porter secours « les amis de Giuseppe ».

 

*

Quelqu’un que nous ne connaissons pas vient de lui consacrer un livre dont nous ne savons rien mais que présente M. Giorgio Damiani.

 

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Marie-Simone POUBLON

Les oiseaux de la colère

Éd. Dualpha – 15.05.2016

Collection : Vérités pour l’Histoire

210 pages

 

 

EXTRAIT

L’urgence pour nous, soutien de ce vieil homme, consiste à essayer de trouver des solutions à une situation inextricable car il ne pourra pas se sortir de ce mauvais pas sans aide.

Mais il n’acceptera cette aide qu’à certaines conditions.

La France pays des droits de l’homme, de liberté, d’égalité et de fraternité ne peut pas laisser un homme de 70 ans à la rue complétement démuni et sans force, sans envisager de réparer cette humiliation

Quels monstres serions-nous si nous ne l’aidions pas ?

Il est de notre devoir d’agir. (Chapitre 1)

Lire la suite…

Source : http://www.voxnr.com/8669/les-oiseaux-de-la-colere

 

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Il y a longtemps, c’est vrai, que s’est formée une association de fait appelée Les amis de Giuseppe, qui le soutient, qui tente de lui porter secours contre ses ennemis, qui l’a de nombreuses fois filmé (voir ci-dessous), et qui, à présent, fait circuler une pétition censée ameuter l’opinion publique. Il serait peut-être temps, en effet, de cesser de juste regarder… avant qu’il meure.

Nous ne pouvons pas faire moins que reproduire leur appel :

 

Paris : Halte à la maltraitance d'un vieil homme, Giuseppe

Les amis de Giuseppe  –  Pétition ouverte le 6 mars 2017

 

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À l'attention de la Mairie du 4e arrondissement de Paris, du Conseil de Quartier de Saint-Merri, de la Fédération du 3977 contre la maltraitance :

 

Tous ceux qui ont du cœur connaissent Giuseppe B., qui en 2005, traumatisé par le massacre des pigeons organisé par la mairie Place Beaubourg, a décidé de prendre leur cause en défense. Avant que les pigeons ne soient considérés depuis quelques années comme des nuisibles, ils ont rendu à la France, sa liberté au côté des soldats.

Giuseppe a été expulsé par la mairie de Paris 4 en 2010 alors qu’il ne croyait pas possible qu’une mairie socialiste puisse commettre un tel acte de cruauté. Il avait 65 ans. Mais ceci a été fait sans aucun ménagement et surtout sans solution de relogement comme l’imposerait la loi d’aujourd’hui. À 72 ans, il vit dans un camion dont les roues sont vandalisées à chaque fois qu’il les change, il est affaibli par la maladie qu’il a développée depuis qu’il est à la rue.

La vie de Giuseppe est gravement malmenée par les habitants du 4e arrondissement.

Les commerçants et habitants ont déjà réussi à le faire interner à deux reprises à l'hôpital Sainte Marie. Si la folie de Giuseppe revient à nourrir les oiseaux contre vents et marées, mérite-t-il l'enfermement, la violence de l'exclusion, l'acharnement à le faire disparaître ?

Sont-ils donc médecins spécialistes de la santé mentale pour oser poser un diagnostic et un traitement : l'enfermement ? Bien évidemment, non ! Seulement, ils ne veulent plus de Giuseppe et peu leurs importe qu'il soit à « l'asile », en prison, ou ...

Après l'avoir fait expulser de son domicile, lui avoir mis des contraventions d'un montant de 13.000 euros, l'avoir agressé plus de 50 fois de façon extrêmement violente, ils veulent le parquer à l'hôpital psychiatrique au milieu de personnes psychotiques, dépressives... alors qu'il ne demande rien d'autre que le droit de vivre sa vie et de continuer à soigner des oiseaux qui ont faim.

La haine de certains habitants du quartier fait qu’il est en danger de mort après toutes ces agressions. Il s’est fait notamment blesser par un chien d’attaque en octobre 2016 ; blessure qui continue d’engendrer des complications sur son état de santé, de plus en plus préoccupant. Giuseppe a porté plainte. Pour l’instant il n’y a eu aucune suite. L’agresseur court encore.

La vie dans la rue, les agressions verbales et physiques, les dégradations volontaires portées à ses véhicules-abris et les menaces de fourrière chaque semaine, le tuent petit à petit.

Il est soigné pour le cœur. Encore aujourd’hui, à l’heure où nous décidons de mettre en ligne cette pétition, les services municipaux le guettent alors qu’il est alité dans son camion avec une infection proche de la gangrène suite à la morsure du chien d’attaque. Quelques riverains haineux lui envoient encore la police alors qu’il essaie de se réchauffer dans sa camionnette-maison.

Une dame place Pompidou dirige sur ses yeux un laser au risque de lui faire perdre la vue. Que feriez-vous à 72 ans avec 580 euros de pension, aucune solution de logement, des pneus constamment vandalisés ? Tous ceux qui sont dans la haine vont réussir à le tuer.

Qu’importe ce qu’il fait, que l’on soit d’accord ou non avec son combat contre le massacre des pigeons dans les villes, il y a d’autres solutions. Les élus de la mairie de Paris 4 devraient (car ce sont des personnes comme dit Giuseppe « qui ont fait des études ») utiliser leur tête positivement et non pas pour détruire.

Giuseppe est photographié par les touristes qui eux observent le spectacle des oiseaux qui volent autour de lui.

Non, Giuseppe n’est pas fou. Il est fatigué par la haine… qui va le conduire dans une tombe.

Sauvons Giuseppe de la mort.

Signons ensemble cette pétition pour que la haine ne triomphe pas.

Cet homme n’est pas un ennemi, c’est un amoureux de la vie !

 

Donc, pour signer (même si les pétitions ne servent jamais à rien), C’EST LÀ

 

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Mais il serait temps que les habitants du IVe et les autres apprennent sur le tas ce que signifient les mots « démocratie directe ». On peut déjà leur dire que les pétitions n’y entrent pas pour grand-chose.

 

On ne sait pas, nous, mais instaurer des tournées-popotes pour l’aider dans ses distributions, qu’il n’y aille plus jamais seul, jusqu’à ce que la bourgeoisie versaillaise ait cédé… C’est la même, vous savez. Ou l’emmener se faire soigner chez le Pr Oberlin… C’est le même combat, vous savez. Organiser discrètement des tours de garde, de jour et de nuit, à proximité de son camion. Ce n’est pas sorcier, vous savez. Juste une question d’organisation et de (bonne) volonté.

 

Et voici les vidéos d’amateurs qu’au fil des ans « Les amis de Giuseppe » ont réalisées et mises en ligne. Elles sont de quelques minutes (deux d’une heure). Les notes sont des réalisateurs.

Privez-vous d’un peu d’abrutissement télévisé et regardez-les. Giuseppe a des choses à dire qui valent la peine d’être écoutées.

 

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Les ailes du paradis  –  14:07’

 

17 septembre 2012

Voici un film de 14 minutes réalisé dans une certaine urgence. L'urgence de Giuseppe qui se voit aujourd'hui harcelé et qui après avoir été expulsé de son appartement, risque d'être expulsé de son quartier. Ce film tente de donner à voir et à entendre l'humanité de cet homme, les raisons de son engagement à accomplir la mission qu'il s'est donné quel que soient les obstacles qui se dressent sur sa route. Ce film vous fera entendre le positionnement des habitants, des passants, des commerçants, ainsi que la vision de Giuseppe sur notre monde.

 

 

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La guerre des mondes  –  8:14’

 

13 nov. 2012

Ceci est une vidéo montrant à la fois le quotidien de Giuseppe et lui donnant l'occasion de s'exprimer sur les obstacles rencontrés, les obstacles humains souvent, il nous dira sa conception de la vie, évoquera son regard sur les enfants... Giuseppe est membre de la société protectrice des oiseaux des villes, la SPOV. C'est dans ce cadre qu'il nourrit et soigne les oiseaux de Beaubourg, ceci a pourtant entrainé son expulsion de son logement en 2010. Son troisième hiver à la rue s'inaugure, alors que le froid arrive. Partageons, dénonçons ce que vit Giuseppe et sa mise au ban de la société pour un crime qui n'en est pas un : nourrir les oiseaux.

 


 

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Pétition pour laisser sa voiture-abri à Giuseppe Belvedere  –  6:37’

 

4 janvier 2013

Mis à la rue parce qu'il donnait à manger aux pigeons, Giuseppe Belvedere est aujourd'hui clairement menacé de se voir supprimer sa voiture, son dernier abri. Signez nombreux cette pétition : http://www.causes.com/actions/1721779... [Déjà des pétitions ! NdGO]

 


 

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Le crépuscule des oiseaux  –  13:18’

13 février 2013

Dans ce quartier du centre de Paris, autour de ce grand centre d'art contemporain qu'est Beaubourg, on tue les oiseaux, les moineaux, les pigeons. Un homme lutte.
Un film, « le crépuscule des oiseaux » vous présente la vérité, la vérité de cette lutte contre la mort d'une espèce, de cette lutte contre l'acharnement des habitants, des autorités contre ces oiseaux.

Deux camps s'affrontent, celui de ces hommes et femmes qui pensent que la nature n'a pas ses droits dans le quartier aseptisé du Marais, et Giuseppe qui tente chaque jour de préserver la vie sous toutes ses formes. Vous verrez dans ce film combien la lutte est acharnée, sans fin et violente. Giuseppe vous fera part de ses difficultés, de ses incompréhensions, de ses colères. Des thèmes existentiels forts et universels seront abordés par notre ami.

 


 

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Le camion de l’espoir  –  3:37’

 

24 février 2013

Je voudrais vous présenter Sisco, qui est une preuve, une de plus, des belles rencontres qu'aura permis la page http://facebook.com/Les.amis.de.Giuseppe.
Au delà du bien fait à Giuseppe, elle aura permis le baume au coeur que représente la belle action que nous venons de mener ensemble.

Sisco est venu faire des étagères dans le camion de Giuseppe. Cet homme aussi serviable que sympathique, nous a confié s'être pour une fois senti vraiment utile. Il était très touché de ne pas seulement aménager un cadre de vie plus agréable mais sentir que son travail est utile à la survie d'un être.

 Il a travaillé sous la neige, dans la rue afin que Giuseppe puisse revenir a son camion recharger ses sacs de nourriture pour les oiseaux.

Nous nous permettons de mettre un lien vers son site car il est rare de trouver un bricoleur artiste, proche des gens, doué et dévoué, qui plus est à Paris. https://www.facebook.com/Espace.KORTO...

La plupart des riverains étaient indifférents. Certains ont fait la moue, une tête en somme très signifiante venant dire leur intolérance. Un peu comme ce voisin qui est sorti l'autre soir pour nous asséner: « Après la voiture, le camion et à quand le semi remorque ?! »; Charmant et tellement altruiste, pas méchant, pas intolérant, pas nombriliste pour un sou... Mais un sou est un sou, et Giuseppe risque de faire fuir les clients friqués.

Le froid revient a Paris. Mais grâce au camion, grâce au chauffage, aux étagères et à la générosité de tous, Giuseppe est heureux, vraiment heureux. Il ne manque plus que les oiseaux soient eux aussi respectés, que la ville et que les hommes cessent de les mettre à mort. Arrêtons  de tuer les oiseaux et Giuseppe aura gagné son combat.

 


 

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Des ailes sans voler  –  3:15’

 

6 juin 2013

La bonne Maire de Paris Delanoë a expulsé abusivement le mauvais Père de famille Giuseppe, car il donnait à manger aux pigeons. Qui sera le prochain pigeon ?
Réalisation : je DOIGT changer le monde CLIC & partager - page facebook : les amis de Giuseppe. Partager est un acte de soutien et de résistance.

 


 

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Giuseppe résistant – 5:36’

 

10 juin 2013

Giuseppe résiste, à la rue, contre l’injustice de la mairie de Paris.

Rencontre entre Giuseppe et le député belge Laurent Louis. [Laurent Louis qui, depuis, est à la rue aussi ou peu s’en faut. Mais qui aura entretemps appris des choses. NdGO]

Réalisation : Je DOIGT changer le monde clic & partager- rejoins la page facebook les amis de Giuseppe.

 


 

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Papa, où t’es ? – 59’51’

 

2 juillet 2013

Il est ici papa.

Le mauvais père de famille – GIUSEPPE

Giuseppe dit avoir été expulsé abusivement de son logement par la Mairie de Paris, parce qu’il nourrissait les pigeons. Ça fait trois ans qu'il est à la rue et continue à nourrir les pigeons devant son ancien logement, devant Beaubourg.

« Un oiseau né en cage pense que voler est une maladie » Jodorowski A.

 


 

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Les anges ne meurent pas  –  25:23’

 

23 septembre 2013

Ce film vous présente Giuseppe, cet homme qui sans relâche nourrit et soigne les pigeons dans le 4e arrondissement de Paris, aux alentours de Beaubourg et ce, depuis de nombreuses années. Il y exprimera à la fois les raisons de son combat, ce combat qui vise à ce que les oiseaux puissent vivre, même à Paris, même si un certain nombre d'habitants et d'élus souhaitent les éradiquer. Vous y entendrez également les opposants à Giuseppe, ceux qui ne veulent, ne peuvent comprendre cette mission qu'il s'est assignée depuis tant d'années.

« Les anges ne meurent pas », ni Giuseppe, à la rue depuis 3 ans , ni les oiseaux qui ont trouvé en Giuseppe le gardien de leur vie. Espérons qu'au delà de la survie de ces pigeons, des moineaux, de la survie de Giuseppe qui évolue au milieu d'une agressivité ambiante que le film tente de transmettre, un jour, pourront cohabiter homme et animal, êtres vivants différents, dans le respect les uns des autres.

 


 

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Et pourtant, ils l’ont fait  – 10:21’

 

19 mars 2014

Voici une vidéo qui vous montre un moment émouvant de la vie de Giuseppe. Ses enfants sont venus de Calabre pour le voir. Son fils ne l'avait pas revu depuis plusieurs années. On y perçoit l'amour qui les lie mais aussi les incompréhensions, les transmissions. Giuseppe est un homme, un père, un protecteur et un missionnaire.

 

 

 

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La fête des pères, Giuseppe à la rue vs/ le maire de Paris Bertrand Delanoë  –  59:30’

 

19 mars 2014

Giuseppe le mauvais père de famille, pensionné et malade, expulsé de son logement car il nourrissait les oiseaux VS le bon Maire de Paris Delanoë. Une guerre invisible a lieu tous les jours autour du Centre Pompidou, Musée National d'Art Contemporain (Beaubourg). L'amour de la vie contre l'amour du pouvoir. La différence contre l'indifférence. La reconnaissance contre le mépris. La fête des pères contre l'absence de Maires.

 


 

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Hypocrisie, démagogie, imposture  –  3:46’

 

23 mars 2014

J'ai interviewé Giuseppe à sa demande devant les affiches des élections municipales. Il témoigne devant les candidats à la mairie de Paris sur sa situation. Il ne s'agit pas d'exprimer une quelconque orientation politique, ou de faire passer des idées politiques. Il s'agit simplement du témoignage de Giuseppe sur ce qui lui est arrivé et pour lequel il demande sans relâche réparation. Giuseppe tient à dire à ces candidats tout sourire que l'on a injustement mis un homme à la rue parce qu'il nourrissait ces oiseaux tant haï: les pigeons.

 


 

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Giuseppe, la mauvaise herbe du Marais – 3:55’

 

11 avril 2014

Giuseppe Belvedere ne fait pas l'unanimité dans le quartier Beaubourg qui s'aseptise de jour en jour...

Mais on ne l'en délogera pas si facilement, et c'est la liberté et la volonté chevillées au corps qu'il continue sa tâche et veille sur les pigeons. Giuseppe raconte son histoire et interroge sur ce que la société laisse comme espace de liberté dès qu'on sort de son modèle normé et commercial. Son histoire évoque aussi la transformation des quartiers populaires de Paris et ses conséquences sociales. Quant à cette pratique un peu particulière de « nourrissage de pigeons », au-delà des polémiques entre salubrité et défenses des animaux, elle révèle un besoin de se sentir utile quand une société décrète qu'on ne l'est plus...

 


 

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L’odyssée de Giuseppe  –  2:28’

 

8 septembre 2014

Voici une vidéo qui montre le genre d’attaque dont est victime quotidiennement Giuseppe Belvedere. Il est à la rue depuis maintenant 4 ans, expulsé de son logement par la mairie de Paris parce qu'il nourrit les pigeons dans le 4e arrondissement de Paris. Depuis plusieurs semaines, des habitants le visent avec des bouteilles d'eau pleine depuis le 4me étage d'un immeuble haussmannien. Projectiles d’un demi kilo, 1 kg, 1kg et demi qui lui tombent sur le dos, la tête, qui pourraient le tuer. Des passants pourraient également être victimes de ces bombes artisanales qui visent à débarrasser le quartier de Giuseppe, parce que d’aucuns n’y supportent pas qu’il nourrisse les oiseaux.

C'est parfaitement inhumain et inadmissible. Nous savons que le quartier ne veut pas de Giuseppe, ni les habitants, ni les commerçants, ni la mairie. Nous sommes là et soutenons Giuseppe, car nous ne voulons pas de cette humanité-là qui sait que tuer l'autre, le différent, le gêneur.

Pour en savoir plus sur Giuseppe Belvedere, rendez-vous sur https://www.facebook.com/Les.amis.de....

 


 

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Giuseppe, l’homme qui vaut des millions de vues – 4:24’

 

15 avril 2015

« Giuseppe était locataire dans un appartement de la mairie de Paris, payait son loyer tous les mois avec sa retraite. Mais l'administration a récupéré le logement et mis dehors Giuseppe. Depuis, part dignité, le Calabrais refuse toute aide d'urgence : foyers, repas etc... Le vieil homme au dos courbé ne veut pas plier l'échine. S'il en est là aujourd'hui, c'est probablement parce qu'il ne s'intègre pas dans le paysage branché de Beaubourg et qu'il nourrit les pigeons, l'animal le plus détesté de ces Parisiens. L'homme se bat armé d'une vieille pancarte qu'il trimballe avec son caddie. Cette vidéo est là, comme les autres, pour le sortir de l'ombre de sa camionette, son seul refuge. Partagez svp... ». Diane.

 


 

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Je suis Giuseppe  –  5:22’

 

5 mai 2015

Même commentaire de Diane que ci-dessus.

 


 

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Rien ne rend plus aveugle que ce que l'on voit uniquement avec les yeux  –  2:41’

 

29 décembre 2015

Même commentaire de Diane que ci-dessus, et  

Sa seule demande : « Partagez...que mon histoire fasse le tour du monde pour que ce qui m'est arrivé n'arrive à plus personne. »

 


 

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Les pigeons de Beaubourg  –  2:06’

 

 

6 mars 2016

« Giuseppe ne s’intéressait pas spécialement aux pigeons, jusqu'à ce qu'il apprenne que la mairie voulait les exterminer. Alors, il s'est mis à les nourrir. La mairie l'a prévenu : s'il continuait, on lui supprimerait son logement à loyer modéré. Mais il a continué, et on l’a jeté à la rue. »

 


 

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Puisque c’est un délit désormais de nourrir les pigeons (pas qu’à Beaubourg), Giuseppe paie ses amendes – tant par mois, à une mairie qui les gaze. Coût : ± 6 € par pigeon gazé. Ainsi, qu’il le veuille ou non, c’est avec l’argent de Giuseppe qu’on extermine ses protégés. Belle métaphore du monde comme il va.

 

LIENS

https://blogs.mediapart.fr/edition/sans-abris-sdf-exclus/...

https://credopigeons.wordpress.com/2016/10/16/sos-pour-gi...

 

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Ceux qui s’occupent de l’un s’occupent aussi des autres

 

Mineurs isolés étrangers : quand l’investigation prend le pas sur la protection

Entraides citoyennes  20 novembre 2016

 

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20 novembre, journée internationale des droits de l’enfant.

Pour rappel :

Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE, Assemblée Générale des Nations Unies, 20 novembre 1989) article 20 §1 :

« Tout enfant qui est temporairement ou définitivement privé de son milieu familial, ou qui dans son propre intérêt ne peut être laissé dans ce milieu, a droit à une protection et une aide spéciale de l’État. »

Observation générale n°6 du 1er septembre 2005 relative à l’article 2 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant :

« Les obligations qui incombent à un État en vertu de la Convention s’appliquent à l’intérieur de ses frontières, y compris à l’égard des enfants qui passent sous sa juridiction en tentant de pénétrer sur son territoire. La jouissance des droits énoncés dans la Convention n’est donc pas limitée aux enfants de l’État partie et doit dès lors impérativement, sauf indication contraire expresse de la Convention, être accessible à tous les enfants – y compris les enfants demandeurs d’asile, réfugiés ou migrants – sans considération de leur nationalité, de leur statut au regard de l’immigration ou de leur apatridie. »

 

8h du matin, il fait froid, A. a rendez-vous pour une évaluation sociale à la Mission d’Accueil des Mineurs Isolés Étrangers du Conseil Général de l’Essonne qui permettra de déterminer s’il est ou non un mineur non accompagné (anciennement isolé étranger) et qui déclenchera ou non une prise en charge par l’Aide sociale à l’enfance. Il a peur. Il ne sait pas exactement où il se rend ni trop pourquoi il s’y rend. Il croit venir demander l’asile. Mais il a déjà demandé l’asile à Paris dit-il. Non, il s’est rendu au Dispositif d’Évaluation des Mineurs Isolés Étrangers géré par la Croix-Rouge où il s’est vu notifié d’un refus. Il n’a pas compris. Évidemment, il n’a pas compris, pourquoi devrait-il raconter son histoire pour prouver qu’il est mineur, ça n’a pas de sens… À vrai dire, plus rien n’a de sens, tout ce qui lui importe désormais c’est d’obtenir un toit et de pouvoir manger à sa faim, après avoir passé plusieurs jours à errer dans les rues de Paris. 

A. a 15 ans, il arrive d’Afghanistan, seul. Il a quitté sa famille, sa maison, sa ville, son enfance, il a traversé mers et montagnes, voyagé à pied, en train, en bus ou caché à l’arrière d’un camion pour venir se réfugier en France. Ses raisons, elles nous importent peu, son histoire, elle nous regarde peu, ce qui compte aujourd’hui à cet instant c’est qu’il a 15 ans et qu’il est seul. Il a tout laissé derrière lui, tout ce qui constituait sa vie, pour une autre qu’on lui a promis bien meilleure mais qui tarde à se montrer. Ils sont nombreux, semblables à A., pour qui l’espoir, vendu au prix fort, s’est transformé en cauchemar. Ils déambulent, se laissent porter par les évènements, sans laisser de traces visibles, tant, qu’ils deviennent presque invisibles. Pourquoi ? Parce qu’il faut prouver son âge, il faut prouver l’isolement, la vulnérabilité, il faut rentrer dans une case dont les contours semblent insaisissables.

Lire la suite…

Source : http://entraides-citoyennes.org/mineurs-isoles-etrangers-...

 

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Ceci est vieux de plusieurs mois. Rappelons qu’au moment de la grande vague migratoire de l’an dernier en provenance de l’Est, plus de dix-mille enfants ont disparu quasi du jour au lendemain après avoir été enregistrés par les polices de l’espace Schengen.

Où sont-ils ? Dans quelles mains ?

Sont-ils gazés comme les pigeons, vermine indésirable ?

Ceci n’est qu’un écho en passant. Le problème est énorme et s’en accomoder passivement est indigne.

Site à suivre en tout cas :

 

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Aide inconditionnelle aux sans-abris, sdf et exclus

http://entraides-citoyennes.org/

 

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« Dispositif d’évaluation »

 

Le citoyen lambda sait-il bien ce que ces mots signifient ?

Il en a été question ici-même, il y a peu, à propos d’un livre de M. Günter Grass (Toute une histoire), qui a vu cette invention à l’œuvre dans son pays au moment de la « réunification » des deux Allemagnes, ceux d’Allemagne de l’Est ayant été, selon lui, systématiquement « évalués pour être dévalués ». Invention néfaste, donc, par quelque bout qu’on la prenne.

Ce qu’il ne précise pas dans son livre, c’est que les évaluateurs (pour lui « occidentaux ») étaient en l’occurrence la BERD, alors présidée par M. Jacques Attali, modeste inventeur de la chose.

 

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73 à présent et mentor de Petit Micron

 

Pour une fois, nous empruntons quelque chose au Monde Diplomatique

Juger les juges

Qui évaluera Jacques Attali ?

par Louis Pinto 

 

 

 

Lévaluation se présente comme une technologie avancée permettant de rompre avec un passé routinier. Elle débouche sur une cartographie où tout le monde est identifié, situé et, le cas échéant, exhibé au regard public, de l’opérateur sur écran d’ordinateur jusqu’aux ministres, en passant par les professeurs, les chercheurs, les policiers. A chacun selon ses mérites… Avec de la bonne foi et de l’ingéniosité, on peut parvenir à des standards indiscutables : il y a des patrons qui « créent de la valeur pour l’actionnaire », des vendeurs qui vendent, des universités, des lycées plus demandés que d’autres, et, enfin, des « perdants » qui perdent de l’argent.

Mais que mesure-t-on vraiment ? Tant qu’on ne s’interroge pas sur la fabrication des critères d’évaluation, on risque de consacrer de fausses évidences : la réussite prouverait de la valeur, laquelle s’exprime dans la performance. La tautologie (celui qui réussit est ipso facto le meilleur) prend la forme trompeuse d’une proposition dotée de contenu.

Pour mieux comprendre ce qu’il en est, on peut s’essayer à l’exercice auquel nous invite ce pousse-au-crime qu’est Jacques Attali : évaluons Jacques lui-même (appelons-le ainsi pour garantir l’anonymat et l’équité), auteur du récent rapport Attali (1), qui prône, entre bien d’autres choses, un usage intensif et extensif des procédures d’évaluation (2). Une telle idée ne lui serait assurément jamais venue, tant la certitude de se voir mis au premier rang aurait froissé la modestie d’une personnalité louée par M. Nicolas Sarkozy autant que par Mme Ségolène Royal. Mais essayons...

Jacques s’est lancé, comme éternel ancien petit génie sorti de Polytechnique, dans toutes sortes d’occupations politiques, économiques, intellectuelles et autres. Faut-il évoquer le rôle de l’ancien conseiller du président Mitterrand dans l’émancipation des couches populaires, le renforcement politique du Parti socialiste, ou, au contraire, son rôle dans le tournant de la rigueur de 1983, l’abandon des dogmes à coloration étatiste, dirigiste, marxiste ? D’emblée, nous voilà arrêtés par une difficulté préliminaire : selon ce qu’il tient pour un mérite ou pour un défaut, l’évaluateur se voit renvoyé vers l’archaïsme d’une gauche attardée à la défense des classes populaires ou vers un modernisme sans droite ni gauche qui ne connaît que les « challenges » de la compétition économique. Comment choisir ? Ou plutôt : comment ne pas voir ce qu’il faut choisir si l’on connaît un tant soit peu d’économie et d’anglais ?

Au passage, un autre présupposé serait à élucider : la constance politique est-elle vraiment une vertu, ne serait-elle pas plutôt un symptôme de blocage ? Là aussi, le choix révèle le point de vue : d’un côté, ceux qui s’entêtent dans la fidélité à des principes robustes ; de l’autre, ceux qui apprécient la mobilité, l’ouverture, le changement. Comment hésiter ?

Peut-être sera-t-il plus aisé d’évaluer notre grand évaluateur sur le terrain d’excellence de l’évaluation, celui de la gestion économique. Entre autres fonctions, Jacques a présidé la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), créée en 1990 pour hâter l’immersion des pays de l’Est dans le grand bain de l’économie de marché. On remarquera trois choses : la nomination fut moins liée aux talents de banquier du candidat qu’à la capacité du président François Mitterrand de l’imposer à ce poste ; le bilan a été controversé ; apparemment soucieux de son confort propre autant que du développement des pays de l’Est, Jacques a dû démissionner en 1993. Dans de telles affaires, la réussite ne peut se décider à la façon d’un résultat sportif. L’évaluateur évalué et malmené pourrait s’interroger sur les recours dont dispose un évalué de rang modeste face à ce qu’il tient pour des erreurs de jugement.

Quant aux sociétés de conseil fondées par la suite, comme Attali & A, faut-il imputer leurs bénéfices au génie entrepreneurial du patron ou bien à son impressionnant réseau de relations tissé à l’Elysée ? Ce qui conduit à se prononcer sur la question de savoir si le capital relationnel doit être pris en compte, ou non, dans l’évaluation de l’action d’un dirigeant, quitte à estimer que ce pourrait bien être là son seul mérite.

Que dire de Maître Jacques le penseur, auteur d’innombrables livres sur des sujets les plus divers ? Là aussi, on peut osciller entre des options opposées selon que l’on prend l’auteur pour un esprit brillant et universel ou pour un peintre du dimanche non dénué de toupet. Comment trancher ? Par exemple, en envoyant son livre sur Marx aux meilleures universités américaines, celles du classement de Shangaï, qui fascine notre postulant à l’évaluation, pour être jugé par les spécialistes « incontestés » du marxisme (3). On mesurerait alors la part de l’originalité, de la profondeur et celle du délayage, de la deuxième main, du plagiat (cela a été affirmé) et du faux-semblant. Puis on demandera à ces experts s’ils recruteraient un tel chercheur pour quatre ans, davantage – ou pas du tout.

Supposons maintenant que Jacques ne soit pas le meilleur dans tous ces domaines. A quel type de sanctions se trouverait-il exposé ? Il y a des seuils dans l’espace social où les profits varient sans être jamais négatifs. Le capital dont dispose une « personnalité » tient à la force sociale que lui assurent ses liens à des milieux économiques, patronaux, politiques, médiatiques. Par exemple, un livre signé de pareille plume étant presque toujours salué comme un « événement » par la presse « unanime », on voit mal ce qu’il faudrait faire pour démériter. Le propre d’une telle personnalité est d’échapper à la mesure objective, ou, si l’on préfère, de ne connaître que des mesures sur mesure.

Une illustration intéressante de nos jours est donnée par la fonction de maître-d’œuvre de rapports officiels (MM. Alain Minc, Edouard Balladur, Michel Camdessus, etc.) commandés par le pouvoir politique pour mettre en forme des « recommandations » déjà présentes en pointillé dans la lettre de mission. Les personnalités concernées apparaissent d’autant plus « indépendantes » qu’elles combinent les figures indéfinies du « sage » et de l’« expert ». Qui évaluera une telle combinaison ? Réponse : le pouvoir politique.

Si Jacques Attali (levons l’anonymat) n’est pas un cas particulièrement original, il présente toutefois le mérite de révéler le contraste entre l’avidité à évaluer les autres et le traitement de faveur réservé à ses propres performances. Il suggère aussi des questions plus générales. Qu’est-ce qu’un patron ou un homme d’Etat performant et créatif ? Dans leur autoévaluation, les groupes dominants sont toujours portés à faire valoir des qualités personnelles impondérables et, simultanément, à assujettir les membres des groupes les plus modestes à des exigences strictes de mesure (adresse, rapidité, docilité et/ou initiative…).

Qui sera juge des juges ?, se demandait Pierre Bourdieu face aux dérisoires palmarès d’intellectuels publiés par la presse. Les luttes pour les classements sont une dimension essentielle des luttes sociales. A vouloir l’ignorer, on contribue à naturaliser les verdicts des dominants. Les « meilleurs » sont présumés être les plus intelligents, les plus courageux et peut-être – qui sait ? – les plus doués génétiquement.

Si l’on ne peut s’abandonner à l’utopie d’une absence de classement, du moins serait-il avisé de réfléchir aux conditions dans lesquelles l’évaluation peut échapper à l’arbitraire des relations de force. Dans des disciplines scientifiques où existe un savoir contrôlé, validé, la seule source d’évaluation légitime est celle des pairs. Ce n’est pas un président d’université, un journaliste, ou un « expert » qui décidera qui est bon mathématicien, c’est un mathématicien. Dans d’autres univers exposés au conflit et au débat, des critères univoques seraient irrecevables. Si toute mesure enferme des présupposés politiques, on peut les expliciter. Des économistes ont ainsi proposé des solutions de rechange aux indicateurs dominants en évaluant les politiques au moyen de critères qui rendent compte de la santé des individus, des inégalités sociales, etc.

« Ou on est bon ou on n’est pas bon » : mieux vaut ne pas s’en tenir à cet adage de décideur, tellement sommaire qu’il n’est pas aisé, on l’a vu, de l’appliquer à Attali, même si l’on a une petite idée.

Louis Pinto

Directeur de recherche. Auteur, entre autres, de La Vocation et le Métier de philosophe. Pour une sociologie de la philosophie dans la France contemporaine, Seuil, Paris, 2007.

Source : http://www.monde-diplomatique.fr/2008/04/PINTO/15817

 

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Mis en ligne le 23 mars 2017

 

 

 

 

17:52 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

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