06/06/2014
Pourquoi les Russes ne...
Pourquoi les Russes ne…
First things first
Il y a un moment que nous voulions vous parler du site www.les-crises.fr , « le-blog-d’Olivier-Berruyer-mais-pas-que », qui fait vraiment de l’excellent travail. Il est plus que temps. Voyez par vous-mêmes, et surtout, n’hésitez pas à remonter dans les semaines précédentes. Les textes sont souvent de premier ordre et les photos rares. Ceci est d’hier :
« Un journaliste est soit une pute soit un chômeur, d’où le surnom journalope »
Surya, lecteur de les-crises, 5.6.14, à propos de Marie Jego, du Monde.
5 juin 2014
[Énorme] La transcription de l’interview de Vladimir Poutine en version intégrale : le scandale des coupes de TF1
Voici la transcription de l’interview de Poutine d’hier. C’est la traduction de la version intégrale issue du site du Kremlin (ou ici en russe, ou là).
En effet, pour faire tenir cette interview de 41 minutes en 24 minutes, TF1 a sabré largement dans certaines parties. Comme il a été décidé de couper des éléments essentiels sur la Crimée, l’opposition dans les médias français, et de laisser des propos sans intérêt, genre sur la langue qu’il utilise avec Hollande, le mot censure me semble adapté – vu qu’il y a rétention d’informations importantes qui éclaireraient le public français. D’autant que rien n’empêchait de mettre en ligne sur le web la version complète… Et je reviendrai sur la faute inacceptable de traduction quand il parle d’Hillary Clinton.
Ceci étant, reconnaissons qu’il est salutaire que TF1 et Europe1 aient interviewé Vladimir Poutine…
Tout est donc traduit ici – les passages censurés sont en exergue – à vous de voir s’ils méritaient de l’être…
Source : www.les-crises.fr/interview-poutine-scandale-des-coupes/
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Pour ceux à qui on n’a pas enseigné l’histoire (même anecdotique) à l’école :
Le Shtandart
(« Étendard »), est un navire-école russe, réplique de la frégate construite par Pierre le Grand en 1703, qui fut le navire-amiral de sa flotte.
Avis à ceux qui ont des sous : une souscription est ouverte pour remplacer ses voiles.
Shtandart - Legendary sailing ship from ActiveLifeVideo.com on Vimeo.
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Et puisqu’on est le 6 juin et que tout le monde est à Caen :
Ce qui ne veut pas dire qu’on se fout des 184.000 GI’s, dont certains étaient des engagés mais beaucoup d’autres des conscrits, qui auraient peut-être préféré rester chez eux et vieillir au lieu d’aller s’occuper des affaires de l’Europe.
Ce que l’image ne montre pas, c’est le zéro mort civil US sur son sol, et les
Plus de 60 millions de morts en 1945
ailleurs
La deuxième guerre mondiale a fait plus de 60 millions de morts parmi les militaires et les civils. Les nations qui ont payé le plus lourd tribut sont l’URSS, avec plus de 23 millions de morts, la Chine avec presque 12 millions de morts, puis l’Allemagne, avec 7 millions de morts civils (recensés) et militaires. Les oublier, c’est les tuer une seconde fois. * Aux millions de morts civils soviétiques, il convient d’ajouter ceux exterminés dans les camps nazis au titre de « communistes », ceci valant également pour les Allemands. Il convient aussi d’y ajouter les quelques centaines de miliers de morts (immédiats) d’Hiroshima et de Nagazaki – il en meurt encore – et le nombre inconnu de brûlés vifs au phosphore d’Allemagne, tous sacrifiés sur l’autel de l’expérimentation d’intéressantes armes nouvelles, largement utilisées depuis dans un nombre effarant de guerres (aucune russe)
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Pourquoi les Russes n’interviennent pas en Ukraine
On vous explique :
Le Saker - vous savez maintenant qui c’est - s’époumonne à expliquer aux uns et aux autres (principalement aux commentateurs de ses articles) pourquoi il ne faut pas que les Russes interviennent militairement en Ukraine et pourquoi ils ne le feront pas, sauf en cas de guerre planétaire au nucléaire inévitable, c. à d. déclenchée par d’autres.
Étant tombé sur un article qui vidait la question une fois pour toutes, mais en russe, il avait fait un appel pressant à quiconque aurait le temps, qu’il n’avait pas, de traduire ce long texte, qualifié par lui d’importantissime.
Eh bien, il n’y avait qu’à demander : un de ses lecteurs – qui signe BM - a fait la traduction du russe en anglais et la lui a envoyée. C’est là que nous l’avons lue. Mais de traduction française, point. On peut trouver assez régulièrement des articles du Saker dans quelques mauvais lieux tels que Le Grand Soir, Tlaxcala, Réseau International, Oulala.net et même, éventuellement, Les Grosses Orchades, mais, comme sœur Anne, sur celui-là, nous n’avons encore rien vu venir.
Nous croyons cependant savoir que quelqu’un vient de s’y coller et nous lorgnons la route qui poudroie et l'herbe qui verdoie. Dès que nous recevons quelque chose, nous vous l’ajoutons ICI-MÊME.
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Le voilà :
09/06/2014
Article original publié le le 30 Mai 2014 sur le site sur worldcrisis.ru
Traduit en anglais par le site : http://vineyardsaker.blogspot.be
Traduction en Français : Captain Flem
Le niveau des discussions analytiques sur l'Internet russe est parfaitement décrit par le politologue Simon Uralov: «Considérer que la crise ukrainienne a façonné seulement l'esprit des collègues de Kiev et les a tous transformés en sanguinaires hystériques est fondamentalement erroné. Parmi les collègues de Moscou, il y en a aussi un nombre incroyable ». Le but de ce document est de prendre du recul par rapport à l'hystérie et de froidement analyser la situation en Ukraine.
Je vais commencer par les éclaircissements nécessaires sur plusieurs sujets émotionnellement importants :
Pourquoi il n'y a pas d'intervention militaire russe ?
Si ce texte avait été écrit quelques jours plus tôt, une partie importante de celui-ci aurait dû être consacré à expliquer pourquoi l'envoi de troupes en Ukraine était inapproprié et tout simplement stupide, même après le référendum. Heureusement, le chef de la résistance à Slaviansk, Igor Strelkov, fait face à cette tâche mieux que moi : dans son message vidéo, il a décrit très clairement l'inertie de la population locale de Lugansk et Donetsk en termes de mesures concrètes pour protéger leurs intérêts contre la junte. Anticipant les arguments sur le référendum, je m'empresse de dire qu'une coche sur le bulletin de vote est certainement cool, mais que ce n’est pas très différent de pisser dans un violon ou d’un «J'aime» sur Facebook. Parce qu’un "J'aime" mis sur un bulletin ne change rien. Le référendum a été une action nécessaire mais pas suffisante.
Dans quelle mesure le Kremlin était-il préparé aux événements d’Ukraine et quelle est sa part d'improvisation maintenant ?
Je vous conseille de lire le télégramme de Wikileaks : https://wikileaks.org/plusd/cables/08MOSCOW265_a.html, dans lequel il est rappelé que le Kremlin a clairement indiqué aux Américains en 2008 les scénarios que nous voyons aujourd'hui : « Les experts nous disent que la Russie est particulièrement inquiète des fortes divisions interne en Ukraine sur l'OTAN, avec un rejet de l'adhésion de la communauté ethnique russe qui pourraient conduire à une scission majeure, impliquant de la violence ou, pire, une guerre civile. Dans cette éventualité, la Russie aurait à décider une intervention; et que c’est une décision à laquelle la Russie ne veut pas avoir à faire face ».
Il est logique de supposer qu'un tel développement, pour le Kremlin, n'était pas une surprise et que nous sommes maintenant dans un scénario encore plus désagréable mais moins nuancé, quelque chose comme un « Plan E ».
Afin de comprendre ce que le Kremlin va faire, nous allons formuler des objectifs:
- - Ne pas permettre l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN.
- - Ne pas permettre la mise en place et la stabilisation en Ukraine d'un régime russophobe, ce qui implique une dénazification.
- - Ne pas permettre le génocide de la population russe du Sud-Est.
Idéalement cela nécessite la mise en œuvre de ces trois objectifs tandis que, dans le même temps, il ne faut pas casser l'économie russe en cours de réorientation vers l'Asie, tout en empêchant les Américains de réaliser leurs objectifs économiques au détriment de l'UE.
Comment peut-on réaliser ces objectifs ?
Prenons le scénario le plus simple et voyons quelles sont les vulnérabilités et les conséquences négatives :
Ainsi, l'armée russe entre en Ukraine et quelques jours plus tard prend Kiev, puis capture toute l'Ukraine. Les « patriotes » sont en liesse, il y a des défilés sur le Khreschatyk, etc
Il semble que les trois objectifs aient été atteints, mais les problèmes suivants émergent :
1. Dans l'UE, où l'élite des affaires européennes a lentement écrasé les pieds des politiciens et appuyé sur les freins en matière de sanctions, le «parti de la guerre» (c. à d. «Le Parti des États-Unis», ou plutôt « Le Parti de la Pax Americana») triomphe clairement. Un maximum de véritables sanctions contre la Fédération de Russie auront des effets terrifiants, principalement pour l'économie européenne elle-même, qui tombera immédiatement en récession. Donc rien de réjouissant.
Dans ce contexte, les Américains forceront facilement la signature de leur version du traité de partenariat transatlantique sur le commerce et sur l'investissement, un accord commercial, qui fera de l'Union un appendice de l'économie américaine. Les négociations sur le traité sont en cours en ce moment et, pour les Américains, l'entrée des troupes russes en Ukraine serait un énorme cadeau. Les sanctions contre la Russie détruiraient les affaires européennes, et les barrières commerciales avec les États-Unis achèveraient de terminer ce travail. Ce que nous avons à la fin : l'UE dans un état d'après-guerre; les États-Unis, comme un chevalier blanc, absorbant dans la joie le marché européen sur lequel ils n'ont pas et n'auront plus de concurrents; la Fédération de Russie pas dans la meilleure forme. Il semble bien pour tout le monde que quelqu'un dans cette situation est le dindon de la farce, et que ce quelqu'un n'est clairement pas les États-Unis. Par ailleurs, il vaut mieux ne pas compter sur une argumentation rationnelle pour convaincre les politiciens U.E. de ne pas permettre un tel suicide économique. La pratique montre que les Euro-bureaucrates ne sont pas capables de comprendre même cela.
2. Outre le fait que, dans ce cas de figure, le Kremlin rendrait service à Washington, nous devons nous pencher sur ce qui se passerait en Russie même.
- Si les sanctions contre la Russie sont effectives avant que le méga-contrat de gaz de 30 ans avec la Chine ne soit signé, la Chine est en mesure de négocier un prix en position de force. En fait, en position de chantage (Cette possibilité transparaît dans le comportement de la Chine, quoique pas clairement).
- Si les sanctions sont imposées contre la Russie avant que le méga-contrat pétrolier avec l'Iran ne soit paraphé, contrat grâce auquel elle doit être en mesure de contrôler 500.000 barils de pétrole supplémentaires par jour, l'Iran sera en mesure d’en négocier le prix en position de force.
- Toutes les tentatives ultérieures pour construire quelque chose, même pour la livraison d'importations dont elle a besoin maintenant, lui reviendront très, très cher.
- Si les sanctions tombent avant la signature de l'accord sur la création de la Communauté économique eurasienne, imaginez quels leviers auront Loukachenko et Nazarbaïev pour tordre les bras à Poutine lors des négociations. Encore un peu, et Moscou, afin de créer la Communauté économique eurasienne, devra payer pour livrer son pétrole.
3. La Fédération de Russie aurait à assumer la responsabilité de la restauration de l'économie ukrainienne et la dénazification : où trouver le nombre nécessaire de dénazificateurs en « casques poussiéreux » (si quelqu'un a oublié : selon Okudzhava, ce sont les commissaires en casques poussiéreux qui se sont penchés sur les héros morts de la guerre civile) pour combattre les groupes compacts de nazis ukrainiens, qui profiteront cependant de l'appui et de l'équipement de l'étranger ? Dans l'ensemble, il est clair que ce scénario profite grandement aux États-Unis et à la Chine. La Russie retire de tout cela un profond sentiment de satisfaction morale, qui, cependant, ne prend pas en compte les questions économiques et les malédictions futures des «généreux» Ukrainiens qui seront mécontents de « vivre sous l'occupation ».
Comment s'articulent ces points clés de nos vulnérabilités dans le temps ?
1. Contrat de gaz avec la Chine - Mai-Juin (21 mai, signé !)
2. Contrat pétrolier avec l'Iran en été (C'est pourquoi les États-Unis ont levé l'embargo, comme Rosneft est très bien assis sous BP et peu sous Exxon Mobil. Où va le pétrole ? En Chine).
3. Important! Les élections au Parlement européen, où s’exprimeront, pense-t-on, beaucoup de voix d’alliés eurosceptiques de la Russie. Après l'élection, l'Assemblée aura une composition différente, avec laquelle il sera sans doute plus facile de travailler. C’est le 25 Mai. - Encore plus important : une fois le contrat de gaz signé avec la Chine, les nouveaux élus devraient être mieux disposés envers le gazoduc South Stream.
4. Rassemblement de tous les documents requis - permis, etc - pour la construction de South Stream – En mai.
[ Les Américains font pression sur les Bulgares pour qu’ils bloquent le projet, arguant du fait qu'une des entreprises russes qui y participent est « interdite de commerce » : http://www.reuters.com/article/2014/06/09/southstream-bul... NdT.]
Voilà ce qui est visible à l'œil nu, mais il y a d'autres aspects qui sont très importants, quoique difficiles à placer clairement sur un calendrier :
1. Transition vers un règlement en roubles de l'énergie. Le pétrole et le gaz ne sont pas des pommes de terre : ils sont fournis sous forme de contrats à long terme qui ne peuvent pas être modifiés unilatéralement et qui demandent un travail de longue haleine, quand on veut les remplacer par d’autres, sans compter les modifications éventuelles dans ceux en cours..
2 Transition vers la cotation des prix en roubles pour la commercialisation de l'énergie sur les marchés russes -. C'est un travail absolument infernal, d’autant que jusqu'à présent personne n'a jamais rien fait de ce genre.
3. Mise sur pied d'un sytème de paiement propre.
4. Préparation du remplacement ou de l'amélioration des importations, dans notre travail avec des fournisseurs asiatiques (pas en mode d'urgence).
La liste peut et devra, je crois, s’allonger. L’horizon du Kremlin est bien plus vaste.
Ajoutez à cela des initiatives intéressantes du ministère russe des Affaires étrangères, qui ne reste pas du tout les bras croisés. Par exemple, le vice-ministre Karasin était à Doha le 6 mai et a rencontré toute l'élite du Qatar. Le résultat, à mon avis, s'est avéré spectaculaire. Selon le ministère des Affaires étrangères, l'émir du Qatar a déclaré qu'il apprécie la « politique régionale convaincante et cohérente de la Fédération de Russie », ce qui est très inattendu pour un pays qui n'est pas seulement un allié des États-Unis et la branche politique d'Exxon Mobil au Moyen-Orient, mais aussi un adversaire à 100% de la Fédération de Russie en Syrie. C'est que le cercueil a été ouvert : le fait est que les rêves américains de remplir le monde entier avec du gaz pas cher équivalent à une condamnation à mort pour le Qatar et son élite. Sans un prix du gaz très élevé, le Qatar ne perd pas seulement tout espoir de grandeur régionale, il devient un cadavre. Doha est en train de réajuster très rapidement ses perspectives et commence à offrir quelque chose d'intéressant : «Pour l'instant, il insiste pour que soit accélérée la coordination du Forum des Pays Exportateurs de Gaz (FPEG) », dont le prochain sommet (coïncidence !) aura justement lieu au Qatar.
Le Forum des Pays Exportateurs de Gaz est une organisation qui comprend des pays comme la Russie, l'Iran, le Qatar, le Vénézuela, la Bolivie et d'autres exportateurs, que le Kremlin a longtemps, mais sans succès, essayé de transformer en l'analogue de l'OPEP pour le gaz. Il est possible que le moment soit venu pour un éventuel cartel du gaz. Tout d'abord, les trois principaux exportateurs de gaz, la Russie, le Qatar et l'Iran, ont des intérêts très similaires et devraient être en mesure de travailler ensemble afin de se partager, en « prenant le taureau par les cornes», les marchés du GNL et du gaz de pipeline. Un tel cartel du gaz, même dans un format réduit (à seulement la Fédération de Russie, le Qatar et l'Iran) contrôlerait au moins 55% des réserves de gaz du monde et serait en mesure d'influencer fortement les marchés de l'énergie de l'UE et de l'Asie. Bien sûr, un tel projet impliquerait beaucoup de problèmes et il rencontrera de l'opposition, personne ne peut garantir que tout fonctionnera, mais il est important de voir que Moscou recherche activement le plus possible d’avantages stratégiques dans la lutte contre les États- Unis.
Nous espérons avoir à peu près rendu clair à quoi le Kremlin passe son temps, à quoi il est en train d'essayer d'arriver dans la situation ukrainienne, et pourquoi c'est important.
Revenons aux problèmes directement liés à l'Ukraine et notez que même la mise en œuvre de tous les projets importants en matière de politique étrangère ne va pas aider à réaliser la dénazification de Kiev et faire en sorte que les troupes russes ou que l'armée rebelle de Novorossia soient accueillies avec du pain et du sel, même dans la région centrale. Si l'armée de Novorossia a déjà des problèmes pour mobiliser à Lugansk et à Donetsk, accomplir quoi que ce soit dans les régions zombifiées sera très, très difficile. Cependant, il semble que que le Colonel Famine et les forces Spéciales Giperok («Hyperinflation») ne soient pas loin de faire leur apparition sur le champ de bataille aux côtés de la Fédération de Russie, ce qui devrait considérablement modifier l'équilibre des forces.
L'économie ukrainienne est morte. Compte tenu des semailles de printemps désastreuses, des cultures de légumes détruites (par le gel), du manque de crédits, des problèmes de gaz et de la hausse des prix du carburant, on peut sans risque dire que l'économie ukrainienne se rendra docilement. Personne ne va donner d’argent à la junte, pas même le FMI, qui a promis quelque chose comme 17 milliards (50% exactement de ce dont l'Ukraine à besoin rien que pour cette année), mais a intégré dans le contrat une « clause de sauvegarde » : si Kiev ne contrôle pas toutes les régions, alors Kiev ne recevra pas un sou. La faim, le froid et l'hyperinflation (causée par l'effondrement de la hryvnia) travailleront activement à affaiblir la junte et à faire changer d’humeur les « généreux » (shchirykh) Ukrainiens : ils n'en viendront sûrement pas à aimer la Russie, mais ce n'est pas vraiment nécessaire. Il faut qu'ils commencent à se souvenir de la période Ianoukovitch comme d’un doux rêve, désormais inaccessible. Le chaos inévitable et l'effondrement total des structures sociales, associés à une guerre civile de faible intensité, garantissent que l'OTAN n'acceptera pas l'Ukraine dans ses rangs, en un moment où l'Europe aura elle-même «besoin de toutes ses plumes pour voler», et que, aux États-Unis, les politiciens modérés ne feront pas un seul geste qui ne conduirait pas de façon évidente à la victoire des États-Unis, mais ne manquerait pas, au contraire, d’entraîner le pays dans une guerre nucléaire.
En outre, dans le contexte de l'effondrement économique total, les mineurs, métallurgistes et autres camarades - qui sont restés jusqu’à présent fermement collés à leur emploi de peur de le perdre, bien à l’abri dans leurs huttes sur les bords (du précipice) - ne vont pas pouvoir continuer à se désintéresser ainsi des problèmes politiques et économiques de la Nouvelle-Russie. Il est même probable qu'ils seront forcés d'y participer activement.
Dans le même temps, le Porochenko élu par la junte, c'est-à-dire imposé au pays par l'Union Européenne, sera fortement incité à négocier avec Moscou, à faire des concessions et à offrir des compromis [ Pour l’instant, c’est raté ! NdGO] Déjà, la nouvelle Commission Européenne, qui a besoin de paix à l’Est pour un transit stable du gaz, poussera Porochenko dans cette direction. Et Porochenko sera aussi poussé dans cette direction par les bouleversements sociaux que ne manqueront pas de provoquer le Colonel Famine et le Saboteur Hyperinflation.
Tous ces facteurs, en somme, offrent au Kremlin de grandes possibilités de reformater l'ancienne Ukraine en quelque chose d’assez approprié aux intérêts de la Fédération de Russie [ sans avoir à intervenir militairement, NdGO]. C'est précisément ce scénario que les États-Unis tentent d'éviter, et c'est pour cela qu’ils voient plus d’intérêt à transformer un conflit larvé en guerre ouverte, avec intervention de troupes et effusion de sang à grande échelle.
Si vous ajoutez le temps nécessaire à l'action de la faim et celui dont la Russie a besoin pour résoudre les problèmes de politique étrangère en termes d'établissement de relations de travail avec la Chine, l'Iran, de détachement du dollar, de substitution des importations, etc (grosso modo) on peut en conclure qu’il faudra quelque 5 à 9 mois (ce qui nous amène à ce même mois de Décembre, en vue duquel M. Ianoukovitch a essayé de négocier) pour apporter des solutions aux problèmes ukrainiens et aux autres, à l'avantage maximal de la Russie. D'ici là, on doit pouvoir fournir au moins de quoi soutenir l'Ukraine, dans l’état de guerre civile où elle se trouve (c.-à-,d. soutenir la DNR, la LNR, mais il n'est pas nécessaire ni même souhaitable de "reprendre Kiev" trop vite, afin de ne pas créer des problèmes supplémentaires) et, idéalement, en marge de la guerre civile,devraient se dérouler des négociations approfondies et prolongées, à l'intérieur de l'Ukraine, avec participation d'observateurs internationaux, sur le mode 2+4, c'est à dire, Porochenko+Tsarev et Russie+UE+OSCE+USA.
Touche finale. Ces derniers mois, les États-Unis ont ralenti l'activité de leur planche à billets, réduisant leur « pompe auto-aspirante » (pour dire les choses simplement ) de 85 à 55 milliards de dollars par mois. Beaucoup (http://www.reuters.com/article/2014/04/27/us-usa-fed-idUS... par exemple) s’attendent à ce que la machine s'éteigne complètement d'ici la fin de cette année, soit en ce fameux mois de décembre, justement. Cela est dû au fait que le dollar, bien qu’il soit la principale monnaie internationale, ne peut pas être imprimé à l’infini - c'est impossible. Selon diverses estimations, les États-Unis ont presque entièrement utilisé les « forces de réserve» du dollar, qui leur ont permis de faire les méchants avec la machine (financière). En outre, le corollaire et la conséquence inévitable de ces tours de passe passe sont de réduire les taux sur les obligations des États-Unis, qui, d'une part, permettent à Washington de payer moins pour ses dettes, mais, d'autre part, étouffent toute les pensions et le système d'assurance américain, lequel est construit sur l'hypothèse de rendements très différents de leurs obligations en portefeuilles. L'un dans l'autre, d'ici la fin de l'année, les États-Unis auront le choix entre faire sauter leur système social en continuant à imprimer de la monnaie à tout va, ou réduire considérablement leurs appétits, afin de préserver quelque chance de stabilité intérieure à leur pays. À en juger par la réduction de la quantité de dollars actuellement jetés dans le système, Washington a décidé que la prévention d'une explosion sociale est plus importante que ses ambitions en matière de politique étrangère.
Maintenant, pour compléter notre puzzle, faisons quelques prédictions :
- Les États-Unis vont essayer, par tous les moyens, d'aggraver la crise en Ukraine, afin d'affaiblir la Russie et de mettre l'ensemble du marché européen sous leur domination, avant de devoir fermer leur presse à billets.
- Le Kremlin va essayer de faire passer la guerre civile ukrainienne du stade aigu au stade chronique, en l'assortissant de lentes négociations, au milieu de l'effondrement économique du pays. Simultanément, le Kremlin utilisera le facteur temps pour créer des conditions favorables à la transition vers l’inévitable affrontement avec les États-Unis – c. à d. le détachement du dollar - avec la Chine, l'Iran, le Qatar, pour la création de la CEE, etc
- Fin probable de la crise en décembre 2014, peut-être plus tôt, dans le cas où les États-Unis renonceraient à vouloir aggraver les hostilités.
- Et s’ils ne renoncent pas ? - Alors ... une grande guerre... une guerre pour les ressources, parce que le « boom » du gaz de schiste n'est qu’une petite bulle de rien du tout.
Pour plus de détails sur ce sujet, voir l'article de William Engdahl « Washington shale boom – bust ». http://journal-neo.org/2014/05/12/washington-s-shale-boom.../
Notre source :
http://peakoil.blogs.letelegramme.com/archive/2014/06/09/...
Un site pointu sur les problèmes de ressources - à visiter !
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En attendant, les anglophones peuvent y jeter un œil (voire les deux) sur le site du Saker.
Sunday, June 1, 2014
Translation of the "must read" article of worldcrisis.ru explaining why there is no Russian intervention in the Ukraine
It is with an immense and heartfelt THANK YOU ! to « BM » for his translation that I have the real privilege to share with you this translation into English of the excellent article of worldcrisis.ru I mentioned in my previous post. This is, in my opinion, the most complete and well-written analysis of the apparent Russian "passivity" and we all owe "BM" a big debt of gratitude for making it available to us on such short notice. I especially encourage you all to circulate this translation as it is by far the best explanation of the Kremlin's policy.
The Saker
PS: I was also sent a link to this article http://sovietoutpost.revdisk.org/?p=127 with an interesting description of the condition of the Ukrainian army. Also a must read imho.
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Why there is no Russian military intervention in the Ukraine
Posted on worldcrisis.ru 30 Май 22:19
опубликовал Сухов боец красной армии [suho]
The level of analytical discussions on the Russian Internet is perfectly described by the political scientist Simon Uralov: "To consider that the Ukrainian crisis set off only the minds of the Kievan colleagues and turned them all into bloodthirsty hysterics is fundamentally mistaken. Among the Moscow colleagues there is also an incredible number of such." The purpose of this material is to take a step back from the hysteria and coldly analyze the situation in Ukraine.
I'll start with the necessary clarifications on several emotionally important topics:
Source :
http://vineyardsaker.blogspot.be/2014/06/translation-of-m...
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La rue Saint-Pierre à Caen, le 6 juin 1944
La rue Saint-Pierre aujourd’hui.
Débarquement par-ci, débarquement par-là…
On s’en voudrait de passer sous silence la mise au point historique d’Annie Lacroix-Riz, que reprend très opportunément le Réseau Voltaire :
Le débarquement du 6 juin 1944, du mythe à la réalité
par Annie Lacroix-Riz
En 70 ans, le mythe de la libération de l’Europe par les Anglo-Saxons s’est imposé. Pourtant, rappelle le professeur Annie Lacroix-Riz, le projet de Washington et de Londres n’était pas prioritairement de lutter contre le nazisme, mais contre le communisme. Ce ne sont pas les troupes états-uniennes qui ont vaincu le Reich, mais avant tout les Soviétiques.
Réseau Voltaire – 4 juin 2014
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Le triomphe du mythe de la libération états-unienne de l’Europe
En juin 2004, lors du 60e anniversaire (et premier décennal célébré au XXIe siècle) du « débarquement allié » en Normandie, à la question « Quelle est, selon vous, la nation qui a le plus contribué à la défaite de l’Allemagne » l’Ifop afficha une réponse strictement inverse de celle collectée en mai 1945 : soit respectivement pour les États-Unis, 58 % (2004) et 20 % (1945), et pour l’URSS, 20 et 57 % [1]. Du printemps à l’été 2004 avait été martelé que les soldats US avaient, du 6 juin 1944 au 8 mai 1945, sillonné l’Europe « occidentale » pour lui rendre l’indépendance et la liberté que lui avait ravies l’occupant allemand et que menaçait l’avancée de l’armée rouge vers l’Ouest. Du rôle de l’URSS, victime de cette « très spectaculaire [inversion des pourcentages] avec le temps » [2], il ne fut pas question. Le (70e) cru 2014 promet pire sur la présentation respective des « Alliés » de la Deuxième Guerre mondiale, sur fond d’invectives contre l’annexionnisme russe en Ukraine et ailleurs [3].
Source : http://www.voltairenet.org/article184071.html
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Les chats-gardes de l’Ermitage
Pour ceux à qui on n’a pas appris l’histoire (même anecdotique), suite…
Savez-vous à qui sont confiées les précieuses collections d’œuvres d’art de l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg ? À une armée de 65 chats, qui vivent sous les combles et dans les caves du célèbre musée, et qu’on lâche la nuit, pour qu’ils y fassent la chasse aux prédateurs rats et souris.
Tradition datant de Catherine II, interrompue seulement lors du siège de Leningrad, où les chasseurs-chats furent mangés par les chasseurs-hommes.
Bien sûr, il existe aujourd’hui toutes sortes de produits de dératisation chimiques, mais soit le lobby de la chimie n’a pas le pouvoir en Russie, soit les Russes tiennent davantage à leurs traditions qu’au modernisme à tous crins. Ce qui laisse aux rats et aux souris une chance de s’en tirer en émigrant ailleurs. Il n’y a même pas de budget prévu dans les finances publiques pour l’entretien de la garde féline. Ce sont les employés du musée qui s’en chargent. Amour du travail bien fait… Vous avez dit « démodé » ? Hélas oui.
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Mis en ligne le 6 juin 2014
13:31 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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