25/08/2013
Porte-glaives, héros et esclaves volontaires
À propos
d’un article publié par le Réseau Voltaire, sous une audacieuse signature
Porte-glaives
par Vernon Sullivan
Alors que nous poursuivons la publication en épisodes des Armées secrètes de l’Otan, Vernon Sullivan s’interroge sur l’ampleur du phénomène Gladio. Pour lui, les services secrets de l’Alliance atlantique ne faisaient pas que se préparer à une invasion soviétique ou que prévenir l’accès des communistes aux gouvernements européens. Au demeurant, si le Gladio n’existe plus aujourd’hui comme au temps de la Guerre froide, rien ne prouve qu’il ait totalement disparu.
Réseau Voltaire | Moscou (Russie) | 14 août 2013
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La paranoïa serait l’apanage des régimes dictatoriaux, que l’on dit « forts » par antiphrase car leur dureté est précisément fonction de leur faiblesse intrinsèque, un défaut d’assurance qui les force à user de fermeté pour se maintenir. On soupçonne à l’inverse les société civilisées de mollesse et de laxisme, si assurées qu’elles sont de la solidité de leurs fondements. Il n’en pas toujours été ainsi. À preuve, les formes sophistiquées qu’a pris la surveillance policière du temps de la Guerre froide.
Lire la suite…
Source : http://www.voltairenet.org/article179784.html
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Osez ! et votre révolution est faite.
Saint-Just
Il faudrait peut-être un jour parler des choses réelles et non des choses fictives.
Il faudrait peut-être un jour admettre qu’il n’a jamais été question que l’URSS attaque ou envahisse quiconque, et que ceux qui ont brandi cette prétendue menace le savaient. Que quand cette menace n’est plus crédible, ils la remplacent par d’autres, pas plus crédibles, mais que les jobards croient comme ils ont cru l’autre.
Il faudrait peut-être un jour reconnaître pour ce qu’elle fut et ce qu’elle reste LA TOTALE INVENTION du « danger » soviétique, au propre comme au figuré, par LA CLASSE PARASITE, dont l’existence et a fortiori les inventions N’ONT JAMAIS EU LA MOINDRE LÉGITIMITÉ.
La classe parasite en chef est occidentale. Il faut reconnaître une bonne fois pour toutes qu’elle est secondée dans ses méfaits - et continuera de l’être - par toutes les classes parasites d’où que ce soit dans le monde, y compris celles des états qui réussissent plus ou moins à la combattre, tels que Russie (bien sûr !), Chine et les autres pays du BRICS, Cuba, Venezuela, Equateur, Bolivie, Iran, Afghanistan, Syrie et feue la Libye.
Prétendant se défendre contre l’URSS, y compris quand l’URSS prenait la forme de curés latino-américains, la classe parasite – c’est-à-dire la classe dominante : les poux on les a sur la tête, pas aux pieds – n’a jamais combattu, en réalité, que sa propre piétaille compatriote : les classes productrices dont elle entendait continuer à sucer le sang en ne payant jamais pour cela aucun prix. La perpétuation et si possible l’éternel enflement de ses privilèges, de son pouvoir et de ses rapines est le seul et unique but qu’elle ait jamais poursuivi.
Il en est ainsi partout, depuis toujours, y compris chez ceux qui prétendent se battre pour Allah, pour Jésus ou pour Yahweh.
GLADIO, STAY-BEHIND, NSA, CIA, ISRAËL, NED, BOUCLIERS ANTI-MISSILES, BASES MILITAIRES accrochées comme des tiques sur le vaste dos de la planète ne sont que les instruments de cette domination. La permanence de leur emprise et de leur malfaisance, en dépit de leur surpuissance serait NULLE, sans la castration par lavage de cerveau massif et constant de leurs victimes.
Qui y mettent du leur pour se laisser abuser et pour croire de vessies que sont lanternes.
Et si les victimes arrêtaient de se faire bourrer le mou avec tant d’enthousiasme UNIQUEMENT POUR POUVOIR RESTER PASSIVES PARCE QUE TOUTE ACTIVITÉ LEUR FAIT PEUR, la toute-puissance des parasites ne s’effondrerait-elle pas comme un petit tas de cendres ? Si.
Mais comment de simples individus peuvent-ils combattre cette hydre aux 200 têtes toujours repoussant ?
Il suffirait qu’ils le veuillent.
Mais à qui pourraient-ils se fier pour les conduire ?
À personne qu’à soi et aux faits.
À personne qu’à eux-mêmes, et certainement pas aux personnels (et non classes) politiques des pays alignés, qui ne sont rien que courroies de transmission interchangeables à l'infini, quelles que soient leurs idéologies affichées.
Certainement pas non plus à quelque forme de « syndicats » que ce soit, qui étaient déjà à vendre (et vendus) au début du Moyen-Age, quand ils s’appelaient encore corporations.
Comment ont fait les Manning et les Snowden, les Alleg et les Djamila Bouhired, les Rachel Corrie et les Abdallah (qui ne sont pas les seuls) ? Tout le monde n’est pas Jeanne d’Arc, certes, et l’héroïsme ne se commande pas. Mais qu’a-t-on jamais obtenu sans (au moins un peu de) peine ? Et ne serait-il pas temps d’admettre que la liberté (la dignité, le bonheur, etc. etc.), cela s’obtient en se retroussant les manches tous les matins et pas autrement ? Où a-t-on vu que l’héroïsme, ce luxe, était nécessaire ? Mais la détermination et un minimum de courage civil au jour le jour, oui.
On a les gouvernements qu’on mérite.
Qu’on arrête par grâce de geindre et de feindre de s’indigner sur les complots et les noirs desseins de ces malfaiteurs masqués - GLADIO ou autres – et de les étudier (rétrospectivement !) dans le détail comme s’ils étaient anormaux ou accidentels. Les PARASITES ne complotent même pas, ils agissent comme ils l’ont toujours fait en fonction de ce qu’ils sont, et rien de tout cela n’est difficile à voir ni à prévoir. Ni à combattre. Sauf si on est irrémédiable lavette.
Le dilemme est aujourd’hui plus que jamais auparavant d’une simplicité biblique : c’est eux ou nous. Et… ah, oui : ils ont une avance considérable. Et… ah, oui : la troisième guerre mondiale qui fait rage de manière feutrée est sur le point d’éclater ouvertement. Le « système » en déroute, QUI N’A PLUS D’ALTERNATIVE, va entraîner la planète entière dans sa fuite en avant. S’il attaque plus ouvertement encore la Syrie, la Russie et la Chine ne pourront plus, cette fois, regarder ailleurs comme elles l’ont fait lors de la destruction de la Libye (de la Yougoslavie, de l’Afghanistan, de l’Irak, etc. etc.) Ce serait suicidaire. Ce l’était déjà, depuis le début.
C’est au Souverain à parler en maître aux BHL, aux Fabius, aux Hollande et aux Villepin (n’en déplaise à certains). Pas l’inverse. Qu’est-ce qu’il attend, le Souverain ? Qu’il pleuve ?
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Le monde à l’envers ou :
Quand la droite défend la République reniée par la « gauche ».
Voir aussi :
http://la-dissidence.org/2013/08/02/mobilisation-estivale...
(Et nous n'avons pas le courage de parler de la gauche belge.)
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Ailleurs :
jeudi 22 août 2013
Une lettre de Manning - condamné pour avoir servi l'intérêt général - à Obama
Dernière nouvelles de Manning avant qu'il ne soit oublié derrière les barreaux.
par RAGEMAG
(Source : http://www.sergeadam.net/2013/08/lettre-de-manning-obama-condamne-pour.html )
Bradley Manning, 25 ans, ancien analyste militaire vient d’être condamné à 35 ans de prison pour avoir transmis plus de 700 000 documents secrets à Wikileaks, révélant au monde les bavures et fautes meurtrières de l’armée américaine en Afghanistan, ce qu’il appelait lui-même du porno guerrier. Motif de cette condamnation ? L’espionnage. Alors qu’il s’apprête à passer plus de temps qu’il n’a vécu jusqu’à présent derrière les barreaux d’une prison, Manning a adressé une lettre au président Obama.
Cette lettre met en évidence l’absurdité de la condamnation de ce que l’on appellera désormais les « lanceurs d’alerte », ou whistleblowers en anglais. Au fond, la demande de grâce de Manning est une exhortation à se référer à des valeurs plus hautes que celles de la stricte loi militaire. Alors pertinente aujourd’hui, puisqu’elle est presque littéralement inscrite dans la condamnation et dans la réponse de Manning : les États-Unis condamnent en prétendant protéger l’État, Manning a dénoncé pour informer et protéger le peuple. « Je payerai ce prix avec fierté si cela signifie que nous pourrons avoir un pays qui soit vraiment conçu suivant le principe de liberté et dédié à la règle que toutes les femmes et tous les hommes sont créés égaux. » dit-il, rappelant au président que l’hymne américain clame haut et fort que le drapeau étoilé sera celui de « la terre des hommes libres et de la patrie des braves ». Pour l’ancien soldat, quelle que soit la loi, il estime avoir agi pour la justice, pour la liberté de l’information, pour l’égalité et pour faire progresser sa nation vers le bien. En refusant ces principes comme fondement d’une démocratie, les États-Unis se tournent un peu plus vers le modèle répressif et totalitaire des pays qu’ils se plaisent à pointer du doigt, en bons chevaliers blancs.certes, le soldat n’a pas été condamné pour collusion avec l’ennemi. Mais est-il un espion pour autant ? A-t-il servi les intérêts d’une autre nation en se faisant passer pour un soldat de l’armée américaine ? « Quand j’ai choisi de divulguer des informations classifiées, je l’ai fait par amour pour mon pays et par sens du devoir envers les autres. » affirme-t-il dans cette lettre. Manning est resté un patriote qui a estimé que la divulgation des horreurs commises par son armée relevait de l’intérêt général. Et l’on se rappelle qu’un alinéa trop peu souvent respecté du droit français, aussi bien civil que militaire, estime que la désobéissance à un ordre illégal ou contraire aux règles du droit international est un devoir…
The Land of the Free and the Home of the Brave
Cette plus haute justice n’a pourtant rien de métaphysique. On pourrait rappeler que la rebelle archétype, Antigone, se référait aux lois non-écrites pour s’opposer au jugement de Créon, qui agissait au nom des lois de la cité. L’opposition est pertinente aujourd’hui, puisqu’elle est presque littéralement inscrite dans la condamnation et dans la réponse de Manning : les États-Unis condamnent en prétendant protéger l’État, Manning a dénoncé pour informer et protéger le peuple. « Je payerai ce prix avec fierté si cela signifie que nous pourrons avoir un pays qui soit vraiment conçu suivant le principe de liberté et dédié à la règle que toutes les femmes et tous les hommes sont créés égaux. » dit-il, rappelant au président que l’hymne américain clame haut et fort que le drapeau étoilé sera celui de « la terre des hommes libres et de la patrie des braves ». Pour l’ancien soldat, quelle que soit la loi, il estime avoir agi pour la justice, pour la liberté de l’information, pour l’égalité et pour faire progresser sa nation vers le bien. En refusant ces principes comme fondement d’une démocratie, les États-Unis se tournent un peu plus vers le modèle répressif et totalitaire des pays qu’ils se plaisent à pointer du doigt, en bons chevaliers blancs.
La condamnation est tout aussi tristement symbolique à l’heure où la presse subit de plus en plus de pression et d’intimidation, dans les pays qui revendiquent paradoxalement le plus de liberté. À Londres, Julian Assange est toujours réfugié à l’ambassade d’Équateur et sera arrêté et transféré à la justice américaine s’il en sort. Toujours de l’autre côté de la Manche, les journalistes du Guardian ont subi le zèle destructeur de la police qui cherchait vraisemblablement à effacer toute trace d’Edward Snowden des ordinateurs de la rédaction. En France, la presse n’est pas non plus épargnée : nous revenions au début de l’été sur l’affaire opposant la famille Bettencourt à Médiapart. À chaque fois, les modalités changent mais le problème reste le même : des individus ou des rédactions sont condamnés pour avoir cherché à défendre ce qu’ils estimaient relever de l’intérêt général.
Manning a prouvé qu’un gouvernement ne saurait rester parfaitement intouchable quand il commet les pires exactions. Il a souhaité, par son action, que les crimes d’une armée, même en temps de guerre, soient visibles et publics — parce que cette même armée prétend servir le peuple. Pour beaucoup, il restera un héros qui n’a pas su respecter les ordres de sa hiérarchie quand il a estimé qu’ils étaient contraires à toute éthique. Quelle que soit la décision finale du président Obama, sa lettre restera la preuve de son courage et de sa détermination à faire triompher ce qu’il estime juste.
jeudi 22 août 2013
« Il faut parfois payer un lourd tribut pour vivre dans une société libre»
Bradley Manning
Le texte suivant est une retranscription par Common Dreams de la déclaration de Bradley Manning, telle qu’elle a été lue par David Coombs (son avocat) lors d’une conférence de presse, ce mercredi, suite à l’annonce de sa condamnation à 35 ans de prison par un tribunal militaire :
Cette déclaration est le texte de la lettre adressée à Obama pour demander sa grâce.
Les décisions que j’ai prises en 2010 étaient fondées sur une préoccupation pour mon pays et le monde dans lequel nous vivons. Depuis les événements tragiques du 11 septembre, notre pays est en guerre. Nous sommes en guerre avec un ennemi qui choisit de ne pas nous affronter sur tout champ de bataille traditionnel et, de ce fait, nous avons dû modifier nos méthodes de combat contre les risques pour nous et notre mode de vie.
Au départ, j’ai adhéré à ces méthodes et j’ai choisi de me porter volontaire pour aider à défendre mon pays. Ce n’est que lorsque j’ai été déployé en Irak et que je lise quotidiennement des documents militaires secrets que j’ai commencé à remettre en question la moralité de ce que nous faisions. Ce fut à cette époque que j’ai compris que dans les efforts que nous déployions pour répondre à ce risque que l’ennemi nous posait, nous perdions notre humanité. Nous avons sciemment choisi de dévaloriser la vie humaine à la fois en Irak et en Afghanistan. Lorsque nous engagions le combat contre ceux qui nous percevions comme des ennemis, nous tuions parfois des civils innocents. Chaque fois que nous avons tué des civils innocents, au lieu d’accepter la responsabilité de nos actes, nous avons choisi de nous cacher derrière le voile de la sécurité nationale et des renseignements classifiés afin d’éviter toute responsabilité publique.
Dans notre zèle à tuer l’ennemi, nous avons débattu en interne de la définition de la torture. Nous avons détenu des individus à Guantanamo depuis des années sans procès. Nous avons inexplicablement fermé les yeux sur la torture et sur les exécutions par le gouvernement irakien. Et nous avons accepté d’innombrables autres actes au nom de notre guerre contre le terrorisme.
Le patriotisme est souvent le cri exalté lorsque ceux qui sont au pouvoir préconisent des actes moralement discutables. Quand ces cris patriotiques noient nos intentions basées logiquement [inaudible], c’ est généralement à un soldat américain qu’on donne l’ordre d’accomplir une mission mal conçue.
Notre nation a connu des moments sombres similaires au nom des vertus de la démocratie – la Piste des Larmes, l’arrêt Dred Scott, le McCarthysme, les camps d’internement japonais-américains - pour n’en citer que quelques uns. Je suis convaincu que nombre de nos actions depuis le 11/9 seront perçues un jour sous un jour semblable.
Comme le regretté Howard Zinn a dit un jour, « Il n’y a pas de drapeau assez grand pour couvrir la honte de tuer des innocents ».
Je comprends que mes actions ont violé la loi et je regrette si mes actions ont blessé quelqu’un ou ont nui aux Etats-Unis. Je n’ai jamais eu l’intention de blesser quelqu’un. Je voulais seulement aider les gens. Lorsque j’ai choisi de divulguer des informations classifiées, je l’ai fait par amour pour mon pays et un sens du devoir envers les autres.
Si vous rejetez ma demande de grâce, j’effectuerai ma peine en sachant qu’il faut parfois payer un lourd tribut pour vivre dans une société libre. Je serais heureux de payer ce prix si cela signifie que nous pourrons avoir un pays véritablement conçu sur la liberté et dévoué à l’idée que tous les femmes et hommes naissent égaux.
Bradley Manning
Source : http://www.commondreams.org/view/2013/08/21-7
EN COMPLÉMENT :
Note du Grand Soir : depuis la traduction, l’article du Guardian ci-dessous a été complété.
Le correspondant du Guardian à Washington, Paul Lewis a parlé à David Coombs, l’avocat de Bradley Manning. Coombs a décrit en détail la scène qui a suivi, juste après que Manning ait appris sa condamnation à 35 ans de prison :
La sécurité a escorté Manning dans une autre pièce, où ses avocats et sa famille l’attendaient. Plusieurs des personnes présentes – y compris Coombs - étaient en larmes.
« Quand nous sommes retournés dans la pièce, tous les avocats de la défense étaient émus, y compris moi-même », a déclaré Coombs. « La seule personne qui n’était pas émue était Brad. Il nous a regardés et nous a dit : « C’est bon » (« It is okay »). Il a regardé spécifiquement vers moi et a dit : « Je sais ce que vous avez fait. Vous avez fait tout votre possible, vous avez fait tout ce que vous pouviez faire pour moi. C’est bon. Je vais aller de l’avant et ça va aller ».
« Puis nous avons eu un moment plus léger, parce que, entre deux sanglots, je lui ai dit : “Ce n’est pas comme çà que c’est censé fonctionner. Je suis supposé te réconforter – ce n’est pas toi qui dois me consoler ”. Et puis nous avons ri et c’était ok. Cela démontre une sorte de résilience chez ce jeune homme ».
J’ai demandé à Coombs si c’était aussi une indication que Manning s’était préparé à une longue peine d’emprisonnement. Il a répondu :
« Je pense qu’il était préparé, plus que son équipe d’avocats ne l’était, quel que soit le résultat. Alors, si elle [la juge, Colonelle Lind] avait dit “60 ans”, je pense qu’il aurait accueilli cette nouvelle de la même façon ».
Source : http://www.theguardian.com/world/2013/aug/21/bradley-mann...
Traduction : Romane
Pour : http://www.legrandsoir.info/il-faut-parfois-payer-un-lour...
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jeudi 22 août 2013
Déclaration de Julian Assange sur la condamnation de Bradley Manning (Wikileaks)
Julian ASSANGE
Bradley Manning, le lanceur d’alerte bien connu, a été condamné par un tribunal militaire dans le Maryland à passer un minimum de 5,2 ans en prison avec un maximum de 32 ans (incluant le temps déjà passé en détention provisoire) pour avoir révélé au public des informations sur le comportement du gouvernement des États-Unis.
Cette durée minimale durement gagnée représente une victoire tactique significative pour la défense, l’équipe de campagne et les sympathisants de Bradley Manning. Au début de ces procédures, le gouvernement des États-Unis avait accusé Bradley Manning d’un crime capital et d’autres charges portant sur 136 ans d’incarcération. Son équipe de la défense en appelle à présent à la Cour pénale de l’armée américaine (US Army Court of Criminal Appeals) concernant sa sentence et également pour violations de procédure lors du procès.
Alors que la défense devrait être fière de sa victoire tactique, il faut se rappeler que le procès de M. Manning et sa condamnation sont un affront aux concepts fondamentaux de la justice occidentale. Lorsque M. Manning a été arrêté en mai 2010, il a été immédiatement soumis par le gouvernement des États-Unis à une incarcération punitive qualifiée de « cruelle, inhumaine et dégradante » par Juan Mendez, rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, et même jugée illégale par les tribunaux militaires étasuniens.
La période que M. Manning a déjà passée en prison sera soustraite de la sentence et les réductions de peine pour bon comportement, la libération conditionnelle et d’autres facteurs signifient qu’il est probable qu’il passe désormais moins de dix ans en détention. L’équipe de défense de M. Manning cherche maintenant à réduire encore cette sentence en appel. La loi militaire étasunienne stipule que la sentence ne peut être que diminuée. Il est important que le soutien pour Bradley Manning se poursuive pendant cette période.
La seule issue juste dans le cas de M. Manning est sa libération inconditionnelle, une compensation pour le traitement illégal qu’il a subi et un engagement sérieux pour enquêter sur les actes répréhensibles que ses révélations présumées ont mis en lumière.
Le traitement de M. Manning a été destiné à envoyer un signal aux personnes de conscience dans le gouvernement des États-Unis qui pourraient chercher à mettre en lumière des actes répréhensibles. Cette stratégie s’est retournée contre eux de façon spectaculaire comme cela a été prouvé ces derniers mois. Au lieu de cela, l’administration Obama démontre qu’il n’y a aucune place pour les personnes de conscience et de principe. Par conséquent, il y aura mille autres Bradley Manning.
Source : http://wikileaks.org/Statement-by-Julian-Assange-on,267.html
Traduction : Romane
Pour : http://www.legrandsoir.info/declaration-de-julian-assange...
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UN SEUL LIVRE
(précédé d’un rappel en cadeau : dans le dialecte d’ici on dit rawète)
République française : colosse fragile repu de la sottise et de l’apathie du populaire ?
Par Hugo Bremont – Agoravox – 24.9.2011
1549 : Etienne de La Boétie n'a pas encore 18 ans lorsqu'il écrit le Discours de la servitude volontaire ou Le Contr'Un, en réaction au sac de Bordeaux, consécutif à la révolte de sa population contre l'établissement d'une nouvelle taxe, mené par le connétable Anne de Montmorency qui outrepasse les souhaits du roi. Futur conseiller au parlement de Bordeaux, puis à la Cour, le jeune Etienne y voit l'un des stigmates d'un absolutisme qu'il entreprend de dénoncer et dont il accuse le peuple d'en être non seulement le complice, mais encore le véritable responsable.
Charles Lenient, relatant dans La satire en France ou la littérature militante au XVIe siècle (1866) les circonstances ayant présidé à la rédaction de ce Discours, explique que « ce hardi factum (on ne saurait lui contester ce titre), quoique étouffé dès sa naissance, n'en est pas moins une œuvre vivante, sortie des entrailles de la société, sous le coup des émotions contemporaines », ajoutant qu' « il faut se représenter La Boétie tel qu'il dut être alors, jeune homme rêveur et enthousiaste, avec son âme fière et généreuse, son imagination ardente, ayant vécu jusque-là de cette vie chaste et pleine d'illusions, que donne l'étude, en société des plus honnêtes gens de tous les siècles », bientôt révulsé par le sac sanglant dont il a été le témoin, des centaines de Bordelais ayant été pendus, décapités, roués, empalés, brûlés vifs, démembrés à quatre chevaux : « Il a entendu les cris des femmes et des enfants fuyant devant la soldatesque ; il a vu les confiscations, les emprisonnements, les pendaisons sans jugement, tout un peuple hébété de terreur, baisant la main de son bourreau : et le cœur navré, blessé dans sa dignité d'homme, de chrétien, de Français, il se demande quel pacte a livré ainsi à un seul tout ce troupeau de bétail humain ».
Étienne de La Boétie s'interroge sur l'origine de la servitude qu'il observe chez ses contemporains et, explique encore Lenient, « ce terrible problème assiège et tourmente l'imagination du jeune publiciste. Ira-t-il en chercher la source dans une sorte d'investiture divine, injurieuse pour la Providence ? Dans le droit d'usurpation ou de conquête ? Est-ce la force, la ruse ou le génie même qu'il faut maudire ? Non ; mais la sottise et l'apathie du populaire. C'est ce gros populas toujours soupçonneux à l'égard de ceux qui l'aiment, toujours crédule envers ceux qui le trompent, c'est lui qui s'est créé cette idole dont le poids l'écrase, ce Moloch auquel il faut des victimes humaines ».
La Boétie d'interpeller ainsi son lecteur : « Celui qui vous maîtrise tant, n'a que deux yeux, n'a que deux mains, n'a qu'un corps, et n'a autre chose que ce qu'a le moindre homme du grand nombre infini de nos villes : sinon qu'il a plus que vous tous, c'est l'avantage que vous lui faites pour vous détruire. D'où a-t-il pris tant d'yeux ? D'où vous épie-t-il, si vous ne les lui donnez ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s'il ne les prend de vous ? Les pieds dont il foule vos cités, d'où les a-t-il, s'ils ne sont les vôtres ? Comment a-t-il aucun pouvoir sur vous que par vous autres mêmes ? Comment vous oserait-il courir sus, s'il n'avait intelligence avec vous ! Que vous pourrait-il faire, si vous n'étiez receleurs du larron qui vous pille, complices du meurtrier qui vous tue, et traîtres de vous-mêmes ?
« Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres. Je ne veux pas que vous le poussiez ou l’ébranliez, mais seulement ne le soutenez plus, et vous le verrez, comme un grand colosse à qui on a dérobé sa base, de son poids même fondre en bas et se rompre. »
Un esprit caustique pourrait bien y voir, aujourd'hui, le portrait saisissant de « l'électeur français moyen ». Gavé, jusqu'à en perdre son libre arbitre, de sermons culpabilisants lui promettant l'opprobre de ses congénères s'il s'avisait de manquer à son « devoir de citoyen » – celui qui lui enjoint de cracher au bassinet électoral, fût-ce pour un coquin qu'il méprise et qui le méprise au centuple – notre naïf, pourtant groggy par des désillusions en cascade, semble toujours fier de se donner pour chef un bourreau, celui-là même dont il aura dressé le piédestal de ses propres mains, et qu'il rendra responsable de ses maux, lesquels il ne devra pourtant qu'à sa propre inconséquence.
De nos jours, l'absolutisme est celui d'une démocratie d'apparence laissant accroire aux Français qu'ils plébiscitent par leur vote un régime respectueux de leurs libertés et soucieux de leur bien-être, cependant qu'ils se débattent au sein d'un État policier aux yeux duquel ils ne sont plus que contribuables à rançonner. Vaincre triomphalement bien que sans péril un régime républicain détruisant la France à petit feu suppose seulement d'en avoir pleinement conscience, et de, très logiquement, refuser d'accorder son obole électorale tant à la peste qu'au choléra... Un sursaut dérobant la base d'une République qui, rappelons-le, fut imposée à nos ancêtres dans la foulée du coup d'État révolutionnaire mené, non par le peuple, mais par cette bourgeoisie affairiste ayant enfanté les financiers mondialistes d'aujourd'hui.
H.B.
Inutile de dire que nous ne sommes pas d’accord avec la dernière phrase d’Hugo Bremond. La bourgeoisie affairiste d’alors n’est pas à l’origine de notre République : elle en fut la fossoyeuse. Celle d’aujourd’hui n’en est que l’usurpatrice. Avec notre complicité. Qui est le sujet, précisément, de ce livre.
Source :
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/republique-f...
Discours de la servitude volontaire
Mille et une nuits – 1997 – 63 pages
Le discours de la servitude volontaire
Suivi de La Boétie et la question politique
par Pierre Clastres et Claude Lefort
Petite bibliothèque Payot n° 134 – 2002
352 pages
Discours de la servitude volontaire
FolioPlus Philosophie – 2008
192 pages
Discours de la servitude volontaire
Présentation de Simone Goyard-Fabre
GF Flammarion – 1993
394 pages
De la servitude volontaire ou Contr'un
suivi de Mémoire touchant l'édit de janvier 1562, suivi de sa réfutation par Henri de Mesmes
Édition critique de Nadia Gontarbert - Le Mémoire est présenté par Annie Prassoloff
Collection Tel n° 226 - Gallimard – 1993 - 308 pages
La servitude volontaire
suivi de Vingt-neuf sonnets
et d’une Lettre de Montaigne à son père sur la mort d’Étienne de la Boétie
Arléa – Poche – 2007 - 120 pages
Discours de la servitude volontaire
William Blake And Co – 2011
Collection La pharmacie de Platon
Avant-propos de Jean-Paul Michel
88 pages
De la servitude volontaire
Présenté par Miguel Benasayag
Suivi d’un entretien avec Cornelius Castoriadis
Le Passager Clandestin – 2010 - 96 pages
De la Servitude Volontaire ou Le Contr’un
texte intégral transcrit par Charles Laisant et Élisée Reclus, repris et préfacé par Gibet
Gravures de Jacques Laudy
À l’Orient – 2007 – 93 pages
Discours de la servitude volontaire
Les Éditions de Londres – 2011
[ Format Kindle ]
Taille du fichier 176 KB
Discours de la servitude volontaire
[CD audio] lu par Denys Podalydès
Éditions Thélème – 2009
Mis en ligne par Marie, le 25 août 2013
23:47 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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