05/10/2015

MONDO CANE - Points sur les i

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Par intérim (quater)

 

2. Paper boat sign.GIF

 

Points sur les i :

Yemen, Assad, Poutine, Pape, Tsipras, Corbyn, Sanders, Iglesias

 

Fulvio Grimaldi – Mondo Cane 28 septembre 2015

 

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« Que valent 5 millions de dollars, quand j’ai l’amour de huit millions de Cubains ? »

(Teofilo Stevenson, boxeur cubain, trois fois médaillé d’or olympique, lorsqu’on lui offrit cette somme pour devenir professionnel aux États-Unis et rencontrer Mohammed Ali.)

 

« Dix morts sur peu de milliers de personnes, pour avoir essayé de passer les frontières blindées de l’Angleterre. Patrouilles, barbelés, etc. Mais on est là au coeur de la démocratie européenne, pas chez de quelconques nazis hongrois. Quelques centaines de Syriens et la frontière du Danemark fermée, avec une police qui avait l’ordre d’ARRÊTER tout journaliste assez téméraire pour vouloir documenter l’événement par l’image. Mais on est là chez la très civilisée Europe du Nord, pas chez les nazis hongrois, couillons en plus, puisqu’ils laissent la presse tout filmer sans la moindre censure. »

(Luca)

 

« Le Parti Communiste Cubain demande à ses militants d’aller à la messe et de se porter au-devant du pape François pour l’accueillir, comme s’il s’agissait d’un des devoirs du Parti. Je ne suis pas d’accord. Aller à la messe ? Non. Nous avons ici la liberté de culte et je ne suis pas croyante. Je n’ai donc pas à y aller. »

(Aleida Guevara, fille du Che)

 

« L’Argentine de Bergoglio a été dans une grande mesure complice de l’assassinat et de la disparition de plus de 30.000 Argentins. Je ne sais pas où était alors le pape. Ni ce qu’il faisait. Je l’ignore. »

(Aleida Guevara, fille du Che)

 

Un printemps véritable

Pendant ce temps, dans un monde auquel les fumées d’encens des thuriféraires de Bergoglio ont brouillé la vue et l’entendement, un autre pays arabe disparaît de la carte et du concert des nations. Vingt millions de Yéménites, sans nourriture et sans eau, grâce au blocus humanitaire de la coalition emmenée par les Saoud et parraînée par l’Occident, sont depuis le mois de mars soumis à un ouragan de bombes larguées d’avions US et téléguidées par la technologie israélienne. Si on abuse quelquefois du terme « génocide », ce n’est pas ici le cas. Sur un pays qui, d’abord, avec une révolution de masse contre le tyran pro-US Saleh et, ensuite, avec la révolte armée de sa population chi’ite (Houthi) à laquelle se sont joints l’armée et de vastes secteurs progressistes sunnites, contre le clone du premier, Hadi, la coalition nécrophage Atlantico-du-Golfe déchaîne sa boulimie de mort.

 

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J’ai vécu deux ans dans ce pays pauvre mais resté l’Arabie Heureuse qu’avaient connue les  Romains. Bien que déchiré par des coups d’État et des séparatismes, évidemment manigancés par l’Arabie Saoudite en parfaite complicité avec USrael pour éviter que ce pays, à cheval sur la Mer Rouge, la Corne de l’Afrique et le Détroit d’Ormuz puisse compromettre si peu que ce soit leur contrôle massif sur le trafic du pétrole et de toutes les marchandises du monde, la vie s’écoulait, la nation résistait. Au point d’avoir même produit une insurrection – un printemps véritable celui-là, laïc, populaire, yéménite – qui, une fois balayés les proconsuls de l’impérialisme et de la Vendée wahhabite, avait réussi à libérer toute le pays, de Sanaa jusqu’à Aden. Seuls étaient restés à s’y opposer les groupes terroristes d’Al Qaeda, préventivement installés par ceux  qui les avaient déjà inoculés à la Lybie, à l’Irak, à la Syrie, au Nigeria, et qui avaient pour tâche de fournir aux drones assassins des USA le prétexte dont ils avaient besoin pour frapper les infrastructures vitales du peuple insurgé sous la conduite du parti révolutionnaire anti-impérialiste Ansarullah.

En quelques semaines, à cheval sur 2014 et 2015, la révolution avait éliminé de la scène les mercenaires d’AQAP (Al Qaida in the Arabic Peninsula) et avait conquis le pays, du nord de Marib jusqu’à la ramification sud-est de Hadramaout, de la Mer Rouge au Golfe d’Aden. Pour le Yémen s’ouvrait un nouveau chapitre de l’histoire, à l’enseigne de l’émancipation, de l’autodétermination, de la souveraineté populaire. Cauchemar pour ceux qui avaient vu, dans ce territoire situé entre deux continents et deux mers, entre deux détroits, Bab el Mandeb et Ormuz, la clé d’une domination géopolitique pas seulement régionale. Et le feu vert a été donné aux vassaux feudataires du Golfe, patrons de pays gouvernés par des familles dominantes et peuplés d’esclaves, pour lesquels un Yémen démocratique, de citoyens libres aux racines millénaires, constituait une aberration au potentiel de contagion terrifiant.

 

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Sept mois de bombardements stratégiques n’ont pourtant pas suffi à l’aviation, aux armements et aux renseignements fournis par l’Occident et par Israël (d’après l’ONU, fin septembre, les victimes presque toutes civiles – femmes et enfants qui n’ont pas eu la chance de bénéficier de la miséricorde déversée par les braves Européens sur les enfants de réfugiés – frisait les 6.000), ni le criminel blocus naval qui est allé jusqu’à interdire la fourniture de produits humanitaires de base tels qu’eau, vivres, médicaments. Les navires iraniens et irakiens qui les amenaient ont été interdits de passage et contraints de s’en retourner, tout en fournissant le prétexte idéal pour rafraîchir la propagande selon laquelle la révolution populaire était un complot iranien visant à étendre « l’arc chi’ite ». Al Qaeda à peine évaporé, est arrivée l’infanterie de l’impérialisme, ISIS, dotée, elle, de bien d’autres moyens en hommes, en armes et en règles d’engagement. C’est alors qu’ont commencé les massacres et les atrocités, les explosions dans les mosquées avec des centaines de morts ; en somme, accomplissement de la mission que les commanditaires ont confiée à leurs tueurs à gages de l’État Islamique, dans l’espoir que la terreur finira par faire flancher la population dans son soutien à la Résistance, plus que n’ont pu le faire les bombes, la faim et la soif.

Je repense aux temps où j’ai vécu au Yémen, à la gentillesse chaleureuse et souriante de ses habitants, à leur amicale et toujours prompte hospitalité, à leur préférence toute arabe pour la vie en commun, à leur amour plein d’attention pour les enfants, à la ferveur intellectuelle des jeunes, je revois leurs fantastiques, leurs fabuleuses habitations verticales, inchangées depuis des millénaires, en briques de boue archisolides, décorées jusqu’à des hauteurs vertigineuses par des fantasmagories de chaux blanche, percées ça et là de lampes de verre multicolores aux fenêtres. Je me rappelle les musées et les sites archéologiques sans égaux dans la région, remontant au 1er millénaire avant le Christ, autrement dit à la civilisation des Sabéens. Cette richesse infinie et inégalable, d’un peuple incontaminé qui, aidé par de généreuses expéditions archéologiques, avait su en prendre soin et la conserver avec expertise et amour, n’existe plus. Pulvérisée par ces Saoudiens, aussi parvenus vulgaires qu’ignorants cavernicoles, ramassés par les Britanniques dans des caravansérails, munis d’une couronne et mis là, à servir de doublure au colonialisme. Caricatures de la dépravation dynastique anglaise, garants des prédations communes et de l’oblitération commune des droits de l’homme.

 

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On a bien pu entendre, en Occident, quelques pleunicheries sans grand souffle sur l’annihilation de la mémoire des peuples à Palmyre, à Nimrod, à Ninive, sur la dévastation et sur les vols - organisés par les USA - au Musée National et à la Bibliothèque Nationale de Bagdad. Mais sur l’assassinat du Yémen, y compris par l’annihilation de sa culture, de son histoire, de son identité, à peine a-t-on vu se soulever un rare sourcil. Et pourtant, les commanditaires sont toujours les mêmes, et toujours les mêmes les exécutants mercenaires. Et toujours identique le but. Celui des conquistadores, quand, outre se livrer à des génocides, ils réduisaient en miettes à coups de canon les œuvres héritées des temps anciens des peuples natifs. C’est peut-être là le trait dominant le plus fort et le plus létal de l’impérialisme, sa fin eschatologique. Priver les terres dont il s’empare de leurs présences historiques, humaines (et voilà les vidages appelés migrations, avec le bonus impérialiste de déstabiliser les lieux d’arrivée) et testimoniales, celles qui donnent leurs noms à des mondes et à des peuples, leur conscience de soi et leur survivance dans le temps, ce par quoi on contribue à l’histoire humaine, parce que sans nom, on n’est personne, même pour soi. Extirper les racines qui soutiennent et alimentent la plante, qui en favorisent la continuité et l’expansion. D’un arbre coupé peuvent naître des rejets. À un arbre déraciné ne restent que le dessèchement ou la putréfaction. Les classes dirigeantes de l’Occident le savent et en usent. C’est ainsi que le culte monothéiste de Mammon célèbre ses rites.

Restons dans le monde arabe. À Tripoli, ils se sont inventé un chef passeur (non, celui-là ne s’appelle pas OTAN, ce ne serait qu’un subalterne), Salah al Maskhout, et il semblerait qu’ils aient même inventé son exécution, par quatre pistoleros équipés d’armes et de munitions par l’ambassade des États-Unis. Mais… des commandos italiens qui auraient effacé « avec une efficacité et une précision incroyable » ses gardes du corps malgré leur supériorité en nombre et en armes ? Ces détails rendent invraisemblable l’attribution de ce haut fait à des forces spéciales de notre cafouilleux pays. Nous sommes celles d’Abou Omar, nous autres. Sans un escadron de la CIA pour nous épauler, nous ne sommes capables de rien combiner. Sauf, bien sûr, quelques massacres d’État, mais même là, nous obéissons aux ordres de services secrets de l’extérieur et d’en haut de l’échelle, voyez Gladio. Et il y a encore autre chose qui fait douter d’une paternité italienne. Les passeurs sont les manoeuvres des trafiquants, et les trafiquants sont les tours-opérateurs qui dirigent le business militaire et civil des migrations de masses. Gare à ceux qui mettent des bâtons dans les roues à ce business et à la géopolitique qui l’utilise, et pas uniquement pour ce que rapporte le racket. Car il a surtout pour but de disséminer aux quatre vents les populations, de répandre du sel sur leurs territoires et, par la même occasion, de molester autant que possible quelque allié (l’U.E ?) qui se croirait trop autorisé à la ramener.

Tu parles que les sous-fifres de la Pinotti (1) et de Gentiloni (2), pourraient avoir seulement imaginé de gêner cette stratégie rémunératrice. Sans compter qu’il n’est pas vraiment de notre ressort d’irriter les Frères musulmans qui gèrent les embarcadères sur leur côte et dont le chef, Nuri Abou Sahmain, se qualifie ouvertement d’ami du boss supposé occis (mais qui a, depuis, téléphoné pour demander ce qui, putain, se passe) et qui est soutenu par de puissants investisseurs en Italie comme le Qatar.

 

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À propos de molestés, une petite info intrigante :  les Kurdes du PYD (3), ceux de Kobané, si chers à tous les braves gens qui tiennent à occulter la vraie grande lutte quadriennale du peuple syrien, et, donc, absolument crédibles,  nous révèlent que le réfugié, molesté avec son petit gosse dans les bras par la garce hongroise, et, du coup, devenu l’idole des miséricordieux et le bénéficiaire d’offres d’asile en provenance de la moitié du monde, a un nom : Osama Abdul Mohsen . Et qui est cet Osama ? Oh, rien qu’un terroriste d’Al Nosra, la formation d’Al Qaeda qui se partage, avec l’ISIS, la charge et l’honneur de violer et de massacrer les femmes et les enfants syriens pour le compte de l’OTAN. Les Kurdes révèlent que l’individu originaire de la ville de Tel Abyad fait partie de la bande terroriste depuis au moins 2011, qu’il a combattu les Kurdes à Amoudeh et à Sari Kani, et qu’il a pris la fuite quand le PYD a conquis la zone. Il se serait rendu coupable d’atrocités à l’encontre de civils ; alors qu’il était entraîneur d’une équipe de foot, il aurait, en 2010, causé des troubles qui se seraient soldés par l’assassinat de 50 Kurdes, et, sur sa page facebook, on peut voir des tas de photos qui le montrent en milicien, se livrant à des bravades avec ses compères. C’est à se demander qui peut l’avoir envoyé en Europe et pour quoi faire, s’il est une rara flor ou s’il fait partie d’une mission occupée à préparer quelque False Flag dans nos parages. À Madrid, Cristiano Ronaldo l’a pris dans ses bras (The Free Syrian Press, 21 septembre 2015).

 

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Ronaldo 2e et Osama Abdul Mohsen 4e à partir de la gauche.

 

Syrie, le piège de Poutine

Excellentes nouvelles de Syrie. Je dois dire avant tout que, si on peut aujourd’hui allumer un cierge d’action de grâces pour la Syrie martyrisée et résistante, c’est surtout à près de cinq années d’une lutte fantastique sous la direction d’Assad et du Baas qu’on le doit. Peuple dont j’ai rendu compte des sentiments, de l’amour qu’il porte à son président, et de sa détermination, dans le film Armageddon sur le chemin de Damas. Peuple  qui, déjà, dans ses trois guerres précédentes contre Israël, avait montré sa valeur. À l’évidence, la Russie de Poutine – et non celle de Medvedev, qui a laissé anéantir la Libye – a joué et joue un rôle décisif. N’eût été Moscou, les hordes otanesques auraient depuis longtemps dégringolé du ciel pour apporter leur concours aux bandes de brigands mercenaires qui constituent leur infanterie dans tout le Moyen Orient et qui, en cinq ans, n’ont pas été capables de l’emporter sur les Forces Armées Nationales et sur les milices populaires (qui ne sont pas seulement chi’ites, ni en Syrie ni en Irak, comme voudraient le faire croire les chroniques du « manifesto »(4), fidèle à la vulgate de la guerre civile confessionnelle : l’armée et les forces populaires d’autodéfense comptent dans leurs rangs toutes les confessions présentes dans les deux pays).

Au cours des dernières semaines, face à l’intervention terrestre ventilée de la coalition occidentale - anticipée par les Turcs, qui avaient, pour cette raison créé une zone tampon le long de la frontière syrienne - Poutine s’est manifesté sur deux fronts.

Sur le front diplomatique, il a enrôlé dans des dialogues, pour une composition politique du conflit, les diverses parties en cause, avec des rencontres directes entre le ministre des Affaires étrangères Lavrov et les gouvernants du Golfe, jusqu’à celle avec un Obama mis en graves difficultés par la faillite successive de toutes ses options, la dernière étant celle qui a tenté de ressusciter la fameuse force rebelle modérée, qui s’est conclue par le racolage de quatre pelés en Syrie, aussitôt passés avec armes et bagages aux alqaedistes d’Al-Nosra. Il a affirmé de façon péremptoire et en accord avec l’Iran, clouant ainsi le bec à tous les corbeaux, les nôtres inclus, qui faisaient courir le bruit d’un abandon russe d’Assad, qu’aucune solution à la crise n’était possible sans le président légitime de la Syrie et que la seule force qui se soit montrée efficace contre le terrorisme djihadiste était l’armée syrienne. Il a réaffirmé l’évidence éclatante que la guerre que les USA et leurs alliés du Golfe prétendent faire à l’ISIS n’est qu’un simulacre qui, s’il eût été une vraie guerre, aurait pu écraser les terroristes en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, rien qu’en cessant tout simplement de les armer et de les ravitailler.

 

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Pendant qu’Obama, Netanyahou et consorts se débattaient dans leurs contradictions paralysantes, écartelés entre leur utilisation, contre Assad, de djihadistes importés de partout et leur identification-condamnation des mêmes en tant que menace apocalyptique pour l’Occident, Poutine s’est manifesté sur le front militaire. À Lattaquié arrivent des moyens et des armements avancés, destinés à renforcer le déploiement gouvernemental, tandis que les ports et les aéroports de la côte sont mis en état de recevoir les avions et les troupes de Moscou. S’il est vrai qu’en Occident on veut combattre le terrorisme djihadiste, fait savoir Poutine, nous voilà, nous sommes prêts. En moins de deux, le carcinome qui épouvante si fort la « communauté internationale » et auquel tentent d’échapper les foules qui envahissent l’Europe, peut être éradiqué. Pour la seconde fois, comme après le False Flag des prétendues armes chimiques d’Assad - désamorcé par lui en apportant les preuves qu’il s’agissait d’opérations sous mandat turc et en faisant livrer la totalité de l’arsenal chimique syrien - le président Poutine sauve la Syrie de l’holocauste planifié par le monstre tricéphale OTAN-Israël-Golfe. Et le blocus eurasiatique organisé par Moscou et Pékin montre que la Chine lui donne un coup de main. Comme l’a révélé Igor Morozov, président du Comité pour les Affaires étrangères de la Fédération de Russie, c’est du 25 septembre que date la décision chinoise de participer à la lutte contre l’ISIS. Une flotte chinoise composée de porte-avions et de croiseurs est entrée en Méditerranée.

Comme tout se tient au Moyen Orient, Moscou, en parallèle, met sur pied à Bagdad une coordination pour la sécurité, le renseignement et les opérations de défense contre l’ISIS, réunissant l’Irak, la Russie, l’Iran et la Syrie. L’intention déclarée, selon le Premier ministre irakien Al Abadi, est de « suivre et contrôler les mouvements des bandes terroristes et d’en détruire le potentiel militaire ». Concrètement, la manœuvre semble indiquer un engagement ultérieur de l’Iran, et notamment des brigades Al Quds, aux côtés de l’armée de Bagdad et des milices populaires chi’ites-sunnites, avec fourniture d’armes et de moyens russes, y compris des avions de combat. Ils devraient remplacer ceux que les USA ont commencé à refuser à l’Irak, lorsque les rapports entre Washington et Bagdad se sont détériorés, suite aux nombreuses accusations portées par les Irakiens à propos des parachutages par les USA d’armes et de ravitaillement aux unités de l’ISIS.

En provenance des capitales qui, jusqu’à présent, avaient soutenu, par des mercenaires et un consensus politique, la volonté d’élimination d’Assad et d’équarissage de la Syrie, commencent à s’élever quelques voix quant à la possibilité d’envisager leur maintien, au moins pour une « phase de transition » (très bien, et alors ce seront les Syriens qui décideront, comme ils l’ont déjà fait de façon répétée). À Cameron, le parlement britannique a refusé son autorisation d’intervention (négligeant évidemment l’obstinée présence sur le terrain des têtes de cuir SAS). À Berlin, dont les positions comptent plus que n’importe quelles autres, on a dit haut et clair qu’il n’était pas question de participer à une attaque contre la Syrie. Et même à Rome, d’un Renzi internationalement sans importance : pas question. Seul un homoncule, un authentique quaquaraquà (5), le président français Hollande, croit prendre tout le monde de vitesse et à rebours en dégaînant ses quatre Rafales. Evidemment, l’ISIS écrabouillé par la sous-ventrière de l’OTAN n’est rien d’autre que l’habituelle simagrée. Hollande est le seul qui insiste encore pour glapir après Assad. Mais si sa grandeur au rabais a pu faire jouer ses petits muscles colonialistes en Côte d’Ivoire, en Libye, au Mali et alentours, ici, ce sont les grands qui décident.

 

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Apocalypse biblique ?

Après des années au cours desquelles l’Occident, Israël et des gangsters locaux ont utilisé tous les moyens imaginables pour saigner à blanc et dépeupler la Syrie et l’Irak, les deux peuples sont encore sur pied. Et leurs alliés sont puissants et agissent puissamment. Est-il concevable qu’Obama tente une fuite en avant belliciste et se risque, dans le ciel de Bagdad et celui de Damas, à la conflagration universelle définitive ? Celle qu’invoquent les apocalyptiques, pour qui la bible est un manuel d’instruction ? Dans le but d’entrer dans l’histoire, à deux pas de la fin de son mandat, comme celui qui a provoqué l’ultime guerre mondiale ? Ces gens sont des psychopathes, d’accord, au service de psychopathes encore plus décérébrés qu’eux, mais quand même peut-être capables de faire quelques calculs comparatifs entre les coûts et les bénéfices, du moins espérons-le.

Il y avait d’autres choses à dire. Mais, pour beaucoup, ceci est déjà trop long. Je me limite à quelques derniers télégrammes.

 

Pape-Cuba-USA

Sur le pape et Cuba, la fille du Che (voir ci-dessus) a dit, pour l’essentiel, ce qui s’est passé dans l’île, depuis  que trois pontifes et un président des USA ont réussi à lui mettre une laisse. Merveilleuse mais pas étonnante parce que récurrente, l’unanimité des orgasmes de gauche comme de droite qui ont accueilli les généralités bien-pensantes que Bergoglio a déversées à pleines mains de La Havane à Washington, entre la cour d’un renégat de la révolution et celle d’un criminel de sept guerres et de terrorismes sans nombre. Il a condamné la peine de mort ? Bien, bravo, merci. Énoncé par le chef d’une organisation qui, tout au long des siècles, a liquidé et fait liquider plus de gens à elle toute seule que toutes les autres mises ensemble, ce n’est pas mal. En attendant, ce qui compte au-delà des blablabla carressants, c’est l’Amérique latine, déjà en cours de guévarisation, qu’il importe de restituer au catholibéralisme de la doctrine sociale de l’Église. Moins d’État et plus d’écoles, d’hôpitaux, de médias catholiquement privés. Raùl a déjà dit oui. Obama et les Américains en ont été tout émus.

 

Volkswagen, quelle surprise !

Avez-vous noté le timing du coup mortel porté à l’Allemagne avec la seringue au curare enfoncée dans son cœur industriel ? À la Foire de Francfort, Merkel exhortait l’industrie automobile allemande aux grandes entreprises impérialistes. Peut-être avec le concours des excellents cadres syriens récemment accueillis. Peut-être au grand dam ultérieur de la précieuse hégémonie automobile US. Et de un. Et de deux, plus important encore, Merkel venait de déclarer que pour ce qui était de participer à la guerre contre la Syrie, elle n’y pensait même pas et que, sur l’Ukraine, elle s’en tenait aux accords de Minsk. Autant dire du sel sur les plaies ouvertes dans la carcasse de l’impérialisme par l’offensive militaire et diplomatique russe.

Le fait est que, comme il s’est avéré, tout le monde était au courant de l’arnaque au gaz asphyxiant. Berlin, Washington, Bruxelles. Greenpeace l’avait dénoncée en 2013, les médias en avaient parlé. Le fait est que d’arnaque et d’empoisonnement collectif, les gouvernements et les constructeurs automobiles en vivent. Tous. Il suffit de penser à la blague des filtres Diesel italiens, qui bloquent les grosses particules mais qui, en les brûlant, répandent dans l’atmosphère des microparticules infiniments plus nuisibles. Mortelles.

Qu’on se rappelle cette investigatrice intègre, Gabanelli (6), qui ayant exaspéré l’hétérodoxe Di Pietro (7) avec un reportage plein de faussetés et de calomnies, a servi au pouvoir multinational le plat bien plus juteux de l’ENI (8). Des pots de vin à l’Algérie ! Vous pouvez parier votre TFR (9) qu’il n’y a pas de société pétrolière au monde qui ne graisse pas la patte aux gouvernements dont elle escompte qu’ils lui donneront accès à leurs gisements. Mais l’ENI travaillait en grand, que ce soit avec les Arabes (sur base de quasi monopole en Libye et en Algérie) ou avec les Russes. Partenaire de Gazprom et patronne des gisements sibériens, elle construisait avec les Russes le gazoduc South Stream, qui allait liquider les Américains. Puante, d’accord. Il suffit de penser au Val d’Agri et aux foreuses en Basilicate. Mais un peu trop nationaliste. Gros mot. Gabanelli y a pensé, et la tête de Scaroni a sauté.

 

Tsipras, bourreau sanctifié

Il semble que la phénoménologie Tsipras se multiplie. Vous voyez ce brave homme de Sanders (10), candidat démocrate à la présidence US qui devance la gorgone Hillary avec des promesses de justice sociale et de paix ? Un de ses sycophantes de par ici a mentionné la conférence où, pris à partie par quelqu’un qui lui reprochait sa solidarité avec Israël, il a répondu « Ça suffit. La ferme ! ». Et quelqu’un vous a-t-il informé de ce que l’autre encore plus brave homme, Corbyn, a fulminé sur « le tyran Assad, qu’il faut oblitérer » ? Ou encore, vous a-t-on rapporté que Pablo Iglesias, de Podemos, vient d’exprimer toute sa solidarité avec ce martyr de la démocratie vénézuélienne, Leopoldo Lopez, autre brave homme qui, après avoir soutenu le coup d’État contre Chavez en 2001, s’est rebellé contre le Vénézuela de Maduro par des pogroms terroristes confiés aux soins de bandes fascistes (43 morts et des centaines de blessés) ainsi que des sabotages économiques, et qui s’est fait injustement condamner à de la prison par le dictateur héritier de Chavez ? Comparé à l’autre idole, Tsipras, tout ceci n’est rien.

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Je suis fatigué de parler de ce personnage, exécuteur testamentaire de son peuple. Mais je suis encore plus fatigué de parler des coryphées qui continuent à lui tresser des couronnes de laurier et à s’en aller en procession, psalmodier leurs neuvaines et leurs péans. Cet homme est une tache sur l’histoire trimillénaire d’un peuple qui a percé, avec la lumière de la raison et de la beauté, l’obscurité des superstitions et des tyrannies, qui se nourrissent toutes de superstition. À peine a-t-il gagné une élection par le vieux truc du rapprochement avec les dissidents et, grâce à l’abstention d’un Grec sur deux, soit la perte d’un tiers des votes, et, donc, un consensus d’à peine 20%,  que le « manifesto » l’a salué en première page par ce feu d’artifice en gigantographie : « BIEN, BRAVO, TRIS ».

Où le « bien », j’imagine, salue la manière dont il a roulé ceux qui n’avaient pas envie de jeter leur pays aux poubelles, mais qui étaient nés de la veille. Le « bravo » doit avoir été suggéré par le lobby désormais hégémonique dans le journal, pour le féliciter de s’être coalisé et d’avoir renouvelé les embrassades, les effusions et les alliances avec Kammenos, chef du parti de la droite extrême, à peine rentré de Tel Aviv où il venait de confirmer sa conjonction idéologique, matérielle et militaire avec le frère Netanyahou.

Le chef de « la seule démocratie du Moyen-Orient » peut désormais compter, pour assurer la promotion militaire de la civilisation sioniste élue, sur la totalité du territoire grec et toutes ses armées. Celles, justement, qui, grâce aux bons soins allemands, ont précipité le pays dans l’abîme d’une dette insondable, qui à son tour prendra soin, grâce à Tsipras, de ses obsèques. Tout cela n’arrive pas à ébranler la foi de ceux qui avaient déjà offert, au Tsipras encore en devenir, le maximum de compréhension, lorsqu’il jurait fidélité à l’OTAN et à l’UE, et nommait la madame Bilderberg, Spinelli (11), chef de l’analogue entourloupe italienne (heureusement éteinte). Pour convoquer ses ouailles aux réjouissances en l’honneur de celui qui a passé aux Grecs un nœud coulant pire encore que celui qu’ils avaient rejeté en masse par le référendum, le « manifesto » a usé de ses pages comme de trompettes du jugement. Et, du fond de leurs tombeaux ont surgi les Marco Revelli, les Guido Viale, les Norme Rangieri, les Burgio et toutes les têtes d’œuf de la « vraie et unique gauche » (12), un peu abrutie, parce qu’épuisée par la tâche fastidieuse de rehisser sempiternellement, à l’instar de Sisyphe, le rocher qui, régulièrement, lui retombe sur la tête. Et tous, avec une parfaite cohérence, d’applaudir en standing ovation, le rocher dégringolé sur la tête de la Grèce.

_________________  

(1Roberta Pinotti, ministre de la Défense dans le gouvernement Renzi, depuis 2014.

(2Paolo Gentiloni Silveri, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du gouvernement Renzi, depuis 2014.   

(3Le PYD (Parti de l’Union Démocratique), est un parti kurde syrien, qui a combattu les troupes gouvernementales et l’ALS pendant la guerre civile, et qui revendique le contrôle du Kurdistan moyen en Syrie.

(4) il manifesto, quotidien communiste italien, qu’à lire Grimaldi on peut comparer à L’Humanité de Pierre Laurent.

(5) Pas d’équivalent en français. Mince, alors ! En anglais : « a worthless man »,  « a blabbermouth », « a fool », « a gadabout », « a weathercock », « a quack ».

(6) Milena Gabanelli, journaliste italienne, dont l’émission, « Report », passe depuis 1997 sur RAI3.

(7) Antonio Di Pietro, magistrat et homme politique italien. Magistrat, il a participé à l’opération mains propres. Homme politique, il est le fondateur du mouvement Italie des valeurs, qui est membre du parti européen des libéraux, démocrates et réformateurs. Cependant, il est allié électoralement aux partis du centre-gauche comme L’Olivier et Unione.  Ancien ministre du gouvernement Prodi. Il est aussi un des rares à avoir réclamé la démission de Berlusconi.

(8)  http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/corruption/eni_nouveau_scandale.htm

(9)  En Italie, le traitement de fin de rapport (TFR), versé au salarié lors de la rupture du contrat de travail, correspond à la partie du salaire mise de côté chaque année et gardée par l'employeur. Depuis le 1er janvier 2007, les salariés peuvent choisir de destiner ce TFR à un fonds de retraite complémentaire.

(10Bernie Sanders, candidat à l’investiture démocrate pour l’élction présidentielle, est le premier candidat US à se déclarer socialiste, ou plutôt « socialiste démocrate ». https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernie_Sanders

(11) Barbara Spinelli, journaliste italienne qui s’était portée candidate, en 2014, aux élections européennes, sur la liste L’autre Europe avec Tsipras. En mai 2015, elle a quitté L’Autre Europe toujours avec Tsipras, mais a souhaité conserver son mandat, sous une nouvelle étiquette. https://fr.wikipedia.org/wiki/Barbara_Spinelli

(12) Pas la peine de chercher qui ils sont. Il suffit de les remplacer par les nôtres, Laurent et Mélenchon en tête, et de remplacer il manifesto par L’Humanité, mais aussi par….et par… (à compléter sur les pointillés).

Source : http://fulviogrimaldi.blogspot.be/2015/09/puntini-sugli-i...

Traduction c.l.

2. Paper boat sign.GIF

 

Armageddon sulla via di Damasco

(hélas non sous-titré en français)

 

 

2. Paper boat sign.GIF

 

 

Comment on peut du moins essayer de fabriquer des citoyens adultes :

Iran : des délinquants condamnés à la lecture en alternative à l’emprisonnement !

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C’est ce que l’on pourrait appeler un enseignement adapté pour tous, y compris pour les délinquants. Ça, ce serait une vraie réforme, touchant à la fois l’Education Nationale, la Justice et la Culture. Ils sont forts, ces Iraniens ! Madame Najat Vallaud-Belkacem devrait s’en inspirer. RI

 

Une condamnation spéciale a eu lieu en Iran puisque plusieurs criminels de droit commun ont écopé d’une peine plutôt inattendue : acheter des livres puis les lire, au lieu d’effectuer une peine de prison. Il s’agit d’une manœuvre rendue possible par le biais de récentes modifications de la loi iranienne.

En Iran, la peine de mort est en vigueur et ce pays se classe même second juste derrière la Chine en nombre d’exécutions par habitants. Et pourtant, c’est bien là-bas qu’un jugement inédit a été ordonné. Une récente révision de la législation du pays permet en effet aux juges de proposer des alternatives à l’emprisonnement.

Pour Qasem Naqizadeh, juge iranien, il s’agit d’éviter « l’impact physique et psychologique irréversible » qu’une peine de prison peut engendrer sur les détenus ainsi qu’à leur famille, comme le rapporte l’agence de presse iranienne IRNA. Le juge Naqizadeh se poste en pionnier d’une telle application qui s’adresse principalement aux condamnés dont le casier demeure vierge. À leur disposition, une liste d’ouvrages « grand public » intègre également une sélection de livres scientifiques plus modernes.

« Les livres ont été sélectionnés afin que tous les condamnés puissent en faire usage, et ce, qu’importent leur niveau de lecture, leurs connaissances ou leurs âges » selon Qasem Naqizadeh.

Au-delà de la lecture des ouvrages, la sentence intègre également la rédaction de résumés exhaustifs servant de preuve. En effet, les condamnés doivent obligatoirement les fournir au juge. De plus, une dimension spirituelle est présente : les condamnés doivent inclure dans leurs résumés la retranscription de l’un des hadiths (recueil des communications orales attribuées au prophète Mahomet). Enfin, une fois la peine effectuée, les condamnés sont chargés d’offrir leurs ouvrages à une prison locale, sous forme de don.

Yohan Demeure

Sources : 8e ÉtageActua Litté

http://citizenpost.fr/2015/09/iran-delinquants-condamnes-...

Notre source : http://reseauinternational.net/iran-des-delinquants-conda...

 

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Seïf el Islam Kadhafi, le retour…

Réseau International –22 septembre 2015

 

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Le Conseil suprême des tribus libyennes s’est réuni dans le sud de la Libye et a nommé le fils du colonel Kadhafi, Seïf el Islam, comme représentant légal !

Le Conseil suprême des tribus libyennes s’est réuni dans le sud de la Libye le 14 septembre dernier. Très grosse surprise : c’est le fils du colonel Kadhafi, Seïf el Islam, qui en a été nommé le représentant légal ! Capturé en 2011 et depuis retenu par les milices de Zenten (alliées de Tobrouk), Seïf el Islam, qui est en réalité libre de ses mouvements, a été condamné cet été à mort par un tribunal de Tripoli qui réclame en vain son “extradition” vers la capitale.

Des tribus hors jeu

Sa nomination comme représentant légal marque un tournant important dans la vie des tribus. En effet, de nombreux chefs y ont longtemps été opposés et sa nomination se négociait sec dans les coulisses du Conseil depuis deux ans. Un bémol toutefois : ni le gouvernement officiel de Tobrouk ni celui clandestin de Tripoli n’intègre à ce jour les tribus libyennes dans le jeu politique. Une aberration imposée par l’Occident en 2011 tant la Libye est d’abord un pays tribal.

Sources :

http://reseauinternational.net/seif-el-islam-kadhafi-le-r...

http://mondafrique.com/lire/decryptages/2015/09/21/seif-e...

 

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Le tragique et honorable héritage de Muammar Gaddhafi

Françoise Petidemange - Réseau International4 octobre 2015

 

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Tripoli avant la guerre

 

Alors qu’il est question d’un retour de Saïf al-Islam Gaddhafi dans la vie politique et économique de la Libye, voici les faits historiques auxquels il va devoir faire face…

Muammar Gaddhafi n’a pas fait la Révolution du 1er Septembre 1969 tout seul. Ils étaient douze amis, pour la plupart issus de milieux pauvres, plus une centaine de civils et de militaires. Cette Révolution a été appelée “La Révolution blanche” parce qu’elle avait eu lieu sans effusion de sang (ce qui est rare dans l’histoire du monde). Contrairement à ce qui a été maintes fois dit… c’est le peuple libyen qui, au début des années 80, a accordé à Muammar Gaddhafi le titre de Guide révolutionnaire.

Lire la suite… 

Source : http://reseauinternational.net/le-tragique-et-honorable-h...

  

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Le cauchemar au Soudan du Sud :

« Nous venons en amis » - le film

Rosa LlorensSaker francophone 19 septembre 2015

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Après Le Cauchemar de Darwin en 2006, Hubert Sauper continue son voyage autour du Nil blanc : de Tanzanie (où se trouve le fameux Lac Victoria sinistré par l’élevage des perches du Nil), il passe, un peu plus au nord, au Soudan du Sud, pour poursuivre sa dénonciation des effets meurtriers de la mondialisation.

Hubert Sauper est aujourd’hui une référence en matière de documentaires (et l’on pourrait être fiers que, comme Peter Handke, il ait choisi la France pour y vivre), aussi les critiques sont-elles en général positives. Une note discordante, toutefois, celle de Vincent Malausa qui nous assène «5 raisons de fuir cette supercherie»! On se demande quelle corde sensible du trio infernal propriétaire de L’Obs (Bergé-Niel-Pigasse) ce film a pu toucher…

Cependant, d’autres critiques, apparemment positifs, cherchent à désamorcer le film en restant dans des généralités humanistes, déplorant les crimes sans nommer les coupables : ainsi, abusdeciné conclut qu’une fois de plus on voit que «notre monde ne tourne pas rond». Ou bien, si on est parfois plus précis, on ne nomme qu’un des coupables ; L’Obs accuse Sauper de tout mettre sur le même plan, «le témoignage cynique d’un Chinois, la parole humiliée d’un chef de village victime d’une entreprise de spoliation ou le grognement d’un chien enragé venu mordre la caméra». Mais c’est Malausa qui aplatit tout : sa phrase semble attribuer tous les méfaits au Chinois cynique, alors que c’est une grande société US qui spolie le village, et que le chien n’est pas enragé, mais dressé à défendre la propriété de deux colons venus du Texas.

La Croix, par contre, fait une critique mitigée, positive sur le fond du film, négative sur la forme : «Glaçant, puissant, [le film] laisse cependant le spectateur démuni, par manque de contextualisation.» Mais il corrige lui-même sa critique en concluant : «Par sa force, ce documentaire pousse cependant son spectateur à s’informer et approfondir le sujet par lui-même.»

C’est ce que j’ai fait, et j’ai trouvé sur Francetv info une interview de Sauper qui explique la forme choisie. L’Obs lui reproche son manque de sérieux, son côté Tintin au Soudan, son petit avion biplace nommé Sputnik (avec lequel il a voyagé de Bourgogne jusqu’au Soudan du Sud) ; mais Sauper explique qu’il l’a conçu exprès «pour avoir l’air inoffensif et ridicule», et pouvoir circuler sans susciter de méfiance dans un pays en guerre et interdit aux journalistes (et en effet les chefs de guerre s’amusent à tripoter son avion-jouet). C’est ainsi, conclut Francetv, qu’il utilise «le burlesque au nom de la dénonciation».

Ainsi donc, le spectateur est plongé in medias res, et en manque de repères : ce n’est pas la faute de Sauper, mais des médias qui, après avoir diabolisé le Soudan dirigé par le musulman Omar el-Béchir, évidemment criminel contre l’humanité, et nous avoir apitoyés en faveur des Chrétiens du Sud persécutés, ont abandonné brutalement le sujet, une fois la partition acquise, en 2011.

Sauper prend le relais, et atterrit dans le Soudan du Sud, sans doute en 2013, nous faisant découvrir le pays à sa suite, à ras de terre : et là, bien sûr, les contes de fées ou de sorcières du récit médiatique s’évanouissent. Il commence par un nom, bien connu, mais que j’aurais été incapable de situer sur une carte : Fachoda. Le fameux incident de Fachoda, et les malheurs du Soudan, s’expliquent par sa situation géographique, au croisement d’une ligne horizontale, française, qui va du Congo à Djibouti, et d’une ligne verticale, anglaise, qui va de la Tanzanie à l’Égypte. Cela explique aussi la férocité avec laquelle les Anglais ont réprimé la révolte du Mahdi en 1885 (rappelez-vous – Jules Verne? –, les rebelles attachés à la gueule des canons et pulvérisés ; et Wikipédia note qu’après la bataille d’Omdurman, où les mahdistes furent écrasés, en 1899, «personne ne s’interrogera sur le fait que presque aucun des 16 000 Soudanais blessés ne survécut»). Mais depuis, les rivalités anglo-françaises ont été remplacées par la rivalité entre les USA et la Chine.

Depuis l’indépendance, en 1956, le Nord musulman et le Sud chrétien sont en conflit ; les USA l’ont attisé de façon à aboutir à la partition (malgré le principe établi par l’OUA de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation) [voir là-dessus diploweb.com] ; et, comme il est logique, la Constitution du nouveau Soudan du Sud ne reconnaît qu’une langue officielle : l’anglais, parlé par 3% à 5% de la population. Les droits de l’homme et la démocratie l’ont donc emporté, contre le criminel Omar el-Béchir?

Michel Raimbaud, ancien ambassadeur de France au Soudan, interrogé par France 24, constate que la politique des USA au Soudan suit deux axes : le pétrole et les intérêts d’Israël. En 2008, le ministre israélien de la sécurité INTÉRIEURE déclarait : «Nous devons faire de sorte que le Soudan soit constamment préoccupé par ses problèmes intérieurs.» En effet, le Soudan, État africain musulman, pourrait jouer un rôle-clé pour unifier les pays qui soutiennent les Palestiniens. Quant au pétrole, 75% des gisements se trouvent dans le Soudan du Sud. Mais les infrastructures (raffineries, pipelines) sont au Nord. En outre, la production est perturbée par une nouvelle guerre civile, qui a éclaté en 2013, entre Sudistes, le président, l’homme au chapeau de cow boy, Salva Kiir, catholique, et son vice-président, presbytérien. Depuis, le pays est le théâtre d’exactions effroyables (femmes et enfants violés, mutilés, torturés, massacrés, la routine habituelle, est-on tenté d’ajouter, comme au Congo Kinshasa voisin, lui aussi maudit par la richesse de son sous-sol.

Revenons au film, qui n’éclaire cette réalité catastrophique que de façon ponctuelle (et on lui en est reconnaissant). Il commence par mettre en cause les Chinois, très investis au Soudan depuis que, en 1993, les USA l’ont fermé aux Européens en le déclarant État voyou : les travailleurs chinois semblent peu intéressés par les indigènes, certes ; mais cela a un avantage : ils se contentent, pragmatiquement, d’extraire autant de pétrole qu’ils peuvent.

Du côté US, par contre, le tableau devient ubuesque. En attendant de mettre en place leurs infrastructures pétrolières, les États-uniens commencent par forer le cerveau des Soudanais, avec toute la force de frappe de leur soft power, depuis Hollywood (George Clooney) jusqu’aux évangélistes. Une dame de charité, caricature de l’Américaine (type : Nancy Reagan), nous invite à partager son scandale : en dehors du poste US, on trouve encore des enfants qui vont tout nus! Et une scène hallucinante la montre enfilant de grosses chaussettes et des sandales en plastique à de jeunes enfants en pleurs, qui, ainsi harnachés, ne peuvent plus marcher. Le pasteur, lui, endoctrine les Africains : «Quand je prie, je prie comme Jésus», «ce que je veux, c’est ce que veut Jésus», et il n’oublie pas de citer sa Holy Bible : «Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front». Et, en effet, l’image suivante montre des Noirs cassant des roches au marteau, et des femmes les réduisant en cailloux. Un responsable US vient inaugurer des installations électriques, proclamant : «Nous vous apportons la lumière, au propre et au figuré»; l’image suivante montre le nuage de poussière noire permanent produit par le traitement des tonnes de pierres cassées par les Africains.

Mais le comble de l’ignominie est atteint par le couple de colons texans qui raconte, tout sourires (le comportement des indigènes est si ridicule!) que lorsqu’ils ont enclos le terrain où ils ont construit leur maison, les Noirs se sont plaints, car leurs chèvres avaient l’habitude de brouter là ; mais depuis, «ils se sont fait une raison».

Il semble que L’Obs ne critique le confusionnisme de Sauper que parce que, justement, il est trop net ; à travers le film, sans qu’il ait besoin de condamnations indignées, on voit à l’œuvre la palestinisation du Soudan du Sud : l’expulsion des habitants du pays par des colons qui se sentent chez eux («le climat est le même qu’au Texas») et qui n’ont aucun doute sur leur droit à cette nouvelle Terre promise.

Rosa Llorens est normalienne, agrégée de lettres classiques et professeure de lettres en classe préparatoire.

Source :http://lesakerfrancophone.net/nous-venons-en-amis-le-film...

 

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Mis en ligne par Intérim le 5 octobre 2015

 

 

 

14:45 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

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