13/11/2016

LIVRES ENCORE... ET POURQUOI PAS - 2/4

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Livres encore… et pourquoi pas.

ou

Du bon usage des personnages historiques dans la littérature policière

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Le clan des dix-huitièmistes

(certains débordant un peu)

 

En fait, mon titre est fallacieux, car, des auteurs qui suivent, deux seulement se cantonnent à ce siècle et à l’histoire de France, un troisième y nage comme poisson dans l’eau, mais sort aussi de France pour aller voir ailleurs. Quant au quatrième, s’il ne l’évite pas, il se promène, lui, essentiellement dans l’histoire de France… du IIe siècle avant J.-C. à nos jours.

S‘agissant d’ordonner des histoires de meurtres et délits autour de personnages historiques réels, nos auteurs, surtout les deux premiers, sont amenés à faire graviter les personnages de leur invention autour des mêmes acteurs de l’Histoire et à partir des mêmes faits historiques. C’est ce qui rend leur comparaison passionnante.

Car, comment ne pas s’intéresser à l’image que se font, du siècle des Lumières, des auteurs de fiction s’exprimant dans la même discipline ? Le XVIIIe siècle, comme l’Histoire en général, est une auberge espagnole où chacun apporte ce qu’il espère y trouver.

La plupart des histoires policières de M. Jean-François Parot et toutes celles de M. Olivier Barde-Cabuçon se passent sous le règne de Louis XV, le premier en étant arrivé, dans ses derniers titres, à celui de Louis XVI. Il s’agit, dans les deux cas, d’une vision du siècle dit des Lumières et de la société française dans son ensemble, monarques inclus.

Or, la différence peut aller loin.

Le XVIIIe siècle de M. Parot est lumineux comme il se doit ou se devrait. Celui de M. Barde-Cabuçon en revanche est très sombre. Pourtant, les deux sont vrais. À mon avis, leurs visions ne s’excluent pas, elles se complètent.

Le XVIIIe siècle français a vu l’apogée de sa bourgeoisie. Il fut un temps, en effet, où cette classe sociale n’était pas, comme aujourd’hui, synonyme de quelques-unes des pires tares de la terre, mais au contraire le dénominateur commun d’un grand nombre de vertus rares. C’est cette France-là que peint M. Parot, ce moment de perfection au sommet, avant que se remette à tourner la roue de Tyché Sōter et que ce qui est en haut aille en bas et que ce qui est en bas se hisse volens nolens.

C’est pourquoi le personnage central – vrai pivot de la série à mon avis - de ses romans ne me paraît pas être Nicolas Le Floch mais l’ancien juge Aimé de Noblecourt, autour de qui ne gravite pas que sa propre maisonnée mais tout ce qui se rapproche d’une harmonieuse égalité fût-elle rêvée : Nicolas lui-même, bâtard d’un noble breton, exerçant un métier qui suffirait à le déclasser s’il était aristocrate reconnu – un pied dans une classe, un pied dans l’autre – ne devant qu’à son exceptionnel mérite la récupération du titre paternel, qu’il lui est même permis de transmettre à son tour à l’enfant qu’il a d’une prostituée (celle-ci rachetant sa vie de femme infréquentable au service dangereux de la couronne, qui fera d’elle – ouf ! - une lady anglaise), tout en étant accepté comme quelqu’un de son sang par le très noble amiral d’Arranet, père de sa maîtresse, sans qu’il soit question, jamais, de fille déshonorée et autres fariboles à l’usage du petit peuple.

Société fantasmée, société rêvée, où le bourreau Sanson, encore un peu bourreau, certes, mais si peu, devient l’ancêtre de tous les médecins légistes à venir, et Guillaume Semacgus, chirurgien de marine grand bourlingueur, celui de tous les scientifiques innovants ; où Sartine, grand collectionneur de perruques, règne sur toutes les polices de France par la volonté légitime du roi, qui est ici le Bien Aimé sanctifié par sa fonction, et non le déplorable DSK du Parc aux Cerfs.

L’impression de confort, de sécurité et de légitimité que l’on éprouve n’est pas peu renforcée par la vie de tous les jours à l’hôtel de Noblecourt : la boulangerie voisine qui sent si bon, la chatte Mouchette et le chien Pluton, sans oublier surtout les servantes Marion et Catherine, cette dernière, avec son savoureux accent teuton, comblant un vide flagrant dans la galerie des soubrettes de Molière.

Pas un mot, dans cet ordre établi pour durer toujours, des Rousseau, Voltaire, Diderot et autres d’Alembert, ni de complot organisé contre l’Infâme, à croire que ces marginaux n’ont eu d’existence que dans les contes de Perrault. À lire M. Parot, on se prend à regretter qu’il n’en ait pas été ainsi et que cela n’ait pas duré toujours.

Moment d’équilibre, je l’ai dit, idéalisé, avant que l’orage éclate. Qu’en sera-t-il dans trois ans – on est en 1786 – quand M. Parot sera aux prises avec ce qui a coupé la France en deux : tant l’Église que la noblesse, tant la bourgeoisie que le peuple et que les familles, y compris celle des rois, où l’un votera la mort de l’autre ? Qu’adviendra-t-il de l’amitié qui unit Le Floch et Bourdeau ? Espérons vivre assez longtemps pour le savoir…

 

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Avec M. Barde-Cabuçon, tout change. Parce que, pour lui, si le siècle des Lumières est celui de toutes les curiosités, de la volonté de savoir et d’explorer l’inconnu, c’est aussi celui des pires excès et dérèglements qui caractérisent les fins de règnes comme les époques de décadence, celui aussi des remises en question les plus extrêmes.

Louis XV n’est plus, ici, comme chez Parot, l’incarnation de la légitimité de l’État, fonction auguste faite chair, mais un vieillard vicieux, sans grandeur, sans rien surtout qui rachète sa nullité, son vide intérieur de despote capricieux, aussi superstitieux que le plus borné de ses sujets. Le portrait qu’il en trace est très dur. Est-il injuste ? Probablement pas. Mais lequel alors, du sien ou de celui de J.-F. Parot est le vrai ? Les deux sans doute et les deux sans doute incomplets, reconstitutions d’auteurs qui le rassemblent comme ils peuvent, à partir d’une même ossature de faits avérés et de témoignages archiconnus, mais reconstitutions cohérentes. Comme le sont les deux portraits de Sartine, grande vedette – genre oblige – de ces séries criminelles.

Les enquêteurs qui s’activent sous les ordres du célèbre lieutenant général de police ne sont pas, ici, un noble bâtard et un roturier déjà revendicatif, mais… un père et son fils de noble extraction, déclassés tous deux, chacun à son tour, par des caprices divers du destin.

Le père d’abord, M. de… - on ne saura jamais son nom – forte tête de libre-penseur plutôt qu’hérétique protestant, condamné jadis au bûcher et grâcié pour cause d’abjuration à l’ultime seconde, par un de ces tours de passe-passe dont la littérature de fiction est riche, longtemps banni et qui n’est souffert sur le territoire national qu’au bout de très longues années (±20), à condition de revêtir une bure qui ne trompe personne et surtout pas la police, mais les apparences sont sauves. Dans la réalité de l’Histoire, porter l’habit de moine sans l’être vous eût valu la corde, mais on est, je l’ai dit, dans le roman.

Il assiste, pour les beaux yeux de M. de Sartine, un jeune « commissaire aux morts étranges » qui se trouve être son fils (on s’avance ici d’un orteil téméraire dans les eaux d’Eugène Sue, qui est pourtant loin d’être né). Le fils croyait son père mort, pour cause d’évanouissement juste avant l’abjuration deus-ex-machinesque. Le père ostracisé a mené une vie à la fois militaire, et studieuse d’aventurier inventif dans divers pays étrangers, tandis que le fils, soucieux en grandissant de venger sa mort supposée, s’affiliait à une société secrète à finalité régicide.

Pour comprendre quelque chose aux péripéties qui les réunissent, il faut savoir que, par un autre tout de passe-passe romanesque, le fils choisi (par sa secte) pour occire l’objet du mépris (Louis XV) a reçu, là aussi in extrémis, un contrordre qui l’a obligé à sauver la vie du roi qu’il devait tuer, quoique, hélas, pas celle de Damiens. Résultat : le monarque reconnaissant le fait chevalier (de Volnay) et le nomme, comme je l’ai dit, « commissaire aux morts étranges ». C’est ès-qualités qu’il assiste à un des plus célèbres supplices de l’Histoire, lequel ne fait bien entendu que renforcer son exécration de l’ordre établi en général et du pouvoir royal en particulier. C’est ès-qualités aussi qu’il retrouve le père dont il se croyait orphelin, sous les auspices du machiavélique Sartine, maître marionnettiste et de la raison d’État.

M. Parot, dans les aventures de Nicolas Le Floch, ne souffle mot de l’exécution du quasi-régicide, qui ne lui eût pas permis de soutenir la fiction d’un Sanson quasi-humaniste. M. Barde-Cabuçon le fait pour lui, sans d’ailleurs s’attarder sur la personne du bourreau, qui est bien celui qui décapitera Louis XVI et Robespierre. Je le redis, nous sommes, de part et d’autre dans le roman.

Là où les sentiments des deux auteurs (et de quelques autres) curieusement convergent, c’est sur la personne de Madame de Pompadour, qui trouve grâce à leurs yeux comme à ceux de leurs personnages. Il semble que la plus célèbre des favorites continue à séduire post mortem ou que se soit cristallisé en elle ce que ce siècle à la fois joli et terrible a pu avoir de charme réel.

 

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Madame de Pompadour protectrice de l’Encyclopédie, par Maurice Quentin de La Tour

 

Qu’en est-il du reste ? Si le fils incarne une révolte un peu anachronique contre le pouvoir royal en soi, le père, lui, ne s’insurge pas que contre un État et une religion d’État oppressifs mais également contre toute forme sclérosée de savoir. Ce curieux faux-moine ex-militaire, ex-mercenaire, ex-aventurier, est une encyclopédie vivante, et tout ce qui entrave la libération de l’esprit ou qui s’obstine à patauger dans l’infantilisme lui est intolérable. À l’auteur aussi sans doute, à qui nous devons cette toute nouvelle face sombre du siècle des Lumières, qui ne nous conte pas, elle non plus, les hauts faits des Encyclopédistes patentés, mais plutôt les activités frénétiques des convulsionnaires, superstitieux et fanatiques de tous bords, les curiosités si proches de notre temps pour tout ce qui est obscur et tordu, la persistance des messes noires et des pratiques sataniques, mises sous le boisseau par le Grand Roi mais jamais éteintes. Ce qu’il nous fait voir et toucher enocre c’est l’insupportable misère du peuple pourtant supportée, l’abîme hurlant qui sépare les classes et ne peut que finir dans la catastrophe d’un craquement ultime, quoi que tentent les lucides et cyniques Sartine pour au moins la différer, à défaut de l’éviter

Je vous parlerai plus loin des femmes.

 

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Jean-François PAROT

Écrivain-diplomate

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Site officiel de l’auteur

(on ne saurait trop en recommander la visite)

http://www.jeanfrancoisparot.fr/

et du personnage principal

http://www.nicolaslefloch.fr/

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Série : Les Enquêtes de Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet

Elle est si connue, notamment grâce à la télévision, qu’un résumé de chaque titre me semble superflu.

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Par ordre chronologique de parution :

L’Énigme des Blancs-Manteaux

Paris : J.C . Lattès 2000, 430 p.

Paris : 10-18, 2001, 377 p

Paris : Pocket jeunesse, 2003, 382 p.

 

L’Homme au ventre de plomb

Paris : J. C. Lattès, 2000, 351 p.

Paris : 10-18, 2001, 311 p.

 

Le Fantôme de la rue Royale

Paris : J. C. Lattès, 2001, 369 p.

Paris : 10-18, 2002, 344 p.

 

L’Affaire Nicolas Le Floch

Paris : J. C. Lattès, 2002, 445 p.

Paris : 10-18, 2003, 397 p. 

 

Le Crime de l’hôtel Saint-Florentin

Paris : J. C. Lattès, 2004, 443 p.

Paris : 10-18, 2005, 396 p.

 

Le Sang des farines

Paris : J. C. Lattès, 2005, 446 p.

Paris : 10-18, 2006, 423 p.

 

Le Cadavre anglais

Paris : J. C. Lattès, 2007, 426 p.

Paris: 10-18, 2008, 432 p.

 

Le Noyé du Grand Canal

Paris : J. C. Lattès, 2009, 400 p.

Paris: 10-18, 2010, 435 p.

 

L’Honneur de Sartine

Paris : J. C. Lattès, 2010, 450 p.

Paris : 10-18, 2011, 471 p.

 

L’Enquête russe

Paris : J. C. Lattès, 2012, 550 p.

Paris : 10-18, 2013, 479 p.

 

L’Année du volcan

Paris : J. C. Lattès, 2013, 473 p.

Paris : 10-18, 2014, 450 p.

 

La Pyramide de glace

Paris : J. C. Lattès, 2014, 474 p.

Paris : 10-18, 2015, 504 p.

 

L’Inconnu du Pont Notre-Dame

Paris : J. C. Lattès, 2015, 300 p.

Paris : 10-18, 2016

 

     Extrait

     [Louis XV vient de mourir. Louis XVI lui a succédé, comme Le Noir a succédé à Sartine, devenu secrétaire d’État à la Marine, au poste de lieutenant général de police. Nicolas, commissaire au Châtelet, est mal vu de son nouveau chef, pour l’avoir été trop bien du précédent.]

     Nicolas serra les dents sans broncher. Se moquait-on de lui ? Il ne pouvait qu’apprécier, en amateur, la pointe finale de son chef. Songeait-on à éblouir un subordonné par une information si aisée à recueillir pour celui qui disposait de l’immense armée d’informateurs d’une police admirée par toutes les cours d’Europe ? Pourtant la conversation avait été exempte d’agressivité ou de morgue, et la dernière question était peut-être davantage une sorte de taquinerie d’homme de pouvoir qu’une méchanceté gratuite. Le Noir tenait, ce faisant, à démontrer qu’à l’instar de son prédécesseur il maintenait la barre avec autorité et perspicacité.

 

     Alors qu’il traversait la cour de l’hôtel de Gramont, Nicolas se sentit (tiré par les basques de son habit. Surpris, il se retourna pour découvrir la mine joviale du petit « vas-y-dire » du Grand Châtelet qui, ces dernières années, avait si souvent saisi au vol les rênes de ses chevaux ou porté ses plis. Il avait grandi et sa veste de calemande brunâtre n’avait pas suivi, découvrant largement ses avant-bras.

     – Monsieur Nicolas, dit-il, M. le lieutenant-général souhaite vous voir.

     – J’en sors ! répliqua Nicolas en riant.

     – Il s’agit de M. de Sartine, précisa le garçon avec componction.

     Nicolas s’évertuait à suivre le gamin qui gambadait comme un cabri. Il le mena à une porte prise dans le mur du verger, et qui ouvrait sur un parc. Sartine venait de louer un hôtel voisin et y avait emménagé dès sa nomination. Il aimait ce quartier neuf et aéré, à la fois préservé et proche du centre vivant de la ville. Nicolas entrevit, au-delà des arbres, un élégant bâtiment. Sur ses degrés, il fut mis entre les mains d’un vieux valet de chambre qui ne dissimula pas sa jubilation de le revoir. Il le fit monter au premier et l’introduisit dans un somptueux cabinet de chêne clair au plafond en berceau où était peint le jugement de Pâris. Sartine, debout derrière un bureau de marqueterie, surprit le regard admiratif du visiteur.

     – Que vous en semble, Nicolas ? Le jugement de Pâris pour l’ancien lieutenant criminel et chef de la police de Paris, n’est-ce pas bien trouvé ? On aurait voulu me flatter…

     Il sourit.

     –  Rassurez-vous, j’ai découvert cela à mon arrivée.

     Nicolas retrouvait un homme enjoué à qui l’entrée dans les conseils du roi semblait avoir réussi. Il avait quitté l’habit noir et portait lui aussi, hasard ou fidélité, une soyeuse tenue gris perle.

     – Je vous dois mon dernier plaisir, reprit le ministre. Que dites-vous de cette merveille ?

     Il souleva de dessus son bureau une somptueuse masse de boucles blanches qui retombait mollement sur ses bras comme une cascade de crins blancs.

     – Y suis-je pour quelque chose ? dit Nicolas.

     – Vous oubliez m’avoir, il n’y a guère, indiqué cette incomparable boutique anglaise. Notre ambassadeur n’a eu qu’à cueillir cet exemplaire. Elle serait en tout point semblable à celle que porte le lord-maire de la cité de Londres lors des cérémonies.

     Il posa la perruque, pirouetta et fit un petit saut qui le replaça devant Nicolas abasourdi. Il le prit par les épaules et le dirigea vers l’un des murs du cabinet. Là se dressait un meuble richement contourné de bronzes et de marbrures. Le plus surprenant consistait en des dizaines de boutons d’ébène, chacun marqué d’un chiffre en ivoire. Tout cela ressemblait à quelque mécanique extraordinaire. Nicolas songea aussitôt à un buffet d’orgue. Avec un air de triomphe enfantin qui le rajeunissait, Sartine appuya sur l’un des boutons. Il y eut comme un échappement d’air. Nicolas se revit enfant, devant un rocher du Croisic qui faisait siphon aux grandes marées d’équinoxe. Une série de cliquetis suivit avec un bruit lent de crécelle, puis une musique allègre se fit entendre/ Il y eut de nouveau un échappement et un sifflement. Un panneau glissa doucement et, comme sur un plateau, une tête de quintaine couverte d’une perruque rousse apparut.

    – C’est la Wurtembergeoise, dit Sartine épanoui. Que dites-vous de ma nouvelle bibliothèque à perruques ? Je ne trouve pas d’autre terme. Il faudra que j’interroge les académiciens. Concevez-vous une pareille merveille ! Elles sont rangées dans un classement immuable, comme des fiches de police, à l’abri de la poussière et de la lumière, et toujours prêtes à surgir à la demande.

     – Mais qui, Monseigneur, possède l’art poussé à un point tel pour imaginer et bâtir une telle merveille d’horlogerie ?

     – Et de musique ! De musique ! Vous avez reconnu l’air des Pagodes des Paladins de Rameau. Et ce n’est pas tout. L’artisan a d’autres cordes à son arc. Ce maître des arts, attaché à monseigneur le comte d’Artois et honoré de sa protection, se trouve être l’auteur de différentes méthodes pour écrire en chiffres. La principale ayant pour titre Unum toti uni totum fut mise, en 1769, sous les yeux du duc de Choiseul qui octroya à son auteur une gratification de six cents livres. Père de quatre enfants, il a aujourd’hui du mal à subsister et, en dépit de ma commande pour mes chères perruques, recherche à être employé.

     – De quelle manière ?

    – La plus intéressante pour nous. Il souhaite s’engager dans la construction d’un arcane stéganographique. Il s’agirait d’un bureau haut et profond de six pieds et large de trois, portant antérieurement un cylindre décagone actionné par un étrier de dix pédales. Sur différents cadres et sans y porter la main, il prétend pouvoir exécuter le chiffrement aussi rapidement et simplement que sur un seul tableau, avec plus de soixante mille variations, et cela, sans autres cadres que ceux attachés au cylindre. Vous voyez où je veux en venir.

     Nicolas ne voyait rien du tout, mais il n’entendait pas troubler une aussi superbe humeur.

     – Certes, monseigneur.

    – Nous avons appris, par le secrétaire du cardinal de Rohan, notre ambassadeur à Vienne,  que nos chiffrements étaient éventés : l’abbé Georgel a arraché d’un délateur que Marie-Thérèse traversait nos messages depuis de  longs mois, perçant ainsi nos combinaisons et les lisant à livre ouvert. Qui s’étonnera dès lors de son ostentatoire dégoût pour notre ambassadeur qui, soit dit en passant, n’a rien arrangé avec ses frasques ! Bref, je m’intéresse à cette machine et je souhaite de vous plusieurs choses. Enquêtez sur cet inventeur qui se nomme Bourdier. Il ne manquerait plus que nous ayons affaire à un stipendié de l’étranger qui nous fabriquerait une machine dont le secret serait dans la main de nos ennemis. J’imagine vos scrupules, mais c’est un service que je vous demande. Et ce n’est pas le plus délicat de ce que j’attends de vous. Vous connaissez la cour et la ville, et savez où nous en sommes. Je vous parle à cœur ouvert…

     Nicolas frémit à cette précision.

     – Sa Majesté, hélas, a des notions et du jugement, mais engoncés dans l’apathie du corps et de l’esprit. La matière est encore en globe !  Certes, le bon sens ne manque pas, encore qu’entravé par une paresse de conception et une gaucherie bien paralysantes. Un rien le laisse déconcerté et comme cabré devant les objections ou les difficultés. Par-dessus tout, la fermeté de caractère et la volonté, vertus cardinales, d’un souverain, lui font défaut absolument. Chacun de ceux qui s’en approchent s’en persuade aisément. Bien sûr, les connaissances, du moins dans certains domaines, sont là…

     – Il traite de beaucoup de choses avec intelligence et étendue de savoir, j’en fus le témoin, dit Nicolas.

    – Cela est vrai, mais il y a toujours l’autre homme qui ne sait pas vouloir. Son frère Provence le dit plaisamment : « Berry ressemble à ces boules d’ivoire huilées, qu’on ne peut pas retenir ensemble. » L’égoïsme et la dureté lui manquent cruellement. C’est un prince d’idylle et de conte moral ; ce n’est pas celui que les Français attendent…

     Littéralement épouvanté par les propos de Sartine, Nicolas se rendit compte que la mort de Louis XV avait accéléré le temps. Ce jugement sans indulgence portait bien la marque du cynisme de Sartine, et ce trait de son ancien chef ne l’aurait pas surpris sur tout autre objet, mais pour le coup il s’agissait de leur jeune souverain. Il y avait de quoi être effaré.

 

[Je ne puis malheureusement citer jusqu’au bout cette édifiante conversation, qui se poursuit pendant des pages. J’aurais des ennuis avec l’éditeur. NdA]

Le crime de l’hôtel Saint-Florentin (pp. 130-134)

 

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Pour mémoire, un essai sans aucun rapport avec « le polar » mais ancré, comme tout le reste, dans un XVIIIe siècle que l’auteur n’en finit pas de fréquenter :

Structures sociales des quartiers de Grève, Saint-Avoye et Saint-Antoine : 1780-1785.

Paris : Hachette, 1974.

[3 microfiches de 98 images ; 105 x 148 mm. - (Publications de l'AUDIR). Microédition du texte dactylogr., 195 p. Mémoire de maîtrise, Paris-IV, Centre de recherches sur la civilisation de l'Europe moderne, 1969.]

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Ceux qui auront la curiosité de visiter le site officiel de Nicolas le Floch, y trouveront notamment les recettes des plats que se mitonnent et savourent les personnages (comme sans doute avant eux l’auteur). Sinon, ils les trouveront ici :

Les recettes de Nicolas

 

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Olivier BARDE-CABUÇON

L’essentiel de ce qu’il faut en savoir

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Olivier Barde-Cabuçon

Casanova et la femme sans visage

Actes Sud – Babel Noir (poche) – 2013

368 pages

 

 

Après avoir sauvé Louis XV de la mort lors de l'attentat de Damiens, et malgré son peu de goût pour la monarchie, le jeune Volnay obtient du roi la charge de « commissaire aux morts étranges » dans la police parisienne. Aidé d'un moine aussi savant qu'hérétique et d'une pie qui parle, Volnay apparaît comme le précurseur de la police scientifique, appelé à élucider les meurtres les plus horribles ou les plus inexpliqués de son époque. Épris de justice, c'est aussi un homme au passé chargé de mystère, en révolte contre la société et son monarque qu'il hait profondément. Lorsque, en 1759, le cadavre d'une femme sans visage est retrouvé dans Paris, Volnay doit conduire une enquête sur le fil du rasoir avant que le meurtrier ne frappe de nouveau. Mais entre des alliés aussi incertains que le libertin Casanova et des adversaires redoutables, à qui le commissaire aux morts étranges peut-il se fier, alors qu’il doit aussi ménager son chef hiérarchique, le terrible Sartine ?

 

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Olivier Barde-Cabuçon

Messe noire

Actes Sud

Babel Noir (poche) – 2014

451 pages

 

 

Une nuit de décembre 1759, le corps sans vie d'une jeune fille est retrouvé sur la tombe d'un cimetière parisien. Pas de suspect, et pour seuls indices : une hostie noire, un crucifix et des empreintes de pas. Sartine, le lieutenant général de police, craint une résurgence des messes noires du siècle précédent sous le règne du très contesté Louis XV. La tension est à son comble dans la capitale. Volnay et le moine hérétique sont contraints (par Sartine) de s'allier à une enquêtrice aussi sublime que manipulatrice, et se trouvent rapidement confrontés à des forces obscures. Toujours aussi mal vu du pouvoir en place, le duo ne pourra compter que sur lui-même pour démasquer les ordonnateurs du rituel satanique. À quelques lieues de là, Versailles dissimule les troubles pulsions de ses prestigieux locataires. Entre ces deux pôles opposés se noue une intrigue diabolique, au royaume du détraquement et de l'inversion des règles établies.

 

     Extrait :

     – Sire, lui rappela-t-il, il s’agit de cette affaire de messe noire dans un cimetière.

     Le roi pâlit.

     – Messe noire, murmura-t-il d’un ton atone. Il n’y a jamais rien eu de tel sous mon règne.

     Sartine s’agita à côté de Volnay.

     – Monsieur le lieutenant général de police, lui dit le roi, il est important que vous disiez à vos policiers de ma part tout ce que des gens de bien comme eux doivent faire pour déconcerter ceux qui, de quelque qualité qu’ils soient, sont mêlés à un si vilain commerce.

     Il avait parlé d’un ton ferme, inhabituel. Tout ce qu’il y avait d’adulte et de responsable en lui s’était concentré dans cette phrase. Un instant, Volnay le vit comme il aurait pu être, s’il avait pris son devoir de roi au sérieux et considéré l’étendue des obligations de sa charge envers ses sujets. Puis sa curiosité malsaine reprit le dessus et l’impression passa :

     – Dans quel état se trouvait le cadavre lorsque vous avez fait ouvrir le cercueil ?

     Sartine lui avait soufflé préalablement sa réponse, aussi Volnay fit comme son supérieur attendait de lui. Pour amuser le roi, Sartine prit le relais, racontant que les embaumeurs devaient être saouls pour avoir inversé les deux cadavres et qu’il était très difficile de creuser la terre dans les cimetières par ce froid avec la couche de neige qui recouvrait la terre.

     Le roi se lassa vite. C’était Louis XV. Trop éphémère, tout plaisir le laissait sans joie une fois l’instant passé. L’anecdote l’avait amusé quelques secondes avant qu’il ne retombe dans son mortel ennui.

     – Cette enquête avance-t-elle ? demanda-t-il soudain.

     Son regard glacé pesait lourdement sur eux. Sartine se raidit.

     – Oui, sauf erreur de sa part, le chevalier de Volnay est en passe de remonter une piste jusqu’au commanditaire.

     C’était là faire peser sur le commissaire aux morts étranges tout le poids de l’échec si l’enquête échouait. Volnay comprit en un quart de seconde l’habileté du lieutenant général de police. L’attention du roi attirée sur cette affaire, il se devait de fournir un coupable. Cela dit, Sartine se montrait rusé en évitant de parler des soupçons pesant sur l’astrologue mort. Cela pouvait constituer une porte de sortie honorable. Trois coupables : la prostituée, le curé renégat et le père de Sophia. Une bonne histoire pour régaler le roi.

     Volnay se détendit légèrement. Louis XV se pencha vers son lieutenant général de police.

     – Pensez-vous que des gens de ma cour se livrent à de telles choses ?

     Le ton était coupant.

     – Non, Sire, s’empressa de le rassurer Sartine. L’enquête du chevalier de Volnay démontre bien qu’il s’agit de gens du peuple, de petits-bourgeois.

     Le roi se rejeta en arrière, arborant une moue satisfaite.

     – Tant mieux, tant mieux… je ne supporterais pas que des gens de haute naissance sacrifient des êtres humains pour acquérir gloire, richesse et puissance.

     C’est pourtant ce que vous faites à longueur d’années, pensa Volnay. Sacrifier des gens sans autre raison et résultat que satisfaire à votre grandeur et votre gloire… Quant à vos gens de haute naissance, qu’ont-ils de plus que les autres, à part d’être nés dans un berceau doré ?

     – Votre Majesté, fit Sartine en aiguillant de nouveau la conversation dans la direction qu’il souhaitait, dans ce type de messe noire, il est plus souvent question de débauches que de sacrifices.

     – Vraiment ? fit Louis XV de nouveau intéressé.

     – Sire, généralement, la cérémonie sacrilège a lieu dans une cave. On étend un matelas sur des sièges avec des tabourets à chaque bout. Une jeune fille nue s’y couche. Elle est vierge mais ne le demeure pas longtemps !

     Le roi s’esclaffa malgré lui.

     – Son corps sert d’autel vivant au célébrant, continua Sartine impavide. Il place un calice entre les seins de la vierge et, sur son ventre blanc, un crucifix posé à l’envers. Après avoir chanté la messe à rebours, au moment de l’Offertoire, lorsque les fumées d’encens contenant des parfums capiteux envahissent la pièce, l’assistance arrache ses vêtements et se livre à des luxures éperdues. Le célébrant, quant à lui, s’occupe de son autel…

     Volnay jeta un coup d’œil étonné au lieutenant-général de police. Celui-ci semblait bien renseigné sur ces pratiques. Le roi, convenablement émoustillé, attendait la suite avec intérêt.

     – Ainsi, continua Sartine d’un ton ennuyeux pour bien montrer que le sujet ne l’excitait pas, l’acte accompli, les hommes s’échangent… que dis-je, s’arrachent leurs partenaires et se livrent avec elles à tous les transports possibles, y compris ceux que Dieu comme la Nature réprouvent…

     Volnay songea avec tendresse à son père. Celui-ci aurait simplement dit que, le péché de chair se trouvant au centre des préoccupations du monde chrétien, le culte de Satan permettait bien évidemment de s’en libérer dans le délire de la débauche.

     – Je peux néanmoins affirmer, reprit le lieutenant général de police, que ces pratiques, existant depuis des siècles, sont fort rares sous le règne de Votre Majesté. L’affaire de cette messe noire dans un cimetière nous a conduits d’ailleurs à nous livrer à des arrestations qui permettront, dans la plus grande discrétion, de mettre totalement fin à ce type de pratiques exécrables.

     – Je n’en attendais pas moins de vous. Dites-moi, mon bon Sartine, est-il vrai que la duchesse de…

     Il jeta un bref regard à Volnay et reporta son attention sur son lieutenant général de police.

     – Vous voyez qui je veux dire ?

     Sartine hocha la tête.

     – Est-il vrai, reprit le roi, qu’elle paillarde avec un garçon d’écurie et ceci aux pieds de ses chevaux ?

     – Certes, fit Sartine vaguement gêné par la présence du commissaire aux morts étranges.

     – Et est-il exact qu’elle se fasse également monter par les chevaux ?

     S’enfermant dans son monde, Volnay n’écouta plus la conversation entre les deux hommes. Le roi y révélait une fois de plus que le seul intérêt qu’il portait aux autres était d’ordre nauséeux. Isolé dans son château glacé de Versailles, à des lieues de l’humanité, il n’aimait personne, pas plus lui que ses proches. Personne.

     Le jeune homme se mit à le considérer d’un œil perçant, l’imaginant courir nu autour du lit après de toutes jeunes filles. Dans cette nudité, dépouillé de son faste, le roi devait apparaître comme un homme comme les autres.

     Sa naissance a placé son destin plus haut que tous, son comportement le fait redescendre plus bas que nous tous, songea-t-il.

     Il dut supporter encore quelques minutes le croassement du roi et de son lieutenant général de police. Quand l’audience fut terminée, il suivit Sartine, familier des lieux, pour sortir au plus vite de cet endroit.

(pp. 292-295)

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Olivier Barde-Cabuçon

Humeur noire à Venise

Actes Sud – 2015

323 pages

 

 

 

 Des pendus qui se balancent sous les ponts de Venise comme autant de fleurs au vent, un comte que l'on a fait le pari d'assassiner à minuit dans son palais. Autant de raisons pour que Volnay, le commissaire aux morts étranges, quitte Paris pour répondre à l'appel au secours de Chiara, pour les beaux yeux de qui il s’est battu naguère avec Casanova. Il espère aussi que ce voyage réussira à chasser l'humeur noire de son assistant, le moine hérétique, profondément déprimé par l’éloignement d’Hélène, la belle manipulatrice. Mais, dans la Venise du XVIIIe siècle qui agonise lentement en s'oubliant dans des fêtes splendides, les rencontres et les événements ruissellent d'imprévus. Une jeune fille travestie en garçon, un auteur de théâtre nommé Goldoni, qui connaît la ville comme ses poches, un procurateur de Saint-Marc et son énigmatique fille aussi manipulateurs que Sartine entament le plus sombre des bals masqués. Volnay et le moine se retrouvent confrontés à des assassins dont les mobiles ne sont pas faciles à deviner, dans cette ville des faux-semblants.

 

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Olivier Barde-Cabuçon

Entretien avec le diable

Actes Sud – 2016

368 pages

 

 

 

Sur le chemin du retour d’Italie, deux enquêteurs bloqués par une roue cassée dans un village de montagne… La jeune fille d’un bourgmestre possédée par le diable, des villageois qui meurent coup sur coup d’étranges accidents, une abbaye hantée depuis la mort de son abbé, une Dame blanche et son loup qui errent dans la forêt, et une jeune fille à chaperon rouge qui semble ne pas les craindre. Trop de tensions dans un espace trop restreint, pour le commissaire et le moine, en outre soumis à la tentation d’un retour à Venise pour de bon. Vers où repartir, Venise ou Paris ?

 

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Olivier Barde-Cabuçon

Tuez qui vous voulez

Actes Sud – Babel Noir (poche)

391 pages

 

 

 Hiver 1759 (année décidément fertile en événements dramatiques). Alors que s'élèvent les fusées multicolores d'un splendide feu d'artifice donné par le roi à son bon peuple de Paris, un inconnu est assassiné dans une ruelle. C'est le troisième jeune homme ainsi retrouvé : égorgé et la langue arrachée. Mais cette fois, la victime est russe. Au même moment, les rues s'enfièvrent à l'approche de la fête des Fous qu'un mystérieux individu invite à ressusciter. La cour, quant à elle, est parcourue de rumeurs au sujet du mystérieux chevalier d'Éon, secrétaire d'ambassade à Saint-Pétersbourg et, dit-on, émissaire du Secret du roi, car nul n’ignore qu’une diplomatie parallèle a été mise en place par Louis XV... En quelques jours, l'ordre social paraît s'inverser et même le moine semble gagné par la folie ambiante. Sartine, l’homme aux perruques, craint des débordements car le peuple opprimé, miséreux et excédé par la corruption des grands est, même s’il ne le sait pas, vrai maître de la rue. Le commissaire aux morts étranges doit démêler l’imbroglio pour éviter ou tout au moins retarder l’explosion… qu’il souhaite

 

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À propos d’Entretien avec le diable

 


 

 

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Bien différent est, comme on va le voir, notre troisième dix-huitièmiste. Mais auparavant, autorisons-nous un petit saut de puce en arrière :

 

En 1957, le Hollandais Robert van Gulik, sinologue distingué et grand amoureux de la Chine, faisait paraître la première de ses 17 enquêtes du juge Ti.

Ti – Ti Jen Tsie – est un personnage historique. C’est un magistrat qui vécut en Chine au VIIe siècle de notre ère, sous la dynastie des Tang, et qui finit ses jours ministre de l’impératrice Wu Ze Tian.

Ses facultés de déduction et d’analyse dans la chasse aux criminels lui valurent de tels succès qu’il en devint légendaire et, surtout, que ses enquêtes furent consignées dans les archives impériales. Au XVIIIe siècle, un écrivain chinois fit de certaines d’entre elles un roman, imité au XXe siècle par van Gulik (1910-1967).

Vingt-et-un livres (à ce jour) de Frédéric Lenormand font désormais partie du canon et ce n’est certainement pas fini. Ils pourraient n’être que des pastiches ou des imitations plus ou moins fidèles de l’auteur hollandais, mais ils sont bien autre chose. Car M. Lenormand est une espèce de Nicholas Meyer à la française : si ses nouvelles enquêtes du célèbre juge n’ont rien à envier, pour la connaissance de la Chine ancienne, à celles de ses prédécesseurs, il leur a néanmoins imprimé sa marque, qui est indéniablement celle de la France des Lumières. Incompatible ? Allez-y voir avant de soulever un sourcil.

 

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Une vision très Louis Quinzième quoique chinoise de l’impératrice Wu Ze Tian

 

Le XVIIIe siècle proprement dit – l’Européen – s’étale quant à lui partout dans l’œuvre protéiforme de Frédéric Lenormand. À commencer bien entendu par la série (6 titres à ce jour) des Voltaire mène l’enquête.

Disons-le tout de suite, le propos de l’auteur n’est pas « sérieux », ou plutôt si : il est très sérieusement de se mesurer à San Antonio, avec Arouet dans le rôle de San-A.

Ce qu’il faut savoir, c’est que M. Lenormand, bébé, a été vacciné à Candide et que le vaccin, loin de l’immuniser, lui a inoculé la maladie. Or, si vous ne vous êtes pas aperçus que les aventures du célèbre commissaire et de sa fine équipe étaient une version moderne de celles de Candide et de Pangloss, c’est que vous ne savez pas lire.

Mission accomplie pour l’auteur post-apocalyptique. À quelques détails près… Chez Frédéric Ier (Dard), les femmes jeunes et belles meurent toujours plus ou moins vite et généralement très mal, pour ne laisser en vie que l’impavide et baleinesque Berthe. Chez Frédéric II (Lenormand) « la belle Émilie » - Madame du Châtelet – traverse tout sans une seule égratignure au physique ou au moral et survit à tout le monde. En réalité, c’est elle qui mène les enquêtes à bien, flanquée d’un lutin égocentrique, champion universel autoproclamé de la philosophie, qui, ne cessant de s’agiter en tous sens, joue le rôle de la souris dans le bol de lait qu’elle transforme en beurre. Il est clair que M. Lenormand n’ignore rien des multiples défauts de son héros mais qu’il s’en fout. Que voulez-vous, il l’aime. Et le XVIIIe siècle vous est servi passé à la même moulinette, mais ne vous méprenez pas : il y est chez lui.

On retrouve ce même siècle (et une fois au moins le même Voltaire) dans plusieurs de ses autres romans, de facture moins farfelue, dont plusieurs peuvent même être considérés comme de véritables « polars ».

 

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Frédéric LENORMAND

Sa vie, son oeuvre

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L’auteur des nouvelles aventures du juge Ti

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       « Les Nouvelles Enquêtes du juge Ti »

 

Le Château du lac Tchou-an

Paris, Fayard, -  2004 - 214 p.

Paris, Éditions Points, coll. « Policier » -  2006, - 217 p.

 

La Nuit des juges

Paris, Fayard – 2004 - 216 p

Paris, Points, coll. « Policier » - 2006 - 224 p.

 

Le Palais des courtisanes

Paris, Fayard – 2004 - 264 p.

Paris, Points, coll. « Policier » - 2007 - 288 p.

 

Petits meurtres entre moines

Paris, Fayard - 2004, 240 p.

Paris, Points, coll. « Policier » -  2008 - 256 p

 

Madame Ti mène l'enquête

Paris, Fayard – 2005 - 312 p.

Paris, Points, coll. « Policier » - 3 janvier 2008 - 320 p.

 

Mort d'un cuisinier chinois

 aris, Fayard - 2005 - 288 p.

Paris, Points, coll. « Policier » - 2008 - 288 p

 

L'Art délicat du deuil

Paris, Fayard – 2006 - 264 p.

Paris, Points, coll. « Policier » - 2009 - 288 p

 

Mort d'un maître de go

Paris, Fayard – 2006 - 260 p

Paris, Points, coll. « Policier » - 2010, 288 p.

 

Dix petits démons chinois

Paris, Fayard - 2007, 240 p

Paris, Points, coll. « Policier » - 2011 - 288 p.

 

Médecine chinoise à l'usage des assassins

Paris, Fayard – 2007 - 288 p.

 

Guide de survie d'un juge en Chine

Paris, Fayard - 2008, 252 p -256 p.

 

Panique sur la Grande Muraille

Paris, Fayard – 2008 - 288 p.

 

Le Mystère du jardin chinois

Paris, Fayard – 2009 - 270 p.

 

Diplomatie en kimono

Paris, Fayard – 2009 - 252 p.

 

Thé vert et Arsenic

Paris, Fayard – 2010 - 252 p.

Paris, Points, coll. « Policier «  - 2015 - 264 p.

 

Un Chinois ne ment jamais

Paris, Fayard - 2010, 300 p.

 

Un Chinois ne ment jamais / Diplomatie en kimono

Paris, Points, coll. « Policier «  - 2016 - 494 p.

 

Divorce à la chinoise

Paris, Fayard – 2011 - 276 p.

Meurtres sur le fleuve jaune

Paris, Fayard – 2011 - 300 p.

 

La Longue Marche du juge Ti

Paris, Fayard – 2012 - 264 p.

 

Le Bon, la Brute et le Juge Ti

CreateSpace Independent Publishing Platform – 2015 – 136 pages

 

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Celui des aventures de Voltaire :

 

La baronne meurt à cinq heures

Paris, Éditions Jean-Claude Lattès – 2011 - 280 p.

Paris, Éditions du Masque, coll. « Labyrinthes »  -  2012 - 310 p.

Paris, Le Livre de poche, coll. « Policier » - 288 p.

 

Meurtre dans le boudoir

Paris, J.C. Lattès – 2012 - 321 p.

Paris, Le Masque, coll. « Masque Poche » -  2013 - 340 p.

Paris, Le Livre de poche, coll. « Policier » - 2014 - 288 p.

 

Le diable s’habille en Voltaire

Paris, Le Masque, coll. « Masque Poche »  - 2014 - 340 p.

Paris, Le Livre de poche, coll. « Policier » - 2015 - 288 p.

 

Crimes et Condiments

Paris, J.C. Lattès – 2014 - 337 p.

Paris, Le Masque, coll. « Masque Poche » - 2015 - 350 p.

 

Élémentaire, mon cher Voltaire !

Paris, J.C. Lattès – 2015 - 300 p

Paris, Le Masque - 2016, 300 p.

 

Docteur Voltaire et mister Hyde

Paris, J.C. Lattès – 2016 - 280 p.

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Curieuse trouvaille…

Il semble que M. Lenormand ne prise pas trop les critiques de lecteurs/trices exprimées sur le net. Est-ce l’esprit chicanier de Voltaire qui déteint ? Celui de Fréron ? Allez savoir.

Peut-être la clé de l’énigme se trouve-t-elle ici :

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« …est un livre écrit grâce à Facebook. Il raconte une vie d’écrivain d’aujourd’hui dans les salons du livre de province, sur un ton caustique et réjouissant. C’est aussi un roman initiatique que l’on pourrait intituler “comment trouver sa place dans le monde littéraire tel qu’il est réellement” ».

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De la série d’époque révolutionnaire, je ne dirai rien parce que je ne la connais pas. Dommage, car il serait intéressant de comparer, sur ce sujet, les vues d’un partisan (supposé) du monde à l’ancienne avec les fantasmes de la groupie des Charlie. Ce sera pour une autre fois.

 

        Série « L'Orphelin de la Bastille » (peut-être pour les enfants).

 

L'Orphelin de la Bastille

Toulouse, Éditions Milan, coll. « Milan poche histoire » - 2002 - 139 p.

 

Révolution !

Toulouse, Éditions Milan, coll. « Milan poche histoire » - 2003 - 163 p.

 

La Grande Peur

Toulouse, Éditions Milan, coll. « Milan poche histoire » - 2004 - 162 p.

 

Les Derniers Jours de Versailles

Toulouse, Éditions Milan, coll. « Milan poche histoire » - 2005 - 181 p

 

Les Savants de la Révolution

Toulouse, Éditions Milan, coll. « Milan poche histoire » - 2006 - 217 p.

 

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Celui de quelques autres (toujours historiques mais d’époques variées)

 

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Les Fous de Guernesey ou les Amateurs de littérature

Paris, Robert Laffont - 1991 - 365 p.

 

 

 

Et maintenant, v’là Victor !  Quand on n’a pas lu, qu’est-ce qu’on fait ? Quatrième de couverture (ne pas oublier que c’est souvent l’auteur qui la rédige) :

En 1855, exilé par Napoléon III, Victor Hugo débarque sur l’île de
Guernesey, et c’est comme si le Mont-Blanc surgissait dans un petit canton normand. Les Auxcrinier, paisibles bourgeois, suivent avec ferveur les espoirs et les luttes du grand poète, ils épient de loin ses allées et venues, s’efforcent d’imiter ses initiatives, et se livrent pendant vingt ans à une dévotion dévorante.

Ce récit malicieux nous promène au vent des îles anglo-normandes, dans le sillage de cette famille que l’on croirait sortie d’une comédie de Labiche. C’est un roman sur la passion d’admirer, avec toutes les conséquences, édifiantes, burlesques, toujours surprenantes.

 

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L'Ami du genre humain

Paris, Robert Laffont – 1993 - 371 p.

 

 

 

Tout le monde sait que Shakespeare n’est pas l’auteur des pièces de Shakespeare. Eh bien, Molière n’est pas l’auteur des pièces de Molière non plus. Leur véritable auteur est Pierre Corneille. C’est du moins ce que raconte dans ce livre Thomas Corneille, frère de l’autre.

D’où vient cette idée loufoque ? De Pierre Louÿs.

Frédéric Lenormand s’en est emparé et s’efforce de démontrer, fût-ce pour rire, qu’elle est juste.

J’ai bien failli ne pas lire, car tout ce qui est systématique devient assez vite ennuyeux, mais j’aurais eu grand tort.

Comment s’y est-il pris pour soutenir cette énormité ? Ô très simplement. Imaginez-vous à Rouen, dans une de ces familles bourgeoises à la Noblecourt dont je parlais plus haut : celle de Pierre Corneille, père de la tragédie à la française et sorte de gloire nationale un peu déclinante, car les goûts changent et les Français ne sont pas doués pour tenir très longtemps la pose dans des dilemmes à la romaine. Sous le même toit vit Thomas, frère cadet, auteur de tragédies qui ne valent pas un clou mais dont le public raffole et qui tiennent l’affiche à n’en plus finir. Pour comble de malchance, Thomas, lucide, aime et admire follement son aîné.

Ce qui se passe ? Il se passe que débarquent un beau jour un certain Jean-Baptiste et une certaine Madeleine, à la tête d’une bande de saltimbanques itinérants, qui demandent à être reçus. Ils veulent prier le maître de leur écrire une tragédie qui leur permettra, escomptent-ils, de devenir célèbres à Paris. Ils vont d’ailleurs, dès ce soir, en représenter une à Rouen. Thomas y entraîne son frère.

À partir de ce moment-là, le grand Corneille n’a plus qu’une idée en tête : empêcher ledit Jean-Baptiste de jouer ses pièces. On n’a pas idée, aussi, de vouloir jouer la tragédie « au naturel » et non de face. De la jouer « en bougeant ». Et en bougeant comment ! Le moindre geste de cet homme, la moindre expression de sa physionomie font éclater de rire. Ce n’est pas sa faute, mais quand même… Et l’idée germe dans le cerveau du génie vieillissant de lui écrire des comédies et de trouver le moyen de le forcer à les jouer. Par chance pour lui, l’improbable tragédien tire le diable par la queue… il a une famille et une troupe à faire subsister… Et heureusement, Madeleine est là pour veiller au grain. Ainsi qu’une certaine Marquise, qui eut jadis des bontés pour Pierre, qu’elle réserve aujourd’hui à un de ses jeunes concurrents dont l’étoile monte…

Trouver des idées de comédie ? Pffttt ! Il n’y a même pas besoin de sortir de chez soi. Une fille précieuse, qui s’applique à rendre fou son malheureux soupirant… Une fille dévote, bonne à enfermer… Une femme savante qui lui fauche son Éthique à Nicomaque pour meubler les répits que lui laisse un mal bizarre qui la prend régulièrement et auquel nul ne comprend rien… Un fils bon à pas grand-chose qui engrosse une fille de ferme… Une fille de ferme qui, à défaut de se faire épouser, négocie âprement son avortement… Un fils doué pour l’étude qui s’en va aux armées, car le roi… Un beau-frère médecin – qui interdit à ses patients de mourir sans son autorisation et s’indigne de ce que ceux qu’il a condamnés ne meurent pas – assisté d’un fils marchant sur ses traces…

Bien sûr, Alceste, c’est Pierre et Célimène, c’est Marquise. Et, bien sûr, le tragédien frustré les joue, ses comédies, puisqu’il n’a pas le choix et qu’en plus elles le rendent riche et célèbre, tout en mettant scrupuleusement de côté, chaque soir, une partie de la recette pour l’auteur-fantôme dont il trouve les pièces dans son tiroir dès qu’il regarde du côté d’une tragédie…

Mine de rien, avec les heurs et les malheurs de cette maisonnée, c’est tout le Grand Siècle qui vous saute à la figure. Pas celui de Versailles (encore que, quelquefois…) mais celui, surtout, des Français ordinaires et de leurs préoccupations existentielles. On y rencontre tout ce qui a fait cet âge : les recettes de bonne femme ou de rebouteux pour rester en vie, les marmots emportés dans l’enfance par demi-douzaines, l’emprise du clergé sur les esprits faibles, les progrès de la littérature et ceux des femmes, la peste à Paris et les débuts de la vaccine, le retour de la glorieuse armée des Flandres dont pas un soldat n’est intact, et le reste à l’avenant.

On voit aussi passer par Rouen un certain M. d’Abelville, rentré des îles en compagnie d’une négresse, d’une petite mulâtresse et d’un perroquet, dont le récit de la vie aux Antilles donne aux Corneille un avant-goût de paradis à la Paul et Virginie, jusqu’à ce qu’un Dominicain, missionnaire à la Martinique, révèle que l’Américain-bienfaiteur-des-noirs a fait sa fortune dans la traite du bois d’ébène. « Une seule fois » admet-il confus, cette seule fois ayant en effet suffi à le rendre immensément riche. Impossible de ne pas sentir passer là comme un frisson l’ombre future de Voltaire et des personnages de Candide. En fin de compte, la morale est sauve, puisque à l’instant où le navire de retour de M. d’Abelville va lever l’ancre, son perroquet choisit la liberté et le calot de Pierre Corneille pour y finir ses jours. [On notera la récurrence des perroquets redresseurs des torts humains dans l’œuvre de M. Lenormand, celui-ci précédant ou succédant à celui de l’expédition d’Égypte.]

 

     Extrait (c’est Thomas qui raconte) :

     […] Flatté d’un intérêt que Pierre avait été seul à lui porter, il lui envoya une lettre fort aimable, dans laquelle il exposait les grandes lignes de ses projets.

     Pierre me dit après réflexion :

     – Ce petit Racine est sur le point de faire une grande découverte littéraire.

     – Cela ne se peut, il n’est pas assez intelligent !

     – Ce sont rarement les plus doués qui font les plus grandes trouvailles. Ils ont l’esprit trop rationnel pour aller au hasard, s’égarer sur des chemins où l’on imagine qu’il ne doit rien y avoir, ces terres en friche, en marge des arts et des sciences établis, où sont les grands domaines à découvrir.

     – Admettons. Mais Racine !

     – Quoi, Racine ? Crois-tu que je sois intelligent, moi ? Jamais il n’y a eu élève plus stupide aux Jésuites de Rouen !

     – Tu exagères…

     – Il y avait au moins dix garçons mieux doués, en classe de vers latins. Aucun, de sa vie, n’a inventé quoi que ce fût d’intéressant. Moi, j’ai accouché la tragédie classique, je l’ai faite, j’ai été assez stupide pour cela. Racine est assez stupide pour la défaire.

 

     Le jeune homme sollicita une entrevue. Pierre répondit qu’il ne voyait pas de raison de la lui refuser.

     Lorsqu’il entra, visiblement embarrassé dans le cabinet de travail aux murs couverts de livres, Pierre se leva et vint lui serrer les mains en disant :

     – Quand j’en étais à mes débuts, je n’osais pas m’adresser aux écrivains : ils m’intimidaient, car je croyais qu’ils étaient quelque chose et que je n’étais rien. À présent, je suis ce qu’ils étaient, et je sais que ce n’est pas grand-chose.

     Il lui fit ensuite quelques observations sur sa Thébaïde.

     – C’est amusant, cette histoire de mère qui épouse son fils. Vous avez l’air passionné par ces horreurs mêlées d’inceste… Enfin, tant qu’à donner dans ce genre-là, mieux valait prendre la Thébaïde qu’une histoire où il ne se passe rien, comme Phèdre ou Athalie par exemple…

     – Le sujet m’a été suggéré par Molière.

     – Ça ne fait rien. Nous allons la lire quand même.

(pp. 173-174)

 

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L'Odyssée d'Abounaparti

Paris, Pocket  - 1997 - 348 p.

 

 

 

 

On est en l’An VI (1798). Bonaparte, qui rêve des richesses de l’Inde, se lance d’abord sur l’Égypte (c’est sur la route). Comme il faut bien quelque prétexte aux entreprises colonisatrices, il emmène avec lui une armée de savants, chargés d’étudier ce pays qui fait déjà depuis lurette fantasmer les Français.

Enrôlés comme les soldats, de gré ou de force, soumis aux rigueurs de la vie militaire, aux attaques mameloukes, turques ou anglaises comme à la peste et à la dysenterie, voire à l’abandon de leur général, les malheureux érudits vont vivre pendant trois ans des aventures qu’on dira picaresques pour ne pas avoir l’air de critiquer, mais qui seront quand même pénibles quoiqu’enrichissantes. Tous vont s’y coller, qu'il s'agisse du géomètre Monge, tyrannisé par son épouse, du zoologiste Geoffroy Saint-Hilaire, affublé d'un perroquet insolent, ou de Nicolas Conté, l'inventeur du crayon à mine. Tandis qu’à l’arrière, dans les loges maçonniques à la mode et dans les salons, l’Égyptomanie devient carrément de l’Égyptolâtrie,  mais c’est là une histoire connue, loin d’être finie.

 

     Extrait :

     « Ils avaient cru éviter Menou à Louqsor : l’officier les avait précédés au Caire, où Kléber venait de prendre le commandement. Le nouveau général en chef était un homme brave et sans imagination, accablé d’un fort accent alsacien et d’une paire de favoris. Il avait servi dans l’infanterie autrichienne, dont il gardait le goût des bonnes manières et de la discipline.

     Il réunit les principales autorités de la communauté française pour discuter de la politique à suivre. Menou proposa de continuer à la manière de Bonaparte : rapprochement avec  les Égyptiens.

     – Nous sommes déchâ suffisamment proches ! s’insurgea Kléber.

     – relations avec le Divan du Caire…

     – Pas guestion de ces familiarités !

     – encouragements à la conversion des soldats et professions de foi en faveur de l’islam…

    – Guelle horreur ! Le petit Gorse a touchours eu un penchant pour la mise en scène et le libertinache. Les musulmans font faire gonnaissance avec la façon de foir d’un Alsacien.

     – À moins que vous ne vous heurtiez à la leur, remarqua Geoffroy. Le pays est trop difficile pour nous les mettre à dos.

     Kléber eut un sourire condescendant.

     – Rassurez-fous, che gontinuerai d’encouracher les sciences. Ch’aime la peinture. Pour le reste, ch’entends me gantonner dans un rôle militaire.

     – Cependant, objecta Jomard, qui avait mis la main sur les documents abandonnés par Bourrienne, nous vous avons apporté les livres de comptes et un bilan global…

     Ces pièces révélaient un déficit de 10 millions dans les finances publiques, l’armée était en état de délabrement avancé, on parlait de mutineries, de révoltes et d’assassinats. Quant à l’Égypte, elle n’était soumise qu’en apparence. Kléberr s’en prit au souvenir de Bonaparte :

     – « Che suis l’homme du destin », gu’il disait ! « Che choue afec l’Histoire ! » C’est gue che ne suis pas un Alexandre, moi ! Che fais defoir chérer sa m…

     Il y eut un remue-ménage dans l’antichambre. Bousculant deux lieutenants, Pauline força le passage et fit irruption dans le cabinet. Elle se doutait que Kléber avait pour consigne de la retenir aussi longtemps que possible. Elle sortit un mouchoir et fut la proie d’une crise de larmes bien réglée :

     – Je ne suis plus rien, ici, depuis que Napoléon m’a abandonnée pour rejoindre une épouse infidèle !

     Kléber haussa un sourcil.

     – Chère Madame, même dans les pires rumeurs, Choséphine n’a fait gue trahir son mari ; fous, fous afez trahi la France !

Kléber, néanmoins, n’avait guère envie de la conserver au Caire. Pauline leva le nez de son mouchoir :

     – Alors, c’est dit : vous me donnez un cheval ?

     Villiers vint porter la nouvelle à l’Institut : il fallait se hâter de lui faire ses adieux. (pp. 270-271)

 

L’Odyssée d’Abounaparti n’est pas un réquisitoire à la Guillemin, c’est une aquarelle assassine. Et elle n’assassine pas que le tyran botté, méprisé par à peu près toute sa suite intellectuelle et artistique, mais cette suite elle-même, qui rangera son mépris dans sa poche et ne rechignera pas à baiser la main sanglante qui lui tendra charges, prébendes et réputation fallacieuse dans les manuels d’histoire.

M. Lenormand cependant y fait confesser longuement – comme à l’Opéra - par un Kléber frappé au cœur d’un coup de poignard, des crimes qu’il n’a pas commis. C’est un faux-pas. On peut faire parler, si on en a le talent, des personnages historiques. On ne doit pas les faire mentir.

 

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Mademoiselle Chon du Barry ou Les Surprises du destin

Paris, Robert Laffont – 1996 - 174 p.

 

 

 

 

C’est l’histoire de Françoise-Claire du Barry, provinciale de Gascogne, belle-soeur de Jeanne Bécu, la future célèbre comtesse, à laquelle sa vie sera liée jusqu’au bout et même au-delà. Vieille fille « presque vierge » dit l’auteur (on aimerait savoir ce qu’il entend par là). D’elle et de sa parente on a dit « le duo Jeanne et Chon formait deux moitiés de Pompadour » et Madame Adélaïde a, pour son compte, pu écrire : « la comtesse du Barry n’aurait rien été sans sa belle-sœur, qui n’était rien sans elle ». Destin à surprises en effet que celui de Françoise, et à rebondissements multiples, souvent dus à la bêtise de Jeanne.

« Chon » revenue à Toulouse sous la Terreur, après bien des avanies sous Marie-Antoinette, a frôlé la guillotine mais n’y a pas trébuché. Elle est morte en 1809, âgée de 75 ans. Personnage historique peu connu et qui méritait pourtant de l’être.

Il est clair que Frédéric Lenormand est amoureux de l’ancien régime (d’où le choix de ses héros et de ses héroïnes) et donc peu porté sans doute à l’empathie pour les sauvages. Néanmoins, la description qu’il fait de l’administration de la justice dans les provinces avant Thermidor sonne juste. Il suffit de la comparer au tableau qu’en dresse Augustin Robespierre, dans sa correspondance de représentant en mission. Il y a là tous les ingrédients des époques troublées en cours de violente métamorphose : ambitions, opportunismes, soif de pouvoir, avidité, propension à la trahison, obtusité… toute la lyre.

Le « jeune homme de dix-neuf ans » qui est dit « envoyé par Robespierre » pour faire tomber quelques têtes provinciales ne l’a certainement pas été dans ce but. Les preuves historiques sont formelles. Qui était-il ? Assurément Jullien de Paris – le plus jeune des députés de la Convention – fils de Jullien de la Drôme. Et il est vrai que son père et lui, mais aussi sa mère, ont été des fidèles entre les fidèles de l’Incorruptible. Ce qui est remarquable, dans l’histoire de Jullien de Paris, c’est qu’ayant par on ne sait quel miracle survécu à la saignée de Thermidor, il a poursuivi, jusqu’à un âge avancé, sous plusieurs régimes, une carrière de fonctionnaire au service de l’État, sans jamais se renier ni se vendre. À ce titre, peut-être pas unique mais rarissime, il mériterait un roman à la Chon du Barry pour lui tout seul.

 

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Les Princesses vagabondes

Paris, J. C. Lattès – 1998 - 201 p.

 

 

 

 

Ne m’a pas laissé un souvenir impérissable, mais c’est peut-être moi qui étais mal disposée. Il y est question de l'errance, en Italie, sous la Révolution, des quatre filles de Louis XV, tantes de Louis XVI. C’est une espèce de road movie en carosse ou, si on veut, une chronique historique par la bande, d’une époque dont il faut reconnaître à F. Lenormand une connaissance réelle. C’est déjà beaucoup.

Les légitimistes s’apitoieront sans doute sur le sort de ces vieilles princesses davantage que ne l’ont fait leurs contemporains.

 

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La Jeune Fille et le Philosophe

Paris, Fayard -  2000 - 361 p.

 

 

 

 

 

Et revoilà Voltaire, mais cette fois sous une casquette beaucoup moins farfelue.

En 1761, réfugié à Ferney, il recueille une descendante indirecte, pauvre et inculte, du grand Corneille. Nouveau Pygmalion, il l’adopte et l'éduque selon ses principes philosophiques, avec l'intention de faire d'elle la parfaite jeune fille des Lumières. Ils en reviendront tous les deux, mais tous les deux plus riches.

 

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Un beau captif

Paris, Fayard – 2001 - 301 p.

 

 

 

 

Relate les aventures d'un faux Louis XVII – dieusait  s’il y en a eu ! –  celui-ci à Châlons-en-Champagne, sous le Directoire.

 

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Qui en veut au Marquis de Sade ?

Paris, J'ai lu  - 2015, 285 p.

 

 

 

 

Apparition d’une nouvelle héroïne dont quelque chose me dit que les aventures ne sont pas finies.

Ce n’est plus Voltaire, ici, qui mène l’enquête, c’est Mlle de Sade  – Laure, 18 ans  –  qui, pendant que papa croupit à la Bastille, vit avec maman dans un couvent pour dames de la bonne société. Très jeune, très vierge et d’apparence très naïve, elle connaît tous les moyens de sortir sans permission et même de semer ses chaperons en cornette au détour de l’une ou l’autre ruelle. Aidée et courtisée par deux jeunes gens qu’elle mène par le bout du nez, dont l’un d’ailleurs est son frère mais comment le saurait-elle avec le père qu’elle a, elle va devoir survivre aux bouleversements qui agitent Paris, car on est à la veille du 14 juillet 1789, démanteler un trafic de pierres précieuses en montgolfière et, si possible, faire arrêter un tueur démoniaque déguisé en Arlequin. Comme si cela ne suffisait pas, c’est le moment que choisit le divin marquis pour mettre sa progéniture en demeure de le faire évader, et pour lui rafler ses économies.

 

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Alias LOREDAN

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Oui, c’est encore lui. Quand il écrit sur Venise, il prend le nom d’un doge. À quoi bon lésiner ? Mais on reste au XVIIIe.

 

        Série Les Mystères de Venise

Leonora agent du doge

Paris, Fayard 2008 - 352 p.

Versailles, Éditions Feryane, coll. « Policier » - 2009 - ? p.

Paris, Le Livre de poche, coll. « Policier » - 2010 - 352 p.

 

La Nuit de San Marco

Versailles, Éditions Feryane, coll. « Policier » - 2010

Paris, Le Livre de poche, coll. « Policier » - 2012 - 312 p.

 

Confessions d’un masque vénitien

Paris, Fayard – 2010 - 300 p.

Paris, Éditions Corps 16, coll. « Police » - 2011 - 392 p

 

Crimes, gondoles et pâtisserie

Paris, Fayard – 2011 - 288 p.

Paris, Corps 16, coll. « Police » - 2011, 308 p.

 

Les Îles mystérieuses

Paris, Fayard - 2012, 280 p.

 

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Surprise, surprise…

Arrivée ici, je m’en voudrais de ne pas mentionner un phénomène qui affecte simultanément un assez grand nombre d’auteurs. Je veux parler de l’apparition, dans la littérature, à la faveur de ces histoires criminelles, de la surfemme.

Je m’explique : le temps n’est pas si lointain où une comédienne en quête d’engagement savait qu’elle avait peu de chances de se voir distribuer un rôle – un de femme pour onze d’hommes, alors – mais qu’encore, dans le meilleur des cas, ce serait un rôle passif. Les personnages moteurs, au théâtre, mais aussi dans la littérature, n’étaient pas des personnages féminins.

Or, voilà que tout a changé. À tout le moins le regard que jettent sur la moitié femelle de l’humanité les auteurs de romans policiers d’une certaine génération (disons entre 50 et 70 ans ?).

Fini les damoiselles en détresse et les Fleur de Marie !... Fini les Nana, les Gervaise et les Emma Bovary !… Fini les bonniches consommées dans une soupente, qu’on chasse après les avoir engrossées !… Fini l’épouse bafouée et la maîtresse sacrifiée !… Fini, même, les vamps exhibées du « noir » à l’américaine !… Voici venu le temps  des femmes supérieures.

Que ce soit la Satin ou l’Aimée d’Arranet de M. Parot, pour ne rien dire de la Paulet… Que ce soit, chez M. Barde-Cabuçon la jeune Chiara, petit fantassin de la Pompadour, ou la frêle prostituée-enfant devenue libraire, entre lesquelles hésite le chevalier de Volnay, ou la belle Hélène elle-même, sorte de James Bond au féminin, dont s’éprend éperdument le moine, sans oublier la jeune italienne qui n’a rien à envier à la Viola de Shakespeare ni aux travestis de Marivaux (ah, Geneviève Page en chevalier de la Fausse suivante ! vous n’avez pas connu cela, vous autres), toutes font preuve à la fois d’indépendance et d’audace. Et que dire de la marquise du Châtelet de M. Lenormand, si supérieure à son enfantin philosophe, que l’on retrouve jusque dans la Chine des Tang (dans Madame Ti mène l’enquête) où la « première épouse » de Ti jen Tsie vous a des airs de traductrice de Newton pas piqués des hannetons. Mais cette tendance à fantasmer les femmes en timoniers du navire apparaît aussi chez Nicholas Meyer, qui fait monter au créneau rien de moins que la belle Irène, laquelle, entre autres prouesses, prenant l’initiative d’habitude réservée aux mâles, fait franchir le Rubicon au très verrouillé Holmes ou si j’ai mal lu ?

Bref, la femme émancipée a mis le pied dans le cerveau des hommes, si j’ose ainsi parler.

Je laisse mes lecteurs se faire les réflexions qu’ils voudront sur cette évolution, à mon avis trop peu remarquée, de l’imaginaire masculin occidental.

Théroigne

 

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Jean d’AILLON

Vie, œuvres, etc.

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Jean d’Aillon est un cas un peu analogue à celui de Frédéric Lenormand. Une époque ne lui suffit pas. Je les mentionne toutes pour mémoire, mais je suis loin d’avoir tout lu. Qui le pourrait ? Il y a des gens qui écrivent plus vite que leur ombre.

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Site de l’auteur

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        Série Louis Fronsac (XVIIe siècle)

 

Cette série, la plus célèbre de son auteur a pour cadre la France du XVIIe siècle, et pour personnages principaux Louis Fronsac, notaire, son ami Gaston de Tilly, commissaire au Châtelet, deux soldats chevronnés en semi- retraite, Gaufredi et Bauer, et pour personnages historiques réels le grand cardinal (de Richelieu), Mazarin, Louis XIII, Anne d’Autriche, Louis XIV, la marquise de Rambouillet, le duc de Vendôme, le duc de Soissons, le duc de Rohan, le marquis de Cinq-Mars, Blaise Pascal, Pierre de Fermat, un certain Jean-Baptiste Poquelin et quelques autres, dont l’Homme au Masque de fer.

 

Les Ferrets de la reine

Paris, J.C. Lattès – 2007 – 484 p.

Paris, Le Masque, coll. « Labyrinthes » -  2011

Réédition Masque poche – 2014 – 479 p.

Déroulement de l'intrigue de septembre 1624 à août 1625.

 

Le Mystère de la chambre bleue
Le Grand Châtelet – 1999 – 311 p.

Le Masque, coll. « Labyrinthes » - 2004

Réédition, coll. « Masque poche »  - 2014

Sous Louis XIII, Louis Fronsac enquête sur le rôle qu'a joué la marquise de Rambouillet durant les trois conspirations de 1641 : celle du duc de Vendôme, celle du duc de Soissons et celle du marquis de Cinq-Mars. Action située de mai 1641 à décembre 1642.

 

La Conjuration des Importants

Le Grand Châtelet – 2000 – 329 p.

Le Masque, coll. « Labyrinthes  - 2014

Événements survenus de décembre 1642 à septembre 1643.

 

La Conjecture de Fermat

J.C. Lattès – 2006 – 552 p.

Réédition Le Masque, coll. « Masque poche » - 2014

Les codes secrets de la diplomatie française sont peut-être en danger, alors que se négocie la fin de la guerre de Trente Ans. Louis Fronsac doit démasquer l'espion et rencontre Blaise Pascal et Pierre de Fermat pour renforcer le chiffre employé. Action située de novembre 1643 à janvier 1644.

 

L'Homme aux rubans noirs

Paris, J.C. Lattès – 2010 – 450 p. regroupe cinq récits :

La Lettre volée (nouvelle également parue aux Éditions du Masque, coll. « Labyrinthes », 2007). Action située en avril 1644

L'Héritier de Nicolas Flamel (Action située de mai à juillet 1644)

L'Enfançon de Saint-Landry (Action située en janvier 1646)

Le Maléfice qui tourmentait M. d’Emery (Action située en mars - avril 1646)

La Confrérie de l'Index (Action située en novembre 1647).

 

L'Exécuteur de la haute justice

Le Grand Châtelet – 2004 – 339 p.

Paris, Le Masque – 2005.

Le Masque, coll. « Labyrinthes » - 2006.

Réédition Le Masque, coll. « Masque poche » - 2015

Un jeune homme de quinze ans originaire des Pays-Bas pourrait prétendre devenir le chef de file des huguenots de France, en tant que fils du duc de Rohan. Est-ce un imposteur ? Louis Fronsac, désormais chevalier, rencontrera un dénommé Jean-Baptiste Poquelin au cours de son enquête. Déroulement de l'intrigue de mars à fin 1645.

 

L'Énigme du clos Mazarin

Le Grand Châtelet – 1997 – 316 p.

Le Masque, coll. « Labyrinthes » - 2007

En 1646, le frère du cardinal Mazarin, archevêque d'Aix-en-Provence, est compromis dans une affaire de spéculation immobilière. Louis Fronsac doit enquêter discrètement afin d'éviter un scandale qui éclabousserait la couronne. Mais bon nombre de notables se disputent le contrôle de la cité ... Évènements survenus en avril - mai 1647.

 

Le Secret de l'enclos du Temple

Paris, Flammarion – 2011 – 561 p.

Paris, J’ai lu - 2016

Déroulement de l'intrigue en 1647. Le cardinal Mazarin et la reine, de par leurs nombreuses erreurs de gouvernance et d'alliances, se voient confrontés à la populace qui se révolte. Dans le même temps, Louis Fronsac découvre chez son frère un bien étrange message codé, ainsi qu'une caissette d'écus et de louis. Apparaît alors le nom de Jacques de Molay : dernier templier...

 

La Malédiction de la Galigaï

Paris, Flammarion - 2012.

Paris, J’ai lu - 2016

Déroulement de l'intrigue en 1649.

 

L'Enlèvement de Louis XIV

2001 s. éd.

Le Masque, coll. « Labyrinthes » -  2007 – 344 p.  regroupe deux récits :

– Le Disparu des chartreux (Février - mars 1659),

– L'Enlèvement de Louis XIV (Janvier 1661).

 

Le Bourgeois disparu

Dans La Vie de Louis Fronsac, J'ai lu - 2013.

Action située en juin 1661.

 

Le Forgeron et le Galérien

Dans La Vie de Louis Fronsac, J'ai lu, 2013

Action située en mars 1663.

 

Le Dernier Secret de Richelieu

Paris, Le Masque - 1998

Paris, Le Masque, coll. « Labyrinthes » - 2005 – 411 p.

Louis Fronsac, âgé, mène une dernière enquête qui l'amène à découvrir qui est l'Homme au masque de fer. Évènements survenus de septembre 1669 à mai 1670.

 

Menaces sur le roi

Le Grand Châtelet - 2013

Format Kindle 1930 kb ± 122 p.

L'histoire se situe quelques semaines après le dernier secret de Richelieu. Louis XIV fait appel à Louis Fronsac...

 

Le grand arcane des rois de France : La véritable histoire de l’aiguuille creuse

Paris, Flammarion, 2015 – 531 pages

Assistant à une représentation de l’Impromptu de Versailles, Louis Fronsac se fait voler sa montre par une jeune femme du nom d’Anne Lupin…

On aura compris que Jean d’Aillon joue au même jeu que Nicholas Meyer.

 

Hors-série :

La Vie de Louis Fronsac

« par Aurore La Forêt, marquise de Vivonne »

est préfacée par Jean d'Aillon

2005 

Paris, Le Masque, coll. « Labyrinthes » hors-série – 2007

Paris, J'ai lu – 2013- 288 p.

 

La Vie de Louis Fronsac et autres nouvelles : Le bourgeois disparu ; Le forgeron et le galérien

Paris, J’ai lu – 2016 – 285 pages

 

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Il est par ailleurs l’auteur de plusieurs séries survolant quelques autres époques de l’histoire de France :

 

        Série Le Brigand Trois-Sueurs (fin XVIIe, début XVIIIe siècles)

 

L'Obscure mort des ducs

Le Grand Châtelet – 2002

Éditions du Masque coll. « Labyrinthes »  - 2007 – 444 p.  regroupe quatre récits :

 

– Les Effroyables Débauches de La Drouillade (1698-1707

– Le Grand Hyver (1709),

– L'Obscure Mort des ducs (1712)

– La Terrifiante Agression (1720).

 

Le Captif au masque de fer, et autres enquêtes du brigand Trois-Sueurs

Paris, J. C. Lattès – 2007 – 458 p.

Paris, « Masque poche » -  2013  regroupe :

 

– La Fille du lieutenant de police (1698)

– Le Captif au masque de fer (1706), 

– Cartouche, capitaine général de la Grande truanderie (1721).

 

La Devineresse

Le Grand-Châtelet – 2005

Format kindle 405 KB 

Éd. imprimée – 2010 - 139 p.

 

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        Série Olivier Hauteville (XVIe siècle)

 

Dont les personnages historiques réels sont « les trois Henri » : Henri III, Henri de Navarre et Henri de Guise, et qui est consacrée évidemment aux guerres dites de religion, dont celle de la Ligue. Personnages féminins : la reine Catherine, dite Madame Serpente, son escadron volant, la fameuse reine Margot sa fille et quelques autres dames de plus ou moins grande importance. Sans oublier Leonora Galigaï flanquée de son Concini d’époux, entre autres.

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        Série Les Chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson (XVe siècle)

 

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Une étude en écarlate

10/18 – Grands détectives – 2015 – 504 p.

 

 

 

 

Retour aux sources du polar… au temps de Jeanne d’Arc (On est prié de passer sur les fautes de français du « Salon littéraire ».)

Le chien des Basqueville

Le Grand Châtelet – 2016

Edition numérique

10/18 – Grands détectives – 2016 - 504 p.

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        Série Guilhem d’Ussel, chevalier troubadour (début XIIIe siècle)

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        Série Lucius Gallus (Du IIe avant au Ier siècle après J.C.)

 

Attentat à Aquae Sextiae

Paris, Le Masque, coll. Labyrinthes – 2006 – 380 p.

 

Le complot des Sarmates, suivi de La Tarasque

Paris, Le Masque, coll. Labyrinthes- 2008 – 184 p.

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Autres romans

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Nostradamus et le Dragon de Raphael

Paris, Le Masque coll. « Labyrinthes »,- 2005

 

 

 

 

Charles Quint a envahi la Provence en 1536 et ses hommes vont piller et dévaster le pays. À cause d'une épidémie, l'Empereur doit cacher son butin en espérant le reprendre plus tard. En 1564, en pleine guerre entre catholiques et réformés, la découverte de ce trésor devient impérative pour les deux camps. Le célèbre astrologue Nostradamus et Yohan de Vernègues, lieutenant du viguier d'Aix, conjuguent leurs efforts.

 

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L’Archiprêtre et la Cité des Tours

Paris, Le Masque, coll. « Labyrinthes » - 2008

 

 

 

 

En Provence pendant la guerre de Cent Ans, la capitale du comté cherche à se libérer de trois autorités : celle de la reine Jeanne, celle du pape Innocent VI et celle de Charles IV, empereur d'Allemagne, qui, pour soumettre les Provençaux à son pouvoir, n'hésite pas à envoyer une compagnie de pillards, sous la houlette d'Arnaud de Cervole, dit l'archiprêtre, saccager le pays.

Les trois cités qui constituent la capitale ont décidé de fusionner pour créer Aguensi - Aix - et gagner en autonomie et en résistance. Pietro da Sangallo, jeune ambassadeur de Florence, a pour mission d'apporter une importante somme d'argent au sénéchal de Provence afin de financer la lutte contre les pillards.

 

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Marius Granet et le trésor du Palais Comtal

Paris, Le Masque, coll. « Labyrinthes » - 2009

 

 

 

 

En 1307, Charles le Boiteux, comte de Provence, fait arrêter le commandeur du Temple d'Aix dans l'espoir de faire main basse sur le trésor qui s'y trouverait... mais en vain ! Presque 500 ans plus tard, le Palais Comtal est démoli et le jeune Marius Granet découvre un secret redoutable dans les ruines romaines. Une série de disparitions et de meurtres terribles survient alors chez les puissants de la ville et nourrit encore le mystère autour du fameux trésor. L'avocat Pascalis, chargé de démêler toutes ces intrigues, sera assassiné à son tour alors que la tourmente révolutionnaire gronde et que la ville d'Aix est en proie à une violence qu’on croit sans précédent parce que les peuples n’ont pas de mémoire.

Le jeune Marius Granet parviendra-t-il à aider dans son enquête l'avocat Portalis qui reprend les affaires de Pascalis ? Et ce trésor qui a déjà fait tant de victimes existe-t-il vraiment ?

 

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Le Duc d’Otrante et les Compagnons du Soleil

Paris, Le Masque coll. « Labyrinthes » - 2010

 

 

 

 

 

Choisie par les Jacobins pour incarner la déesse Raison, la jolie Fassy est massacrée dans la prison d’Aix en 1795 lors d’une insurrection contre-révolutionnaire. Quatre ans plus tard, Camille de Clapiers, général des Compagnons du Soleil qui se bat pour le retour de la monarchie, est arrêté et fusillé en dépit des efforts désespérés de son ami de toujours, Gabriel de Montfort, qui aura tout tenté pour le libérer. Ce dernier, recherché par la police impériale, se réfugie à Londres où il se met au service des Premiers ministres William Pitt et Spencer Perceval. De son exil, il n’a de cesse de poursuivre sa lutte contre le Consulat et l’Empire mais son dessein est de rentrer en France pour venger Fassy et son ami Camille et châtier celui qui les a trahis.

Engagé dans les services secrets anglais, il reviendra en France où il croisera la route de Joseph Fouché, duc d’Otrante et ancien ministre de la police, de Vidocq, le bagnard devenu policier, et surtout de celui qui a trahi les Compagnons du Soleil dont il devra déjouer les intrigues au cours d’une lutte à mort.

 

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Juliette et les Cézanne

Paris, JC Lattès - 2010

 

 

 

 

Avril 1944 : le capitaine John Cavendish – nom de code : Forbin – est parachuté en Provence. Il est chargé par le B.C.R.A. de retrouver deux tableaux inestimables de Paul Cézanne avent que les Allemands ne s’en emparent.

Mais lorsque Juliette Lecompte, une jeune restauratrice de tableaux du musée Granet, membre de Libération-Sud, découvre que Cavendish propose des Cézanne à l’avocat Bergatti, défenseur du bandit Carbone, pilier de la Solidarité française et ami de Sabiani, le chef du parti populaire français, les responsables de la Résistance décident d’interroger l’agent anglais.

Mais celui-ci, ainsi que Juliette Lecompte, a disparu. Dans le maquis de Provence, dans les bars de la Plaine ou à l’Alcazar, à la Gestapo de la rue Paradis, à Marseille, ou de la Mule Noire, à Aix, chacun tente de mettre la main sur les tableaux de Cézanne et sur le capitaine Cavendish.

 

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On l’aura compris, l’héroïne principale de Jean d’Aillon est la ville d’Aix, dont il connaît la moindre pierre et le moindre détour, des temps gallo-romains à la Deuxième Guerre mondiale. Il n’en connaît pas que les lieux, il en connaît l’histoire. Pour savoir ce que c’est qu’une guerre dite « de religion », voyez par exemple Nosradamus

 

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Livres publiés par Jean d’Aillon aux éditions Le Grand Châtelet fondées par lui-même :

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http://www.babelio.com/editeur/67416/Le-Grand-Chatelet

 

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Et pour finir :

Une interview de Jean d’Aillon

(peu importe qu’elle soit de 2008 !)

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http://www.librairiesoleilvert.com/article-25405203.html

 

 

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Mis en ligne le 13 novembre 2016

 

 

 

 

 

 

 

 

 

21:04 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

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