23/11/2014
LISTES – VOTES – TIRAGES AU SORT ET COETERA
LISTES – VOTES – TIRAGES AU SORT ET COETERA
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Vers un Nouvel Ordre Mondial ? Mais, il est déjà là !
Bryan MacDonald – Russia Today –1er novembre 2014
Bryan MacDonald est journaliste, écrivain, homme de radio-télévision et enseignant (de nos jours, il n’en faut pas moins pour gagner sa vie). Il a écrit jusqu’ici pour l’Irish Independant et pour le Daily Mail. En Irlande, on le voit fréquemment sur RTE (la Radio-Télévision Irlandaise) et Newstalk, et, internationalement, sur RT.
Ceci est déjà vieux – 1er novembre – mais on n’est pas aux pièces, n’est-ce pas.
Poutine a exprimé le souhait d’un « nouvel ordre du monde » capable d’assurer la stabilité de la planète. Il trouve que les États-Unis abusent de leur rôle de leader mondial. Ce qui n’a pas été suffisamment signalé nulle part, c’est que les piliers de « l’ancien régime » s’écroulent depuis des années.
Tout était pourtant si simple. Le monde était partagé en deux camps – l’Occident et le reste. Et « l’Ouest » était vraiment « the best ». Il y a 20 ans, six des économies les plus puissantes faisaient partie du camp pro-Washington.
Le leader – les USA eux-mêmes – était si loin en tête, que son Produit Intérieur Brut (PIB) était quatre fois plus grand que celui de la Chine et valait neuf fois celui de la Russie.
Le pays le plus peuplé du monde – l’Inde – avait presque le même revenu que la comparativement minuscule Italie et que le Royaume Uni. L’idée que cet ordre de choses allait changer aussi dramatiquement en à peine deux décennies aurait fait rire n’importe qui.
Aux yeux des Occidentaux, la Chine et l’Inde étaient des pays arriérés, et il leur faudrait un siècle au bas mot pour devenir des rivales potentielles. La Russie, elle, était perçue comme un cas désespéré, un pays à genoux, en proie au chaos. De telles notions, dans les années 90 étaient parfaitement justifiées.
L’économie mondiale dans les années 1990 et aujourd’hui.
Tableau des dix économies mondiales les plus importantes, ajustées selon la Parité en Pouvoir d’Achat (PPA).
1995 ( en milliards d’US$) 2015 (Prévisions du FMI)
1. USA 7.664 1. Chine 19.230
2. Japon 2.880 2. USA 18.287
3. Chine 1.838 3. Inde 7.883
4. Allemagne 1.804 4. Japon 4.917
5. France 1.236 5. Allemagne 3.742
6. Italie 1.178 6. Russie 3.643
7. Royaume-Uni 1.161 7. Brésil 3.173
8. Inde 1.105 8. Indonésie 2.744
9. Brésil 1.031 9. France 2.659
10. Russie 955 10. Royaume-Uni 2.547
Le soleil couchant US
Maintenant, c’est l’Occident qui fait les frais de la plaisanterie. Le Fonds Monétaire International (FMI) estime que, dès 2015, les quatre plus puissantes économies du monde seront des membres du club connu par son acronyme, BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), et la Chine sera tête de file à la place des USA. C’est même probablement déjà le cas, les chiffres, en économie, ayant tendance à traîner derrière les faits.
L’Italie, homme malade de l’Europe, ne fait plus partie des dix du peloton de tête, et le Royaume-Uni, lanterne rouge, peine à s’y accrocher. Londres prétend toujours au titre de place financière centrale. Les seuls qui le croient encore sont les petits Anglais (« the little Englanders »). Le Royaume Uni est devenu la Julie Andrews de la géopolitique : une étoile en voie d’extinction, qui fut jadis brillante. La France est impuissante, se traînant de crise en infortune et d’infortune en crise.
Le Président US Barak Obama et la Chancelière allemande Angela Merkel
Il est trop tôt pour mettre les États-Unis au rebut. L’Empire ne va pas disparaître d’un jour à l’autre, mais son soleil est déjà bien bas dans le ciel. C’est moins la faute des États-Unis que celle de la déchéance croissante de ses alliés traditionnels.
Les deux seuls qui tiennent encore debout sont l’Allemagne et le Japon, aucun des deux n’étant cependant des acteurs militaires sérieux. La Grande Bretagne et la France ont longtemps été le fer de lance des aventures martiales. En réalité, l’Allemagne n’est pas un partenaire follement enthousiaste, parce qu’une large frange de la classe politique de Berlin est extrêmement sceptique à l’égard du pouvoir US. Pour une partie très significative de l’intelligentsia allemande, c’est Moscou le partenaire naturel, pas les États-Unis.
La montée en puissance des BRICS et d’autres économies émergentes joue un rôle majeur dans la consommation mondiale, dans le commerce mondial et dans les investissements mondiaux. D’ici 2020, le FMI estime que la Russie aura dépassé l’Allemagne et que l’Inde aura surclassé le Japon. Il prévoit également une dégringolade de l’importance mondiale des USA, de 23,7% en 2000 à 16% en 2020. En 1960, les USA représentaient 38,7% de l’économie mondiale. À l’opposé, en 1987, la Chine ne représentait que 1,6%, mais à la fin de cette décennie, elle pourra en revendiquer 20%. C’est un changement de donne sans précédent en un laps de temps aussi court.
Importance de la stabilité
Le discours de Poutine à Valdai n’a pas été un coup donné au pif ni à l’aveuglette, mais une évaluation très nuancée de ce qu’est actuellement l’équilibre du monde et de ce vers quoi on se dirige dans les années qui viennent.
Le Président russe Vladimir Poutine, pendant la rencontre plénière finale de la 11e session du Club de Discussion International de Valdai, à Sotchi
Plutôt que de se préoccuper des questions soulevées par Poutine, les médias occidentaux ont préféré shooter dans l’homme et se désintéresser de la balle. Les éditoriaux ont qualifié son discours de « diatribe » et décrété que Poutine s’en est surtout pris à la politique étrangère des États-Unis, jugée par lui anti-russe. Ils sont passés en masse à côté de la question réelle.
Le souci principal de Poutine, c’est la stabilité et sa prévisibilité, c’est-à-dire l’exacte antithèse du libéralisme occidental moderne. En fait, la position de Poutine est plus proche de celle qu’ont eue, dans le passé, des formations comme la CDU de Konrad Adenauer en Allemagne et les Tories de Harold MacMillan en Angleterre, conservateurs européens classiques s’il en fut.
Poutine est souvent très mal entendu en Occident. Ses déclarations publiques, destinées à une audience intérieure plutôt qu’internationale (? NdT) sont perçues comme agressives, voire chauvines. Mais les observateurs feraient bien de se rappeler qu’il est un maître de judo, dont les mouvements sont calculés pour déstabiliser l’adversaire. Si on le lit entre les lignes, Vladimir Poutine cherche le mariage, pas l’isolement.
Le Président russe considère son pays comme faisant partie d’une nouvelle alternative internationale, en union étroite avec les autres nations du BRICS, pour mettre un frein aux agressions US là où c’est possible. Poutine voit cela comme un chemin vers la stabilité. Adenauer et MacMillan l’auraient parfaitement compris. Mais les dirigeants européens actuels et les Nord-Américains ne le comprennent pas. Enivrés par la domination dont ils ont joui ces vingt dernières années, l’idée que l’ordre mondial est en train de changer à toute allure n’a pas encore fait tilt dans leurs têtes.
La réaction des États-Unis à cette nouvelle réalité constituera une question de vie ou de mort. Presque à la manière d’un dessin animé, Washington se cramponne désespérément à sa NSA, à ses gouvernements-fantômes, à son Quatrième Pouvoir pathétique à force de nullité, à sa puissance militaire dilapidée et à son terrifiant chauvinisme rampant. Son infantilisme a besoin d’un « méchant ». En une dizaine d’années ce traître de mélodrame est passé de Ben Laden, de Saddam Hussein et des « Frites de la Liberté » à la russophobie. Si la classe dirigeante américaine ne change pas de comportement, la transition vers un monde multipolaire pourrait bien ne pas se passer en douceur. C’est une crainte sérieuse, et elle est fondée.
Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades
Source : http://rt.com/op-edge/201563-time-new-world-order/
[ On n’a pas l’habitude, ici, de corriger les gens qu’on publie, mais, quand Bryan MacDonald assimile Vladimir Poutine à Harold MacMillan, il oublie que ce dernier a gouverné un empire colonial, et même un des pires qui soient, ce qui n’est pas, jusqu’à présent, le cas de Poutine et que rien, dans son parcours ne laisse présager. ]
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Pour détendre l’atmosphère :
Couverture de Nesweek, version polonaise.
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Les Moscovites fâchés ne font pas dans la dentelle
Douze voitures de luxe incendiées dans un garage : six Rolls Royce toutes neuves, deux Bentleys, deux Mercedes, une Ferrari et une Porsche Panamera, d’une valeur totale de 3.3 millions de dollars US.
Détail : elles appartenaient toutes à un seul propriétaire.
Les pompiers sont arrivés vite mais trop tard quand même.
Ce sont les assureurs qui vont être contents.
Diapo
http://rt.com/in-motion/207679-luxuly-cars-fire-moscow/
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Reconnaissance de la Palestine…
Quand le dernier Palestinien aura expiré, noyé dans son sang, on pourra enfin s’arrêter de voter et partir à la pêche. On aura sa conscience pour soi. En attendant, voici la liste des pays qui ont reconnu l’État palestinien (à qui ça fait une belle jambe), avec les dates correspondantes. Pourquoi les premiers ont attendu 1988 (quarante ans !) pour le faire est un des mystères de l’Histoire qui bat celui du Masque de Fer.
La liste des pays qui ont reconnu l'État Palestinien
Diversity TV Belgium -19 novembre 2014
Source : http://observatoire.skynetblogs.be/archive/2014/11/19/rec...
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Il y a quelques jours, c’était Rosa Llorens qui s’y collait ici-même. Aujourd’hui, c’est Patrick Rödel, qui revient sur le sujet, à propos de la réédition d’un livre d’Henri Guillemin sur Jean-Jacques Rousseau.
Les éditions Utovie continuent de republier les oeuvres de Henri Guillemin que ses éditeurs avaient abandonnées - ils doivent s'en mordre les doigts ! - et de publier aussi quelques inédits. C'est ainsi que viennent de sortir trois articles, passionnants, sur Rousseau que Guillemin avait donnés en 1936/37 à la revue dominicaine La Vie intellectuelle. Nous en devons l'édition à Patrick Berthier, le spécialiste du travail de Guillemin, qui ajoute une préface éclairante à ce Jean-Jacques Rousseau ou « la méprise extraordinaire ». Ces articles sont le prélude aux deux ouvrages que Guillemin consacrera à Rousseau : Un homme, deux ombres et « Cette affaire infernale » (également chez Utovie). La thèse défendue par Guillemin est que le divorce accompli entre Rousseau et les Encyclopédistes vient de ce que celui qu'on pensait pouvoir manipuler facilement et embrigader dans le combat mené contre le christianisme, après avoir, pendant un moment, semblé obéir, affirme deux positions qui vont le vouer à la détestation de ses anciens amis : d'abord, une critique radicale de l'idéologie bourgeoise dont les Encyclopédistes sont les tenants (il comprend très bien que les bourgeois n'ont d'autre but que de détenir le pouvoir afin de donner à leurs affaires toute l'ampleur souhaitable, ce sont des propriétaires pour qui le peuple ne peut servir que de force de travail ou d'appoint dans les combats qu'ils mènent contre la féodalité) et ensuite l'affirmation de sa foi, « une foi qui lui reste,écourtée, mais brûlante, cette confiance non plus, certes, en une Église à laquelle il ne peut plus croire, mais du moins, de toute son âme, en Dieu ». Pour cette raison, on le fit passer pour un ennemi du genre humain, on le fit passer pour fou - et il faillit bien le devenir -, on colporta sur lui toute sorte de légendes dont Guillemin entreprendra de le débarrasser.
Guillemin a toujours soutenu que l'anticléricalisme, auquel il pouvait lui-même apporter des arguments, et l'antichristianisme, qu'il ne partageait évidemment pas, servaient à détourner le peuple des vrais combats qu'il aurait eu à mener. Dans ses conférences sur Les deux révolutions françaises (Utovie, 2014), il montre que les attaques contre la religion sont une manière d'éviter que l'on s'attaque aux banquiers et aux spéculations que va entraîner pour le plus grand profit des bourgeois voltairiens la confiscation des biens du clergé (Danton est ici emblématique). Il voit, non sans raison, l'alliance entre les Girondins et ce centre d'affairistes qu'est le palais de Philippe Egalité aboutir à sauver l'essentiel : la propriété, la banque et le commerce. Et le cynisme absolu de Talleyrand et consorts, lors de la promulgation de la Constitution civile du clergé, qui vise à séparer le peuple de ceux qui sont ses alliés naturels, les petits curés de campagne.
L'idée-force de Guillemin est qu'il ne faut pas se tromper d'ennemis et qu'il conviendrait de concentrer ses énergies sur ce qui est absolument primordial et déterminant : la domination des puissances d'argent. Le reste, ce que l'on appelle maintenant les questions sociétales, pour importantes qu'elles soient passent au second plan. On éviterait ainsi des anachronismes pénibles qui consistent à torpiller tel ou tel penseur, homme politique ou expérience politique au prétexte qu'ils n'ont pas pris en compte dans leurs revendications le problème des femmes ou celui des homosexuels etc. On éviterait bien des discussions absolument stériles, bien des oukases, bien des mouvements purement rhétoriques d'indignation de la part de gens qui restent confortablement installés devant leur écran mais qui se souviennent avoir, dans une autre vie, dans un autre siècle, lutté pour la liberté. Mourir pour la prise de la Bastille, ce symbole vide de l'absolutisme, n'était peut-être pas utile - il y avait plus urgent à faire, qui fut remis à plus tard et c'était malheureusement trop tard - ce qu'ont tenté de faire Robespierre et la Montagne mais Thermidor déjà était en route.
Sur ce point aussi, Étienne Chouard se révèle un disciple conséquent de Guillemin.
Source : http://blogs.mediapart.fr/blog/patrick-rodel/181114/ne-pa...
Henri GUILLEMIN
Jean-Jacques Rousseau ou « la méprise extraordinaire »
Edition établie par Patrick Berthier
Bats - Utovie – Octobre 2014 – 104 pages
Henri GUILLEMIN
Un homme, deux ombres : Jean-Jacques Rousseau, Sophie, Julie.
Bats – Utovie – 2003
330 pages
Henri GUILLEMIN
« Cette affaire infernale » - L’affaire J.-J. Rousseau- David Hume, 1776
Bats – Utovie – 2003
358 pages
Henri GUILLEMIN
1789-1792 / 1792-1794 : Les deux révolutions françaises
Bats – Utovie – 2013
280 pages
Et pendant qu’on y est :
Henri GUILLEMIN
Napoléon : légende et vérité
Bats - Utovie – 2005
160 pages
(Réédition du Napoléon tel quel de 1969, des éditions Trévise)
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Mais puisque Patrick Rödel parle d’Étienne Chouard, allons-y nous aussi, c’est le moment :
Article diffamatoire d’Adrien Sénécat, de L’Express, à l’encontre d’Étienne Chouard…
Raphaël Berland – Cercle des Volontaires – 18 novembre 2014
Si vous ne pouvez pas attaquer le-message(.org), alors attaquez le messager ! Décidément, la manipulation, le mensonge, la calomnie et les coups bas sont des pratiques bien répandues dans les rédactions des médias « main-stream ». Loin de moi le « tous pourris », mais force est de reconnaître qu’Albert Londres ne se reconnaîtrait pas dans les us et coutumes actuels de la profession. En l’occurrence, la cible de ma tribune est Adrien Sénécat, non pas pour sa personne, mais pour son article publié par l’Express intitulé « Le discours trouble d’Étienne Chouard contre les “1% qui se gavent” », et dans lequel il tente de salir Étienne Chouard (cliquez ici pour lire cet article).
Il n’est pas le premier. Depuis la rentrée, c’est d’abord Jacques Attali, sur le plateau de Frédéric Taddéï, qui s’y est collé, sans grand succès. Puis vint le tour de Clément Sénéchal, d’abord tout seul sur son blog, puis en groupe et publié par Libération. Hier, c’est un journaliste plutôt inconnu, Adrien Sénécat, qui a été appelé (ou qui a peut-être eu l’idée tout seul) pour faire le sale boulot de calomnie et d’amalgame contre la personne de M. Chouard.
Je rêverais d’un débat entre Étienne Chouard (ou tout autre citoyen ouvert à l’introduction d’une dose de Tirage au Sort dans notre système dit Démocratique) et une personne comme Clément Sénéchal ou Adrien Sénécat. Malheureusement, les calomniateurs de salon sont bizarrement les moins courageux, les moins républicains et démocrates lorsqu’il s’agit de débattre en public, face caméra, et à armes égales.
Donc, en quoi Adrien Sénécat serait-il un menteur et un calomniateur ? Je vous fais grâce de l’exégèse complète de son article, je vous laisse vous faire votre propre avis (revoici le lien pour lire l’article que j’incrimine). J’attire simplement votre attention sur ce paragraphe :
Adrien Sénécat, jeune journaliste
Source : http://www.cercledesvolontaires.fr/2014/11/18/article-dif...
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Diantre, cher Raphaël, pourquoi voulez-vous que Chouard débatte avec des canards - et non des oisons - dont on ne voudrait pas pour torche-culs, alors qu’il a fait le tour de la question avec Florence Gauthier et sans doute ailleurs ?! Ceux qui ont fait choix d’œuvrer dans les merdias en adoptent les déhanchements. Quoi de plus normal, mais qui s’en soucie ? Leurs clients ? Eh bien, ils reçoivent ce qu’ils méritent, c’est parfait.
Cela dit, qui a raison, qui a tort, avec cette idée de refondation par tirage au sort ? À nos lecteurs d’en juger s’ils ne l’ont déjà fait.
Ils peuvent aussi s’en informer davantage ici :
http://www.le-message.org/?lang=fr
Mais malgré toute la sympathie qu’on a pour le messager, il est bien difficile de croire à la concrétisation de quelque chose par cette voie. Chouard est, comme vous dites, « trop gentil ». Il oublie que nous vivons entourés de squales et on ne donne pas quinze jours à son tirage au sort, avant que les squales ne le détournent à leur profit, comme ils ont fait pour celui de la conscription. En outre, si ses citoyens sont nuls, tireurs ou tirés, aucun tirage au sort ne les rendra différents et sa refondation sera sans lendemain.
À notre avis, soit dit surtout sans vouloir donner de leçons à quiconque, la seule refondation possible (et malheureusement, nous n’avons jamais été aussi loin de pouvoir même l’envisager, que ce soit en France ou ailleurs) passe par la voie longue et ardue de Robespierre : une éducation politique du peuple en profondeur (il vaut mieux qu’Ét.Chouard ne compte pas sur l’Éducation Nationale) et l’émancipation intérieure préalable de tous, individu par individu. Sortir d’enfance et grandir, ou la mort.
Et il ne faut pas nous dire que c’est impossible, puisqu’un pays, sous nos yeux, l’a fait. Ce pays, c’est Cuba. Non que les Cubains aient agi tout à fait délibérément – même si Fidel Castro a eu de fameux principes et s’y est tenu mordicus – mais parce que « la force des choses » les a contraints de prendre ce chemin difficile à l’exclusion de tous les autres, bref leur a fait découvrir que le bonheur était « une idée neuve », pas du tout celle qu’on s’en faisait, qu’on s’en fait plus que jamais en Europe. Le terrible embargo qui les enferme aussi sadiquement qu’une vierge de Nuremberg a été, en même temps, un don miraculeux des dieux s’ils existent. Il leur a interdit de se fourvoyer comme tout le monde.
Certes nous sommes mal partis, nous n’avons jamais été aussi bas, aussi politiquement incultes, pires qu’analphabètes, aussi invertébrés et moralement à la baille. Mais puisqu’il n’est d’éducation véritable que par l’exemple et que Cuba existe, il n’y a qu’à aller regarder les Cubains sous le nez et faire pareil, ce n’est pas sorcier. Qu’est-ce qu’ils font les autres (les Latinos en tout cas) ?
Le seul problème à résoudre est de transformer ça :
en ça :
Tous volontaires. Une chance sur deux de rentrer vivants. Leur conception du bonheur.
La vôtre ?
On est en désaccord avec Chouard sur autre chose encore : nous ne prenons pas Alain Soral pour un « homme de gauche », même si nous ne sous-estimons pas le travail qu’il fait. Les seuls hommes de gauche véritables sont ceux qui n’ont pas été autorisés à s’asseoir ailleurs qu’à la gauche du roi, parce que s’asseoir à sa droite était un honneur dont on les jugeait indignes, et pas au même niveau non plus, le plus loin possible, en haut des gradins, sur « La Montagne » en somme. Ces « Montagnards du côté gauche » sont presque tous morts, en trois jours, place de la Concorde. Il n’y a plus jamais eu, depuis, de classe politique de gauche, ni en France ni ailleurs en Europe, quoi que des théories d’apparatchiks de toutes les nuances de la politicaillerie aient essayé de faire croire à leurs dupes. Oui, il y a eu des individus qui ont mérité de s’appeler ainsi à titre personnel, surtout au XIXe siècle – les Louise Michel, les Vallès, Varlin, Blanqui, Delescluze et autres, qui ont presque tous mal fini aussi et qui n’ont été suivis, par ceux qui s’en réclament après coup, qu’en paroles verbales, rarement en actes.
On nous parle de « réconciliation ». Chic ! Mais avec qui ? Le Pen et l’OAS mais pas les sans-culottes, c’est ça ?
« Si Dieudonné est lié à la fois à Alain Soral et, d’une certaine manière, à moi, je ne le suis pas à Soral, dont j’apprécie le travail de réconciliation mais dont je dénonce la critique contre-révolutionnaire de 1789. »
(C’est là : http://www.voltairenet.org/article181952.html )
Il nous a ôté les mots de la bouche, Meyssan.
Et ajoutons quelque chose : quiconque a traversé, même de loin, la guerre d’Algérie, n’oubliera et ne pardonnera jamais, et n’a pas à le faire.
Des fois, on rêve : peut-être qu’un jour Soral tombera de son cheval, verra la lumière, s’écriera « Flûte, j’ai merdé ! », cessera de tenir les manteaux à ceux qui lapident saint Étienne, et se mettra à essayer de comprendre en quoi a consisté la Révolution Française (celle de 93, pendant qu’il y sera, car lésiner ne sert à rien).
On ne dit pas ça pour faire joli ou de l’esbroufe : la Révolution Française en général (une des deux de Guillemin) et Robespierre en particulier, sont des pierres de touche. Quiconque en parle se définit : on sait ce qu’il (ou elle) a dans le ventre et à quoi il sert.
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« - Les boules à oiseaux, ils y touchent pas.
- Faudra les envoyer en Afrique, qu’ils comprennent ce que c’est la faim, les oiseaux ! »
Jean-Marie Gourio
Le Grand Café des brèves de comptoir
Robert Laffont – 2013
925 pages
Pas une seule méchanceté sur près de 1.000 pages ! (Une forme de racisme enfantin et une fixation sur « les pédés qui se marient » ne sont pas de la vraie méchanceté.) Il note les brèves de la France qu’il aime, Gourio. Les autres, il évite. Il a raison.
Pour les fauchés :
Il vient de sortir en Poche
Et, en plus, il fait des émules
Collectif OuBreCPo
Ouvroir de Brèves de Comptoir Potentielles
Cactus Inébranlable Éditions – Juin 2014.
72 pages
Oui, l’OULIPO s’y est mis !
À partir d’un seul bistrot (bruxellois), imprimé à La Louvière (Belgique), pour un éditeur de Roubaix (France).
Les Oulipiens n’en font jamais d’autres.
Et pourquoi diable n’iriez-vous pas faire un tour sur leur site :
http://cactusinebranlableeditions.e-monsite.com/
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Mis en ligne le 23 novembre 2014.
15:40 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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