06/12/2015

LES HUMAINS SONT D'ÉTRANGES BÊTES

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Navigation de Saint Patrick et des Chiens-Loups d’Irlande


Si Saint Nicolas apporte aux parents ce qu’ils méritent, ce sera un martinet.

 

Les humains sont d’étranges bêtes

 

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Plus de 11.000 chasseurs norvégiens pour tuer 16 loups

 

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Alors qu’il n’en reste que 30 en liberté dans tout le pays

 

11.571 personnes dont 500 femmes se sont inscrites pour obtenir un permis de chasse afin d’avoir le droit de tuer 16 loups en Norvège, soit un ratio de 763 chasseurs par animal, rapporte le journal britannique Guardian.

La Norvège qui compte 200.000 chasseurs enregistrés, possède une des plus petites populations de loups en Europe, avec quelque 30 animaux. En Norvège, la saison de la chasse commence le 1er octobre et prend fin le 31 mars. 

Le deuxième animal le plus convoité par les chasseurs norvégiens est l'ours brun avec 10.930 chasseurs pour 18 ours enregistrés pour la saison 2015-2016.

Bien que la population de loups et d'ours bruns en Norvège soit très faible, le gouvernement, selon l'Agence nationale pour l'environnement, octroie des permis de chasse pour protéger le bétail.  

La diminution de la population des loups en Norvège s'explique en outre par la chasse illégale. En 2015, cinq hommes ont été condamnés à des peines de prison pour avoir mis en place des pièges à loups illégaux et pour avoir chassé ces bêtes. Cela représentait les premières poursuites du pays dans ce cas.

Source : http://fr.sputniknews.com/societe/20151201/1019960631/nor...
 

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Sauvetage d’un loup en Italie

 

Des sauveteurs italiens ont trouvé un loup sous-alimenté et paralysé au bord de la noyade dans des eaux glacées. Bataille homérique. Il est prévu de le ramener à l’état sauvage.

 


 

L’histoire de Navarre le loup

Depuis 1989, le Centre de Tutelle et de Recherche pour la Faune Exotique et Sauvage de Monte Adone (Association de volontaires ONLUS) secourt, soigne et réhabilite la faune autochtone retrouvée blessée sur le territoire de Bologne et de sa province, dans le but de la réintroduire dans la nature ; elle accueille en outre la faune exotique saisie, dans les cas de commerce interdit, de détention illégale ou de mauvais traitements (http://www.centrotutelafauna.org/ ).

Le 9 janvier 2012, le loup Navarre a pu être récupéré alors qu’il était bloqué dans les eaux glacées d’une rivière, dans des conditions de malnutrition véritablement dramatiques, plus une paralysie des membres postérieurs et 35 plombs de chasse dans le corps.

Après avoir subi des examens divers et passé deux semaines de thérapie intensive en infirmerie où on l’a surveillé 24 heures sur 24 h, Navarre a recommencé à marcher et a pu alors être transféré dans une structure vétérinaire de l’intérieur du Centre, adaptée à sa réhabilitation, qui prévoit une reprise graduelle des fonctions motrices, de façon à ce qu’il n’ait pas à fournir des efforts excessifs. Gâce à une télécaméra, Navarre est surveillé jour et nuit, sans intrusion inutile.

La route est encore longue. Les diverses pathologies dont il souffre l’ont énormément affaibli, mais grâce à son incroyable volonté de vivre et aux soins reçus, il a recommencé à marcher, sa santé s’est progressivement améliorée et il donne d’excellents signes de reprise.

Quiconque s’intéresse à la version intégrale de l’histoire de Navarre peut la trouver ici (en italien) : http://www.centrotutelafauna.org/stor...


Visite au Centre de Réhabilitation :

 

Source : http://fr.sputniknews.com/videoclub/20151127/1019861156/l...

 

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Un millionnaire chinois vend tous ses biens pour sauver des chiens errants de l’abattoir

 

Un ex-millionnaire chinois a vendu tout ce qu’il avait afin de créer un refuge pour les chiens errants, après avoir appris le nombre de chiens abattus en Chine parmi lesquels aurait pu se trouver son chien tant aimé.

 

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http://wang888.skynetblogs.be/archive/2015/11/22/un-milli...

 

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« Tous les chiens viennent du loup »

Science et Vie

Novembre 2015.

 

On vous recopie l’intro :

Plusieurs découvertes récentes éclairent d’un jour nouveau les relations particulières qui nous unissent aux chiens. Bien plus ancienne qu’on le croit, leur domestication n’aurait pas été un processus à sens unique.

 

Et on vous explique :

On croyait jusqu’ici que le chien avait été domestiqué il y a ± 15.000 ans. On se trompait. Les relations chiens-hommes remontent à au moins 27.000 ans, voire à 40.000. Ce qui est maintenant sûr aussi, c’est que le chien vient du loup et de lui seul. Qui plus est, la domestication se serait faite dans les deux sens. Il se pourrait même que ce soient les loups qui aient pris l’initiative de s’approcher des campements où des humains mangeaient – et peut-être faisaient cuire – le même gibier de grands herbivores qu’ils chassaient eux-mêmes.

Les savants, paléogénéticiens et autres, se creusent la cervelle pour essayer de comprendre comment ils s’y sont pris, et aux dernières nouvelles (hypothèses), on dirait bien qu’ils se sont mutuellement influencés, bref, que l’évolution humaine a dû quelque chose aux loups, comme l’évolution des loups (devenus chiens) a dû quelque chose aux hommes.

Qu’est-ce donc qui a fait faire ce bond subit à nos connaissances ? Une découverte fortuite qu’ont fait des géologues en août 2010 dans la péninsule de Taïmyr, au nord de la Sibérie (région la plus septentrionale de la Russie). C’est dans ces sols gelés qu’ils sont tombés sur les restes, probablement momifiés, d’une forme inconnue de loup. Or, depuis le mois de mai de cette année, les tests au radiocarbone et de séquençage génétique sont formels : le loup de Taïmyr serait un proche parent à la fois des loups et des chiens actuels.

Dans notre dernier post, Manuel de Diéguez rappelait la révélation récente de la découverte faite, il y a deux ans, en Afrique du Sud, par d’autres paléontologues cachottiers, de nombreux squelettes miraculeusement conservés, du fameux « chaînon manquant » entre l’australopithèque et l’homme censé sapiens que nous sommes. Eh bien, le loup de Taïmyr, non moins miraculeusement conservé, est le chaînon manquant entre les loups d’il y a 35.000 ans et les chiens d’aujourd’hui.

Autres découvertes qui ne font que confirmer celle-là : celles faites au cours des quatre dernières années en Belgique, en Tchécoslovaquie et encore une fois en Sibérie, de restes fossiles qui auraient appartenu à des chiens primitifs vieux de 28.000 à 35.000 ans.

Donc les 400 et quelques espèces de chiens existants ne sont pas, comme le pensait Darwin et en dépit d’une aussi grande diversité de comportements, issues de croisements entre loups, coyotes, renards et chacals, mais, comme le dit M. George Smadja, auteur du dossier : « Ce n’est qu’au début des années 2000 que la biologie moléculaire a permis de trancher. Du chihuahua mexicain, 13 cm au garrot, au mastif anglais, pouvant dépasser 150 kgs, toutes les races de chiens descendent uniquement du loup ! »

Il ne reste plus qu’à découvrir comment.

 

Glose des Grosses Orchades, vous pouvez sauter :

À propos de l’interaction entre humains et loups, on se permet de rappeler qu’il y a 35.000 ans, l’espèce humaine, imitant en cela la plupart des espèces animales, vivait en matriarcat.

Le lion est peut-être le roi des animaux, mais à la maison le chef de famille est la lionne. C’est elle qui chasse pour nourrir son mâle et ses petits. Elle aussi qui prend l’initiative pour s’en faire refaire d’autres, qu’il soit enthousiaste ou non. Chez les cervidés, c’est pareil : les cerfs s’affrontent à grand renfort de bois, de brame et de testostérone… pour se faire agréer du chef de harde, qui est la biche. Et ainsi, presque à l’infini. Les canidés n’ont pas dû, au départ, échapper à la règle. Quant au « mariage » avec les humains, il a pu commencer par une femelle humaine recueillant des petits louveteaux orphelins et les allaitant, comme sur cette photo contemporaine, une jeune femme Tabouri allaite deux chiots.

 

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Une promenade sur Internet vous en montrera d’autres, y compris américaines, vêtues comme vous et nous, et non moins contemporaines.

Quelques jalons possibles de la longue évolution commune ?

 

Origine de la « soupe aux tripes »

Nicolas, dont c’est la fête aujourd’hui, prétendu évêque de Myre, avant de devenir saint et de ressusciter les petits enfants semble bien avoir été un dieu-loup qui les mangeait.

Cela dit, la Lycie, se rattache par trop de particularités à l’Arcadie pour que cela soit fortuit. L’Église n’aurait-elle pas fait naître son saint à Patara pour détourner les esprits d’Orchomène ?

Car, il y a très très très longtemps, dans ce pays montagneux peuplé de loups, vivaient des bergers cannibales. Or, ces éleveurs de moutons s’étaient inventé un dieu-loup – Zeus Lycaon ou Lycien (« fils de la Chienne », qui était en réalité la Lune, Hécaté, qui fut en d’autres lieux une chienne à cinquante têtes et Cerbère, qui n’en avait que trois) – dont ils imitaient le comportement.

 

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Quand ils lui offraient des sacrifices (humains), ils le faisaient à la manière des loups, déchiraient le sacrifié avec les dents, répandaient et mangeaient ses entrailles. Ils ont fini par les cuire. Tout ceci, qui avait pour eux une profonde signification religieuse n’était pas matière à rire. « Mangez, ceci est ma chair. Buvez, ceci est mon sang. »

La psyché humaine étant ce qu’elle est, ils devaient finir aussi par s’inventer un dieu bélier (qui fut probablement d’abord une déesse brebis, mais ne compliquons pas). Tant et si bien que les deux dieux auxquels ils s’identifiaient et qu’ils invoquaient pour leur survie ont fini par devenir un seul, hybride. C’est ainsi qu’on a retrouvé (en Roumanie ? en Bulgarie ? notre mémoire flanche) une statue en bronze, œuvre d’un orfèvre scythe, de ce Zeus mi-loup-mi mouton :

 

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Après bien des tribulations, il finit par arriver en Gaule, mais dès lors sous une forme mi-bélier mi-homme, et il ne s’appelait plus Zeus mais Jupiter, parce que les Romains nous avaient entretemps colonisés.

 

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Celui-ci, trouvé en Provence, se trouve au Musée Calvet d’Avignon.

 

Quoi qu’il en soit, la fameuse soupe aux tripes que l’affreux Lycaon d’Arcadie est censé avoir servi à Zeus en visite, provoquant le courroux de ce bien-pensant, on la mangeait encore, dans ces pays-ci, jusqu’à la dernière guerre (la IIe), sacramentellement, à Noël, mais les tripes étaient de porc. Chaque famille tuait son cochon et mangeait la soupe aux boudins la nuit même de Noël. Il faut noter que le porc, comme le loup et le chien, était lié à l’Autre Monde (l’Yseult galloise était une déesse-truie de la mort), raison pour laquelle il est devenu tabou dans tant de pays d’Afrique et du Moyen-Orient.

 

Mais la hotte de Saint Nicolas, quel rapport avec les loups ?

Avant de ressusciter les enfants dans un baquet de boucher (qui les avait mis au saloir, comme on y mettait les morceaux du porc sacrifié), il les transportait dans une hotte. Ce qu’il transportait, en fait, ce n’étaient pas des enfants charcutés mais des hommes en miniature, car c’est ainsi qu’on a représenté pendant des siècles (en Occident chrétien) les âmes des morts.

Et qu’est-ce qu’il en faisait ? Il les emmenait de ce monde-ci dans l’Autre. C’était un dieu-passeur ou psychopompe qui, de « Zeus tonnant » était devenu « Hermès Trois Fois Grand » ou Trismégiste, dieu des métamorphoses, seul de toutes les divinités mâles à circuler dans  les trois règnes et à passer du monde des vivants des celui des morts et l'inverse. Parfois, les petits homoncules qu’il transportait étaient non pas des âmes mortes, mais des âmes pas encore nées, qu’il amenait de l’Autre Monde dans celui-ci. Hermès Trismégiste est le dieu de la vie dans la mort et de la mort dans la vie, celui qui préside aux transformations de la matière, car qu’est-ce que sont la vie et la mort, n’est-ce pas ?

Les Gallois l’appelaient Gwengwyngwyn « Trois Fois Blanc ». Les Germains et les Slaves l’appelaient autrement. Et chez eux, il chassait les âmes mortes, accompagné de sa meute de 50 chiens blancs (tiens, tiens) aux oreilles rouges, que les Anglais appellent, on ne sait pourquoi Gabriel’s hounds, mais toujours pour les emporter dans l’Au-Delà.

Avec les invasions ou immigrations germaniques, les déesses celtiques et pré-celtiques ont fini par s’appeler de noms étrangers. C’est ainsi que Hol a donné son nom à la Hollande et Hel à l’Enfer anglo-saxon. Le Trois Fois Blanc est devenu chez eux Hell König. Sa chasse sauvage est devenue en français la Mesnie Hellequin, et la Commedia dell’Arte a carnavalisé le dieu ravisseur de morts en Arlequin. Mais les Allemands, philosophes impénitents, n’ont pas oublié la fonction première de l’acteur comique :

 

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Et son fameux habit, à celui-là, d’où vient-il, d’Arcadie ?

Presque. Il vient de Lydie, d’où étaient originaires les Étrusques, c’est-à-dire les Toscans. Et, bien sûr, il a quelque chose à voir avec la mort et avec les chiens-loups, sinon, on ne vous en parlerait pas.

D’abord, leur dieu des morts, Aïta, version lydienne du Grec Hadès, est un dieu à tête de loup, que voilà :

 

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Leur Charun ou Xarun, homologue de Charon, le nocher d’enfer des Grecs, n’emmène pas les défunts en bateau traverser le Styx, mais leur fait passer une porte – celle qu’on ne repasse pas –, assisté de Vanth, démon femelle ailé. Charun brandit un marteau et Vanth une torche, et ils se tiennent de part et d’autre de l’effrayante porte. Mais, chose qui ne se voit pas chez les Grecs, Charun (comme d’autres démons ravisseurs) a la peau bleuâtre couverte de pustules des corps en décomposition. Toujours cette présence de la matière qui, jamais, n’a d’état définitif.

 

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Le voici encore, attendant que le coup mortel lui livre un condamné

Or, pour honorer leurs morts importants, les Étrusques organisaient des jeux funèbres : jeux publics, où le sang devait couler en abondance. Cette coutume, qui est à l’origine de la gladiature romaine, s’appelait « le jeu de Phersu ».

Phersu, personnage dansant et quelquefois comique, y présidait.

Il était vêtu d’une tunique faite de petits morceaux colorés d’étoffe découpée en losanges (oui, c’est de là qu’il vient, l’habit d’Arlequin), kaléidoscope animé qui symbolisait les atomes en perpétuel mouvement de la matière. Car il incarnait ici le Grand Transmutateur.

Phersu a donné en latin persona, qui signifie « masque », et, en effet, il en portait un. Tout masque, qu’il soit blanc, noir ou en or, n’a qu’une seule signification : mort. Y compris, bien entendu, ceux de nos carnavals d’aujourd’hui.

Le jeu consistait à faire s’affronter un homme nu, armé d’une massue, la tête couverte d’un sac de cuir, c’est-à-dire aveuglé, et un dogue. Le sang, nous l’avons dit, devait couler, celui de l’homme ou celui du chien, mais en réalité les deux, jusqu’à ce qu’ils se soient, l’un et l’autre vidés. C’est pourquoi le chien et l’homme étaient tenus en laisse par Phersu, qui y veillait en tirant sur leurs laisses afin de rendre l’avantage tantôt à l’un, tantôt à l’autre. Aucun des deux n’avait la moindre chance. Il s’agissait bien d’un sacrifice par double mise à mort. Mais mise à mort jouée par les protagonistes et non pas simplement subie. (Hérodote a dit qu’avant d’émigrer en Italie, les Étrusques avaient inventé la plupart des jeux connus.)

 

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Phersu porte le masque qui fait de lui un envoyé de l’Au-Delà et il est coiffé du bonnet pointu qui deviendra aussi celui de Polichinelle. Il tient en mains les deux laisses, attachées l’une au cou du chien, l’autre au pied de l’homme.

 

Un seul chien est ici variante de la divine meute de cinquante, mais sa fonction est la même : happer celui qui doit mourir. Ajoutons que les chiens servant à ces jeux venaient d’Irlande, chiens-loups mangeurs d’hommes élevés tout exprès, et qu’on les amenait en meutes à pied d’œuvre, au grand dam des populations traversées. C’est avec une cargaison de ces chiens que Saint Patrick, enlevé par des pirates et retenu prisonnier dans l’île verte, aurait pu regagner sa Gaule natale.

Phersu, à la fois chamane, prêtre, bourreau, danseur, voleur, transporteur d’âmes, étincelle de vie et pourrissement de mort, matière en sempiternelle transformation, apparaît plusieurs fois dans la tombe des Augures de Tarquinia, où il est représenté dansant et se livrant à diverses cabrioles.

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Gestes et cabrioles que reproduira fidèlement Arlequin tout au long des siècles suivants :

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Les Grecs, qui en avaient fait aussi leur dieu des voleurs, l’avaient doté d’ailes aux pieds et d’un chapeau de voyageur.

Et voici comment des alchimistes du XVIIe siècle l’ont figuré, dansant sur un dragon cracheur de feu :

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Phersu : Il triomphe de la matière

 

Un siècle plus tôt, Rabelais leur avait d’avance fait un clin d’œil en mettant dans la bouche de Panurge, sa très immorale (d’un point de vue bourgeois) défense des « debteurs ».

 

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Cependant saint Nicolas ne fut pas le seul saint passeur. Comme ils avaient été nombreux dans le paganisme, ils furent nombreux dans le christianisme. Ainsi, saint Christophe, par exemple, qui a « porté l’Enfant Jésus » comme Hermès avait porté l’Enfant Dyonisos, a été, en outre, quelquefois représenté en chien.

 

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Saint Christophe Cynocephale, icône grecque du XVIIe s

 

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Saint Hervé de Lanhouarneau, patron des bardes de Bretagne est, lui, un saint au loup (et non au chien d’aveugle, quoi qu’il le fût).

 

Et nombreux sont les autres saints au loup ou au chien, à commencer par saint Loup, saint Roch, etc. On n’en finirait pas. Mais saint Blaise est, pour sa part , un cas particulier, car il a été, comme son lointain aïeul, le Zeus d’Arcadie, à la fois loup et bélier. L’Espagne, en particulier, le prie sous une quantité de formes. En voici deux :

 

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Saint Blaise aux Loups

 

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Martyre de Saint Blaise

Tapisserie du XIIe siècle – Victoria & Albert Museum, Londres

Il est étendu sur une rame comme une peau de mouton et ses bourreaux le « cardent »  avec des peignes de fer appelés « loups ».

 

 Et le fameux petit âne, pour qui les enfants doivent déposer carotte, pain et eau la nuit du 5 au 6 décembre ?

L’âne, ainsi d’ailleurs que le cheval, était un animal psychopompe, comme les dieux qu’il servait ou le dieu qu’il avait été. Il transportait lui aussi des âmes mortes, mais dans son ventre.

Nos aïeux, plus proches que nous de la nature, savaient que l’avoine dont on les nourrit fait péter ânes et chevaux. Or, à leurs yeux, les vents – tous les vents, même ceux-là – étaient des âmes. Dans un endroit pareil, elles ne pouvaient être que mortes. C’est pourquoi, le jour du passage d’une année à l’autre, celui pendant lequel s'ouvre  la porte de l’Autre Monde, ils honoraient, fêtaient leurs morts en se promenant avec des masques, mais prenaient bien soin de souffler au cul des ânes, pour que leurs chers défunts ne puissent en sortir, car ils les vénéraient, certes, mais ne souhaitaient pas qu’ils vinssent déranger les vivants. On les appelait, très logiquement « soufflaculs ».

 

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Le petit âne de saint Nicolas est donc en fait saint Nicolas lui-même, sous une forme très ancienne.

 

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Pour les amateurs de ces choses :

La maschera del Selvaggio – Indiani d’America e Tradizioni europee

http://www.selvaggi-america-europa.unito.it/ai_confini_.htm

 

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[Et notre petit chien cul-de-lampe vient du Livre de Kells. Si vous passez par Dublin, allez le voir à Trinity College : ils en tournent une page par jour. Vous tomberez peut-être sur celle-là.]

 

 

 

Mis en ligne le 6 décembre 2015.

 

 

 

01:27 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

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