18/07/2015

LA NUIT - 2me Partie

1. Requin géant contre navigateur solitaire.JPG

 

La nuit

(2me Partie)

 

Editorial (vous pouvez sauter)

 

Quand on a décroché un jour ou deux, on est effaré de l’avalanche d’analyses, de la grêle de commentaires qui vous tombent dessus, massivement favorables à Alexis Tsipras… jusqu’à la douche froide, véhémentement critiques ensuite.

Que reproche-t-on à ce malheureux ? À ces malheureux de Syriza et du gouvernement grec actuel ?

De s’être bercés de l’illusion qu’il leur serait permis de rembourser leur « dette » inremboursable en faisant porter une infime partie de son poids par les plus riches pour permettre aux plus pauvres de prolonger leur agonie, de respirer encore un peu sans nourriture, sans logements, sans soins, sans éducation, sans fric pour payer leurs cercueils ?

Alors que la « dette » n’est pas une dette mais un racket, en français : une extorsion.

A-t-on jamais vu des gangsters renoncer à extorquer pour raisons humanitaires ? Se mettre à la place de leurs victimes ? Accepter d’aménager l’enfer qu’ils infligent pour le rendre supportable ? Soyons sérieux.

Quand des sociaux démocrates pas pires que d’autres – mais hélas pas plus lucides sinon ils ne seraient pas sociaux-démocrates -  voient enfin le chancre de la réalité grouiller-métastaser sous leurs yeux, que peuvent-ils faire ?

Se transformer en révolutionnaires ou accepter la loi du plus fort.

Ceux-ci viennent d’accepter. Chez les bobos donneurs de leçons, cela se dit « capituler ». Fort bien.

Que se serait-il produit, s’ils ne l’avaient pas fait ?

Au choix mais sans doute en bloc :

- Leur liquidation physique. (Pour ceux qui l’ignoreraient, les Thermidors d’Allendes ne font pas qu’une seule victime allégorique. Ils en font beaucoup.)

- Les chars au coin des rues et la loi martiale. (Celle de l’armée, assaisonnée de deux ou trois polices, toutes contrôlées par l’étranger et non par le gouvernement élu qui aurait dû y penser avant.)

- La règle de fer de l’« austérité » (ah, l’euphémisme !) sans intermédiaires, avec kidnappings, disparitions, tortures, bagnes et liquidations sauvages à la clé, ni plus ni moins qu’à Santiago du Chili, ou chez eux dans les années 70. C’est vrai que, pendant qu’ils trinquaient, on était à Wight et à Woodstock, on ne peut pas être partout.

Le gouvernement Tsipras a donc choisi (le Glock sur la tempe) la solution « pas de sang » (enfin, le moins possible). Comme Palmiro Togliatti et d’autres l’ont fait avant lui, pour les mêmes raisons.

Qui aura l’effronterie de le lui reprocher ? Pas mal de monde en fait. Car les lâches, les inconscients et les irresponsables passifs aiment bien juger ceux qui se mouillent.

Évidemment, si Castro avait choisi la solution « pas de sang » le jour de la Baie des Cochons, où seraient les Cubains aujourd’hui ?

Facile à dire quand on n’y est pas.

Quand on croit qu’on y échappera toujours.

« On » ergotera moins le jour des comptes.

 

2. Broken chain 2.gif

 

Apocalypse : dévoilement

(Le dévoilement continue et ce n’est pas fini.)

 

Nous avons reçu ceci – émile d’un communiste à un autre – dont la caractéristique principale est la netteté. Une réaction parmi tant d’autres. On ne voit rien à y redire. Elle fait suite à un discours prononcé au Sénat par M. Pierre Laurent, secrétaire national du Parti Communiste Français, le 15 juillet 2015.

 

3. euro-guernica.png

 

Le vendredi 17 juillet 2015 0h50, Bernard Foutrier <foutrierbernard@yahoo.fr> a écrit :

 

Cher camarade,

Tu as beau signer ton email « Fraternellement », il va de soi que tu ne me répondras pas. Le tract que tu envoies sur la Grèce est meilleur que le discours de Pierre Laurent au Sénat, lequel discours est une honte. Votre ligne de défense de « L'Europe » comme horizon indépassable de l'émancipation des peuples d'Europe est la cause essentielle de l'échec de Tsipras, dont il est dérisoire de dire qu'il a  négocié « avec un pistolet sur la tempe », car ce n'est pas lui  mais le peuple grec qui par l'accord que Tsipras a signé est menacé de mort.

L'Europe, telle qu'elle se construit depuis 1949, a toujours eu pour but ce qui se passe aujourd'hui : imposer absolument la férule implacable de la  politique du Capital  aux peuples d'Europe, en empêchant pour ceux-ci toute possibilité de choisir librement leurs destins. Le combat du PCF sur le « terrain de l'Europe » est un combat immanquablement voué à l'échec, comme en  témoigne bien  ce qui se passe contre la Grèce.

Cette orientation pro-européenne du PCF signe son abandon définitif de la perspective du combat pour l'instauration du socialisme et, finalement, son ralliement à la social-démocratie, dont il n'est plus que l'aile gauche dérisoire.

Tsipras a été immanquablement battu dans un bras de fer perdu d’avance, et il a été battu de façon caricaturale pour être venu les mains vides dans son combat. Pourquoi n'a-t-il à aucun moment brandi la menace de l'annulation par la Grèce et son gouvernement de la fameuse « dette grecque » ? Pourquoi n'a-t-il pas proclamé que le peuple grec n'avait pas à rembourser une « dette » dont seule la spéculation financière capitalistique européenne est responsable ? Quand Pierre Laurent, Tsipras et autres se battent pour le réexamen et rééchelonnement de la « dette grecque », ils signent leur ralliement à la politique financière du capitalisme européen, dont ils demandent aux peuples d'Europe de devenir co-responsables et, en bonne démocratie social-démocrate, « co-gestionnaires ». Comment Mélenchon peut-il reprocher à Hollande d'être intervenu trop tardivement dans l'envoi de hauts fonctionnaires français en Grèce, alors même que cet envoi est un piétinement grossier de l'indépendance grecque en même temps qu'une aide inestimable à la position allemande ?

D'ailleurs, ici, quant à l'Allemagne, comment imaginer une Europe qui ne soit pas allemande ? De 1949 à aujourd'hui, de Jean Monet et Robert Schumann à Hollande/Sarkozy, et mis à part divers aspects de la politique de De Gaulle, toute la politique française européenne s'est faite essentiellement au profit de l'Allemagne, tant au niveau politique qu'économique, qu'il s'agissait d'amarrer à « l'Europe occidentale » en l'installant en  première ligne de la lutte contre « le communisme », l'URSS et le « bloc soviétique ». C'était oublier que depuis, disons, 1872,  l'Allemagne n'est pas seulement la grande puissance militaire que le nazisme a radicalement discréditée, mais aussi, et sans aucun doute d'abord, la plus grande puissance économique européenne, de sorte que  depuis la fin des années soixante -1960- et surtout la chute de l'URSS en 1990, elle est tout « naturellement » hégémonique en  Europe et dans l'Union Européenne.

Comment le tract du PCF ose-t-il dire que la sortie de la Grèce de l'Europe représente une menace pour la paix en Europe, reprenant à son compte le thème cher à la droite et au PS (« L'Europe c'est la paix »), alors même que « L'Europe », Allemagne et France en  tête, ce fut la guerre en Yougoslavie et la destruction de celle-ci, ce fut l'éclatement de la Tchécoslovaquie, la satellisation honteuse des Pays Baltes, avec ce résultat que « La Carte  de l'Europe » ressemble aujourd'hui à s'y méprendre à la carte de l'Europe de 1942/43, c'est-à-dire à la carte de l'Europe de l'époque de la grande domination militaire de l'Europe par l'armée de l'Allemagne nazie ? Et ce qui se passe actuellement contre la Grèce est la continuation de cela. De même en Ukraine, où l'Europe ce n'est pas la paix mais la guerre contre la Russie et aux côtés des forces les plus réactionnaires et d'extrême droite fascisante et lourdement  pro-nazie et antisémite. Mais l'Europe c'est aussi la guerre au Moyen Orient et en Afrique, où elle soutient la politique d'intervention éhontée de la France... En faisant de « l'Europe », de « l’euro »,de «l’Union européenne », de « la Banque européenne » et de tutti quanti l'horizon indépassable de sa politique, le PCF signe, dans la suite de son abandon de la perspective du socialisme, son ralliement éhonté définitif à la politique social-démocrate de collaboration de classe avec la bourgeoisie et les logiques et forces sociales du capitalisme... Et c'est le fond de la capitulation de Tsipras à Athènes.

Bernard Foutrier, 17, rue Edouard Vaillant. Migennes

(Site: https://bernardfoutrier.wordpress.com/ ).

PRIÈRE A TOUS MES CORRESPONDANTS DE DIFFUSER ce texte auprès de leurs propres correspondants; merci. 

 

2. Broken chain 2.gif

 

C’est avec retard (notre faute !) qu’on étale sous vos yeux quelques-unes des cartes – biseautées – que le fatum et leurs dirigeants ont distribuées aux Grecs.

Attention : Il est question ici de deux « Robert » : l’un, Kagan, « petit mari » de Victoria Nuland, résident permanent à Bruxelles et célèbre auteur, avec William Kristol, du Project for a New American Century ; l’autre, Kaplan, pseudo-journaliste et vrai espion US, soldat de Tsahal et du Pentagone, qui a joué un rôle de mouche du coche dans les guerres d’Irak, de Yougoslavie et maintenant de Chine. Tous deux ardents néo-cons.

 

Et c’est parti pour un  putsch à Athènes ? Oui, si le petit mari de Nuland obtient ce qu’il veut.

John Helmer – Russia Insider – 9 juillet 2015

Les États-Unis ont une longue histoire d’immixtion dans la politique grecque. Et si vous demandez l’avis de Robert Kaplan – le très influent idéologue néo-con – le moment est venu d’une nouvelle intervention.

 

4. Nuland & C°.jpg

La recette est simple : Flinguer Tsipras pour sauver la Grèce de la Russie.

 

Un putsch à Athènes, pour sauver l’allié grec de l’ennemi russe, est en préparation conjointe aux USA et en Allemagne, avec l’actif soutien des non-contribuables de Grèce, des oligarques grecs, des armateurs anglo-grecs et de l’Église grecque. Au plus haut et au plus bas niveau du gouvernement grec, et de Thessalonique à Milvorni, tous les Grecs comprennent ce qui est en train de se passer. Hier, ils ont voté à une écrasante majorité pour résister. Mais d’après une importante personnalité politique d’Athènes, sur la brèche depuis plus de 40 ans, ce qui se déroule devant nos yeux est un lent processus de changement de régime (« regime change »).

Jusqu’à dimanche après-midi, le vote a été donné comme très serré. Les OUI et les NON paraissaient s’équilibrer et la marge qui les séparait avait la minceur d’une lame de rasoir. Le London Times de Rupert Murdoch affirmait : « Les forces de sécurité grecques ont arrêté un plan secret qui consiste à déployer l’armée en même temps que les forces de police anti-émeutes pour contenir toute éventuelle agitation publique après le référendum d’aujourd’hui sur l’avenir du pays en Europe. Son nom de code est Némésis. Il prévoit de faire patrouiller les troupes dans toutes les grandes villes en cas de désordres prolongés1. Ce plan a pris forme lorsque les sondages ont montré les “oui” et les “non” au coude à coude. » Les militaires grecs ne parlent pas à la presse Murdoch. Ce sont les agents secrets US et anglais qui le font.

« Le OUI et le NON ont été au coude à coude jusqu’à 3 heures de l’après-midi », dit mon vétéran politique d’Athènes, « et alors, les jeunes ont commencé à voter. »

Le résultat – les 61% de NON et les 39% de OUI, avec son écart de 22% que le New York Times qualifie de « choquant » et de «victoire qui ne règle rien » - peut-il avoir raison de l’Opération Némésis ? L’Axe new look – américano-allemand – attaquera-t-il la Grèce comme l’Allemagne a attaqué le premier OXI du 28 octobre 1940 qui venait de vaincre l’invasion italienne ?

Le Kremlin aussi comprend. En effet, quand Victoria Nuland du Département d’État (née Nudelman, à droite sur la première image2), s’est rendue à Athènes pour y lancer un ultimatum contre l’abandon des « sanctions » anti-russes et que les think tanks anglo-américains lui ont emboîté le pas en avertissant que la Flotte russe était en route vers le Pirée, l’enjeu est devenu limpide. La ligne de l’Opération Némésis, c'est qu’il faut sauver la Grèce, non d’elle-même ni de ses créanciers, mais de « l’ennemi » à Moscou. La ligne adoptée alors par les Russes a été de ne rien faire qui puisse accréditer cette propagande, d’attendre et de voir venir.

En sa qualité de Chef du Bureau aux Affaires européennes et eurasiennes du Département d’État, Nuland est la fonctionnaire chargée de faire la guerre en Europe. Ses états de service en Ukraine sont bien documentés. Voir ici. Sans que pratiquement personne y ait prêté attention, elle s’est rendue à Athènes le 17 avril, pour remettre deux ultimatums. Titre du communiqué de l’ambassade US d’Athènes à cette occasion : « Nous voulons voir la prospérité et la croissance en Grèce ».

 

5. Nuland Tsipras.jpg

 

Ce que Nuland (ci-dessus à gauche) fait ici avec ses mains était imprimé en petits caractères dans le communiqué. Elle a dit au Premier ministre Alexis Tsipras (à droite) de ne pas rompre les rangs d’avec ses alliés de l’OTAN contre la Russie. « À cause des vagues croissantes d’agressions en Ukraine orientale3 », lui a-t-elle dit, Washington est « très satisfait de la solidarité que nous avons entre l’UE et les USA, et de ce que la Grèce y joue un rôle en contribuant au consensus. »

Nuland a également enjoint à Tsipras de ne pas se déclarer en faillite sur ses dettes envers l’Allemagne, la Banque Centrale Européenne et le Fonds Monétaire International. Elle lui a également fait savoir qu’il fallait qu’il « arrive à un bon accord avec les institutions ». Le référendum que Tsipras a annoncé le 27 juin a pris Nuland par surprise. La Nemesis de l’Opération Némésis est la rétribution projetée pour punir cette manifestation d’hybris grecque.

Ayant tonné pendant un an sur l’« illégitimité » du referendum de mars 2014 en Crimée, dont le résultat a été un OUI massif à l’accession du pays à la Russie, le Département d’État a ignoré le referendum grec pendant 48 heures.

Le 29 juin, interrogé sur ce que le gouvernement US comptait faire si le résultat était « un vote Non », le porte-parole de Nuland, Mark Toner a répondu que les États-Unis l’ignoreraient. « Nous nous concentrons, franchement, sur le contraire, qui est de trouver le moyen par lequel la Grèce pourra continuer à faire des réformes, retourner à la croissance et rester dans l’Eurozone. »

La seule autre mention officielle par Washington du referendum grec est venue le 30 juin, quand une question a été posée au briefing quotidien du Département d’État : « que faites-vous, dans le cadre du FMI dont les USA sont le principal actionnaire, pour obtenir une attitude plus accommodante envers les Grecs ? ». Réponse officielle :

« Nous contrôlons soigneusement la situation. Nous continuons à croire qu’il est important que toutes les parties travaillent ensemble pour retourner à une voie qui permette à la Grèce de reprendre ses réformes et de revenir à la croissance à l’intérieur de l’Eurozone. Mais, encore une fois, nous contrôlons cela de très près. »

La dernière tentative concertée des USA de renverser un gouvernement grec élu fut celle dont le Premier ministre Andreas Papandreou fut la cible entre 1987 et 1989.

Contre son fils et successeur Georges Papandreou, cela ne fut pas nécessaire : Georges et sa mère Margarita Papandreou étaient déjà sous le contrôle de Washington. Mais, contre Andreas, il avait fallu recourir à de sérieuses mesures de coercition.

Les mesures militaires du type de celles qui avaient pesé sur la Grèce entre 1967 et 1974 s’étaient avérées impopulaires, nationalement et internationalement. Elles s'étaient avérées extrêmement coûteuses ; elles avaient aussi discrédité les forces US et celles de l’OTAN, trop visibles derrière la junte d’Athènes.

L’Administration Reagan avait donc décidé que Papandreou devait être renversé par son propre peuple, si possible au moyen d’une élection. La stratégie avait été de « donner à Papandreou assez de corde pour se pendre », selon les mots de Robert Keeley, l’ambassadeur US à Athènes de l’époque.

Cela avait aussi été une espèce d’Opération Némésis – le plan étant que l’hybris de Papandreou serait châtiée devant l’électorat grec, d’abord par une épreuve de force avec la Turquie en mer Égée, puis par une accusation de corruption du Premier ministre, portée par un banquier grec propriétaire d’une équipe de football.

 

6. Papandreou Ozal.jpg

Papandreou avec Turgut Ozal, Premier ministre turc, en mars 1987, avant la victoire grecque et la chute d’Ozal.

 

On sait que les deux plans furent neutralisés par des actions-surprises grecques que les officiels US n’avaient pas vues venir ; que les Turcs durent se retirer devant une manifestation de force combinée gréco-bulgare et que le Premier ministre turc dut être hospitalisé d’urgence dans une clinique cardiologique de Houston, Texas ; enfin, que Georges Koskotas, l’accusateur de Papandreou, fut arrêté à Boston et renvoyé dans une prison grecque. À hybris, hybris et demie pourrait-on dire. Pour plus de détails, lisez ceci

Dimanche dernier, si les voix grecques s’étaient également divisées de part et d’autre de la vieille frontière de guerre civile, droite contre gauche et bleu contre rouge, les forces de sécurité auraient été mobilisées pour affronter les manifestants sur la place Maidan, pardon, Syntagma, et des snipers, du toit de l’Hôtel de Grande Bretagne, auraient donné le coup d’envoi de l’Opération Némésis. Pour préparer les cœurs et les têtes à tout cela, cependant, on peut dire que l’armée des think tanks s’est plantée à peu près totalement, tirant des cartouches à blanc dans toutes les directions sauf en Grèce.

À Londres le Legatum Institute, financé par les USA, a dédaigné les résultats des sondages et les débats radio-télévisés, et préféré s’attaquer au Venezuela, à la Chine, à la Syrie et à la Russie, en les accusant d’utiliser des « phénomènes jadis associés à la démocratie – tels que les élections, Internet, la presse, le marché – pour saper les libertés ». Legatum a laissé Anne Applebaum seule annoncer que le gouvernement grec peut être renversé « parce qu’il a été élu sur des prémisses complètement fausses ».

Le Royal Institute of International Affairs (Chatham House), lanceur d’éclairs et de tonnerre dans la guerre contre les medias russes du mois dernier, a ronronné sur les démocraties tunisienne et nigériane ; cette semaine, il prépare un débat sur « les progrès accomplis par Kiev pour augmenter la transparence et réformer les institutions gouvernementales-clés », mais n’a pas eu un mot pour la démocratie grecque et son referendum.

À Washington, l’International Republican Institute (IRI) – qui se prévaut d’« aider la démocratie à devenir plus efficace là où elle est en danger » - publie depuis des mois des « sondages sur la démocratie » financés par le Département d’État, mais…  en Côte d’Ivoire et au Zimbabwe, pas en Grèce. En même temps, le National Democratic Institute (NDI) s’est fortement préoccupé des ses propres projets démocratiques en Géorgie, en Irak et au Kosovo.

Le Pew Research Center, à Washington, a essayé de prévoir les résultats du referendum grec en enquêtant sur 2,5 millions de messages Twitter en Grèce, et en publiant les résultats obtenus le 3 juillet. En grec, les messages étaient de 40 à 33% en faveur du OUI. En anglais, ils allaient de 32 à 7% en faveur du OUI. En fin de compte, les résultats des sondages dans les médias sociaux semblent avoir été proches du n’importe quoi. Et si Pew ne les a pas inventés, les très nombreux tweets « neutres » se sont transformés en votes NON du jour au lendemain.

7. Twitter polls.jpg

 

La Brookings Institution et le Peterson Institute – tous deux fondés par l’oligarque ukrainien Viktor Pinchuk pour battre le tambour de guerre anti-russe en Ukraine - ne se sont pas risqués à prédire le résultat du referendum grec, ils se sont contentés de condamner le gouvernement grec pour l’avoir permis.

Le 1er juillet, Carlo Bastasin, journaliste italien aux gages de Brookings, a prétendu avoir des témoins oculaires d’un « comportement peu scrupuleux » des dirigeants grecs, témoins selon qui les plans du gouvernement grec seraient « plus récessifs » et « basés sur davantage d’austérité » que les plans européens. Les sources du reporter, malheureusement, n’ont pas de noms.


8. Andreas-Pope.jpg

Andreas Dracopoulos et l'Archevêque Demetrios

 

Au sein du comité directeur du Peterson Institute, la stratégie grecque est dirigée par Andreas Dracopoulos. Membre de la famille de l’armateur grec Stavros Niarchos, c’est lui qui a la charge de distribuer l’argent de la Fondation Niarchos. Quand on lui a demandé ce que la fortune de Niarchos faisait pour alléger la crise grecque, il a parlé de bons d’alimentation pour les pauvres et de lits pour les sans abri. Il  n’a pas évoqué l'éventualité de payer des impôts.

Dracopoulos a été fait Grand Commandeur de l’Ordre du Phénix par un précédent gouvernement grec, pour récompenser la philanthropie de la Fondation Niarchos. Sur la photo ci-dessus, on voit Dracopoulos avec l’archevêque Demetrios, primat du Diocèse américain de l’Église grecque, ennemi traditionnel des gouvernements d’Athènes, que le Diocèse estime être de gauche ou pire.

La communauté gréco-américaine a évité toute prise de position sur le referendum. En revanche, le 1er juillet, l’American Hellenic Educational Progressive Association (AHEPA), comme se nomme ce lobby, a fait savoir que : « Nous en appelons à l’Administration Obama pour qu’elle s’engage à faire en sorte que les parties se mettent d’accord sur une solution convenable ». Si les Américano-Grecs, Dracopoulos et l’Église grecque US entendent par là l’Opération Némésis, ils n’ont certainement pas voté NON le 5 juillet.

Ajoutons qu’avant le vote, l’AHEPA s’est fendue d’une seconde déclaration : « Indépendamment du résultat du referendum qui doit se tenir en Grèce le 5 juillet 2015, ce qui est crucial pour la communauté gréco-américaine, c’est que les relations entre les USA et la Grèce restent fortes et assurées, et que l’importance géostratégique de la Grèce et ses contributions aux intérêts sécuritaires des États-Unis et de l’OTAN soient estimées et appréciées à leur juste valeur. »

De sources politiques athéniennes dignes de foi, on a su que, sitôt entrés en fonction en janvier dernier, Tsipras et ses collègues de Syriza ont discrètement pris des précautions contre un putsch éventuel des forces de sécurité. « La direction [de l’armée et des services de renseignements] a été changée » m’a confié mon interlocuteur, « mais pas radicalement. Le ministre de la Défense [Panos Kammenos] est de droite ; il n’y a donc pas de « radicaux » (de gauche, NdT) à la tête des forces armées. »

À Moscou, on a éprouvé pas mal de scepticisme dès le début, quant à la volonté ou à la capacité de Tsipras de résister aux pressions US et allemandes. Pour plus de détails, lire ceci. En avril et de nouveau en juin, Kammenos a éludé la question de savoir quelle coopération avec la Russie était envisagée par le côté grec. Toute discussion approfondie a été postposée jusqu’à ce que les deux gouvernements tiennent une conférence interministérielle vers la fin de ce mois.

 

9. Kammenos Shoigu.jpg

Rencontre des Ministres de la Défense grec et russe. Moscou, avril 2015.

 

Les analystes militaires russes s’attendent à ce que Chypre mette sur pied une coopération militaire accrue avec les forces de la Fédération, y compris celles de la Flotte russe, avec un soutien de la force aérienne à la marine. Ils ne s’attendent pas à ce que la Grèce propose, ni à ce que le Kremlin accepte, une semblable coopération de la part de la Grèce. Voir ici.

Donc, où Robert Kaplan (arrière-plan, 1ère image) a-t-il pris l’idée que les USA et l’UE devraient agir « pour empêcher les navires russes de s’emparer des ports grecs » ? Kaplan, du Center for a New American Security (CNAS)4  à Washington, a rapporté aux lecteurs du Wall Street Journal, le 30 juin dernier, que le complot du Kremlin consistait à utiliser Syriza comme appeau pour entraîner la Grèce en dehors de l’Union Européenne et démanteler les positions de l’alliance US-UE-OTAN le long des rives de la Méditerranée et dans les Balkans.

La Russie, d’après Kaplan « peut (sic) tenter d’envenimer les divisions internes de Syriza, afin que que le parti gouvernemental grec ne soit pas en état de faire les difficiles concessions nécessaires au maintien du pays dans la zone euro». Combiné « avec le démembrement et l’affaiblissement de l’Ukraine, [le vote NON de la Grèce] affaiblira sérieusement la position géopolitique de l’Europe vis-à-vis de la Russie ».

Le think tank de Kaplan à Washington ne cache pas que son financement provient de fournisseurs bien connus d’équipements militaires, de compagnies pétrolières US, des gouvernements du Japon, de Taïwan et de Singapour, de l’OTAN, de l’Armée US, de la Navy, du Corps des Marines et de l’US Air Force, ainsi, bien sûr, que de l’Open Society Foundation de George Soros.

La directrice en chef du CNAS est Michele Fournoy, une des fondatrices du think tank, qui lui sert de plate-forme pour concourir au poste de Secrétaire d’État à la Défense, si Hillary Clinton gagne l’élection présidentielle de l’an prochain. Fournoy est une des rédactrices d’un plan récent visant à augmenter considérablement la fourniture d’armes et l’envoi de troupes en Ukraine et le long de la frontière entre la Russie et les pays baltes. Voir le plan intitulé : « Ce que les États-Unis et l’OTAN doivent faire ». Pour en savoir plus sur Fournoy, lisez ceci.

Jusqu’au rapport de Kaplan de la semaine dernière, la seule mention de la Grèce par le CNAS a été un rapport de janvier dernier, expliquant « Pourquoi Poutine est le grand gagnant des élections grecques ». L’expert qui l’a pondu pour le think tank est un ex-fonctionnaire du Département des Finances, qui a appris l’arabe et n’a aucune expérience de l’Europe ni de la Grèce. Kaplan, soldat israélien employé par le Pentagone et conférencier pour les agences d’espionnage US, explique que son expertise sur la Grèce vient de ce qu’il a « vécu à Athènes pendant cette décennie [1980] ». S’il n’y était pas en vacances prolongées, il veut dire par là qu’il y faisait de l’espionnage.

Pour mener une guerre en Grèce aujourd’hui, tout ce qu’il y a besoin de savoir, c’est de qui la Grèce doit être sauvée. Que les Grecs aient voté plus démonstrativement encore que les Ukrainiens contre l’auto-sacrifice, n’a aux yeux des « experts » rien à voir avec la démocratie. C’est de l’hybris. Et voilà le pourquoi de l’Opération Némésis. Claro!

­­­­­­­­­______________________

1          Désordres qu’il est assez facile de provoquer, comme l’a montré l’EuroMaidan.

2          Jeu de mots sur Noodleman = fabricant de nouilles.

3          Elle veut dire à cause de la résistance au nazisme (NdT)

4         Ne pas confondre avec le PNAC (Project for a New American Century) de l’autre Robert.

Source : http://russia-insider.com/en/politics/nudelmans-new-war-n...

Source d’origine : http://johnhelmer.net/?p=13712

10. Dances with Bears.jpeg

Né en Australie en 1946, John Helmer « Danse avec les ours » est le premier fonctionnaire US (Administration Carter) à s’être installé de façon permanente et indépendante à Moscou (en 1989) et un journaliste free-lance, correspondant notamment de plusieurs journaux australiens et africains. Sa tête a été (est toujours) mise à prix par l’oligarque Mikhail Prokhorov, que ses enquêtes empêchent de dormir en paix sur quelques milliards mal acquis.

Un  grand-père danois, grognard dans la Grande Armée, a plaqué le Corse après la Bérézina.

Une épouse russe : Tatiana.

 

Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades.

 

2. Broken chain 2.gif

 

Mercredi 15 juillet, 17h44’

Les Grecs réagissent au vote parlementaire sur l’accord de la zone Euro

Vidéo en temps réel : 2h30’

 

 

2. Broken chain 2.gif

 

Tout au long de l’histoire, les dettes et la guerre ont été de constants partenaires

Giles Fraser – ICH – The Guardian – 8 juillet 2015

Comme le montrent les dépenses grecques en armements, ce ne sont pas les retraites ni les prestations sociales qui grèvent les économies, c’est le complexe militaro-industriel.

 

11. Frégates et torpilleurs grecs.jpg

Frégates et torpilleurs grecs manoeuvrant en 2005. « Dans les années qui ont suivi leur entrée dans l’UE, les Grecs sont devenus le 4e plus important acheteur mondial d’armement conventionnel. »

 

Quelque part dans une cellule de prison grecque, l’ex-ministre de la Défense, Akis Tsochatzopoulos regarde se dérouler la crise financière. Je me demande à quel point il s’en sent responsable. En 2013, Akis, comme on l’appelle communément, a plongé pour 20 ans, succombant aux vagues répétées de scandales financiers auxquels son nom était depuis longtemps associé. Car, en plus de ses dépenses somptuaires, de ses maisons et de ses déclarations d’impôts fallacieuses, il y avait eu les pots de vin, et ce sont les 8 millions d’€ de dessous de table qu’on l’accusait d’avoir reçus du marchand d’armes allemand Ferrostaal – pour l’achat au nom du gouvernement grec de sous-marins de type 214 – qui ont fini par l’envoyer en prison.

L’idée court que les Grecs se sont mis dans la situation catastrophique où ils sont parce qu’ils sont beaucoup trop payés pour en faire trop peu. C’est possible. Mais ce n’est pas tout. Car les Grecs se sont surtout endettés pour la plus vieille raison du monde, on peut dire pour la raison même qui a provoqué le premier de tous les endettements de la terre : lever et entretenir une armée.

Le besoin d’argent rapide qu’a un état désireux de lever une armée est à l’origine des prêts à échelle industrielle, et ce, malgré l’opposition historique de l’Église à la pratique de l’usure. De fait, on pourrait même aller jusqu’à dire qu’en Occident, les dettes publiques de grande envergure ont commencé pour financer des opérations militaires au moyen Orient : les Croisades. Et tout comme sauver Jérusalem des Turcs a été la justification des dépenses militaires massives du Moyen Âge, la peur des Turcs a été la raison donnée  pour justifier les dépenses militaires massives récentes de la Grèce. Outre les sous-marins allemands, les Grecs ont acheté des Frégates françaises, des F16 US et des tanks allemands Leopard 2. Rien que dans les années 80, ils ont dépensé une moyenne de 6,2% de leur PIB en équipement militaire, alors que la moyenne des achats européens est de 2,9%. Dans les années qui ont suivi leur entrée dans l’UE, les Grecs sont devenus le 4e plus important acheteur mondial d’armement conventionnel.

Récapitulons : des compagnies allemandes corrompues ont payé des pots de vin à des politiciens grecs corrompus pour qu’ils achètent des armes allemandes. Et maintenant, une chancelière allemande exige que des mesures d’austérité inhumaines soient appliquées au peuple grec pour rembourser les emprunts faits par la Grèce à des banques allemandes à des taux d’intérêt usuraires pour payer les armes qu’elle leur avait achetées. Cette explication est-elle injuste ? Un peu. L’Allemagne n’a pas été seule en cause. Et beaucoup d’autres facteurs sont intervenus dans l’escalade de la dette grecque. Mais la différence d’après guerre entre les Allemands et les Grecs n’a rien à voir avec le stéréotype éculé des premiers qui travaillent dur et des seconds qui ne fichent rien, mais avec le fait qu’entre autres choses il n’a pas été permis à l’Allemagne de s’armer, donc de dépenser pour acheter des armes. L’Allemagne a retiré, de cette circonstance, un énorme bénéfice.

L’endettement et les guerres sont depuis toujours des partenaires permanents. « La crise financière mondiale est due, au moins partiellement, à la guerre » a écrit le Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, qui a calculé que le coût des interventions US en Aghanistan et en Irak, avant le crash financier, ont été de 3 trillions1 de $ US. Chez nous, c’est seulement cette année-ci, en mars, que les contribuables britanniques ont fini de payer l’argent emprunté pour financer la Première guerre mondiale. « C’est un moment dont la Grande Bretagne peut être fière » a dit George Osborne en versant la dernière tranche de 1,9 milliards de £. Ah, bon ?

La phrase « complexe militaro-industriel » est un de ces clichés chers aux radicaux de gauche des années 70, mais c’est pourtant Dwight D. Eisenhower, rien de moins qu’un général à cinq étoiles, qui a mis ses compatriotes en garde  contre son pouvoir rampant :

« Cette conjonction d'une immense institution militaire et d'une grande industrie de l'armement est nouvelle dans l'expérience américaine. Son influence totale, économique, politique, spirituelle même, est ressentie dans chaque ville, dans chaque Parlement d'État, dans chaque bureau du Gouvernement fédéral. Nous reconnaissons le besoin impératif de ce développement. Mais nous ne devons pas manquer de comprendre ses graves implications. Notre labeur, nos ressources, nos gagne-pain… tous sont impliqués ; ainsi en va-t-il de la structure même de notre société. »2

Ike avait raison.

Cette semaine, Church House, Quartier Général de l’Église d’Angleterre, a accueilli une conférence patronnée par les marchands d’armes Lockheed Martin et MBDA Missile Systems. Nous prêchons que les épées doivent être forgées en socs de charrues et, en même temps, nous normalisons une industrie qui fait exactement l’inverse. L’archevêque de Canterbury a été pas mal ferme sur Wonga et sur la nécessité de mettre les requins légaux de l’usure au chômage. Il faudrait maintenant que l’Église relève ses ambitions d’un cran. Parce que les dettes qui paralysent des pays entiers viennent principalement de leurs dépenses de guerre, pas du versement de retraites. Et c’est quelque chose qu’on ne dit pas assez souvent.

________________________  

1          Un trillion = mille milliards

2         Voir le discours complet ici.

13. Giles-Fraser-ALDEN.jpg

 

 

Giles Fraser est prêtre de l’Église d’Angleterre et journaliste. Il a la charge de la paroisse de St. Mary Newington (près de l’Elephant & Castle) à Londres, et il tient une chronique hebdomadaire dans le Guardian. Il apparaît aussi, fréquemmen, à la BBC.

 

 

Source : http://www.informationclearinghouse.info/article42328.htm

 

Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades.

 

2. Broken chain 2.gif

 

La peur des Turcs a bon dos.

Les Grecs se sont-ils endettés jusqu’à devenir le 4e acheteur d’armes du monde de leur propre chef ? Par esprit belliqueux ou par frousse des Ottomans ?

Évidemment non. Ils ont acheté pour des milliards d’armes dont ils n’avaient pas besoin, parce qu’on les y a forcÉs.

Comme on force à le faire TOUS les vassaux de l’Empire, y compris ceux – France, Allemagne, UK, Belgique – à qui on permet de se sucrer de quelques miettes en vendant aussi de leur production.

L’achat massif d’armes à la pègre militaro-industrielle des États-Unis est une des conditions sine qua non de l’admission dans l’Union Européenne.

 

2. Broken chain 2.gif

 

« Les États-Unis battent les tambours de guerre contre la Russie pour que l’Europe augmente ses dépenses d’armement »

Brian Becker interviewé par Russia Today10 juillet 2015

(Extrait)

14. dunford.jpg

Le général Joseph Dunford, Commandant du Corps des Marines, nommé président du Joint Chiefs of Staff, Washington, 9 juillet 2015

 

Les dirigeants européens savent que les USA veulent qu’ils dépensent davantage d’argent en armements, et que ces armements devront être achetés aux États-Unis, dit Brian Becker,  d’Act Now to Stop the War and End Racism (A.N.S.W.E.R.). Mais l’Europe, qui a fait l’expérience de deux guerres mondiales, en connaît les dangers.

Plusieurs hauts fonctionnaires américains vont répétant que la Russie constitue la plus grandemenace possible pour la sécurité de leur pays. C’est Deborah James, Secrétaire de l’US Air Force qui a commencé, et maintenant, le général Joseph Dunford, lors de son audition par le Sénat, en vue de sa nomination comme Commandant en Chef des Armées s'y met à son tour. Dunford a qualifié les actions de la Russie de « rien moins qu’alarmantes ».

RT : Plusieurs hauts fonctionnaires américains disent que la Russie est la plus grande menace qui existe pour la sécurité des États-Unis. Pourquoi une telle rhétorique est-elle utilisée par des hauts fonctionnaires US ?

Brian Becker : Il nous faut bien comprendre cette rhétorique et cette façon de présenter les choses, d’abord par la Secrétaire de l’Air Force Deborah James, ensuite par le Major-Général Joseph Dunford sur le point de devenir Commandant en Chef des Forces Armées, selon qui la Russie est une menace existentielle, et la plus grande de toutes, pour l’Amérique.

Ils disent aussi, et c’est très intéressant, qu'à cause de cette menace, il est impératif que les 28 pays membres de l’OTAN intensifient leurs efforts et dépensent au moins 2% de leur PIB en équipements militaires pour l’OTAN, alors que, seuls, 4 de ces 28 membres le font. Ce que les chefs militaires US disent à l’OTAN, c’est : « Montez au créneau. Ceci est une menace existentielle. Il vous faut dépenser davantage de votre argent, et cet argent, vous devez le détourner de vos économies respectives en Europe. » Donc, l’ABC de la propagande de guerre contre la Russie « menace existentielle », c'est que cette menace existentielle est très bonne, très nécessaire même, pour les gros entrepreneurs militaires, qui représentent la partie la plus importante du complexe militaro-industriel US. Ceci est une partie de l’histoire.

RT : À quoi cela rime-t-il de traiter la Russie de « plus grande menace existentiuelle » et de l’amalgamer ainsi à l’État islamique, et à quoi tout cela va-t-il conduire ?

BB : Ils ne font pas qu’amalgamer la Russie à ISIS, ils disent : « La Russie est une menace plus grande, pour les États-Unis, pour l’Occident  et pour la paix mondiale qu’ISIS. ». Voyez-vous, à l’heure actuelle, le gouvernement US est en guerre, engagé dans une guerre interminable avec ISIS parce qu’ISIS est censé poser une menace existentielle. Mais si la menace existentielle posée par la Russie est encore plus grande que celle posée par ISIS, la cause est entendue, et je crois que c'est vrai, que l’Armée US est en train de préparer le public américain à une confrontation militaire avec la Russie, idée qui, pour tout le monde, relève de la démence.

Voyez-vous, il faut qu'ils fassent cela pour préparer le public américain à accepter ce conflit armé. Ce n'est pas pour rien que le Pentagone se livre à une escalade, qu'il exécute des manœuvres militaires de plus en plus massives et de plus en plus provocantes le long des frontières russes : il compte que la Russie fin ira par être obligée de réagir à ces menaces. C’est ainsi que les conflits se déclenchent : de petits conflits en plus grands conflits, jusqu’à d’éventuels conflits mondiaux.

RT : Les dirigeants européens ont jusqu’à présent renâclé à gonfler leurs dépenses militaires au bénéfice de l’OTAN. Ne ressentent-ils pas, eux aussi, les menaces qu’invoquent les États-Unis ?

BB : Les dirigeants européens savent pertinemment que ce sont des foutaises. Ils savent avec certitude que les USA battent les tambours de guerre pour les forcer à dépenser davantage de leur argent en armement, dont l’essentiel sera acheté aux États-Unis. Et ils savent aussi qu’il est facile aux politiciens américains – et les généraux, en Amérique, ne sont rien d’autre que des politiciens en uniforme – de se métamorphoser en  gros businessmen lorsqu’ils sont réinjectés dans la vie civile, et ils savent qu’ils jouent avec le feu. De même, il est très facile, pour des hauts fonctionnaires américains, de hausser le ton à l’égard de la Russie. Mais l’Europe, elle, connaît trop bien les dangers d’une vraie guerre, ceux de la Première et ceux de la Deuxième guerre mondiale, qui s’est terminée il y a eu 70 ans cette année. Elle ne prend pas à la légère le fait que le Pentagone joue avec le feu. Car, bien entendu, ce sont les populations européennes qui seront en première ligne, pas les américaines.

RT : Les officiers supérieurs US disent qu’ils savent que l’Europe doit faire face à de sévères défis économiques, mais que ses obligations envers l’OTAN sont prioritaires. Toute cette histoire de menaces a-t-elle pour but de faire cracher des fonds au bassinet de l’OTAN ?

BB : Oui, c’est ce que je voulais dire. Je crois qu’une grande partie de tout ce ramdam a pour but de maintenir la cohésion dans l’alliance. Ils savent que l’Allemagne et la France, et d’autres puissances européennes majeures pourraient commencer à entretenir de très bonnes relations – économiques, politiques et même, éventuellement, militaires – avec la Russie. Ils sont en train d’essayer de maintenir la discipline au sein de l’alliance, et ils sont aussi en train de s’assurer que tous ces pays paient leur dû à l’effort de guerre, à l’effort de guerre de l’OTAN, pour le plus grand bénéficie du lobby militaire US.

Lire la suite en anglais…

Source : http://www.rt.com/op-edge/272863-russia-threat-us-james-d...

15. brian-becker.jpg

Brian Becker est un des fondateurs et le coordonnateur de la Coalition A.N.S.W.E.R (Act Now to Stop War and End Racism) qui regroupe de nombreuses organisations US opposées à la guerre. Il est aussi le chef du « Parti pour le Socialisme et la Libération ».

 

Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades.

 

2. Broken chain 2.gif

 

Voir aussi (c’était au mois de mai) :

 

Guerre hybride : propagande anti-russe de l'OTAN, « win-win » pour tous les marchands d'armes de la planète.

 

La guerre hybride de l'OTAN, c'est à dire la propagande anti-russe conçue et mise en oeuvre par le Stratcom de Riga, en Lettonie, se révèle extrêmement efficace pour les marchands d'armes américains et européens et pèse sur les finances des pays baltes et de la Pologne qui sont déjà hyper endettés.

Lire la suite…

Source : http://cacaou3.blogspot.be/2015/05/guerre-hybride-propaga...

 

2. Broken chain 2.gif

 

Conclusion :

HORS DE L’OTAN

Vite !

 

16. OTAN ITALIE.jpg

http://lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.skynetblogs....

 

17. OTAN France.jpg

http://lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.skynetblogs....

 

 

2. Broken chain 2.gif

 

En prime.

À ne rater sous aucun prétexte.

Il fait chaud ? Justement. La canicule favorise très modérément les activités physiques.

Celles du cerveau en revanche...

 

Qui gouverne la France et l’Europe ?

François Asselineau – 27 avril 2012

Version intégrale - 4h15’27’’

 

 

2. Broken chain 2.gif

 

À suivre.

Mis en ligne le 18 juillet 2015.

 

 

 

 

 

 

19:47 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

Les commentaires sont fermés.