28/10/2014

LA RUSSIE FAIT LA UNE

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C’est le plus vieux sauveteur de sous-marins du monde – Il a 102 ans – Toujours en service – Il s’appelle « La Commune »

 

La Russie fait la Une. Normal, non ?

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Affrontement - Strelkov

Khodorkovski

 (Il était temps !)

Tout le monde, depuis lurette, connaît Mikhail Khodorkovski, son  ascension vertigineuse de l’ère Eltsine et sa chute, son procès, son incarcératon, pour finir par la grâce lui accordée par le Président. Mais parions que vos merdias favoris ne vous ont guère parlé d’Igor Strelkov jusqu’ici. Or, si 87% des Russes en âge de voter apprécient Vladimir Poutine (instituts de sondage US dixeunt), ils idolâtrent Strelkov, rejoints en cela par la plupart des Ukrainiens anti-nazis. D’aucuns (en Occident) l’ont comparé à Lawrence d’Arabie. C’est l’insulter : il n’est au service d’aucun empire. Disons qu’il est quelque chose comme le Che Guevara des Slaves. Certes, avec des nuances…

Que l’empire anglo-sioniste rêve de renverser voire de tuer Poutine et de le remplacer par Khodorkovski est un secret de polichinelle.

 

Le Saker explique :

 Chers amis,

Aujourd’hui, je soumets à votre attention deux documents intéressants. Un discours de Mikhaïl Khodorkovski, « l’ex-oligarque et mafieux à présent devenu activiste démocratique », et une réponse d’Igor Strelkov à ce discours.

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Khodorkovsky et Strelkov

Ne vous méprenez pas : une guerre est en cours. Certes, elle ne s’est pas encore transformée en guerre ouverte, avec, de chaque côté, deux armées déchaînant leur puissance, mais c’est une guerre quand même. Cette guerre oppose, d’une part, les 1 % qui constituent les élites dirigeantes de l’Empire anglo-sioniste et leurs alliés en Russie – que nous pouvons appeler la « 5ème colonne » ou les « intégrationnistes atlantistes » – et, d’autre part, les « souverainistes eurasiens russes » et leurs alliés dans le reste du monde, y compris les nombreux partisans, en Occident, d’une Russie souveraine et indépendante. Cette guerre se livre sur de nombreux « fronts » : celui qui sépare la Novorossia du Banderastan, bien sûr, mais aussi bien d’autres fronts. Il y en a un en Syrie, en Iran et en Irak. Il en est un autre à l’intérieur même de l’Union européenne. Il en est un en Extrême-Orient, le long du détroit de Taiwan, et une autre encore en Amérique latine. Dans un passé récent, on trouvait également de tels fronts en Krajina serbe de Croatie, à la frontière entre Israël et le Liban, et en Tchétchénie. En fait, il s’agit là de la première véritable *guerre planétaire* et ses « fronts » sont partout. Même la « oumma » [1] musulmane est profondément divisée entre ceux qui soutiennent le wahhabisme saoudien (lequel a l’appui des USA) et ceux qui s’y opposent (ils sont dirigés par l’Iran).

À l’heure actuelle, le plus important de ces fronts traverse le Donbass, mais cela peut changer demain.

L’un de ces fronts traverse la société russe. Khodorkovski est le symbole emblématique et le porte-parole du camp « intégrationniste atlantiste », tandis que Strelkov est le symbole emblématique et le porte-parole du camp « souverainiste eurasien ». S’il vous plaît, lisez à la fois leurs deux manifestes et comparez-les : vous constaterez que les différences entre ces deux visions du monde ne sont pas seulement profondes, elles sont inconciliables.

Un grand « merci !! » à « A » qui a traduit (en anglais) le manifeste de Strelkov pour ce blog.

J’espère que vous apprécierez cette lecture fascinante.

Cordialement,

Le Saker

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Discours de M. Khodorkovski, prononcé à Washington, au dîner d’attribution des prix de « Freedom House »

Ce qui suit est le texte préparé du discours prononcé par Mikhaïl Khodorkovski le 1er octobre au dîner d’attribution des prix 2014 de la Maison de la liberté. L’original de ce texte a été publié ici.

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Mikhaïl Khodorkovski

Le choix europÉen, la justice sociale et la mobilisation nationale

1. Il est une légende sur la façon dont, il y a près de 200 ans, les émigrés politiques russes de l’époque demandèrent à Karamzine, historien de la cour de Russie, des nouvelles de ce qui se passait dans la mère patrie. Karamzine réfléchit un moment et répondit d’un seul mot : « Vol ». Peu de choses ont changé en Russie depuis cette époque. Sauf peut-être que le vol est devenu encore plus sophistiqué. Tout est volé en Russie, mais le principal – et c’est, je pense, unique –, c’est qu’en Russie, on vole même le temps.

Lire la suite…

Source : http://www.vineyardsaker.fr/2014/10/23/lire-absolument-re...

 

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Réponse d’I. Strelkov à Khodorkovski

Avant-propos, par le colonel CASSAD : Après un long silence, Strelkov parle. Il parle avec une critique programmatique du manifeste de Khodorkovski. Cette transition vers une controverse publique, où Strelkov oppose, à la vision de cet éloquent oligarque, diffusée depuis les États-Unis, sa vision de l’avenir de la Russie, définit dans une large mesure la vision que Strelkov a de l’avenir du pays. En général, la réponse de Strelkov à Khodorkovski reflète son point de vue que le printemps de Crimée est le début d’une « révolution depuis le sommet », qui est l’œuvre de Poutine.

 

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Igor Strelkov

 

LA DÉCENNIE POUTINE A RENDU À LA RUSSIE L’ESPOIR D’UNE RENAISSANCE

Au début d’octobre, au siège de l’organisation internationale des droits de l’homme Freedom House (Maison de la liberté) à Washington, l’ancien patron de Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, a prononcé un discours condamnant l’État russe et le président russe. Un discours qui a constitué la base du manifeste publié par la suite. Ayant obtenu le soutien de l’oligarchie financière mondiale, Khodorkovski a présenté quelques thèses théoriques, usant de la comparaison, de l’analogie et de l’association, lesquelles sont familières aux Russes, copiant même parfois les méthodes de la rhétorique patriotique. Avec un pathos enviable et la demande du statut d’instance ultime, l’ex-oligarque tente de combiner les incompatibles. Il « ajoute » des « valeurs » libérales, étrangères à la Russie et au peuple russe, aux notions de fierté et de justice nationales, chères au cœur russe, créant ainsi l’illusion dangereuse de leur compatibilité biologique. Khodorkovski essaie d’habituer la partie active de la société aux futures transformations libérales initiées par l’oligarchie mondiale et, plus encore, déclare qu’elles seules sont possibles et utiles. Malheureusement, il est tout simplement impossible d’ignorer cette combinaison de « chaud et de doux » et de la laisser sans réponse. Des discours par trop dangereux sont tombés déjà des lèvres de cet ennemi évident de la Russie, et la simple tentative de mettre en œuvre les scénarios qu’il propose peut s’avérer bien trop destructrice. Il nous faut donner la réponse patriotique russe au scénario libéral mondialiste imposé par Khodorkovski sous le couvert d’un nouveau cycle de « réformes ». Après tout, il ne s’agit pas simplement de raisonnements de loisirs émanant de ce criminel riche et peu commun, qui s’est enfui de la patrie, il s’agit du programme idéologique d’une nouvelle révolution en Russie, de la « feuille de route » de la révolte oligarchique dirigée, comme toujours dans l’histoire de la Russie, contre le gouvernant, contre le peuple et contre le pouvoir. Eh bien, nous allons faire le tri de tout cela point par point.

Le choix russe, la justice sociale et la mobilisation nationale

1. Il y a 100 ans, le dernier tsar-martyr de Russie, Nicolas II, a écrit : « Tout autour, trahison, lâcheté et tromperie ». Il ne parlait pas du tout du peuple, ni des « imbéciles ou gens des routes », mais de l’élite politique, militaire et économique qui l’entourait pendant cette période. La trahison de l’élite a fini en effondrement de ce qui était la plus grande puissance mondiale, l’Empire russe. Il y a 200 ans, l’élite politique a, sous la direction de l’envoyé britannique, participé au régicide de l’empereur Pavel, ce qui a conduit à l’invasion par Napoléon et à la guerre patriotique de 1812 qui s’en est suivie. Il y a 400 ans, pendant la Période des Troubles, l’élite politique de la Russie prêta serment à des imposteurs et au roi de Pologne, commettant une trahison, tant envers la patrie qu’envers la foi, et seule la révolte de la milice russe sauva à la fois la Russie et l’orthodoxie, au cours de cette période difficile, en jetant les bases d’une nouvelle dynastie de tsars de Russie. Depuis lors, en Russie, peu de choses ont changé. Les gouvernants de la Russie, avec le soutien du peuple russe, apportent leur vie sur l’autel de la patrie, tandis que les élites de compradores engraissés et corrompus ne dédaignent pas de trahir la patrie, d’aucune manière, se faisant lâchement traîtres au souverain, volant le peuple et le tenant en état de subordination, au nom de leur seul profit personnel instantané. C’est alors, toujours, qu’est venue la pacification, après de longues et pénibles années de désarroi : ayant laissé derrière elle la crise et des guerres sanglantes, la Russie a commencé à se développer progressivement à nouveau. L’histoire s’est répétée il y a 23 ans (sous nos yeux), une fois de plus. « L’empire rouge » avait rendu nécessaire une réforme sérieuse et extrêmement prudente. Au lieu de cela, il fut pillé, volé et détruit par le racket de hauts fonctionnaires du parti, simplement « repeints » pour l’occasion. Il fut vendu aux « ennemis idéologiques » récents, et avec eux à des nouveaux riches sans scrupules. L’histoire s’est accélérée… Ses cycles deviennent plus courts. Et, aujourd’hui encore (pour la deuxième fois au cours de notre petit siècle), il apparaît que le pays, qui commence à peine à connaître une restauration, après le dernier « désordre », est sous la menace d’une ruée cupide. Ceux qui, en fin de compte, n’avaient pas été autorisés à piller notre patrie en détresse dans les années 1990, sont aujourd’hui avides de revanche.

2. Dix ans d’emprisonnement pour vous, M. Khodorkovski, c’est une véritable tragédie. Après tout, combien vous aurait-il été possible de voler pendant cette période ! Votre seule tâche est maintenant de rattraper le temps perdu. Regardons les dix dernières années de votre activité. Depuis 1991, avant votre arrestation, vous, M. Khodorkovski, « en partant de rien » (sans investir un rouble, mais en vous étant approprié des dizaines de milliards de dollars de bien national), vous avez créé cet énorme empire financier et industriel, et vous êtes devenu l’un des hommes les plus riches du pays. De la même façon, vous avez, en outre, comme d’ailleurs tous les oligarques de l’époque, généreusement « marché sur des cadavres », vous ne vous êtes embarrassé d’aucune restriction morale, et vous avez pillé et ruiné le gigantesque patrimoine industriel soviétique. Vous vous êtes roulé dans l’argent et dans « l’élitisme », sans vous refuser quoi que ce soit. Pendant ces mêmes années, moi ainsi que beaucoup de mes amis et camarades, nous étions presque en permanence à la guerre, pour le peuple russe et pour la Russie, contre les ennemis de la patrie. Tout d’abord en Transnistrie, puis en Bosnie, puis en Tchétchénie. Tandis que nous subissions défaite sur défaite, à cause de la trahison de celle qui se disait la « nouvelle élite », que nous reculions, en serrant les dents, accompagnés de commentaires méprisants et pleins de haine de la part des prétendus médias « démocratiques », vous, M. Khodorkovski, et vos semblables, ne vous êtes pas même souvenu des besoins du pays et de ses habitants. Par conséquent, nos expériences sont de nature entièrement différente. Vous avez appris à voler, à piller et à mentir, et nous à protéger la Russie et le peuple. Alors même que nul ne l’exigeait de nous. La prison change toujours les gens, parfois en mieux. Vous, hélas, n’avez rien retenu de cette expérience. Après tout, vous n’avez pas plaidé coupable de quoi que ce soit, même après votre retour à la liberté. De surcroît, vous avez alors fait votre apparition immédiatement dans le camp des ennemis, à nouveau, confirmant par là même que c’était pour une bonne raison, que vous vous trouviez en prison.

3. De quoi parlez-vous donc lorsque vous utilisez le mot « volé » ? Vous, dont le credo était de « voler, voler et encore voler » ? Avez-vous jamais construit ou fabriqué quelque chose dans votre vie, quelque chose qu’il serait possible à un autre de vous voler personnellement à vous ? Non. Parce que vous n’étiez pas engagé dans quoi que ce soit, si ce n’est dans le vol, la fraude et le brigandage, avant qu’on ne vous mette en prison. De tous vos accomplissements, le seul que je sois personnellement prêt à reconnaître comme un résultat socialement utile, ce sont les « bottes » que vous avez « cousues » en prison. Du point de vue moral, c’est là également votre seule œuvre digne, dans cette vie passablement sale (pour user d’un euphémisme) de voleur hautement professionnel et d’escroc talentueux qui est la vôtre. Mais le pire de tout, c’est que cette activité manuelle ne vous a fait aucun bien du tout, à en juger par ceux en compagnie desquels vous agissez aujourd’hui ; elle ne vous a en rien conduit à la compréhension de vos erreurs et de vos crimes. Quand les vrais patriotes de la Russie et les Russes s’engageaient en Novorossia, vous, après avoir reçu le pardon du président Poutine, vous avez immédiatement pris le parti de ses ennemis et des ennemis de la Russie. Vous étiez sur place, au sein d’un Maïdan russophobe, et vous rassembliez sur le territoire de l’ennemi toutes les « couleurs » de traîtres russes, sur un forum destiné à lutter contre le Printemps russe. Vous dites que « la Russie a cessé de croître » ? C’est là le résultat direct de votre activité, de votre privatisation, de votre politique de comprador. Maintenant, vous appelez à des réformes capitales ? En vous associant avec qui ?? Avec d’évidents ennemis de tous les Russes ? Et cela pour des motifs patriotiques ?

4. De manière particulièrement brillante, vous démontrez votre « patriotisme », Mikhaïl Borissovitch, par votre répétition d’un véritable « film d’horreur » à propos de la Russie, que vous présentez comme une « menace pour l’Europe et pour le monde entier ». Jadis, Goebbels, et bien avant lui, Napoléon et les Britanniques Lord Palmerston et Disraeli, ont eux aussi vociféré haut et fort (et de manière bien plus talentueuse) à propos de cette « menace ». Puis ce fut le tour de Winston Churchill et du président américain Ronald Reagan, lequel, sans le moindre temps d’hésitation, donna à l’Union soviétique le nom d’« Empire du mal ». Ainsi, Mikhaïl Borissovitch, vous vous êtes engagé sur un chemin déjà largement frayé. Il semble que vous ayez cette pleine confiance d’être, vous seul, « le plus intelligent », et le seul à connaître l’histoire, tandis que tous les Russes seraient des crétins profonds et de complets ignares. Et, en vérité, des lâches aussi, qu’il serait facile de tromper et d’intimider en agitant un fantôme de « troisième guerre mondiale », pour leur faire accepter facilement de renoncer à la Patrie et de renoncer à aider leurs frères, qui périssent en Novorossia, au nom de ce fameux « tout sauf la guerre ». Cependant, le principal destinataire de cette adresse n’est pas du tout en Russie. Il s’agit bien plutôt, de votre part, d’une sorte de « serment » fait à ceux, qui, durant toute l’histoire de la Russie, ont rêvé de la liquider. À mon avis, il s’agit là d’un accueil « shulersky » typique, par lequel, lorsqu’il comprend qu’il est sur le point d’être démasqué, le joueur qui se sert lui-même de cartes marquées accuse immédiatement ses partenaires de tromperie. Le monde occidental, dirigé par l’oligarchie financière mondiale dont vous êtes partie intégrante, Mikhaïl Borissovitch, s’efforce de nous présenter, nous les Russes, comme nous apprêtant à détruire ou à conquérir nos voisins. Toujours et partout, c’est ainsi qu’on commence à accuser les futurs adversaires, en leur attribuant précisément ses propres intentions. Alors il est possible d’affirmer que la Russie constitue vraiment une menace de guerre. Dans l’espoir qu’elle en sera effrayée et capitulera, qu’elle se désarmera elle-même. Dans l’espoir d’en terminer une bonne fois pour toutes. Qu’y a-t-il à dire ici ? La tâche des vrais patriotes russes (mais pas des habitués de la « Maison de la liberté » de Washington) consiste à préparer la réflexion sur l’agression de l’Occident, parce que c’est seulement comme cela que la Russie pourra avoir l’occasion de prévenir ladite agression et de défendre sa souveraineté.

Le retour à la Russie

5. Lorsque vous parlez de « valeurs européennes », vous, M. Khodorkovski, soit vous ne comprenez pas, soit vous faites simplement semblant de ne pas comprendre qu’elles n’ont aucun rapport avec les véritables valeurs, les valeurs traditionnelles de l’Europe. Ces valeurs revivent aujourd’hui en Russie, grâce au président Poutine. Et ces « valeurs », qui sont imposées par l’oligarchie financière mondiale sous le nom d’« européennes », suscitent aujourd’hui des actions de protestation de la part de centaines de milliers de personnes en Europe. Il y a plus de vingt ans de cela, la dernière fois que la direction de l’URSS a décidé de « se tourner » vers ces prétendues « valeurs », cela n’a eu d’autre résultat que de diviser le pays, qui s’est trouvé pillé et humilié : le peuple russe est soudainement apparu comme étant la plus grande nation divisée du monde. Depuis le moment où il est arrivé au pouvoir, Poutine a commencé à corriger la catastrophe des années 1990, en maîtrisant le pouvoir absolu de l’oligarchie, en nationalisant les possessions de l’élite, en restaurant l’économie détruite. Tandis qu’il s’efforçait de rétablir un certain ordre, le président a jugé possible de montrer de la miséricorde, même à l’égard d’un salaud tel que vous, puisque c’est ainsi que vous vous montriez au monde, M. Khodorkovski, avant la prison. Mais vous n’avez pas su apprécier. Probablement parce que vous avez considéré la faveur qui vous était faite comme une manifestation de faiblesse. Après tout, vous, M. Khodorkovski, vous ne vous embarrasseriez pas bien sûr d’un semblable sentiment, n’est-ce pas ? Et maintenant, après avoir trompé le président par de faux remords, avez-vous l’intention de vous venger de tout ce qu’il a fait ? De ce qu’il se soit appuyé sur le renforcement de l’État et la protection des intérêts nationaux, au détriment de l’élite des compradores ? De ce qu’il n’ait pas permis de vendre pour une bouchée de pain les plus grands stocks de ressources naturelles à des « Rothschild », ce qui aurait voué la Russie à une gestion depuis l’extérieur ? De ce qu’il vous ait puni pour vos intentions ouvertement déclarées de le démettre de ses pouvoirs par des moyens inconstitutionnels ? D’après vos propres paroles : tandis que vous étiez en prison, vous avez « réévalué beaucoup de choses ». Pourtant, à peine aviez-vous été libéré que vous êtes apparu du côté opposé de ce front sur lequel le peuple russe se bat pour le monde russe, en opposition directe et inflexible sur la question du Donbass, à nouveau. Votre haine de Poutine vous a amené dans le camp des ennemis, non seulement du président personnellement, mais dans le camp des ennemis de l’État russe et de tous les Russes. Comment osez-vous reprocher à Poutine de s’être levé pour la défense du peuple de la Crimée et de la Novorossia, de n’avoir pas permis aux nazis ukrainiens soutenus par l’Occident de mettre en place sur la Crimée et le Donbass une dictature sanglante ? N’était-ce pas là, après tout, les Russes se protégeant eux-mêmes et protégeant leurs vies ? Vous accusez les victimes de ce qu’elles auraient eu le courage de se défendre. Une troisième guerre mondiale est exclue, tant que la Russie sera assez forte et assez puissante pour garantir une parité, certes asymétrique, mais en tout cas stratégique, et tant qu’il y aura aux responsabilités des gens qui ne sont pas prêts à troquer leur pays et le peuple contre la promesse de faire partie de l’élite financière supranationale. À votre aspiration à vendre ce qui ne vous appartient pas, aspiration persistante et qui ne s’est pas infléchie durant les années de votre emprisonnement, nous ne donnerons d’autre réponse que celle du dégoût mérité qu’elle nous inspire. Et nous ne nous laisserons pas emporter une fois de plus par les faux slogans, comme ce fut le cas il y a vingt-trois ans.

6. Ces choses dont vous nous parlez, telles que « les valeurs européennes et la civilisation euro-atlantique », non seulement sont sans relation avec la Russie, mais contredisent directement notre histoire, notre psychologie et notre destin, en tant que nation. L’Europe s’est détournée de ses propres valeurs chrétiennes depuis longtemps, après avoir plongé dans l’abîme des défauts les plus vils, et l’« euro-atlantisme » tant vanté n’est guère plus que la doctrine géopolitique de la domination mondiale des États-Unis, dirigée contre les peuples du monde entier qui gardent encore leur religion propre, leur souveraineté et leurs traditions nationales. À deux reprises déjà, ces derniers temps, la Russie a été touchée par la lèpre des « idées progressistes européennes », et sévèrement endommagée par les passe-temps insensés de ses propres élites et de ses intellectuels. Devant elle s’ouvrent aujourd’hui deux routes : soit revenir à elle-même, en retrouvant sa foi, sa tradition, ses valeurs, sa souveraineté, soit être dissoute dans l’Occident mondial, entrer en esclavage et disparaître en tant que civilisation, une fois qu’elle aura tout perdu. Je soulignerai une fois encore de quelle hypocrisie exceptionnelle vous êtes doté, M. Khodorkovski, quand vous déplorez la perte de l’art, de la littérature, de la science, de l’aventure spatiale et d’autres réalisations de notre « passé totalitaire » impérial et soviétique. En vérité, vous êtes comme « le loup qui se sent désolé pour un cheval à qui ne restent que la crinière et la queue » ! Mais, même en supposant que, dans ce que vous dites, quelque chose soit vrai, même de loin, je vous demanderais de bien vouloir apprendre un peu d’histoire : ce n’est pas de l’Occident catholique, mais de l’Orient orthodoxe que la Russie a reçu la foi chrétienne, directement de cet Empire romain d’Orient de Byzance, qui est resté le gardien du vrai christianisme tout au long du millénaire tout entier. Mais comment pourriez-vous débattre de la foi chrétienne ?

7. Tout ce que la Russie est aujourd’hui, tout cela a été créé par notre peuple et par notre État, au cours d’une lutte désespérée pour la préservation de notre originalité propre, de notre liberté et de notre souveraineté. Au cours d’une lutte, à la fois contre les ennemis de l’Occident et de l’Orient. La Russie s’est développée, d’abord comme un État national, qui a grandi jusqu’à devenir un grand empire, parce qu’il était suffisamment souple dans sa capacité à discerner les expériences positives de ses voisins. Rien là qui soit, ni honteux, ni outre-mesure honorable : c’est la façon de faire de toutes les nations qui ont des dirigeants sensés, des dirigeants qui bâtissent et développent leur propre État. Emprunter ne signifie pas copier aveuglément. Trop c’est trop, et copier à ce point… Seul le marxisme a importé d’Europe à l’identique, et à quel coût pour le pays ! Chaque nation et chaque État sont uniques. Comme une prairie herbeuse est belle des différentes herbes qui la composent et de l’éparpillement des diverses fleurs qui en parsèment l’étendue, ainsi l’humanité est belle dans la floraison de peuples dont chacun est unique, dans la lutte entre les uns et les autres, à celui qui aura « la meilleure place sous le soleil », mais pas dans ce qui rappelle cette « pelouse publique et plate », en laquelle « les hommes universels euro-atlantiques » veulent tout changer.

8. Les valeurs euro-atlantiques seraient les « valeurs d’un État fort et juste » ? Bien joué, Mikhaïl Borissovitch ! En ce moment même, ces valeurs conduisent cette grande Europe, dont nos libéraux brassés maison aiment tant à parler, à l’extinction de ces peuples de l’Europe qui les ont suivies, et qui jadis même les ont créées. Est-ce en cela que consiste votre prétendue « justice » ? Vous-même, cependant, pour des raisons évidentes, ne vous souciez en rien des destinées historiques d’aucun de ces Allemands, Français ou Britanniques. Non plus que des Russes, des Bachkirs, des Tatars, des Lezguiens et ainsi de suite. À moins que « l’État fort », puisque c’est ainsi que vous en parlez, ne signifie les États-Unis ? Après tout, il ne reste plus d’État « fort » (c’est-à-dire relativement souverain et indépendant) en Europe. Le dernier État souverain d’Europe, en dehors de l’ancienne URSS, qui ait osé défendre les intérêts de ses citoyens, était la Yougoslavie, qui a été écrasée et soumise il y a quinze ans de cela. Elle fut incitée à faire « le choix euro-atlantiste », par des bombes et des roquettes, par le blocus et la mutinerie de l’étranger. Maintenant, c’est le tour de la Biélorussie et de la Russie, n’est-ce pas ? La base en était déjà créée en Ukraine : il ne reste plus que la percée finale. Les valeurs propagées par l’oligarchie financière mondiale (« européenne », « euro-atlantiste », « universelle », etc.), ce sont des valeurs d’élimination des États nationaux et d’annulation radicale de tout ce qui ressemble un tant soit peu à la justice sociale. Ici, M. Khodorkovski, vous êtes, soit un ignorant, soit consciemment un menteur. Il va de soi que je ne fais mention d’« ignorance » que pour conserver à mon propos l’apparence d’une « boutade », n’ayant pas d’illusion sur la qualité de l’éducation que vous avez reçue. Le libéralisme que vous défendez a pour objectif ultime la mondialisation totale, le nivellement de toutes les personnes et de toutes les communautés religieuses, tous et toutes coiffés par le même « peigne » du consommateur, et tous assujettis à la déclaration de puissance de l’oligarchie financière mondiale, laquelle est en train de mener à bien l’abolition de tous les États historiquement développés (le projet de l’Union européenne, qui fut la première étape dans cette direction). Dans le domaine de l’économie, les politiques libérales nient de manière inflexible la justice sociale, non seulement en pratique, mais même en théorie. La liberté du marché, à propos de laquelle les libéraux sont intarissables, est incompatible avec la redistribution des bénéfices que réclament avec insistance les partisans de la justice sociale. Plus la Russie sera impliquée dans les processus de mondialisation, plus vite elle perdra sa souveraineté et la possibilité de poursuivre une politique sociale. Venons en maintenant à la « mobilisation ». Nous avons, bien sûr, besoin d’une puissante mobilisation nationale contre l’agression des « euro-atlantistes », qui ne visent que le pillage accéléré et définitif de la Russie, sous le prétexte de son « intégration dans la communauté internationale » et dans l’« économie mondiale ». Mobilisation à la fois de l’État et du public. Parce que la menace est suspendue, non seulement au-dessus de la souveraineté de l’État russe, mais également au-dessus de l’identité culturelle et morale de son peuple, identité décomposée sans relâche par ces tares de l’« euro-atlantisme », que la propagande nous assène et voudrait introduire chez nous : débauche sodomite, pédophilie, meurtre d’enfants et de personnes âgées (avortements et euthanasies), toxicomanie, terrorisme, etc., tous bienfaits de ce « nouvel ordre mondial humain ».

9. « Celui qui veut être fort ne peut pas se permettre de rester en arrière ». C’est là une thèse tout à fait exacte. Pour cette raison, la décision prise par le président Poutine d’entreprendre la modernisation complète de l’armée d’ici à 2020 est une réponse parfaitement appropriée à l’hystérie russophobe de l’Occident. L’armée russe, des chefs de complexes de l’industrie de la défense, des industriels et des hommes d’affaires régionaux doivent prendre la place de l’élite des compradores des années 1990, ceux que l’on dénomme « oligarques », dont vous êtes un représentant typique, M. Khodorkovski. Les oligarques sont étrangers à la Russie, leurs capitaux et leur famille sont à l’Ouest, alors même qu’ils ont bâti leur fortune en exploitant le peuple russe. Ils représentent les intérêts de l’oligarchie financière mondiale, pensent selon les catégories de l’ultra-libéralisme et, de fait, se considèrent eux-mêmes comme une sorte d’administration coloniale. Il est donc logique que ce soit depuis Washington D. C. qu’ils préfèrent faire part de leurs « révélations », par vos lèvres « prophétiques ».

10. Aujourd’hui, ce n’est pas l’Europe qui importe, mais la Russie. Notre voie est un retour à nous-mêmes. Il est nécessaire de revenir à la Russie, à notre histoire, à notre culture, à notre mission. Cette mission a toujours été, et reste de porter la lumière de la foi du Christ, les idéaux du bien et de la justice sociale pour les peuples du monde, d’être des « gardiens » contre le mal, comme a dit l’apôtre Paul. Nous avons eu un passé très lourd. La Russie a été secouée durant tout le 20ème siècle dans les fièvres de révolutions sanglantes et de guerres destructrices. Mais, grâce à ces lourds tests que nous avons passés, la Russie a réussi à sauver beaucoup de choses, que l’Europe a perdues de façon quasi irrévocable. Si l’Europe veut revenir à ses propres traditions et aux principes chrétiens, c’est avec nous que sera son chemin, pas avec l’oligarchie financière des États-Unis, qui amène aux peuples du monde une civilisation athée de la décadence morale, leur transformation en zombies idéologiques, leur mort spirituelle et physique.

La création d’une société juste

11. « La société russe moderne est structurée de façon injuste », dites-vous. Je suis entièrement d’accord avec cela. Mais je dois répéter ce que j’ai écrit précédemment : c’est par vous et par vos semblables que cela a été fait. Profitant de la crise que connaissait l’URSS, vous avez commencé à piller et à tuer, vous appropriant les biens nationaux. Vous et vos complices avez, par conséquent, posé les bases de la « société russe moderne », où la couche [sociale] la plus cynique et la plus vicieuse, qui œuvre d’après les plans et selon les instructions d’administrateurs d’outre-Atlantique, a entre les mains tous les leviers du développement économique, et pour partie le pouvoir politique. Juste après son arrivée au pouvoir, Poutine a commencé à corriger la situation, mais l’injustice, qui était devenue le principe dans les années 1990, a des racines profondes. C’est pourquoi un retour à notre société de justice sociale sera un long et difficile processus. Mais je crois que nous saurons y faire face sans les conseils d’un éloquent ex-oligarque, qui s’est constitué une fortune par le pillage de la richesse nationale, autrefois créée par le travail acharné de générations du peuple russe.

12. En lisant votre critique de la privatisation (soit dit en passant, tout à fait raisonnable), j’ai été surpris par votre cynisme : ce sont vous et vos semblables qui, par cet accaparement criminel de la propriété publique, avez acquis ces énormes capitaux. Et voici que vous tentez à présent d’en accuser celui-ci ou celle-là, en évitant soigneusement de viser ceux qui sont en fait les véritables coupables. La privatisation, du moins telle qu’elle s’est produite, n’était pas une « distorsion », mais un crime. Sa conséquence, c’est que les propriétés en question tombèrent aux mains, non de gens ordinaires, mais d’une minorité aussi prompte que sans scrupules. Et les plus gros « morceaux » furent acquis avec le soutien direct du capital financier étranger, qui a littéralement marché « sur des cadavres ». Qui sait cela mieux que vous ? Poutine a commencé à rétablir les bonnes proportions, rendant à l’État les domaines stratégiques les plus importants de l’économie. Ce faisant, il essaie simplement de corriger les conséquences catastrophiques d’une privatisation criminelle. Sans éradication de l’oligarchie qui s’est constituée à la suite de cette privatisation criminelle, il n’y aura ni justice sociale, ni plein développement de l’entreprise privée.

13. En affirmant que les ressources naturelles doivent appartenir au peuple, vous avez entièrement raison. J’ai déjà dit que, parfois (même si c’est rare), la prison corrige en bien. Sur ce point, le changement est sans aucun doute positif. C’est exactement ce qui vous est arrivé : les actifs de vos compagnies d’énergie, créés de façon criminelle, sont passés sous la gestion de l’État, donc de son peuple. Comment est-il possible, autrement, de faire des ressources naturelles un bien national, si ce n’est par leur nationalisation et par la redistribution des profits en faveur de tous les citoyens ? Cela exclut la propriété privée des grandes structures d’extraction des hydrocarbures. L’histoire de Ioukos est un exemple de la façon dont les ressources naturelles reviennent au peuple. L’efficacité de leur utilisation est une autre question. Pour commencer, il y a lieu de les soustraire aux gens tels que vous et vos semblables, et, alors seulement, il faudra les utiliser le plus efficacement possible. Il est difficile d’argumenter contre le fait que l’utilisation du revenu généré par une ressource donnée est loin d’être idéale. Le principal, cependant, est de ne pas laisser quelque ressource naturelle que ce soit à la propriété privée d’une oligarchie.

14. Un barème d’imposition proportionnel, c’est une façon de faire absolument correcte. C’est aussi aller dans le sens de la justice sociale. En revanche, il n’est pas correct pour vous, M. Khodorkovski, qui êtes devenu riche en spoliant la population, et qui avez emmené votre fortune à l’étranger, de faire valoir quoi que ce soit à ce sujet. Dans quel pays avez-vous payé vos impôts ? En Suisse ? En Angleterre ? Aux États-Unis ? Pourquoi ne pas rendre à ceux que vous avez volés ? Commencez par vous-même : payez des impôts en Russie. Ou vous faut-il pour ce faire devenir d’abord président ? Un oligarque qui vous ressemble a tout récemment prodigué à l’électorat du pays voisin le même genre de serment. Son nom est Petro Porochenko. Il a juré de donner à la population de l’Ukraine le produit de tout ce qu’elle avait semé par son labeur éreintant ! Mais il n’est pas pressé. Commencez donc par vous-même ! Montrez au monde une image de ce « contribuable responsable » ! Alors, peut-être quelqu’un (s’il est vraiment naïf) sera-t-il également porté à vous croire.

15. Le libéralisme comme vous le comprenez, M. Khodorkovski, est une illusion absolue. C’est une fausse doctrine, qui ignore complètement Dieu, l’esprit, la culture, l’humanité, la société, et, s’agissant de l’individu, n’attache d’importance qu’à ses intérêts privés matériels et au domaine financier, une importance primordiale. Le libéralisme, compris de cette manière, est absolument incompatible avec la liberté d’origine : comment quelqu’un peut-il être libre, si la société dans laquelle il vit est un esclavage du taux d’intérêt, une servitude de la dette à l’égard de l’oligarchie financière internationale et de ses superviseurs locaux ? Si toute vie humaine est subordonnée à la recherche et au renforcement de ses avantages matériels, et si le relevé du compte bancaire est seul un critère ? Aujourd’hui, le libéralisme est une idéologie totalitaire, et c’est par sa diffusion que les États-Unis construisent leur hégémonie mondiale. Il est inacceptable pour la Russie, sous quelque forme que ce soit : ni acceptable en politique, ni sur le plan économique, ni sur le plan juridique. Cela est extrêmement important. Pour vous, M. Khodorkovski, le libéralisme est la vérité ultime, et le développement national, comme la justice sociale, sont bons pour le populisme. Mais en Russie, le libéralisme est condamné, il n’est acceptable, ni pour la droite, ni pour la gauche. C’est une idéologie coloniale, qui va à l’encontre de notre identité russe. En essayant de détruire cette identité, au nom de la célébration de l’idéologie libérale, vous détruisez aussi la Russie. J’en suis venu à penser que c’est là votre but ultime.

16. Un État à orientation sociale, fondé sur des valeurs chrétiennes, c’est le but, un point de référence, et la stratégie des vrais patriotes russes. Dans la réalisation de cet objectif, la « droite » comme la « gauche », les partisans de la monarchie comme ceux du socialisme, peuvent s’unir en toute liberté. Et, bien sûr, cet État doit être fondé sur un strict respect des préceptes de la loi. Mais vous, quelle relation avez-vous avec tout cela ? Après tout, il ne vous est besoin que de tenter les gens pour qu’ils soient maintenant enclins à écouter des mots d’ordre tels que création « d’un État national à vocation sociale » (sans qu’ils comprennent comment il sera possible de construire cet État « national » à la place de l’Empire russe vieux de plusieurs siècles, au sein duquel des centaines de nations vivaient en paix et se développaient). Vous nous jetez cet os, à nous le peuple russe. Mais les Russes ne sont plus le troupeau confiant qui, au cours du siècle passé, a, par deux fois « tâté du bec » des promesses « de lait et de miel », et, pour résultat, n’a fait que répandre des océans de sang. J’espère sincèrement que nous avons appris quelque chose et que nous réussirons à distinguer le vrai de ce faux enveloppé dans un bel emballage. L’État national à vocation sociale, c’est tout sauf vous, les oligarques, valets de pied des Rothschild. Laissez cela, M. Khodorkovski, laissez les questions nationales et sociales : ce sont là des concepts qui exigent des mains propres et une biographie irréprochable.

La guerre est la tragédie qu’il est parfois impossible d’éviter

17. Les États-Unis et l’hégémonie américaine sont en guerre. Nous le voyons en Libye, en Syrie, en Irak et en Afghanistan, en Ukraine. Partout, les États-Unis contribuent à mener à bien des « révolutions de couleur ». Des fascistes, des extrémistes, des fondamentalistes arrivent au pouvoir. Être le défenseur des États-Unis, de l’Occident et de l’OTAN signifie se faire l’assistant des fascistes, l’avocat de la guerre. Cette guerre, c’est contre toute l’humanité qu’elle est menée, cette humanité qui ne souhaite pas vivre selon les règles américaines et servir docilement et servilement les intérêts de l’oligarchie financière mondiale.

18. Cette guerre est menée contre la Russie, contre l’Ukraine. Ces héros, qui se lèvent pour la défense du monde russe qui se bat en Novorossia, ils ne voulaient pas de cette guerre. Ils voulaient la paix. Mais la paix ne peut pas être acquise au prix de la liberté et de la dignité. Selon les conditions imposées par la junte néo-nazie portée au pouvoir à Kiev par vos maîtres, M. Khodorkovski, et que vous soutenez vous-même personnellement, la vie n’est pas une vie, et la paix n’est pas la paix. Des Russes, en Crimée comme en Novorossia, se sont levés pour la liberté et la justice, pour le droit à un développement national, pour la langue et la culture. C’était la guerre contre la guerre. Vos appels à la paix ne sont pas de la simple hypocrisie, ils sont de la traîtrise. Comme tout le reste, au demeurant. Nous sommes tout simplement d’un côté différent de la ligne de front, et, pour moi, qui ai pris une part active dans les opérations militaires en Novorossia, vos paroles sonnent comme des appels de l’autre côté : « Russe, abandonne. Il y aura une paix ! Tu as été trompé ! ». En conditions de combat, il ne peut y avoir qu’une seule réponse à un tel appel. Devinez laquelle. Le problème de la Russie d’aujourd’hui n’est pas qu’une guerre serait (comme vous dites) le « pilote » du régime. Au contraire, Poutine a fait tout son possible et fait tout son possible pour éviter une « grande » guerre (la petite, les USA l’ont déjà lancée par les mains de Kiev, et elle se poursuit en prélevant chaque jour son lot de vies humaines). Reprocher aux autorités de la Russie de ne pas laisser le monde russe à la merci du destin, c’est parler de manière blasphématoire. À défendre cette thèse, vous trouvez certes l’appui de l’élite compradore occidentalisée qui, régulièrement, convie à des « marches pour la paix » anti-russes, mais vous devez dire au revoir pour toujours à ceux qui se tiennent du côté de la Russie historique et de la justice sociale, ce qui est le cas d’une grande majorité des gens. S’agissant de la Crimée et de la Novorossia, vous êtes dans l’autre camp : l’une comme l’autre, maintenant plus que jamais, se rallient aux Russes, en soutenant inconditionnellement les pas décisifs que Poutine fait dans cette direction.

La mobilisation nationale

19. Les autorités agissantes ont amené la Russie au seuil d’une percée décisive vers l’indépendance, un pouvoir et une liberté qui sont capables de la faire sortir de la zone d’influence directe de l’hégémonie américaine. Malheureusement, c’est là mon jugement privé, la percée en question se trouve manifestement ralentie (je soupçonne vos partisans, secrets et manifestes, d’en être la cause, eux qui ont encore un énorme ascendant, grâce aux richesses volées et à l’influence dans les hautes sphères de la politique interne qu’ils ont achetée grâce à ces richesses). Certaines hésitations, quant à la nécessité d’avancer plus avant, sont visibles également. Mais les gens du pays, eux, y sont tout à fait prêts, et cela vous fait peur. C’est là qu’intervient cette hystérie concernant la menace d’un « protectorat chinois ». La « menace chinoise » n’est à ce jour qu’une théorie. À l’inverse d’un protectorat à visage découvert des États-Unis, tel qu’il a été établi sur la Russie en raison de la trahison de Gorbatchev et d’Eltsine. Ce protectorat est une réalité de la vie. La principale menace pour la souveraineté de la Russie, c’est l’impact agressif que pourrait avoir l’oligarchie financière mondiale, effrayée par la possibilité de perdre la Russie du fait d’un simple creux de décantation de « l’économie coloniale ». La menace pour la Russie est aussi dans sa cinquième colonne, dont vous êtes l’un des idéologues.

20. L’oligarchie financière mondiale se bat désespérément et frénétiquement contre une renaissance de la Russie. Si la Russie résiste, elle a de l’avenir, elle fera retour à l’histoire, et elle gagnera. Mais si l’agent commercial de l’oligarchie financière mondiale, qui hait tous les Russes (comme vous le faites), arrive au pouvoir en Russie, nous échouerons dans un gouffre, en comparaison duquel l’ère des gangsters des années 1990 semblera un jeu d’enfants. Ce sera la désintégration du pays, avec tout ce que cela implique, sous forme de guerres, de pauvreté généralisée, de faim, d’épidémies et de catastrophes d’origine technologique à grande échelle. Voilà ce qui nous attend dans cette boîte. Comment de telles choses se passent, à ce jour, j’ai eu l’occasion de l’observer personnellement sur une échelle beaucoup plus petite, plus d’une fois, et pas seulement deux. Tout récemment, en Ukraine, où les « cerises » sont encore à venir. Après tout, M. Khodorkovski, votre intention est d’aider l’Occident à détruire à nouveau ce que Poutine, dans les années 2000, a commencé à restaurer. Mais vous n’y parviendrez pas, parce que nous sommes russes, et que Dieu est avec nous ! L’oligarchie financière mondiale, les prêtres de Mammon, s’étant mis à la place de Dieu et entendant diriger pour leur propre compte les destinées du monde, sont allés trop loin. L’hégémonie américaine s’effondre, comme un colosse aux pieds d’argile. L’Occident s’effondre. Ses populations autochtones s’éteignent. Les pays européens deviendront musulmans d’ici vingt ans. La culture chrétienne y est reléguée à la périphérie de la vie publique. La Chine est devenue officiellement la plus grande économie du monde. Les États-Unis ne sont pas en mesure de payer leur énorme dette nationale, ils sont eux-mêmes secoués par des troubles sur les terrains racial et social. Dans son agonie, l’Ouest ne sème sur le monde que chaos et destructions, sang et souffrances. C’est dans un autre sens que nous devons aller, vers une renaissance de la Grande Russie, envers et contre toutes les menaces et tous les appels. Un gigantesque virage a déjà été opéré à cet égard : Poutine a de nouveau assemblé la Crimée et la Russie, et personne ne sera en mesure de nous la prendre !

21. Vous avez commencé à parler des exploits russes, mais vous les avez réduits à la sobriété et au travail. Probablement croyez-vous que le bonheur futur du peuple russe serait dans un travail d’esclave pour un bol de skilly [2], au seul profit de l’oligarchie financière mondiale que vous représentez. Pour un bol de skilly et pour le genre de « spectacles » de bas niveau que vous offrirez en plus d’une skilly, de ceux qui garantissent le retour de la personne à la condition d’un animal suivant ses instincts les plus simples. Eh bien, dans ce cas, ce sera « seulement en passant sur nos cadavres » ! Les Russes ont de tout autres horizons et de tout autres desseins qu’une soumission muette aux élites occidentales corrompues. Ici, je vais laisser de côté vos thèses, et je vais formuler brièvement notre réponse russe, laquelle est exprimée par une formule simple : « Pour la foi, le tsar et la patrie ». Pour ces concepts sacrés, depuis des temps immémoriaux, les Russes sont allés mourir, comprenant parfaitement que se battre pour ces concepts, c’est se battre pour eux-mêmes et pour l’avenir. Aujourd’hui, cela signifie une loyauté très concrète : à l’Église orthodoxe russe, et au commandant suprême de l’État russe, Vladimir Vladimirovitch Poutine.

22. Au cours des quinze dernières années, la Russie s’est préparée à une percée dans le grand avenir russe. À présent, il est temps de la faire.

Igor Strelkov

Traduit par Goklayeh pour vineyardsaker.fr

Notes de traduction

[1] La « oumma » (Ummat islamiyya, « la Nation Islamique ») est la communauté des musulmans, indépendamment de leur nationalité, de leurs liens sanguins et des pouvoirs politiques qui les gouvernent.

[2] Nourriture légère présentée sous forme de bouillie liquide, de gruau ou de soupe, communément fabriquée à partir de farine d’avoine, et traditionnellement servie dans les prisons et les hospices.

Sources : Igor Strelkov replies to Mikhail Khodorkovsky 

http://www.vineyardsaker.fr/2014/10/23/lire-absolument-re...

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Un commentaire trouvé sur le site de Saker francophone :

kad

Merci Saker pour cet article, je veux juste vous dire que vous avez oublié le front le plus important et le plus courageux, celui qui combat pour toute l’humanité depuis 70 ans, à savoir la Palestine.

 

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Vous l’aurez vu sans doute ailleurs (les temps changent), mais le voici quand même pour le principe (merci à Salah, de http://sayed7asan.blogspot.fr qui l’a traduit) :

 

5. Valdai.jpg

Vladimir Poutine a pris part à la dernière séance plénière de la XIe session du Club International de Discussion Valdaï. Le thème de la réunion était : L’ordre mondial : de nouvelles règles ou un jeu sans règles ?

Cette année, 108 experts, historiens et analystes politiques originaires de 25 pays, dont 62 participants étrangers, ont pris part aux travaux du Club.

La réunion plénière a présenté une synthèse des travaux du Club au cours des trois journées précédentes, qui ont été consacrées à l’analyse des facteurs d’érosion du système actuel des institutions et des normes du droit international.

Discours du Président Vladimir Poutine durant la dernière séance plénière de la XIe session du Club Valdaï

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Source : http://sayed7asan.blogspot.fr/2014/10/vladimir-poutine-su...

 

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Journalistes achetés, journaux achetés : l’exemple de la campagne de dénigrement menée par George Soros contre la Russie.

Début octobre 2014, Udo Ulfkotte, ancien journaliste au sein du grand média allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, a publié un livre intitulé Journalistes achetés – Comment les politiciens, les services secrets et la haute finance dirigent les médias de masse allemands [1].

Dans ce livre, il révèle que pendant toute sa carrière de journaliste d’investigation, dont il ne renie pas par ailleurs l’essentiel (notamment des enquêtes sur le poids acquis par l’islamisme en Allemagne), il a publié, sous son nom et sans changements, des articles écrits par des agents de la CIA ou d’autres agences américaines. Ces articles visaient à soutenir les interventions des États-Unis sur la politique allemande ou européenne, et à discréditer toutes réactions politiques poussant l’Allemagne à s’affranchir de ces influences.

6. Ulfkotte.png

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Source : http://www.vineyardsaker.fr/2014/10/25/journalistes-achet... 

 

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Mais ne croyez pas qu’il n’y en ait que pour la Russie. La France aussi nous intéresse (barrage de Sivens : un mort) et il serait triste que vous ratiez ce délicieux « état des lieux fabiusiens » que vient de publier Jacques-Marie Bourget. Il n’y en a pas si souvent de cette qualité-là.

 

Pour l’instant Fabius a raté sa troisième Guerre mondiale.

Jacques-Marie Bourget – Le Grand Soir

24 octobre 2014

7. Fabius.jpeg

Heureusement que, dans le monde occidental, personne n’écoute Laurent Fabius, et guère plus son employeur, François Hollande. Sinon, en plus d’être en guerre au Mali, en Centrafrique et en Irak et en Syrie, nous aurions déjà bombardé Moscou, afin de punir Poutine pour son soutien à Assad et aux indépendantistes ukrainiens. Et bombardé aussi, en amuse-Bush, les villes de Téhéran et de Damas. Avouons que si le ministre des Affaires étrangères de la France était plus entendu, la planète aurait une autre gueule et nous serions au cœur d’une troisième guerre mondiale ce qui donnerait du travail à Dassault et aux correspondants de guerre.

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Source : http://www.legrandsoir.info/pour-l-instant-fabius-a-rate-...

 

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Et, bien sûr, il y a la victoire de Dilma ! Qui ne s’en réjouirait ? Euh… les enfumeurs de service par exemple. Le Grand Soir nous met au parfum. Les commentaires sont bien aussi.

 

Brésil : les médias nous ont enfumés, nous enfument et nous enfumeront encore

Vladimir Marciac – Le Grand Soir

27 octobre 2014

 8. François-Dilma.jpgHier, dimanche 26 octobre 2014, Dilma Rousseff a été réélue présidente du Brésil avec avec 51,64% des suffrages contre 48,36% à son concurrent Aecio Neves (chiffres donnés ce matin, lundi 27 octobre, par nos « grands » médias en ligne. Ils peuvent varier à la marge dans la journée).

Les Echos : « Dilma Rousseff, réélue de justesse »… « score étriqué »…

Le Monde nous parle d’un « résultat serré ». « La candidate du Parti des travailleurs a battu d’une courte tête son adversaire de centre droit, Aecio Neve ».

La Dépêche : « Brésil : Dilma Rousseff réélue présidente de justesse avec une courte avance… ».

L’Obs : « La présidente sortante a devancé avec une courte avance… » (passons sur la beauté de la phrase où l’on apprend que si la candidate devance c’est qu’elle est devant).

L’Express : « Dilma Rousseff, réélue de peu… ».

La plupart ont repris une dépêche de l’AFP, qui donne l’information ET son avis.

Lire la suite…

Source : http://www.legrandsoir.info/bresil-les-medias-nous-ont-en...

 

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C’est Halloween. Les pensionnaires du Zoo de Saint-Pétersbourg ont eu droit à leurs citrouilles.

9. Ours Halloween.jpeg

Vidéo :

http://rt.com/in-motion/199624-russia-zoo-halloween-pumpk...

 

 

 

 

Mis en ligne le 28 octobre 2014.

 

 

 

 

 

13:21 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

26/10/2014

SANS COMMENTAIRE

1. navy seal stealth ship.jpg

 

Sans commentaire

 

2. jacob appelbaum.jpg

Jacob Appelbaum : le temps de la Révolution (Exberliner)

Nadja VANCAUWENBERGHE – Ex-berliner - LGS

 

Jacob Appelbaum : nouvellement berlinois, hacktiviste exilé, idéaliste passionné

Collaborateur de longue date de Julian Assange, ami proche des confidents d’Edward Snowden, Laura Poitras et Glenn Greenwald, et désormais lui-même un allié de confiance du dénonciateur de la NSA, c’est un homme d’une crédibilité sérieuse sur la scène Snowden.

Jacob Appelbaum est un dissident-né doté d’un esprit combatif et de compétences oratoires certaines. Débutant comme militant pour la marijuana médicale en Californie à 15 ans, Appelbaum a passé plus de temps à s’inquiéter de la planète Terre (plus tard avec Greenpeace et Rain Forest Action Network) et de l’écosystème de son ordinateur que de sa scolarité. Au début de la vingtaine, il était occupé à aider des amis à apporter la technologie à l’Irak (installation de satellites Internet au Kurdistan) ou la déconstruction du système de stockage sur disque chiffré d’Apple. Sa participation au projet Tor (depuis 2004) et WikiLeaks allaient bientôt suivre. En 2010, Rolling Stone l’a étiqueté "l’homme le plus dangereux du cyberespace", une étiquette qui l’agace encore aujourd’hui.

Il déteste l’idée, mais l’affaire Snowden a relancé sa carrière – en tant que pigiste avec un accès aux fichiers de la NSA, et comme un orateur public qui a été à la fois un expert sur et victime de la surveillance électronique. Appelbaum était parmi les rares cerveaux de la cyber-sécurité qui ont conçu le logiciel d’anonymat Tor. Ceci et ses liens avec WikiLeaks lui ont valu le harcèlement des agences de renseignement des États-Unis - une pression constante qui a abouti à l’espionnage de sa petite amie dans sa chambre. En juin de l’année dernière, il a décidé de vendre sa maison aux enchères et de faire ses adieux à ses amis et de rejoindre ses congénères Laura Poitras et Sarah Harrison de WikiLeaks auto-exilés à Berlin.

 

3. sarah-harrison-snowden.jpg

Sarah Harrison, ici avec Edward Snowden

 

Appelbaum – un homme avec plus de 76.000 abonnés Twitter - est discret au sujet de sa nouvelle célébrité sur la scène numérique. Pourtant, aujourd’hui, il est difficile de concevoir une conférence avec les mots "surveillance" ou "Snowden" dans le titre sans sa participation. Comme beaucoup de ses pairs techno, il chiffre son e-mail, et s’il possède un smartphone, la batterie voyage séparément dans son sac.

"Je suis un journaliste, un chercheur/programmeur de la sécurité informatique, ainsi qu’un artiste – toutes ces trois dénominations figurent sur mon visa," un visa allemand pour travailleur indépendant qui vient tout juste d’être renouvelé pour deux ans.

Il est aussi un peu agitateur – comme lorsque cette année, après avoir remporté le prix respecté Henri Nannen pour le journalisme, Appelbaum a publiquement exprimé sa honte d’avoir remporté un prix issu d’une époque nazie (le célèbre fondateur Stern était un propagandiste de la Waffen-SS en Italie), et s’est engagé à faire fondre son prix avec ceux des autres lauréats, pour créer une nouvelle œuvre d’art.

En personne, "Jake", comme l’appellent ses amis, apparaît comme quelqu’un de réservé, plutôt timide. Mais revenons au sujet et à ce trentenaire (31 ans) tatoué, produit de la « génération so-what » [et-alors ? – NDT] qui s’est métamorphosé en un idéaliste intransigeant mais attachant.

L’année dernière, vous avez décidé de vous installer à Berlin après des années de harcèlement par le gouvernement américain. Pourquoi ?

J’en avais assez. Pendant des années, j’ai eu de terribles expériences avec la police, le contrôle des frontières, avec le FBI. Toutes sortes de rencontres que ma famille avait vécues, que ma partenaire avait connues, et qui n’est plus ma partenaire aujourd’hui partiellement en raison de ce stress. Vraiment des choses incroyables.

Pouvez-vous en dire plus sur ces choses incroyables ?

Bien sûr. Il y a quelques années, ma mère a été arrêtée dans une petite ville de Californie. Ce qui n’est pas forcément inhabituel pour elle, car c’est une personne dérangée. Mais la police a défoncé la porte et l’a arrêtée alors qu’elle était aux toilettes et l’a traînée hors de l’appartement tout en enregistrant la totalité de l’événement sur un enregistreur audio. J’ai pris l’avion pour la Californie pour tenter de la faire sortir de prison en payant une caution. Je pensais que c’était tout à fait le genre de choses qui peut arriver à la mère de n’importe qui dans ce genre de circonstances.

Mais il est devenu de plus en plus clair pour moi qu’il y avait quelque chose d’autre en jeu par la façon dont ils l’ont traitée. Elle a été menottée et attachée ; ses poignets et ses chevilles et sa taille ont tous été enchaînés ensemble. A un moment, elle a été interrogée au sujet de mon rôle dans WikiLeaks. Je n’avais jamais parlé à ma mère de Julian Assange ou de WikiLeaks. Elle n’utilise pas Internet.

Pour finir, ils l’ont transférée dans un hôpital psychiatrique. Je l’ai rencontrée là-bas et elle m’a dit qu’ils l’ont droguée contre sa volonté. Ils avaient reçu un ordre du juge de la droguer de force. Ils l’ont interrogée à nouveau sur mon rôle dans WikiLeaks. Elle a passé 18 mois en prison sans procès. Elle a été en liberté surveillée pendant trois ans et parce que j’ai quitté les États-Unis, je ne l’ai pas vue pendant toute cette période. C’est une situation très triste.

Vous avez également été suivi, harcelé ...

Quand j’étais en Islande, j’ai reçu un message de panique. Ma désormais ex-fiancée s’était réveillée chez elle avec des hommes qui portaient des lunettes de vision nocturne et qui la regardaient dormir. Lorsque nous voyagions ensemble, je passais la douane avec elle et ils m’emmenaient littéralement devant ses yeux et lui niaient ensuite que j’existais. J’ai vécu ça pendant des années.

Quand cela a-t-il commencé ?

Cela a vraiment commencé en 2009, mais j’avais été très calme à ce sujet. Cela a vraiment commencé à s’intensifier en 2010 et 2011 et a progressivement empiré. En mai 2013, je dînais avec l’ex-petite amie que j’évoquais à l’instant, et à ce dîner nous étions physiquement suivis par au moins deux agents dont nous pensions qu’ils étaient du FBI. On avait réservé sur Internet dans un restaurant précis à une heure précise et elle est venue me chercher et on est partis. Le courriel avait été chiffré et nous avons utilisé toutes sortes de choses, mais il est clair que nos deux ordinateurs avaient probablement été piratiés et ils savaient tout. Ce qui est bizarre, c’est que nous ne sommes pas allés au restaurant où nous avions prévu d’aller dîner.

A la dernière seconde, j’ai eu une inspiration soudaine et je lui ai dit, prenons à gauche ici et allons dans ce restaurant. Moins de 10 minutes plus tard, un gars aux cheveux ras s’assoit à côté de nous, pose son portable sur la table, le micro de son téléphone directement pointé sur moi. Vingt minutes plus tard, une femme vient s’asseoir à côté de lui. Et elle met aussi son téléphone portable sur la table. Ils prétendaient avoir un premier rendez-vous, mais ils n’ont jamais parlé de ce qu’ils faisaient, de pourquoi elle était en retard ... À un moment donné, ma fiancée s’est vraiment effondrée en larmes à cause de la pression. La veille, Laura Poitras était venue nous rendre visite à Seattle. Il est donc clair que cette surveillance était liée, ils voulaient savoir ce qui s’était passé avec Laura. Et bien sûr, ce n’était pas le sujet de notre conversation au dîner.

 

4. Laura Poitras, ici avec Glenn Greenwald.jpg

Laura Poitras, ici avec Glenn Greenwald

 

Était-ce au cours des révélations Snowden ?

Non, Laura me rendait simplement visite. Laura et moi sommes de bons amis depuis longtemps. Ce genre de harcèlement a commencé bien avant Snowden. Et ce qui m’a amené à réaliser que lorsque ces fuites ont commencé à sortir, il se produisait quelque chose de grand. Lorsque nous avons eu des informations sur Edward Snowden et Glenn Greenwald et Laura Poitras, je me trouvais à Munich – en route pour Seattle de retour d’un voyage en Inde. Un ami du Chaos Computer Club s’est approché de moi pendant que je dînais et m’a dit : "T’as entendu la source des fuites ?" Je voyageais avec le producteur de Laura, Caity, et nous filmions ensemble ... Je pense qu’elle m’a même filmé en train de télécharger la page du Guardian, en découvrant le nom d’Edward Snowden et apprenant pourquoi nous ne pouvions pas joindre Laura depuis tout ce temps. J’ai recoupé le tout et j’ai réalisé que si je rentrais, toutes ces années de harcèlement avec Wikileaks ne seraient rien comparées à ce qui allait suivre. J’ai donc annulé mon vol de retour et je ne suis jamais rentré au pays. C’était au début de juin 2013.

Toutes ces années de harcèlement - c’était en raison de votre participation à WikiLeaks ?

La piste des données que vous laissez derrière vous raconte une histoire sur vous, mais pas nécessairement la vérité. Même si elle est composée de faits. Pendant des années, le gouvernement américain m’a harcelé parce qu’ils pensaient que Bradley Manning, maintenant Chelsea Manning, m’avait donné des documents. Mais c’est faux.

Comment savez-vous qu’ils pensaient cela ?

Parce qu’ils ont traîné certains de mes amis devant un grand jury de Virginie et les ont menacés de détention illimitée s’ils ne témoignaient pas contre moi, s’ils ne renonçaient pas à leurs libertés constitutionnelles et s’ils ne parlaient pas de moi en particulier. Quand j’ai réalisé qu’ils avaient une théorie tout à fait fausse et qu’ils ont essayé de détruire ma vie pendant des années, je me suis dit qu’il n’y aura pas de fin leur harcèlement et tentative de destruction. Je sentais donc que je ne devais pas revenir.

Alors pourquoi Berlin ?

Berlin a une incroyable culture de la résistance. Je viens à Berlin depuis de nombreuses années en raison du Chaos Computer Club, et j’ai travaillé avec le Spiegel dans le cadre de WikiLeaks. J’ai beaucoup d’amis proches ici dans le monde de l’art, du piratage informatique et du journalisme. Je me trouve à l’intersection de ces trois mondes et Berlin me rend très heureux.

Nous plaisantons souvent qu’il s’agit d’une sorte de combat ultime pour la démocratie. Où les gens ont vraiment de véritables dialogues. Les gens au Chaos Computer Club, du Spiegel, Taz, Exberliner, etc, m’ont dit qu’ils étaient avec moi, et je suis donc ici depuis un an et j’ai demandé un visa de résident temporaire, comme tout le monde, et je l’ai reçu. Franchement, je me sens plus en sécurité à Berlin-Est comme immigrant que je ne l’ai jamais été comme citoyen des États-Unis.

Vous n’avez jamais eu envie de demander l’asile ?

Je ne me réjouis pas à l’idée d’être un réfugié. J’espère ne jamais en arriver là. D’autres pays m’ont offert l’asile politique. Je ne veux pas dire lesquels. Le gouvernement américain est déterminé et prêt à tout pour mettre la main sur tous ceux qui sont associés à WikiLeaks et à Snowden. C’est de la persécution politique. Je pense que l’Allemagne a bien fait de me laisser rester. Je veux la même chose pour tous ceux qui en ont besoin.

C’est une belle ironie d’être en exil ici. Berlin a une histoire folle de surveillance, de la guerre froide à nos jours. Nous savons à partir des fichiers de Snowden que l’Allemagne est la plus proche alliée de la NSA en Europe.

Même avec l’histoire de Berlin, même avec l’ironie profonde que Berlin-Est soit l’endroit où nous travaillons maintenant, cela ne signifie pas que nous pensons que Berlin est parfait. Il y a un niveau d’espionnage immense ici par le gouvernement allemand et la NSA. Nous savons maintenant à quel point ils travaillent ensemble. Par exemple, d’après ce que nous savons, tous les assassinats par drones étasuniens sont relayés via l’Allemagne ...

 

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Vous et Laura avez travaillé tous les deux avec le Spiegel – comment est-ce arrivé ?

Eh bien, Andy Müller-Maguhn et moi avions travaillé avec le Spiegel à divers titres au fil des ans et nous l’avons tous deux convaincue de venir travailler avec nous. Marcel Rosenbach et Holger Stark sont deux des plus grands journalistes vivants ; ils sont enjoués, ont une bonne éthique et j’ai confiance en eux.

Avez-vous déjà tenté de rejoindre Glenn Greenwald et le Guardian ?

Eh bien, je travaillais avec Glenn, et j’ai demandé au Guardian une lettre pour être couvert par leurs privilèges sur la confidentialité des sources, et ils ont refusé. Je pense que c’est parce qu’ils sont un petit journal de merde dirigé par des gens comme Luke Harding, Alan Rusbridger et David Leigh qui font une fixation sur WikiLeaks et Julian Assange, et ils ont décidé que c’était plus important que tout le reste y compris de me protéger. Lorsqu’en septembre 2013, Leigh et Harding sont venus ici à la librairie Hundt Hammer Stein pour une conférence sur leur livre sur WikiLeaks, ils n’ont pas cessé de mentir à propos de Julian. Savez-vous que lorsque Julian est allé à la ambassade [équatorienne], le Guardian lui a envoyé un panier avec des chaussettes propres et du savon ? Voilà l’attitude du Guardian a l’égard des journalistes sérieux !

Vous ne pensez pas qu’ils ont fait un bon travail avec les fuites de Snowden ? Ils ont sorti l’histoire en dépit de pressions considérables ...

Oui, si on fait abstraction du fait qu’ils ont dit qu’ils ne toucheraient à rien qui touche à l’Afghanistan ou à l’Irak, par exemple. Je veux dire, c’est incroyable ... Ils ont fait un bon travail dans certains reportages, mais pour moi, c’est très triste qu’ils considèrent ça comme une compétition entre les agences de presse ou entre egos, par opposition à une compréhension globale. Vous le constatez avec le livre de Harding sur les fichiers Snowden.

Que sait-il de Snowden ? Il n’a aucun contact avec Snowden, aucune idée de tout ce genre de choses, et il écrit ce livre totalement exploiteur pour essayer de nous présenter l’histoire complète et c’est complètement absurde - c’est le Guardian. Le fait qu’ils possèdent tous ces documents mais ont cessé tout reportage – pour moi c’est encore un exemple de leur incroyable irresponsabilité en tant que publication. Nous n’avons pas besoin d’organisations comme celles-ci qui servent l’État, nous en avons suffisamment. Nous avons besoin d’organisations qui servent l’intérêt public, et c’est ce que la presse est censée faire.

Pourquoi n’avez-vous pas suivi Laura et Glenn à The Intercept ?

J’aime vraiment The Intercept, et je pense que les gens qui y travaillent sont constauds. Je suis content que Pierre [Omidyar] le finance, mais il faut se demander pourquoi. C’est uniquement pour faire de l’argent. Mon intérêt à moi, c’est d’accroître la justice dans le monde, d’essayer d’améliorer les questions des droits de l’homme. Je m’intéresse donc beaucoup aux écrits de Jeremy Scahill dans The Intercept sur les frappes de drones. Je m’intéresse à ce que fait Glenn, je m’intéresse à ce que fait Laura. J’ai le plus grand respect pour les publications qui cherchent la vérité dans l’intérêt public. Mais chacun a des limites et des objectifs différents.

Vous maniez la langue de bois, maintenant.

Mais non ! Les gens qui travaillent efficacement comme journalistes aux États-Unis sont harcelés, ils sont gênés ... Ils sont arrêtés et ils vivent avec de sérieuses craintes de répercussions, même s’ils ne l’admettent pas.

Alors, diriez-vous que c’est la raison pour laquelle The Intercept n’a pas publié le fait que l’Afghanistan était sous surveillance totale de la NSA dans leur exposition de l’histoire dite des Bahamas – à cause de la pression ?

Je pense qu’il est tout à fait clair que des organisations comme The Intercept sont explicitement sous pression. Et le Washington Post est également explicitement sous pression – ils avaient l’histoire et n’ont pas publié les noms des pays ... Quand vous parlez à des gens qui travaillent dans ces organisations, ils ont tous très peur.

Mais regardez, Glenn et Laura sont deux héros du journalisme courageux. Ils ont prouvé leur intégrité à plusieurs reprises et à présent ils sont allés rejoindre un nouveau support... vous vous attendiez à ce que l’organisation soit plus « indépendante » ?

Et qu’est-ce que ça dit, sur les possibilités ?

Ça me dit que, apparemment, ce n’est pas possible.

Vous avez donc la réponse à la question. Qu’est-ce qui est possible pour The Intercept, le Washington Post ou le Guardian ? Chacun a des possibilités. The Intercept pourrait-il publier n’importe quoi ? En théorie, mais il y a des conséquences qui vont avec. Des conséquences politiques, juridiques et peut-être même techniques. La réalité de la situation est qu’il y a une raison pour laquelle WikiLeaks existe. WikiLeaks est l’éditeur du dernier recours.

Donc, sans WikiLeaks, le peuple afghan n’aurait pas été informé ...

Je suis heureux que WikiLeaks existe, car ils servent comme un facteur d’équilibre. D’accord ? Quand des publications comme The Intercept craignent de publier quelque chose comme ça ou craignent que cela puisse être préjudiciable, WikiLeaks est capable d’intervenir et d’en parler. Il appartient vraiment aux gouvernements de ne pas faire pression sur des journaux comme The Intercept ou le Washington Post, car cela crée un espace où Wikileaks devient une évidente nécessité, même maintenant. Je pense que c’est triste qu’il y ait un environnement dans lequel les nouvelles publications ne sont pas autorisées à vous révéler certaines choses, mais c’est aussi la réalité de la situation que nous vivons.

Par rapport aux fichiers de Snowden, qu’est-ce qui est le plus important, selon vous ?

Je pense qu’il est important de comprendre que Snowden sert d’exemple, que non seulement il est possible de résister, mais qu’il est possible de résister et de survivre. Ce que Snowden a fait est un acte de dénonciation courageux. Il a payé cher pour cela, et beaucoup de gens travaillent pour qu’il ne le paie pas de sa vie. Bien sûr, l’impact des documents est important, mais l’impact de survivre seul était tout aussi important dans un certain sens pour inspirer d’autres personnes. Je pense à [NSA dénonciateur William] Binney qui n’a plus de jambes. Il a subi une double amputation due au diabète et au stress de sa vie. La vie de Thomas Drake a été en quelque sorte complètement ruinée. Chelsea Manning a terminé avec une peine de 35 ans de prison.

 

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Berlin - William Binney, ancien agent de renseignement de l’Agence Nationale de Sécurité US (NSA) devenu lanceur d’alerte (à dr.) quitte le Bundestag le 3 juillet dernier, après y avoir témoigné devant la Commission chargée d’enquêter sur le rôle joué par la NSA en Allemagne. La commission a été convoquée suite aux révélations de l’année dernière, selon lesquelles la NSA a mis sur écoute, pendant des années, le téléphone portable de la chancelière allemande Angela Merkel et d’autres éminents politiciens d’Allemagne et d’Europe. Des documents récents, publiés par l’ex-employé de la NSA Edward Snowden, révèlent l'activité très importante de la NSA en Allemagne, ainsi qu’une étroite collaboration entre la même NSA et les services secrets allemands.


Mais être coincé en Russie sous la tutelle de Poutine, est-ce vraiment une option enviable ?

C’est une affirmation très biaisée ; comment savez-vous que Poutine a quoi que ce soit à voir avec Edward Snowden ? Permettez-moi de dire qu’il vaut mieux être en vie et coincé dans un des plus grands pays au monde que d’être emprisonné ou mort. Mais certaines personnes le nient et laissent entendre qu’il est un pion ou une marionnette. Ils critiquent le choix de son asile. Mais il a demandé l’asile dans autant de pays que possible, et presque tous ont refusé pour des questions de procédure. Sarah Harrison et Julian Assange lui ont sauvé la vie parce que WikiLeaks prend la protection des sources au sérieux. Imaginez, ces trois personnes ont réussi à embarrasser toute la communauté du renseignement. C’est très fort.

Ensuite, il y a ceux qui disent des choses comme : « Eh bien, qu’est-ce que nous apprenons de Snowden que nous ne savions pas déjà ? »

Il y a une différence entre soupçonner et savoir quelque chose, comme le fait que les Bahamas sont sous surveillance totale. Il y a une différence entre comprendre que les programmes de métadonnées sont utilisés pour tuer les gens avec les frappes de drones et spéculer à ce sujet. Il y a une différence entre supputer que la chancelière Merkel est espionnée comme chef d’État et de découvrir que c’est tout à fait le cas. En raison de mon expérience, j’en sais quelque chose sur de la différence entre une possibilité et une certitude, entre ce qui est légal et ce qui se passe. Pour le restant de mes jours, je ne me coucherai plus jamais dans un lit avec la certitude que ma maison n’est pas surveillée. Je ne serai plus jamais capable d’avoir une conversation libre dans ma maison aussi longtemps que je vivrai ...

Avant, on appelait ça de la paranoïa. Vous êtes donc en train de dire que tout ceci conforte ceux d’entre nous qui sont paranoïaques ?

 

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Julian Assange à l’ambassade d’Équateur à Londres

 

Quand Julian Assange et moi avons écrit Cypherpunks, beaucoup ont dit que nous étions fous, paranoïaques, etc. Eh bien désormais, grâce à Snowden, nous savons qu’il est plus raisonnable de penser que nos téléphones sont sur écoute ou que l’Internet est surveillé. C’est un fait. C’est peut-être oppressant dans un sens, mais on est encore dans une phase de libération, car la question ne se pose plus. Toute personne qui ne travaille pas pour changer les choses est complice. C’est ça la différence. Il y a un énorme clivage entre un tas de gens cyniques qui disent qu’ils savaient déjà et n’ont pas besoin de réfléchir davantage à ce sujet, et un certain nombre de personnes pas si cyniques qui disent que c’est ce que nous soupçonnions et ce que nous craignions, changeons les choses maintenant.

Avez-vous été personnellement choqué par ces révélations ?

J’étais au-delà du choc. Je suis horrifié et je veux que les choses changent. Une façon de changer les choses est de les faire connaître afin que les gens soient informés, et une autre façon est de construire des solutions alternatives. Et c’est ce que nous faisons avec le Projet Tor, par exemple, et de nombreuses autres personnes y travaillent.

Alors, comment faire passer les gens à l’étape suivante - de la sensibilisation à l’action ?

Il faut beaucoup plus que simplement des actions individuelles. Mon recyclage ne sauvera pas l’environnement. C’est un acte utile au sein d’un problème beaucoup plus vaste. Nous avons besoin d’une action collective à l’échelle planétaire. Par exemple, nous devons repenser la façon dont les systèmes de télécommunications fonctionnent. Pourquoi la NSA peut-elle mettre sur écoute des pays entiers ? Parce que l’infrastructure est conçue pour être sur écoute et ils l’exploitent. Il faut changer ça. La réalité est que la plupart des gens font confiance aux défauts de leurs appareils électroniques. Jusqu’à ce que l’architecture soit « privacy by design » [conçue pour assurer la confidentialité – ndt], la vie privée sera régulée par la politique. La confidentialité par la politique sera toujours violée par des gens qui ne se sentent pas concernées par les limites imposées par la politique. Nous devons travailler à changer la façon dont fonctionne notre infrastructure. Pour la rendre réellement sécurisée.

Mais beaucoup ne se sentent pas concernés – comme utilisateurs d’Internet, ils veulent seulement accomplir certaines tâches et ne sont pas gênés que des entreprises ou des politiques utilisent leurs données personnelles....

Se dire « Oh, ça ne m’intéresse pas, personne ne voudra me surveiller » comme un moyen de faire face à ce stress est compréhensible. Ce à quoi je répondrai ceci « les services de renseignement sont des gens normaux ». Les capacités nécessaires à l’exploitation d’un téléphone cellulaire coûtent 1000 € ou moins. Les méthodes sont disponibles pour tout le monde - un ex-amant, un journaliste concurrent ... C’est donc une question de choix, pas de savoir si oui ou non vous avez quelque chose à cacher. Il y a des entreprises qui exploitent le manque de connaissance des gens, et, oui, nous devrions remettre en cause la centralisation des entreprises comme Facebook et Twitter. Nous devons faire face à la surveillance des entreprises et celle des gouvernements et les liens entre eux. C’est un gros problème. Mais un problème que nous pouvons résoudre.

Vous avez appelé Facebook « Stasibook » ...

 

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Oui, en raison de son étroite collaboration avec l’État. Ils ont tout un département qui ne fait rien à part livrer les données à la police, aux gouvernements et aux autres parties requérantes. Je suis sûr que le FBI s’est rendu sur Facebook pour toutes les données qu’ils avaient sur moi. Le ministère de la Justice est allé sur Twitter et Google pour moi. Je pense que la grosse erreur est de penser que parce que les gens utilisent Facebook, ils ne se soucient pas de la vie privée. Mais quelle est l’alternative pour la plupart des gens ? La réalité est que si vous vivez à Londres, lorsque vous marchez dans la rue, vous subissez une violation constante de votre vie privée. Mais que pouvez-vous faire ? Vous ne pouvez pas vous enfermer chez vous, ce qui ne signifie pas que vous devez ignorez les caméras. Nous devons donc construire des alternatives afin que les gens puissent choisir. Et nous pouvons le faire.

Vous semblez étonnamment confiant, optimiste même.

Je ne pense plus qu’il y ait un fossé entre le monde physique et numérique, et l’histoire nous montre qu’il est possible de résister et qu’il est nécessaire de le faire. Avec les fichiers WikiLeaks et Snowden, nous sommes entrés dans des temps révolutionnaires, de grands changements sont à venir.

Pensez-vous que Snowden a provoqué une révolution ?

Oui. Je pense que Julian Assange, Edward Snowden, Laura Poitras, Chelsea Manning, Glenn Greenwald et d’autres ont tous beaucoup contribué à l’histoire. Nous vivons une époque d’extrêmes bouleversements. Je vois que nous avons déjà construit un début de structures alternatives, qui existent déjà. Comme le réseau Tor. Des millions de personnes l’utilisent tous les jours. Des lanceurs d’alerte, des journalistes, des médecins ... Ce n’est pas une promesse de l’avenir, c’est une réalité optimiste. Je dirais que la lutte sera longue, et nous sommes au milieu. Nous ne pouvons pas gagner tous les combats et nous ne pouvons pas arrêter la surveillance de masse, mais il la possibilité existe, et avec ces outils beaucoup de gens ne sont pas aussi vulnérables à la surveillance comme l’est le reste de la planète en ce moment.

Donc, il s’agit de nous responsabiliser nous-mêmes en tant que citoyens de l’ère numérique ?

La question est de savoir si vous voulez défendre les principes fondamentaux d’une société démocratique. Si oui, alors vous devriez utiliser ces types de programmes. Le plus important est de penser au contexte global afin de rétablir l’équilibre en faveur de beaucoup de choses qui ont été perdues. Nous devons fondamentalement réaffirmer des choses et repenser leur conception, il faut que nos politiques et nos technologies s’alignent, nous avons besoin de réaffirmer les principes fondamentaux des droits humains. Quand je suis allé à la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg, j’ai pleuré.

J’ai pensé que vous apparteniez à la «  génération so-what ». Vous êtes en passe de devenir très idéaliste !

La Cour de Strasbourg est l’une des visions les plus utopiques. Cette notion que toute personne peut déposer une plainte ou une réclamation, que toute personne a le droit d’obtenir réparation d’injustices commises par les Etats de cette manière, et pour les États d’avoir à répondre ... eh bien, pour moi c’est quelque chose de pratiquement incroyable. Mais du coup je pense à des gens comme Assange, Snowden et Poitras et je pense que, bien sûr, nous devons réaffirmer ces valeurs qui ont été durement acquises après la Seconde Guerre mondiale. Ce problème ne sera pas résolu avec du cynisme. Nous pouvons y mettre fin et nous devons le faire. Il n’y a jamais eu un moment de l’histoire où autant de gens pouvaient être surveillés. C’est nouveau et c’est inacceptable.

Des initiatives comme les cryptoparties font partie d’une riposte populaire au niveau individuel et c’est très bien. Il faut aussi des gens qui interviennent sur les lois, il faut des entreprises qui prennent une position ferme sur la sécurisation de ces types de communications, pour garder la possibilité de l’anonymat, d’une société libre de récoltes de données. Ce genre de choses est essentiel. Je pense que nous avons maintenant les connaissances pour y arriver. Nous pouvons utiliser une partie des appareils existants pour changer le monde. Et c’est déjà le cas. Chaque fois que vous anonymisez, chaque fois que vous cryptez, chaque fois que vous affirmez vos droits et refusez la soumission, nous gagnons.

Traduction : Romane

avec des corrections/ajustements par LGS

Sources : http://www.legrandsoir.info/jacob-appelbaum-le-temps-de-l... 

http://www.exberliner.com/features/people/jacob-appelbaum...

 

Naja Van Cauwenberghe est une journaliste française, rédacteur en chef du magazine EXBERLINER – Berlin en anglais, qui s’adresse aux expatriés de la capitale allemande.  

 

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On peut relire, à cette occasion :

 

Sur Les Grosses Orchades : « To leak or not to leak » 

I. Shamir : «Snowden à Moscou»

I. Shamir : «Wikileaks trace sa route à l’Est»

 

Voir aussi – c’est tout frais :

 

Guillaume ChampeauNumerama 16 octobre 2014

La police dira à Google les sites qu'il doit censurer ! http://www.numerama.com/magazine/30956-la-police-dira-a-google-les-sites-qu-il-doit-censurer.html

 

Mickael – News 360 – 24 octobre 2014

La censure de Google sur ordre de la police n’a même pas fait débat

http://croah.fr/revue-de-presse/la-censure-de-google-sur-ordre-de-la-police-na-meme-pas-fait-debat/

 

Guillaume Champeau – Numerama – 24 octobre 2014

Le rôle diplomatique secret de Google dénoncé par Julian Assange

http://www.numerama.com/magazine/31048-le-role-diplomatique-secret-de-google-denonce-par-julian-assange.html

 

 

9. Wikileaks_-logo.jpg

 

 

Livre

        

En anglais :

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Cypherpunks : Freedom and the Future of the Internet

OR Book, 2012

186 pages

 

 

 

 

 

En français :

11. Lafont.jpeg

 

 

 

Julian ASSANGE (avec Jacob Appelbaum, Andy Müller-Maguhn et Jérémie Zimmermann).

Menace sur nos libertés : Comment Internet nous espionne. Comment résister

Robert Laffont,‎ 2013 – 245 pages

 

 

 

 

(Cyberpunks, c’était un trop bon titre pour l’édition française… elle n’aime pas la facilité.)

 

 

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Mis en ligne le 26 octobre 2014.

 

 

 

 

12:05 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

22/10/2014

PLUG !

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PLUG !

Voilà bien du bruit pour un suppositoire. Même vert.

Mais comment passer sous silence une illustration aussi parfaite de l’ère où nous sommes, tant il est vrai que les zartistes sont le miroir de la société où ils vivent, qui les adule ou leur fait manger de la vache enragée, c’est selon.

Une image, à ce propos, nous hante : Dans une édition des œuvres de Rabelais publiée sous le Consulat, Gargantua est à table. C’est un large bourgeois peu amène, gras plutôt que gigantesque, en chapeau claque évasé, serviette au cou, autour de qui s’affairent, pliés en deux, des larbins en gilets rayés. Le géant est censé manger des pèlerins en salade. Mais le saladier est un pot de chambre et, dans les assiettes, en guise de pieux homoncules, fument des étrons bien moulés. Jamais on n’a, par une seule image, rendu à ce point la quintessence d’une époque.

Jamais ? Bien sûr que si. Chacune a les siennes, qui la glorifient ou la dénoncent. La nôtre vient de télescoper celle qui restera peut-être pour l’immortaliser dans l’histoire. On a les obélisques et les Courbet qu’on peut.

Bref, nous arrachons une fois de plus Théroigne à ses drogues. Allez, quoi, le travail est déjà plus qu’à moitié mâché ! N’y a plus qu’à mettre en ligne. Rien que du piqué ailleurs : à Raphaël Berland, du Cercle des Volontaires et à Olivier Berruyer, des Crises. Merci à eux.

 

2. le-bon-la-brute-et-le-plug-anal-600.jpg

 

Avez-vous suivi l’affaire du « plug-anal », cette sculpture gonflable énorme en forme de godemiché vert ? Il était exposé la semaine dernière place Vendôme, avant d’être vandalisé par quelques citoyens. Cet acte, que d’aucuns jugeront civique, d’utilité voire de salubrité publique, d’autres s’en sont scandalisés, au nom de la défense de l’Art (notamment l’ultra-bobo classe médiatico-politique parisienne). Mais en matière d’art, chacun ses goûts, vous me direz. M’enfin j’estime avoir tout-à-fait le droit de trouver ceux de l’artiste en question, Paul McCarthy, plutôt d’un goût douteux… Pour vous faire un avis éclairé, je vous recommande cet article d’Olivier Berruyer, exhaustif, pertinent et drôle. Mais jusque-là, je n’avais pas l’intention d’écrire une tribune sur le sujet.

Non, ce qui m’a donné envie de dégainer mon clavier, c’est la lecture de cet article du Nouvel Obs, où l’on apprend que notre président François Hollande s’est joint lui-aussi au chœur des vierges effarouchées par le « plug-anal » géant détruit : « La France sera toujours aux côtés des artistes comme je le suis aux côtés de Paul McCarthy, qui a été finalement souillé dans son oeuvre, quel que soit le regard que l’on pouvait porter sur elle . [...] Nous devons toujours respecter le travail des artistes ». Trop, c’est trop !

Car c’est ce même président, aidé de son plus fidèle lieutenant (j’ai nommé Manuel Valls, alias « El Blancos »), qui a bel et bien pourri la vie d’un autre artiste, un vrai celui-là, et qui fait rire – volontairement ! - des millions de Français. Vous avez bien sûr deviné que je parle de Dieudonné. Rappelons que l’actuel premier ministre voulait interdire les spectacles de Dieudonné qu’il qualifiait de « réunions publiques » qui « n’appartiennent plus à la dimension créative mais contribuent à accroître les risques de troubles à l’ordre public ». Il avait également déclaré « Je sais faire la différence entre les génies de l’humour et les petits entrepreneurs de la haine ». Le président français avait totalement soutenu la position de son premier ministre sur cette affaire ; il avait notamment demandé aux préfets « d’être vigilants et inflexibles ».

Alors, résumons. Nous avons le Bon Dieudonné, qui essaie d’exercer son art dans une France qui exerce une justice d’exception à son encontre (voir le livre « Interdit de Rire », sorti aux éditions Xenia). Et puis en face, nous avons la Brute, le président Hollande. Je souris en écrivant ces lignes, en devinant que certains parmi vous se demanderont sûrement pourquoi je n’ai pas intitulé ma tribune « Le Bon, Le Mou… ». D’abord parce que ça sonne moins bien.

Mais surtout parce que je trouve brutal, violent mentalement et spirituellement, de prendre en pleine figure les déclarations et autres gesticulations de notre président et de son premier ministre sur des questions d’Art, alors que notre pays va mal. Très mal. Oh ! Bien sûr… Pas pour tout le monde !

Donc la France d’en bas souffre, et nous sommes obligés de regarder celui qui est censé nous représenter (et accessoirement résoudre certains de nos problèmes essentiels comme le chômage) faire la guerre totale à un humoriste, et défendre mordicus un godemiché géant gonflable. Une « oeuvre d’art » qui, ne lui en déplaise, ne restera pas dans les anales. :-)  Parce qu’il nous reste au moins l’humour. Enfin ça, c’était avant.

Raphaël Berland

Source : http://www.cercledesvolontaires.fr/2014/10/21/bon-brute-p...

4. Ananas_comosus.JPG

Quant à Berruyer…

Vous souvenez-vous de son dépiautage de l’interview de Vladimir Poutine charcutée par TF1 ? Eh bien, il vient de faire aussi fort en réunissant, pour les soumettre à vos regards de fins connaisseurs sinon de riches collectionneurs, à peu près toutes les œuvres connues de Paul McCarthy, en ce moment même exposées à la Monnaie de Paris, par les soins de MM. Pinault et LVMH réunis, grands mécènes.

Voyage au pays des fantasmes d’un brave homme avec qui on ne voudrait quand même pas se trouver coincés trop longtemps dans un ascenseur.

[Néolibéraux vs. Common Decency] “L’affaire” du Godemiché place Vendôme (+ Expo rien que pour vous, +18)

 

Billet en hommage à Orwell et à sa common decency – si quelqu’un peut faire suivre à Michéa, ça l’intéressera j’en suis sûr, je n’ai hélas pas son mail…

 

J’avais failli en dire un mot rapide samedi, et puis je suis passé à autre chose de moins insignifiant.

 

Mais vu les rebondissements, le jeu des médias et les réactions, je me dis que c’est finalement intéressant de développer…

 

C’est toujours éloquent de comparer ce qu’on nous sert dans les médias (avec des journalistes qui ont 30 min pour creuser le sujet) avec ce qu’on peut trouver après des heures de recherche…

 

Surtout qu’on ne parle pas beaucoup de culture ici en général – remontons donc le niveau ! :-)

 

ATTENTION, comme ce billet parle d’art contemporain, il est interdit aux mineurs…

 

La “sculpture”

À l’occasion de la Foire internationale d’art contemporain, ”l’artiste” d’art contemporain américain Paul McCarthy avait installé temporairement jeudi une statue gonflable de 24 mètres sur la place Vendôme :

 

3. plug.jpg

 

Sujet ? – euh, pas clair pour certains, comme L’Express, FranceTVinfo ou Libération :

Lire la suite…

Et surtout ne pas rater la visite guidée qui vient au bout. Véritable musée en ligne.

Source : http://www.les-crises.fr/godemiche-vendome/

 

4. Ananas_comosus.JPG

 

Post Scriptum

Les jours derniers, le (vrai) philosophe M. Manuel de Dieguez, qui n’a pas renoncé à faire entrer un peu de raison raisonnante dans le cerveau des foules, avait mis en ligne, sur son site, un ensemble de trois textes censément de la plume d’un ex-président de la République, supposé avoir, loin du pouvoir, pris conscience d’un certain nombre de choses et en avoir tiré des conclusions plutôt réconfortantes pour le cas où il « reviendrait aux affaires » à la faveur de la législature suivante.

 

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Cela s’appelait

Discours de campagne d'un revenant qui aurait changé de tête

et

Deuxième discours de campagne d'un revenant qui aurait changé de tête

Le troisième l’imaginait prononçant un discours final devant l’Académie des Sciences morales et politique pour, à la fois, annoncer sa prochaine candidature et s’expliquer sur ses intentions.

Séance extraordinaire de l'Académie des sciences morales et politiques

Intervention remarquée d'un revenant qui aurait changé de tête

Cela se trouve ici (cliquez sur « Sommaire ») :

http://www.dieguez-philosophe.com/

Comme d’habitude, les textes de Manuel de Dieguez avaient été repris par un certain nombre de sites ou blogs, qui témoignent, par leur constance, de l’intérêt que porte à la philosophie le « public » lambda (qu’il convient de ne pas confondre avec les zélites).

Et qu’arriva-t-il ?

M. de Dieguez reçut, du Secrétaire général de ladite Académie, le poulet qui suit :

 

« Monsieur,

Le 17 octobre dernier, vous avez publié sur votre site internet (http://www.dieguez-philosophe.com), un article intitulé "Séance extraordinaire de l'Académie des Sciences morales et politiques - Intervention remarquée d'un revenant qui aurait changé de tête".

Dans cet article, vous vous mettez en scène comme étant invité à vous exprimer devant l'Académie (?), ce qui n'a jamais été, à ma connaissance, le cas.

Vous êtes libre - jusqu'à un certain point - d'utiliser un tel procédé littéraire, à la condition toutefois qu'il n'y ait aucune ambiguïté concernant la réalité - ce qui rendrait votre texte mensonger - et que vous ne vous arrogiez pas le droit d'engager l'Académie dans le soutien apporté à telle ou telle prise de position, quelle que celle-ci puisse être.

Je vous demande donc

- soit de retirer ce billet de la Toile,

- soit de le modifier et de ne pas y mentionner l'Académie des Sciences morales et politiques,

- soit d'indiquer de la manière la plus claire possible (en gras et en début d'article) qu'il s'agit d'une fiction qui n'engage en rien l'Académie des Sciences morales et politiques.

Si vous choisissez la 3e solution, je vous demande de bien vouloir me soumettre au préalable le texte de l'Avertissement que vous placerez en tête de votre article.

Chacun de ces choix doit entraîner des modifications non seulement sur votre site, mais également sur les sites qui reprennent vos billets (voir la liste en PJ des sites ayant relayé à ce jour votre texte)

En espérant une réaction adéquate de votre part pour un règlement amiable de ce problème.

Pierre Kerbrat Secrétaire général Académie des Sciences morales et politiques »

 

Auquel il a répondu en ces termes :

 

« Monsieur le Secrétaire général de l’Académie des sciences morales et politiques,

Je croyais que l’Académie des sciences morales et politiques se trouvait tellement proche de l’Académie française qu’elle aurait connaissance du règne de la fiction littéraire de Rabelais ou Villon à nos jours.

Je me permets de vous signaler que le lion devenu vieux de La Fontaine ne se cache pas dans la brousse, que les moutons de Panurge pâturent dans toutes les têtes, que les Yahous de Swift sont plus réels que nature précisément de camper dans l’imaginaire et que si les âmes mortes de Gogol trottaient dans les rues de Paris, elles y perdraient toute leur réalité.

C’est pourquoi je fais dire à un ancien Président de la République transporté dans l’imaginaire que les vrais personnages sont mythologiques et que seul un Abraham imaginaire a voulu retirer un Isaac en chair et en os d’un ciel sacrificateur.

Je formule l’espoir qu’une Académie des sciences morales et politiques élevée par la plume dans le monde ascensionnel qu’elle devrait habiter et où je l’ai colloquée un instant, s’initie au double langage des signes et des symboles.

De toute façon le double personnage que l’Académie des sciences morales et politiques met en scène se révèle un acteur divisé entre son corps et son effigie, comme tout le monde. Cet Hamlet à la fois naturel et surnaturel est bien à l’image du réel, celui d’une République qui se demande où se cache son esprit.

En espérant que ma réponse représente une réaction adéquate à votre missive , je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Secrétaire général de l’Académie des sciences morales et politiques, l’expression de ma considération très distinguée.

Le 21 octobre 2014 »

 

Un suppositoire à la sauce verte au milieu de la place Vendôme et le retour de M. Homais, la même semaine vous ne trouvez pas que ça fait beaucoup ?

On nous gâte.

 

6. Ananas.jpg

 

7. Interdit de rire.jpeg

 

 

 

David de Stefano & Sanjay Mirabeau

Interdit de rire

Vevey - Éditions Xenia – Septembre 2014

160 pages

 

 

 

  Note de l’éditeur

Pour faire taire Dieudonné en février 2014, Manuel Valls, alors ministre de l Intérieur, a mobilisé tous les moyens de répression légale de la République. Le futur premier ministre a transformé sa lutte personnelle contre l humoriste en affaire d’État.

Ainsi, le jugement précipité du Conseil d’État interdisant le spectacle Le Mur a créé un précédent inquiétant dans la jurisprudence française, laissant magistrats et politiques dicter l’humour, le comique et le bon goût.

La patrie des droits de l homme et de la liberté de pensée va-t-elle basculer dans la censure à cause d’une quenelle ?

Dans cet ouvrage de témoignage et d’analyse, les avocats de Dieudonné reviennent sur cette ahurissante campagne et ses conséquences sur la loi, les libertés et le vivre-ensemble français en tant que tel.

Interdit de rire offre ainsi un récit circonstancié des persécutions dont Dieudonné et son entourage ont fait l’objet, mais également une analyse symbolique et historique du fameux geste de la quenelle, dont les conclusions ont de quoi surprendre !

On y évoque aussi la nature du rire, la fonction du comique dans une société, mais également des affaires plus concrètes et passées sous silence, tel l’incroyable et somptueux cadeau fiscal offert à Dieudonné par le ministre Cahuzac en février 2013.

Fortement argumenté, magnifiquement écrit, cet essai est un réquisitoire saisissant contre un pouvoir en proie à l’incohérence et à la dérive autoritaire.

Les auteurs :

Me David de Stefano, fiscaliste, et Me Sanjay Mirabeau, spécialiste de droit pénal, sont les avocats de Dieudonné M’Bala M’Bala

 

4. Ananas_comosus.JPG

 

 

 

Mis en ligne le 22 octobre 2014.

 

 

 

 

 

 

 

 

11:55 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

02/10/2014

L'EMPIRE ANGLO-SIONISTE EST EN GUERRE AVEC LA RUSSIE

1. Tall ship sazils unfurl'ed.jpg

 

Ce blog est en pause

 involontaire pour cause de maladie de notre webmaîtresse.

MAIS

 

Nous sommes le 2 octobre 2014. Les 27, 28 et 29 septembre, le site Vineyard of the Saker a mis en ligne plusieurs textes et vidéos de première importance, dont nous ne voyons pas trace dans les pages du « French Saker ». Pas la peine de demander s’ils sont occupés à traduire : ils ne répondent pas.

Nous avons donc traduit ce que nous avons pu et tiré Théroigne du lit.

Nous laissons en anglais ce que nous n’avons pas eu le temps ou les moyens de traduire. Particulièrement désolés pour l’interview de Dmitry Rogozine, ici sous-titrée en anglais par les soins conjugués des Sakers russe et océanien.

 

*

« Et présente donc à votre Majesté les éclats du Sac de Troie : afin que voyant en autrui l’effet piteux des imprudents conseils et des Guerres, elle épanouisse son cœur d’aise, des conseils prudents et de la Paix, qui la font régner avec tant d’heur et de gloire. Et se souvienne que la Paix est le souverain geste et triomphe d’un Roi, puisqu’elle est la souveraine béatitude des Peuples que Dieu met en sa protection. Outre qu’il n’appartient qui est vraiment Souverain et Roi des armées, qu’à celui, Sire, que la guerre redoute ; de faire dignement comme vous la paix dedans et dehors de son Royaume, quand il lui plaît. Dieu veulle continuer ses bénédictions à votre Majesté, de laquelle je resterai pour jamais,

Très-humble et très-obéissante sujette et servante. gournay

Lettre de Marie de Gournay au roi Louis XIII, 1619.

 

L’empire anglo-sioniste est en guerre avec la Russie

2. Poutine-Obama X-Rays.jpg

La réponse russe à une double déclaration de guerre

par Le Saker27 septembre 2014

Le discours de Porochenko, il y a quelques jours, au Congrès US, et celui d’Obama à l’Assemblée Générale des Nations Unies ne peuvent laisser aucun doute : l’empire anglo-sioniste est en guerre avec la Russie. À la suite de quoi beaucoup de gens trouvent que la réaction russe à cette réalité est inadéquate. De même, on constate un courant permanent d’accusations dirigées contre Poutine, sur la politique russe dans la crise ukrainienne. Ce que je me propose de faire ici, c’est offrir quelques rappels de base à propos de Poutine, de ses obligations et de ses options.

Premièrement et principalement, Poutine n’a pas été élu pour être le policier ou le sauveur du monde, il a été élu pour être le président de Russie. Ceci paraît évident, et pourtant, il y en a beaucoup qui ont l’air de croire que, d’une façon ou d’une autre,  Poutine est moralement obligé de faire quelque chose pour protéger la Syrie, la Novorossia, voire d’autres parties de notre monde harcelé. Ce n’est pas le cas. Oui, la Russie est de facto à la tête des BRICS et des [14] pays de l’OCS [Organisation de Coopération de Shanghaï, NdT], et la Russie l’accepte. Mais Poutine a l’obligation morale et légale de se préoccuper de son peuple d’abord.

Deuxièmement, la Russie est maintenant officiellement dans la ligne de mire de l’empire anglo-sioniste, qui comprend non seulement trois puissances nucléaires (les USA, le Royaume Uni et la France) , mais aussi la coalition militaire la plus puissante de monde (les USA + l’OTAN) et les deux plus puissantes économies du monde (les USA et l’Union Européenne). Je crois que nous sommes tous d’accord pour reconnaître que la menace posée par un tel empire n’est pas insignifiante et que la Russie a raison de la traiter avec la plus extrême prudence.

 

Tirer sur Poutine en douce et rater son but.

Curieusement, beaucoup de ceux qui accusent Poutine d’être un froussard, un retourneur de veste ou un optimiste béat prétendent, en même temps que l’Occident se prépare à attaquer la Russie au nucléaire. Si c’est réellement le cas, une question se pose : si c’est exact, s’il y a bien un risque de guerre nucléaire, Poutine n’est-il pas en train de faire exactement ce qui s’impose en ne roulant pas des mécaniques et en ne recourant pas aux menaces ? Certains vont même jusqu’à dire que l’Occident veut la guerre, quoique fasse ou dise Poutine. O.K. D’accord. Mais dans ce cas, gagner autant de temps que possible jusqu’à ce que l’inévitable arrive, n’est-ce pas justement la chose à faire ?

Troisièmement, sur la question des USA et de l’ISIL, certains commentateurs, ici même, ont accusé Poutine de poignarder Assad dans la dos, au motif que la Russie a soutenu la résolution US au Conseil de Sécurité de l’ONU.

Et qu’est-ce que Poutine était censé faire ? Envoyer la Force Aérienne Russe en Syrie pour protéger la frontière syrienne ?  Et Assad ? A-t-il fait décoller d’urgence sa propre Force Aérienne pour essayer d’arrêter les États-Unis ou a-t-il calmement passé un accord : bombardez-« les », pas nous, et je protesterai mais je ne ferai rien contre ? À l’évidence, il a choisi cette dernière solution.

En fait, Poutine et Assad ont adopté exactement la même attitude : ils ont protesté contre la nature unilatérale des frappes, exigé une résolution des Nations Unies, et regardé tranquillement l’Oncle Sam se retourner contre sa propre progéniture et essayer de la détruire.

J’ai envie d’ajouter que Lavrov a très logiquement fait savoir qu’il n’y a pas de « bons terroristes ». Il sait que l’ISIL n’est rien d’autre que le prolongement de l’insurrection syrienne créée par les États-Unis, qui elle-même n’était que le prolongement de l’Al Qaeda créée par les États-Unis. Du point de vue russe, le choix est simple : vaut-il mieux que les USA usent leurs forces et leurs hommes à tuer des cinglés wahabites ou que ce soit Assad qui le fasse ? Et si l’ISIL réussit en Irak, combien lui faudra-t-il de temps pour revenir en Tchétchénie ? Ou en Crimée ? Ou au Tatarstan ? Pourquoi les soldats russes ou syriens risqueraient-ils leur vie, alors que l’armée US est volontaire pour le faire à leur place ?

Tant que les États-Unis veulent se livrer à la douce ironie de bombarder leur propre créature, qu’ils le fassent. Même Assad en a été clairement prévenu, et il est clair qu’il en est très heureux.

Finalement, Nations Unies ou pas, il est clair que les USA avaient déjà pris la décision de bombarder l’ISIL. À quoi bon, dès lors, bloquer une décision de l’ONU qui convient à tout le monde ? Ce serait contre-productif. En fait, cette résolution peut même être utilisée par la Russie pour empêcher les États-Unis et l’Angleterre de servir de base de repli à des extrémistes wahabites (cette résolution l’interdit, et nous parlons ici d’une résolution obligatoire – chapitre VII – du Conseil de Sécurité de l’ONU).

Et cependant, il y en a quand même qui disent que Poutine à jeté Assad aux chiens. Comment peut-on être assez stupide pour raisonner de la sorte en matière de guerre ou de politique ? D’ailleurs, si Poutine avait envie de jeter Assad aux chiens, pourquoi ne l’a-t-il pas fait l’an dernier ?

 

Sentiment de frustration sincère ou malhonnêteté intellectuelle ?

Mais ce genre de sottise à propos de la Syrie est littéralement réduite à du pipi de sansonnet par les effarantes crétineries que postent certains à propos de la Novorossia. Voici quelques-unes de mes préférées. L’auteur, ici, commence par me citer :

« Cette guerre n’a jamais été une guerre à propos de la Novorossia ou à propos de l’Ukraine… »

Sur quoi il enchaîne :

« Cette déclaration est une échappatoire trop creuse et trop commode.  Est-ce que vous voulez réellement dire que les milliers de gens assassinés par les tirs d’obus, que les milliers de jeunes conscrits ukrainiens passés à la moulinette, que les milliers de foyers détruits, les plus d’un million de réfugiés… que RIEN de tout ça n’a quoi que ce soit à voir avec la Novorossia et l’Ukraine ? Qu’il s’agit seulement de la Russie ? Vraiment, on aimerait que vous vous absteniez de faire ce genre de déclarations idiotes. »

Le seul problème étant, bien entendu, que je n’ai jamais rien dit de ce genre pour commencer.

En effet, il est assez évident que je voulais dire que le but poursuivi par L’EMPIRE ANGLO-SIONISTE n’a jamais été l’Ukraine ou la Novorossia, mais une guerre contre la Russie. Tout ce qu’a fait la Russie a été d’admettre cette réalité. Une fois encore, les mots « est-ce que vous voulez réellement dire » montrent clairement que l’auteur va déformer ce que j’ai dit, fabriquer un épouvantail à moineaux, et me dénoncer avec indignation comme un monstre sans cœur qui se fout de l’Uklraine et de la Novorossia (tout le reste du commentaire était de la même veine : des dénonciations indignées de déclarations que je n’ai jamais faites et de conclusions que je n’ai jamais tirées). Je suis habitué désormais au remarquable niveau de malhonnêteté de la foule des lyncheurs-de-Poutine et je considère maintenant que ça fait partie du voyage. Mais je tenais à l’illustrer encore une fois, juste pour démontrer que, dans certains cas, une honnête discussion n’est pas le but recherché du tout. Mais je ne veux pas tout réduire à quelques vociférateurs de mauvaise foi. Il y en a aussi pas mal qui sont sincèrement déconcertés, frustrés et même déçus par la passivité apparente de la Russie. Voici, par exemple, l’extrait d’un e-mail que j’ai reçu ce matin :

« Je suppose que j’espérais, en fait, que peut-être la Russie, la Chine, les BRICS agiraient comme une contre-force. Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est pourquoi, après toutes les démonisations des USA  et de l’Europe, la Russie ne riposte pas. Les sanctions imposées par l’Occident font du mal à la Russie, et pourtant les Russes continuent à lui vendre du pétrole en euros/dollars et continuent à se mettre en quatre pour satisfaire l’Europe. Je ne comprends pas pourquoi ils ne disent pas “pas de sanctions, sinon pas de gaz”. Les Chinois non plus ne disent pas grand-chose contre les États-Unis,même s’ils comprennent parfaitement que si la Russie est affaiblie, ils sont les suivants sur la liste. Et quant au blabla sur la levée des sanctions contre l’Iran, c’est grotesque. Tout le monde sait bien qu’Israël ne le permettra jamais. Alors, pourquoi la Chine et la Russie soutiennent-elles cette mascarade ? Parfois, je me demande si tout ça n’est pas qu’un jeu à nos dépens, une farce programmée où rien ne changera jamais. »

Dans ce cas, l’auteur voit très justement que la Russie et la Chine suivent une seule et même politique, et que cette politique a l’air d’une simple tentative de se concilier les USA. Contrairement au commentateur précédent, l’auteur est, ici, à la fois sincère et vraiment malheureux.

En fait, ce que je crois reconnaître, ce sont trois phénomènes différents , qui se manifestent simultanément.

1) Une campagne de lynchage de Poutine, à l’origine de laquelle se trouvent des agences gouvernementales US et UK, qui ont pour tâche de manipuler les médias sociaux.

2) Une campagne spontanée de diffamation de Poutine, conduite par certains cercles nationaux-bolcheviques russes (Limonov, Douguine & C°).

3) L’expression de la perplexité, de la détresse et de la frustration sincère de gens bien-intentionnés, pour qui l’attitude actuelle de la Russie n’a pas de sens.

Tout ce post va être entièrement consacré à tenter d’expliquer cette attitude à ceux du troisième groupe (toute tentative de dialoguer avec les deux autres serait insensée).

 

Essayons de comprendre une politique apparemment illogique

Dans mon introduction ci-dessus, j’ai dit que ce à quoi on assiste est une guerre contre la Russie, pas (encore ?) une guerre chaude et pas tout à fait une guerre froide ancienne manière. En réalité, ce que les Anglo-Sionistes sont en train de faire est assez clair et beaucoup de commentateurs russes l’ont déjà très bien compris : les États-Unis sont engagés dans une guerre contre la Russie, qu’ils ont l’intention de livrer jusqu’au dernier Ukrainien. Raison pour laquelle un « succès », pour l’empire, ne peut en aucun cas être une issue ukrainienne, puisque, comme je l’ai dit, cette guerre ne concerne pas l’Ukraine. Pour l’empire, un succès, dans cette guerre, ne peut signifier qu’un changement de régime en Russie. Voyons comment il a l’intention d’atteindre ce but.

3. ea-trampled-on-600-wlogo.jpg

Le plan d’origine était simpliste, d’une manière typiquement US Néo-conne : renverser Ianoukovitch, embarquer l’Ukraine dans l’Union Européenne et dans l’OTAN, déplacer ainsi politiquement l’OTAN jusqu’à la frontière russe et l’installer militairement en Crimée. Ce plan s’est cassé la figure. La Russie a accepté le retour de la Crimée et l’Ukraine a sombré dans une violente guerre civile combinée avec une crise économique en phase terminale. Les Néo-cons US se sont alors rabattus sur un plan B.

Le plan B était également très simple : amener la Russie à intervenir militairement dans le Donbass et se servir de cela comme prétexte pour lancer une « guerre froide-version 2 » à pleins tubes, qui aurait créé des tensions style années 50 entre l’Est et l’Ouest, justifié une politique induite par la peur à l’Ouest et complètement tranché les liens en train de se tisser entre la Russie et l’Europe. Sauf que ce plan-là aussi s’est cassé la figure : la Russie n’a pas saisi l’appât et, au lieu d’intervenir directement dans le Donbass, elle a entamé des opérations secrètes massives en soutien des forces anti-nazies de Novorossia. Le plan russe, lui, a marché, et les Forces de Répression de la June (FRJ) ont été bel et bien battues par les Forces Armées Novorossiennes (FAN), en dépit du fait que ces dernières souffraient d’un fort déficit en puissance de feu, en armement, en spécialistes et en hommes (petit à petit, l’aide secrète russe les a aidées à surmonter ce handicap).

Arrivée à ce point, la ploutocratie anglo-sioniste a réellement commencé à paniquer en se rendant compte, d’une part, que son plan s’effondrait, d’autre part, qu’il n’y avait absolument rien qu’elle puisse faire pour le rabibocher (une option militaire était exclue, comme je l’ai expliqué dans le passé). Elle a bien essayé les sanctions économiques, mais avec pour seul résultat d’inciter Poutine à entamer des réformes économiques qui auraient dû l’être depuis longtemps. Et le pire de tout, c’est qu’à chaque fois que l’Occident s’est attendu à ce que Poutine fasse quelque chose, il a fait exactement le contraire

  • Personne ne s’attendait à ce que Poutine fasse usage de la force ùmilitare en Crimée, dans une opération de récupération-éclair qui restera dans l’histoire comme au moins aussi étonnante que Chtorm 333.
  •  Tout le monde, y compris moi, s’attendait à ce que Poutine envoie des forces armées en Novorossia. Il ne l’a pas fait.
  • Personne ne s’attendait à ce que des contre-sanctions russes frappent le secteur agricole européen.
  • Tout le monde s’attendait à ce que Poutine riposte à la deuxième volée de sanctions. Il ne l’a pas fait.

Il y a un schéma ici, un patron qui est la base même de tous les arts martiaux : premièrement, ne jamais faire connaître ses intentions ; deuxièmement,  pratiquer la feinte ; troisièmement, frapper quand et où l’adversaire ne s’y attend pas.

À l’inverse, il y a deux choses qui sont profondément enracinées dans la mentalité occidentale, auxquelles Poutine ne se livre jamais : il ne menace jamais et il n’adopte jamais de pose. Par exemple, alors que les USA sont littéralement en guerre avec la Russie, la Russie va volontiers soutenir une résolution US sur l’ISIL, si elle y voit un avantage  pour elle-même. Et les diplomates russes parleront volontiers de « nos partenaires américains » ou de « nos amis américains », alors que la Russie fait à elle seule davantage que tout le reste de la planète pour amener la chute de l’empire.

 

Rapide coup d’œil au palmarès de Poutine

Ainsi que j’ai déjà eu l’occasion de le dire : contrairement à d’autres blogueurs ou commentateurs, je ne suis ni un psy ni un prophète, et je ne saurais  vous dire ce que pense Poutine ni ce qu’il va faire. Mais ce que je peux vous dire, c’est ce qu’il a fait jusqu’ici (sans ordre particulier).

  • cassé les reins, en Russie, à l’oligarchie soutenue par les Anglo-Sionistes.
  • mis fin de façon quasi miraculeuse à la guerre en Tchétchénie (ce que personne, prophètes inclus, n’avait prévu).
  •  littéralement ressuscité l’économie russe.
  • reconstruit l’Armée Russe, les Forces de Sécurité et de Police ;
  • mis des obstacles sévères aux activités subversives des ONG étrangères en Russie.
  • fait plus pour la dé-dollarisation de la planète que n’importe qui avant lui ;
  • fait de la Russie le dirigeant incontesté des BRICS et de l’OCS ;
  • défié ouvertement le monopole informationnel de la machine propagandiste occidentale (avec des projets comme celui de RT-Russia Today)
  • empêché une attaque imminente de la Syrie par les USA/OTAN, en envoyant une Force expéditionnaire de la Marine Russe (qui a fourni à la Syrie une couverture-radar de la région entière) ;
  • rendu possible la victoire d’Assad dans la guerre civile syrienne ;
  • ouvertement rejeté le « modèle civilisationnel global » occidental et déclaré son soutien à un autre, à base religieuse et traditionnelle ;
  • ouvertement rejeté un Nouvel Ordre Mondial unipolaire sous la domination des Anglo-Sionistes et déclaré son soutien à un ordre mondial multipolaire ;
  • soutenu Assange (par le biais de Russia Today) et protégé Snowden ;
  • créé et promu un nouveau modèle d’alliance entre la Chrétienté et l’Islam, sapant ainsi le paradigme du « choc des civilisations » ;
  • bouté les Anglo-Sionistes hors d’endroits-clés dans le Caucase (Tchétchénie, Ossétie) ;
  • bouté les Anglo-Sionistes hors d’endroits-clés d’Asie Centrale (base de Manas au Kirghizistan) ;
  • donné à la Russie les moyens - y compris militaires - de défendre ses intérêts dans la région arctique;
  • établi une alliance stratégique tous azimuts avec la Chine, qui est au cœur même des BRICS et de l’OCS ;
  • fait voter des lois (processus en train) empêchant des intérêts étrangers de prendre le contrôle des médias russes ;
  • donné à l’Iran les moyens de développer un programme de nucléaire civil dont ce pays avait grandement besoin ;
  • travaillé avec la Chine à créer un système financier totalement séparé du système actuellement contrôlé par les Anglo-Sionistes (y compris les transactions en roubles et en renminbi) ;
  • rétabli le soutien politique et économique de la Russie à Cuba, au Vénézuéla, à la Bolivie, à l’Équateur, au Brésil, au Nicaragua et à l’Argentine ;
  • très efficacement deballonné la « révolution de couleur » pro-US en Russie ;
  • organisé le « Voentorg » qui a armé les FAN 
  • offert l’asile à des centaines de milliers de réfugiés ukrainiens ;
  •  envoyé en Novorossia une aide humanitaire vitalement urgente ;
  • fourni un appui-feu direct et peut-être une couverture aérienne aux FAN, dans des endroits-clés (les « chaudrons sud » par exemple) ;
  • enfin et pas des moindres, il a parlé ouvertement de la nécessité, pour la Russie, de redevenir « souveraine » chez elle et de prévaloir sur la 5e colonne pro-US.

et cette liste s’allonge presque à l’infini. Tout ce que je suis en train de démontrer, c’est qu’il y a d’excellentes raisons à la haine qu’éprouvent les Anglo-Sionistes pour Poutine : le très long palmarès des luttes qu’il a menées contre eux. Si bien qu’à moins de lui supposer un changement subit de cœur, de mentalité ou de courage, on peut partir du principe qu’un changement d’attitude à 180° est hors de question. Sa politique actuelle est, au contraire, pleine de sens, et je vais essayer de l’expliquer un peu.

Si vous êtes du genre « Poutine a trahi la Novorossia », laissez un moment votre hypothèse de côté, juste pour les besoins de ma démonstration, et supposons que Poutine a, à la fois, des principes et de la logique. Que pourrait-il être en train de faire en Ukraine ? Quel sens attribuer à ce que nous voyons ?

 

Des impératifs que la Russie ne peut pas ignorer

Premièrement, je considère les impératifs suivants comme incontestables :

Un : la Russie doit l’emporter dans la guerre que lui imposent les Anglo-Sionistes. Ce que veut l’empire, en Russie, c’est un changement de régime, suivi d’une absorption complète dans la sphère d’influence occidentale, avec un très probable démembrement de la Russie à la clé.

Deux : la Russie ne sera jamais en sécurité tant qu’il y aura un régime néo-nazi à sa porte, c’est-à-dire au pouvoir à Kiev. Les freaks nationalistes Ukies ont prouvé » qu’il était vain de négocier avec eux (ils ont littéralement violé tous les accords qu’ils avaient signés jusqu’ici) ; leur haine pour la Russie est totale (comme le montrent leurs constantes références à l’utilisation – hypothétique – d’armes nucléaires contre la Russie. Par conséquent :

Trois : un changement de régime à Kiev, suivi d’une dénazification complète est la seule façon, pour la Russie, d’atteindre ses objectifs vitaux.

Une fois encore, et au risque de voir mes propos déformés et trahis, il me faut répéter que la Novorossia n’est pas l’enjeu de cette guerre. Ce n’est même pas non plus l’avenir de l’Ukraine. Ce qui est en jeu, c’est une confrontation planétaire (seule thèse de Douguine avec laquelle je sois d’accord). L’avenir de la planète dépend de la capacité des pays des BRICS et de L’OCS de remplacer l’empire anglo-sioniste par un ordre international très différent : multipolaire. Dans cet effort, le rôle de la Russie est crucial et indispensable. (tout effort dans ce sens sans la Russie serait voué à l’échec), et l’avenir de la Russie est en train de se décider selon ce que la Russie fera en Ukraine. Quant à l’avenir de l’Ukraine, il dépendra largement de ce qui arrivera en Novorossia, mais pas exclusivement. Paradoxalement, la Novorossia est plus importante pour la Russie que pour l’Ukraine. Voici pourquoi :

Pour le reste de l’Ukraine, la Novorossia est perdue. Pour toujours. Même un effort conjoint d’Obama et de Poutine ne pourrait empêcher cela. Les Ukies le savent, et c’est la raison pour laquelle ils ne font pas d’effort pour se gagner les cœurs et les esprits de la population novorossienne. En fait, je suis sûr que la destruction soi-disant « aléatoire » et « à l’aveugle » des infrastructures industrielles, économiques, scientifiques et culturelles novorossiennes a été un acte de vengeance haineuse identique à la manière dont les Anglo-Sionistes se mettent toujours à tuer des civils quand il échouent à battre des forces militaires (les exemples de la Yougoslavie et du Liban viennent tout de suite à l’esprit). Bien sûr, Moscou pourra probablement forcer les dirigeants politiques novorossiens à signer une espèce de document reconnaissant la souveraineté de Kiev, mais ce ne sera qu’une fiction. Il est beaucoup trop tard pour cela. Sinon de jure, du moins de facto, la Novorossia n’acceptera plus jamais d’être gouvernée par Kiev, et tout le monde le sait, à Kiev, en Novorossia et en Russie.

À quoi pourrait ressembler une indépendance de facto et non de jure ?

Pas d’armée ukrainienne, de garde nationale, de bataillons oligarchiques ni de SBU ; pleine indépendance économique, culturelle, religieuse, linguistique et éducationnelle ; des dirigeants élus localement et des médias locaux, mais tout cela avec des drapeaux ukrainiens et pas de statut indépendant officiel, pas de Forces Armées Novorossiennes (remplacées par quelque chose comme des « Forces de Sécurité régionales » ou des « Forces de Police ») et pas de monnaie novorossienne (mais avec usage du rouble, du dollar et de l’euro au quotidien). Les hauts fonctionnaires devant être officiellement approuvés par Kiev (sans que Kiev puisse les refuser sous peine de laisser voir son impuissance).  Ce sera un arrangement temporaire, transitoire et instable, mais qui sera assez bon pour fournir une porte de sortie à Kiev en lui évitant de perdre la face.

Cela dit, je voudrais défendre le point de vue que Kiev et Moscou ont intérêt à maintenir la fiction d’une Ukraine unitaire. Pour Kiev, ce serait le moyen de ne pas apparaître comme complètement vaincue par les maudits Moskals. Mais pour la Russie ?

 

Que feriez-vous si vous étiez à la place de Poutine ?

Posez-vous la question suivante : si vous étiez Poutine et si votre but était de changer le régime de Kiev, préféreriez-vous que la Novorossia fasse partie de l’Ukraine ou pas ? Je m’avance à dire que garder la Novorossia à l’intérieur de l’Ukraine est préférable, pour les raisons suivantes :

1.   elle ferait partie, même à un macro-niveau, de tous les processus ukrainiens tels qu’élections nationales, médias nationaux, etc. ;

2.   elle provoquerait des comparaisons avec les conditions de vie dans le reste de l’Ukraine ;

3.   il lui serait plus facile d'influencer le commerce, les affaires, les transports, etc.

4.     elle créerait un centre politique alternatif (non-nazi) à Kiev ;

5.     elle faciliterait la pénétration en Ukraine des intérêts russes de toutes sortes ;

6.   elle ôterait ainsi à Kiev la possibilité d’ériger un « mur » ou autre marqueur géographique de type Guerre Froide ;

7.     elle désarmerait l’accusation selon laquelle la Russie veut le morcèlement de l’Ukraine.

Autrement dit, garder la Novorossia en Ukraine serait la meilleure façon de paraître céder aux exigences anglo-sionistes, tout en subvertissant la junte néo-nazie au pouvoir. Dans un récent article, j’ai souligné ce que la Russie pourrait faire sans encourir aucune conséquence majeure :

  1. s’opposer au régime partout : à l’ONU, dans les médias, dans l’opinion publique, etc
  2. exprimer son soutien politique à la Novorossia, ainsi qu’à toute opposition ukrainienne et continuer la guerre de l’information (les médias russes font un travail formidable) ;
  3. empêcher la Novorossia de tomber (aide militaire secrète) ;  
  4. maintenir impitoyablement la pression économique sur l’Ukraine ;
  5. perturber autant que possible « l’axe du bien » US-UE ;
  6. aider la Crimée et la Novorossia à prospérer, économiquement et financièrement.

En d’autres termes : avoir l’air de se tenir en-dehors tout en étant très fort au-dedans.

 

Quelle est, de toute façon, l’alternative ?

J’entends d’ici le chœur indigné des « patriotes-hourra » (c’est ainsi qu’on les appelle en Russie) m’accuser de ne voir dans la Novorossia qu’un outil devant servir aux buts politiques russes et de faire l’impasse sur les morts et les souffrances du peuple novorossien.

4. Hooray-patriots Russia.jpg

À cela, je répondrai très simplement :

Quelqu’un croit-il sérieusement qu’une Novorossia indépendante puisse vivre en état de paix, même minimale, sans un changement de régime à Kiev ? Si la Russie ne peut pas se permettre une junte nazie au pouvoir à Kiev, comment la Novorossia le pourrait-elle ?

En général, les « patriotes-hourra » sont très prolixe sur ce qu’il convient de faire tout de suite, et quasiment muets sur tout ce qui requiert une vision à long et même à moyen terme. Tout comme ceux qui croient qu’on pourrait sauver la Syrie en y envoyant la Force Aérienne Russe, les « patriotes-hourra » croient qu’on peut résoudre la crise de l’Ukraine en y envoyant des tanks. Ils offrent le parfait exemple de la mentalité dont parlait H.E. Mencken, lorsqu’il écrivait : « À tout problème complexe, il y a une solution qui est claire, simple et fausse ».

La triste réalité, c’est que la mentalité qui sous-tend les solutions « simples » est toujours la même : ne pas négocier, ne jamais faire de compromis, ne jamais se préoccuper du long terme mais uniquement de l’avenir immédiat, et user de la force dans tous les cas.

Mais les faits sont là : le bloc US/OTAN est puissant militairement, économiquement et politiquement, et il peut faire du mal à la Russie, particulièrement au fil du temps. En outre, quoique la Russie puisse facilement vaincre la force militaire ukrainienne, une telle victoire n’aurait guère de signification. À l’extérieur, elle déclencherait une détérioration massive du climat politique international, tandis qu’à l’intérieur, la Russie devrait supprimer par la force les nationalistes ukrainiens (qui ne sont pas tous nazis). La Russie peut-elle faire cela ? Une fois encore, la réponse est oui. Mais à quel prix ? Un bon ami à moi a été colonel d’une unité des Forces Spéciales du KGB appelée « Kaskad » (et plus tard rebaptisée « Vympel »). Un jour, il m’a raconté comment son père, lui-même et un opérateur spécial du GRU ont combattu les insurgés ukrainiens depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale – en 1945 – jusqu’en 1958 ; c’est-à-dire pendant treize ans ! Il a fallu à Staline puis à Krouchtchev treize ans pour venir à bout des insurgés nationalistes ukrainiens. Est-ce que quelqu’un à peu près sain d’esprit va sincèrement croire que la Russie moderne devrait reproduire cette politique et passer des années à refaire la chasse aux insurgés ukrainiens ?

À propos, si les nationalistes ukrainiens ont pu combattre le gouvernement soviétique sous Staline et sous Krouchtchev pendant treize ans après la fin de la guerre, comment se fait-il qu’il n’y ait eu personne pour combattre les Nazis de Kiev à Zaporojié, à Dniepropetrovsk ou à Kharkov ? Oui, Lougansk et Donetsk se sont soulevées et ont pris les armes, avec grand succès, mais le reste de l’Ukraine ? Si vous étiez Poutine, seriez-vous persuadés que les Forces Russes, libérant ces villes, y recevraient le même accueil qu’elles ont reçu en Crimée ?

Et pourtant les « patriotes hourra » continuent de pousser à la roue pour réclamer plus d’intervention russe et davantage d’opérations militaires novorossiennes contre les forces Ukies. Ne serait-ce pas le moment de nous demander qui bénéficierait de cette politique ?

C’est un vieux truc de la CIA/US que d’utiliser les médias sociaux et la blogosphère pour manipuler l’extrémisme nationaliste en Russie. Un journaliste bien connu et patriote russe respecté – Maksim Chevchenko – a formé un groupe de personnes organisées pour repérer les adresses IP [Internet Protocol Address, NdT] de certaines des organisations nationalistes les plus radicales, de leurs sites web, de leurs blogs et de leurs intervenants individuels sur le Net russe. Il s’est avéré que la plupart étaient enregistrés aux États-Unis, au Canada et en Israël. Surpise-surprise ! Ou, peut-être, pas de surprise du tout ?

Pour les Anglo-Sionistes, apporter leur soutien à des extrémistes et à des nationalistes rabiques en Russie est tout à fait cohérent. Soit ils peuvent influencer l’opinion publique, soit on peut les utiliser pour vilipender le régime au pouvoir. Personnellement, je ne vois aucune différence entre un Udaltsov ou un Navalny d’une part,un Limonov ou un Douguine d’autre part.

Leur seule influence se borne à mettre les gens en colère contre le Kremlin. Le prétexte qui leur sert à susciter cette colère importe peu : pour Navalny, ce sont les « élections truquées » ; pour Douguine, c’est la Novorossia poignardée dans le dos. Et il n’importe guère non plus de savoir lesquels d’entre eux sont effectivement des agents payés ou des idiots utiles – que Dieu les juge – mais ce qui importe, c’est que les solutions qu’ils préconisent ne sont pas des solutions du tout, juste de pieux prétextes pour vilipender le régime au pouvoir.

Entretemps, non seulement Poutine n’a pas vendu, poignardé dans le dos ni laissé tomber en aucune manière la Novorossia, c’est Porochencko qui ne tient plus que par un fil au pouvoir et le Banderastan qui glisse au fond de la cuvette. Il y a aussi pas mal de gens qui voient clair dans les clabauderies diffamatoires des oiseaux de mauvais augure, tant en Russie (Yuri Baranchik) et à l’étranger (M.K. Bhadrakumar).[ Il y en a d’autres, beaucoup d’autres, diables merci ! Philippe Grasset, par exemple, ou AVIC, rien qu’en francophonie, Alexandre Prokanov en Russie, et on pourrait allonger la liste. NdT]

 

Mais, et les oligarques ?

J’ai déjà traité de cette question dans un post récent, mais je crois qu’il est important de revenir sur ce sujet, et la première chose qu’il importe de comprendre, dans le contexte russe et ukrainien, c’est que les oligarques sont une réalité de la vie. Cela ne veut pas dire que leur existence soit une bonne chose, mais que Poutine et Porochenko, et d’ailleurs n’importe qui essayant d’arriver à quelque chose dans ces deux pays doivent en tenir compte. La grande différence, c’est qu’alors qu’à Kiev un régime contrôlé par les oligarques a été remplacé par un régime d’oligarques, en Russie, l’oligarchie peut seulement influencer mais non contrôler le Kremlin. Les exemples de Khodorkovski et d’Evtouchenkov montrent bien que le Kremlin peut mettre un oligarque au tapis quand c’est nécessaire et qu’il ne s’en prive pas.

Cependant, mettre un ou deux oligarques K.O. est une chose, mais retirer l’oligarchie de l’équation ukrainienne en est une autre. Très différente. Cette alternative n’est pas à l’ordre du jour. Cela veut donc dire que, pour Poutine, toute stratégie ukrainienne doit prendre en compte la présence, et, franchement, le pouvoir des oligarques ukrainiens et de leurs homologues russes.

Poutine sait que la seule loyauté des oligarques est envers eux-mêmes et que leur seule vraie patrie est là où se trouvent leurs avoirs. Pour Poutine, ancien officier de renseignement du KGB, c’est un atout évident, parce que cette mentalité lui permet de les manipuler suivant un nombre défini de voies d’accès : l’idéologie, l’ego, le ressentiment, le sexe, un squelette dans le placard et, bien sûr, l’argent. Du point de vue de Poutine, Rinat Akhmetov, par exemple, est un type qui employait quelque chose comme 200.000 personnes dans le Donbass, qui peut, à l’évidence, faire en sorte que des choses se réalisent concrètement, et dont la loyauté officielle envers Kiev et l’Ukraine est juste un camouflage recouvrant sa loyauté réelle envers son fric. Or, Poutine n’a pas besoin d’aimer ni de respecter Akhmetov – la plupart des officiers de renseignement méprisent cordialement ce genre de personnes – mais il est certain que, pour Poutine, il est absolument crucial de pouvoir parler avec Akhmetov, d’explorer les potentialités qu’il offre et, si possible, de s’en servir pour atteindre l’un ou l’autre objectif national russe dans le Donbass.

J’ai déjà écrit ceci pas mal de fois : les Russes parlent à leurs ennemis. Avec un sourire amical. C’est encore plus vrai chez un ancien officier des services de renseignement, qui a été formé à toujours communiquer, sourire, avoir l’air engageant et compréhensif. Pour Poutine, Akhmetov n’est pas un ami ou un allié, mais c’est un personnage puissant qu’il convient de savoir manipuler à l’avantage de la Russie. Ce que j’essaie de vous expliquer, c’est ceci :

Il court de nombreuses rumeurs de négociations secrètes entre Rinat Akhmetov et des officiels russes. Il y en a qui disent que Khodakovski y est impliqué. D’autres mentionnent Sourkov. Il ne fait aucun doute pour moi que de telles négociations sont en cours. En fait, je suis sûr que toutes les parties intéressées parlent à toutes les parties impliquées. Y compris avec une créature répugnante, malfaisante et vile comme Kolomoïski. Le signal certain que quelqu’un a finalement décidé de le sortir du jeu serait que plus personne ne lui parle. Cela se produira sans doute, avec le temps, mais assurément pas avant que la base de son pouvoir ne soit suffisamment érodée.

Un blogueur russe [Yuri Baranchik, NdT] croit qu’Akhmetov a déjà été « persuadé » (lisez : acheté) par Poutine et qu’il est d’accord pour jouer selon les nouvelles règles, celles qui disent « Poutine est le chef ». Peut-être. Peut-être pas encore mais bientôt. Peut-être jamais. Tout ce que j’essaie de dire, c’est que des négociations entre le Kremlin et les oligarques Ukies sont aussi logiques et inévitables que l’ont été les contacts US avec la mafia italienne avant l’entrée des Forces US en Italie.

 

Mais y a-t-il une 5e colonne en Russie ?

Oui, absolument. D’abord et principalement, on la trouve à l’intérieur du gouvernement Medvedev, et même à l’intérieur de l’administration présidentielle. Rappelez-vous toujours que Poutine a été mis au pouvoir par deux forces concurrentes : les services secrets et les puissances d’argent (ce que j’appelle les « Atlantistes intégrationnistes »). Elles sont toujours considérablement présentes, quoi qu’elles soient plus effacées, plus prudentes et moins arrogantes qu’à l’époque où Medvedev était encore officiellement en charge. Le grand changement survenu ces dernières années, c’est que la lutte entre les patriotes (les « Souverainistes eurasiens ») et la 5e colonne apparaît maintenant au grand jour, mais elle est loin d’avoir cessé. Et nous ne devons jamais sous-estimer ces gens : ils ont beaucoup de pouvoir, beaucoup d’argent et une capacité fantastique à corrompre, menacer, discréditer, saboter, espionner, salir, etc. Ils sont aussi très à la page : capables d’engager les meilleurs professionnels de la subversion sur le terrain, et ils sont très très forts pour organiser de vilaines campagnes politiques. Par exemple, ils se donnent beaucoup de mal pour donner un forum à l’opposition nationale-bolchevique (Limonov et Douguine apparaissent très souvent à la télévision russe) et la rumeur court qu’elle (c'est toujours de la 5e colonne qu'on parle) finance beaucoup des médias nationaux-bolcheviques (exactement comme les frères Koch financent le Tea Party aux USA).

Un autre problème vient de ce que, quoique ces gens exécutent objectivement les ordres de la CIA, il n’y en a pas de preuve. Comme me l’a souvent répété un ami très averti : la plupart des conspirations sont en réalité des collusions, et les collusions sont très difficiles à prouver. Mais la communauté d’intérêts entre les USA/CIA et les oligarchies russe et ukrainienne est si évidente qu’il serait vain de vouloir la nier.

 

Le vrai danger pour la Russie

Nous avons donc à présent le tableau complet. Poutine doit simultanément affronter :

1) une campagne stratégique de guerre psychologique menée par les US/UK & C°, qui combine la démonisation de Poutine par tous les médias aux ordres ET une campagne dans tous les médias sociaux, visant à le discréditer pour son manque d’agressivité envers l’Ouest.

2) un groupe – petit mais bruyant – de (pour la plupart) nationaux-bolcheviques (Limovov, Douguine & C°), qui ont trouvé, dans la cause novorossienne, une parfaite occasion de lyncher Poutine, lequel a le tort de ne pas partager leur idéologie et leurs « claires, simples et fausses » solutions.

3) un réseau d’oligarques très puissants, désireux d’utiliser l’opportunité offerte par les deux groupes sus-nommés pour faire avancer leurs propres intérêts.

4) une 5e colonne pour laquelle tout ce qui précède offre une possibilité merveilleuse d’affaiblir les Souverainistes eurasiens.

6) une écrasante majorité de gens, en Novorossia, qui veulent une indépendance totale (de facto et de jure) vis-à-vis de Kiev, et qui sont sincèrement convaincus que toute négociation avec Kiev est le prélude à une trahison, par la Russie, des intérêts novorossiens.

7) la réalité objective, selon laquelle les intérêts russes et novorossiens ne sont pas les mêmes.

8) l’autre réalité objective, selon laquelle l’empire anglo-sioniste est toujours très puissant et, bien sûr, potentiellement dangereux.

C’est très très dur pour Poutine d’essayer d’équilibrer ces forces, de manière à ce que le vecteur résultant aille dans le sens des intérêts stratégiques de la Russie. Je dirais même qu’il n’y a simplement pas d’autre solution à ce casse-tête que de séparer la politique officielle russe (déclarée) des actions russes réelles. L’aide secrète à la Novorossia – le Voentorg – en est un exemple, quoiqu’un exemple limité, parce que ce que la Russie doit faire maintenant va bien au-delà des actions secrètes. Elle doit avoir l’air de faire une chose tout en faisant exactement – quadrature du cercle - le contraire. Au point où en sont arrivées les choses, il est de l’intérêt stratégique de la Russie de sembler :

1) défendre une solution négociée dans le sens d’une Ukraine unitaire non-alignée avec d’importants droits régionaux pour toutes les régions, tout en s’opposant partout au régime en place : à l’ONU, dans les médias, dans l’opinion publique, etc., et en soutenant l’opposition non seulement en Novorossia mais aussi dans le reste de l’Ukraine.

2) donner aux oligarques russes et ukrainiens des raisons de - sinon soutenir - du moins ne pas s’opposer à une telle solution (par exemple en ne nationalisant pas les avoirs d’Akhmetov dans le Donbass), tout en s’assurant qu’il y ait assez de « puissance de feu » pour les tenir sous contrôle

3) négocier avec l’Union Européenne sur la mise en œuvre de l’accord Ukraine-UE, tout en aidant l’Ukraine à se suicider économiquement en s’assurant qu’il y ait assez de strangulation économique pour empêcher le régime de rebondir ;

4) négocier avec l’Union Européenne et la junte de Kiev sur la livraison du gaz, tout en s’assurant que le régime ait suffisamment à payer pour rester fauché.

5) refuser la confrontation avec les USA, en s’appliquant de toutes ses forces à créer des tensions entre les USA et l’UE.

6) être disponible et prêt à faire des affaires avec l’empire  anglo-sioniste, tout en construisant un système international alternatif non centré sur les USA et sur le dollar.

Comme vous voyez, ceci va bien plus loin qu’un programme d’actions secrètes. Ce que nous avons là est un programme très complexe, multi-couches, en vue d’atteindre un but importantissime en Ukraine (changement de régime et dénazification), tout en court-circuitant le plus possible les tentatives des Anglo-Sionistes pour recréer une crise Est-Ouest sévère et de longue durée, à la (dé)faveur de laquelle l’Union Européenne serait immanquablement amenée à fusionner avec les États-Unis.

 

Conclusion : clé de la politique russe ?

La plupart d’entre nous avons l’habitude de penser en termes de super-puissances. Après tout, les présidents US, de Reagan à Obama, nous ont mis au régime hautes calories de déclarations formidables,  d’opérations militaires sans fin toujours suivies de déclarations martiales du pentagone, de menaces, de sanctions, de boycotts, etc. Je me permettrai de dire que ceci a toujours été la marque distinctive de la « diplomatie » occidentale, des Croisades aux dernières frappes contre l’ISIL. La Russie et la Chine ont une tradition diamétralement opposée. Par exemple, en termes de méthodologie, Lavrov répète toujours le même principe : « nous voulons faire de nos ennemis des neutres, des neutres nos partenaires et de nos partenaires des amis ». Le rôle de la diplomatie russe n’est pas de faire la guerre mais de l’éviter. Oui, la Russie se battra, mais seulement quand la diplomatie aura échoué. Si, pour les États-Unis, la diplomatie n’est qu’un moyen de lancer des menaces, pour la Russie, c’est le principal moyen de les désamorcer. Ce n’est donc pas étonnant que la diplomatie US soit primitive au point d’en être comique. Après tout, de quelle sophistication a-t-on besoin pour dire « écrase-toi, sinon ! » ? Le premier petit voyou des rues venu sait comment faire cela. Les diplomates russes, pour leur part, sont plutôt du genre spécialistes en explosifs ou officiers démineurs : ils sont très patients, très prudents et très concentrés. Mais, par-dessus tout, ils ne peuvent autoriser personne à les bousculer, sous peine de faire exploser tout le bazar.

La Russie est parfaitement consciente de ce que l’empire anglo-sioniste est en guerre contre elle et que lui céder n’est plus une option (si tant est que cela l’ait jamais été). La Russie sait aussi qu’elle n’est pas une super-puissance et encore moins un empire. La Russie n’est qu’un pays très puissant, en train d’essayer d’enlever à l’empire ses crochets à venin sans déclencher une confrontation frontale avec lui. En Ukraine, la Russie ne voit pas d’autre solution qu’un changement de régime à Kiev. Pour atteindre ce but, la Russie préférera toujours une solution négociée à un résultat obtenu par la force, même si, en l’absence de toute autre possibilité, elle emploiera la force. En d’autres termes :

5. Dollar gutter.jpg

Dollar dans le caniveau – Josetxo Ezcurra

 

Le but à long terme de la Russie est de faire tomber l’empire anglo-sioniste. Son but à moyen terme est de créer les conditions nécessaires à un changement de régime à Kiev. Son but à court terme est d’empêcher la junte d’envahir et de soumettre la Novorossia. La méthode préférée de la Russie pour atteindre ces buts est de négocier avec toutes les parties impliquées. Un préalable, pour y arriver par la négociation, est d’empêcher que l’empire réussisse à créer une crise continentale aiguë (pour sa part, « l’état profond » impérial a parfaitement compris tout cela, d’où la double déclaration de guerre d’Obama et de Porochencko).

Si vous gardez à l’esprit ces principes de base en tête, le sens des apparents zig-zags, contradictions et passivité de la politique russe commence à vous apparaître.

Est-ce que la Russie réussira à atteindre ses buts ? Cela reste à savoir. Théoriquement, une attaque heureuse de la junte en Novorossia pourrait obliger la Russie à intervenir. De même, la possibilité d’une « fausse bannière » de plus n’est pas exclue, peut-être même au nucléaire. Je pense que la politique russe est saine et rationnellement la plus susceptible de réussir dans les circonstances actuelles. Mais en définitive, seul le temps le dira.

Je suis désolé qu’il m’ait fallu 6400 mots pour expliquer tout cela, mais, dans une société où la plupart des « pensées » s’expriment en tweets et la plupart des analyses en posts sur Facebook, c’est une tâche ardue que d’essayer de mettre un peu de clarté dans ce qui est en train de devenir un déluge de malentendus et d’idées fausses, le tout envenimé par les médias sociaux. Je trouve que 6.000 mots conviennent mieux à ce genre d’entreprise, dans la mesure où il est bien plus facile de lancer un slogan simpliste que de réfuter ses postulats et ses implications.

Ce  que j’espère, c’est que ceux d’entre vous qui étaient sincèrement désorientés par la démarche apparemment illogique de la Russie peuvent maintenant mieux relier les petits points entre eux et voir apparaître une image plus cohérente.

Meilleures salutations à tous.

Le Saker

Traduction C.L. pour Les Grosses Orchades

Sources :  http://vineyardsaker.blogspot.be/2014/09/the-russian-resp...

http://uprootedpalestinians.wordpress.com/2014/09/29/angl...

http://www.informationclearinghouse.info/article39801.htm

(ce texte a généré près de 200 commentaires sur le site d’origine, plus des douzaines d’autres sur ceux d’I.C.H. et d’Uprooted Palestinians)

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Comme on vous le disait…

Dvorkovitch : un exemple de 5e colonne à l’œuvre en Russie

Arkady-Dvorkovich.jpg

Ces derniers jours, les mauvaises nouvelles concernant l’économie russe furent nombreuses : les prix du pain, du fromage, des médicaments de la viande et de nombreux autres produits ont augmenté, certains de manière considérable. En même temps, le rouble a atteint un nouveau seuil à la baisse face au dollar, forçant la Banque centrale russe à intervenir pour contrer cette baisse.

Aucun doute qu’Obama va en profiter pour dire que les sanctions démontrent leurs effets.

Il y a juste un petit problème : aucun économiste n’a pu établir un lien direct entre les sanctions occidentales et ce que l’on observe. La réalité est bien plus simple.

Lire la suite…

Source : http://www.vineyardsaker.fr/2014/10/03/dvorkovitch-exempl...

 

*

 

En anglais, hélas. Si nous en découvrons une traduction, nous l’insérerons ici même.

The Threat of War and the Russian Response

How to Lead a Coalition and Avoid a Global Conflict

By Sergey Glazyev

The world needs a coalition of sound forces advocating stability – a global anti-war coalition with a positive plan for rearranging the international financial and economic architecture on the principles of mutual benefit, fairness, and respect for national sovereignty.

6. glazyev.jpg

September 29, 2014 « ICH » – « Global Affairs » – U.S. actions in Ukraine should be classified not only as hostile with regard to Russia, but also as pursuing a process of  global destabilization. The U.S. is essentially provoking an international conflict to salvage its geopolitical, financial, and economic authority.

The response must be systemic and comprehensive, aimed at exposing and ending U.S. political domination, and, most importantly, at undermining U.S. military-political power based on the printing of dollars as a global currency.

The world needs a coalition of sound forces advocating stability —in essence, a global anti-war coalition with a positive plan for rearranging the international financial and economic architecture on the principles of mutual benefit, fairness, and respect for national sovereignty.

Read more…

Source : http ://www.informationclearinghouse.info/article398...

 

Le voilà !

La menace de guerre et la réponse russe

Sergey Glazyev - 28 septembre 2014

Comment mener une coalition et éviter un conflit mondial

Sergei Glaziev est un des conseillers du Président de la Fédération de Russie et membre de l’Académie des Sciences russe.

Résumé : Le monde a besoin d’une coalition de forces solides en faveur de la stabilité – une coalition mondiale anti-guerre avec un projet positif de réorganisation de l’architecture financière et économique internationale, sur les principes du bénéfice mutuel, de l’équité et du respect des souverainetés.

Lire la suite…

Source : http://www.les-crises.fr/la-menace-de-guerre-et-la-repons...

 

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Sous-titré en anglais, grâce à la communauté des correspondants du Saker en Russie et en Océanie, et bien entendu pas en français… (Decline of the francophonie).

 

Dmitry Rogozine, Vice-Ministre de la Défense de Russie, interviewé par Vladimir Soloviev

L’avis du Saker :

Cette interview est importante, parce qu’elle montre ce que la Russie est réellement en train de faire tout en entretenant l’impression de poursuivre un « partenariat » avec l’empire anglo-sioniste : se préparer à la guerre en espérant qu’elle pourra être évitée. Dans cette interview, Rogozine s’adresse à une audience nationale, dans une des émissions les plus populaires de la télévision russe.

Il ajoute :

Rogozine est Vice-Premier ministre de Russie, Chef de la Commission Militaro-Industrielle et un des représentants les plus intéressants et les plus influents des « Souverainistes eurasiens. C’est aussi l’homme qui pourrait, un jour, succéder à Vladimir Poutine. Il est absolument haï par les « Atlantistes » de Russie et par l’empire anglo-sioniste.

 

 

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Merci à Réseau international !

Ajout, ce dimanche  5 octobre

de l’interview de Dmitry Rogozine sous-titrée en français et de sa transcription.

Cette passionnante interview  de Rogozine, réalisée par Vladimir Soloviev, est passée le 21 septembre 2014 sur la chaine russe Rossia 1, dans le journal télévisé (Vesti). Le Vice-Premier ministre de la Fédération de Russie y expose sans retenue la position de la Russie face aux sanctions de l’Occident (notamment face à la France), et les investissements que mène le pays pour développer son industrie de l’armement.

À regarder avec sous-titres (36 mn) ou à lire en intégral sous forme d’un article, en dessous de la vidéo.

 

 

Télécharger les fichiers des sous-titres français et anglais au format .txt
(si vous voulez par exemple le traduire dans une autre langue, nous envoyer le fichier traduit
 à cette adresse).

Transcription : Marina (Saker russe), Katya (Saker Océanie) & CG (Saker russe). Traductions et édition : Katya & Daniel (Saker français). Production : Marina, Katya & Augmented Ether. Editing & Production: Augmented Ether (Oceania Saker)

Retrouvez toutes nos vidéos sous-titrées en français (et en d’autres langues) sur notre chaine Youtube TheFrenchSaker TV

 

TEXTE INTÉGRAL DE L’INTERVIEW

Vladimir Soloviev (VS) : Bonsoir et bienvenue à Une soirée avec Vladimir Soloviev. Du lundi au jeudi, après l’émission Vesti [le Journal télévisé], nous discuterons de l’actualité du jour avec ceux qui font de la politique, qui influencent la politique et qui ont un point de vue particulier sur ce qui se passe. Avec nous en studio, nous avons le Vice-Premier ministre de la Fédération de Russie, M. Dmitri Olegovitch Rogozine. Nous verrons comment le complexe militaro-industriel de la Russie répond aux sanctions, pourquoi les Français craignent de briser le contrat Mistral et ce que l’ancien représentant auprès de l’OTAN pense de ses collègues de l’Alliance de l’Atlantique Nord.

Lire la suite…

Sources : http://www.vineyardsaker.fr/2014/10/04/video-dmitri-rogoz...

Via :  http://reseauinternational.net/video-dmitri-rogozine-vice...

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Un Post-Scriptum d’I.C.H.

Fact or fiction ? Russia threatens to retaliate against U.S. military: Warns airspace over Syria under protection of Moscow. Russia has delivered a behind-the-scenes threat to retaliate if airstrikes carried out by the U.S. or its allies target the regime of Syrian President Bashar al-Assad, Middle Eastern security officials told WND.

7. No, you can't.jpg

 

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Frasques de l’empire

(Une pincée)

 

Sayed Hassan Nasrallah sur la coalition contre l’État Islamique : « L’Amérique est la mère du terrorisme ».

 

Discours du 23 septembre 2014

Dans cet extrai sous-titré en françaist, Sayed Hassan Nasrallah explique pourquoi le Hezbollah est opposé à la participation du Liban à la coalition internationale contre l’État Islamique menée par les États-Unis, qu'il considère comme la source du terrorisme et accuse de vouloir s’implanter à nouveau au Moyen-Orient au prétexte de cette coalition. Le Liban fait face à des agressions répétées de la part de l’EI et du Front Al-Nosra, qui ont capturé 22 soldats libanais et exécuté trois d’entre eux, mais Hassan Nasrallah considère que le Liban est tout à fait capable de faire face à ce danger, et qu’il n’est pas dans son intérêt de s’allier aux États-Unis.

 

 

Transcription :

Le deuxième point concerne les développements de la région et notre position vis-à-vis de ce qui a été appelé la coalition internationale contre l'Etat Islamique. Nous souhaitons bien évidemment préciser notre position vis-à-vis de cette coalition, notre position en tant que mouvement, notre position en tant que Résistance, notre position à travers nos ministres dans le gouvernement libanais, et nous voulons également par là répondre aux distorsions et mensonges dont nous avons été l'objet à ce sujet. Maintenant, s'il y a des gens qui sont incapables de savoir et de comprendre, c'est leur problème, pas le nôtre. Quoi qu'il en soit, nous exposons et expliquons notre position car il s'agit d'un moment historique et crucial.

Lire la suite :

Source : http://www.sayed7asan.blogspot.fr/

 

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« Washington est en train de planifier mon assassinat » (Christina Kirchner)

 

8. Cristina.jpg

IRIB et RT -  2 octobre 2014.

Cristina Fernandez de Kirchner a reçu des menaces de Daech (Isil-Isis), à cause de ses liens avec le pape François. Mais ce n’est pas la seule menace qui pèse sur elle. Elle accuse les États-Unis d’être en train de planifier la chute de son gouvernement et d’envisager même son assassinat.

« Si, un jour, il m'arrive quelque chose, ne regardez pas vers le Moyen-Orient, mais vers le Nord, cherchez ce qui se trafique dans les ambassades » a-t-elle déclaré dans un discours prononcé à la télévision nationale.

Le peso est en chute libre et les relations de la présidence avec les États-Unis sont au plancher

« Les États-Unis sont en train de bombarder le Moyen-Orient, et même s'ils ne mènent aucune attaque militaire contre l'Argentine, ils mènent des attaques économiques, pour faire retourner le pays en arrière, au temps où l'Argentine était à genoux et forcée de solliciter des prêts à des taux d'intérêt pharamineux », a-t-elle ajouté.

Pour plus de détails (en anglais) sur la manière dont l’empire prélève sa livre de chair,

Lire ici…

http://rt.com/news/192468-argentina-kirchner-economy-plot/

 

Pour la mise à mort de Dilma Roussef, par les urnes ou autrement, c’est

« à suivre ».

 

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Humour allemand

(C’est sérieux)

 


Source :  http://reseauinternational.net/satire-guerre-linformation...

 

 

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Démocratie à l’anglaise

 

9. winston-churchill.jpg

 

L'imam de Srebrenica et la vraie discrimination

24 septembre 2014

La Grande-Bretagne ayant refusé le visa au prêtre orthodoxe serbe de sa commune, l'imam de Srebrenica a renoncé à son voyage, par solidarité ! Comble d'ironie, la délégation mixte devait présenter un projet de coopération intercommunautaire.

Voici bientôt vingt ans qu'on exploite la tragédie de Srebrenica comme facteur de division entre bosniaques orthodoxes et musulmans. Le geste de l'imam Peštalić, qui ne lui aura pas valu que des félicitations dans son camp, mériterait d'être claironné comme un rayon d'espoir et une preuve d'entente possible, surtout au moment où l'Occident repart en guerre dans les terres d'islam.

Cette histoire est particulièrement révoltante et éloquente. Elle flanque par terre tout le prêchi-prêcha sur la tolérance dont se gargarisent, notamment, les apparatchiks anglais. Elle montre qui, derrière un hypocrite langage humaniste, sème vraiment la discorde en ex-Yougoslavie, et qui pratique vraiment la discrimination.

Ayant la preuve que beaucoup de journalistes lisent attentivement mon blog, je traduis ci-dessous l'article de Večernje Novosti qui relate l'affaire. On verra bien qui saisira l'occasion de raconter une belle histoire à contre-courant. Ou pas. À diffuser largement!

(NB Les soulignés sont de moi. SD.)

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L'imam de Srebrenica a refusé de partir en Angleterre parce que les prêtres orthodoxes serbes n'avaient pas eu leur visa.

Lire la suite…

Source : http://blog.despot.ch/limam-de-srebrenica-et-la-vraie-dis...

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Marqués comme du bétail

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Un article de RT-Russia Today, sur l’esclavage à l’anglaise. Enfants et adultes. Gens de l’Est surtout (l’Empire britannique rétrécit).

Voir ici… en anglais

Source :  http://rt.com/uk/191864-human-trafficking-uk-report/

 

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Du coup :

À lire ou à relire !

12. SKIRDA.jpeg

 

 

 

Alexandre SKIRDA

La traite des Slaves – L’esclavage des Blancs du VIIIe au XVIIIe siècle

Les éditions de Paris – Max Chaleil – 2010

230 pages

 

 

 

 

Où le trouver :

À la Librairie Quilombo

Contact : quilombo@globenet.org

Pour visiter son site :  quilombo@globenet.org

 
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 Mis en ligne le 2 octobre 2014

 



 

19:59 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (1) |  Facebook |