15/05/2016
DEUX COUPS D'ÉTAT SIMULTANÉS EN AMÉRIQUE LATINE
DEUX COUPS D’ÉTAT SIMULTANÉS EN AMÉRIQUE LATINE
Discours historique de la présidente Dilma Roussef le 14 mai 2016.
Sous-titré en anglais et en allemand. Transcrit en français
Transcription
Bonjour Mesdames et Messieurs les journalistes.
Bonjour Mesdames et Messieurs les députés et ministres.
Bonjour à tous.
Ceci est une déclaration à la presse, donc pas une interview : une déclaration.
Je voulais vous dire, et dire aussi à tous les Brésiliens, que la procédure de déposition à mon encontre a été entamée par le Sénat et qu’elle a ordonné ma suspension pour une durée maximum de 180 jours.
J’ai été élue à la présidence par 54 millions de citoyens brésiliens, et c’est en cette qualité, en qualité de Présidente élue par 54 millions de personnes que je m’adresse à vous en ce moment décisif pour la démocratie brésilienne et pour notre avenir en tant que nation.
Ce qui est en jeu dans cette procédure de destitution n’est pas seulement mon mandat, ce qui est en jeu, c’est le respect des urnes, de la volonté souveraine des Brésiliens et de leur Constitution.
Ce qui est en jeu, ce sont les réalisations de ces treize dernières années, les gains qu’en ont retiré les plus pauvres, mais aussi la classe moyenne. C’est la protection des enfants, l’accès des jeunes aux universités et aux écoles techniques.
C’est la valeur du salaire minimum, ce sont les médecins qui s’occupent de la population. C’est la réalisation du rêve de posséder sa maison avec « Minha Casa, Minha Vida ».
Ce qui est en jeu, c’est aussi la grande découverte antésalifère du Brésil [Gisement Libra,NdT].
Ce qui est en jeu, c’est l’avenir de notre pays, ses possibilités de progresser toujours plus.
Devant la décision du Sénat, je veux une fois encore clarifier les faits et rappeler les risques, pour le pays, d’une destitution frauduleuse, d’un véritable coup d’État.
Depuis le moment où j’ai été élue, l’opposition, mécontente, a réclamé un recomptage des voix, a tenté de faire déclarer l’élection nulle et, n’y ayant pas réussi, a continué à conspirer ouvertement pour obtenir ma destitution.
Ces gens ont plongé le pays dans un état permanent d’instabilité politique, ont tout fait pour empêcher son redressement économique, dans le seul but de s’emparer de force de ce qu’ils n’avaient pu obtenir par les urnes.
Mon gouvernement a été la cible d’un sabotage intense et permanent.
L’objectif évident a été de m’empêcher à tout prix de gouverner et d’ainsi fabriquer la mise en scène propice à un coup d’État.
Quand un président élu est révoqué sur l’imputation de crimes qu’il n’a pas commis, le nom que l’on donne à cela dans le monde démocratique n’est pas « destitution » mais « coup d’État ».
Je n’ai pas commis le crime de responsabilité, il n’y a aucune raison de procéder à une destitution, je n’ai pas de comptes bancaires à l’étranger, je n’ai jamais reçu de pots-de-vin, je n’ai jamais fermé les yeux sur des faits de corruption.
Cette procédure est une procédure caduque, légalement inconsistante, une procédure déloyale entreprise contre une personne honnête et innocente.
La plus grande brutalité qui puisse être commise contre un être humain est de le punir pour un crime qu’il n’a pas commis.
Il n’y a pas de pire injustice que de punir un innocent.
L’injustice est un mal irréparable.
Cette farce légale à laquelle je suis confrontée est la conséquence du fait qu’en qualité de présidente, je n’ai jamais cédé à aucune forme de chantage.
J’ai pu faire des erreurs mais je n’ai jamais commis de délit. Je suis jugée déloyalement pour avoir fait tout ce que la loi m’autorisait à faire.
Mes actions ont été des actions légales, correctes, des actions nécessaires, des actes de gouvernement.
Des actions semblables ont été exécutées avant moi par les autres présidents du Brésil.
Ce n’étaient pas des crimes en leur temps et ce ne sont pas des crimes à présent.
Ils m’accusent d’avoir publié six décrets supplémentaires, six décrets de crédit, et ce faisant d’avoir commis un crime contre la loi budgétaire (LOA).
C’est faux, parce que ces décrets étaient autorisés par la loi.
Ils traitent de crime un acte de gestion quotidien.
Ils m’accusent de retarder les paiements du « Plano Safra » [Emprunt pour le Plan Safra d’agriculture familiale. NdT], c’est faux.
Mes accusateurs ne peuvent même pas dire quel acte contraire aux lois j’ai commis.
Lequel ? Lequel ?
Non, il ne reste rien à payer, il ne reste aucune dette.
Jamais, dans une démocratie, il n’est permis de mettre fin au mandat d’un président élu pour des actes légitimes de gestion d’un budget.
Le Brésil ne peut pas être le premier pays à le faire.
Je voudrais aussi m’adresser à la population entière de mon pays pour lui dire que le coup d’État n’a pas seulement pour but de me révoquer, de destituer un président élu par le vote de 54 millions de Brésiliens, un vote direct, dans une élection non truquée.
En renversant mon gouvernement, ce qu’ils veulent faire en réalité, c’est empêcher l’exécution du programme qu’ont choisi, en votant majoritairement, ces 54 millions de Brésiliens.
Le coup d’État menace de ravager non seulement la démocratie, mais aussi tout ce qu’a accompli cette population au cours des récentes décennies.
Depuis mon accession à la fonction présidentielle, j’ai été la garante zélée de l’État de Droit démocratique.
Mon gouvernement n’a pas commis d’actes de répression contre des mouvements sociaux, contre des protestations collectives, contre les manifestants d’aucune appartenance politique.
Le plus grand risque que coure ce pays aujourd’hui est d’être dirigé par un gouvernement sans élections.
Un gouvernement qui n’aura pas été directement élu par la population, qui n’aura pas la légitimité qu’il faut pour proposer et mettre en œuvre des solutions aux défis qui se posent au Brésil.
Un gouvernement susceptible de réprimer violemment les manifestations à son encontre.
Un gouvernement né d’un coup d’État.
D’une destitution frauduleuse.
Issue d’une sorte d’élection indirecte.
Un gouvernement qui sera, lui-même, grandement cause de la poursuite de la crise dans notre pays.
C’est pourquoi je vous dis, à vous tous, que je suis fière d’être la première femme élue à la présidence du Brésil.
Oui, je suis fière d’être la première femme élue à la présidence du Brésil.
Pendant ces années, j’ai exercé mon mandat honnêtement, avec dignité, pour honorer les votes que j’ai reçus.
Au nom de ces votes et au nom de tous mes compatriotes, je me battrai avec tous les instruments légaux dont je dispose pour exercer mon mandat jusqu’à son terme du 31 décembre 2018.
Le destin m’a toujours imposé des défis, beaucoup de grands défis, certains m’ont semblé insurmontables, mais j’ai réussi à en venir à bout.
J’ai souffert la douleur indicible de la torture.
La douleur insoutenable de la maladie.
Et maintenant, je souffre à nouveau, la douleur indicible de l’injustice.
Ce qui fait le plus mal en ce moment, c’est l’injustice.
Ce qui fait le plus mal, c’est de me rendre compte que je suis la victime d’une farce légale bassement politicienne.
Mais je ne perds pas courage, je regarde derrière moi et je vois tout ce que nous avons fait.
Je regarde devant moi et je vois tout ce qu’il nous faut encore et que nous pouvons faire.
Le plus important de tout est que je peux me regarder et voir le visage de quelqu’un qui, si le temps l’a marqué, a encore la force de défendre des idées et des droits.
Je me suis battue toute ma vie pour la démocratie.
J’ai appris à faire confiance aux capacités de combativité de notre peuple. J’ai vécu beaucoup de défaites, et j’ai vécu de grandes victoires.
J’avoue que je n’ai jamais imaginé qu’il me faudrait faire face à un coup d’État dans mon pays.
Notre jeune démocratie, faite de luttes, faite de sacrifices et même de morts ne mérite pas cela.
Ces derniers mois, notre peuple est descendu dans les rues. Il est descendu dans les rues parce qu’il voulait davantage de droits, davantage de progrès. C’est pourquoi je suis sûre qu’il saura comment dire non au coup d’État.
Notre peuple est sage et possède une expérience historique.
J’en appelle à tous les Brésiliens opposés à ce coup de force, quelle que soit leur appartenance politique : restez mobilisés, unis et en paix.
La lutte pour la démocratie n’est pas limitée dans le temps.
C’est une lutte sans fin, qui exige une abnégation constante.
La lutte pour la démocratie, je le répète, n’est pas limitée dans le temps.
La bataille contre le coup d'État sera longue, c’est une bataille que nous pouvons et que nous allons gagner.
La victoire dépend de nous tous.
Montrons au monde qu’il y a des millions de gens prêts à soutenir la démocratie dans notre pays.
Je sais, et beaucoup des nôtres savent, notre peuple sait que l’histoire se fait par la lutte.
Et qu’il vaut toujours la peine de se battre pour la démocratie.
La démocratie est du bon côté de l’histoire.
Je n’abandonnerai jamais, je ne renoncerai jamais à la lutte.
Merci beaucoup à tous.
Source : http://thesaker.is/historical-speech-of-brazilian-preside...
Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades
Vénézuela : Maduro prolonge l'état d'urgence de 60 jours face à la menace d'un complot américain
RT français – 14 mai 2016
Par crainte d'un possible coup d'État au Venezuela, le président Nicolas Maduro a prolongé l'état d'urgence dans le pays de 60 jours supplémentaires, invoquant une « offensive de l'oligarchie » liée aux États-Unis.
« Washington met en place des mesures à la demande de la droite fasciste du Vénézuela, qui s'est enhardie à la faveur du coup d'État au Brésil », a déclaré le président Maduro ce vendredi 13 mai à la télévision Nationale.
Le chef de l'État a dit craindre une intervention possible d'armées étrangères et a expliqué que le nouveau décret d'urgence a été mis en place pour faire face à ces menaces extérieures. Il étend et proroge « pour les mois de mai, juin et juillet » un précédent « décret d'urgence économique », en vigueur depuis la mi-janvier et qui expirait ce samedi 14 mai.
Source : https://francais.rt.com/international/20585-venezuela-mad...
Où on revient sur l’affaire VERDUN-BLACK M. parce qu’on a lu ANTIPRESSE en retard.
Ça dé-rappe à Verdun
Slobodan Despot – ANTIPRESSE N° 24 – 15 mai 2016
Il n'y a pas de hasard, même quand on s'appelle Samuel Hazard, qu'on est maire de Verdun et qu'on a l'idée loufoque de convier un rappeur black pour fêter — pardon : commémorer — le centenaire de la plus funeste bataille de tous les temps.
Il n'y pas de hasard chez Hazard, mais il y a du danger (hazard en anglais). Un danger dont M. Hazard et ceux de sa coterie dirigeante n'avaient peut-être pas conscience et qui a abouti à l'annulation de leur happening.
Petit préalable linguistique
Les réseaux sociaux sont entrés en ébullition sur leur aile droite sitôt l'annonce du concert de Black M. Comment pouvait-on placer, hurlaient-ils, un tel événement sous le patronage d'un « rappeur antifrançais » ? Je déteste les pléonasmes. Un « rappeur antifrançais », c'est comme un « arrosoir mouillant ». Le rap est afrançais dans le meilleur des cas, étant importé sans sous-titres des ghettos de New York. Quoi ? On me dit qu'ils « râpent » en français ? Voyons ! L'accentuation d'une langue est son premier signe distinctif, et celle du rap dit français véhicule la phonétique d’une langue étrangère. Heureusement, cela a pour vertu d'entraver la compréhension des textes.
Pour ma part je m'arrête là. Que ces MM. Casquette-à-l'envers soient antifrançais tombe sous le sens, même quand tout sens leur est étranger. Le caractère culturellement hostile du genre est peut-être difficile à capter pour la troisième génération de Français abreuvée de musiquettes anglosaxonnes hâtivement traduites. Si les grands-pères ont pu avaler le trémoussement écervelé des yéyés, comment reprocher aux petits-fils de gutturaliser leur parler ordinaire et de systématiquement mettre l'accent sur la première syllabe à la manière de Cabrel ?
Dilemmes musicaux
Les patriotes français n'auraient pas dû s’emporter contre M. Hazard, ni l'abreuver d'insultes jusqu'à lui faire annuler son spectacle. Cette campagne prouve leur manque de discernement. Ils auraient dû au contraire lui être reconnaissants. Black M n’est « représentatif » de la France d’aujourd’hui qu’aux yeux des propagandistes du melting pot global et de quelques communautés bien définies. Il ne risquait en aucun cas de « détourner » ou de « brouiller », ni même de « salir » la mémoire de Verdun. Au contraire, les indignations qu’il soulevait allaient bien au-delà du camp qui vote FN. Chaque famille française, qu’elle soit de droite ou de gauche, a laissé des ancêtres dans ce charnier et la simple idée de chanter sur leurs sépultures doit révulser plus de cœurs qu’on n’ose se l’avouer. En obtenant son bannissement, on l'a mis, lui et ses soutiens, dans la position enviable de victimes.
Ce qui étonne, dans cette affaire, c'est la parfaite incongruité de l'ensemble. Avec un peu d'habileté, la mairie de Verdun aurait pu rassembler plutôt que diviser. Mais était-ce son but ?
Il existait jusqu’il y a peu, et il existe encore dans certains pays, une musique taillée sur mesure pour les événements de ce genre. Cela s’appelle le classique. C’est vieillot, mais approprié. A Verdun, le Requiem de Fauré s’imposerait de lui-même. Sur les ruines de Palmyre, Assad et Poutine ont dépêché un grand orchestre symphonique, non le chanteur pop à la mode qui aurait « rallié les jeunes ». Mais la France n’est ni la Russie ni la Syrie. Au pays de festivus festivus, on enterre les morts aux sons des Rita Mitsouko « parce que le défunt les aimait bien et qu’il aurait voulu qu’on s’éclate plutôt que de faire la gueule ». Au pays de festivus festivus, la musique solennelle et l’état d’âme qui y correspond sont du dernier ringard. Le choix qui s’offrait à M. Hazard était donc, somme toute, assez restreint.
Mais on aurait pu monter par exemple un opéra rock sur Les héros de Verdun avec Johnny dans le rôle de Joffre et Nina Hagen dans celui de von Falkenhayn, version trans. Un spectacle bling-bling-consensuel qui aurait été au patriotisme ce que les Enfoirés sont à la solidarité sociale. Avec une bonne orchestration et des paroles débordantes de pathos, on aurait « fait vibrer » toute la France frivole, c’est-à-dire beaucoup de monde. Mme Hollande et M. Merkel auraient pu monter sur scène sous les ovations, et les détracteurs de ce kitsch tudesque eussent passé pour de vils ronchons. Esbroufe, émotion, confusion : « Certes, c’est démago ! Mais quels beaux airs ! Quels interprètes ! »
Or il n’en est rien. M. Hazard n’a rien trouvé de mieux que de convoquer l’antidote parfait à toute tentative de consensus national, le répulsif absolu. Offrant du même coup la mémoire de Verdun, malmenée mais intacte, tout entière aux forces de la réaction. Sur un plateau ! Comme on leur a offert Jeanne d’Arc. Comme s’il préparait secrètement son passage au FN…
Un succès continu dans l'échec
A tout bien prendre, il est surprenant qu’un pouvoir démonétisé n’ait pas su plus habilement exploiter une telle commémoration. Les morts de la Grande Guerre sont l’un des rares sujets sur lesquels les Français, en gros, peuvent tomber d’accord. Une de leurs dernières valeurs sacrées, également. Or que fait-on ? On s’empresse de les bafouer en invitant, littéralement, des rappeurs à danser sur leurs tombes.
La symbolique de ce geste absurde est multiple et, à chaque fois, hautement significative.
Tout d’abord, elle s’inscrit dans une course à l’abîme engagée de longue date. Pour tomber aussi bas dans l’estime de ses sujets — pardon : de ses concitoyens —, le pouvoir français n’a pas seulement failli sur les indices matériels de la gouvernance : chômage, sécurité, niveau de vie, prestige international. Il a aussi, et surtout, multiplié les provocations symboliques comme s’il avait voulu s’aliéner des franges de plus en plus vastes de l’électorat.
Quelle urgence y avait-il à mobiliser la crédibilité et les ressources de l’État autour du Mariage pour tous, qui ne concerne, en tout état de cause, qu’une part très mince de la population ? A-t-on songé que l’électeur de base, fût-il socialiste, qui peine à boucler les fins de mois, pouvait avoir sur cette urgence une opinion très différente de celle de l’« intelligentsia créative » du Marais et de la Rive gauche ? Seule conséquence à portée historique : l’émergence par contrecoup de la Manif pour tous, embryon d’une Tea Party à la française.
Quel besoin avait-on d’imposer des vulves conceptuelles à Versailles et des arbres de Noël en forme de plug anal sur des places où se promènent les familles ? D’inventer des ministres de la culture qui ne lisent rien, pas même le prix Nobel français ?
Qu’avait-on à soutenir diplomatiquement, au Moyen-Orient, des terroristes sanguinaires que les structures de sécurité du même État français considèrent comme une menace de premier plan ?
Quel goût étrange, enfin, suggérait-il de perturber la paix des morts qui ont défendu la patrie avec des spectacles qui martèlent à grands coups de décibels le triomphe de l’étranger ? Voulait-on donner raison à Renaud Camus en attestant que les ex-colonies, sous tutelle anglo-saxonne, avaient déjà accaparé le pouvoir culturel en France, faute d’avoir physiquement remplacé sa population ?
On observe dans les régimes à la dérive ce besoin de scandaliser leur propre population, comme s’ils voulaient inlassablement se donner des garanties de leur toute-puissance. Nous reviennent en mémoire l’élévation du cheval de Néron au rang de sénateur, les palais blancs de Ceausescu dans une Roumanie crevant de faim, l’ostentation Duvalier et les mille carnavals africains.
Le pouvoir des symboles
Ceci nous conduit à un rapprochement hautement symbolique. Le projet de rap à Verdun survient au moment même où la France est gouvernée par diktat. Le recours à l’article 49.3 pour faire passer une loi sur le travail sans doute nécessaire revient à assommer le malade pour lui administrer un vaccin. Il achèvera de discréditer l’économie libre et de conforter dans son assistanat une nation dont les conditions de travail sont parmi les plus socialisées et les plus protégées en Europe. Encore un contrecoup (non) désiré ? La France serait-elle gouvernée à coups d'oxymores ?
A ce point, un autre parallèle s’impose. Au moment même où les manifestations se multiplient en France, la Russie fête le jour de la victoire sur le nazisme, goujatement boudée par les Occidentaux. Au moment où le chef de l’État français, d’une impopularité jamais vue dans l’histoire, s’entoure de robocops, le chef de l’État russe assiste au défilé militaire au ras du sol, à hauteur d’homme, et non du haut de la fameuse tribune des apparatchiks. A l’heure où le pouvoir français délègue aux rappeurs le soin de commémorer ses combattants, le chef de l’État russe prend la tête du Régiment immortel en brandissant la photographie de son père, combattant et blessé de guerre. Ces symboles, qui ont dû impliquer un effort de sécurité colossal, sont d’une puissance historique.
Changer de paradigme
Mais il serait faux de réduire cet abîme à une affaire de personnel. Verdun est un symbole trop lourd et trop vaste pour la France actuelle, quels qu’en soient les dirigeants.
Les morts de Verdun et des autres golgothas de la Grande Guerre demeurent l’unique trait d’union entre tous les vivants de la France moderne, nation profondément divisée. Tragiquement, obstinément divisée par sa Révolution, maladie qu’elle a exportée vers le reste du monde, et dont tout le monde cherche à se remettre… sauf son foyer originel.
Pour leur rendre l’hommage que ces morts méritent, pour parachever le service qu’ils ont rendu à la nation, il faut des gestes absolument solennels, absolument simples, absolument impartiaux. Il s’agit de réintégrer dans un même corps les deux moitiés d’une âme déchirée sans qu’aucune ne s’y sente humiliée. Aucune idéologie ne peut accomplir cela à elle seule. C’est pourquoi la Russie a restauré sa foi sans renier son passé soviétique. C’est pourquoi son armée qui n’a pas changé ses insignes rouges défile derrière le signe de croix de son ministre de la Défense… lui-même bouddhiste. Les Russes, renaissant après quatre générations de cauchemar communiste, ont compris cette simple vérité encore totalement inaccessible aux élites françaises : que l’idéologie, c’est la division.
Pour accomplir sa réunification, la France n’a pas besoin de héros. Mais elle a besoin de gens humbles, sans idéologie et impartiaux. Ce qui est peut-être encore plus rare.
La tactique du Diable
Mais les polémiques créées autour de Verdun vont masquer encore un autre aspect de cet héritage, peut-être le plus important à l’échelle de l’humanité. Le message Verdun dépasse les frontières de la France et les bornes de 14-18. Il est époqual : il nous fait entrer, tous, dans une autre époque.
Dans le pays où je suis né, en Serbie, on a connu aux côtés des Français le versant héroïque de la Grande Guerre : les Dardanelles, le front de Salonique. D’où cette fraternité d’armes qui s’est transformée en fraternité tout court entre nos nations. Mais Verdun, la Somme, c’est son aspect purement mécanique. Aucune fraternité ne s’en dégage, juste le sentiment de l’absurde et du dégoût. Verdun annonce la sortie de l'Histoire du mâle européen. Dada, le surréalisme, le nazisme y prennent leur source. La massification, l’écrasement de l’humain par les moyens dont il s’est doté, y trouvent leur expression parfaite. Notre transformation rapide dans le ratorium puis la grande fourmilière des visions de Zinoviev, c’est là qu’elle commence.
Je possède chez moi l’intégrale de l’Illustration, couvrant la période 1914-1919. Pour une grande part, c’est un catalogue d’armements. J’ai passé des heures à y survoler un défilement monotone de chiffres et de rodomontades technologiques. A chaque numéro, nous avions l’arme décisive qui allait permettre de les exterminer comme des blattes. Notre canon de 75, nos fusils supérieurs… On y voit déjà l’esquisse des « bombes intelligentes » et des « bombardements chirurgicaux » qui ne sont jamais que de nouveaux carnages. Je ne pouvais m’empêcher d’imaginer la même vantardise dans les Bildzeitungen de l’autre camp.
Deux hordes de fous qui s’entre-tuent en clamant que l’autre n’est pas humain ! Les guerres de tribus, où la bataille est résolue par l’affrontement à la massue de deux champions délégués par chaque camp, sont infiniment plus civilisées et plus sensées que ce délire scientiste !
Car les batailles du front de l’Ouest n’avaient rien, à vrai dire d’un combat. Cela revenait, pour les soldats, à affronter des forces élémentaires, des ouragans meurtriers, en priant la Providence. Les célèbres Orages d’acier de Jünger en témoignent : le pur bonheur d’être vivant, la satisfaction d’avoir tué son adversaire plutôt que d’être tué. Sans sentiment. Sans haine. Comme de survivre à un raz-de-marée. Comme de faire boucherie.
Mieux encore, ce roman ironiquement appelé Civilisation, de Georges Duhamel, qu’on aurait dû faire lire dans tous les lycées en ces années de jubilés et qu’on s’est empressé d’enterrer malgré son prix Goncourt. On y voit la civilisation moderne incarnée par un autoclave soufflant et sifflant, un lazaret où l’on rafistole à la chaîne des machines humaines cassées par la guerre mécanisée. Un système de destruction autoalimenté, sans but ni raison, d’où la volonté humaine est exclue.
*
Le fleuve des morts de Verdun charrie toutes ces ombres-là. Les réduire à une rivalité entre la culture rap et l'idéologie du Front National est une obscénité et une offense non seulement à l'égard de ces morts ou du sentiment patriotique, mais envers l'humanité entière. Tout compte fait, je reviens sur mon hypothèse de départ : peut-être savaient-ils parfaitement ce qu'ils faisaient. Si le Diable avait une tactique pour monter encore plus les peuples contre eux-mêmes, il ne s'y prendrait pas autrement.
Slobodan Despot animera une soirée d'amitié franco-serbe ce vendredi 20 mai dès 20h à la Traboule (5 montée du Change, 69005 Lyon). L'occasion de rappeler l'historique d'une fraternité exceptionnelle. Vente et dédicace de livres, musique traditionnelle, nourriture et boissons serbes.
Source : http://blog.despot.ch/post/soiree-damitie-franco-serbe-a-...
Pseudo-musique (suite).
Un autre coup de gueule du Saker - Sur l’Eurovison cette fois. Mais n’est-ce pas le même sujet ? Et en anglais, sorry, on n’a pas le temps de vous le traduire.
Russia gets a much deserved slap in the face (Saker rant)
“Did they expect us to treat them with any respect?”
Roger Waters, The Fletcher Memorial Home
I never had anything good to say about the Eurovision. I could tell you all the reasons why I hate the crap people nowadays think of as “pop music”. But since Paul Joseph Watson did a special video expressing pretty much the same feelings as I have, I will give him the floor :
Source : http://thesaker.is/russia-gets-a-much-deserved-slap-in-th...
Voir aussi :
Les vrais résultats de l’Eurovision 2016
Alexandre Karal – Cercle des Volontaires – 15 mai 2016
http://www.cercledesvolontaires.fr/2016/05/15/vrais-resul...
Dernière minute
Reçu au courrier d’aujourd’hui :
Sondage « caché » !
La publication des résultats de l'enquête publiée chaque année dans le Monde, menée par l'institut Opinionway et le Centre de Recherche Politique de Sciences Po, intitulé "Baromètre de la confiance politique".
C'est la 5e édition mais, pour la première fois cette année, le 13 janvier, la presse n'en a dévoilé que 41 pages sur 84.
Cela a mis la puce à l'oreille de Valeurs actuelles qui s'est demandé ce qu'on voulait nous cacher, et s'est procuré les résultats de l'enquête, qu'elle publie dans son n° 4026.
Les résultats sont stupéfiants.
En voici le résumé fidèle :
1. 75% des Français ne font plus confiance à l'État, ni à la république.
2. 88% rejettent catégoriquement les partis politiques.
3. 87% jugent que Hollande n'a pas l'étoffe d'un président, ça c'est moins étonnant.
4. 61% sont prêts à manifester, alors qu'ils n'étaient que 30% en 2010
5. 71% ne font pas confiance aux syndicats.
Mais :
1. 50% ne croient plus à la démocratie et souhaitent avoir à la tête du pays un homme fort (ou une femme) qui n'a pas à se préoccuper du parlement ni des élections.
Traduction en clair : un roi ou un dictateur, ou du moins un pouvoir personnel fort ?
2. 12% souhaitent même que l'armée dirige le pays !
C'est du jamais vu depuis 200 ans et ça montre la crise où ces gouvernements d'énarques coupés des réalités du pays, et d'hommes politiques profiteurs de droite ou de gauche ont plongé le pays.
Sans surprise :
1. 30% placent Sarkozy en tête,
2. 34% Marine Le Pen, tous les autres hommes politiques de tous bords sont très loin derrière.
3. 67% pensent qu'il y a trop d'immigrés en France,
4. 50% sont pour le rétablissement de la peine de mort (ils n'étaient que 35% en 2011).
Quelles que soient les réflexions que nous suggèrent ces résultats, on voit en tout cas à quel degré de crise profonde nous a mené la politique de ces dernières décennies.
Youpi !
Mis en ligne le 15 mai 2016.
23:47 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Web | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
Commentaires
Il faudrait aussi dans ce sondage répondre à la question combien parmi les 67% qui trouvent qu'il y a trop d'immigrés sont eux-mêmes d'origine immigrée. Car le refus de l'immigration comme phénomène de mise en concurrence des travailleurs entre eux n'est pas forcément une attitude raciste mais simplement un réflex de défense du travail contre le capital. Cela étant, il faudrait du coup aussi poser la question du désordre mondial dont le gouvernement de Paris-Berlin-Bruxelles est en partie responsable. Il y a des immigrés parce que l'impérialisme détruit les économies des pays affaiblis par lui-même. La réponse au mondialisme, ce n'est pas le nationalisme ethnocentrique, c'est l'inter-nationalisme, la coopération de peuples libres, d'économie en développement, la libre circulation des hommes et des idées en simultané avec le contrôle des flux migratoires. Car il ne faut pas confondre circulation et migration, ce que font systématiquement les pilleurs de peuples mondialistes. Les politiques migratoires doivent être décidées au niveau mondial par des accords de coopération entre pays souverains, dans l'intérêt mutuel et non pas décidées par à coup sous la pression de nouveaux propriétaires d'esclaves rebaptisés "entrepreneurs" alors qu'ils exploitent mais n'entreprennent plus rien en général.
Écrit par : drweski | 16/05/2016
Ce sondage n'est que le reflet parfait des sujets et de la façon dont ils sont traités par la presse grand-public asservie à l'oligarchie politico-économique. C'est d'ailleurs pour cela que le Monde les tait. Ces résultats ne sont donc pas surprenants. Par-contre ils doivent nous interpeller tant ils sont dramatiques. Quelles actions mener pour inverser la tendance? Comment entrer en résistance contre ce néo-fascisme?
Écrit par : Olivier MONTULET | 16/05/2016
Les commentaires sont fermés.