16/10/2011
Contre-désinformation deux azimuts
Contre-désinformation deux azimuts :
Blum - Stanechy
I.
POURQUOI VOUS OFFRIR LE RAPPORT ANTI-EMPIRE
DE WILLIAM BLUM DU 28 JUILLET AVEC PLUS DE
DEUX MOIS DE RETARD ?
● Parce que je n’ai pas pu le traduire plus vite.
● Parce que j’ai pris du retard dans toutes mes activités à cause d’une bande de chats.
● Parce que personne d’autre ne l’a fait (Le Grand Soir l’a sauté)
Mais aussi, mais surtout, parce que ce qu’écrit William Blum n’est pas à la merci de l’actualité et mérite, quel que soit le moment, attention et réflexion.
Les bombardements de la Libye, dont il dit qu’ils ont « dépassé les 78 jours de bombardements ininterrompus de la Yougoslavie », durent aujourd’hui depuis plus de six mois. Madame Juliette Boulet continue à déverser, sur les enfants Libyens qui restent, ses bombes écologiques (30.000 bombes, 60.000 morts – le temps de mettre ceci en ligne, ces chiffres seront obsolètes).
L’anniversaire de l’érection du mur de Berlin a bien été, comme prédit ici par William Blum, célébré à grand tintamarre et renfort de propagande, tandis que d’autres murs, autrement meurtriers, s’érigent un peu partout au gré de la férocité des puissants, mais c’est toujours celui-là et celui-là seul qui est « de la honte ».
Les États-Unis sont toujours en cessation virtuelle de paiement, mais n’en déclenchent pas moins une ruineuse guerre après l’autre aux frais de leurs contribuables (dont nous sommes).
Tous les états d’Europe sans exception continuent de se déshonorer en acceptant de jouer les massacreurs subalternes, faisant là où on leur dit de faire, comme des chiens bien dressés à qui on a appris quels caniveaux méritent leurs déjections et quels autres il convient de ne pas souiller.
Sont décrétés « dictateurs sanguinaires » les chefs des états que nous convoitons et qui se mêlent de nous résister (« nous » étant une façon courte de dire « nos maîtres »). D’ailleurs, ne nous résisteraient-ils pas que nous leur ferions la guerre quand même car il faut bien tester les armes nouvelles quelque part et sur la tête de quelqu’un, n’est-ce pas. Les dictateurs-pions-de-l’Occident-humanitaire, en revanche, peuvent impunément saigner à blanc leurs populations et même s’amuser à les torturer avec art et inventivité. Ce sont «nos amis », nos «alliés» de croisades droitsdelhommesques, et, entre complices, on se tient par la barbichette peut-être, mais sans trop tirer dessus. Ce jeu a des règles. Si, si.
Nos radios-télévisions nationales se déshonorent plus encore si c’était possible que nos gouvernements, la RTBF n’étant pas en reste, qui, outre ses méfaits usuels, vient de supprimer sous un prétexte cousu de cordes de navire Le Jeu des Dictionnaires et La Semaine Infernale, émissions radiophoniques familiales aimablement impertinentes, pour les remplacer par du sous-sous-sous-sous Ruquier(!)... Oh, ce n'est pas le Chili, ou alors un Chili soft. On n'a pas coupé les mains à Victor Jara (nous n'avons pas de Victor Jara). Mais quand même, une douzaine de Didier Porte et de Stéphane Guillon d'un seul coup, dont deux Flamands et une Suisse... De l'art d'éteindre les talents qui gênent.
Le calice jusqu’à la lie. Ne nous reste qu’à manger le verre. Bon appétit à tous.
*
Rapport Anti-Empire
William Blum
28 juillet 2011
Débat de rue sur la Libye
Le 9 juillet, j’ai participé à une manifestation devant la Maison Blanche, sur le thème «Arrêtez de bombarder la Libye ». La dernière fois que j’avais pris part à une manifestation de ce genre (contre les bombardements d’un pays étranger par les États-Unis, que la Maison Blanche vendait pour une « intervention humanitaire » comme elle le fait aujourd’hui), c’était en 1999, pendant les 78 jours de bombardement de la Serbie. À l’époque, j’étais allé à une ou deux de ces manifs et, les deux fois, je m’étais retrouvé à peu près le seul Américain. Les autres, peut-être deux douzaines de personnes, étaient presque tous des Serbes. L’intervention humanitauire est un grand argument de vente de l’impérialisme, surtout sur le marché américain. Les Américains ont désespérément besoin de retrouver leur croyance en la bonne foi des États-Unis, de se persuader que nous sommes toujours « les braves types».
Cette fois-ci, nous étions une centaine. Je ne sais pas s’il y avait des Libyens, mais il y avait en tout cas un élément nouveau : presque la moitié des manifestants étaient noirs. Et ils avaient des pancartes qui disaient « Arrêtez de bombarder l’Afrique ».
Autre élément nouveau : il y avait aussi des gens venus là pour soutenir le bombardement de la Libye. En face de nous, de l’autre côté de Pennsylvania Avenue, à une quarantaine de mètres, c’étaient en majorité des Libyens, habitant probablement dans le voisinage, qui n’avaient qu’éloges et amour pour les USA et l’OTAN. Leur thème était que Kadhafi était si mauvais qu’il valait mieux soutenir n’importe quoi pourvu qu'il s'en aille, même le bombardement quotidien de leur patrie, qui dépasse maintenant les 78 jours de la Serbie. J’ai bien sûr traversé la rue et me suis mis à discuter avec certains d’entre eux, leur disant : « je hais cet homme, là (et je montrais la Maison Blanche) autant que vous haïssez Kadhafi, mais croyez-vous que je devrais, pour m’en débarrasser, réclamer et soutenir le bombardement de Washington, la destruction des beaux monuments et des bâtiments de cette ville et la mise à mort des gens qui l’habitent ?
Aucun des Libyens n’a même essayé de me répondre. Ils se contentaient de ressasser leur vitriol anti-Kadhafi. « C’est une brute. » (Regardez la vidéo de CNN de la manifestation monstre de Tripoli, et vous verrez que leur opinion est loin d’être majoritaire dans leur pays d’origine !)
« Mais, » leur faisais-je remarquer, « au moins, chez vous, l’éducation et les soins médicaux sont garantis. C’est beaucoup plus que nous n’avons ici. Et la Libye a le standard de vie le plus élevé de toute la région, ou en tout cas elle l’avait avant les bombardements de l’OTAN et des États-Unis. Et si vous trouvez que Kadhafi est une brute, que dites-vous des autres dirigeants de la région, que Washington soutient depuis si longtemps ? »
Il y en a un qui m’a répondu que l’éducation était déjà gratuite sous le roi que Kadhafi a détrôné. Là-dessus j’étais plutôt sceptique, mais comme je n’étais pas absolument sûr que ce fût faux, je lui dis « Et alors ? Kadhafi ne l’a au moins pas supprimée, cette gratuité, comme l’ont fait chez eux, il y a quelques années, les dirigeants anglais. »
Un officier de police s’est alors matérialisé et m’a forcé à retourner de mon côté de l’avenue. Je suis sûr que si on avait pu le presser de questions, l’officier se serait justifié en disant qu’il avait fait cela pour empêcher un incident violent d’éclater. Sauf qu’il n’y a jamais eu aucun danger de cette sorte et que c’était juste un exemple ordinaire de la mentalité d’état policier américain : l’ordre et le contrôle passent avant les libertés civiles, avant n’importe quoi.
La plupart des Américains, s’ils avaient entendu ma discussion avec les Libyens, auraient probablement émis quelque remarque du genre « Oui mais, si grande que soit votre haine pour le Président, vous avez la possibilité de vous débarrasser de lui par une élection. Les Libyens ne peuvent pas en faire autant. » Et moi, je leur aurais répondu « C’est vrai, j’ai le droit de remplacer George Bush par Barak Obama. Quelle joie ! Aussi longtemps que nos élections seront presque exclusivement déterminées par l’argent, rien de significatif ne changera. »
Post Scriptum : Au milieu de toute la tristesse et de l’horreur qui entourent le massacre de Norvège, il ne faudrauit pas perdre de vue le fait que « la paisible petite Norvège » a participé au bombardement de la Yougoslavie en 1999, qu’elle a déployé des troupes en Irak, qu’elle a des troupes en Afghanistan et qu’elle a fourni des avions de guerre pour les bombardements de l’OTAN en Libye. Les enfants et les adolescents qui ont perdu la vie sous la machine à tuer de l’US/OTAN voulaient vivre jusqu’à l’âge adulte et même jusqu’à la vieillesse autant que ceux de Norvège, et nous, dans le monde, nous devons nous demander si le comportement du gouvernement norvégien, autant que celui des États-Unis et de l’OTAN, n’est pas un comportement « extrémiste ».
Les bébés de l’uranium appauvri (Irak)
*
Le mur de Berlin – Encore un mythe de la Guerre Froide
Les médias occidentaux vont bientôt emballer les moteurs de leur machine à propagande [C’est chose faite, notre retard nous a permis de le vérifier. NdCL] pour solenniser le 50e anniversaire de l’érection du mur de Berlin le 13 août 1961. Tous les clichés de la guerre froide sur le «Monde Libre» par opposition à la «Tyrannie Communiste» vont être redéployés et la fable « comment on en est arrivés au Mur » va nous être resservie en boucle ad nauseam : En 1961, les communistes de Berlin-Est ont construit un mur pour empêcher leurs citoyens opprimés de s’échapper vers Berlin-Ouest et la liberté. Pourquoi ? Mais parce que les cocos n’aiment pas que les gens soient libres et sachent «la vérité», voyons ! Quelle autre raison pourrait-il y avoir eue ?
Bon, eh bien, pour commencer, avant que le mur soit construit, des milliers d’Allemands de l’Est faisaient chaque jour la navette entre chez eux et l’Ouest pour aller travailler, et ils rentraient à l’Est le soir. Beaucoup d’autres allaient et venaient d’un Berlin à l’autre pour faire des courses ou pour d’autres raisons. Ils n’étaient donc pas retenus à l’Est contre leur volonté. Pourquoi, alors, le mur fut-il construit ? Pour deux raisons majeures :
1°) L’Ouest était en train de miner l’Est par une vigoureuse campagne de recrutement à l’Est d’ouvriers qualifiés et de professionnels de haut niveau, qui avaient été éduqués et formés aux frais du gouvernement communiste. Ce débauchage massif finit par provoquer une sérieuse crise de main d’oeuvre et de production à l’Est. Pour preuve, on peut citer le New York Times, qui écrivait en 1963 : « Berlin-Ouest a économiquement souffert du mur en perdant quelques 60.000 ouvriers qualifiés qui, auparavant, faisaient quotidiennement la navette entre leur résidence à Berlin-Est et leur lieu de travail à Berlin-Ouest. » (1)
En 1999, USA Today rapportait : « Quand le mur de Berlin s’est écroulé (1989), les Allemands de l’Est ont imaginé une vie de liberté où les biens de consommation étaient abondants et où les difficultés économiques n’existaient pas. Dix ans plus tard, pas moins de 51% d’entre eux disaient qu’ils étaient plus heureux sous le communisme. » (2) Des sondages réalisés plus tôt auraient vraisemblablement donné un résultat supérieur à 51% pour exprimer ce sentiment, parce que, au cours de ces dix ans, beaucoup de ceux qui auraient pu se rappeler les temps communistes en Allemagne de l’Est avec nostalgie étaient morts, quoique, dix ans plus tard encore, soit en 2009, le Washington Post rapportait : «Les Allemands de l’Ouest commencent à en avoir marre de la tendance de leurs concitoyens de l’Est à patauger dans la nostalgie à propos de l’époque communiste. » (3)
C’est dans la période post-réunification qu’un nouveau proverbe populaire russe et est-allemand a fait son apparition : « Tout ce que les communistes disaient du communisme était faux, mais tout ce qu’ils disaient du capitalisme s’est avéré juste.» On notera aussi que la décision de 1949 de diviser l’Allemagne en deux états distincts, qui plantait le décor pour 40 ans de guerre froide, fut une décision américaine, pas soviétique. (4)
2°) Pendant les années 50, les « guerriers froids » américains d’Allemagne de l’Ouest on mis sur pied une brutale campagne de sabotage et de subversion contre l’Allemagne de l’Est, destinée à mettre hors d’état la machine économique et administrative du pays. La CIA et d’autres services d’espionnage et militaires US ont recruté, équipé, entraîné et financé des individus et des groupes d’activistes allemands de l’Ouest et de l’Est, pour perpétrer des actes couvrant le spectre entier des malfaisances, de la délinquance juvénile au terrorisme, n’importe quoi qui fût capable de rendre la vie difficile aux Allemands de l’Est et de diminuer leur soutien au gouvernement, n’importe quoi qui pût faire faire mauvaise figure aux cocos.
Ce fut une entreprise remarquable. Les États-Unis et leurs agents y ont utilisé les explosifs, les incendies criminels, les courts-circuits provoqués et toutes sortes d’autres méthodes pour endommager les centrales électriques, les chantiers navals, les canaux, les docks, les bâtiments publics, les stations-service, les transports publics, les ponts, etc. Ils ont fait dérailler des trains de marchandises, blessé très sérieusement des cheminots, incendié douze wagons d'un train de fret et détruit les tuyaux à air comprimé de tas d'autres pour les immobiliser, mis le feu à une fabrique de tuiles, poussé au ralentissement du travail dans les entreprises où ils le pouvaient, empoisonné 7.000 vaches d’une coopérative laitière, ajouté du savon dans le lait en poudre destiné aux écoles d’Allemagne de l’Est ; certains étaient en possession, lorsqu’ils furent arrêtés, de cantharide, au moyen de laquelle ils comptaient fabriquer des cigarettes empoisonnées, destinées à tuer des dirigeants de l’Allemagne de l’Est ; ils ont déclenché des bombes puantes pour interrompre des meetings politiques, tenté de perturber la Fête de la Jeunesse du Monde, qui s’est tenue à Berlin-Est, en envoyant de fausses invitations, de fausses promesses de logement et de repas gratuits, de fausses annulations de réservations, etc. ; ils ont attaqué des participants à l’explosif, aux bombes incendiaires et crevé des pneus à foison, fabriqué et distribué des quantités de fausses cartes de rationnement, pour semer la confusion, la pénurie et le mécontentement ; ils ont envoyé de faux avertissements-extraits de rôle et toutes sortes d’autres documents et directives gouvernementales pour provoquer la désorganisation et l’inefficacité dans les industries et les syndicats... tout cela et bien plus encore. (5)
Le Centre National Woodrow Wilson pour Intellectuels de Washington D.C., nid de conservateurs pro-guerre froide, dans un de ses documents de travail, Projet historique international pour la guerre froide (# 58, p.9) écrit : « La frontière de Berlin ouverte exposait le République Populaire d’Allemagne (de l’Est) à un espionnage et à une subversion massifs, comme le montrent les deux documents en annexe ; sa fermeture a donné à l’Est communiste une plus grande sécurité. »
Tout au long des années 50, l’Allemagne de l’Est et l’Union Soviétique n’ont cessé de déposer des plaintes auprès des ex-alliés occidentaux de l’URSS et auprès des Nations Unies, à propos d’actes de sabotage précis et d’activités d’espionnage, et elles ont demandé la fermeture des bureaux situés en Allemagne de l’Ouest qu’elles en estimaient responsables et dont elles fournissaient les noms et les adresses. Toutes leurs demandes et réclamations sont tombées dans des oreilles de sourds. Il était inévitable que l’Allermagne de l’Est commence à restreindre l’accès à son territoire à ce qui venait de l’Ouest et, finalement, à construire le fameux mur, dit « de la honte ». Pourtant, même après la construction du mur, il y eut une régulière quoique limitée émigration de l’Est vers l’Ouest. En 1984, par exemple, l’Allemagne de l’Est a autorisé le départ de 40.000 personnes. En 1985, les journaux d’Allemagne de l’Est ont fait état de 20.000 personnes qui s’étaient établies à l’Ouest et qui désiraient rentrer chez elles, revenues de leurs illusions sur le système capitaliste. Le gouvernement d’Allemagne de l’Est pour sa part, disait que 14.300 Allemands de l’Est étaient rentrés chez eux au cours des dix années précédentes.(6)
N’oublions pas non plus que l’Allemagne de l’Est est devenue communiste parce que Hitler, avec la bénédiction de l’Occident, l’avait utilisée comme un boulevard pour atteindre l’Union Soviétique et y éradiquer le bolchevisme pour toujours, et que les Soviétiques, dans les deux guerres mondiales, ont perdu 40 millions de personnes du fait que l’Occident se soit servi de ce boulevard pour envahir la Russie. Il ne devrait surprendre personne qu’après la Deuxième Guerre Mondiale, l’Union Soviétique ait été déterminée à fermer le boulevard.
Petit commentaire en images de ce blog :
Il y a murs et murs...
*
Veni, vidi...
Nous sommes venus, nous avons vu,
nous avons détruit, nous avons oublié.
Résumé mis à jour du charmant bilan de la politique étrangère américaine.
Depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, les États-Unis d’Amérique ont :
1. Tenté de renverser plus de 50 gouvernements, dont la plupart avaient été démocratiquement élus.
2. Tenté de supprimer un mouvement populaire ou nationaliste dans 20 pays.
3. Grossièrement interféré dans des élections démocratiques d’au moins 30 pays.
4. Bombardé les populations de plus de 30 pays
5. Tenté d'assassiner plus de 50 dirigeants étrangers.
Au total : depuis 1945, les États-Unis ont effectué une ou plusieurs des actions ci-dessus, à une ou plusieurs reprises, dans les 69 pays suivants (soit plus d'un tiers des pays de la planète) :
- - Afghanistan
- - Albanie
- - Algérie
- - Angola
- - Australie
- - Bolivie
- - Bosnie
- - Brésil
- - Guyane Britannique (Guyana)
- - Bulgarie
- - Cambodge
- - Tchad
- - Chili
- - Chine
- - Colombie
- - Congo ( et Zaïre)
- - Costa Rica
- - Cuba
- - République dominicaine
- - Timor oriental
- - Équateur
- - Égypte
- - Salvador
- - Fidji
- - France
- - Allemagne (Allemagne de l'est en sus)
- - Ghana
- - Grèce
- - Grenade
- - Guatemala
- - Honduras
- - Inde
- - Indonésie
- - Iran
- - Irak
- - Italie
- - Jamaïque
- - Japon
- - Koweït
- - Laos
- - Liban
- - Libye
- - Mongolie
- - Maroc
- - Népal
- - Nicaragua
- - Corée du Nord
- - Pakistan
- - Palestine
- - Panama
- - Pérou
- - Philippines
- - Portugal
- - Russie
- - Seychelles
- - Slovaquie
- - Somalie
- - Afrique du Sud
- - Union soviétique
- - Soudan
- - Surinam
- - Syrie
- - Thaïlande
- - Uruguay
- - Venezuela
- - Vietnam (plus Nord-Vietnam)
- - Yémen (Yémen du Sud en sus)
- - Yougoslavie
Il y manque bien entendu la Belgique (voir Hugo Ghijsels, L'Enquête - 20 années de déstabilisation de la Belgique, Bruxelles, La Longue-Vue, 1990) et, depuis deux jours, l'Ouganda.
William Blum humoriste :
Question - Pourquoi n'y a-t-il jamais de coup d'état à Washington ?
Réponse - Parce qu'il ne s'y trouve pas d'ambassade américaine
*
Carte mondiale des interventions armées US depuis la IIe Guerre Mondiale
*
Le monde occulte de l’économie
Quand vous lisez les nouvelles relatives aux problèmes économiques dans la presse, comme celles qui concernent la crise grecque ou le foutoir des prêts hypothécaires de Wall Street, vous sentez-vous quelquefois complètement largués par l’apparente complexité de ces choses que personne ne semble capable de débrouiller et d’expliquer à votre entière satisfaction en anglais (ou français) de tous les jours ? Eh bien, je ne puis certainement pas tout vous expliquer, mais je sais que le problème n’est pas nécessairement que vous et moi soyons des analphabètes économiques. Le problème est souvent que les « experts » discutent de ces choses comme s’il y était question de règles et de lois inviolables, scientifiquement fondées, mathématiquement établies et rationnelles, alors qu’en fait une grande partie de ce qui se passe dans le monde réel de l’économie et dans l’arène des analyses d’«experts» de ce monde est, de manière significative, fondé sur des politiques partisanes, sur de l’idéologie, sur des gros titres de journaux, sur de la spéculation, de la manipulation, de la psychologie (voyez la complète absurdité des montées et des dégringolades quotidiennes du prix des actions !), des deals d’arrière-boutique passés entre puissants, pour ne rien dire du pouvoir excessif et de l’excessive confiance accordés à des agences de notation totalement corrompues et à des assureurs de toutes les variétés. Les agences comme Moody’s et Standard & Poor sont des rackets de protection (payez-nous des honoraires exorbitants ou nous vous collons une mauvaise note !) devant lesquelles les investisseurs et les gouvernements s’inclinent humblement, comme si leurs oukases résultaient d’analyses objectives impressionnantes.
Ensuite, il y a les exceptions faites pour que des pays puissants puissent se tirer d’affaire dans des situations où des pays moins puissants, comme la Grèce par exemple, ne sont pas autorisés à le faire, le tout étant présenté comme le résultat des lois sans appel de l’économie.
Et quand toutes les autres explications cessent par trop de paraître plausibles, les «experts» se rabattent sur « la loi de l’offre et de la demande ». Mais cette loi a été abolie depuis bien longtemps ! Essayez seulement d’expliquer le prix de l’essence en fonction de cette loi.
Il y a donc beaucoup de choses à étouffer, beaucoup de raisons pour lesquelles les joueurs du monde de la finance ne peuvent pas se montrer aussi transparents qu’ils devraient l’être, ni aussi francs que le public et les investisseurs peuvent s’imaginer qu’ils sont.
Prenez par exemple le déficit du budget U.S. à propos duquel nous entendons tant de propos alarmistes. Ce qu’on n’entend jamais dire, c’est que la période la plus prospère de l’histoire de l’Amérique a été celle des décennies qui ont suivi la Deuxième Guerre Mondiale – de 1946 à 1973. Et vous savez quoi ? Notre budget a été déficitaire pendant la plupart de ces années. À l’évidence, un tel déficit n’était pas un handicap suffisant à la croissance et à la prospérité grandissante des États-Unis, une prospérité, soit dit en passant, beaucoup plus partagée qu’elle ne l’est aujourd’hui. Mais on continue à nous bassiner avec le sacro-saint équilibre budgétaire. Cette « crise » et beaucoup d’autres sont typiquement surgonflées pour des raisons politiques. La « crise » actuelle du plafond de la dette en est un exemple. Paul Craig Roberts, qui fut Assistant Secrétaire au Trésor sous Reagan et qui est maintenant chroniqueur indépendant, se dit sûr que les États-Unis ne vont pas mettre la clé sous la porte, que le plafond de la dette soit relevé ou pas. Si Goldman Sachs est « trop gros pour faire faillite », sûrement le gouvernement des États-Unis l’est aussi.*
Dans les problèmes économiques dont les médias font leurs choux gras, tels que le plafond de la dette par exemple, une des clés occultées qui permettent de comprendre ce qui se passe est souvent la volonté cannibale des conservateurs de privatiser la sécurité sociale et les soins médicaux. Si vous comprenez cela, certaines choses deviennent beaucoup plus claires. Naomi Klein rappelle que « le pseudo-débat sur le plafond de la dette, c’est de la guerre des classes à l’état brut, faite par les super-riches à tous les autres, et il est plus que temps que les Américains sifflent la fin de la partie. »
Considérez aussi, par exemple, la valeur relative des monnaies internationales. Logiquement, raisonnablement, si la livre britannique est échangeable contre deux dollars, on devrait pouvoir acheter à Washington, pour 2 $, des marchandises et des services qui coûteraient 1 £ à Londres. Mais ceci, bien sûr, est, dans la vie réelle, une très infréquente exception à la règle. Car, au lieu de cela, dans des endroits appelés « exchanges » (bourses), à New York, à Chicago, à Londres, à Zürich, à Francfort, vous avez un paquet de types, incapables de faire quoi que ce soit de socialement utile, qui se mettent ensemble dans un grand local et qui, dans un méli-mélo cacophonique de voix stridentes, d’ordinateurs et d’une infinité de bouts de papier, décident de la valeur d’une livre, d’un baril de pétrole, d’un kilo de poitrine de porc ou de tas d’autres matières premières affectant notre vie de tous les jours. En vertu de quoi ces spéculateurs et ces parasites exercent-ils tant d’influence sur le monde réel, sur l’économie réelle, sur nos vies réelles ?
À vue de nez, camarades, en guise de solution universelle à nos maux économiques, rappelez-vous ceci : Nous continuerons à nous traîner de crise en crise dans un cycle sans fin, aussi longtemps que les grandes institutions financières n’auront pas été nationalisées ou placées, d’une ou d’autre façon, sous contrôle démocratique. Nous entendons beaucoup parler d’«austérité». Eh bien, il est temps que l’austérité rende visite aux super-riches. Il y a des millions (sic) de millionnaires et de milliardaires aux États-Unis et en Europe. Alors que les gouvernements font faillite, les milliards de dollars de ces gens doivent être lourdement taxés ou confisqués pour mettre un terme à la souffrance sans fin des 95% d’autres, du reste de l’humanité. Mondieu, est-ce que je ne suis pas en train de tenir un discours (aarrgh) socialiste ?
____________
Notes
1. New York Times, 27 juin 1963, p. 12.
2. USA Today, 11 octobre 1999, p. 1.
3. Washington Post, 12 mai 2009 ; voir histoire similaire le 5 novembre 2009.
4. Carolyn Eisenberg, Drawing the Line : The American Decision to divide Germany 1944-1949 (1996) ; ou voir un compte-rendu de ce livre par Kai Bird dans The Nation, 16 décembre 1996.
5. Voir William Blum, Killing Hope : US Military and CIA Interventions Since World War II, p. 400, note 8, pour la liste des sources sur les détails des sabotages et de la subversion. (en français : Les guerres scélérates)
6. The Guardian, Londres, 7 mars 1985.
7. http://killinghope.org/essays6/othrow.htm
8. http://killinghope.org/bblum6/suppress.html
9. Voir le chapitre 18 de Rogue State : A Guide to the World’s Only Superpower (en français : L’État voyou) – ajoutez la Palestine en 2006 à la liste.
10. http://killinghope.org/superogue/bomb.htm
11. http://killinghope.org/bblum6/assass.htm
* Cher William Blum, c’est peut-être ce qu’a dû penser Louis XVI à la veille des États-Généraux... Là aussi, il y avait assez d’argent pour sauver l’État. Mais là aussi, il était dans les mains qu’il ne fallait pas si on voulait le sauver tel qu’il était. Sans doute les États-Unis sont-ils « trop gros pour faire faillite », mais pas pour changer de mains... ni de régime... Une dictature militaire par exemple ? (NdCL)
traduit par Catherine L.
pour http://lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.skynetblogs.be
Source : http://killinghope.org/bblum6/aer96.html
*
II.
samedi 15 octobre 2011
Russie : Rififi chez les “Dissidents” …
Georges STANECHY
Je dédie ce billet au journaliste irakien Mountadir Al-Zaydi
D’incrédulité, ils en auraient laissé choir leurs fétiches.
Hercule Poirot, son lorgnon à cordelette… Colombo, son mégot de cigare… Nestor Burma, son chapeau cabossé… Maigret, tout comme Sherlock Holmes, sa pipe éteinte…
Ces maîtres de la logique, de l’esprit critique, aux patientes et méticuleuses déductions, n’auraient pu croire une seule seconde à la mise en scène macabre, emballée dans un scénario, histoire, roman, conte de sorcières, constructions charpentées de clichés. ”Narrative”, disent les anglophones.
Le tout repris en chœur, cadencé par le marteau-pilon de la propagande et de ses vecteurs : journaux, TV, communiqués de presse sortant d’innombrables horizons et tiroirs. Au même moment, dans tous les pays occidentaux. Colossale campagne médiatique aux océaniques moyens…
Le corps de la victime, une femme de 48 ans, criblé de balles dans un ascenseur. En évidence. Un 7 octobre 2006, à Moscou : Anna Politkovskaïa.
Son exécution, s’agissant d’une “journaliste”, serait « liée à ses activités professionnelles », ont été les premières déclarations de son entourage. Evidemment, ce n’est pas pour son talent dans l’élaboration de la tarte aux pommes.… Litote, pour ne pas prononcer les mots : « crime politique ».
Concrètement : signature, histrionisme, d’un acte destiné moins à supprimer la personne qu’à intimider ou à faire du bruit. Sinon, c’est l’enlèvement discret avec, chaussé de béton, un plongeon dans un fleuve ou dans les vagues du haut d’une falaise. Quand ce n’est pas dans un bain d’acide. Pas de trace.
Assassinat, apparemment, commis par des professionnels.
Mais, bizarre…
Le Petit Poucet
Le Petit Poucet n’aurait pu mieux s’appliquer, semant les indices gros comme des camions…
S’assurer de la disparition de l’arme du crime est la priorité d’un assassin, même le plus amateur. Là, non. Probablement, délicate attention à l’égard des enquêteurs, elle était disposée à côté du corps : un pistolet Makarov 9 mm. Jusqu’aux douilles des balles éjectées après le tir, soigneusement laissées sur place : quatre douilles.
Provocation, peut-être… Laisser entendre que tout indice ne peut mener qu’à une impasse. Annoncer l’impossibilité de dénouer le faux-vrai du vrai-faux, de compléter le puzzle d’une enquête : cloisonnements étanches, impunités, complicités…
Fausses pistes, sûrement.
La théâtralisation, le mode opératoire, du crime rappellent celui dont fut victime, le courageux et magnifique militant des droits de l’homme et de l’autodétermination des peuples, Henri Curiel.
Abattu dans l’ascenseur de son immeuble, à Paris le 4 mai 1978. Egyptien juif de naissance, il s’était illustré dans la lutte contre l’autocratie du roi Farouk marionnette des britanniques en Egypte, le soutien à l’indépendance de l’Algérie, le combat anti-apartheid en Afrique du sud, et par sa solidarité indéfectible avec ce qu’on appelait alors les pays du Tiers-Monde dans leurs combats pour la liberté.
Ses assassins n’ont jamais été retrouvés, pas plus que l’arme et les douilles des balles du meurtre. Sa mort n’avait mobilisé aucun des médias de l’époque. Aucun gouvernement, aucun pays, aucune organisation internationale, aucune ONG… Personne ne s’autorisant à “sommer” la France de trouver les coupables, sauver la liberté d’expression, la démocratie, les droits de l’homme et tutti quanti. Il est vrai qu’il représentait le ’diable’ pour les gouvernements occidentaux, français tout particulièrement. (1)
Les enquêteurs, expérimentés dans les “crimes politiques”, affirment que trop d’évidences tuent « l’évidence ». Ne pas confondre l’hamburger de l’affiche sur l’abribus avec sa réalité servie dans l’emballage en carton recyclé… C’est toute la différence avec nos journalistes actuels, même dits « d’investigation ». Dans un coup tordu, multiplier les fausses pistes c’est renforcer une manipulation.
Deux mois jour pour jour après sa mort, le 7 décembre 2006, l’Institut International de la Presse (IPI) déclarait Anna Politkovskaïa : « 51e Héros de la liberté de la presse mondiale». Bel et nécessaire hommage. Assurément, condamner « l’assassinat politique » est une noble cause. Toutefois, de là à transfigurer la victime en icône de La Liberté demande un minimum de précaution. A-t-elle été effectivement assassinée pour ses articles, livres, investigations, déclarations ? Ou, pour un tout autre motif ?
Car, bizarre le profil de la victime… Tout autant que son cursus et son “milieu” professionnels.
« Dissidente russe », est-il répété à l’infini... Anna Politkovskaïa, son nom ne le laisse pas supposer de prime abord, était de nationalité américaine, née à New York, de parents diplomates membres de la délégation de l’Ukraine à l’ONU. Personne ne le dit, ni ne l’écrit. Pourquoi ? Peur d’être traité de « rouge-brun » par les coupe-jarrets à la solde de l’Empire, chargé du terrorisme intellectuel ?...
Munie d’un diplôme d’une école de journalisme de Moscou, elle travaillait depuis 1999 pour le média russe : Novaïa Gazeta (La Nouvelle Gazette). Un trihebdomadaire avec son site, en russe et en anglais, dont le capital est détenu à 49 % par l’ancien président soviétique Mikhaïl Gorbatchev et le milliardaire russe, ancien député de la Douma, Alexandre Lebedev. Les 51 % restants ? Mystère.
Les deux mêmes compères ont fondé, en septembre 2008, un parti microscopique à l’échelle de la Russie, copié-collé du fanatisme idéologique des milliardaires néoconservateurs US, joyeusement pro-atlantiste et bruyamment ultralibéral (“tout privatiser”, sous-entendu brader aux groupes étrangers, & bla-bla…) : le «Parti démocratique indépendant de Russie».
En conséquence, férocement opposé à la politique du gouvernement actuel refusant un «monde unipolaire», soucieuse du respect de l’indépendance et de la souveraineté du pays, spécialement quant à la préservation de ses richesses naturelles convoitées par les prédateurs internationaux. La Nouvelle Gazette (Novaïa Gazeta) servant de caisse de résonance, de relais de propagande, aux thèses de la paradisiaque “Globalisation Impériale”, dont la planète subit les ravages au quotidien. Expliquant pourquoi, malgré un actionnariat différent, entre Fox News (groupe Murdoch) et Novaïa Gazeta ce soit du pareil au même…
Alexandre Lebedev, rappelons-le car les journalistes oublient toujours de le mentionner, est un richissime oligarque qui a édifié sa colossale fortune en peu de temps sous la présidence de Gorbatchev et d’Eltsine. À l’époque où la Russie partait en lambeaux, déchiquetée par les mafieux, politiciens corrompus et voyous de la finance, en cheville avec les multinationales. Avant que Poutine n’y mette un coup d’arrêt et ne redresse la situation.
Sa fortune (banques, compagnie aérienne [30 % d’Aeroflot], construction aéronautique [Ilyushin], gaz et pétrole, textile, tourisme, télécommunications, immobilier, transport urbain, chimie, médias, etc.) difficilement évaluable en milliards de dollars, le classe parmi les hommes les plus riches de Russie et d’Europe. Rien qu’en Grande-Bretagne, il contrôle quatre médias : Evening Standard, The Independent, The Independent on Sunday et i-newspaper… (2)
Ce personnage soutenu par nos nomenklaturas, qui prétend porter le projet d’une Russie “démocratique”, jouant au ’Dissident en chef’ dans son pays, a été la vedette du Web le mois dernier (septembre 2011). Pour avoir violemment frappé publiquement, à coups de poing en plein visage, son interlocuteur sur un plateau de TV, oligarque comme lui, Sergei Polonsky. A “titre préventif”, a-t-il dit, pour ne pas être frappé par lui. La video a été vue des milliers de fois. La regarder donne un aperçu de ce qui attend la Russie si pareils énergumènes arrivaient au pouvoir… (3)
Anna Politkovskaïa était donc très liée aux réseaux de l’extrême-droite US, avec leurs “collabos” russes intégrés aux lobbies de l’armement et de l’énergie occidentaux. Implacablement russophobes, menaçants et hyperviolents, dès lors que le pays ou son gouvernement n’acceptent pas d’être inféodés à leurs intérêts et diktats.
Quel était, en ce cas, l’objectif de l’assassinat de cette “journaliste-dissidente” en plein cœur de Moscou ? Quels en étaient les exécutants, organisateurs, commanditaires ? A qui profite le crime ?
Après une difficile enquête aux multiples rebondissements, au terme de 5 ans de travail pour enfin y arriver, la solution émerge progressivement : en septembre-octobre 2011. Confirmant ce que tous les “observateurs ”, avertis ou impartiaux, savaient dès l’origine de l’affaire. Une réalité, évidemment, aux antipodes de ce que les médias de la désinformation dans nos pays n’avaient cessé de claironner, et qu’ils taisent hermétiquement à présent…
Poutine, Président de la Fédération de Russie au moment des faits, n’avait-il pas averti :
« La solution se trouve à Londres » ?...
Le Grand Méchant Loup
Comme par hasard, le meurtre d’Anna Politkovskaïa a eu lieu le jour de l’anniversaire de Poutine, né un 7 octobre 1952… Autre coïncidence : la veille de la visite officielle de Poutine en Allemagne…
Soulignant ainsi la perversité du personnage, par sa provocation dans la violence. Puisque ce fut, aussitôt, une des plus formidables campagnes médiatiques internationales destinées à diaboliser un Homme d’État détesté de nos oligarchies, et déstabiliser au passage la Russie. Poutine ne pouvait être que le commanditaire du forfait. Les exécutants ? Les tueurs de ses horribles services secrets…
Parmi les centaines de déclarations, retenons celle du porte-parole du ministère des affaires étrangères des USA, le jour même de l’évènement, Sean McCormack. Un concentré de l’hypocrisie et du cynisme manipulateurs des politiciens, dans chacun des termes employés :
« Les États-Unis sont choqués et profondément attristés par la nouvelle du meurtre brutal de la journaliste russe indépendante […] Les États-Unis demandent de toute urgence au gouvernement russe de mener une enquête immédiate et exhaustive afin de retrouver, poursuivre et juger tous les responsables de ce meurtre haineux. »
Le lendemain, au diapason des USA le temps de prendre les consignes, dans un document officiel, le Commissaire européen aux droits de l’homme Thomas Hammarberg, « triste et en colère », embouche le trombone de La Bonne Conscience de la caste technocratique de l’UE :
« Ce meurtre est le signal d’une crise majeure concernant la liberté d’expression et la sécurité des journalistes en Russie. »
Evidemment, les vertueuses ONG ont immédiatement embrayé. Sortant les violons de l’émotion et la sébile à subventions. Parmi les ténors de l’esbroufe qui ne se sont jamais préoccupés des journalistes et militants de la liberté torturés, assassinés, par des escadrons de la mort en Palestine, Gaza, Irak, Afghanistan, Amérique latine, Thaïlande, Philippines et ailleurs, dès lors qu’ils dénonçaient les exactions de l’Empire :
=> Amnesty International, de rage hurlant sa :
« … colère après le meurtre à Moscou d’Anna Politkovskaïa, visée en raison de son travail de journaliste. »
=> La Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), flagellant le gouvernement Russe :
« Les autorités russes, doivent se conformer aux instruments internationaux et régionaux relatifs aux droits de l’Homme, afin de garantir en toutes circonstances les libertés d’expression et de la presse. »
=> Reporters Sans Frontières (RSF), l’illustrissime ONG accablée de chagrin (4) :
« Nous sommes abasourdis par cette nouvelle tragique… Les meurtres de nos confrères […] doivent faire réaliser à la communauté internationale à quel point il est urgent d’agir pour assurer la protection des reporters. »
Anna Politkovskaïa, cataloguée « dissidente russe » par le marketing informationnel occidental, avait été érigée en “star” des droits de l’homme et de la liberté d’expression. Ses articles et livres récoltant une foison de distinctions, récompenses et prix. Attribués, évidemment, par les sponsors et animateurs du même circuit. (5)
Précisons le contexte : dans la boîte à outils de notre appareil de propagande, le label «dissident» est décerné non pas à « l’opposant » au régime ou gouvernement d’un Etat souverain étranger, mais à un « adepte inconditionnel » de l’idéologie et de la politique de l’Occident. Nuance notable…
Dans le cas contraire un « opposant », non seulement à son gouvernement mais “aussi” aux desseins d’asservissement de l’Empire sur son propre pays, est considéré comme un «conservateur», un « radical », dans le meilleur des cas. Dépasser la réticence, persévérer dans la résistance, est immédiatement se désigner dans une subtile gradation comme «rebelle», « insurgé ». Pire encore : « terroriste », réel ou supposé, peu importe, s’il s’agit d’une opposition au gouvernement inféodé à l’Empire.
On a même vu en Occident, mais on veille soigneusement à l’occulter, des « dissidents » autrefois fêtés, encensés, couverts de faveurs, gratifications et dollars, tomber en disgrâce dès qu’ils ont émis le moindre regard critique sur la réalité qu’ils avaient découverte dans ce qu’ils avaient cru être le “paradis de la liberté et de la justice”. Se fermant brutalement l’accès aux plateaux TV, radio, interviews complaisantes, avances d’éditeur et autres émoluments ou supports financiers, etc.
Ce fut le cas du « dissident cubain » Reinaldo Arenas, mort dans la misère et le manque de soins à New-York. Ou encore, du célèbre « dissident russe » Soljenitsyne, finalement dégoûté du matérialisme, de la violence et du cynisme de la société américaine, préférant quitter les USA pour retourner dans sa Russie natale…
Paradoxalement, en Russie, la notoriété d’Anna Politkovskaïa était “insignifiante”. Ce que n’a pas manqué de faire ressortir son gouvernement. Ne représentant aucun enjeu, encore moins pour Poutine au sommet de sa popularité. (6)
Sergueï Iastrjembski, délégué du Président Russe pour les relations avec l’UE, avait émis une remarque fondamentale que nos médias n’ont jamais pris la peine de diffuser et d’analyser, alors qu’elle donne la clé du contexte géopolitique de cet assassinat :
« Un nombre manifestement excessif de coïncidences, de morts retentissantes de personnes qui, de leur vivant, se sont positionnées en opposants au pouvoir russe en place, avec les manifestations internationales auxquelles participe le président de la Fédération de Russie est pour le moins inquiétant […]
On a l’impression d’être en présence d’une campagne bien orchestrée ou même de tout un plan de dénigrement continu de la Russie et de sa direction. » (7)
Oui, bizarre…
Sentiment diffus, prenant plus de consistance à la lecture des ouvrages de la victime. Car, j’ai lu les livres d’Anna Politkovskaïa et conseille de le faire pour se rendre à l’évidence, mesurer l’écart entre une image projetée, fabriquée, et la réalité…
Débats d’idées, investigations et recherches dans l’esprit critique et la suggestion constructive ? Analyses approfondies des dimensions et contraintes sociales, économiques, géographiques (37 fois la France en superficie…) ? Mises en perspective dans leur évolution historique et humaine (colossal changement institutionnel avec la chute du soviétisme...) ? Études de leur interaction avec celles des autres puissances, nations et peuples, voisins, concurrents, amicaux ou hostiles, pour ce siècle et le prochain ? Universalisme des droits de l’homme à la Henri Curiel, combattant tous azimuts les violations de la Dignité Humaine, quels que soient pays et continents ?
Non.
Ce ne sont que pamphlets, diatribes, déversant en cascade : clichés, approximations, rapprochements, raccourcis, amalgames, platitudes diffamatoires. Rhétorique de la propagande russophobe la plus primaire, dépeignant une Russie apocalyptique dirigée par un autocrate sanguinaire, diabolique, auquel un Staline n’arriverait pas à la cheville.
Une Russie fantasmée, dans l’incantation, prenant ses désirs pour la réalité. Le wishful thinking des Think Tanks de l’extrême-droite US, rêvant de la vassalisation de la Russie. Surtout, de la prédation de ses ressources et richesses naturelles. Avec une focalisation obsessionnelle, une diabolisation hystérique, une violence verbale haletante à l’encontre de la personne de Poutine. (8)
En France, c’est la bouillie que nous servent à grandes louches les « experts » de la Russie. À la Thierry Wolton, dont on peut citer un des ouvrages les plus emblématiques de grotesque dans le genre : Le KGB au pouvoir – Le Système Poutine. (9)
Ou encore, à la Hélène Carrère d’Encausse, concluant un de ses livres, La Russie Inachevée, par la formulation de la pensée magique :
« … ce que les Russes espèrent aujourd’hui voir surgir de leurs longues déceptions et de leurs efforts renouvelés, c’est l’achèvement d’une Russie civilisée rejoignant enfin et de manière définitive les grandes nations occidentales. » (10)
D’après nos propagandistes, en effet, une Russie en dehors de l’OTAN et de sa soumission à l’Empire, que souhaiteraient ses propres citoyens ou du moins une “élite” moderne et intelligente, n’est qu’un ramassis de sauvages, corrompus et violents, «un immense bordel».
Mépris halluciné, parfaitement résumé dans la quatrième de couverture du livre d’Emmanuel Carrère, le fils d’Hélène Carrère d’Encausse (dans la famille, du fait d’une ascendance familiale russe on se revendique « expert » de la Russie…), sortant actuellement sous les louanges béates de la critique médiatique et mondaine, Limonov :
« … et, maintenant, dans l’immense bordel de l’après-communisme en Russie… ». (11)
Vision dantesque, ténébreuse, eschatologique, d’une Russie au bord du gouffre, par une propagande hébétée d’obscurantisme, dont le prophétisme sectaire et imbécile imprégnait les dernières lignes de la conclusion de l’ultime ouvrage d’Anna Politkovskaïa, paru en France en septembre 2006, Douloureuse Russie :
« Une révolution orange n’est pas envisageable chez nous, pas plus que celle de la rose ou des tulipes. Notre révolution à nous sera rouge. De la couleur des communistes : de la couleur du sang. ». (12)
Pathétique…
Les oubliettes du Donjon Médiatique
La propagande n’a cessé d’accabler d’anathèmes et procès d’intention les autorités Russes accusées de vouloir bloquer l’enquête.
Pure stupidité et mauvaise foi : elles n'y ont aucun intérêt.
C’est ainsi qu’on pouvait lire dans des médias de la désinformation, au 5 octobre 2011, des affirmations mettant en cause la passivité de la justice russe, alors que l’enquête venait de connaître une spectaculaire avancée :
« ’L’affaire Politkovskaïa’ n’a pas été élucidée. Le 19 février 2009, les inculpés du meurtre de la journaliste ont été acquittés. C’est un échec pour la justice, accompagné d’autres meurtres. » (13)
Une deuxième équipe d’enquêteurs doublant la première dans la discrétion, aidée des spécialistes du contre-espionnage, a réussi à démonter les rouages d’une complexité extrême de la machination.
L’organisateur de l’assassinat, Dmitry Pavlyuchenkov, est passé aux aveux. La nouvelle était publiée dès le 3 septembre 2011. (14) Piégé par son train de vie et mouvements de fonds suspects sur ses divers comptes bancaires. Reconnaissant devant la Cour de Justice à Moscou avoir fourni l’arme et les munitions, organisé et planifié l’attentat, recruté l’équipe de tueurs et affecté à chacun sa mission précise.
Evénement retentissant, complètement étouffé dans les médias occidentaux. Aux oubliettes…
Révélant les secrets des difficultés d’une enquête bourrée de fausse pistes : Dmitry Pavlyuchenkov, actuellement à la retraite, était un des plus hauts responsables de la police de Moscou avec rang de colonel, ancien responsable de la 4° division de la direction des recherches et investigations opérationnelles. Un des principaux responsables du dossier sur le meurtre d’Anna Politkovskaïa…
L’exécuteur, celui qui a tiré sur la victime, est Rustam Makhmudov. Il s’était caché en Belgique pendant 5 ans. C’est grâce aux repérages, aux renseignements, et à la traque de la police belge, en liaison avec la police russe, qu’il a pu être arrêté dès sa tentative de retourner dans la Fédération de Russie.
Le responsable du commando est un chef de clan mafieux, un des parrains du milieu de Moscou, Lom-Ali Gaitukaev. Actuellement emprisonné pour un autre meurtre, avec une peine d’une durée de 15 ans. Il était assisté sur ’le terrain’ par des tueurs professionnels du milieu de la criminalité moscovite : Rustam Makhmudov, un frère et un cousin de ce dernier.
Formidable première étape. L’important, à présent, étant de remonter aux commanditaires.
Avec prudence, mais certitude, l’un d’eux est quasi-officiellement connu depuis le 16 septembre 2011. Et, dans son ombre : les véritables donneurs d’ordre. Lom-Ali Gaitukaev avait mis au point les modalités financières et la programmation, en Ukraine, avec le “cerveau” de l’opération. C’est au cours de cette réunion que lui fut donné l’ordre, parmi ses instructions, “d’exécuter le contrat” le jour de l’anniversaire de Poutine… Négociant avec une personnalité qui ne peut pas mettre les pieds dans la Fédération de Russie. Il serait immédiatement arrêté.
Il s’agit de Boris Berezovsky. (15)
Un oligarque, dont la fortune en milliards de dollars générée dans les prévarications de l’ère Eltsine, est sous mandat d’arrêt international émis par les autorités russes depuis plusieurs années. Pour détournements et vols au détriment de plusieurs sociétés et actifs de la Fédération Russe. Il est aussi recherché par la justice brésilienne dans une affaire de blanchiment d’argent aux puissantes ramifications.
Refugié à Londres, malgré ces doubles mandats de recherche internationaux, russe et brésilien, il bénéficie de la protection des services spéciaux britanniques, très actifs dans la déstabilisation de la Russie, avec un statut de “réfugié politique”…
Fort de ses soutiens, considéré comme un de pires gangsters dans son pays, il n’hésite pas sous sa casquette de « dissident » à proclamer qu’il finance “la révolution” en Russie. La souhaitant sanglante, une guerre civile :
« J’appelle à la révolution et la révolution est toujours violente » (’I am calling for revolution and revolution is always violent’). (16)
Alors, pour ces individus sans foi ni loi, supprimer froidement une vie…
Mais, la vie d’une “journaliste-dissidente”, membre de son propre camp ? Pourquoi ?…
Sacrifice dans une partie d’échecs d’une pièce, tour, fou, ou cavalier, pour assurer un développement tactique ? Trop réducteur. Manque dans cette représentation du crime, la dimension du cannibalisme de la violence humaine, dans sa voracité démentielle, telle que la peignaient Goya ou Salvador Dali.
Anna Politkovskaïa est une Iphigénie contemporaine mise à mort par ses géniteurs, les “Grands Prêtres de la Désinformation”, sur la scène de ce Théâtre d’ombres, de mensonges, et de cynismes, qu’est la « guerre psychologique ».
_________
(1) Lire le beau texte de Gilles Perrault sur Henri Curiel, publié dans Le Monde Diplomatique en 1998 : « Henri Curiel, Citoyen du Tiers-Monde », http://www.monde-diplomatique.fr/1998/04/PERRAULT/10239
(2) Ces fortunes titanesques, foudroyantes, ne peuvent se construire sans la complicité et “l’intéressement” des politiciens au pouvoir qui participent à la curée sous forme d’actionnariats occultes ou de mirobolantes commissions, via hommes de paille et sociétés-écrans domiciliées dans des paradis fiscaux…
(3)http://www.branchez-vous.com/info/actualite/2011/09/un_mi...
(4) Maxime Vivas, La face cachée de Reporters Sans Frontières – de la CIA aux faucons du Pentagone, Bruxelles, Aden, novembre 2007.
(5) Notamment, les prix :
=> 2002 : Courage en journalisme de l’IWMF (International Women’s Media Foundation)
=> 2002 : Pen Club International
=> 2003 : Journalisme et Démocratie – Danemark - par l’OSCE
=> 2003 : Lettre Ulysses pour l’Art du Grand Reportage à Berlin
=> 2004 : Olof Palme pour les Droits de l’Homme
=> 2004 : Lectrices du magazine Elle (groupe Lagardère)
(6) Les sondages à la veille de l’événement, notamment ceux supervisés par l’université d’Aberdeen (Ecosse), démontraient un taux moyen de satisfaction de ses concitoyens, par rapport à son action, de 70%, en moyenne. Les Russes lui reconnaissant le mérite d’avoir sauvé le pays du naufrage…
(7) "Une campagne de dénigrement bien orchestrée est menée contre la Russie et sa direction", RIA Novosti, 24 novembre 2006,
http://fr.rian.ru/world/20061124/55970675.html
(8) Anna Politkovskaïa, La Russie selon Poutine, Buchet/Chastel, 2005.
(9) Thierry Wolton, Le KGB au pouvoir – Le Système Poutine, Buchet/Chastel, 2008.
(10) Hélène Carrère d’Encausse, La Russie Inachevée, Editions Fayard, 2000, p. 285.
(11) Emmanuel Carrère, Limonov, Editions P.O.L., septembre 2011, quatrième de couverture.
(12) Anna Politkovskaïa, Douloureuse Russie – Le journal d’une femme en colère, Buchet/Chastel, 2006, p. 403.
(13) « ’L’affaire Politkovskaïa’ n’a pas été élucidée », 5 octobre 2011,
http://www.terrafemina.com/societe/international/videos/685-novaya-gazeta.html
(14) « Main suspect in Politkovskaya case pleads guilty », 3 septembre 2011,
http://rt.com/news/politkovskaya-murder-pavlyuchenk...
(15) « Investigators trace Politkovskaya killing to Berezovsky – report », 16 septembre 2011, http://rt.com/politics/politkovskaya-fugitive-berezovsky-...
(16) Dmitry Peskov, « Fugitive billionaire has exposed his violent agenda : Berezovsky is the embodiment of ’robber capitalism’, and Britain should no longer harbour him after this outrage », The Guardian, lundi 16 avril 2007, http://www.guardian.co.
Source : À contre-courant - http://stanechy.over-blog.com/article-russie-rififi-chez-les-dissidents-86282147.html
*
Georges Stanechy, qui oppose très justement Henri Curiel à Anna Politkovskaia (et pas à l’avantage de cette dernière) aurait pu faire un autre parallèle avec l’élimination de l’Algérien Ali André Mécili, abattu dans des circonstances absolument identiques à celles de Politkovskaia, mais... à Paris, le 7 avril 1987, dans un hall d’immeuble, de trois balles dans la tête tirées à bout portant par un proxénète, exécuteur des basses oeuvres de la Sécurité Militaire algérienne et protégé de Charles Pasqua. La ressemblance entre les deux victimes s’arrête là, car Mécili, fondateur de la revue Libre Algérie et avocat des déracinés – Palestiniens, Maghrébins, Iraniens, Kurdes, Zaïrois, Arméniens – n’avait rien d’un propagandiste à gages. La camarilla au pouvoir à Alger voulait sa peau d’homme trop intègre et la Ve République n’avait rien à refuser à son homologue maghrébine. Choses qui vont de soi, à un certain niveau de complicité.
Où étaient nos belles âmes droitsdelhommistes alors ? Où les Ménard’s boys de Reporters sans frontières ? Où les Amnesty International à chandelles ? Où les champions du Dalaï Lama et des pseudo-écrasés de la place Tien An Men ? Où nos brillants « journalistes d’investigation » de la 4e (ou 5e) Internationale et pourfendeurs de KGBs ? Ils ont si bien fait leur travail et clamé leur indignation que je vous parie ma tête, amis lecteurs de ce blog, que vous ne connaissiez pas son nom avant de le lire ici.
«Cet « homme qui a lutté pour ses idées jusqu’au bout et qui l’a payé de sa vie » est sans l’ombre d’un doute, aux yeux des potentats algériens – et leurs homologues français ne peuvent pas l’ignorer – l’opposant le plus redoutable, l’homme à abattre. Moins de six mois après qu’une clause secrète, dont furent porteurs Charles Pasqua et Robert Pandraud, d’accords déjà hautement secrets conclus entre le gouvernement de Jacques Chirac et la SM algérienne, et avec l’assentiment tacite de François Mitterrand, « un minable truand recruté par contrat se chargeait de faire taire définitivement Ali Mécili. »Hocine Aït-Ahmed, L’affaire Mécili (La Découverte, 1989), cité par
Lounis Aggoun, La colonie française en Algérie – 200 ans d’inavouable
(Demi-Lune, 2010)
Catherine L.
12:38 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mountadir al-zaydi, william blum, georges stanechy, mur de berlin, anna politkovskaia, ali andré mécili, henri curiel, lounis aggoun, hocine aït ahmed, jeu des dictionnaires, semaine infernale, rtbf, didier porte, stéphane guillon, vladimir poutine, désinformation, libye, naomi klein, uranium appauvri, dissidents | Facebook |
Les commentaires sont fermés.