05/12/2012

Pilori

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Déglingue de la Belgique.

Suite sans fin.

 

Il y a peu, nous fumes transportée aux urgences d’un hôpital bruxellois et y passâmes quelque temps à l’unité des soins intensifs, où on nous sortit du trou ultime par les cheveux, ce sont des choses qui arrivent et merci à eux. Durant la période d’observation qui suivit, nous eûmes, comme tous les patients dans tous les hostos, l’occasion de déambuler dans les couloirs, notre potence joyeusement lestée cocagne à la main. Nous y fîmes la rencontre, sur une chaise, d’un numéro abandonné de La Libre, celui du samedi 10 novembre, et nous permîmes de l’emprunter. Après quelques soupirs, haussements d’épaules et d’yeux au ciel, nous allions rendre ce vide au vide quand un article d’une maigre colonne attira notre attention et nous fit, cette fois, froncer les sourcils. Il était intitulé « Bruxelles, nid d’espions ». En voilà des nouvelles brûlantes ! Et s’il n’y avait que des espions à Bruxelles, comme il y ferait bon vivre. Bref, nous lûmes. Vous pouvez lire aussi :


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Ainsi, voilà un haut fonctionnaire de l’Etat, qui, à ce titre, a bien dû prêter serment de fidélité à la Constitution de son pays et s’engager à en faire appliquer les lois comme de les respecter lui-même, qui vient, dans La Libre, nous raconter tout faraud, qu’il s’assied sur l’une et qu’il se torche avec les autres, tandis que le plumitif de service lui passe complaisamment le vase de nuit pour qu’il s’y répande à l’aise.

On a rarement vu tant d’abjection et de bassesse concentrées en un si petit volume.

 

PILORI

 

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Pilori, donc, pour ceux qui, par leur servilité et leur absence de toute forme de conscience civique, nous ramènent au Bas-Empire et à ses méthodes.

Et en attendant de pouvoir les y bombarder de ce qu’ils méritent, que Monsieur l’administrateur général de la Sûreté de l’Etat ; que la direction et les « journalistes Â» de La Libre, trouvent ici l’expression de notre profond dégoût.

 

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Car de quoi s’agit-il ? De préparer le terrain, c’est-à-dire l’opinion publique, à avaler sans réagir des mauvais coups qu’on s’apprête à porter, de détourner l’attention de méfaits qui se préparent, en la dirigeant sur des épouvantails fabriqués de bric et de broc. Cela s’appelle faire diversion. A quoi ? Oh, on a l’embarras du choix. A de nouvelles lois liberticides calquées sur celles du grand frère US par exemple… A la mise sur le pavé de dizaines de milliers de personnes, chargées en outre, sur leurs allocations de chômage, de renflouer pour la troisième ou quatrième fois les mêmes banques en état permanent de faillite frauduleuse…

Il est à craindre que les choses, en Belgique, ne se passent pas mieux qu’en Grèce, au Portugal et en Espagne, bref, que les victimes se rebiffent.

Quoi de plus opportun, dès lors, et commode, qu’un complot terroriste aux petits oignons, préparé de main (policière) de maître, afin que le public, déjà anesthésié par les propagandes et abruti par ses malheurs, accepte de regarder vers le leurre plutôt que vers le crime ?

Mais où les trouver, ces Bonnot et ces Ravachols chargés de semer la terreur, dans  un pays K.O. debout ? Pas dans l’extrême droite quand même. D’ailleurs, vous l’avez lu : « elle est en déclin en Belgique Â», puisque M. Bart de Wever, bientôt maître d’Anvers, n’est pas du tout le successeur de Léon Degrelle, sinon, cela se saurait. L’extrême gauche en revanche « a tendance à resurgir Â». Admirable formule ! Où ? Comment ? En quoi faisant ? Et c’est qui, cette extrême gauche qui a tendance ? Les anars et les cocos, bien sûr, qui d’autre ?

Pour les anars, ça va, on a bien en mains ceux qui se font remarquer dans les manifs de façon à entretenir plus ou moins le mythe. Les autres, s’il en reste (sinon on les baptisera tels), seront ceux que M. l’administrateur général aura choisis pour servir de boucs émissaires. Genre Marinus Van der Lubbe, voyez ? Restent les « communistes Â» au couteau entre les dents, c’est-à-dire les ex-CCC, qui ont déjà servi une fois à faire passer muscade les tueurs du Brabant (vous savez, ces mystérieux inconnus qui ont fauché à la sulfateuse, quelques dizaines de clients dans des parkings de supermarché et que la police belge, pourtant pas manchote, n’a jamais réussi à trouver, ni à identifier et moins encore à punir). Mais puisqu’on vous dit que de l’extrême droite organisée, en Belgique il n’y en a plus !

Au fait, les dangereux ex-CCC, c’est qui ? C’est trois personnes, deux hommes et une femme, qui en guise de massacre de masse, se sont contentés de faire un peu sauter le pipeline de l’OTAN et quelques repaires (vides) du capitalisme. Leur procès a très correctement moussé, merci, et ils se sont pris la réclusion à perpétuité, parce qu’au moment idoine, un pompier-fusible a opportunément sauté. Juste ce qu’il fallait au moment où il le fallait.

Perpétuité, en Belgique, c’est trente ans. Et en vertu de dispositions légales, les mêmes pour tout le monde mais pas pour le couple Dutroux (on parie ?), les trente ans sont ramenés à dix. Sauf pour les CCC qui ont tiré cinq et sept ans de plus que cette peine maximale. Et pourquoi ? Parce qu’ils ont refusé de se renier. (« Je renonce à Marx, à ses pompes et à ses Å“uvres. Accueille-moi dans ton sein, saint Capitalisme. Â») Cela s’appelait abjurer au temps de Jeanne d’Arc. On peut n’être ni communiste ni chrétien et néanmoins éprouver respect et admiration pour ceux qui préfèrent la prison à vie ou la mort dans les flammes à l’abandon de leur intégrité.

Mais revenons  à la situation présente.

Quand on vient de tirer des quinze et dix-sept ans de prison pour raisons politiques, on sait qu’il ne peut plus être question d’actions clandestines, si justifiées soient-elles ; on sait que l’on vivra désormais, où qu’on aille et quoi qu’on fasse, sous l’œil de ceux qui ne vous ont laissé sortir qu’à regret. Et si on veut quand même s’impliquer dans l’émancipation des foules, on milite autrement, légalement, au grand jour. C’est  ce qu’a fait, entre autres, Bertrand Sassoye, un des quatre accusés de Secours Rouge, dont le Nième procès va s’ouvrir mardi prochain.

Secours Rouge, pour ceux qui l’ignorent, c’est une association de soutien aux prisonniers politiques progressistes d’où que ce soit dans le monde, qui a pris pour devise « La solidarité est notre arme. Â».

Pour la situer, l’affaire « des quatre de Secours Rouge Â», c’est l’équivalent belge de celle de Tarnac. Elle est tout aussi privée de fondement et dure depuis 2007. Nous empruntons à son comité de soutien un résumé très succinct des faits.

(Pour un déroulement chronologique plus détaillé, c’est ici :

http://www.secoursrouge.org/Resume-chronologique-de-l-aff... )

 

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En outre, La Ligue des Droits de l’Homme avait fait paraître, le 28 juin 2008 un résumé de l’affaire qui est toujours et plus que jamais d’actualité.

http://www.liguedh.be/2008/282-carte-blanche-la-qbandeq-a...

 

Sa conclusion surtout est à méditer :

« Les lois anti-terroristes sont des lois d'exception, liberticides. Elles permettent de criminaliser l'opinion politique, le militantisme et la solidarité. De plus, elles sont superflues : les actes qu'elles sont censées réprimer le sont déjà par d'autres dispositions du droit pénal. Ces lois sont dangereuses et produisent des effets néfastes, actuellement bien plus que les prétendues menaces terroristes. Si nous ne réagissons pas, ce sera demain n'importe quelle organisation politique, syndicale, non gouvernementale ou altermondialiste, n'importe quel citoyen engagé ou ayant simplement parlé au cousin de la belle-soeur de l'oncle d'un suspect lointain qui pourra être surveillé, qualifié de terroriste et arrêté. Â»

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur l'histoire - passionnante et peu connue - de Secours Rouge, l’association a mis en ligne une

 

Histoire de Secours Rouge International,

de sa fondation à nos jours

 

http://www.secoursrouge.orgIMG/pdf/cahier1.pdf

 

http://www.secoursrouge.org/histoire-du-secours-rouge

 

 

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Voilà. Des gens qui veulent absolument qu’il y ait du terrorisme en Belgique parce qu’on leur a donné l’ordre d’en trouver ou d’en fabriquer, s’apprêtent, mardi, à en tirer la preuve d’un délit qualifié de « tentative de faux Â» (ô Ubu ! Essayez de vous représenter ce que cela peut être, une « tentative de faux Â») Il est clair que « les Quatre Â» ont été sélectionnés pour servir de boucs émissaires dans une sombre histoire destinée à justifier des scélératesses en cours. Vous les voyez, ces quatre dangereux terroristes, avec leurs affiches « Libérez Georges Ibrahim Abdallah Â» sous le bras et leurs concerts de pop-rock pour aider à payer les avocats de Mumia Abu Jamal ? Ils vous font peur, non ?

Vous avez, cependant toutes les raisons d’avoir peur de ceux qui, sans mandat d’aucune sorte, ont vendu leur pays à l’étranger, l’ont dépouillé de sa souveraineté, et obéissent, avec une servilité qui soulève le cœur aux factions criminelles nord-américaines, israéliennes et autres, qui ont déjà mis une partie de l’Europe à genoux, en pratiquant - impunément jusqu’ici - toutes les formes de crimes contre l’Humanité.

Prenons-y garde, ce procès d’allure clochemerlesque n’est pas juste une péripétie parmi d’autres. Il sera déterminant. C’est pourquoi il est important que le public s’y rende aussi massivement que possible, non seulement pour manifester sa désapprobation sur les marches du Palais de Jutice comme le demandent les avocats, mais pour emplir à ras bords la salle d’audience. Que la magistrature couchée sache que le souverain véritable – le seul – est le peuple belge, qu’il s’est déplacé pour l’observer et pour la juger, et qu’il n’y a pas besoin pour cela de caméras cachées ni de technologies futuristes.

 

 

Publicité, sauvegarde du peuple !

 

(Et ce n’est pas de « pub Â» qu’il est question ici.)

 

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Mis en ligne le 5.12.2012 par Catherine L.