06/10/2013
MORT DU GENERAL GIÁP
VIETNAM
MORT DU GÉNÉRAL GIÁP
Décès du général Giap, génie militaire qui a humilié l'Occident
La Libre, 4 octobre 2013
Le général Võ Nguyên Giáp, décédé vendredi à 102 ans, a été l'architecte des victoires du Vietnam communiste contre la France et les États-Unis, succès qui ont fait de lui une icône populaire malgré une carrière politique brisée par le régime communiste.
Considéré comme l'un des plus importants stratèges militaires de l'Histoire, il a infligé en 1954 dans la « cuvette » de Ðiện Biên Phủ (nord-ouest) une cuisante défaite aux troupes colonisatrices françaises, événement fondateur de l'émergence d'un Vietnam indépendant et de la fin de la domination française en Indochine.
Pendant les vingt années qui suivent, ce fils de paysan lettré, à la maîtrise impeccable du français, continue de diriger ses troupes pendant la guerre du Vietnam contre les Américains et leurs alliés du Sud-Vietnam, jusqu'à la prise de Saïgon le 30 avril 1975.
« Quand j'étais jeune, je rêvais un jour de voir mon pays libre et unifié », racontera plus tard dans un entretien à PBS celui qui était le dernier dirigeant historique du Vietnam communiste encore en vie.
« Ce jour-là, mon rêve est devenu réalité (...). C'était comme tourner une page sur un chapitre de l'histoire ».
Ecarté sans ménagement par le pouvoir ces trente dernières années, ses heures de gloire font malgré tout de cette icône populaire la figure la plus emblématique du Vietnam moderne, après le fondateur du Parti communiste vietnamien Hồ Chí Minh.
(…)
Né le 25 août 1911 dans la province centrale de Quảng Bình, Giáp n'était pas destiné à devenir un soldat. Mais les tactiques de cet autodidacte, formé à la stratégie militaire à coups de lectures, inspireront les combattants du monde entier pour des décennies.
Venu étudier puis enseigner l'histoire à Hanoï, il s'enfuit à la fin des années 1930 en Chine. Il y rencontre l'«Oncle Ho », qui le charge de fonder l'armée révolutionnaire Viet Minh fin 1944.
Entre-temps, sa haine de la puissance colonisatrice n'a cessé de croître, alimentée par le décès de sa première femme dans une prison française.
En 1945, Giáp devient ministre de l'Intérieur du premier gouvernement auto-proclamé du Vietnam, avant de passer un an plus tard à la Défense, un poste qu'il conservera au nord plus de 30 ans.
Malgré sa victoire à Ðiện Biên Phủ, son influence s'affaiblit après la mort d' Hồ Chí Minh en 1969 et, lors de la réunification du Vietnam, Giáp n'est déjà plus chef de l'armée du Nord-Vietnam communiste.
Il est en conflit ouvert avec le numéro un du régime, Lê Duẩn, qui cassera sa carrière politique, et son successeur à la tête des forces militaires, Văn Tiến Dũng, lui vole en grande partie la vedette.
Mais dans cette campagne aussi, parce qu'il est resté ministre de la Défense, les analystes lui attribuent encore un rôle clé d'architecte. «Derrière chaque victoire, on retrouvait Giáp, qui en était la force motrice », estimera l'un de ses rares biographes, Cecil Currey.
En 1980, il est remplacé à la Défense, puis exclu du bureau politique du Parti communiste en 1982.
Et sa mise sur la touche ne s'arrête pas là: il conserve son rang de vice-Premier ministre, mais est désormais chargé des Sciences, Technologies et du Planning familial. Il est finalement évincé du comité central du Parti en 1991.
Pour les grands anniversaires de Ðiện Biên Phủ, en 1994 et 2004, Giáp refera toutefois des apparitions remarquées aux côtés des dirigeants.
Et la célébration de ses 100 ans lui aura aussi valu une pluie d'hommages, les plus hauts dirigeants vietnamiens lui rendant visite à l'hôpital militaire où il était soigné depuis trois ans.
Même très affaibli, on lui aura aussi, épisodiquement, attribué des lettres dénonçant le fléau de la corruption ou des projets industriels, jugés dangereux pour la sécurité du pays.
En 2006, il avait ainsi écrit que le Parti communiste « était devenu un bouclier pour les responsables corrompus ». En 2009, il avait publié une lettre ouverte joignant sa voix aux critiques contre un projet gouvernemental très controversé d'exploitation de la bauxite dans les hauts plateaux du centre du pays.
Il laisse derrière lui sa deuxième femme Đặng Bích Hà, et quatre enfants. Sa fille aînée, née de son premier mariage, est décédée en 2009.
Source : http://www.lalibre.be/actu/international/deces-du-general...
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LIVRES
T. Derbent
GIAP ET CLAUSEWITZ
précédé de Guerre du peuple, Armée du peuple de Ernesto Che Guevara
et suivi de
Contribution à l’histoire de Dien Bien Phu du Général Võ Nguyên Giáp.
Bruxelles, ADEN, 2006 – 144 pages.
Le 22 décembre 1944, un jeune communiste vietnamien, Vo Nguyen Giap est placé par son parti à la tête de la branche armée du mouvement de libération : trente et un hommes, trois femmes, deux revolvers, quelques fusils, une mitrailleuse.
Le 7 mai 1954, dans la vallée de Dien Bien Phu, les trente-quatre hommes de Giap sont devenus 55.000 combattants aguerris qui infligent une défaite écrasante au corps expéditionnaire français : 5.400 morts, dix mille prisonniers dont un général, seize colonels et lieutenants-colonels, 1.749 officiers et sous-officiers. C’est la fin du colonialisme français en Indochine, le prélude à l’intervention américaine et à une nouvelle guerre que Giap mènera avec autant de détermination, d’intelligence, et de succès. Le général Giap s’est ainsi révélé être un des meilleurs praticiens de la guerre populaire, théorisée au début du XIXe siècle par Carl von Clausewitz dans son monumental Vom Kriege (De la guerre). Quelles relations peut-on établir entre la théorie de Clausewitz et les analyses, les choix et la personne du général Giap, qui fut un lecteur attentif de Vom Kriege ?
C’est cette question qui intéresse tant l’histoire de la stratégie que celle des luttes révolutionnaires qu’étudie ici T. Derbent.
Le texte de T. Derbent est complété par la Contribution à l’histoire de Dien Bien Phu du général Giap (Hanoi, 1965) et par un texte inédit en français d’Ernesto Che Guevara, préface au livre du général Giap édité à La Havane en 1964 : Guerre du peuple, Armée du peuple.
T. Derbent a déjà publié aux éditions ADEN :
Clausewitz et la guerre populaire– 2004
Sa propre bibliographie :
Les deux livres importants de Võ Nguyên Giáp sont L'expérience du peuple vietnamien dans la lutte armée et les trois tomes des Mémoires, dans de nombreuses éditions et rééditions. Il est aussi l’auteur de Guerre du Peuple - Armée du Peuple, Éditions François Maspero, « Petite Coll. Maspero », Paris, 1968, 190 p.
Son biographe :
Cecil B. Currey, Victory at Any Cost : The Genius of Vietnam's Gen. Vo Nguyen Giap, 2005, p. 25 – inédit en français.
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Nigel Kennedy - PURPLE HAZE
Mis en ligne le 6 octobre 2013
13:37 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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