17/12/2016

LE GRAND JEU - KIEV

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 Sous-marin nucléaire russe sans pilote – Décembre 2016

 

Le grand jeu

(en anglais : The Great Game)

 

« Je ne suis d’aucune faction. Je les combattrai toutes. »

Saint-Just

 

Le 14 avril 2014, soit deux mois presque jour pour jour après le coup d’État de la place Maidan à Kiev, l’historien russe Andrei Fursov donnait une conférence sur le sujet à Poznaiatelnoe.TV. Deux ans et huit mois plus tard, son analyse non seulement n’est pas obsolète, mais la suite des événements en a largement prouvé la pertinence.

Quelqu’un a eu la bonne idée de sous-titrer en anglais cette conférence de 2h18’ et d’en publier la transcription. Nous avons essayé de nous rendre utiles en vous traduisant – quoi qu’à retardement – cette transcription en français.

L.G.O.

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Conférence d’Andrei Fursov

 


 

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Questions à Andrei Fursov et réponses

(hélas non transcrites)

 


 

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Champ de bataille : Ukraine

Andrei Fursov – Poznaiatenoe.TV 14 avril 2014

Sous-titres anglais et transcription : Wikispooks

(tous les intertitres sont de Wikispooks ou de nous)

 

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Topographie oligarchique de l’Ukraine

Contenu

  1. Introduction
  2. Les oligarques ukrainiens
  3. Rockefellers, Rothschilds et Services d’espionnage
  4. Intérêts israéliens en Ukraine
  5. Le contexte mondialement élargi
  6. Le « péril Yellowtone »
  7. Origine de la situation actuelle
  8. Objectifs des parties intéressées au Moyen-Orient
  9. Les services d’espionnage du IVe Reich en action
  10. Pourquoi cela s’est-il produit maintenant ?
  11. Ce que voulait l’Occident
  12. La mort d’Oleksandr Muzychko
  13. L’infantile Garry Kasparov
  14. Les changements intérieurs obligatoires en Russie

 

Introduction

Premièrement, permettez-moi de dire qu’il est parfois bien agréable de s’être trompé. Car je me suis trompé. Au début de février, ma collègue Elena Ponomareva et moi discutions de la question suivante : pouvions-nous reprendre la Crimée. J’étais pessimiste et je lui dis : il y a 10% de chances pour que nous la reprenions. Nous ne l’obtiendrons pas parce que l’Occident réagira agressivement et parce que nos autorités manquent de courage. Elle me dit qu’au contraire il y avait 90% de chances pour que nous la reprenions et seulement 10% de chances pour que cela ne se produise pas. Elle avait raison, j’avais tort.

Sans aucun doute la réunification de la Russie et de la Crimée est une étape historique importante. Dans une récente interview à la télévision, j’ai dit que cet événement marquait la fin de l’ère désastreuse qui a commencé à malte les 2-3 décembre 1989, quand Gorbatchev a abandonné absolument tout, y compris ce qu’on ne lui avait pas demandé.

Après cela, tout ce qu’il était possible de céder l’a été. Quelques faibles rayons d’espoir sont alors apparus sous l’administration de Poutine. Il y a eu la guerre du 08.08.08 [L’intervention russe en Ossétie du Sud, NdT]. Mais ensuite, bous avons failli au devoir de soutenir la Libye, même si nous avons fini par mettre le holà quand il s’est agi de la Syrie. Mais tout cela se passait loin du territoire russe. L’Ukraine et la Crimée, c’est une situation toute nouvelle. Nous avons commencé à reprendre notre territoire petit à petit. Nous avons commencé à faire ce que les princes moscovites aont fait aux XIVe et XVe siècles, ce que les Romanov ont fait et que le système de Staline a fait dans les années 1930, qui était de laisser en arrière la zone historique des défaites.

Mais quitter la zone historique des défaites ne concerne pas que les affaires extérieures. Nous sommes en train, à présent, de déchirer le statu quo mondial qui a pris forme en 1991-1994, c’est-à-dire la désintégration de l’Union Soviétique, l’accord sur l’uranium, l’attaque de la maison Blanche à Moscou, le Memorandum de Budapest.

 

National-traîtres

L’Eltsinisme a donné naissance à toute une couche de gens que notre président a qualifiés de « national-traîtres ». C’est la Ve colonne, qui sévit au sein du pouvoir, des affaires et des médias. Ces gens se sont particulièrement révélés comme tels à l’occasion des événements de Crimée. Ce fut réellement l’heure de vérité, l’heure des choix. La véritable couleur des gens est soudain apparue, dans diverses sphères. Et c’est pourquoi cela a été une expérience si importante. Et c’est là qu’on a vraiment pu assister à l’application des « deux poids-deux mesures ».

Qu’entendons-nous par « deux poids-deux mesures » ? Ceci par exemple. À un certain moment, les Britanniques ont annexé les îles Falklands. Ils ont dit : « Pourquoi pas ? Il y a eu un référendum aux Falklands et les habitants se sont prononcés en faveur d’une annexion par la Grande Bretagne. C’est amplement suffisant. »

« La Crimée est une tout autre affaire… » – quoique la situation soit analogue.

Aujourd'hui, nous parlons de la situation en Ukraine, vue sous un certain nombre d’angles. C’est une situation à facettes multiples, comme toutes les situations considérables. Beaucoup d’aspects différents ont conduit à ce qui s’est passé. Des aspects qui ne concernent pas que l’affrontement entre la Russie et l’Occident. Beaucoup d’autres choses sont aussi en cours de développement.

Premièrement, tout a commencé par un conflit à l’intérieur de la classe oligarchique ukrainienne. Il y a un grand analyste du nom de Vladimir Matveyev… – Je vous recommande vivement de le lire. Un certain nombre de ses analyses sont sur le net*. En outre, il n’est pas nécessaire d’être érudit pour lire ses livres, il suffit d’avoir fait des études secondaires – … Il est très documenté et a pas mal écrit sur les activités du MOSSAD en Ukraine. Il reçoit continuellement des menaces. Maintenant, il lui faut sortir d’Ukraine et ce n’est pas simple.

[*La signature de Vladimir Matveyev apparaît aussi, régulièrement, sur JTA, « Jewish Telegraphic Agency », NdT]

 

-   Nous parlerons des oligarques

-   Après, nous parlerons des intérêts de l’Occident. Les Européens et les Américains ont des intérêts très différents

-   Ensuite, nous en viendrons aux intérêts d’Israël.

-   Enfin, nous passerons en revue les événements qui ont eu pour origine le coup d’État américano-banderiste à Kiev, événements qui se poursuivent à l’heure actuelle.

 

Les oligarques ukrainiens

Voyons d’abord les clans d’affaires ukrainiens

En 2012, des analystes comme Matveev ont averti qu’il allait y avoir un conflit très brutal en 2013 entre les différents clans d’affaires, autrement dit entre les oligarques. Et c’est ce qui s’est produit.

Que voulons-nous dire quand nous parlons de « clans » en Ukraine. Pour le comprendre, il nous faut d’abord comprendre ce qu’était la division du pouvoir à la fin de 2013.

À la base, il y a quatre clans.

 

Rinat Akhmetov

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Pour commencer, le clan de Donetsk, celui de Rinat Akhmetov, dont la fortune est estimée à 16 milliards de $. Ses intérêts principaux sont dans l’exploitation des mines et la production d’acier. Font partie de ce clan : Borys Kolesnikov, les Klyuev et Yuriy Ivanyushchenko.

 

Viktor Ianoukovytch

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Le deuxième clan est celui de la famille Ianoukovytch, qui contrôle principalement les fonctionnaires des douanes, de l’agriculture et des infrastructures. En comparaison des autres, ceux-là sont un peu plus pauvres, mais ils ont tenu des positions administratives très puissantes. Le « haut-fait » principal à mettre à l’actif de Viktor Ianoukovytch, c’est que c’est sous sa présidence que la Sécurité Sociale a été mise à mort. C’est-à-dire ce qu’il en restait. La destruction de toute forme de sécurité sociale avait commencé au temps de Koutchma. À sa suite, Iouchtchenko et Tymochenko l’avaient considérablement réduite. Ianoukovytch lui a donné le coup de grâce.

Il est très intéressant d’observer la croissance de la classe des milliardaires en Ukraine. En 2010, ils étaient 8. Avant la fin de 2011, ils étaient 21.

Le régipme de Ianoukovytch a grandement favorisé la croissance de la classe des milliardaires. Les sponsors principaux ou « parrains » de Ianoukovytch étaient Rinat Akhmetov et Dmytro Firtash. La division du travail s’articulait comme suit : Akhmetov contrôlait le gouvernement et Firtash l’administration présidentielle.

 

Dmytro Firtash

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Dmytro Firtash, ici avec le prince Philip d’Edimbourg

 

Le bloc massif suivant est celui de Firtash, c’est-à-dire Ros.Ukr.Energo, qui domine le marché de l’énergie et des produits chimiques. C’est le partenaire principal des Rothschild en Ukraine. Un des principaux conseilleurs de Firtash est Robert Shetler-Jones. Je vous en parlerai plus tard. C’est un entrepreneur du groupe Rothschild. En outre, il appartient au MI6.

Remarque en passant : dans toutes les grosses sociétés britanniques, si on veut occuper une position élevée, il faut être adoubé par le MI6, sans quoi il n’y a rien à faire, ce n’est pas la peine d’essayer.

 

Ihor Kolomoïsky

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Le groupe suivant, c’est Privat. C’est le plus intéressant : celui d’Ihor Kolomoïsky. Kolomoïsky pèse 3 milliards de $. Son partenaire est Hennadij Boholjubow. Kolomoïsky est un personnage passionnant à étudier. Pas seulement parce qu’il a traité notre président de schizophrène. Il est le moteur qui active tout ce qui se passe actuellement en Ukraine.

Né en 1963. Juif. Il soutient très activement le groupe hassidique Habad (Loubavitch). Qui n’est pas une secte, c’est un mouvement. Il est le pmrincipal bailleur de fonds de la communauté juive de Dnipopetrovsk. Vieil ami de Berezovsky. Il possède 200 sociétés, contrôle 40% d’UkrNafta et les médias. C’est un grand amateur de foot. Il est le propriétaire du FC Dnipro de Dnipropetrovsk, de l’Arsenal de Kiev et du Hapoel de Tel Aviv. Il est le vice-président de la Fédération de Football d’Ukraine. Son président, Surkis, est un autre millionnaire, quoique pas aussi gros que Kolomoïsky. Il possède, lui, le Dynamo de Kiev. Des informations apparaissent fréquemment dans les médias sur les liens de Kolomoïsky avec le crime organisé. Il a réellement eu l’intention d’acheter les actifs de Sébastopol. À vrai dire, il a été sur le point de le faire. Il est le parrain-bailleur de fonds de Ioutchenko, de Tymochenko et de Klitschko, et, aussi paradoxal que cela paraisse, celui de l’ultra-nationaliste Tyahnybok.

Il peut sembler étrange que le juif Kolomoïsky patronne l’ultra-nationaliste Tyahnybok, mais l’objectif de Tyahnybok  est d’amener les Ukrainiens et les Russes à se battre entre eux. Son ultranationalisme n’est pas antisémite.

 

5e « clan » ?

Viktor Pintchouk

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Viktor Pintchouk et sa femme Olena Koutchma, avec leur vieil ami Bill Clinton

 

Il y a encore un autre groupe en Ukraine, dont personne ne tient à parler. C’est celui de Viktor Pintchouk. Il est le gendre de Koutchma. Les hommes-liges de Pintchiouk sont Tihipko et Iatseniouk. Selon des experts comme Matveyev, que je vous recommande si fort à cause de son énorme expertise, Pintchouk est très étroitement lié avec les États-Unis et le MI6.

6e Clan ?

Disons… Vadim Rabinovitch

(pour faire court)

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Vadim Rabinovitch

 

Et pour finir, une autre partie de l’économie ukrainienne, dont les experts mainstream préfèrent ne pas parler : le trafic des armes, de la technologie militaire et des drogues. Ceux qui savent citent des douzaines de noms. Les principaux sont Vadim Rabinovitch, citoyen israélien, ukrainien et hongrois, Sergei Maximov, [co-président de la Confédération Juive d’Ukraine, NdT] et la famille Derkach. L’ainé des Derkach est Leonid Derkach. Il a été le chef des Services de Sécurité d’Ukraine, SBU. Maintenant, il a   vraiment toutes les cartes en main, puisqu’il vend des armes. Rabinovitch est un personnage très intéressant. Il soutient le parti gay-lesbien Raduga et le groupe féministe des Femen de Kiev. Il se querelle assez souvent avec d’autres oligarques juifs.

En général, ce qui caractérise la situation politique en Ukraine, c’est qu’il n’y a pas de centre politique. Cette caractéristique se retrouve à l’intérieur de la communauté juive. Elle n’a pas, elle non plus, de centre unifié. On s’y dispute en permanence pour faire prévaloir des positions. Il y a sans arrêt des prises de bec et même des affrontements entre les laïques et ceux qui soutiennent les Hassidiques et les Habad-Loubavitch. Il y a eu, par exemple, un conflit très dur lors de la construction de BabiYadr. Kolomoïsky voulait absolument qu’il y ait une synagogue et un bâtiment iconique. Vitaly Nakhmanovitch disait non. Il voulait que l’endroit soit absolument neutre : laïc. Il y a encore entre eux des frictions sévères.

Par exemple, en 2011, Kolomoïsky a instauré le Parlement Juif Européen, qui siège au Parlement Européen. Il incline fortement vers le hassidisme et le habadisme-Loubavitch. Le groupe non-religieux, c’est, entre autres, Viatcheslav Kantor [Président du Congrès Juif Européen, NdT], qui, lui, n’est pas du tout d’accord avec ces tendances.

 

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Viatcheslav Kantor avec Martin Schulz

 

Cela conduit à des situations qui ne manquent pas de sel. Comme ici, par exemple : Kolomoïsky soutient le Habad. Le Habad a soutenu Ianoukovytch lors des élections. Kolomoïsky s’est ouvertement déclaré contre Ianoukovytch. Tout cet entrelacs de conflits conduisait à une situation explosive. En 2013, c’est devenu intenable. En plus de cela, la rapacité et la stupidité du clan mafieux de Ianoukovytch se sont étalées au grand jour, quand ces zigotos ont imposé leur racket non seulement aux entreprises moyennes, mais aussi aux petites. En principe, il leur fallait payer 60% d’« impôts volontaires » à cette famille.

On peut donc comprendre ceux qui sont allés manifester sur la place Maidan. Ils en avaient par-dessus la tête de cette bande.

Savoir qui a exploité cette situation est une autre paire de manches. Marx et Engels écrivaient déjà en 1848 : « Nous savons maintenant quel rôle joue la stupidité dans les révolutions, et comment des ordures peuvent l’exploiter. »

C’étaient là les oligarques ukrainiens.

 

Rockefellers, Rothschilds et Services d’espionnage

Les acteurs suivants sur le champ de bataille ukrainien sont les Rockefeller et les Rothschild. Les Rothschild sont entrés en Ukraine immédiatement après que l’Ukraine se soit séparée de l’Union Soviétique. Le groupe Rothschild s’y est implanté en 1991-1995. De même, le MI6 y est entré comme dans du beurre.

En règle générale, tous les services d’espionnage occidentaux se sont retrouvés en Ukraine comme chez eux.

 

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Quartier-général de la CIA à Langley, Virginie

 

Un étage entier de la CIA est consacré à l’Ukraine, nous le savons maintenant. Mais ceux qui ont travaillé secrètement en Ukraine à la fin des années 1990 rapportaient déjà que le SBU était une filiale du FBI et de la CIA, organisations qui y sont toutes deux très actives. De même le BND (Services secrets allemands) y travaillait non moins activement avec les organisations clandestines banderistes. Et le MI6 y opérait aussi, moins ouvertement.

Je ne vais même pas mentionner les agents israéliens, j’y viendrai plus tard. Il faut juste savoir qu’ils étaient là chez eux. Firtash n’a pas tardé à devenir le partenaire privilégié des Rothschild. Son partenaire direct chez les Rothschild était Robert Shetler-Jones, qui est considéré par les experts comme l’instigateur de la guerre du gaz entre l’Ukraine et la Russie. C’est lui qui a fait en sorte que l’Ukraine et la Russie s’affrontent sur la question du gaz. Notez que le groupe Rothschild est également à l’œuvre à l’est de l’Ukraine : c’est la région sur laquelle ils veulent mettre les mains, en particulier celle de Dnipropetrovsk, où opère leur banque « Rothschild Europe » et leur Société « Royal Dutch Shell ».

Les intérêts des Rothschild s’opposent catégoriquement à ceux de la Russie. Rappelez-vous que quand nous parlons des intérêts des USA et de la Grande Bretagne, il y a différents groupes d’intérêts dans ces pays. N’oubliez pas que le grand analyste français Alexandre del Valle ne parle pas de la politique étrangère des USA, mais de celle des politiciens des USA. Car, là aussi, il y a différents clans [chez nous, on dit « factions », NdT]. Les clans qui sont derrière Obama veulent une chose, et les clans qui sont derrière les néo-cons veulent une chose complètement différente. Ils ont donc des politiques étrangères différentes. Les Rothschild s’affairent à exploiter les crises et le chaos susceptibles d’être manipulés pour s’emparer d’autant d’actifs que possible en Ukraine, de même d’ailleurs qu’en Asie Centrale et, là où c’est possible, en Russie. Il s’agit pour eux de prendre le contrôle de l’économie des ressources. C’est un aspect très important du problème.

Les Rockefeller ont des intérêts plus modestes. Par exemple Chevron Corporation, qui fait partie de l’empire Rockefeller. Ianoukovytch leur a probablement fait cadeau de la région d’Ivano-Frankivsk. Il est même difficile de dire si l’oblast d’Ivano-Frankivsk appartient à l’Ukraine ou à Chevron. En gros, les Rockefeller s’intéressent davantage à l’ouest de l’Ukraine qu’à l’est.

 

Les intérêts israéliens en Ukraine

L’acteur suivant, en Ukraine, c’est Israël, qui est représenté dans le pays par le MOSSAD et par pratiquement toutes les agences d’espîonnage israéliennes. En ce compris la direction du Komeniyut, qui est une administration à part entière à l’intérieur du MOSSAD et dont l’activité consiste à liquider quiconque s’oppose au MOSSAD. Komeniyut est un mot hébreu qui signifie « souveraineté ». Par exemple, ce sont les gens de Komeniyut qui ont assassiné les scientifiques nucléaires iraniens. Ils sont très efficaces. Comme l’est généralement le MOSSAD. Aman est le service d’espionnage militaire du premier ministre. Shabak est un service d’espionnage i ntérieur. Shin Bet, Nativ, ils sont tous présents en Ukraine. L’ambassadeur actuel en Ukraine est Reuven Din El, ancien agent résident du Mossad dans les pays de la CEI. [Communauté des États Indépendants issus de l’ex-URSS, NdT], il a été expulsé de Moscou et reçu par Kiev comme ambassadeur. [Aucun nom d’ambassadeur n’est indiqué en remplacement de Reuven Din El aujourd’hui décédé, NdT]

Vlad Lerner, de Nativ, est  premier secrétaire de l’ambassade d’Israël. Sous ce rapport, il faut leur rendre justice, aux services d’espionnage israéliens, pour l’efficacité de leur en Ukraine.

Une autre chose qu’il faut garder bien présente à l’esprit, est que le MOSSAD travaille en contact étroit avec la CIA et le MI6. Ce qu’il y a là, c’est une seule hydre d’agences d’espionnages qui ne laisse rien au hasard.

Toutes les agences de renseignements occidentales, y compris bien sûr les israéliennes, sont très présentes dans l’éducation supérieure en Ukraine. Cette année, j’ai fait une conférence au Seliger youth forum. Des participants venus de Kiev m’ont dit que, dans presque tous les établissements d’éducation supérieure en Ukraine, particulièrement à Kiev, il y a une classe de l’OTAN et un département de l’OTAN. Si vous voulez faire carrière, vous devez vous inscrire à plusieurs de leurs programmes. C’est comme cela que les choses fonctionnent. Les services anglo-américains ne sont pas en retard sur le MOSSAD.

 

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Vladimir Poutine en visite au Seliger Youth Forum, en août 2014

 

Qu’est-ce qu’y font les services israéliens ? Sous prétexte de rechercher des étudiants juifs ou qui ont des ancêtres juifs, ils s’appliquent à sélectionner les étudiants de talent qui semblent avoir le plus d’avenir et les envoient étudier en Occident. De toutes les universités occidentales où j’ai enseigné – Columbia, Yale, New York – la plus puissante de toutes celles où il m’a été donné d’enseigner est l’Université d’Europe Centrale de Soros, où, seuls, des juifs sontéduqués, et de plus, non seulement des juifs, mais des juifs très bien préparés et soigneusement sélectionnés. Dans la classe où j’ai enseigné, il y en avait trois venus de Russie, non pas de Moscou, mais d’Arkhangelsk, d’Ivanovo et de Petersbourg. Ces gens avaient été réellement choisis avec soin et ils étaient très forts. L’Université d’Europe Centrale est la seule où j’aie donné des conférences. J’y ai eu affaire à de jeunes collègues plutôt qu’à des étudiants. Le rythme normal de travail, à l’Université d’Europe Centrale est de 400 pages à étudier par jour, comme sous le camarade Staline. Nombreux sont ceux qui n’y arrivent pas.

Je connais une étudiante venue de l’Université d’État des sciences humaines de Russie qui y a étudié pendant un mois et qui s’en est retournée chez elle, disant qu’elle ne pouvait pas physiquement soutenir ce rythme. Et, bien sûr, tout l’enseignement s’y fait en anglais, bien qu’on y accueille des non-anglophones.

 

Le contexte mondial

Voyons maintenant la situation en Ukraine et alentours. Dans un contexte élargi, mondialisé en quelque sorte, à la lumière du rôle que l’Occident, dans son ensemble, par ses interventions variées, lui a assigné :

Premièrement : la bataille contre la Russie

Deuxièmement : L’affrontement avec la Chine.

Troisièmement : En rapport avec le déchaînement de la guerre au moyen-Orient.

Je me permets de le répéter : Ce ne sont en aucun cas tous les groupes en Occident qui veulent déchaîner la guerre au Moyen-Orient. Mais il y en a un certain nombre qui y trouvent un grand intérêt. De même, l’Arabie Saoudite et Israël y ont grand intérêt pour une série de raisons. Or, ces vecteurs convergent en Ukraine, les trois objectifs s’unissent en un seul.

C’est la redistribution des actifs géo-économiques et géo-politiques en cours dans le déroulement de la crise mondiale.

 

Le « péril Yellowtone »

 [Le traducteur en anglais ne voit pas ce que le péril Yellowstone vient faire dans cette démonstration. Nous non plus. Il faudrait interroger le Pr. Fursov sur la question. NdT]

Bien sûr, il y a le péril Yellowstone – je parle du supervolcan – qui pourrait changer complètement les règles du jeu à n’importe quel moment. Le supervolcan pourrait régler, pour la classe dominante occidentale, le problème qu’elle essaie de régler depuis 50-60 ans sans y parvenir. L’éruption redoutée du volcan pourrait les résoudre, mais c’est un autre problème.

 

Origine de la situation actuelle

Voyons comment on en est arrivé à ce qui a précédé la situation actuelle. À savoir : Nous sommes en 1991. L’URSS vient de s’effondrer. Après dix ans de pillage, les Américains se demandent : « faut-il aller plus loin ? ». À l’évidence, ils ont décidé que non, car ils seraient alors tombés sur les Chinois. Par ailleurs, l’équipe d’Eltsine paraissait conduire le pays droit dans le trou. C’est alors que, soudain, en 2001, se sont produits les attentats de New York. Le vecteur politique des Américains a bifurqué vers le Moyen-Orient. En se tournant vers le Moyen-Orient, ils se sont détournés de leurs buts initiaux.

Nous avons eu alors l’Irak, l’Afghanistan. La Fédération de Russie a pu mettre ce moment de répit à profit pour retrouver son souffle, se remettre sur pieds. Ensuite, il y a eu la guerre du 08.08.08 [intervention russe en Ossétie du Sud, NdT] qui a montré aux Occidentaux qu’ils avaient, en quelque sorte, perdu le contrôle de la Russie.

Deux points sont à noter

- Obama a fait connaître sa doctrine militaire par son adresse au Parlement australien du 17 novembre 2011.

- Et une nouvelle doctrine militaire des USA a été définie par le même Obama le 5 janvier 2012.

La doctrine du 5 janvier 2012 dit que les USA peuvent faire la guerre directement, mais aussi, indirectement, par des actions séparées dans plusieurs parties du monde. Le texte précédent disait « deux guerres », ce qui signifie qu’ils n’en sont plus là. D’autres déclarations plus intéressantes avaient été faites par Obama au Parlement australien le 17 novembre 2011 : ces objectifs étaient exprimés dans le style vague qui lui est propre, mais si nous appelons un chat un chat, cela signifiait :

Premièrement : Encerclement politico-économique de la Chine, en vue duquel la force navale US a été déplacée vers les détroits entre l’Océan Indien et l’Océan Pacifique. C’est pour cette raison que les routes terrestres d’approvisionnement en énergie sont si importantes pour la Chine : les routes d’approvisionnement par voie maritime peuvent être aisément bloquées par les Américains.

Deuxièmement : Application de pressions sur la Fédération de Russie en voie de redressement, qui plus est partenaire de la Chine.

En réalité, Obama ne disait rien de nouveau.

Il existe une organisation du nom de STRATFOR (Strategic Fortecasting Inc.) qui est une sorte de CIA privée. Son fondateur et président George Friedman a déclaré ouvertement que la tâche primodiale des États-Unis était la déstabilisation de l’Eurasie. De manière qu’il ne puisse jamais exister un état ou un groupe d’états capables de se mesurer aux États-Unis.

La région-clé pour en finir avec la Russie et la Chine est le Moyen Orient, qui est également important par lui-même. A cause du pétrole, de l’Iran et de la région de la Caspienne, l’Azerbaïdjan en particulier. Faites bien attention à l’Azerbaïdjan. Ne vous faites pas d’illusions, c’est un partenaire fidèle d’Israël et des USA. Ce pays pompe du pétrole pour Israël et pour l’Ukraine. Il reçoit des armes des États-Unis, d’Ukraine et d’Israël, et il a des conseillers israéliens, occupés à travailler avec son armée. En cas de conflit avec les Arméniens, qui sont de très bons guerriers, je ne pense pas que l’armée d’Azerbaïdjan se comporterait mieux qu’elle ne l’a fait jusqu’à présent, mais il faut savoir qu’aujourd’hui, elle est plus forte et mieux entraînée qu’elle ne l’a jamais été.

 

Objectifs des parties intéressées au Moyen-Orient

 Obama. Disons les clans qui sont derrière Obama (soit dit en passant, mes vues sur le sujet d’Obama n’ont pas changé, depuis que le général Orchinsky et moi avons écrit un article, au lendemain de son élection, intitulé « Le président en carton-pâte ». Nous souscrivons et signons.) Quand je dis « Obama », je parle du clan qui tire ses ficelles. Depuis le début, ces clans ont souhaité améliorer leurs relations avec l’Iran, bien sûr au détriment de celles avec Israël. Comment l’Iran peut-il être utile aux États-Unis ? Imaginez l’Iran en partenaire des USA… D’abord, c’est un pays beaucoup plus grand qu’Israël. Il occupe une magnifique situation géo-politique. Il a des ressources également magnifiques. Si l’Iran est un partenaire des États-Unis, on se retrouve avec un axe Iran-Inde contre la Chine et contre la Russie, tout en maintenant un état de tension salutaire. Israël subit un état de tension en tant qu’état juif avec une partie de population arabe, alors que l’Iran est de confession chi’ite. La tension existe surtout avec les monarques sunnites, avec l’Arabie Saoudite. Donc, la tension pourra subsister.

Obama a pris un certain nombre de mesures dont le but était d’améliorer les relations avec l’Iran. On a vu alors apparaître toute une vague de publications affirmant que les USA allaient abandonner Israël. Mais Obama s’est lui-même retrouvé sous la pression de toute une série de groupes, au nombre desquels il faut compter le lobby israélien. Et l’amélioration des relations avec l’Iran ne s’est pas encore produite à ce jour. Ce qui est intéressant c’est : que les relations avec l’Iran s’améliorent ou se détériorent, les Américains ont deux problèmes à résoudre…

L’un est déliminer le régime d’Assad. Et d’éliminer dans la foulée la « fabuleuse » organisation de Hezbollah. Nous ne considérons pas le Hezbollah comme une organisation terroriste. Le Hezbollah est une organisation chi’ite libanaise qui est en réalité mondiale. Par exemple, un de ses centres-clés est la région des chutes d’Iguazu. Quelqu’un sait-il où se trouvent les chutes d’Iguazu ?

 

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C’est en Amérique du Sud. Elles se trouvent dans une région frontière entre le Paraguay, l’Uruguay et le Brésil. Il s’y trouve en permanence une énorme quantité de touristes. Al Qaïda, le Hezbollah et le Hamas s’y sont ménagé de confortables petits nids. Mais le point le plus important, c’est que c’est l’endroit où se trouve l’essentiel de la diaspora libanaise. Quand nous entendons le mot « diaspora », nous pensons instinctivement à la diaspora juive, à la diaspora arménienne. Mais la diaspora libanaise n’est pas moins importante, elle fait juste moins de bruit. Il y a une centaine d’années, les Libanais ont commencé à s’installer en Afrique et en Amérique du Sud. Ils ont notamment émigré vers la partie de l’Afrique où on trouve des diamants : Sierra Leone, Angola et quelques-uns en Afrique du Sud.

 

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Principaux gisements de diamants en Afrique

 

Dans cette région frontalière [sud-américaine, NdT] où se trouve la diaspora libanaise, ainsi que le Hezbollah et d’autres organisations, ils achètent de la cocaïne et la transportent par sous-marins vers l’Afrique Occidentale. Au départ, ils utilisaient des sous-marins vendus par les Ukrainiens. Ces sous-marins sont aujourd’hui hors service et ont été remplacés par d’autres. La cocaïne est amenée en Sierra Leone, où elle est échangée contre des diamants. Avec ces diamants, ils achètent des armes. Ce triangle Hezbollah-Syrie-Iran est un obstacle dans le chemin des Américains. Ils sont arrivés à la conclusion correcte que, s’ils éliminent la Syrie, comme partenaire arabe de l’Iran, l’Iran en sera affaibli, que ses relations avec les USA soient meilleures ou non, et qu’alors, il sera plus facile de négocier avec les responsables Iraniens. C’est pourquoi l’élimination du régime d’Assad est devenue l’objectif n°1 pour les Américains, comme elle l’est pour l’Arabie Saoudite et pour Israël.

Mais il se fait que leur modèle de « printemps arabe » n’a pas fonctionné en Syrie. C’est pourquoi ils se sont vus obligés d’intervenir militairement. Cependant, l’intervention a foiré, par suite de la position de la Russie et de la Chine. L’agression occidentale contre la Syrie a été la première phase militaire vraiment sérieuse vers une redéfinition de la carte du Moyen-Orient. Permettez-moi d’insister sur ceci : la première phase militaire sérieuse. La Libye ne compte pas ici. La Libye n’a compté que dans la mesure où son pétrole était très important pour les Américains. Le coût de production du pétrole libyen est de 1 $. C’était donc très important. Mais la Libye et la Syrie sont des pays différents, avec un potentiel différent. En Syrie, pour eux, les choses n’ont pas marché, je le répète, avant tout par suite des positions de la Russie et de la Chine. L’offensive américaine contre la Fédération de Russie et la Chine sur le théâtre d’opérations syrien a échoué. Cela, s’ajoutant à la présidence de Poutine, a obligé l’Occident à imaginer d’autres manœuvres.

Ils ont commencé à chercher par où attaquer, et c’est l’Ukraine qui est sortie du chapeau. Parce qu’en Ukraine une situation explosive s’était développée à tous les niveaux, entre les oligarques eux-mêmes et entre les oligarques et la population. Il aurait été honteux, pour les Américains et les Européens, de ne pas exploiter une situation pareille, même si Américains et Européens poursuivent des objectifs totalement différents en Ukraine

Les Américains ont besoin de chaos et de guerre civile en Ukraine.

Les Européens ont besoin d’une Ukraine entière, c’est-à-dire d’un marché où pouvoir écouler toutes sortes de rebuts. Par-dessus tout un marché du travail à bas prix. C’est aussi, véritablement, un marché de consommation potentiel encore inexploité, avec ses 44 millions d’habitants (moins la Crimée, à présent).

En principe, l’Ukraine n’est pas officiellement membre de l’OTAN, ce qui ne l’a pas empêchée de participer aux quatre campagnes militaires de l’OTAN. Veronika Krasheninnikova avait donc raison quand elle a dit à la télévision que, pour nous, l’issue du conflit avec l’Ukraine se trouve là où les frontières de l’OTAN se situeront. Que l’Ukraine soit membre de l’OTAN de jure n’importe pas. Il est clair qu’elle deviendra un des pays de l’OTAN.

De plus, il est absolument clair que ce pays a l’intention d’être totalement anti-russe, nationaliste, banderiste et néo-nazi. Il s’ensuit un double objectif qui consiste à établir cet état anti-russe et à lui faire exercer une pression constante sur le Fédération de Russie. L’objectif à long terme est d’attirer la Russie dans le camp occidental et de l’y démolir. Car… si la pression exercée sur la Russie est suffisante, la Russie, dans le but d’arriver à un accord avec l’Ouest pour résoudre ce problème de provocations sans fin, se tournera nécessairement vers l’Ouest. À la suite de quoi elle deviendra un outil de l’Ouest pour faire pression sur la Chine. Amener la Russie et la Chine à s’affronter serait évidemment le scénario idéal pour les Occidentaux.

De même qu’ils n’ont jamais cessé d’opposer la Russie à l’Allemagne et à la France. C’est le même schéma qui se répète sans fin. La situation présente en Ukraine, qui a débuté en 2013, a servi ce but. Hegel a parlé de « l’insidiosité de l’Histoire ». Ces 30 jours du 15 février au 17 mars ont tout cassé. Et changé le monde.

L’ère qui a commencé en 1989-84 arrive sous nos yeux à sa fin ou est même déjà finie. On cite souvent les mots de Brzezinski : « Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire eurasien ». Mais ce n‘est pas vrai. La Russie peut être une grande puissance, même sans l’Ukraine. Très différente est la question de savoir si cela lui sera plus difficile et lui prendra plus de temps.

Qu’est-ce que l’Ukraine ? La partie orientale de l’Ukraine n’a jamais fait partie de l’Ukraine. Ce sont les bolcheviks qui ont fait ça. Ils avaient besoin d’un taux de prolétaires plus élevé en Ukraine. C’est la seule raison pour laquelle ils y ont « déménagé » ces régions. Ce qu’il est important de savoir aussi, c’est que les mots de Brzezinski n’ont rien d’original. Il n’a fait que répéter les mots de l’Allemand Paul Rohrbach, qui, au commencement du XXe siècle, prédit :

«  Pour éliminer le danger que la Russie présente pour l’Europe et avant tout pour l’Allemagne, il faut séparer complètement la Russie ukrainienne de la Russie moscovite. »

Notez que pour Rohrbach, l’Ukraine et la Moscovie étaient toutes deux la Russie. Il parlait donc de provoquer une fracture interne de la Russie. Ce n’était pas original de sa part non plus, car il ne faisait que développer l’idée des politiciens allemands de la fin du XIXe siècle – Bismarck inclus – qui avaient proposé les moyens spécifiques de résoudre ce problème. Ils mettaient en particulier l’accent sur la nécessité de dresser l’Ukraine contre la Russie, d’amener les peuples de l’une et de l’autre à se combattre. Mais pourquoi ? Ainsi que le même Rohrbach l’a écrit :

« Nous devons cultiver dans les Ukrainiens un peuple dont la conscience soit altérée au point de lui faire haïr tout ce qui est russe. »

Nous parlons donc ici d’une opération psychologique (« psyop ») historique et de sabotage psychologique de l’information, dont le but est de mettre des Slaves-Orcs russophobiques au service du Saroumane occidental [allusion au Seigneur des Anneaux, NdT]. Ils sont l’outil utilisé pour séparer l’Ukraine de la Russie, pour opposer la Russie à une espèce de Rus anti-russe, d’Ukraine libre et démocratique au sein d’un empire totalitaire. Tout cela a été conçu dans le cadre du Projet Galicie, auquel les services d’espionnage de l’Autriche-Allemagne et du kaiser allemand ont travaillé, suivis dans cette voie, par les services du IIIe Reich et, plus tard, par la CIA et le BND (« Bundesnachrichtendienst » ou Service fédéral de renseignements).

 

Le service d’espionnage du IVe Reich en action

Bien que je n’en aie pas de preuve directe, il ne fait aucun doute que l’Intelligence Service et le IVe Reich ont été à la manœuvre, ici la « Quatrième Internationale » connue sous le nom de code de « Daisy », prévoyant que quand le Jour « J » [D-Day] et l’heure « H » seront venus, les clandestins banderistes tireront le coup de pistolet du départ, au propre comme au figuré.

Rembobinement-rapide sur la Révolution orange de 2004, qui a différé de la situation actuelle. La Révolution orange de 2004 a été organisée par les néo-libéraux. Ceux qui étaient derrière cette affaire, en Ukraine et en Occident, croyaient que cela suffirait pour créer une Ukraine anti-russe. Mais ce n’était pas le cas. C’est pourquoi, alors que les événements actuels étaient en cours, une autre solution fut improvisée, soit une alliance entre les néo-libéraux et les ultra-nationalistes, en réalité les néo-nazis. Les néo-libéraux sont la façade « respectable » de l’Occident. Les néo-nazis et les forces anti-émeutes (« storm-troopers ») étaient ceux qui avaient pour tâche de briser le pouvoir de Ianoukovytch et de terroriser l’Ukraine orientale. Des gens avisés avaient mis Ianoukovytch en garde, lui avaient conseillé de ne pas jouer avec le feu, bref de ne pas laisser Tyahnybok développer son mouvement. Le plan de Ianoukovytch, comme les experts l’ont montré, était : nous allons faire monter au créneau Tyahnybok. Ainsi, les élections venues, l’Ukraine orientale terrorisée votera pour Ianoukovytch. Il a essayé de réussir un coup d’échecs, mais les Occidentaux ne jouaient pas aux échecs du tout. Ils ont renversé les pions et se sont servis de l’échiquier pour jouer à un jeu tout à fait différent.

 

Pourquoi est-ce arrivé maintenant ?

Premièrement : l’Ukraine est une construction artificielle, absolument non-viable, qui ne pouvait fonctionner normalement qu’à l’intérieur de l’Union Soviétique. En dépit du fait qu’elle était le seul état post-soviétique, mis à part la Russie et la Biélorussie, qui aurait pu théoriquement tenir debout toute seule, elle ne l’a pas fait. La République Socialiste Soviétique d’Ukraine était, d’une certaine manière, très importante dans l’Union Soviétique. Qui se rappelle où l’Ukraine était placée, à l’Exposition Nationale des Réussites Économiques ? En plein milieu. Aujourd’hui, elle est tombée à rien, mais alors elle était juste au centre. L’importance de l’Ukraine a été magnifiée de toutes les façons. Or l’Ukraine ne pouvait exister qu’à l’intérieur de la structure de l’Union Soviétique. En dehors de l’Union Soviétique, l’Ukraine n’est pas capable de se développer. Qu’est-ce qui l’a maintenue à flot ?  L’héritage soviétique, que les Ukrainiens n’en finissent pas de dévorer depuis vingt ans. On peut s’émerveiller de ce que devait être cet héritage, a voir comment les oligarques ukrainiens y ont mordu de toutes leurs dents – plus stupidement encore que les oligarques russes – et que cela ait pu durer vingt ans. Mais, comme on disait dans la Rome antique « Nihil dat fortuna mancipio » (« La fortune ne donne jamais rien pour toujours ») et, en 2013, cet héritage a fini d’être dévoré. Ianoukovytch s’y était, pour sa part, joyeusement employé. L’Ukraine était au bord du précipice. La Russie aurait encore pu la sauver. Mais cela était catégoriquement indésirable pour les USA. Et voilà pour le premièrement.

Deuxièmement. Après le Maidan de 2004, comme je l’ai dit, les maîtres marionnettistes de l’Ouest se sont imaginé que l’affaire était pliée, que des gens comme Iouchtchenko et Tymochenko pourraient résoudre tous les problèmes. Mais il s’est avéré qu’ils ne le pouvaient pas. Ianoukovytch est arrivé au pouvoir. Il a joué à toutes sortes de jeux : avec les Américains, avec la Russie. Il a surestimé sa donne. La carte maîtresse issue de ces vingt ans est favorable aux Américains. Ils ont été très actifs en Ukraine, avec l’aide de diverses organisations non-commerciales, non-gouvernementales, qui y ont fait un travail du tonnerre. Des douzaines d’organisations occidentales non-gouvernementales y ont été à la manoeuvre. Et nous, avons-nous des organisations non-gouvernementales en train d’opérer dans la sphère de la politique étrangère ? « Russkiy Mir ». Quand ont-elles fait leur apparition ? Il n’y a pas longtemps. Leur efficacité… Les autres organisations ?  Il y a « Rossotrudnichestvo » qui a un peu d’argent. « L’Institut des pays de la CEI »… c’est une institution. Le « Fonds Gorchakov » existe aussi. Mais ce sont des initiatives récentes et ces organisations n’ont pas de fonds conséquents. Les Américains ont injecté des sommes d’argent énormes dans leurs opérations d’Ukraine. Il y a eu aussi, pendant toutes ces années, le travail souterrain des banderistes, soutenus – y compris financièrement – par les services secrets des États-Unis et d’Allemagne de l’Ouest. De plus, géographiquement, l’Ukraine n’est pas un état balte. À propos, qui sait quand le dernier « frère de la forêt » a été abattu dans les états baltes ? 1960 ? 1974 ? Mais, vous savez, il n’y a en fait aucun endroit où se cacher dans les états baltes… en Ukraine, en revanche, il y en a. Et, bien sûr, les banderistes ont toujours été très présents. Et, bien sûr, l’Occident n’a jamais cessé de travailler avec eux.

Il est évident qu’il y a eu des raisons internes aux événements de décembre-janvier-février 2014. L‘appauvrissement de la population. L’insatisfaction causée par ce régime d’usuriers oligarques de Ianoukovytch. Maintenant, que voyons-nous ? La famille de Ianoukovytch est partie. La famille de Tymochenko lui a succédé. Une famille d’oligarques a remplacé l’autre. Et ils ont mis des oligarques en charge des villes de l’est. Ce n’est pas par hasard que j’ai cité les mots de Marx et d’Engels à propos de la Révolution de 1848 : « Nous savons maintenant quel rôle la stupidité joue dans les révolutions, et comment des ordures savent l’exploiter. » Ils ont su l’exploiter en effet.

Autant qu’on puisse en déduire des événements en cours, la rapacité de la classe dirigeante a été exploitée à la fois en général et de manière spécifique, au fur et à mesure du déroulement des événements. Le jour « J » et l’heure « H » sont arrivés le 21 février.

Comme je travaille dans les sciences et pas dans l’espionnage, mes informations ne peuvent être qu’indirectes, mais elles sont confirmées par un autre analyste. Vers 18 heures, le 21 février, la moitié de la Place Maidan a été dégagée. Et les choses auraient pu en rester là. Mais, vous savez, entre 18 h et 20 h… Il y avait à peu près 15.000 manifestants sur la Place Maidan. Ils ont été déplacés par un groupe d’environ 3.000, dont certains m’ont donné cette information. Derrière eux marchaient les Berkout. Ils disent que, tout à coup, les Berkout se sont arrêtés. « Nous avons continué, mais les Berkout se sont arrêtés ». Ils avaient reçu l’ordre d’arrêter. Que s’est-il produit, entre 18 et 20 heures ? Essayons de reconstituer les événements. Ceci est ma version des faits. Je n’oblige personne à y adhérer.

À ce moment-là, Ianoukovytch a décidé qu’il avait gagné et qu’il pouvait entamer les négociations. Sans compter que les Américains lui avaient dit qu’ils savaient où son milliard était planqué. C’est là qu’il a décidé de jouer un tour imbécile, de petit paysan. Il a décidé de rouler les Américains, sans se rendre compte que c’étaient eux qui étaient en train de le rouler, lui, en ne respectant pas leur accord. Et qu’ils n’oublieraient certainement pas le tour de cochon qu’il avait voulu leur jouer. C’est à ce moment précis, quand l’occasion de dégager la place Maidan eut été perdue, que les choses ont pris un tour très différent. Je disais le 21 et le 22 que c’était une situation perdue par la Russie, parce que, si la seule force pro-russe que nous ayons réussi à mettre en place en vingt ans était celle que dirigeait M. Ianoukovytch, on peut dire que c’était, de notre part, une bien minable performance.

À quoi Tchernomyrdine avait-il passé son temps ? Que faisait Tchernomyrdine ? Il chantait des chansons et jouait de l’accordéon avec les oligarques ukrainiens. Évidemment, c’était là son destin. Les choses ont d’ailleurs tourné au mieux pour lui. À quoi Zurabov passait-il son temps ? En principe, nous n’en avons pas la moindre idée. Mais il est clair que c’était à passer de juteux contrats de gaz et à traîner avec les oligarques. L’espionnage occidental et les organisations non-gouvernementales ? Ils travaillaient avec les oligarques, avec l’intelligentsia et avec les masses. Et voyez le résultat : bien que Kiev ne soit pas une ville de Galicie, 90% de l'intelligentsia de Kiev soutient le Projet Galicie. Cela veut dire que les espions occidentaux ont fait du bon travail. Car c’est en effet le résultat de leur travail.

Nous, nous n’avons pas du tout travaillé de cette manière-là. Nous avons passé notre temps à papoter avec les oligarques au lieu de nous occuper de choses sérieuses. Encore une fois, si notre seule force pro-russe au plus haut niveau était cette personne appelée Ianoukovytch, alors, c’est notre plantage. Certes, perdre une manche ne veut pas dire perdre le match. Le match des 17-18 a été gagné, mais celui-là ne s’est joué que sur la Crimée. Il reste l’Ukraine orientale, le sud-est de l’Ukraine.

 

Ce que voulait l’Occident

Voyons maintenant ce que voulait l’Occident, quels étaient ses plans. Qu’est-ce que l’Ouest avait besoin de retirer de cette situation ? Essayons de penser comme les Occidentaux. Je veux dire comme ceux qui ont manigancé tout ceci. C’est la seule façon d’y comprendre quelque chose.

En été [de 2013, NdT], alors que j’étais à Londres, j’ai lu les journaux anglais. Il y a eu à ce moment-là un magnifique  éditorial dans le Financial Times. Cet éditorial éreintait, en gros, les professeurs d’économie des universités anglaises. Il leur disait que, quand on veut former un économiste, on ne lui bourre pas le crâne de tout ce qui a été écrit par des économistes, on lui apprend à penser en économiste. Soit dit en passant, c’est ainsi qu’il faut apprendre aux gens à penser le politique : comme des politiques. Notre science politique en est réduite à un modèle, où les gens apprennent les théories de la science politique. Mais les théories de la science politique sont très loin des réalités. En fait, elles n’existent que pour masquer la manière de penser des politiciens. C’est une diversion.

Plan « Minimum » : l’Occident installe un Reich slave, banderiste, néo-nazi. Une pression constante est maintenue sur la Russie ; des provocations diverses sont exercées par divers moyens. Si la Russie réagit, dire à tout le monde que « l’énorme Russie totalitaire harcèle la libre Ukraine ». C’est le procédé qui a été utilisé en Yougoslavie avec  Ces pauvres Albanais, victimes des monstrueux Serbes ».

Plan « Maximum » : identique à la manière dont le IIIe Reich a été installé dans les années 1930. Mettre en place les forces qui, si cela s’avère nécessaire pour l’Occident, joueront un rôle décisif dans la guerre contre la Russie. Certains diront : « Quel cauchemar ! Qui est supposé partir en guerre contre la Russie et comment ? ». Il y a plusieurs situations possibles. Qui, en Europe, pourrait partir en guerre contre la Russie ? Les Roumains, à votre avis, pourraient-ils envisager une guerre ? Les Polonais ? Pas eux quand même ! Ce qu’il faut, c’est une sorte d’état pit bull, prêt à lancer au moins un conflit local, pour montrer à une Russie affaiblie comment les choses pourraient se développer.

Si vous pensez que j’y vais un peu fort, reportez-vous à l’histoire des relations entre l’Ouest et la Russie. Chaque agression que la Russie a subie ces deux ou trois cents dernières années est venue de l’Ouest. Il n’y a pas eu d’agression de la Russie envers l’Ouest. Juste deux points : la campagne de libération contre Napoléon qui, incidemment, comme l’a dit Koutouzov, aurait dû se terminer en 1813 sans sortir de nos frontières [comme la campagne de France contre les Coalisés aurait dû se terminer en l’an II à Fleurus… NdT]. « Laissez la France et l’Angleterre s’aimer de façon perverse et se débrouiller entre elles ». Cela, c’était une campagne. La seconde, c’était en 1849, celle de Nicolas Ier. À mon avis, c’était une erreur, bien qu’il ait été un grand tsar. L’assistance apportée pour aider [Ferdinand Ier, NdT] à écraser le soulèvement hongrois en Autriche-Hongrie. Ce n’était pas nécessaire. Il fallait laisser les Hongrois battre les Autrichiens. Il fallait les laisser avoir leur petit théâtre du chaos en Europe Centrale. Cela aurait rendu les choses plus faciles pour nous. Ces deux fois-là exceptées, jamais la Russie ne s’est mêlée de rien à l’Ouest. Ça, c’était au XIXe siècle.

Lorsqu’il fut question d’envoyer des troupes en Tchécoslovaquie, cela fut fait en accord avec les règles écrites du Pacte de Varsovie. L’OTAN a les mêmes règles. Dans les statuts de l’OTAN, il est dit noir sur blanc que « Si tout état de l’OTAN est mis en danger, par suite d’événements internes ou externes, des troupes doivent être immédiatement déployées ». Pourtant, quand des troupes ont été envoyées en Tchécoslovaquie, ils ont parlé de « doctrine Brejnev ». C’est juste que nos propagandistes sont incompétents. Nous aurions dû rétorquer que cela était fait en respect des conventions de Varsovie et des statuts de l’OTAN, comme cela se fait dans toutes les organisations de cette espèce. Mais je parlais du XIXe siècle.

Pour ce qui est du XXe siècle, l’URSS a raté une occasion unique en 1968. Là encore, ils ont été lents, n’ont fait que réagir aux événements. Pendant les troubles de mai-juin 1968 à Paris, la direction soviétique, en utilisant le Parti Communiste Français [??? NdT] aurait fort bien pu amener les forces de l’OTAN à entrer dans Paris pour rétablir l’ordre perturbé par le Parti Communiste et les syndicats. Et si les forces de l’OTAN avaient investi Paris, nous aurions pu hurler pendant 30 ans sur l’écrasement des étudiants par les forces de l’OTAN. Ils n’auraient pu alors se gargariser d’aucun « printemps de Prague ». [À ceci près que les « troubles » de Paris étaient la première révolution orange, fomentée contre De Gaulle précisément pour avoir chassé l’OTAN de France, et que le PCF, débordé par sa base, a soutenu De Gaulle et ne pouvait en même temps servir de motif à intervention. NdT]. Mais les dirigeants soviétiques ne faisaient que réagir aux événements. Parce qu’ils étaient un gouvernement réactif. Comme Arnold Toynbee l’a noté : « La politique de l’Occident envers la Russie est une politique d’agression ». Soit dit en passant, Toynbee n’était pas russophile. « L’agression russe est d’une nature défensive » a-t-il écrit. L’objectif final de la classe dominante atlantiste a toujours été l’élimination de la Russie. Sous ce rapport, ce que voulait dire Leonid Chebarchine, un des dirigeants les plus visibles des services secrets soviétiques, était parfaitement juste quand il a écrit : « Ce dont l’Occident a besoin, de la part de la Russie, c’est qu’elle n’existe pas ». C’était stratégique.

Tactiquement… En 1991, l’Occident aurait pu commencer à démembrer la Russie. Mais, avec la Chine déjà en pleine ascension, cela n’a pas paru une bonne idée. À la place, ils ont décidé de harceler la Russie, disons pendant une vingtaine d’années. Période que la Russie a mise à profit pour se remettre en selle. Le Banderastan – si c’est ce que l’Ukraine est appelée à devenir selon le vœu des marionnettistes d’au-delà de l’Océan – deviendra un état oligarchique, terroriste et russophobe, on voit bien pourquoi. Un quasi-état, parce que l’Ukraine post-soviétique elle-même n’a jamais été un état réellement indépendant.

Nous sommes déjà en présence d’une administration extérieure du pays. Kisselev avait absolument raison quand il a mentionné hier : « La visite du directeur de la CIA à Kiev, plus la directive du FMI ordonnant de licencier 12.000 travailleurs du secteur social ».Ils sont en train de pratiquer des coupes brutales. L’argent du FMI arrive toujours avec des injonctions d’avoir à faire des coupes sombres dans les programmes sociaux. Qui, à leur tour, provoquent des troubles dans les populations. Le gouvernement est alors obligé de prendre des mesures pour s’y opposer, et c’est le cercle vicieux. Tout ceci est très bien expliqué dans Les confessions d’un assassin financier, de John Perkins. Il démonte parfaitement ce processus.

Une Ukraine oligarchique banderiste est inévitable pour cette simple raison : à cause de leur corruption, de leur incompétence et de leur mauvais vouloir, les oligarques sont le truchement idéal pour un pouvoir extérieur. Cette solution ne peut que satisfaire à la fois les oligarques et l’Occident.

Finalement : si la junte fantoche de Kiev arrive à se maintenir, la logique la poussera à adopter une politique de terreur envers l’est et le sud-ouest du pays. Ce sera différent, évidemment, si elle n’a pas le pouvoir de le faire. Ces gens n’arrêtent pas de parler de deadline (« dernier délai »). Mais ils n’arrivent à rien parce qu’ils n’ont pas de pouvoir réel. Par ailleurs, il est clair que le Secteur droit constitue une menace sérieuse pour le gouvernement ukrainien.

Que signifiera d’autre la banderisation de l’Ukraine, si elle se précise ? Eh bien, l’est et le sud-est du pays sont des régions industrielles développées. Elles ont été modernisées. L’ouest est agricole. Il est clair que l’Union Européenne n’a pas besoin des industries modernes de l’Ukraine telles que Yuzhmash [ constructeur de fusées, NdT] et Motor-Sich [construction de moteurs pour avions, NdT]. Ce sont des concurrents et ils doivent être éliminés. Elle n’a pas besoin non plus de l’énergie nucléaire ukrainienne. Ce dont elle a besoin, c’est d’un endroit où se débarrasser de ses propres déchets nucléaires.

 

La mort d’Olekandr Muzychko

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Il y a une théorie sur les raisons de l’élimination d’Oleksandr Muzychko – et je la trouve convaincante, vous pouvez la lire sur Internet – selon laquelle Tymochenko, qui avait besoin d’argent, a passé un accord avec les Européens, spécifiant que l’Ukraine allait immédiatement disposer de ces déchets nucléaires. Mais le fait est que l’Ukraine ne possède pas l’équipement qu’il faudrait pour le faire. Ce qui veut dire qu’ils vont se contenter de les enterrer [ou de les abandonner à ciel ouvert, comme dans le nord de l’Italie. Cf. Donna Leon, Mort en terre étrangère, NdT]. Ils ont, croit-on, l’intention de les enterrer dans la région de Tchernobyl. « Après tout, c’est déjà pollué. Nous les enterrerons et ferons tout disparaître là-bas ». Si une personne est décisive… Eh bien, Iatseniouk et Turnychov n’ont pas voulu y toucher. Tymochenko s’est mise d’accod avec Iaroch, et Iaroch a donné des instructions dans ce sens à Muzychko. Mais Muzychko, en dépit de ses airs de brute, n’était pas un imbécile. Il a compris que quels que soient ceux qui étaient en train d’organiser cela, ils finiraient par l’éliminer. C’est la raison pour laquelle il se mit à agir sans tenir compte des ordres de Tymochenko. Il n’y avait dès lors plus d’autre solution pour eux-elle que de l’éliminer en effet.

Pour autant que je sache, le train transportant ces déchets nucléaires se trouve toujours en attente à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine sans destination avérée. C’est on ne peut plus évident : l’Europe a besoin de l’Ukraine comme dépotoir. Ce qui me surprend, de la part des dirigeants ukrainiens, c’est ceci : ceux qui vont mourir ou devenir stérile à cause des radiations ne sont pas seulement les Ukrainiens lambda. Les enfants de la caste dirigeante n’en seront pas épargnés. C’est ce qui m’estomaque. Pourquoi transforme-t-elle son pays en décharge nucléaire en plein vent, source de réactivité, si elle y vit elle-même ?Vous avez l’intention de devenir présidente, non ? Vous vous préparez donc à vivre dans ce pays au moins 4 ou 5 ans dans ces conditions. C’est beaucoup. La banderisation de l’Ukraine signifiera sa dé-modernisation, son archaïsation futuriste. Si cette junte est complètement victorieuse, ce dont je doute quand même assez fort, alors, l’Ukraine s’effondrera et deviendra une zone archaïco-futuriste plus extrême que celles décrites dans les romans fantastiques d’Alexei Kolentev.

Une leçon importante à tirer de la crise ukrainienne qui, pour moi, s’avère positive, concerne les médias russes. Pour une fois, ils ne nous ont pas considérés comme les perdants dans un conflit. Pendant la guerre du 08.08.08, un bon nombre d’entre eux avaient adopté une position anti-russe. Cette fois, seules des structures complètement hystérisées l’ont fait tels que l’« Echo Moskviya », et même pas tous ceux qui s’y expriment. Certes, ils ont quelques femmes ménopausées, mais leur patron a adopté une attitude plus retenue. Un groupe significatif a été appelé « national-traîtres » par le président, pour s’être affiché dans l’opposition. Quoi qu’il ‘en soit, nos médias n’ont pas perdu, cette fois, la bataille de l’information sur l’Ukraine et se sont conduits très correctement. En Crimée, tout a été organisé très correctement. Du point de vue des lois internationales, les tentatives faites pour la discréditer n’ont simplement rien eu sur quoi s’appuyer. Tout s’est passé correctement.

Pourtant, cette crise a mis en évidence toute une série de « deux poids-deux mesures ». J’ai jeté un œil à la presse, ces jours-là, et je vais en énumérer quelques-uns :

- Un éditorial du New Statesman prétend que « Poutine a violé la souveraineté de l’Ukraine… » – Violé comment ?  – «… en envoyant des troupes en Crimée ». Non, cela ne s’est pas produit. Dans ce cas, comment devrions-nous qualifier les actions des diplomates américains qui viennent de renverser un président légitime ? Mensonge pur et simple.

- Voyons ensuite le respectable Economist du 8 mars. Ils accusent Poutine d’être devenu « plus autocratique ». Pas d’argument rationnel invoqué. La répugnance à jouer aux jeux imposés par l’Occident est ici interprétée comme un acte d’autocrate. Dans cette logique, la démocratie, c’est juste lécher les bottes de l’OTAN.

- Le même pathos hypocrite qu’on nous a servi à propos de Kadhafi est à présent déversé sur Poutine, dans la rhétorique des articles de mars sur la situation en Russie. Comme, par exemple, dans Time Magazine du 17 mars. Idem dans le Spectator du 8 mars. Un certain O’Sullivan écrit : « Poutine a brisé le consensus qui était né à la fin de la guerre froide ». Comme si Poutine devait considérer qu’un tel consensus devrait même avoir existé !

On voit là l’impudence et l’impunité de l’OTAN, qui a bombardé la Yougoslavie, qui,n comme si cela ne suffisait pas, a couvert la Yougoslavie entière d’un tapis de bombes. Vous avez sans doute vu les films. Moi, je l’ai appris des Serbes il y a longtemps. Quand ils ont bombardé les régions serbes, ils les ont truffées d’uranium. Si bien qu’en Serbie, aujourd’hui, il y a prolifération de cancers… la population est tout simplement en train d’en mourir. Et comme si cela ne suffisait pas, ils ont déversé partout du spermicide, qui est cause aujourd’hui d’une très forte stérilité masculine. Ainsi, les Serbes, qui sont une force pro-russe en Europe, auront été éliminés.

- Plus loin, dans la même édition du Spectator, ils ont fait état d’une déclaration d’Obama disant « la Russie est du mauvais côté de l’Histoire ». Selon la logique d’Obama, être du bon côté de l’Histoire, c’est avoir vitrifié Hiroshima et Nagasaki,  c’est avoir attaqué le Vietnam, la Yougoslavie, l’Irak et la Libye, c’est avoir tué des centaines de milliers de civils innocents. Apparemment, c’est ça, pour lui, le « bon côté de l’Histoire ».

 

L’infantile Garry Kasparov

Mais ce qui m’a le plus impressionné, c’est un article qu’a écrit notre propre Garry Kasparov. À deux égards.

Tout d’abord, par la manière dont ce type (qui a été adopté par l’Occident) est présenté.

Et ensuite, par sa vision de l’Histoire.

Son article est intitulé : « Abattez les oligarques, et vous ferez tomber Poutine ». Ceci a été publié par le très sérieux Wall Street Journal le 10 mars 2014. On peut juger du niveau intellectuel du bonhomme par ce qui suit. Il écrit : « Pour la deuxième fois en six ans, Poutine vient d’ordonner à ses troupes de violer une frontière internationalement reconnue et d’occuper un territoire étranger ». Pour ce qui est de la première fois, on présume qu’il veut parler du 08.08.08 et pour la deuxième fois de la Crimée. Quand Poutine a-t-il donné l’ordre aux troupes d’entrer en Crimée ? Où y a-t-il eu une décision de ce genre ? Nous n’avons pas envoyé nos troupes en Crimée. Poutine fait partie, avec Milosevic et Saddam Hussein, du club très sélect des chefs d’État qui ont « envahi des pays voisins ». Milosevic n’a rien envahi du tout. Milosevic a eu affaire au Kosovo, qui faisait partie de la Yougoslavie. Saddam Hussein a envahi le Koweit : c’était un  piège. Et ce n’est pas pour cela du tout qu’ils l’ont envahi, eux. Ce n’est pas en 1990-1991 qu’ils l’ont fait et qu’ils l’ont renversé.

Kasparov écrit : «  À Yalta, Staline a forcé le faible Roosevelt et l’impuissant Churchill à accepter sa position sur la Pologne, et la politique de Poutine sur la Crimée est la même que celle d’Hitler annexant l’Autriche et les Sudètes ». Si un étudiant s’avisait d’écrire des choses pareilles à un examen, je lui donnerais un « deux » et l’obligerais à se représenter.

Le point n’est même pas que ni Roosevelt ni Churchill n’étaient faibles. Churchill et Staline, quoi que cela puisse paraître cynique, se sont échangé la Grèce et la Pologne. Ils ont convenu que l’URSS dominerait à 90% la Pologne et à 10% la Grèce, et que la Grande Bretagne dominerait à 90% la Grèce et à 10% la Pologne. C’est ainsi que l’URSS a cessé de soutenir activement les communistes grecs et qu’ils se sont fait écraser par les Anglais. C’est ainsi que nous avons résolu notre problème polonais. pour nous, la Pologne était beaucoup plus importante que la Grèce. Évidemment, on n’a rien dit de tout cela à Kasparov. Qui continue son bla bla (Pourquoi je m’occupe tellement de Kasparov, qui s’agite beaucoup dans notre opposition ? Pour montrer le niveau intellectuel de ces gens.) : « Si Poutine gagne, le monde issu de 1945 se désintégrera ». Le Kasparov de la moitié des années 1980 est comme le héros du roman américain Rip Van Winkle, qui s’endort un beau jour pour se réveiller dans une Amérique qui ne fait plus partie de l’Empire britannique, parce qu’elle est devenue un pays en soi. « Rip Van Winkle » désigne quiconque s’éveille pour se retrouver dans un monde résolument différent.

 

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La vérité, bien sûr, c’est que le monde issu de 1945 s’est désintégré en 1989, à Malte, quand Gorbatchev a tout bradé sans rien obtenir en échange. Les journalistes ont inventé l’expression – qui n’a pas tenu – « le système maltais » pour remplacer « le système de Yalta ». Il n’y avait eu non plus aucune raison de parler de briser l’ordre du monde à Yalta.

Et voici quelque chose qui mérite vraiment attention : Que recommande Kasparov aux Occidentaux ? De faire pression sur les oligarques. Pas sur Poutine, mais sur les oligarques. Si on fait pression sur eux, ils organiseront un coup d’État et le renverseront. Nous avons là un citoyen russe en train de dire au Département d’État US comment s’emparer de son pays en y provoquant un changement de régime. Imaginez qu’il soit un citoyen US de passage en Russie ou en Chine, expliquant à ces pays comment renverser Obama. Je crois qu’il aurait de sérieux, de très sérieux problèmes. Pourtant, Kasparov est libre d’aller et venir à sa guise en Russie, et personne ne parle de lui enlever sa citoyenneté !

Quelle est l’importance de ces événements de février-mars ? Allons au cœur du problème. Pour la première fois depuis 1991, les Etats-Unis d’Amérique ont lancé, quoi que sans l’admettre ouvertement, une agression contre le monde russe. Parce que kl’Ukraine se trouve bel et bien sur le territoire du monde russe. Ils ont organisé cette agression à des milliers de kilom ètres de leurs propres rives. L’Ukraine ne peut, en aucune manière, se trouver dans la zone d’intérêts des États-Unis. Le Mexique, à la rigueur. Peut-être même Cuba. Ils pourraient prétendre que Cuba fait partie de leur zone d’intérêts.

Mais l’Ukraine en est vraiment très loin. Comme d’ailleurs l’était l’Irak. Ceci est une agression, pour la première fois depuis 1991. Ils oçnt décidé qu’ils pouvaient s’y risquer. Pour la première fois depuis 1991, nous avons donné la pâtée à l’agresseur. Un sacré moment. En dépit de tous les braillements occidentaux, nous n’avonds pas cédé, nous nous sommes réunis avec la Crimée et, comme le Président l’a déclaré sur la Place Rouge, « La Crimée est rentrée à son port d’attache ». Oui, malgré les criailleries et tout le reste. Du coup, la chandon du groupe Nautilus Pompilius, « Goodbye, America ! », prend une signification symbolique.

 

Goodbye, America !

Adieu aux relations qui existaient avec les autorités russes des années 1990 ou même pendant le premier mandat de Poutine ou celui de Medvedev. Ces jours-là ne sont plus. Parce que l’Occident ne pardonnera jamais ce que le présent gouvernement vient de faire. Et ce gouvernement, considérant le comportement de l’Occident…

S’ils nourrissaient encore quelque doute du genre : « Écoutez, nous ne sommes pas Milosevic, nous ne sommes pas Saddam Hussein ou Kadhafi. Ils ne nous feraient jamais ça à nous », etc. Qu’ils sachent qu’il ne reste à présent aucun doute : « L’Occident n’a pas de freins. Dans la course à la solution de ses propres problèmes, il ne s’arrêtera que quand il sera dans le mur ».

 

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Grâce à cette merveilleuse réunification avec la Crimée, à cette Victoire Totale en Crimée, qui met réellement fin à une ère historique. Mais il reste quelques problèmes.

Le premier problème est l’incompatibilité  entre la direction prise par notre politique étrangère en direction de la restauration de notre statut de grande puissance et la politique néo-libérale suivie par notre gouvernement, nominalement celle de Medvedev. Une confrontation avec l’Ouest n’est pas soutenable sur base d’une économie néo-libérale. Nous y embarquer n’est possible que sur base d’une économie de mobilisation. Mais une économie de mobilisation n’est possible qu’à l’intérieur d’un système social de mobilisation. En d’autres termes, les relations avec l’Ouest qui sont en train de prendre forme pour l’avenir exigent de la Russie, sur le plan intérieur, de très sérieux changements.

 

Les changements intérieurs russes obligatoires

Le premier changement requis est cosmétique : Une politique de suppression légale de la Ve colonne. C’est le tout premier pas à faire.

Nous devons ensuite  renforcer un certain nombre de matières en rapport avec l’économie et la structure sociale. Parce que, d’ici six mois, l’euphorie causée par la réunification avec la Crimée aura disparu, et en automne, nos problèmes économiques seront remontés à la surface. Nos prévisions de croissance économique les plus optimistes sont de 1%. Nous avons, au minimum, besoin de 5 à 6%. Bien entendu, l’insatisfaction de la population causée par la situation économique sera exploitée par ceux  qui ont organisé la manifestion de masse de Bolotnaya.¨Ils utiliseront cette insatisfaction. Bien sûr, il se formera une alliance entre les néolibéraux et les ultra-nationalistes. [La suite lui a donné raison. NdT] Cela deviendra très vite « les oligarques », « la lutte contre la corruption », et ainsi de suite. Alors, s’ils réussissent, arrivera le groupe d’oligarques suivant, qui… La Révolution, c’est quelque chose qui change les structures socio-économiques. Aucune des « révolutions de couleur » n’a amené le moindre changement dans les structures socio-économiques. Les régimes en place ont été remplacés par des régimes pro-occidentaux, rien de plus. Il est important de bien comprendre cela.

Si la Russie pivote vers un système de mobilisation, la classe dominante nord-atlantiste et son réseau d’agents en Fédération de Russie tentera de renverser le régime actuel et, je le répète, cela sera fait sous la bannière de la « lutte contre la corruption », etc. C’est pourquoi nous devons être très attentifs au Maidan de février à Kiev et aux héros qu’il a révélés. Regardez Tymochenko, qui est montée sur la scène au Maidan et qui a dit que les événements de Kiev devaient servir de modèle aux peuples de toutes les républiques post-soviétiques dans leur lutte contre les dictateurs. Le fils du criminel de guerre Zhukevitch, Youri Zhukevitch, qui a purgé ici une peine de prison, a déclaré :

« Le Maidan de février est la continuation des événements de 1991, le début de la seconde révolution anti-soviétique, la première ayant été 1991-1993, qui devait en fin de compte détruire le rêve d’une résurrection de l’Union Soviétique. »

.Pour eux, il est bien clair que le Maidan était la continuation de 1991-1993. La brurtale réaction de la Russie au Maidan – protéger la Crimée – ils ne s’y attendaient pas du tout.

Le second problème est étroitement lié au premier et en procède :

La Ve colonne

Ce sont ceux que Poutine a qualifiés de « social-traîtres ». Quantitativement, c’est un assez petit groupe, mais il comprend des membres du gouvernement, des gens du monde des affaires, des médias, de l’intelligentsia et de l’éducation nationale. Pour savoir qui ils sont, il n’y a qu’à chercher ceux qui ont crié le plus fort, lors de la réunification avec la Crimée, que c’était « comme Hitler avec l’Autriche ».

En outre, ces gens se sont débrouillés pour éviter la question de l’Autriche donnée à Hitler par la Grande Bretagne et la France. Sans leur approbation, jamais Hitler n’aurait pu l’annexer. Raison pour laquelle ils ont laissé Hitler annexer l’Autriche : Hitler n’avait pas de réserves monétaires. L’Autriche en avait. En lui donnant l’Autriche, ils lui donnaient les réserves en devises dont il avait besoin pour réarmer. Ensuite, ils l’ont laissé s’emparer de la Tchécoslovaquie, poarce qu’il avait besoin de son potentiel militaro-industriel, le Reich n’en avait pas. Il avait besoin de pouvoir passer la frontière avec l’Union Soviétique.

La crise ukrainienne a démontré l’unité du peuple et des autorités de Russie lorsqu’il s’agit d’une question aussi importantne que la reconstitution du monde russe. Mais cette crise rend nécessaire et urgente la résolution d’un certain nombre de problèmes dans le pays. Selon moi, il s’impose de réspoudre les questions suivantes :

1° Supprimer la Ve colonne par des mesures politico-juridiques ; la couper des médias et de ses sources de financement, princuipalement occidentales.

2° Passer à une économie de mobilisation et à un système social de mobilisation, dont un élément soit l’économie de mobilisation.

3° Reformater la sphère juridique. Éliminer la prééminence du droit international sur le droit national. (Soit dit en passant, ni le Royaume Uni ni les USA ne respectent cette prééminence, mais il s ont réussi à l’imposer aux autres.) Arrêter de participer à des structures ouvertement anti-russes et surtout, arrêter de les financer.

4° Renforcer l’alliance militaire avec la Biélorussie en dépit des complications objectives et subjectives impliquées par le processus. Je suis très lokin d’avoir été impressionné par  ce que Loukachenko a dit de la Crimée. Mais il a dit une chose importante : « La Biélorussie ne fera jamais rien qui soit au détriment de la Russie ». C’est bien. À mon avis, il aurait dû en dire davantage.

5° Rendre les coups aux agresseurs, non seulement à nos frontières, mais dans toutes les parties du monde où nous en avons la possibilité. Il nous faut nous conduire envers les Occidentaux exactement comme les Occidentaux se sont conduits envers la Russie depuis qu’elle est venue au monde en 1991.

Récemment, le cinéaste Karen Chakhnazarov a dit quelque chose de très vrai à la télévision. L’Occident n’a jamais mis fin à la guerre froide. L’Union Soviétique s’est désintégrée, mais tout à continué de plus belle. Brzezinski a parlé franchement de cela dans une de ses interviews. C’était après la fin officielle de la guerre froide. Il a dit : « Ne vous méprenez pas. Nous ne sommes pas en guerre avec le communisme. Nous sommes en guerre avec la Russie, quelle que soit l’appellation officielle. » S’il avait dit « avec l’esprit russe », il aurait répété presque mot pour mot ce qu’avait dit Churchill en 1940 :

« Nous ne sommes pas en guerre avec Hitler, ni même avec le national-socialisme. Nous sommes en guerre avec l’esprit allemand, l’esprit de Schiller, afin qu’il ne puisse jamais être ranimé. »

L’espèce de castration spirituelle imposée aux Allemands après 1945, c’est cela qu’ils voulaient faire à la Russie après 1991.

Dans une de ses interviews, Alexander Rahr – c’est une espèce de politicien marginal allemand – a dit que beaucoup de politiciens et de journalistes occidentaux sont surpris que la Russie ne se repente pas. Ils veulent dire par là qu’ayant perdu la guerre froide, la Russie devrait se repentir. Une autre chose qu’il a dite, pour laquelle il a été très critiqué à l’Ouest, est : « Pour le monde occidnetal, sa victoire dans la guerre froide n’a pas été moins importante, peut-être même plus importante, que sa victoire sur Hitler. » Parce que Hitler leur appartenait. La Russie ne leur a jamais appartenu. C’est poirquoi nous devons rendre les coups aux agresseurs, pas seulement à nos frontières et pas seulement quand ils nous envahissent. Il nous faut créer des problèmes à l’adversaire, partout où il est vulnérable.

6° Nous devons déployer une contre-attaque informationnelle massive contre la classe dominante nord-atlantiste, et qu’elle soit particulièrement agressive partout où cette classe a des problèmes. Particulièrement dans le monde musulman et le monde hispanophone.

Je travaille en collaboration étroite avec les services en langues arabe et espagnole de RT. Ils font un travail de premier ordre. Que veut-on dire quand on parle d’audience hispanophone ? Eh bien, pas seulement l’Amérique Latine et l’Espagne. Il y a une énorme audience hispanophone aux États-Unis Cela doit être exploité.

7° Dernier point. Reconfigurer la conscience publique par rapport à la Défense. Ce qui ne veut pas dire nous protéger mieux. Le mot « défense » signifie que nous vivons en temps de guerre. Il faut entraîner les populations – et en premier lieu les jeunes générations – à être prête à résister à n’importe quelle agression : militaire, informationnelle, culturelle, civilisationnelle.

Je suis très heureux d’assister à la résurrection de l’éducation militaro-patriotique et du concept « Prêt pour le Travail et pour la Défense » (ITO). Je me rappelle avoir passé les examens de « Prêt pour le Travail et pour la Défense » d’abord en écolier du primaire, puis du secondaire. Il fallait courir, ce que nous aimions beaucoup, et jeter des grenades. C’est une approche énergique. La raison pour laquelle nous avons gagné la guerre et que nous avions des « Sociétés d’Assistance à la Défense et à la Construction aéronautico-chimique ». Nous avions des organisation sportives dans les années 1930. Nous étions vraiment en train de nous préparer. Vous voulez la paix ? Préparez-vous à la guerre.

Nous sommes un peuple pacifique, mais notre train blindé est prêt dans les coulisses. Ainsi donc, les changements qui sont intervenus en février-mars 2014 marquent la fin de l’ère des défaites. Laisser derrière nous l’ère des défaites est nécessaire, pas seulement sur le front extérieur mais également à l’intérieur. Il reste beaucoup de personnages odieux en circulation, reliquat de l’ère Eltsine. Certains sont partis en Ukraine. Il y a un jour naliste nommé Kisseeliov – Evgueni Kisseliov – qui a le même nom de famille que Dmitry Kisseliov. Il y a des années qu’il est en Ukraine. C’est un homme à Berezovsky Goussinski. Il fait des émissions en Ukraine depuis des années. Aujourd’hui, il a dit qu’il avait honte d’être russe. « Honte ! »… pour l’amour de Dieu…

Eh bien, voyez-vous, nous  ne devons pas avoir honte d’apprendre des Occidnetaux comment opérer dans le domaine international. Leurs politiques sont d’une nature très offensive. Si vous vous contentez d’y réagir, vous serez toujours un pas en arrière et vous perdrez. Dans la victoire de Crimée, nous avons vaincu parce que notre gouvernement, et par-dessus tout notre Président, a toujours eu un pas d’avance sur l’adversaire. Il a fait un pas. Ils ont réagi. C’est lui qui a fixé l’ordre du jour.

Source : https://wikispooks.com/wiki/Document:Battleground_Ukraine

Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades.

 

De là où nous sommes, nous pouvons même juger à quel point l’administration Poutine a pris au sérieux les suggestions d’Andreï Fursov…

 

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On peut lire aussi, complémentairement :

Le projet secret d’un « deuxième Israël » en Ukraine

http://reseauinternational.net/le-projet-secret-dun-deuxi...

 

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À quoi bon lésiner…

Pendant que nous y sommes, voici les références d’une série de vidéos : conférences d’Andrei Fursov, sur des sujets divers, toutes sous-titrées en anglais. Hélas, pas en français. Avis aux bénévoles…

 

 Why American imperialists hate and fear Joseph Stalin

https://www.youtube.com/watch?v=dc6C9O7iB6k

*

Anti-communism in the Soviet Union in the 1970s

https://www.youtube.com/watch?v=-TdSvOO2rzE

*

Why the Rockefellers funded the ecology movement

https://www.youtube.com/watch?v=Giz3-7TBBow

*

How the Gulag agency grew in the Soviet Union

https://www.youtube.com/watch?v=b5qaZwu4rx8

*

How Leonid Brezhnev was different from Nikita Khrushchev

­https://www.youtube.com/watch?v=v-JuDVs0kGw

*

Perestroika led to empty shelves in the USSR

https://www.youtube.com/watch?v=y2H3bTReblQ

*

Chernobyl disaster was a result of sabotage

https://www.youtube.com/watch?v=5_wzZqL7v0I

*

How Joseph Stalin launched Soviet industrialization

https://www.youtube.com/watch?v=m7o5wtxP8RY

*

Why Mikhail Gorbachev's Perestroika was so bad

https://www.youtube.com/watch?v=9XCbdWgQ3c0

*

The USA lost the first half of the Cold War

https://www.youtube.com/watch?v=cK7CUy8PxRQ

*

Why the CIA created a scandal using Doctor Zhivago

https://www.youtube.com/watch?v=tvUKQjwn_Hk

*

How Mikhail Gorbachev capitulated to the West in 1989

https://www.youtube.com/watch?v=G88efqy6QzU

*

Who bribed Mikhail Gorbachev?

https://www.youtube.com/watch?v=taJ596HBO8g

*

Barack Obama's dialectics

https://www.youtube.com/watch?v=UmeRdflg5Ws

*

Andrey Fursov • The Current World Crisis : Its Social Nature and Challenge to Social Science

https://www.youtube.com/watch?v=K_KCeerpAFs

*

Oligarchical topography of Ukraine. Andrey Fursov

https://www.youtube.com/watch?v=GXLUJpqaQpY

*

The real history of World War II isn't yet written

https://www.youtube.com/watch?v=-q3MLfGC63I

*

Stalin researched the Rothschilds

https://www.youtube.com/watch?v=UCI-GWsLdps

*

Joseph Stalin fought the real New World Order

https://www.youtube.com/watch?v=F_xPszReTKs

*

11. Mère Patrie -x.GIF

 

Mis en ligne le 16 décembre 2016.

 

 

 

 

 

23:56 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Web | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook |

Commentaires

Nous avons lu des dizaines d'analyses géopolitiques sur la politique russe Toujours,même lorsqu'elles étaient bienveillantes et apparemment informées, comme on peut l'être de l'extérieur, elles baignaient dans ce quelque chose qui fleure l'Occident. C'est pourquoi nous sommes infiniment reconnaissants à Théroigne d'avoir eu le courage d'effectuer cette très longue et passionnante traduction.

Pour tous ceux qui désirent s'informer honnêtement du point de vue russe, ce texte est incontournable.

J'ai particulièrement aimé la manière dont le géopoliticien russe évoque la "castration spirituelle" des nations occidentales transformées en brebis bêlant à l'unanimité la propagande de l'empire

Le grégarisme, la naïveté frisant la stupidité des journalistes de l'ensemble des médias occidentaux prouve que l'objectif de l'empire américain a été atteint, et même probablement, au delà de ses espérances.

Écrit par : Sémimi | 21/12/2016

@ semimi

Merci de vos encouragements !
Je vous avouerai que ma curiosité est piquée et que j'aimerais savoir - et aussi faire savoir - ce qu'il y a dans les autres conférences, dont certaines touchent à des sujets si controversés.
Il faudrait que les journées aient 48 heures... ou que quelques-uns des 80.000.000 de francophones que nous sommes en Europe jugent cet historien et ses points de vue digne de leur intérêt et de leurs efforts.
Qui sait ?

Écrit par : Theroigne | 21/12/2016

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