08/02/2011

To leak or not to leak

 

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To leak or not to leak

 

Quand mon attention a été attirée sur l’affaire Wikileaks, je venais de lire une remarquable interview de l’auteur algérien Lounis Aggoun par la journaliste suisse Silvia Cattori, à propos de la sortie de son livre La colonie française en Algérie. 200 ans d’inavouable (1), et, dans la foulée, un non moins remarquable article de Georges Stanechy, qui en rendait compte sous le titre « La France doit-elle contacter Ben Laden ou le Père Noël ? ».
 

Un passage de cet article, digressant sur le propos de Lounis Aggoun et dont je ne doutais pas de la pertinence m’avait particulièrement frappée. Georges Stanechy y rappelait avec raison quelques faits historiques. La citation est un peu longue mais elle mérite le détour :

«  L’Okhrana Tsariste
 

“Théories du complot !”, hurlent les gardiens du Temple de la Propagande, pour paralyser toute remise en cause.
 

Malheureusement pour eux : les archives sont là…
 

Rien de plus bavard, neutre, impartial, que des archives. Infiltrations, provocations, attentats, créations d’organisations terroristes, politiques, ou même “syndicales”, organisés par les services secrets des Etats eux-mêmes… Rien de bien neuf. Procédés aussi anciens que l’Histoire.
 

Dans leur “modernité”, un des premiers exemples de ces procédés parmi les plus magistralement achevés, qui a fait école depuis, sur lequel abondent archives et témoignages, est celui de la puissante et redoutable police secrète des Tsars : l’Okhrana.
 

Après l’assassinat d’Alexandre II (13 mars 1881), face à l’ébullition de la société russe rejetant le système féodal, “tout pour les riches – rien pour les autres”, le pouvoir refusant toute évolution de son système politique s’est lancé dans un totalitarisme féroce, justifiant répression et entretenant la peur.
 

Sous le règne d’Alexandre III (1881 – 1894), ce fut le paroxysme de cette pratique organisée sur le plan institutionnel par le bras droit du Tsar, Constantin Pobiedonostsev Haut-Procureur du Saint-Synode, l’équivalent d’un Garde des Sceaux en France. C’est à lui que la Russie doit le Règlement sur le maintien de l’ordre étatique et de la tranquillité publique de 1881, en vigueur jusqu’en 1917…
 

Présenté comme un “Règlement temporaire” de « maintien de l’ordre », il fut prolongé d’année en année, avec pour finalité l’accroissement des jugements arbitraires, avec des simulacres de procès ou, encore mieux, sans procès. Argumentaire, rhétorique, idéologie, se retrouvant dans nombre de législations contemporaines de nos pays, pour en museler les libertés publiques au prétexte de “maintien de l’ordre” ou de “lutte contre le terrorisme”…
 

Cette règlementation servit de couverture à un système policier géré par un génie de l’époque, d’une intelligence, d’une ruse, hors du commun. Certains disent : d’une perversité hors norme. C’était : le lieutenant-colonel Grigori Soudeïkine.
 

Haut fonctionnaire de la police secrète, chargé des enquêtes et surveillances d’ordre politique, il élabora une implacable méthodologie fondée sur l’interaction entre infiltration et provocation. Son but n’était pas simplement d’arrêter des opposants et de les retourner comme agents de renseignements mais, progressivement, de contrôler et d’animer lui-même les mouvements clandestins d’opposition.
 

Il arrêta, ainsi, un des principaux chefs du mouvement « La Volonté du Peuple », Sergueï Degaïev, avec lequel il organisa des attentats donnant le prétexte d’arrestations assimilables à des rafles parfaitement ciblées.
 

Grigori Soudeïkine alla jusqu’à programmer l’assassinat des plus hauts personnages de l’Etat afin de prendre les terroristes en flagrant délit, et légitimer le régime de terreur : le directeur général de la police, Plehwe, le ministre de l’intérieur Dmitri Tolstoï (à ne pas confondre avec l’écrivain Léon Tolstoï…)… Du travail d’orfèvre.
 

Mais, jouer à l’apprenti sorcier est dangereux. En 1883, comme souvent dans ce contexte, sa propre créature lui échappe. Degaïev organise l’attentat de Grigori Soudeïkine. Le Tsar ne se consolait pas de sa mort… <
 

Il avait tort, car des élèves aussi doués, si ce n’est plus que leur maître, prennent en main l’Okhrana. Deux ex-révolutionnaires, qui accomplirent une brillante carrière dans les services secrets du Tsar, notamment : Sergueï Zoubatov et, son adjoint, Nikolaï Berdiaev.
 

Avec ces deux éléments d’exception, les services spéciaux de la Russie tsariste franchissent un pallier supérieur : non seulement, ils infiltrent les partis révolutionnaires et contrôlent leur action, mais en plus ils gèrent leurs scissions et dissensions. Provoquant assassinats et règlements de compte entre eux, pour en arriver à leur neutralisation.
 

Poussant le raffinement au plus haut point, ils vont jusqu’à créer les premiers embryons de syndicats…
 

Procurant locaux, subsides, machines à imprimer des tracts, Zoubatov et la police secrète, constituent, en 1901 à Moscou, la « Société d’Entraide des Ouvriers des Productions Mécaniques ».
 

Devant le succès de l’opération d’infiltration et de contrôle, ils renouvellent le stratagème en avril 1904, à Pétersbourg, créant une « Union des Ouvriers Russes des Fabriques et Usines de Saint-Pétersbourg ». Le dirigeant le plus actif de ce syndicat était un pope, évidemment agent secret, Gapone. Une de leurs plus grandes réussites fut la défection d’Evno Azef, chef de l’ « Organisation de Combat des Socialistes-Révolutionnaires  »….
 

Toutes les actions violentes dans les grandes villes étaient organisées par la police secrète. C’est un de ses membres, Iegor Sazonov, qui tuera le ministre de l’intérieur en jetant une bombe sur sa voiture, le 28 juillet 1904. Ces actes prouvant la nécessité de renforcer les moyens de la police, et l’élargissement de la répression, pour lutter contre le terrorisme…
 

Suivant à la trace les opposants hors de Russie, la police secrète ouvre des antennes dans toutes les capitales européennes. Installant à Paris, un as du renseignement et de la provocation, Piotr Ratchkovski, qui travaillait en liaison avec les services secrets français pour faire la chasse au révolutionnaire. Au point de se permettre de tester leur efficacité et leur motivation :
 

« Le 29 mai 1890, la police française effectue, sur l’ordre du ministre de l’Intérieur Constant, des perquisitions chez vingt immigrés russes. Elles y découvrent des bombes et des moyens d’en fabriquer, tout ce qu’il faut pour démasquer les « nihilistes » russes, préparant un attentat contre Alexandre III. Les conspirateurs et la police française ignorent que l’affaire a été fabriquée de toutes pièces par le provocateur Piotr Ratchkovski, qui, en 1885-1902, dirige les services étrangers du département de la police, à Paris. »
 

A l’époque il n’y avait ni radio, ni TV, mais les médias, sous forme de la presse à grand tirage, étaient noyautés. Ils y avaient leurs « agents d’influence ». C’est ainsi que les archives de l’Okhrana ont livré des noms de journalistes français, avec les reçus de leurs émoluments.
 

Parmi eux on trouve un rédacteur du Figaro, où il tenait la rubrique de politique étrangère, Raymond Recouly . Son nom de code d’agent de l’Okhrana était Ratmir. Il avait pour charge de chanter les louanges de la sanguinaire dictature tsariste, on disait “autocratie” pour faire plus chic, et de repérer les intellectuels opposants. Il encaissait mensuellement la somme de 500 francs par mois, somme considérable en ce début de 20° siècle…
 

Ce fut à cette époque que furent planifiées les déportations massives vers la Sibérie. En fait, ce sont les très chrétiens Tsars de Russie et leurs collaborateurs qui organisèrent les premiers « goulags ». Chaque année ce sont entre 10.000 et 13.000 citoyens Russes qui furent déportés, jusqu’à des enfants de 14 ans, dans des conditions épouvantables de survie, difficilement imaginables. George Kennan qui avait pu visiter quelques uns de ces goulags de l’époque en était atterré. Il en a livré un témoignage bouleversant dans un livre publié en 1891.
 

La machine répressive ne connaissant plus de limite, tout cela bien souvent sans preuve, si ce n’étaient les prétextes les plus bureaucratiques fondés sur le soupçon : « mode de pensée nuisible », « relations douteuses », « appartenance à une famille néfaste ». Signatures de l’arbitraire et du totalitarisme.
 

Mais une police, quels que soient la sophistication de ses techniques et la capacité d’imagination de ses éléments les mieux formés aux pratiques de la répression, ne peut servir de rempart à une révolte provoquée par l’injustice économique et sociale soulevant tout un peuple.
 

Ce fut 1917… »

(voir la totalité de cet article sur Le Grand Soir, qui en offre une version imprimable :
http://www.legrandsoir.info/La-France-doit-elle-contacter... )
 

_________________________________________      
 

Notes

(1) Silvia Cattori : Entretien avec Lounis Aggoun – « Algérie : Les années de sang et le rôle des agents d’influence ».
      1ère partie :    http://www.silviacattori.net/article1368.html
      2e partie     :    http://www.silviacattori.net/article1389.html

 

 

*

 

 Là-dessus  éclate l’affaire des poursuites contre Julian Assange, et c’est un feu d’artifice : Internet se met à crépiter de jugements définitifs autant que contradictoires. Pour les uns, la cause est entendue, c’est un coup d’Israël, comme par hasard épargné par les révélations – opinion qui trouve beaucoup d’oreilles réceptives chez les sympathisants de la cause palestinienne -, pour d’ autres, c’est une manipulation de la CIA ; pour beaucoup, Julian Assange n’est pas net, il n’y a qu’à voir de qui il s’entoure et ses déclarations selon lesquelles le plus grand danger pour le monde, c’est la Chine, etc. etc.
 

D’une part, les réflexions de Georges Stanechy (et la démonstration magistrale d’Aggoun dans son livre) rappellent opportunément, quoique dans un autre contexte, qu’en effet tout est possible et qu’aucun état n’est au-dessus d’une bonne manip quand il l’estime nécessaire. (Que voulez-vous, tout le monde n’est pas Robespierre ou Gandhi.) D’autre part, les propres paroles d’Assange, assez troublantes, il faut bien l’avouer. Mais les a-t-il vraiment prononcées ou les lui a-t-on fait dire ? Comment savoir ? La seule manière de s’en assurer serait de juger sur pièces. Mais les documents rendus publics par Wikileaks sont des milliers (et ce n’est qu’un début). Comment faire pour tous les lire ? Comment faire surtout pour trier, dans une foultitude de « révélations » qui n’en sont pas pour tout le monde, le petit détail ou propos révélateur qui s’avèrera gros de conséquences ?
 

Qu’en pensent, qu’en disent ceux en qui nous plaçons notre confiance, chez qui nous allons nous-mêmes, à longueur de temps, nous informer ? Hé, c’est qu’eux aussi sont partagés.
 

Pour Thierry Meyssan et Jean-Michel Vernochet, la cause est entendue : il s’agit d’une opération  de diversion du gouvernement US. La preuve ? Ces prétendues révélations ne contiennent rien qu’on ne sache et, loin de fustiger les envahisseurs, s’arrangent pour faire porter le blâme de leurs activités néfastes par les envahis. En outre, Wikileaks a choisi, comme truchements ou « haut-parleurs », Der Spiegel, The Guardian et Le Monde, soit les plus aux ordres des médias vendus. Dans un communiqué du Réseau Voltaire, Meyssan titre « Wikileaks : une diversion politique », et les deux hommes donnent des interviews, qui circulent en vidéos sur le net. Il faut dire que ce jugement est exprimé dès juillet 2010, alors que seuls les documents relatifs aux guerres d’Irak et d’Afghanistan ont été rendus publics. Il serait intéressant de savoir si, huit mois et des masses de documents plus tard, ils continuent à penser de même.
 

Le Professeur Chossudovski, animateur du site canadien Global Research.ca, voit lui aussi, dans cette opération transparence, la main des États-Unis :  « Wikileaks est un prétexte pour censurer l’Internet» pense-t-il, et de renchérir un peu plus tard sur le mode interrogatif : « Qui est derrière Wikileaks ? ». Car il voit, dans tout le tapage fait autour de révélations tonitruantes et de secrets de polichinelle, une manoeuvre  cousue de fil blanc des petits machiavels US pour émasculer, voire assassiner la Toile, mettre un coup d’arrêt définitif à cette si dangereuse communication de tous avec tous. Il est d’avis que sous prétexte qu’Assange et ses co-équipiers sèment le bordel en prétendant informer, « on » va en profiter pour baîllonner tout le monde et que ça saute. Assange ? Il est peut-être bien complice de la manoeuvre, qui sait ? Comme on connaît ses saints, on les honore : je n’ai pas trouvé excessivement paranoïaques les craintes du Prof.
 

Mais, dans le même temps, du côté d’Antiwar.com, le point de vue n’est pas celui-là du tout. Dans les câbles qu’il vient de scruter sans passer par les canards intermédiaires, Justin Raimondo déterre une phrase, perdue il est vrai dans beaucoup de détails connus. Il en comprend les implications et les fait lumineusement comprendre à ses lecteurs. Pour lui aussi, la cause est entendue, mais autrement : la Droite et la pseudo-Gauche US ont beau couiner en choeur au scandale et réclamer la tête d’Assange, Wikileaks est une oeuvre de salubrité publique, et il se promet de dépiauter avec gourmandise les documents ainsi mis au jour, pendant des années.
 

Du côté de la gauche US, à commencer par Tom Feeley et Information Clearing House, on part en croisade contre les factions dominantes en paladins défenseurs d’Assange, à qui on veut éviter le sort fatal qui lui pend au nez. On tente même de récolter pour lui des fonds, dont on a soi-même dramatiquement besoin pour ne pas sombrer par ces temps de crise.
 

Idem du côté de Michael Moore, qui s’associe à la campagne de soutien et qui dit pourquoi.
 

Là-dessus, Madame Julie Lévesque – elle officie sur le même site que le Pr. Chossudovski – prend à bras le corps le problème qui nous tarabuste quand même : quid de l’entourage d’Assange ? Et de décortiquer, sous le titre « Wikileaks est-il ce qu’il prétend être ? Ami ou ennemi ? », ce qui n’est en réalité qu’une liste de salariés de la CIA, de la NED et autres manufactures de l’interventionnisme US. En tête : le Dalaï Lama. Suivi de près par les plus atlantistes des « dissidents » chinois, et par quelques autres de même tonneau. Autrement dit le premier cercle des agents d’influence de l’empire au niveau international. Comment croire en effet qu’ils vont, ceux-là, par amour de la « transparence », mordre la main qui les nourrit ? C’est-à-dire comment croire qu’ils vont tous devenir, en bloc, suicidaires ? Peut-être Assange a-t-il mis en avant leurs noms pour se protéger ? Peut-être même les a-t-il recrutés dans ce but ? Qui sait ? J’avoue que les questions posées par Madame Lévesque, je me les pose toujours.
 

C’est à ce moment-là que se place un bref échange de mails entre un des animateurs du Grand Soir et votre servante. Ils ne partagent pas, sur cette question, les points de vue de Chossudovski, et feraient davantage confiance à ceux de William Blum. Il dit quoi, Blum ? On ne sait pas. Pourquoi ne pas lui écrire « Bonne Année, Monsieur. Et vous la voyez comment, vous, cette affaire Wikileaks ? » Je vais m'y coller lorsque son Rapport Anti-Empire du 1er janvier arrive, aussitôt traduit et mis en ligne par Le Grand Soir. C’est celui que vous avez pu lire dans notre post précédent (17/18 janvier)
 

À présent, chose promise, chose due, j’ai dit que je publierais la plupart des pièces du dossier, les pour et les contre. Les voici.


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Communiqué du Réseau Voltaire
Wikileaks : une diversion politique
 

Sollicité par de nombreux lecteurs à propos des documents publiés par Wikileaks, le Réseau Voltaire tient à recentrer le débat. Dans ce communiqué, il dénonce une manoeuvre de diversion médiatique et réaffirme que la guerre d’Afghanistan est illégale.

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Écoutez  ce qu’en disent Thierry Meyssan et Jean-Michel Vernochet. Le premier est analyste politique et anime le Réseau Voltaire sus-cité. Il collabore couramment à divers medias du Proche Orient et de Russie. Il a publié plusieurs ouvrages qui, bien que boycottés dans son pays, ont fait grand bruit, notamment L’effroyable imposture (I et II). Il vit en exil entre Beyrouth et Moscou. L’autre est écrivain, journaliste et collabore à Terre future, où il milite pour la cause environnementale et animale. Il a un blog : http://vernochet.blogspot.com/ et s’exprime régulièrement sur le site Géostratégies http://www.geostrategie.

En voici les liens :

http://www.youtube.com/watch?v=UQn2eTfbMsc&feature=player_embedded

http://www.youtube.com/watch?v=nmjM_YV4lhQ

 

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Michel_Chossudovsky-s.jpgLe Professeur Michel Chossudovski est, je l’ai dit, un des principaux animateurs du site Globalresearch.ca (volet français : Mondialisation.ca). En 1967, il fut, avec William Blum, un des fondateurs de Washington Free Press

 Son premier article, non traduit intégralement, est ici largement cité par le site Planetenonviolence.

 

 

Michel Chossudovsky : Wikileaks est un prétexte pour censurer l'internet
 

Mondialisation.ca

Le contrôle d’internet est l’un des objectifs de la « Guerre de l’Information » dans laquelle Wikileaks/ Julian Assange joue un rôle prépondérant mais aussi dans la « fabrique de la contestation » ce qu’analyse avec justesse et clairvoyance Michel Chossudovsky dans « Who is Behind Wikileaks ».

 
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De deux articles non traduits – « Who is behind Wikileaks ? » (Qui est derrière Wikileaks ?) et «Manufacturing Dissent » (La fabrique de la contestation) le site Planetenonviolence a donné des extraits:


Vers le contrôle d’Internet – Rôle de Wikileaks dans la fabrique de la contestation

Le 18 décembre 2010
Planetenonviolence
 

Actuellement l’ONU fait l’objet de pressions de la part d’un certain nombre d’états membres pour créer en son sein un organisme pour «faire la police» sur internet. Ces pays évoquent les fuites de Wikileaks comme raison principale d’un contrôle plus strict d’internet.

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Texte intégral des deux articles en anglais :
Manufacturing dissent - http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid...
Who is behind Wikileaks - http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid...

Au tour de Mme Julie Lévesque à présent :

Elle est journaliste et chercheuse au Centre de la Mondialisation (volet francophone de Globalresearch). À défaut de son portrait, sur liste rouge,  on trouvera ici les autres articles qu’elle y a publiés.


Wikileaks : un entourage qui soulève des questions
 

par Julie Lévesque

Mondialisation.ca, Le 10 janvier 2011

Note de l’éditeur 
 

Les organisations progressistes ont louangé l’entreprise de WikiLeaks. Notre propre site web, Mondialisation.ca/Global Research, a offert une couverture approfondie des banques de données de WikiLeaks et de leurs implications, particulièrement en ce qui a trait aux crimes de guerre des États-Unis et de l’OTAN.
 

Le projet WikiLeaks est annoncé comme une victoire incommensurable contre la censure des médias privés, sans que sa structure organisationnelle ne soit examinée.
 

Il faut distinguer les bases de données de WikiLeaks, lesquelles constituent une source valable d’informations à part entière, et les mécanismes par lesquels les fuites, utilisées par les médias privés comme matériel source, sont ensuite transformées en nouvelles.
 

Dès le départ, WikiLeaks a collaboré étroitement avec plusieurs médias traditionnels.
 

Cet article de Julie Lévesque est centré sur la nature et la structure organisationnelle du projet WikiLeaks.

 
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Un qui ne se pose pas ces questions mais qui, en revanche, épluche les fameux cables d’un oeil d’émouchet, c’est M. Justin Raimondo, du site Antiwar.com. Et ce qu’il y trouve n’est pas triste.


5 décembre 2010


Wikileaks révèle l’influence croissante du crime organisé israélien (Antiwar.com)

Justin RAIMONDO



Si les "journalistes" affirment que les documents de Wikileaks n’apportent rien de nouveau, c’est parce qu’ils ne les ont pas lus.

J’adore les voir tous bâiller devant les dernières révélations de Wikileaks : Oh, il n’y a rien d’intéressant, c’est d’un ennuyeux, rien de croustillant, passons à autre chose. Ce sont tout simplement des fainéants : ils veulent des scoops livrés à domicile, bien emballés et étiquetés comme tels. Bref, ils n’ont pas envie de bosser et se contentent de faire leurs copier/coller habituels. C’est pour cela qu’une bonne partie des informations intéressantes sorties de Wikileaks leur échappe.


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Du côté des inconditionnels de l’entreprise et des plus fermes soutiens d’Assange, il faut citer Tom Feeley, qui n’écrit pas lui-même les articles qu’il met en ligne, mais qui anime seul, depuis des années, en dépit des brimades et des menaces des autorités U.S. (FBI, entre autres) un des sites d’information alternative les plus intéressants des États-Unis : Information Clearing House.

Ses interventions sur le sujet sont nombreuses mais non traduites. Pour les anglophones, disons que ICH fait partie des « miroirs » de Wikileaks, c. à d. des sites, de plus en plus nombreux, qui reproduisent à l’identique le site Wikileaks, de façon que toute tentative de le supprimer ou de le censurer soit vouée à l’échec.

   
Wikileaks Mirrors
 

Information Clearing House

Wikileaks is currently under heavy attack.

In order to make it impossible to ever fully remove Wikileaks from the Internet, you will find below a list of mirrors of Wikileaks website and CableGate pages.

If you want to add your mirror to the list, see our Mass Mirroring Wikileaks page.


Voir la page...

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Notons que LE GRAND SOIR compte au nombre des "sites miroirs" francophones et qu'il donne également - ici - toutes indications utiles à qui voudrait faire de même.

 

 

 

 

 

 

 

WikiLeaks and Assange Honored
 

By Ray McGovern

Information Clearing House

October 25, 2010 -- You are not likely to learn this from the “mainstream media,” but WikiLeaks and its leader Julian Assange have received the 2010 Sam Adams Associates for Integrity in Intelligence (SAAII) award for their resourcefulness in making available secret U.S. military documents on the Iraq and Afghan wars.

 
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Free Julian Assange ! Hands off WikiLeaks !

By Bill Van Auken

Information Clearing House

December 08, 2010 "WSWS" -- Julian Assange, the founder of WikiLeaks, was jailed in Britain Tuesday on charges that are nothing more than a pretext for an act of political repression dictated by the US government.

The aim of this judicial travesty is, in the first instance, to punish Assange for having made public secret cables exposing crimes and conspiracies carried out by US officials.

Second, by throwing Assange into London’s Wandsworth prison, the US and British authorities hope not only to silence WikiLeaks but also to intimidate anyone else from daring to lift the lid on government secrets and lies.

It is almost certain that the ultimate goal of the shoddy legal frame-up is to have Assange extradited to the United States to be tried as a spy or even as an accomplice of terrorism.

 
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Michael Moore, plus célèbre de ce côté-ci de l’Atlantique, a eu, lui, les honneurs de la traduction et de Courrier International  :



 

 

Michael Moore : Pourquoi j'aide Julian Assange

Le documentariste américain a décidé de financer en partie la caution du cofondateur de WikiLeaks. Il explique ses motivations dans un article publié par le Huffington Post.  

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Mais aussi ceux du Grand Soir , où il persiste et signe :

22 décembre 2010
Un énorme bobard médiatique comme on les aime

 ¡ Viva WikiLeaks ! SICKO n’a jamais été interdit à Cuba !

 Michael MOORE

 Wikileaks a fait hier quelque-chose d’incroyable : un câble classifié par le Département d’Etat et qui concerne en partie mon film "Sicko" a été publié. C’est une vision impressionnante de la façon orwellienne selon laquelle les bureaucrates de l’Etat répandent leurs mensonges et tentent de recréer la réalité (je suppose que c’est pour complaire à leurs chefs et leur dire ce qu’ils ont envie d’entendre).


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Presque last mais pas du tout least est l’analyse d’Andrew Gavin Marshall. Elle est très longue et pourrait décourager l’internaute superficiel. Mais, si elle est longue, c’est que l’auteur examine le fond du problème :  ce que sont réellement les câbles rendus publics par l’équipe de Wikileaks et non ce que les lecteurs ont l’impression qu’ils sont, l’usage qui en est fait par les trois grands journaux chargés de les diffuser, et enfin celui que nous pourrions tous en faire – internautes et medias alternatifs - si nous nous y mettions. Bref, une analyse à lire absolument.

Elle a paru sur Globalresearch, à côté des doutes de Michel Chossudovsky et de Julie Lévesque (bon point pour la démocratie interne du site !)...  en anglais bien sûr, et je n’espérais pas trop pouvoir la joindre à ce dossier. Mais c’était compter sans la valeureuse équipe du Grand Soir et sans son stakhanoviste de la traduction, Viktor Dedaj, qui a relevé ce défi après quelques autres.

Avec l’absence de vergogne qui ne surprend plus les lecteurs de ce blog,  je la leur emprunte :


15 janvier 2011
 

Pouvoirs, Propagandes et Prise de conscience politique globale

Wikileaks et la Guerre Mondiale de l’Information

Andrew Gavin MARSHALL


LGS : Faut-il se méfier de Wikileaks ? Comment les grands médias manipulent-ils les documents publiés ? Quelle attitude les médias alternatifs doivent-ils adopter face à ces documents ? A qui profitent-ils réellement ? Assistons-nous à une "prise de conscience politique globale" ? Autant de questions essentielles abordées dans ce (très) long article que nous vous invitons à lire.



Introduction

La publication récente des 250.000 documents de Wikileaks a soulevé un intérêt sans précédent, provoquant tout un éventail de réactions - des plus positives au plus négatives. Mais une chose et sûre : Wikileaks est en train de changer la donne.

Il y a ceux qui prennent les contenus des documents publiés par Wikileaks pour argent comptant, principalement à cause de leur présentation erronée donnée par les grands médias commerciaux.

Il y a ceux qui considèrent que ces documents sont authentiques et qu’il suffit de savoir les interpréter et de les analyser.

Puis il y a ceux, dont beaucoup font partie des médias alternatifs, qui émettent des doutes.

Il y a ceux qui considèrent ces fuites tout simplement comme une opération de manipulation qui vise certains pays précis, dans l’intérêt de la politique étrangère des Etats-Unis.

Et enfin, il y a ceux qui déplorent les fuites et les qualifient de « trahison » ou d’atteinte à la « sécurité ». De toutes ces opinions, c’est sans doute cette dernière qui est la plus ridicule.

Cet essai examinera la nature des publications Wikileaks et comment il faut les aborder et les comprendre. Si Wikileaks est en train de changer la donne, il faut espérer que les gens feront en sorte que le changement soit positif.

 
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Texte original en anglais :
http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid...




*

 


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Pour ce qui est d’Israël Shamir, ses textes sont si originaux, qu’en voici trois, car non seulement il les a rencontrés, lui, les gens de Wikileaks, mais non content de soutenir Julian Assange et son équipe, il part en guerre avec son impavidité coutumière contre le Guardian qui, en vrai média vendu, n’en est pas à quelques tourciveries près, et n’a pas hésité à se servir de lui, Shamir, pour tenter de diffamer Assange par ricochet. J’ai traduit moi-même la première et la troisième mi-temps, avec, comme le dit en toute fausse modestie Viktor Dedaj, "les erreurs et coquilles habituelles", car l’empoignade est décapante, et tellement instructive ! On verra sans surprise, au passage, que certaines des conclusions d’Israël Shamir coïncident tout à fait avec celles d'A.G. Marshall.



A bord du bon Vaisseau Cablegate
Assange dans les entrailles de l’Empire


par Israel Shamir

publié par Counterpunch.com, le 29 novembre 2010
(édité par Paul Bennett : http://counterpunch.com/shamir11292010.html )

Notre Neo-pour-de-vrai a encore frappé ! Dans ce nouvel épisode de Wiki-Matrix, l’intrépide Julian Assange repart à l’assaut de l’Empire, avec, à ses trousses, des généraux voraces du Pentagone, des agents dormants de la CIA et des féministes suédoises surexcitées.

Excusez-moi si je vous donne l’impression d’écrire une bande dessinée pour adolescents, mais cette histoire offre tellement de rebondissements et d’intrigues que j’en ai la tête qui tourne. Je n’ai jamais eu autant le vertige depuis mes débuts d’écrivain antisioniste pourchassé et ostracisé. Je me souviens qu’un jour, abordé par un vénérable juif hassidique, j’ai eu un mouvement de recul instinctif, m’attendant au pire, mais qu’en lieu et place d’anathème, je me suis vu noyé par un déluge de bonne volonté, tandis qu’un orchestre tout proche se mettait à jouer une vieille chanson juive sz mariage. Cette bénédiction déjà ancienne m’avait comme catapulté à la manière d’une fusée, très haut et très loin du culte nationalistemoderne de la force brute, très loin dans une contrée où les anciennes traditions avaient toujours valeur et pertinence. Ou était-ce juste Clark Kent (l’identité secrète de Superman, NdT) en train de refaire son numéro ?

La génération du numérique préfère le Neo de Matrix à Superman, mais la dynamique est la même. Tandis que Neo erre dans le vaisseau spatial de Moebius, il tombe sur un groupe de sympathiques jeunes gens, les pieds sur terre et avides d’action, qui se sont voués à la destruction de la Matrice. Durs comme l’acier et pourtant parfaitement humains, ces jeunes hommeset ces jeunes femmes jouissent du sentiment de camaraderie d’une troupe d’élite guettant le signal de l’attaque. Ils suivent leur chef simplement parce qu’il est le meilleur et le plus brillant. J’ai ressenti moi-même cet esprit de corps lors d’une récente visite que j’ai faite à un des repaires de WikiLeaks, quelque part en Europe. Ce conclave de hackers et de journalistes s’était réuni pour préparer le lancement de ce que l’histoire connaîtra sous le nom de Cablegate, ou peut-être de Megaleaks.

Il y avait là Malena, du Brésil, Joseph, de Suède, Sara, de Nouvelle-Zélande, James d’Angleterre et nombre d’autres personnes non moins importantes et non moins capables, étendues sur des nattes et des sofas, leur ordinateur portable sur les genoux, les yeux fouaillant les entrailles de la Matrice. Des secrets et des messages confidentiels d’ambassades américaines (il y en a environ un quart de million) attendent d’être lâchés dans le cyberespace. Ils s’attaqueront au ventre mou de l’empire, à savoir ces auto-tromperies flatteuses qu’entretiennent les armées impériales. Cela pourrait bien suffire à provoquer le reflux, dans la bataille pour le recouvrement de nos libertés en train de s’évaporer.

Ces sales petits télégrammes diplomatiques jettent une lumière crue sur la politique boueuse de l’Empire américain, sur les méthodes qu’il emploie pour collecter des informations, pour donner des ordres, pour corrompre les politiciens et pour dépouiller les nations. Mais avant de nous laisser aller à un anti-américanisme aussi confortable que primaire, n’oublions jamais que cela (il s’agit peut-être de la plus importante révélation d’exactions criminelles de toute l’histoire) n’a été possible que parce que des Américains courageux et honnêtes ont été prêts à risquer leur vie ou leur intégrité physique pour faire sortir la vérité du puits.

La tension monte, quand vous osez vous opposer au formidable pouvoir de la Matrice. Ces jeunes et brillants cyberguerriers ont mis leur vie dans la balance pour nous. Survivront-ils au lancement de leur attaque, ou certains clones malveillants réussiront-ils à les encercler et à les écraser ? En tout état de cause, le moral est au beau fixe et le climat se prête à cette entreprise audacieuse : des cieux sereins, un soleil resplendissant et des étoiles brillantes pour nous guider par les nuits agitées. Quoi qu’il puisse arriver, je serai à jamais reconnaissant pour ces jours-là, pour la compagnie de ces jeunes gens charmants, et pour l’inspiration de leur leader charismatique. Il est impossible de ne pas admirer Julian Assange. Toujours gentil, tranquille, de bonne compagnie et même un peu soumis ; comme le Tao, il dirige sans diriger, il donne des directives sans commander. Il n’élève jamais la voix ; il a à-peine besoin de parler, et tout devient clair. Notre Neo est guidé par l’idée de la transparence sociale. La pleine lumière est la meilleure des armes contre les conspirations.

julian-assange-wikileaks_design.pngSur le pont du vaisseau Megaleaks, je feuillette les derniers rapports arrivés du front. Il semble y avoir trois thèmes principaux, tous focalisés sur notre courageux héros Julian Assange. Il y a le thème du «traître» (qui camoufle l’empire totalitaire sous les oripeaux du patriotisme), il y a le thème du «violeur» (où une conquête outragée tire vengeance du héros infichu de mettre la main sur une capote anglaise au moment critique) et, enfin, il y a le thème du «complot sioniste» (curieusement lié au thème du viol, puisqu’une des  deux accusatrices a filé en Israël). Comme dans toute campagne de désinformation bien ficelée, chacun y trouve son compte : les conservateurs enfourchent le thème de la trahison, les libéraux sont fans du thème du viol, et les zozos marginaux peuvent s’exciter sur un énième complot sioniste. Quant à ce qui est de nous, faisons de notre mieux pour affranchir le nom «Sion» des chaînes dont l’a chargé l’Etat de l’apartheid, et remettons-le à sa vraie place : à bord du valeureux vaisseau Megaleaks et sous les projecteurs de la vérité. C’est un nom bien trop beau pour le laisser aux Sionistes.


Le contenu des Megaleaks

L’ensemble consiste en 251.288 documents dont les dates s’échelonnent  du 28 décembre 1966 au 28 février 2010, et qui proviennent de 274 ambassades. Chacun de ces documents est soit un télégramme diplomatique secret envoyé aux Etats-Unis, soit un communiqué du Secrétaire d’Etat aux bases américaines. Ils montrent les ordres donnés à travers le monde, les renseignements que le gouvernement U.S. veut se procurer et les informatios qu’il veut faire avaler ; ils montrent ce que ses diplomates découvrent des pays où ils sont en poste, les comptes rendus détaillés de rencontres avec des membres d’autres gouvernements et l’opinion des expéditeurs sur ceux qu’ils ont  rencontrés. Imprimés, les 261.276.536 mots constituant ces télégrammes rempliraient plus de 3 000 volumes. Ils révèlent clairement les tentacules du commandement et du contrôle de la planète par les États-Unis.

Une première analyse nous apprend de mauvaises et de bonnes nouvelles. Mauvaise nouvelle : ils sont partout.. Les fichiers montrent en effet l’infiltration, par la politique américaine, de pratiquement tous les pays du monde, même de ceux supposés neutres, comme la Suède ou la Suisse. Les ambassades américaines surveillent étroitement les pays qui les hébergent. Elles y pénètrent les médias, le commerce des armes, du pétrole, le renseignement, et elles font du lobbying pour que les firmes U.S. y occupent le premier rang. Les télégrammes diplomatiques prouvent que les Etats-Unis disposent déjà de l’empire du monde..

Bonne nouvelle : ils ne sont pas omnipotents. Les télégrammes font voir qu’ils se heurtent à de la résistance à tous les niveaux. Ils n’arrêtent pas de s’imposer, mais ils n’obtiennent pas toujours ce qu’ils veulent. La Russie est relativement libre, ainsi que l’Iran et la Turquie ; même les pays européens les plus domestiqués ne se soumettent pas toujours avec placidité.. Les télégrammes ajoutent à ce que nous savions déjà de l’opposition populaire au Royaume-Uni ou aux USA ; des magazines en ligne tels que CounterPunch sont des phares dans un océan de brouillard épais.

Les télégrammes révèlent des cas stridents d’interférence. Beaucoup des plus récents traitent de l’Iran, qui est une véritable obsession pour les dirigeants américains. Par exemple, juste avant le discours du Président Ahmadinejad devant l’Assemblée générale de l’Onu, le Département d’Etat a donné l’ordre aux Européens de quitter la salle quand il en arriverait à une certaine phrase. Et de fait, les puissances européennes ont docilement sauté au coup de sifflet U.S., exactement comme les satellites des soviétiques sautaient jadis aux coups de sifflet de Staline. Un seul pays a mangé la consigne : la Suède. Son représentant, terrifié, avait raté la réplique, et envoyait des signaux de détresse frénétiques aux Américains pour avoir des ordres.

Prenez le petit pays pauvre qu’est le Tadjikistan, qui n’a fait que changer de maîtres. Il est censé être devenu « indépendant » en 1991, mais que s’est-il passé en réalité ? Aujourd’hui, les Tadjiks sautent aux coups de sifflet US comme ils le faisaient jadis à ceux des Soviétiques. Un télégramme de l’ambassadeur le dit sans détours : « les Etats-Unis ont fait savoir au président Rahmonov qu’il fallait limoger Mirzoev (le chef du service de la lutte antidrogue), et il s’est exécuté ». Qui tirera notre pauvre petit Tadjikistan des griffes de la Matrice ? L’ambassadeur nous donne lui-même un tuyau : « Nous croyons que la Russie exerce une pression forte et persistante sur le Tadjikistan afin d’y amoindrir le rôle et la présence des États-Unis et de l’Occident. La pression de Moscou commence à porter ses fruits. »

Ou prenez l’Azerbaïdjan : l’influence américaine y a décliné et la puissance d’Israël s’y est accrue à un point tel qu’un télégramme envoyé par l’ambassade US de Bakou compare les relations israélo-azéries à un iceberg dont les neuf dixièmes ne sont pas visibles.
 
Il apparaît clairement que la puissance américaine a atteint son point le plus haut dans les années 1990, et qu’aujourd’hui, elle a tout doucement entamé sa décroissance. Megaleaks n’est pas tant une cause qu’un symptôme de déclin. Avec un peu de chance, les gens de bonne volonté d’un peu partout dans le monde vont pouvoir travailler ensemble à détraquer la machine de la domination étrangère. Les Américains ont bénéficié moins que personne de la politique de globalisation violente et intrusive de leurs dirigeants. Des personnalités héroïques telles que Julian Assange travaillent à nous rapprocher d’un authentique contrôle de nos affaires, et à nous éloigner des réseaux de conspirations à la Matrix.

 
traduction C. L.


 
*

 
   
Aux commis infidèles, à présent  :



Autocensure politique, le scoop :

Le Guardian censure et déforme les dépêches WikiLeaks !

La censure politique exercée sur les fuites de WikiLeaks par le Guardian

par Israel Shamir, 11 janvier 2011
http://www.israelshamir.net/English/GuardianAstana.htm

 
traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier

 
 Bien que le filet se resserre autour du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, les contenus des câbles diplomatiques US nous sont bloqués à pleines pelletées. Pire, le Guardian met en forme et déforme ces câbles afin de protéger ses lecteurs contre des remarques désobligeantes au sujet de la façon dont leurs grands trusts se comportent outre-mer. Ce n’est pas une conjecture, mais un fait : le Guardian a délibérément coupé des passages des câbles qu’il a publiés afin de dissimuler des preuves de corruption.

Il y a un an de cela, le 25 janvier 2010, l’ambassadeur US à Astana, capitale du Kazakhstan, a envoyé le câble secret ASTANA 000072, intitulé : Kazakhstan : argent et pouvoir. Ce câble relatait un dîner en privé de l’ambassadeur américain avec un haut responsable du gouvernement kazakh, Maksad Idenov. A l’époque, Idenov était à la tête de la compagnie du pétrole et du gaz kazakhe et il représentait l’Etat dans des négociations avec des compagnies pétrolières étrangères, dont British Gaz et l’ENI. Une version expurgée de ce câble a été publiée (par le Guardian) [ http://www.guardian.co.uk/world/us-embassy-cables-documen... ], et c’est ainsi que nous est accordé le rare privilège d’observer le processus éditorial du Guardian en action. Cela ressemble très fort à de l'autocensure politique.

Voici le passage intéressant du câble d’Astana ; les mots supprimés par le Guardian sont en gras :

« … l’économie de marché, cela signifie le capitalisme, ce qui signifie les gros sous, et ce qui signifie des pots-de-vin conséquents pour les mieux introduits ».

Il semble bien que quelqu’un, au Guardian, veuille nous épargner une désillusion au sujet de la loi du marché. Le Guardian n’hésite pas à révéler à ses lecteurs que le capitalisme, cela signifie « les gros sous », mais une discussion de ce que les gros sous sont susceptibles de faire à un gouvernement étranger est strictement ‘verboten’. Idenov n’est pas quelque outsider frustré, c’est un acteur du pouvoir, il se trouve au cœur du système. Il sait de quoi il parle. Les lecteurs du Guardian risquent de ne jamais en entendre parler, mais les « gros sous » du capitalisme se traduisent bel et bien, dans la réalité, par « des pots-de-vin conséquents pour les mieux introduits ».

Juste avant ce dîner, l’on avait entendu Idenov « aboyer dans son téléphone portable » contre le directeur de British Gaz pour le Kazakhstan, Mark Rawlings, « qui continue à jouer des petits jeux avec James Griffin, de Mercator, cet AmCit indicateur notoire accusé de corruption à grande échelle dans des marchés pétroliers en 1990, dont le procès se traîne au Southern District Court de New York. Idenov lui disait : « Mark, arrête de faire l’imbécile ! Arrête de tenter le sort ! Arrête de parler à un criminel notoire ! »

Mais, là encore, l’information particulièrement pertinente et audacieuse du câble d’Astana a été censurée afin que les contribuables britanniques n’apprennent pas que le directeur régional d’une éminente firme britannique insiste à faire des affaires avec un ruffian mis en examen. Les lecteurs du Guardian ne sauront peut-être jamais que le cas du citoyen américain (car c’est bien ce que l’abréviation AmCit signifie…) James Giffen (dont le nom avait été estropié dans le câble) avait été innocenté par le Juge de District américain du fait que les pots-de-vin qu’il avait donnés aux officiels kazakhs avaient été autorisés par la CIA. Le juge avait louangé publiquement ce « trafiquant notoire » en le qualifiant de combattant de la Guerre froide [   http://www.mainjustice.com/justanticorruption/2010/11/19/in-stunning-end-to-kazakh-bribe-case-judge-lauds-giffen-as-a-patriot/ ] ayant contribué à faire avancer la cause juive (ce qui est, toujours, une circonstance atténuante dans le système judiciaire américain) et il avait déclaré afin que nul ne l'ignore que « son comportement en affaires s’intégrait dans le cadre d’opérations autorisées par la CIA ».

« M. Giffen était une source d’informations importante pour le gouvernement américain et un intermédiaire pour des communications secrètes avec l’Union soviétique et ses dirigeants durant la Guerre froide », avait dit le juge. Au Kazakhstan, Giffen faisait la promotion des intérêts américains, dont ceux des firmes privées. « Il a joué le rôle d’un canal pour des communications portant sur des questions vitales pour l’intérêt national des États-Unis dans cette région du monde », avait indiqué le même juge.

« L’intermédiaire des affaires pétrolières James H. Giffen, qui fut accusé d’avoir acheminé 84 millions de dollars de pots-de-vin au président kazakh et à d’autres officiels du Kazakhstan » [ http://www.justice.gov/criminal/fraud/fcpa/cases/docs/08-... ] est reparti de ce pays en homme libre et riche. Peut-être notre homme, Rawlings, en sait-il un peu plus au sujet des liens entre Giffen et la CIA, plus que ce n’était le cas en ce qui concerne l’ambassadeur américain et M. Idenov ?

La dernière coupure opérée par le Guardian finit par avoir raison du proverbial gâteau. Idenov poursuit, disant que tant British Gas que le pétrolier italien ENI sont corrompus et que des officiels kazakhs avides de prébendes sont impatients de travailler avec ces deux firmes. Ce passage du câble diplomatique a été caviardé.

Le seul passage du câble que le Guardian a jugé bon de souligner était celui indiquant que le gendre du président préféré du moment se trouvait « sur la liste des 500 premiers milliardaires de la revue Forbes » (ainsi que son épouse, d’ailleurs, qui ‘concourait à part’). De plus, le câble traficoté a été balancé sur les pages du Guardian sans la moindre information du contexte et sans commentaire. Le Kazakhstan n’est pas le pays d’à-côté, et les lecteurs du Guardian méritaient davantage. Voici ce qu’ils ont laissé transparaître de cette histoire : Idenov a quitté le service de l’État (kazakh) en mai 2010 et il a ré-émergé, en juillet – surprise, surprise – en tant que vice-président de la Planification stratégique de l’ENI [ http://www.biografia.kz/neft-i-gaz/idenov.html#ixzz1AcHow... ]. Oui : vous avez bien lu : de l’ENI, cette même entreprise « corrompue » avec laquelle il était en affaires depuis son bureau ministériel.

Le câble d’Astana est un épitomé du vol de l’espace ex-soviétique par les grandes firmes occidentales. Grâce à lui, nous apprenons que les pots-de-vin étaient autorisés par la CIA et que les ruffians sont blanchis par les tribunaux américains. Nous apprenons aussi que des juristes formés à Harvard, tel que M. Idenov, retirent tous les avantages de la porte tournante séparant leurs positions dans l’appareil d’Etat et les firmes occidentales qui plument celui-ci. Bref : nous apprenons que « le capitalisme, cela signifie des pots-de-vin conséquents pour les mieux introduits ». Bien entendu, les lecteurs du Guardian n’ont été mis au courant de rien de tout cela.

Idenov conclut sa conversation avec des ratiocinations des gens de son espèce : « Presque tout le monde, au sommet (de l’État) est révulsé par les excès de la corruption capitaliste. Si les exécutifs de Goldman Sachs peuvent gagner 50 millions de dollars par an et dirigent l’économie américaine à Washington, en quoi ce que nous faisons (ici, au Kazakhstan) est-il vraiment différent », demandent-ils. C’est vrai : cela ne diffère probablement en rien. Si les Américains sont désarmés devant la rapacité des responsables de Goldman Sachs, comment pouvons-nous attendre du peuple kazakh qu’il se défende face à des trusts transnationaux bénéficiant des conseils de la CIA ? Le câble intégral et non expurgé ne rend que trop clair le fait que le seul choix qui leur est laissé est celui du montant du pot-de-vin qu’ils vont demander.

Bien que l’accord entre WikiLeaks et le Guardian autorise ce journal à ne pas mentionner les noms de personnes innocentes risquant de souffrir de la révélation de leur identité, le câble d’Astana a manifestement été caviardé pour des raisons politiques afin de protéger l’image du genre de capitalisme prédateur que ces gens prêchent à l’Est.

Nous devrions peut-être passer en revue d’autres informations diffusées par le Guardian afin d’y rechercher ce genre de traficotage lourd de documents récemment révélés. Prenons par exemple le câble Tashkent 000902, expédié le 5 mai 2005. Voici la présentation qu’en fait le Guardian : http://www.guardian.co.uk/world/us-embassy-cables-documen... . Il est presque entièrement censuré ; seuls deux phrases significatives ont échappé à la boucherie pratiquées à des fins propres par les éditeurs du Guardian. Avec des éditeurs tels que ceux-là, l’épée suspendue au-dessus du soldat Manning et le nœud coulant placé autour du cou de Julian Assange deviennent superflus.

Le câble original de Tashkent [ http://www.israelshamir.net/wiki/TASHKENT_000902.htm ] décrit les agissements du «patron du crime organisé » et « petite frappe en chef » ouzbek Salim Abduvaliyev (dont le nom est plus souvent orthographié Abduvaliev), lequel, d’après l’ambassade américaine, contrôle les emplois gouvernementaux et donne des gratifications au gouvernement pour certains contrats via ses connexions avec Gulnara, « la fille aînée du président Karimov ». Le principal porteur de messages entre cet ultra-criminel et Gulnara est un citoyen britannique d’origine iranienne. Pourquoi le Guardian a-t-il décidé de caviarder le plus gros de ce câble ? Afin de protéger l’intermédiaire britannique ? Afin de protéger la connexion avec l’éminent homme d’affaires israélien Chernoy ? A moins qu’il y ait un criminel uzbek qui tire les ficelles au sein même de la rédaction du Guardian ?

Un autre câble secret, référencé Tachkent 00465, [ http://www.israelshamir.net/wiki/TASHKENT_000465.htm ], décrit un mariage dans la famille du malfrat. Cela ne diffère pas tellement de la fameuse description de ce mariage au Daghestan, dans un autre câble [ http://www.guardian.co.uk/world/us-embassy-cables-documents/76763 ] référencé Moscou 009533. Pourtant, le Guardian a décidé de ne pas publier du tout celui-ci. Cela n’est pas bien du tout, de la part du Guardian, de protéger le peuple ouzbek contre la prise de connaissance des liens de corruption entre la famille Karimov et les grands gangsters de ce pays, n’est-ce pas ? Cela pourrait-il s’expliquer par l’éloignement de Moscou du régime Karimov et par son étroite coopération avec les Américains, comme cela est indiqué dans le câble Moscou 000337, bizarrement non publié ?

Cette sorte d’autocensure politique explique la raison pour laquelle le Guardian a choisi d’attaquer Israel Shamir, un journaliste indépendant travaillant avec WikiLeaks. Dans les pages du Guardian, Nick Cohen  [ http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2011/jan/02/hunga... ] a affirmé qu’Israel Shamir « a peut-être remis des informations confidentielles à Loukachenko », comme si ce Shamir était une sorte d’agent secret muni d’un attaché-case blindé. Tant qu’à faire, Shamir « aurait bien pu », aussi, pourquoi pas, voler jusqu’à la Lune et en être revenu, non ?

Je reste stupéfait par la naïveté à l’état pur de cette allégation sans fondement. Nick Cohen a-t-il jamais entendu parler des e-mails ? Même le Guardian publie des informations confidentielles (quand ce ne sont pas des articles entiers). WikiLeaks fournit des informations confidentielles à tout un chacun sans discrimination et sans qu’il soit besoin d’agents secrets. Tous les câbles diplomatiques US relatifs à la Biélorussie sont sur le point d’être publiés sur le plus important des sites indépendants biélorusses [ http://naviny.by/rubrics/politic/2011/01/07/ic_articles_1... ] afin que tout le monde voie de quoi il retourne, y compris Loukachenko et Cohen.

 Nick Cohen part de là où son prédécesseur Andrew Brown était arrivé  ( http://whyevolutionistrue.wordpress.com/2010/02/12/andrew-brown-the-guardians-resident-moron). Ce Brown disait, dans son attaque contre Shamir publiée dans le  Guardian (http://www.guardian.co.uk/commentisfree/andrewbrown/2010/...), que « les liens entre celui-ci et WikiLeaks comportent des implications préoccupantes pour la sécurité de toutes les personnes nommées dans les câbles diplomatiques. Cela, non que lesdits câbles soient inexacts. Mais bien, au contraire, parce qu’ils sont vrais ».

Une fois n’est pas coutume : ce Brown a raison, en dépit de sa triple négation emberlificotée. Les gens cités dans les câbles diplomatiques – généralement des vétérans des portes à tambour entre les trusts internationaux et les services étatiques – peuvent dormir tranquilles lorsqu’ils voient que les médias consensuels « embedded », comme le Guardian et le New York Times, nient immanquablement tout lien entre leurs agissements et leurs responsabilités. L’existence même de journalistes indépendants et de médias libres, indépendants et fondés sur Internet a, effectivement, « des conséquences préoccupantes pour leur sécurité ». Qu’ils se fassent donc du mauvais sang ; c’est bien leur tour ! Alors que les gens du tout venant n’ont rien à craindre, les riches et les puissants nous font confiance pour ce qui est de les tenir pour comptables de leurs méfaits. Le Guardian comprend-il seulement pourquoi on lui a remis ces câbles diplomatiques secrets et confidentiels ? WikiLeaks essaie de diriger un petit peu de lumière sur le monde souterrain sombre et sale de l’intrigue internationale, et le Guardian fait tout ce qu’il peut pour l’occulter à nouveau.

La bataille pour la vérité ne fait que commencer.

(édité par Paul Bennett sur Counterpunch.com)

 

*

 

Et pour terminer,  l’estocade au « taré de service du Guardian», qui a cru pouvoir traîner l’un dans la boue en se servant de l’autre  :

 

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Traque royale au Julian Assange
Israel Shamir répond au Guardian


Andrew Brown hulule à mon sujet : « Porte-parole et truchement de Wikileaks en Russie... Israel Shamir, un juif qui s’est converti au christianisme orthodoxe et antisémite rabique... a été stigmatisé dans les médias suédois comme antisémite et négateur de l’Holocauste ».

Le poète grec d’Alexandrie, Cavafy, a écrit : « Pour certains, le jour vient/ Où ils doivent dire le grand Oui/ Ou le grand Non ». Quand j’ai choisi le grand Oui, j’ai cessé d’être juif. Je savais que je ne serais jamais laissé en paix par les négateurs du Christ et leurs sbires de l’espèce Brown. Je ne me plains pas : au temps de Maimonide, les renégats tels que moi étaient rapidement et définitivement réduits au silence ; en des jours plus éclairés, je ne suis que calomnié et cité inexactement. Si mon désir de venir au Christ est de l’antisémitisme pour Brown, amen.

Il suffit de mentionner que cet anti-Église notoire, Andrew Brown, est le pâle individu qui a insinué que le pape était pédé. Quelqu’un a décrit Andrew Brown comme « le taré de service du Guardian » et combien avec raison. Seul un taré peut réduire mon refus métaphysique de l’équation Golgotha/Auschwitz à un déni des horreurs de la guerre. Généralement, j’aime bien discuter de mes opinions, mais pas avec des gens qui font fi des subtilités et des nuances de mes écrits.

« Les médias suédois » auxquels  Brown fait allusion, c’est l’Expressen, version suédoise du Sun anglais, et il se fait justement que c’est le journal qui a appuyé sur la gâchette pour lancer la chasse aux sorcières contre Assange. On peut se chercher une source d’information plus légitime que celle-là, mais quand le gibier est levé, il arrive que la passion foule aux pieds la prudence. Ainsi commence la Traque royale au Julian Assange.

Je n’ai jamais vu de simples faits plus tordus et plus déformés que dans l’article publié par le Guardian le 18 décembre, et j’en ai vu quelques belles. C’est un procès par voie de presse, dans la meilleure tradition de la Pravda 1937. L’auteur de l’article, Nick Davies, a écrit il y a des années, dans ses Nouvelles de la Terre Plate, que la pratique du journalisme, au Royaume Uni, était « tendancieuse » ; il vient de le prouver sans aucun doute par ce qu’il écrit lui-même.

Son parti-pris est aussi subtil qu’un coup sur la tête. Or, le doute n’est pas permi : Assange n’a jamais violé personne. Le lendemain du viol prétendu, la prétendue victime s’est vantée auprès de ses amis, dans un message sur Twitter, d’avoir pris un pied magistral avec le prétendu violeur. Toute l’histoire a été publiée et on peut la trouver par une simple recherche sur Internet. Il est évident que Nick Davies s’est livré à un fielleux tripotage. La question était de savoir si la publication de son article par le Guardian fut une simple erreur de jugement ou le coup d’envoi d’une campagne de calomnies.

Deux jours plus tard, on assistait à la deuxième attaque du Guardian. Alors, Monsieur Assange, pourquoi ne voulez-vous plus retourner en Suède, maintenant ? La réponse n’était pas difficile à deviner. Comme Mme Bennett (journaliste au Guardian, auteur de la phrase citée, NdT) pouvait bien le supposer, Julian n’a rien à redouter de la Suède. Voici en revanche une question pour Mme Bennett : Si les autorités suédoises poursuivaient Julian pour viol, quel besoin avaient-elles d’assortir leur requête d’extradition d’une condition particulière stipulant qu’elles se réservaient le droit de l’extrader à leur tour vers les États-Unis ? Voyez-vous, Mme Bennett, les États-Unis ont inventé une gâterie spéciale appelée Extraordinary Rendition (« transferts extraordinaires »), et ce n’est pas là quelque chose que je souhaiterais même à Andrew Brown.

Je compterai la tentative de la part de Brown de salir Julian Assange en l’associant à moi pour une troisième attaque. « Une fois peut être hasard, deux fois coïncidence, trois c’est action ennemie », dit fort justement James Bond dans Goldfinger.

Le virus du patriotisme à l’américaine a-t-il frappé les tranchées du Guardian ou ces reporters obéissent-ils simplement aux ordres ? La réponse se trouve sur amazon.co.uk. Il semble que le Guardian ait décidé de détruire Wikileaks aussitôt que le citron n’aurait plus de jus à donner. Le Maure a servi, le Maure peut disparaître. Ayant parfaitement compris que l’équipe de Wikileaks ne peut être ni domestiquée ni mise hors d’état d'opérer, le Guardian pré-vend, par souscription, un livre intitulé L’ascension et la chute de Wikileaks. Le livre n’est pas encore publié : il leur faut d’abord s’arranger pour provoquer la chute.

Du coup, la campagne de calomnies se teinte d'une grossière logique économique. Mais les choses ne s’arrêtent pas là.

Les gens du Guardian ont accepté (de Wikileaks, NdT) les câbles du Département d’État U.S. Ce faisant, ils se sont engagés à les analyser et à les publier. Cependant, ils en font, par leur manière d’en rendre compte, une source de désinformation. Leurs titres font croire souvent que Wikileaks est la source des rumeurs qu’eux-mêmes répandent. Par exemple, un de leurs articles, publié le 18 décembre, s’intitule :


« Wikileaks : la fortune de Loukachenko est estimée à 9 milliards de $ U.S. »


Ce titre est volontairement trompeur. Wikileaks n’a jamais estimé la fortune de Loukachenko. Lisez l’article entier et vous verrez qu’il ne s’agit de rien d’autre que d’un employé d’ambassade U.S. qui a entendu une rumeur qu'il a transmise au Département d’État, et que « l’employé de l’ambassade n’a pas pu vérifier les sources (sic) ni la fiabilité de l’information ». Un titre honnête aurait dû dire :

 
« Wikileaks révèle que les diplomates US répandent des rumeurs invérifiables
sur la fortune de Loukachenko. »

 
Le Guardian aime mieux faire croire que c’est Wikileaks qui répand la rumeur, et il laisse à votre imagination le soin  de fournir les extraits bancaires secrets chargés de confirmer son titre.

Supposons qu’un jour Wikileaks publie des câbles transmis à Moscou par l’ambassade de Russie à Washington. Devons-nous nous attendre à voir ce titret rompetter en première page du Guardian ?

 
« Wikileaks : le Mossad derrière le 9/11 ! ! »

 
N’est-il pas plus vraisemblable qu’on nous dirait sobrement que « Wikileaks révèle que des diplomates russes en poste à Washington ont fait état de rumeurs persistantes sur une implication d’Israël dans le 11 septembre » ?

À cause de ce soigneux sabotage, de plus en plus de gens disent que Wikileaks n’est qu’un instrument du Département d’État ou de la CIA ou du Mossad. Peut-être est-ce là ce que veut le Guardian. Peut-être le Guardian croit-il qu’il a surclassé, déjoué, roulé Wikileaks. Pour ma part, je parierais plutôt sur Julian Assange. Il est fûté, il a le cerveau d’un joueur d’échecs de premier ordre. Il a encore pas mal de cartes dans sa manche. À mon avis, il est possible que le Guardian soit obligé de réintituler son livre L’irrésistible ascension de Wikileaks.

 
traduction C.L.

 
Pour le texte en anglais des trois articles sur le site de l'auteur, voir :


http://www.israelshamir.net/French/cablegate-fr.htm
http://www.israelshamir.net/French/GuardianAstanaFr.htm
http://www.israelshamir.net/English/response-to-Guardian.htm 


*


 

Free Brad Manning Amnesty.jpg

 

 

Mais comment parler de Wikileaks et des dangers encourus par les courageux jeunes gens qu’on appellera peut-être un jour des révolutionnaires d’une nouvelle espèce, sans évoquer le premier de tous à être tombé au champ d’honneur.

Je veux parler de Bradley Manning, le jeune soldat de 22 ans qui aurait réussi à « sortir » pour Wikileaks, l’énorme quantité des télégrammes qui clament aujourd’hui qu’il n’y a pas que le roi qui soit nu, mais que toute sa cour, ses clients et ses vassaux se promènent eux aussi irrémédiablement à poil.

bradleymanningin-a-tie-300x224.jpgCe jeune binational US-UK (fils d’une Galloise et d’un militaire US), né dans l’Oklahoma, était analyste dans l’armée américaine. Il servait en Irak. Ce qu’il a vu passer sur son ordinateur semble avoir provoqué chez lui une prise de conscience (le syndrome de William Blum ? ). Il aurait alors pris contact avec Wikileaks et aurait fourni à l’association, en plus d’un quart de million de documents diplomatiques, une video montrant un raid « à froid » sur Bagdad (officiellement qualifié de bavure), qui s'est traduit par le  massacre d'une douzaine de civils, dont deux reporters de l’agence Reuters, et de deux enfants. Wikileaks a mis cette vidéo en circulation - sous le titre Collateral Murder (Meurtres collatéraux) - en avril 2010. En mai, Manning était arrêté sans charges et détenu, d’abord pendant un mois au Koweit, ensuite à la base de Quantico, en Virginie, au secret depuis le premier jour et dans des conditions particulièrement inhumaines, "relevant de la torture" selon son avocat et Amnesty International.

Les autorités américaines l’accusent, jusqu’à présent sans preuves (sur dénonciation d’un camarade à qui il aurait fait des confidences), d’être l’informateur de Wikileaks. Julian Assange pense, sans doute avec raison, que ses geôliers tentent de briser le jeune homme pour l’amener à leur fournir un motif de réclamer son extradition d'Europe vers les États-Unis, bien qu'il soit lui-même citoyen australien.

Une partie de l’opinion publique américaine considère Manning comme un traître et un membre du Congrès a même réclamé son exécution. Pour l’autre, il est un whistleblower (un "alerteur" ou dénonciateur de crimes d’État), c'est-à-dire un héros. Deux organisations, le Bradley Manning Support Network, et Courage to Resist (basé à Oakland) font campagne pour le soutenir, notamment en levant des fonds pour payer ses frais d'avocat (estimés à 130 000 dollars). Des manifestations de plus en plus nombreuses, réclament sa libération.

Il devrait passer en Cour martiale au printemps de cette année. La peine qu’il encourt est de 52 ans de prison. Il vient d'avoir 23 ans.

La video Collateral Murder, malheureusement en anglais, peut être visionnée sur ce site, car Youtube la verrouille, théoriquement pour en préserver les moins de 18 ans  :


http://www.theworldisraw.com/free-bradley-manning/

 

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Nuages.jpgRevenons sous nos climats :

C’est bientôt la Saint Valentin...

...excellente occasion pour nous de dire et de redire à quel point nous sommes de tout coeur avec les courageux membres de l’ASSOCIATION BELGO PALESTINIENNE (ABP-Liège et Comité Verviers Palestine surtout) qui, tous les ans, qu’il pleuve, qu’il vente et que cela dérange ou non, vont opposer le frêle rampart de leurs corps de militants à l’affront qui est fait à tous les Belges, et rappeler un personnel politique volontairement aveugle et sourd, aux principes et aux devoirs moraux sur lesquels il s’assied sans états d’âme.

 

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  Et, bien entendu...

 

 

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Catherine L.

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Au mépris de toutes les lois belges et européennes et passant outre à une recommandation de l’ONU, M. Steven VANACKERE, membre du parti franquiste belge (C.D. & V. – C.D.H.) et accessoirement Vice-Premier ministre et Ministre des Affaires étrangères du gouvernement Leterme II, « en affaires courantes » depuis le 13 juin 2010, a autorisé l’Espagne à livrer au Maroc M. Ali AARRASS, citoyen belge, sachant qu’il y serait sauvagement torturé par manière de routine, comme il est de règle chez «notre ami le roi».

( Occupant ce même poste, M. Karel De Gucht a signé naguère, ès qualités, la pétition réclamant la libération des cinq otages cubains, eux aussi abusivement et illégalement détenus aux États-Unis. )

M. Ali AARRASS a été, comme prévu, sauvagement torturé, merci.

Écrivez à ce « ministre faisant fonction » pour lui dire tout le bien que vous pensez de sa manière de concevoir son rôle de représentant des Belges :

M. Steven VANACKERE
Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères et des Réformes institutionelles
Rue des petits Carmes 15
B-1000 Bruxelles
Tél: +32 (0)2.501.85.91
Fax: +32 (0)2.501 32 13
cab.ae@diplobel.fed.be

S’il vous reste un timbre, vous pouvez aussi écrire au membre du Parti Sinistre Espagnol, son compère :

Sr. Jose Luis ZAPATERO
Presidente del Gobierno
Complejo de la Moncloa
Avda Puerta de Hierro
E - 28071 Madrid


Et pour vous informer sur le sort de notre compatriote, c’est ici :



http://www.freeali.eu/?p=535

 


« PARTICULIER CHERCHE DÉPUTÉ CULOTTÉ »
(N’en a pas trouvé)

 

 Bahar Kimyongür, qui sortait d'en prendre, a perdu son temps à lancer, juste avant Noël, un appel aux "politiques", leur espérant contre toute attente un reste de morale.


www.zintv.org/spip.php?article176


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14:10 Écrit par Theroigne dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |