04/03/2011

On leur vend des armes...

       

        On leur vend des armes, et


         ILS S’EN SERVENT, les gougnafiers !

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NEF DES FOUS
(suite et pas fin)

 

Attention ! « Wallonnes », hein, les armes. Pas belges.

Nous ne comprenons pas bien, sur cette dunette, ce qui se passe en Libye, quoique des explications commencent à être ici et là proposées.

Ce qui est sûr, c’est que les foules en révolte
de Tunisie et d’Égypte n’avaient pour armes que leur nombre et leurs corps si aisément transperçables.

Or, voilà-t-il pas  que les si vite et si facilement qualifiés de « révolutionnaires », en Libye, se trimballent avec, à la main, bien visibles sur des vidéos, des armes en provenance de la Fabrique Nationale d’Armes de Guerre de Herstal, livrées naguère au gouvernement libyen.

Comment se fait-ce ?

Comment des civils opprimés ont-ils, en deux coups de cuillère à pot, réussi à faucher leurs armes à des militaires de carrière assurément entraînés et à prendre le contrôle de plusieurs villes, le temps de même pas dire ouf ? Comment se fait-il qu’on évacue les ressortissants européens présents (« quelques centaines » par pays, selon les sources qui se disent autorisées) et pas les Américains (« plusieurs milliers » selon les mêmes) ? Ou avons-nous raté quelque chose ?

Considérant que la nature des guerres a bien changé depuis feu Clausewitz et que la dernière mode veut qu’on ne les déclare plus – à quoi bon perdre du temps en fariboles d’un autre âge ? – mais qu’on se contente de s’infiltrer, avec armes et bagages, dans les pays-cibles -  souverains certes, mais qui est souverainiste ?  et il faut bien que les ONG servent à quelque chose – et de les combattre, de l’intérieur de leurs frontières..., en personne, via des « contractants » à la nationalité élastique ou par traîtres interposés (Verts en Iran, Tchétchènes en Russie, Sunnites chez les Chiites, Chiites chez les Sunnites, etc. etc.), à coups de trains qui déraillent, de feux qui prennent tout seuls, de bombes qui explosent dans des métros bondés, mais aussi, mais surtout, d’assassinats ciblés dont le plus drôle est qu’on peut même en accuser les propres autorités de ces pays qui se mêlent de résister...

Considérant tout cela et bien d’autres choses encore, les Libyens sont-ils en train de vouloir virer leur vieux parce que l’exemple tuniso-égyptien leur est monté à la tête ?...  ou les fins stratèges de la Zunie et d’ailleurs (en gros : Israël et nous) sont-ils en train de profiter de la vague d’exaspération qui a fait voir rouge aux populations opprimées du monde arabe, pour se déguiser en grand-mères et faire croire aux indécrottables petits Chaperons de Dindenault (faites pas attention : private joke) que c’est le grand méchant loup Kadafi qui tire sur ses foules critiquantes et pas eux du tout ?

C’est que, d’une part, il y a vraiment beaucoup de pétrole et de gaz en Libye, au point que la Russie allait justement y construire avec l’Italie un pipe-line vers icelle, et que, d’autre part, les armes de destruction massive de la 4e armée la plus puissante du monde sont un peu raides à faire avaler à propos de ce pays. Jouerait-on pas à « Ce soir on improvise » ? Ah, quelle belle chose que le bonneteau ! Et qu’il est facile (presque trop), quand on dispose d’un chef de gouvernement qui s’habille de façon si bizarroïde et qui parle un dialecte que personne ne comprend, de fabriquer du consentement !

Consentement à quoi ? Euh, à une intervention armée « pour raisons humanitaires »...  à l’imposition d’une no fly zone (strictement la même chose)...  à l’agitation « révolutionnaire » des foules (d’au milieu d’elles avec un faux nez)...  de l’introduction de mercenaires déguisés en nationaux, comme on le fait absolument partout, y compris chez les alliés...  le choix est vaste, et quand on a les moyens...

Nos valeureux et si crédibles médias sont trop contents d’obliger. Il faut les entendre parler de «peut-être des centaines, voire des milliers de morts » au conditionnel («  il y aurait ») et glisser, en moins d’un quart d’heure, à « des milliers de morts » tout court.  Si on ose dire.

 

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Brèfle, comme résumait l’immortel Béru, si nous, Belges (pardon : Wallons) avons vendu des armes au colonel Muammar ou à quiconque d’autre gouverne par les armes, ce n’est déjà pas glorieux, mais si nous en avons équipé, en sachant ce que nous faisions, des forces spéciales d’intervention ouverte ou masquée, zuniennes ou otanesques, pour leur permettre d’envahir un pays souverain sous drapeau sac de riz humanitaire, c’est alors la complète et très abjecte forfaiture, la complicité bien épaisse et bien servile dans le meurtre de masse, qui mérite, sans l’ombre d’un doute, la qualification de crime contre l’humanité. On me dira : « un de plus, un de moins »... C’est vrai. Je me permets quand même de rappeler que les politiciens qui s’amusent à ces choses les font en notre nom, grâce à nos bulletins de vote et ne le pourraient si nous ne leur payions des impôts. Ceux que cela ne gêne pas peuvent se rendormir.



*


Dans le but d’éclairer notre propre lanterne, et la vôtre le cas échéant, nous avons lu une bonne partie de ce que publient les agences d’information respectables du web, et nous en avons, à ce stade, retenu deux. 

Sur Global Research, le 24 février, sous le titre La Libye et l’impérialisme, Sarah Flounders, se posait les mêmes questions que nous et rappelait quelques faits de base.  Je résume :

 

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Quel est le caractère de l’opposition au régime de Kadafi ?

Est-ce par simple coïncidence que la rébellion ait commencé à Benghazi, qui est le champ pétrolifère le plus riche du nord de le Libye et  proche de ses pipe-lines de pétrole et de gaz et des ses ports LNG (1)

Quel risque y a-t-il d’une intervention militaire impérialiste, qui représenterait le danger le plus grave pour tous les peuples de la région ?

Et de rappeler que la Libye n’est pas l’Égypte et que Muammar Kadafi n’est pas une marionnette des impérialistes comme l’a été Hosni Moubarak. Depuis de nombreuses années, Kadafi est allié à des pays et à des mouvements qui combattent l’impérialisme. Lorsqu’il a pris le pouvoir en 1969, par un coup d’état militaire, il a nationalisé le pérole libyen et a employé beaucoup de la richesse engrangée pour développer l’économie libyenne. Les conditions de vie de la population se sont améliorées de façon peu ordinaire.

Pour cette raison, précisément, les impérialistes étaient et sont déterminés à détruire la Libye. Les États-Unis, pour ne citer qu’eux, ont lancé, en 1986, sur Benghazi et Tripoli, des attaques aériennes qui ont fait soixante victimes, dont une petite fille : la propre fille de Kadafi. Ce détail n’est jamais mentionné par nos médias, maintenant moins que jamais. Des «sanctions» aussi effrontées que dévastatrices ont été imposées, tant par les USA que par l’ONU, dans le but de détruire l’économie libyenne.

Après que les États-Unis aient montré de quoi ils étaient capables en envahissant l’Irak en 2003 et en rasant pratiquement Bagdad jusqu’au sol dans une campagne de bombardements que le Pentagone, jamais en retard d’un infantilisme, a fièrement intitulée « shock and awe » (vous pouvez traduire : « frapper pour terroriser »), Kadafi a tenté d’éviter un sort semblable à la Libye en faisant de grosses concessions politiques et économiques aux impérialistes. Il a ouvert l’économie aux banques et aux multinationales étrangères ; il s’est soumis aux exigences  du FMI (vous savez, les fameux « ajustements structurels », sinon, demandez aux Grecs), acceptant de privatiser beaucoup d’entreprises qui étaient jusque là propriété publique, et de réduire les allocations de l’état en matière de nourriture et d'énergie. Bref, le programme de destruction sociale habituel (si vous ne voyez pas, demandez à DSK).

Le peuple Libyen souffre de l'augmentation du coût de la vie et du manque de travail, comme les populations de partout.

Il est certain que ce qui agite en ce moment le monde arabe en lutte contre l’injustice économique et le manque de liberté politique n'est pas resté sans écho en Libye. Il est certain aussi qu’une partie non négligeable de la population est mécontente du régime de Muammar Kadafi.

Cependant, il importe de savoir que les leaders de l’opposition exaltés par l’Occident sont des agents de l’impérialisme, à l’oeuvre depuis longtemps. Le 22 février, la BBC a montré avec délectation une foule, à Benghazi, en train d’arracher le drapeau libyen et de le remplacer par celui de l’ex-roi Idris. Ce monarque n’a été rien d’autre que la marionnette des impérialismes US et britannique.

Les médias occidentaux basent toutes leurs informations sur des faits supposés, qui leur sont rapportés par le groupe d’opposants en exil Front National pour le Salut de la Libye, qui a été entraîné et financé par la CIA. Tapez dans Google le nom du Front plus CIA et vous verrez apparaître des centaines de références (plus encore si le vous tapez en anglais : National Front for the Salvation of Libya + CIA).

Le Wall Street Journal a écrit, dans son éditorial du 23 février, que « les États-Unis et l’Europe doivent aider les Libyens à renverser le régime de Kadafi » Curieux, dit Sara Flounders, il n’est pas question, dans les salles de réunion et les couloirs de Washington, d’intervenir pour aider les peuples du Koweit, de l’Arabie Saoudite ou de Bahrein à renverser leurs dictateurs. Même par de simples paroles verbales, de faux encouragements aux mouvements de masses qui secouent la région. Et pour ce qui est de la Tunisie et de l’Égypte, les mêmes impérialistes sont en train de tirer toutes les ficelles qu’ils peuvent pour ôter ces mêmes masses des rues.

Il n’a pas été question non plus d’une intervention US pour aider le peuple palestinien de Gaza, alors que des milliers sont morts du blocus, des bombardements et des invasions d’Israël. Au contraire ! Les États-Unis sont intervenus pour empêcher toute condamnation des scandaleuses colonisations de l’état sioniste.

Les raisons de l’intérêt des impérialistes pour la Libye ne sont pas difficiles à trouver. Bloomberg.com a écrit le 22 février que, si la Libye est le 3e producteur de pétrole d’Afrique, elle a aussi les plus larges réserves prouvées du continent : 44.3 milliards de barils. C’est un pays dont la population n’est pas très élevée, mais qui a le potentiel qu'il faut pour faire faire d’énormes profits aux géants du pétrole. C’est ainsi que les super-riches voient les choses, et c’est ce qui est sous-entendu lorsqu’ils prétendent se faire du souci pour les droits démocratiques du peuple libyen.

Pour les barons impérialistes du pétrole, il n’est pas suffisant d’obtenir des concessions de Kadafi. Ce qu’ils veulent, c’est un gouvernement dont ils soient les propriétaires et qu’ils puissent manoeuvrer à leur guise. Ils n’ont jamais pardonné à Kadafi d’avoir renversé la monarchie et nationalisé le pétrole. Fidel Castro, de Cuba, dans sa chronique « Réflexions » rappelle l’avidité de l’impérialisme pour le pétrole et met en garde contre une intervention militaire en Libye. (2).

Il y a, aux États-Unis, des forces qui sont occupées à tenter de mobiliser la rue en faveur d’une telle intervention. Nous devons nous y opposer avec la dernière fermeté, et rappeler à ceux qu’on tente une nouvelle fois d’abuser les millions de morts causés par les interventions US en Irak et en Aghanistan.

Les progressistes éprouvent de la sympathie pour ce qu’ils voient comme un mouvement populaire en Libye. Si c'en est un, la meilleure manière dont nous puissions l’aider est de soutenir ses revendications légitimes, tout en rejetant les interventions impérialistes quelques formes qu’elles prennent. C’est le peuple Libyen qui doit décider de son avenir et personne d’autre.


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Sara Flounders est membre du secrétariat du WWS (Workers World Party). Elle écrit régulièrement dans le » journal Workers World.
Elle dirige l’IAC (International Action Center), un groupe activiste qui s’est formé autour de l’ex-Attorney General des États-Unis Ramsey Clark. L’IAC soutient les mouvements anti-impérialistes, où qu’ils soient dans le monde, et s’oppose aux interventions militaires américaines en toutes circonstances.

Elle est aussi l’auteur de plusieurs livres sur des sujets divers,  notamment :

 

* Flounders, Sara (1998), NATO in the Balkans : Voices of Opposition by Ramsey Clark and others, World  View Forum, ISBN 0-9656916-2-4

* Flounders, Sara (1998), Challenge to Genocide : Let Iraq Live, World View Forum, ISBN 0-9656916-4-0

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(1) Les ports LNG  sont des « liquified natural gas terminals », autrement dit des ports construits tout exprès pour expédier le gaz naturel à de grandes distances.
(2) Cette « Réflexion » a été publiée par Le Grand Soir, sous le titre : Le plan de l’OTAN est d’occuper la Libye.

 

*

 

La seconde réflexion est celle que nous a envoyée Robert BIBEAU, de Québec.

 

Le parricide. La guerre civile en Libye

 

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La Libye

Le territoire libyen est immense (1,8 M. km2, soit trois fois la France) et sa population, clairsemée (6,8 millions d’habitants), est très urbanisée (86 % de citadins et 14% de ruraux). Ce peuple jeune a un taux de fécondité parmi les plus élevé au monde et près de la moitié de la population a moins de 15 ans. Les tribus berbères originaires de Tripolitaine, du Fezzan et de Cyrénaïque ont été arabisées, islamisées, urbanisées et alphabétisées (89%), puis industrialisées (industrie : 50% du PNB avec le pétrole). Le pétrole constitue l’essentiel des exportations du pays alors que les produits de consommation sont tous importés de l’étranger. La Libye est donc un pays très dépendant de l’extérieur, vulnérable et fortement soumis aux pressions économiques, financières, diplomatiques et politiques internationales. Qui est dépendant des puissances impérialistes ne saurait prétendre soutenir une politique national indépendante et souveraine. Aussi les déclarations tonitruantes de Kadhafi ne sont-elles que les bouffonneries d’un polichinelle pathétique.

Le chômage y est endémique (30%) comme dans le reste de l’Afrique. Même si le revenu moyen par habitant (14 000 dollars) est le plus élevé d’Afrique du Nord les disparités régionales sont importantes. Comme ces disparités épousent la géographie de la répartition des tribus ancestrales, la présente insurrection armée se marie avec le ressentiment populaire, qui se confond quant à lui avec la carte de la distribution très inégale de la richesse. C’est ce qui faisait dire aux insurgés de Tobrouk que Kadhafi de Tripolitaine n’avait jamais rien fait pour le peuple de Cyrénaïque depuis le roi Idris Ier, qu’ils auraient aimé ressusciter.

A Tobrouk, dans l’est, une manifestation a réuni un millier de personnes. Les manifestants brandissaient des drapeaux de la monarchie libyenne du roi Idris Senoussi qui s’est imposé comme un symbole de l’insurrection. « Ils n’ont jamais rien fait pour nous, dans l’Est : tout ce que vous pouvez voir a été construit par le roi Idris, renversé par Kadhafi en 1969 », assure Khaled Abdul Aziz, un sergent de police.


L’insurrection armée

 

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L’insurrection libyenne a ceci de particulier que depuis le début des hostilités de nombreux mutins sont armés, ils savent manier les armes lourdes et ils ont infligé des pertes importantes aux forces de l’ordre. Ce n’est pas usuel, dans un pays où le service militaire n’est pas obligatoire et dont l’armée est fragile. Les hommes des tribus sont armés, mais dans les zones rurales seulement, ce n’est pas le cas des gens des villes, qui forment tout de même l’immense majorité de la population libyenne. Au début du soulèvement, les défections dans l’armée ont été minimes, si bien que ce retournement des armes ne peut expliquer les premiers revers du clan Kadhafi. Il n’est pas non plus concevable que quelques milliers de citoyens révoltés inexpérimentés se soient emparés des équipements dans les casernes et aient spontanément pu tuer tant de soldats et de policiers ; ni qu’ils aient connu instinctivement les techniques de camouflage et de guérilla urbaine. En effet, le nombre de victimes est relativement peu élevé après plus d’une semaine de « carnage » aérien et terrestre. Tout cela ne colle pas : on nous cache tout, on ne nous dit rien… Ou bien, alors, on nous ment.

 

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Le foyer de la guerre civile trouve son origine à Benghazi qui brade le pétrole du pays à l’Europe et qui en est à sa troisième insurrection en 15 ans (1996, 2006 et 2011), alors que Tripoli est restée fidèle au « Guide de la révolution » de la Jamahiriya arabe libyenne. Depuis son accession au pouvoir en 1969, Kadhafi a mis sur pied une structure de gouvernance qui s’appuie en partie sur les vieilles organisations tribales et en partie sur les Comités révolutionnaires. Ceux-ci, avec le temps, ont été peu à peu dépouillés de leur pouvoir, particulièrement depuis que le « Guide révolutionnaire » a été réhabilité par George W. Bush, lequel a mis fin au boycott de la Libye. En effet, les entreprises américaines étaient les seules à respecter l’embargo alors que les entreprises européennes et chinoises investissaient massivement au pays du « terroriste » devenu soudainement fréquentable. Les firmes BP, Royal Dutch Shell, Total, Basf, Statoil, Rapsol et Gazprom exploitent aujourd’hui le pétrole libyen (1,8 millions de barils par jour, troisième producteur d’Afrique).

Un règlement de compte entre clans est toujours sanglant et n’a jamais rien d’attrayant, mais cela a bien peu à voir avec une révolution populaire. La révolte libyenne est une guerre civile atroce comme la Somalie, le Liban, le Soudan et l’Afghanistan en ont connues. Pas de héros, ni d’un côté, ni de l’autre, seulement des paumés pris en tenaille entre les deux camps. Tous les clans sont coupables d’exactions et tous les clans embauchent des mercenaires. Pourquoi soutenir un clan meurtrier plutôt qu’un autre ? Dans une alliance tribale, il y a des rituels et des traditions, une façon de transmettre le pouvoir d’un chef à un autre et, surtout, des principes dans l’attribution du butin des rapines. Ces dernières années, Mouammar Kadhafi n’a respecté aucune de ces règles, aucune de ces traditions. Il a monopolisé le fruit du pillage de l’État entre les mains de sa famille et de sa tribu, il a spolié les autres tribus. La réponse, soutenue en sous-main, est venue des hauts-plateaux : les tribus flouées sont descendues des versants et sont venues à Tripoli lui faire payer le prix de sa cupidité et de sa duplicité, faisant la jonction avec toute une jeune génération qui, depuis sa naissance, n’a connu aucune autre figure politique que l’homme du « Livre vert » et dont le ras-le-bol est devenu évident.

Faut-il choisir le clan de Mouammar Kadhafi, ou celui de son concurrent Al-Houni, son ancien compagnon de révolte, ou encore le clan de l’un ou l’autre de ses fils ? De la façon dont le conflit évolue, les insurgés désigneront eux-mêmes le prochain dictateur libyen. Il n’est même pas certain qu’ils le feront entériner par scrutin. Ils voudront d’abord supputer les chances du « désigné » de gagner l’élection truquée. Si leur challenger risque de perdre au vote, il n’y aura pas plus d’élection qu’il n’y en a eu au cours des quarante-deux dernières années.


Intervention – invasion ?

Depuis Kouchner, et même avant, les Droits de l’homme ont toujours servi à préparer le terrain pour les envahisseurs. Avant-hier, les États-Unis sont allés libérer les Irakiens de la poigne de Saddam Hussein-le-sanguinaire ; un million de morts plus tard, ils quittent l’Irak ravagé. Hier, ils sont allés libérer les femmes afghanes des Talibans. Des centaines de milliers de cadavres (de femmes notamment) plus tard, ils négocient leur retrait d’Afghanistan avec les Talibans « terroristes modérés ».

Aujourd’hui, un consortium étranger formé de Human Rights Watch, d’Amnesty International, de la Fédération internationale des ligues de Droits de l’Homme (FIDH) et de l’ONG Human Rights Solidarity réclame une intervention militaire pour assurer la victoire d’un des clans d’insurgés. Pour ce faire, ils répandent des histoires d’horreur à propos des seuls mercenaires de Kadhafi, semblables à celles qui ont été diffusées à propos d’incubateurs débranchés par les hordes barbares de Saddam (sic) au Koweït, ou encore ces fadaises à propos de charniers géants découverts à Timiþoara puis disparus après l’exécution de Ceauþescu en Roumanie (re-sic).

Mais il est peu probable que l’OTAN envoie un contingent de troupier en Libye parce que, d’une part, elle en prend déjà plein la gueule en Afghanistan, où tous les alliés des Américains ne songent qu’à lever le camp et à rentrer chez eux. D’autre part, une intervention des soldats de l’OTAN ne servirait qu’à mettre le pays sous tutelle américaine. Les puissances européennes membres de l’OTAN se sont déjà fait arnaquer en Irak ; elles ont contribué à l’écrasement de Saddam et à la destruction de la nation irakienne pour se retrouver exclues de la saignée du pays, par la suite. La France, qui avait une position dominante dans l’Irak de Hussein, en conserve un goût amer.

Depuis et avant que le gouvernement Bush ait réhabilité Kadhafi « le voyou », ce sont surtout les Européens qui ont profité de la manne libyenne. Les multinationales américaines sont arrivées sur le tard, si bien que la Libye exporte 85 % de son pétrole vers l’Europe et le reste vers la Chine, le tout, sans transiter aucunement par les entreprises américaines : une situation inacceptable, pour la superpuissance décadente. Les concurrents des USA n’ont pas à être affranchies de la puissance de tutelle, pense Obama.

Les États-Unis souhaiteraient peut-être une intervention aérienne de l’OTAN (visant à empêcher le clan Kadhafi d’utiliser ses avions de façon à faire basculer le rapport de force militaire en faveur des clans insurgés), si les mercenaires rebelles ne parviennent pas à renverser le « Guide », mais leurs alliés européens dans l’OTAN n’accepteront pas de fournir de contingents et préfèreront une intervention sous le haut-patronage de l’ONU, de façon à conserver le contrôle du pays après l’intervention militaire étrangère.

En ce qui a trait à un hypothétique contingent africain sous bannière de l’OTAN, il est trop tôt pour y songer, le traité de coopération OTAN-Union Africaine n’est pas encore ratifié et le Commandement Africa (AfriCom), le principal instrument de pénétration États-unienne sur le continent, n’est pas prêt pour une telle intervention. Rien à craindre, les soldats de l’OTAN n’iront pas mourir à Tobrouk sur les tombes de l’Afrika Corps.

La Grande-Bretagne, ancienne puissance colonisatrice de l’Égypte, maraude en eau trouble ces jours-ci et il n’est pas impossible que le Premier ministre Cameron suggère à l’État-major toujours en place de l’ex-dictateur Moubarak une intervention « humanitaire » musclée en sol libyen afin de sauver la mise Britannique.


Le ver est dans le fruit

Le premier fils du second mariage de Kadhafi, Saïf al-Islam, aujourd’hui en disgrâce mais qui fut un temps l’héritier putatif du « Guide de la révolution », a mené les négociations pour la ruée tardive des multinationales américaines dans le pays. C’est lui qui a proposé un train de réformes de ce qui tient lieu de constitution afin de le rendre plus conforme au mode de gouvernance occidental et de départir les Comités populaires de toutes leurs prérogatives. Il y a quelque temps, il a ordonné la libération de centaines d’islamistes des geôles libyennes, en préparation de l’insurrection qu’il manigançait. C’est l’homme lige des Occidentaux, mais il n’est probablement pas leur préféré, tant il est difficile de prévoir la réaction de la population libyenne à la résurrection de ce poltron, ce qui expliquerait l’atermoiement des puissances impérialistes quant à une intervention en faveur de l’une ou de l’autre faction dans l’insurrection clanique armée en cours au pays du « Livre Vert ».

Le peuple libyen et la classe ouvrière libyenne abusés par cet écheveau meurtrier, victimes collatérales de cet affrontement tribal sanglant, parviendront-t-ils à tirer leur épingle du jeu et à renvoyer dos à dos tous ces prétendants illégitimes et à défendre leurs intérêts propres au milieu de cette catastrophe ? Il le faudrait bien, pourtant.

Robert BIBEAU


Un fils Kadhafi n’exclut pas une guerre civile. 26.02.2011. http://www.europe1.fr/International...

Bras de fer au sommet. Jeune Afrique. 12.01.2010. http://www.jeuneafrique.com/Article...

Libye : quel rôle jouent les tribus ? Le Monde 24.02.2011. http://www.lemonde.fr/afrique/artic...

La Libye dans le grand jeu du nouveau partage de l’Afrique. Manlio Dinucci. Mondialisation. 25.02.2011. http://www.mondialisation.ca/index....

Urgent. Libye Kadhafi fragilisé par la défection des deux derniers membres du groupe des ‘officiers libres ». René Naba Mondialisation 23.02.2011. http://www.mondialisation.ca/index....

L’aveuglement de l’Europe a été criminel. Libération. 23.02.2011. http://www.liberation.fr/monde/0109...

Crise lybienne : Kadhafi va tenir, en Cyrénaïque la révolte est endémique. Angelo del Bocca, Tomasso di Francesco. Investig’Action. 25.02.2011. http://www.michelcollon.info/Crise-...

Lybie : le plan de l’OTAN est de l’occuper. Fidel Castro. http://www.legrandsoir.info/Le-plan...

Faut-il intervenir militairement en Libye ? Alain Gresh. 24.02.2011. http://www.palestine-solidarite.org...

 

*

 

Pendant ce temps,

À Lahore...
(Pakistan)

 

 

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Un citoyen apparemment américain, se faisant appeler Raymond Davis (il y en a eu un vrai, mais il est mort depuis longtemps), qui se promène armé d'un Glock (1), d'une lampe flash montée sur bandeau de tête et d'un télescope de poche, tire dans le dos de deux jeunes motocyclistes pakistanais (cinq balles en tout) et les tue. Tout cela au milieu d'une foule. Une voiture qui attendait non loin fonce pour l'évacuer, tuant au passage un peu chanceux piéton, et tout ce petit monde... va se jeter dans les bras de la police pakistanaise.

« Raymond Davis » invoque la légitime défense : les jeunes gens s'apprêtaient à le voler. Hélas, trop de témoins oculaires les ont vus fuir. Et la police pakistanaise n'a pas pour habitude de confondre des agents de ses services secrets avec des voleurs à la tire.

 

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Gagnons du temps :

Les autorités pakistanaises soupçonnaient Raymond Davis de choses inavouables, estimées dangereuses pour la sécurité de leur pays. En réalité, ils avaient bien plus que des soupçons et les deux jeunes agents étaient non seulement chargés de le filer mais de le prendre si possible sur le fait, au moment où il rencontrerait des terroristes talibans et/ou des membres d'Al Qaeda, ceux-là mêmes que les États-Unis sont censés combattre sur le sol du Pakistan allié, main dans la main avec son armée. À la lumière de ce qu'elles savent déjà, l'occision de leurs deux jeunes militaires prend plutôt des allures de guet-apens, maladroitement maquillé en rixe urbaine. La voiture dépanneuse, surtout, fait pencher leur intime conviction dans ce sens.

En un mot comme en cent, Raymond Davis est un terroriste au service des États-Unis, en mission de déstabilisation (au mieux) ou chargé d'actes de guerre sur le sol et à l'encontre d'un allié de longue date (au plus probable). Pour ménager les apparences, il n'appartient pas ou pas officiellement aux effectifs de l'armée américaine, mais à une des nombreuses firmes privées de « contractants », qui sous-traitent ces choses pour le compte de dame CIA. Et le « contractant » a merdoyé ou, comme eût dit notre bon maître Rabelais, « découvert le pot aux roses ».

Généralement, ce genre d'erreurs d'appréciation (ce ne sont que des métèques, on est les plus forts, qu'ils s'écrasent) se règle à l'amiable, entre Grand Frère Yankee et marionnette localement au pouvoir. Or, cette fois, des circonstances locales particulières, du genre les Wallons sont à ma botte, mais voilà que j'ai fait l'andouille chez les Flamands (ou l'inverse), ont fait gripper la machine. Le rouleau compresseur US est à l'arrêt, bloqué l'air bête en plein carrefour.

La marionnette nationale (Président de la République) se gratte le nez, multiplie les déclarations d'allégeance et les propos rassurants, mais oui, mais oui, on va vous le rendre votre « diplomate » (car, entretemps, on a décidé qu'il l'était). Elle est aussitôt démentie par la police et la magistrature fédérales, sur le territoire desquelles fut commis le forfait, qui tiennent leur prisonnier, et qui entendent que justice soit faite in situ et selon les lois du pays. Je ne vous parle pas de la réaction des foules pakistanaises, toutes régions confondues, vous allez la voir.

Le de plus en plus pâle président de paille des États-dits-Unis-mais-pas-tant-que-ça a beau prendre un ton comminatoire pour réclamer son exécuteur de basses oeuvres, invoquer l'immunité diplomatique et rouler des biceps... Les biceps, quand on n'en a plus ou qu'ils ont fondu, ne roulent plus.

On en est là. À force de se croire tout permis et de mépriser avec une sublime arrogance tout ce qui n'est pas soi, on finit par se prendre les pieds dans sa toge. L'Histoire est pourtant pleine de ces trébuchements. Demandez aux Grecs et à Zeus ce que hubris veut dire.

Ainsi donc, pendant qu'on amuse les bons peuples de partout en leur agitant sous le nez la muleta kadafique (les malheureux Libyens vont peut-être payer fort cher la nécessité d'une urgente diversion), le résultat des courses est qu'on est au bord d'un conflit ouvert entre les États-Unis et un de ses deux principaux alliés au Moyen Orient (Israël étant hors concours), allié dont ils ont mortellement besoin, empêtrés qu'ils sont dans les sanglants bourbiers irakien et afghan. Déjà que le chaudron égyptien continue à bouillonner jusqu'à peut-être un jour déborder... mais, au moins, l'Égypte n'a pas la bombe atomique.

Fidèle à notre principe de vous dire ici quelques mots de ce dont vos médias chéris ne vous parlent pas, ou alors à la va-vite, ou en vous mentant, ou les deux, nous avons pêché, dans le raz-de-marée de commentaires et de supputations qui inondent le net, deux opinions qui en valent bien d'autres. La première est une réaction presque à chaud d'un chroniqueur US indépendant. La seconde, celle d'un officier pakistanais à la retraite. Que sortira-t-il de cette poudrière ? Ils ne le savent ni l'un ni l'autre, mais tous deux craignent le pire. Ils ne sont pas les seuls.

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(1) Pistolet mitrailleur automatique, fabriqué à base de polymères qui le rendent indétectable par les contrôles à infra-rouges des aéroports.



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Pakistan : l’affaire Raymond Davis. Un agent de la CIA, accusé d’un double-meurtre, révèle d’étranges accointances.

 

Mike WHITNEY

pour Information Clearing House.
24 fébrier 2011.

Lorsque l’agent de la CIA Raymond Davis a abattu deux civils pakistanais en plein jour dans une rue fréquentée à Lahore, il n’imaginait probablement pas que toute la classe politique, à Washington, volerait à son secours. C’est pourtant ce qui est arrivé. Barack Obama, Hillary Clinton, Mike Mullen, John Kerry, Leon Panetta et bon nombre de grosses pointures sont tous intervenus en faveur de Davis. Aucun de ces défenseurs acharnés de « l’état de droit » n’a montré le moindre intérêt pour les victimes ni même pour une enquête qui pourrait découvrir ce qui s’est réellement passé. Oh, non. Ce que Clinton et consorts désirent, c’est de voir leur agent Davis embarqué dans le premier avion pour Langley (siège de la CIA – NdT) afin qu’il puisse recommencer à tirer dans le tas dans une autre partie du monde.

Clinton sait-elle que Davis a tiré cinq balles dans le dos de ses victimes, et qu’il s’est ensuite tranquillement rendu à sa voiture pour prendre un appareil photo et photographier les cadavres ? Sait-elle que les deux soi-disant « diplomates » qui se sont portés à son secours en Land Rover (en tuant au passage un passant) ont été discrètement évacués du pays pour ne pas passer devant un tribunal ? Sait-elle que les familles des victimes sont à présent menacées et agressées pour les empêcher de témoigner contre Davis ? Voici un extrait d’un article du magazine The Nation, publié jeudi dernier :



« Trois hommes armés ont forcé Muhammad Sarwar, l’oncle de Shumaila Kanwal, veuve de Fahim abattu par Raymond Davis, à avaler des pilules empoisonnées après avoir fait irruption dans sa maison à Rasool Nagar, Chak Jhumra.

Sarwar, dans un état critique, a été emporté d’urgence à l’hôpital, où les médecins tentent de le sauver depuis jeudi. Le frère de Muhammad Sarwar a déclaré à The Nation que trois hommes armés avaient fait irruption dans la maison après avoir cassé une vitre. Qu’en entendant le bris de verre, Muhammad Sarwar était sorti. Que les malfrats avaient alors commencé à le rouer de coups. Que les autres membres de la famille, dont des femmes et enfants, qui s'étaient précipités à son secours avaient été pris en otages et battus. Que les trois malfrats avaient ensuite pris tout le monde en otage, sous la menace de leurs armes, et obligé Sarwar à avaler des pilules empoisonnées. »



Bien joué, Hillary. On est en plein dans « l’état de droit » tel qu’on l’entend ici aux Etats-Unis.

Davis flag blood.jpg

Mais pourquoi toutes ces intrigues et pressions ? Pourquoi le Département d'État invoque-t-il la convention de Vienne sur les relations diplomatiques pour prétendre que Davis bénéficie de l’immunité diplomatique ? Si Davis est innocent, alors il n’a rien à craindre, n’est-ce pas ? Pourquoi ne pas laisser le procès se dérouler au lieu de renforcer l’idée largement répandue que Davis représente une pièce maîtresse dans les opérations clandestines des États-Unis au Pakistan ?

La vérité est que Davis photographiait depuis un certain temps des installations sensibles et des madrasses, le genre d’activité à laquelle se livrent les espions qui cherchent de nouvelles cibles. Il a aussi été en contact étroit avec des membres d’organisations terroristes, ce qui laisse entendre un lien entre la CIA et les attentats perpétrés au Pakistan. Voici un extrait de The Express Tribune de mercredi :



    « Son téléphone portable a révélé des contacts avec deux auxiliaires d’Al Qaeda au Pakistan, Tehreek-e-Taliban du Pakistan (TTP) et le sectaire Lashkar-e-Jhangvi (LeJ), ce qui fait croire qu’il était impliqué dans les attentats qui ont frappé les forces de sécurité pakistanaises et la population. Ceci indique que l’Amérique travaille avec les Talibans et Al Qaeda contre l’état pakistanais afin de viser, selon un officiel, les installations nucléaires pakistanaises. »



« Al Qaeda » ? La CIA travaille avec des « auxiliaires d’Al Qaeda au Pakistan » ? Pas étonnant que les médias gardent un silence de plomb sur cette affaire.

Évidemment, la plupart des Pakistanais croient maintenant que les États-Unis complotent avec les terroristes pour semer des troubles, affaiblir l’état et accroître leur influence dans la région. Mais n’est-ce pas ainsi que les États-Unis agissent partout dans le monde ?

De plus, beaucoup de gens ont remarqué que les attaques par drones (avions sans pilote – NdT) des États-Unis ont cessé depuis l’arrestation de Davis. Est-ce une coïncidence ? C’est peu probable. Davis était probablement en train de collecter des coordonnées auprès de ses nouveaux copains pour les transmettre au Pentagone. Les bombardement par drones sont extrêmement impopulaires au Pakistan. Plus de 1400 personnes ont été tuées depuis août 2008, la plupart des civils.

Mais il y a plus. Voici un extrait de The Nation (pakistanais) :



    « Un avocat local a présenté à la justice un document affirmant que l’accusé (Davis) préparait une cartographie des lieux sensibles au Pakistan via un système de GPS installé dans sa voiture. Il a ajouté que des puces téléphoniques, des armes à feu et des caméras ont été trouvés sur les lieux du crime le 27 janvier 2011. »



Ainsi, la puce électronique de Davis a permis d’identifier de futures cibles dans les régions tribales. Il est probable qu’il était assisté par des recrues ou des membres locaux de Tehreek-e-Taliban.

De nombreuses affirmations extravagantes ont été formulées quant aux activités menées par Davis, une bonne partie n’étant probablement que pure spéculation. Un article publié par l’agence ANI est alarmant, mais ne fournit aucune preuve. En voici un extrait :



    « Le fonctionnaire américain Raymond Davis, accusé d’un double-meurtre, a été arrêté en possession de documents secrets de la CIA qui indiquent que lui ou le redouté commando US « task force 373 (TF373) » opèrent dans la région et fournissent aux terroristes d’Al Qaeda «des matériaux fissiles nucléaires » et des « agents biologiques », selon le rapport.

Les services de renseignement Russes (SVR) avertissent que la situation dans le sous-continent est devenue « grave » et qu’une guerre ouverte serait sur le point d’éclater entre le Pakistan et les États-Unis, selon The European Union Times...

L’élément le plus sombre de ce rapport du SVR est « l’ISI (Service de renseignement pakistanais) indique que le document classifié de la CIA découvert sur Davis montre que lui et/ou le TF373 ont fourni aux terroristes d’Al Qaeda « des matériaux fissiles nucléaires » et des « agents biologiques » destinés à être utilisés contre les États-Unis dans le but de déclencher une guerre ouverte, afin de pouvoir rétablir l’hégémonie de l’Occident sur une économie globale qui serait sur le point de s’effondrer dans les mois à venir. »



Même s’il est impossible de prouver que c’est faux, tout ceci semble un peu tiré par les cheveux. Mais cela ne signifie pas pour autant que Davis n’était pas occupé à quelque chose d’important. Au contraire. Si Davis travaillait avec Tehreek-e-Taliban (ce qui était le cas selon de nombreuses sources) alors on peut en déduire que la guerre contre le terrorisme n’est qu’une ruse pour camoufler un projet impérial plus vaste. Selon Sify News, le président pakistanais, Asif Ali Zardari, pense que c’est bien le cas. Voici un extrait :



    « Zalmay Khalilzad, l’ancien émissaire des États-Unis en Afghanistan, a un jour qualifié de “pure folie” l’affirmation du Président Pakistanais Asif Ali Zardari selon qui les États-Unis  "arrangeaient" les attentats-suicides des Talibans Pakistanais à l’intérieur de son pays, et il pensait que Zardari et le président Afghan Hamid Karzai - qui croyait lui-aussi à cette conspiration US - étaient des dirigeants “dérangés”. »



Le point de vue de Zardari sur l’implication des États-Unis dans les attentats est rapporté en détail à la page 116 du livre du journaliste US Bob Woodward, « Obama’s Wars », selon The News. Voici ce que relate Woodward :



    « Un soir au cours d’un sommet trilatéral (à Washington, entre Obama, Karzai et Zardari), Zardari dînait avec Zalmay Khalilzad, l’ancien ambassadeur US en Afghanistan, en Irak et aux Nations Unies sous la présidence Bush. Zardari a abandonné sa réserve diplomatique. Il a dit que l’un de deux pays devaient organiser les attentats des Talibans pakistanais dans son pays :  l’Inde ou les États-Unis, et Zardari ne pensait pas que l’Inde en était capable, contrairement aux États-Unis. Karzai lui avait dit que les États-Unis étaient bien derrière ces attentats, ce qui confirmait les affirmations de l’ISI pakistanais. »

« M. le Président » lui dit Khalilzad, « que gagnerions-nous à faire ça ? Expliquez-moi. »

« C’était un complot pour déstabiliser le Pakistan, a supposé Zardari, afin que les États-Unis puissent envahir le pays et s’emparer des armes nucléaires ». Il ne pouvait pas s’expliquer autrement l’expansion rapide de la violence. Et la CIA n’avait pas pourchassé les dirigeants des Talibans Pakistanais, un groupe appelé Tehreek-e-Taliban ou TTP, qui avait attaqué le gouvernement. TTP était aussi accusé de l’assassinat de l’épouse de Zardari, Benazir Bhutto.» («Le président du Pakistan dit que la CIA est impliquée dans un complot visant à déstabiliser le pays et à s’emparer des armes nucléaires», Sifty News)



Les affirmations de Zadari paraîtront familières à tous ceux qui suivent les événements en Irak. Nombreux sont ceux qui sont convaincus que la seule explication logique à la vague d’attentats dirigés contre des civils, c'est que la violence était organisée par les groupes qui pouvaient tirer profit d’une guerre civile.

Et qui cela pourrait-il bien être ?

Malgré tous les efforts de l’administration Obama pour saboter l’enquête, l’affaire Davis progresse. Qu’il soit puni ou non n’est pas la question. Il ne s’agit pas de Davis. Il s’agit de savoir si les États-Unis collaborent en sous-main avec ces mêmes organisations qu’ils condamnent en public, pour atteindre leur objectif global véritable. Si c’est le cas, alors la guerre contre le terrorisme n’est qu’une vaste fumisterie.

Texte original de l'article :
http://www.informationclearinghouse.info/article27558.htm



Traduction "en attendant de savoir ce qui se passe réellement en Libye" par VD pour Le Grand Soir, avec probablement les fautes et coquilles habituelles
http://www.legrandsoir.info/Pakistan-l-affaire-Raymond-Davis-Un-agent-de-la-CIA-accuse-d-un-double-meurtre-revele-d-etranges-accointances.html

 

Raymond Davis to court.jpg

Davis arrivant au tribunal sous forte escorte.

Les autorités fédérales de Lahore, craignant pour sa vie, le détiennent dans une prison de haute sécurité, isolé des autres prisonniers et sous la garde de  militaires désarmés.
Elles sont allées jusqu’à retourner une boîte de chocolats envoyée par l’ambassade U.S.,  pour le protéger d’un possible empoisonnement.




*


Pourquoi le Pakistan ne peut pas relâcher l’homme qui se fait appeler Raymond Davis
 

Shaukat QADIR
 

pour This Can’t Be Happening
19 février 2011

À l’heure qu’il est, les journalistes (sauf aux États-Unis) sont arrivés à la conclusion qu’il y a beaucoup plus, infiniment plus, dans l’affaire Raymond Davis que ce qui n’en a été révélé par les autorités américaines ou pakistanaises. Que celui-ci ait été engagé dans des activités contre l’état pakistanais et que les deux jeunes hommes qu’il a tués aient été des agents de la sécuruité nationale occupés à le filer sont des faits désormais acceptés.
 

Les États-Unis, qui n’ont jamais été renommés pour leur diplomatie (The Ugly American, qui a fait ressortir cette caractéristique il y a plus d’un demi-siècle, est devenu un best seller et un film à succès, avec Marlon Brando pour vedette), semblent découvrir des profondeurs d’intensité nouvelles dans leur diplomatie coercitive à force armée. Le simple fait que rien moins que le président Obama en personne ait demandé que l’immunité soit accordée à ce personnage subalterne démontre bien à quel point les États-Unis sont anxieux de le faire sortir du Pakistan, c’est-à-dire de le soustraire aux tribunaux pakistanais.
 

Un journaliste occidental a qualifié cet incident de « plus gros fiasco des services d’espionnage US depuis l’affaire de l’U2 abattu par les soviétiques en 1962 » (qui avait, par coïncidence, décollé de Peshawar, NdT). Il est évident que ce que les Américains redoutent, c’est que s’il était jugé au Pakistan et condamné à une longue peine d’emprisonnement, voire à une sentendce de mort, Davis puisse manger le morceau, ce qui ferait pâlir les cables Wikileaks jusqu’à l’insignifiance.
 

Ceci est une raison plus que suffisante pour que le Pakistan refuse de le remettre aux Américains, mais le problème, pour le Pakistan, ne se limite pas à cette donnée simple. Avant d’en venir à ce qui est réellement en jeu, quelques bourdes, risibles jusqu’au grotesque, commises par l’Ambassade US au Pakistan, méritent d’être narrées, d’autant que je suis bien sûr qu’elles ne le seront pas par les médias des États-Unis. Elles révèlent mieux qu’un long discours le degré de désespoir auquel sont réduites les autorités de ce pays.
 

Le 25 janvier 2011, juste deux jours avant que Davis tire sur les deux jeunes Pakistanais et les tue, l’ambassade des États-Unis avait soumis, au Ministère des Affaires Étrangères, une liste de son personnel diplomatique et non-diplomatique en poste au Pakistan, comme toutes les ambassades sont tenues de le faire annuellement. Cette liste comportait 48 noms. Celui de Raymond Davis n’y figurait pas. Le lendemain du jour où Davis a tué les deux Pakistanais, l’ambassade US a subitement soumis, au même Ministère des Affaires Étrangères, une liste «révisée » sur laquelle le nom de Raymond Davis avait été ajouté.
 

Quand la police pakistanaise a arrêté Davis le 27 janvier, il avait sur lui un passeport américain ordinaire, muni d’un visa pakistanais ordinaire, délivré par l’ambassade du Pakistan à Washington. Le 28 janvier, un membre du personnel du consulat US a demandé à la police pakistanaise d’échanger le passeport en possession de Davis contre un autre. Le nouveau passeport présenté aux policiers était un passeport diplomatique, portant un visa daté de quelque part en 2009, le cachet validant le visa avait été apposé à Islamabad par le Ministère des Affaires Étrangères.
 

Le ridicule a tourné à la farce, quand le procureur représentant le gouvernement du Punjab a produit au titre de preuves, devant la Haute Cour de Lahore, deux lettres de l’ambassade US adressées au gouvernement du Punjab par l’intermédiaire du Ministère des Affaires étrangères. La première lettre, datée du 27 janvier, disait : « Davis est un employé du Consulat Général US à Lahore, et il possède un passeport diplomatique ». La seconde, datée du 3 février, disait : « Davis est un membre du personnel administratif et technique de l’ambassade US d’Islamabad » ! Admirons à quel point les Américains prennent les Pakistanais pour des jobards.
 

Avant d’en venir aux implications politiques pour le Pakistan si l’immunité est accordée à Davis, il est important d’examiner quelques empêchements nationaux sans lesquels il n’aurait jamais été incarcéré.
 

Asif Ali Zardari (veuf de Benazir Bhutto ; co-président du PPP-Parti du Peuple Pakistanais affilié à l’Internationale socialiste ; président de la République, NdT) peut jouir, sur le plan national, du pouvoir d’un président, mais si les États-Unis lui disaient de sauter, il demanderait « à quelle hauteur ? », et s’ils lui disaient de se courber, il demanderait « jusqu’où ? ». Si Davis avait commis ses deux meurtres à Islamabad, sous juridiction fédérale, il se serait envolé du pays dans les heures suivantes, avant qu’aucune colère publique n’ait eu le temps de se développer. Mais il a tué ses victimes à Lahore, sous juridiction du gouvernement du Punjab, lequel est constitué d’élus du PML-N (Pakistan Muslim League-Nawaz, NdT), qui est le principal parti d’opposition à Zardari.
 

Malgré des demandes répétées et nombreuses de l’ambassade US et du gouvernement fédéral, le gouvernement du Punjab est resté ferme sur ses positions et à même refusé à Davis le confort normalement accordé aux prisonniers politiques. Davis est incarcéré dans les mêmes conditions que n’importe quel criminel de droit commun pakistanais, dans la prison dont la réputation n’est plus à faire de Kot Lapkat, à Lahore (bien qu’il soit séparé de la population générale de la prison pour sa propre sécurité).
 

Il y a aussi le judiciaire supérieur, autrement dit la Cour Suprême, qui a retroussé ses manches et qui attend Davis, plus que déterminée à ce que justice soit faite, et tant pis pour ce que veut Zardari. Entretemps, Davis a déjà été présenté à la Haute Cour de Lahore, qui a ordonné la prolongation de sa détention préventive pour les besoins de l’instruction. C’est pourquoi, même en supposant que la Haute Cour de Lahore puisse être intimidée, le renvoi du prévenu devant la Cour Suprême est inévitable.
 

Enfin, il y a le Pentagone pakistanais, c’est-à-dire le Haut Quartier Général des Forces Armées, plus connu sous le sigle HQG. Dès lors qu’il est reconnu que Davis s’est rendu coupable d’activités anti-pakistanaises et a tué deux membres des services secrets du pays, probablement de l’ISI (Inter-Service Intelligence), le Haut Quartier Général des Forces Armées aura son mot à dire dans ce qu’il adviendra de lui. C’est pourquoi Zardari, quel que soit son désir de complaire aux Américains, peut se retrouver avec les jarrets coupés.
 

La loi pakistanaise comporte une clause dite du « Prix du Sang », qui autorise les plus proches parents d’une victime à pardonner à son meurtrier devant la justice et à accepter une compensation financière (c’est la même disposition qui existe en Iran, dont il a été question à propos de l’affaire Sakineh, NdT). En dépit des pressions très fortes exercées sur les familles des deux infortunées victimes Zeesham et Faheem, celles-ci ont unanimement refusé d’accepter le prix du sang. En fait, la colère générale est si grande que deux riches hommes d’affaires les ont publiquement pressées de ne pas céder, s’offrant à leur verser n’importe quelle somme qui serait proposée par les États-Unis.
 

Des rumeurs ayant couru selon lesquelles les USA pourraient « arranger le coup » en offrant d’échanger Davis contre Aafiya Siddique, la scientifique pakistanaise condamnée aux USA pour « tentative de meurtre sur deux interrogateurs » en train de purger une peine très controversée de 86 ans de prison, la famille Siddique a refusé qu’Aafiya lui soit rendue à ce prix ; elle a même, par l’intermédiaire des journaux nationaux, insisté auprès du gouvernement du Punjab pour qu’il ne relâche Davis sous aucun prétexte.
 

Étant donné tout ce qui précède, je doute personnellement qu’il soit fait droit à la demande d’octroi de l’immunité diplomatique. Mais si, par extraordinaire, cette demande est accordée, quelles en seront les conséquences politiques ?
 

C’est la question à un million de dollars.
 

Les Tehreek-e-Taliban du Pakistan (TTP), connus des medias US comme « Talibans du Pakistan », ont publié une mise en garde à l’intention du gouvernement pakistanais, le prévenant, si Davis est relâché, de sinistres conséquences. Entendons qu’attentats-suicides, meurtres et chaos généralisé suivraient immédiatement cette libération. Les cibles des meurtres pourraient être les juges impliqués dans la décision.
 

La jeunesse du Pakistan qui, à mes yeux, s’est hissée sur un piédestal pendant les inondations de l’an dernier - lorsque jeunes gens et jeunes filles ont, par centaines de milliers, fait fi des tabous sociaux (et parfois d’interdictions parentales), en passant de nombreuses nuits sans rentrer chez eux, pour venir en aide aux sinistrés, et fait ainsi preuve de tant de courage, de détermination, de chaleur et de patriotisme – vient de resserrer les rangs sur cette affaire.
 

On trouve aujourd’hui ces jeunes en foules sur le web, exhortant le gouvernement pakistanais à résister aux pressions américaines et à refuser l’immunité diplomatique au tueur, à refuser aussi l’aide des États-Unis (pour les victimes des inondations, NdT), s’engageant à collecter, auprès du public pakistanais et à l’étranger, les aides nécessaires, comme à y consacrer leurs propres ressources, si les États-Unis en viennent à couper les vivres humanitaires. Ils jurent, si l’immunité est accordée, qu’un mouvement des jeunes d’une ampleur sans précédent sera lancé, à l’instar de la Longue Marche historique de mars 2009 (pour le rétablissement des juges destitués par l’ancien président Pervez Mousharraf, NdT). Ils disent qu’ils auraient pu renverser le gouvernement P.P.P. et ne se sont arrêtés que parce que leurs exigences ont été prises en compte, mais que, cette fois, ils iront jusqu’au bout.
 

Il ne s’agit d’ailleurs pas que des jeunes : les commerçants, chauffeurs de taxis, vendeurs et travailleurs de toutes sortes avec qui j’ai pu parler sont unanimes à dire qu’ils se lèveront pour manifester et renverser le gouvernement si l’immunité est accordée à Davis.
 

Quand a commencé la révolution du peuple égyptien, j’ai expliqué à de nombreux amis, d’ici et de l’étranger, pourquoi elle avait très peu de chances de s’étendre au Pakistan. Mais si on accorde l’immunité à Davis, les événements pourraient bien me donner tort. Pas plus au Pakistan qu’en Égypte, on n’imagine que le HQG des Forces Armées fasse tirer sur les manifestants. La chute du gouvernement PPP, en revanche, serait le moindre de ses soucis.
 

Malgré l’augmentation de ce qui n’était qu’un nombre infinitésimal d’extrémistes islamiques, j’ai toujours soutenu avec vigueur qu’il n’y avait, dans un futur proche, aucun danger de voir des forces islamiques prendre le pouvoir au Pakistan. J’ai, à ce sujet, fréquemment invoqué le soutien unanime accordé aux forces militaires qui employent la force contre les TTP, soutien qui ne s’est jamais démenti malgré les attentats-suicides. Au contraire, chaque attentat-suicide augmente la détermination du peuple à combattre les terroristes.
 

Davis pourrait changer tout cela. Lui accorder l’immunité est, à mon avis, le seul acte capable de provoquer, et de servir d’excuse à une prise du pouvoir par l’islam militant. Donc, marchez sur des oeufs, M. Obama ! Vous avez déjà commis l’erreur de créer des troubles au Pakistan, en utilisant Raymond Davis ou quel que soit son nom, et des gens de son acabit pour y semer le chaos, et vous vous êtes fait prendre les doigts dans la confiture. Sachez qu’en essayant d’éviter les retombées d’une grosse balourdise, vous pourriez bien en commettre une autre de proportions infiniment plus désastreuses – une autre qui aurait des répercussions dans le reste du monde. Vous pourriez provoquer vous-même la concrétisation de votre pire cauchemar : un Pakistan nucléarisé aux mains de forces religieuses extrémistes.
 

Cela peut encore ne pas se produire, mais la voie que vous suivez est de celles qui conduisent tout droit à ce que le cauchemar devienne réalité.
 

Voir aussi : L’enquête révèle des liens entre Davis et les attaques par drones. Des sources ont révélé qu’un « chip » du GPS de Davis était utilisé pour identifier des cibles à attaquer par drones dans les régions tribales (cibles qui comprenaient des bâtiments de l’armée et des mosquées en milieux urbains, NdT) Davis gérait-il un programme d’attaques par drones au (contre le) Pakistan ?

 Traduction C.L.

Texte original de l’article :
http://www.thiscantbehappening.net/

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Shaukat Qadir est un brigadier de l’armée pakistanaise, à la retraite depuis 1999. Il a fondé et vice-préside un think tank. Il enseigne et se consacre à l’étude de divers sujets, dont le journalisme. Il a été un correspondant régulier de feu le Far East.

 
This Can’t Be Happening est une net-agence collective d’informations US créée en opposition aux médias dominants. Ses animateurs sont le journaliste David Lindorff et trois confrères qui l’ont rejoint en 2010.

 

*

 

Réactions de la rue au Pakistan

(petit échantillon)

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You want a killer – We want an innocent
Sen. Kerry : You want Davis – We want Afia

L'innocente, c'est évidemment le Dr. Aafia Siddiqui, victime d'une des histoires les plus rocambolesques et les plus affreuses d'une guerre - celle d'Afghanistan - qui n'en manque pourtant pas. 

À suivre.


*

 

Pas de rubrique « LIVRES » aujourd’hui, mais :




NIOUZES D’ICI ET D’AILLEURS...




Bruxelles :


David Cronin.jpg

 

Le journaliste  David Cronin a procédé à l’arrestation citoyenne du criminel de guerre et promoteur d’apartheid Avigdor Lieberman, mais on lui a enlevé son prisonnier tout de suite, c’est-à-dire qu’on l’a embarqué, lui, et qu’on lui a retiré sa carte de presse.

Cronin est né à Dublin en 1971. Il est le correspondant à Bruxelles (en sursis) de l’Agence de presse Inter Presse Service.

 

Voir sa communication : Pourquoi j’ai arrêté Avigdor Lieberman à Bruxelles.

 

Londres :

Mark+Stephens+Julian+Assange+Appears+Court+SSzLEQY1SLNl.jpgLa Suède a trouvé un juge anglais pour ordonner l’extradition de Julian Assange, co-fondateur de Wikileaks, sous l’inculpation, digne de l’Inquisition espagnole, de « capote manquante» lors de batifolages avec jeunes filles publiques en service commandé. D’où il sera – c’est le but du guet apens – «extradé » vers Guantanamo ou autre lieu de villégiature pour gens qui déplaisent.

Des factions criminelles qui en sont à inventer des prétextes aussi cousus de cordes de navires n’en ont peut-être plus pour longtemps à pourrir la vie à leurs contemporains...

D’ici là, qu’attend-on pour boycotter le Royaume-Uni et la Suède ?




Washington D.C. :


McGovern.jpg

Le 17 février, à la George Washington University, tandis que la Secrétaire d’État Hitlary Clinton faisait, dans la révérence générale, un édifiant discours sur la liberté d’expression et la cruelle absence d’icelle un peu partout dans le monde, M. Ray McGovern, 71 ans, vétéran de la CIA (il a travaillé en collaboration rapprochée avec Ronald Reagan et au moins un des Bush) et aujourd’hui militant pour la paix (mieux vaut tard que pas du tout), a manifesté sa désapprobation à la fois des guerres où est engagé son pays, de l’hypocrisie du discours officiel et de la Secrétaire d’État pour l’ensemble de son oeuvre, en tournant silencieusement le dos à la conférencière. Il a aussitôt été empoigné par des en-civil, entraîné sans ménagements, passablement brutalisé, double-menotté à sang coulant, jeté dans un combi blindé et flanqué en taule.

Clinton et Obama au Biilderberg pendant la campagne des présidentielles.jpg

 

Pendant ce remue-ménage de routine, la péroreuse ne s’est jamais arrêtée de dénoncer les infractions à la liberté d’expression que n’arrêtent pas de commettre les (nombreux) pays que le sien essaie de démocratiser.

 

Clinton et Obama au Bilderberg
pendant la campagne des présidentielles

 
 

Pour les anglophones, c’est ici : http://www.opednews.com/articles/Former-CIA-Veteran-Ray-M...


 

Bruxelles encore :


Poutine-Van Rompuy.jpg

 

 

M. Vladimir Poutine y est venu, à la tête d’une délégation russe ne comportant pas moins de treize ministres, faire des propositions de coopération commerciale et culturelle à long terme à l’Union Européenne. Il y a été reçu par M. Herman Van Rompuy, en sa qualité de président du Conseil de l’Europe. Les entretiens se sont déroulés dans le bâtiment Juste Lipse, truffé d’écoutes israéliennes, comme notre homme à la chaîne d’or et aux bas jaunes ne peut l’ignorer, vu que la chose a fait l’objet, peu de temps auparavant, d’une interpellation de M. Stefaan De Clerck, ministre de la Justice, par Mme Juliette Boulet, députée Ecolo-Groen.

 C'est ici :

http://parlemento.wordpress.com/2011/02/05/ecolo-interpelle-sur-le-mossad/#more-2166
 

 

Madison, Wisconsin (USA) :

 

« Ceci n’est pas une revendication syndicale, c’est une guerre du peuple contre les grandes sociétés qui l’exploitent. »

Et c’est reparti pour la lutte des classes !

 

Vidéos


http://www.youtube.com/watch?v=yNNNna6G_FI&feature=pl...
 
 http://www.youtube.com/watch?v=ujook-OYlgY



Les Madisoniens en colère ont été rejoints par les adhérents de trois syndicats canadiens, et les manifestations de soutien se multiplient dans tous les États de l’Union.

Profitons-en pour rappeler que le premier syndicat international de l’Histoire a vu le jour, à l’aube du XVIIIe siècle, à Verviers (aujourd’hui mais plus pour longtemps : Belgique), regroupant les tondeurs de drap de la Principauté de Liège, de France et de plusieurs états allemands plus ou moins limitrophes.

On peut lire aussi : http://fr.sott.net/articles/show/2782-Les-revolutions-ara...


Paris :

Carlos.jpg

Carlos (Ilitch Ramirez Sanchez) victime d‘une agression pendant son transfert de la prison de Poissy au Palais de Justice de Paris, où il était convoqué pour être entendu sur des faits remontant à 1974, donc théoriquement prescrits.

Carlos-vétérans de la CIA même combat ? Waw !

http://www.medialibre.eu/5697/carlos-violente-par-la-police-sarkobenaliste


 

Méditerranée :

Quant à la guerre humanitaire pour s’emparer des richesses d’un peuple...  c’est reparti aussi :

US SHIP LIBYA.jpg

http://www.lematin.ch/actu/monde/navire-americain-fait-ro...

 

 

GAZETTES...



Nous ne redirons pas ce que nous pensons des journaux inféodés, presse aux ordres et autres médias dominants comme radiotélévisions privées ou publiques, eux-mêmes écrasés par les mastodontes de la propagande impériale du genre CNN, FOX NEWS, etc. etc.

Mais dieu créa l’Internet et la communication citoyenne tous azimuts... sans se rappeler peut-être que les irréguliers de partout ne l’avaient pas attendu pour publier, depuis déjà plusieurs siècles, leurs idées, leurs opinions, et faire passer à la ronde une « autre information ». Depuis Marat et L’Ami du Peuple, elles ont poussé comme champignons, ces feuilles, généralement ronéotypées, quelquefois même manuscrites (ô samiszdats !), à présent photocopiées – révolution technologique oblige.

Une de ces petites feuilles nous est tombée ces jours-ci sous les yeux. Nous avons ainsi découvert quelques anars qui ont des choses à dire. Trouvez ici cette dernière livraison. Et si vous souhaitez lire les précédentes, il vous suffit de les demander à l’adresse leshabitantsdelalune@yahoo.fr pour les recevoir en dossiers pdf.
 

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Numéros précédents :

N°1


 LA BOURSE OU LA VIE  

4 pages consacrées, vous l’aurez deviné, à l’économie, aux bourses, à la crise, bref, au capitalisme et à ce qu’il faudrait se décider à lui faire. (6 décembre 2008)


« Qu’est-ce que piller une banque, comparé à en fonder une ? »
(B. Brecht).


N°2 

 ADRESSE DU PLUS GRAND FINANCIER DE TOUS LES TEMPS AUX INSURGÉS DE GRÈCE

4 pages signées Bernard Madoff,
Prison municipale de New York, Cellule n°D1918.12, le 29 février 2009.




N°3


LA FABLE DES ALOUETTES QUI TOMBENT TOUTES RÔTIES DU CIEL   

2 pages du 2 juin 2009, sous le patronage d’Élisée Reclus :


« On prendra sans demander et ce ne sera pas le vol,
on emploiera ses facultés et son activité, et ce ne sera pas le travail »



N°4


NOUS SOMMES UNE IMAGE DU FUTUR
Fragments vécus du soulèvement de décembre 2008 en Grèce.


Dossier de 44 pages illustrées (couvertures en couleurs !)
Parmi les photographies de graffiti en grec :


« Des frontières aux commissariats,
la démocratie assassine ».



    Ce numéro, en version papier, se vend 2 €.




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J’ai dit « pas de livres aujourd’hui »... mais si, quand même un :



Dissolution.jpgÀ propos des suppliciés d’Henry VIII, dont parlent les Habitants de la Lune, on peut recommander le très bon polar historique de C.J. Sansom, Dissolution (Pocket, 2005), qui traite de la dissolution des monastères catholiques par Barbe Bleue et son féal Thomas Cromwell vers 1557, c’est-à-dire de l’équivalent anglais de la « privatisation » des biens d’Église, qui n’eut lieu que dans les années 1790 en France.

Comme le rappelle l’auteur : « La Réforme anglaise reste un sujet de controverse. Le point de vue des historiens de naguère, à savoir que l’Église catholique était si corrompue qu’une réforme radicale était nécessaire, sinon inévitable, a récemment été remis en cause par un certain nombre d’auteurs, notamment C. Haigh, English Reformations (« Les Réformes anglaises », Oxford University Press, 1993) et E. Dufft, The Stripping of the Altars (« Le Dépouillement des autels », Yale University Press, 1992)... Il est significatif que ces auteurs mentionnent à peine la Dissolution, la dernière étude importante sur ce sujet étant celle de David Knowles dans les années 50 : The Religious Orders in England : The Tudor Age (« Les Ordres religieux à l’époque des Tudors », Cambridge University Press, 1959). »

Il n’est, c’est vrai, pas de bon ton d’évoquer les débuts criminels de la Réforme (en Angleterre et ailleurs). Sansom relève avec raison le long silence prudent des historiens anglais sur un sujet qui fâche. On devra désormais compter aussi avec Les Doutes de Salai, du couple Monaldi & Sorti, dont je compte bien vous reparler un de ces jours.

Église corrompue, certes. Mais volonté d’accaparement de ses richesses immenses à des fins personnelles... Ouiiiii !




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Catherine L.





 

 

 

 

 

 

 

 

 










23:35 Écrit par Theroigne dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |