23/06/2013

Maurice Nadeau est mort

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Maurice Nadeau est mort.

Il avait 102 ans.

2. nadeau new.jpg

 

Comme le dit Tatum sur son blog :

Pas de pleurnicheries hypocrites et convenues !

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1 bis. La dernière Quinzaine.jpg

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Pour les nécrologies qui, à l’instar de celles qu’on vit fleurir pour Mistinguett et Jeanne Calmant, devaient être prêtes depuis longtemps, c’est ici :

http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2013/06/17/mau...

http://bibliobs.nouvelobs.com/documents/20130618.OBS3691/...

http://bibliobs.nouvelobs.com/la-tendance-de-jerome-garci...

Il y en a d’autres. Pas toutes en français.

http://timescolumns.typepad.com/stothard/2013/06/maurice-...

 

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3. Nadeau - livres 805x453.jpg

« Les honneurs déshonorent »

Gustave Flaubert

Nous ne dirons rien de la Ville de Paris, qui en avait fait un Commandeur des Arts et Lettres mais n’octroya jamais le moindre fifrelin à son incomparable revue, lui préférant de loin les Pussy Riots, Jean-Paul II et Ben Gourion.

Pour prendre congé d’un homme qui a beaucoup œuvré et bien mérité de se reposer, nous vous proposons de revoir une interview qu’il avait accordée, à l’occasion de son centenaire, à Michel Boujut, et de découvrir peut-être la transcription d’une autre interview, diffusée en 2006 pour les quarante ans de La Quinzaine par France Culture, que nous avons trouvée sur le site de Taos Aït Si Slimane.


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Le Monde magazine, samedi 21 mai 2011
  Maurice Nadeau : Cent ans de rectitude
   par Michel Boujut

   Il a publié Miller, Beckett et Houellebecq. Éditeur, critique, directeur de journal, Maurice Nadeau évoque son parcours pour son centième anniversaire : une vie droite dans un siècle compliqué. Ses guides : le sens de la justice et le goût des livres.

   Est-ce en lui l’esprit de dissidence, le refus du conformisme et des modes, le désintérêt à faire carrière ou à se mettre en avant ? Mais c’est ainsi : Maurice Nadeau, qui fête ses 100 ans le 21 mai, demeure un irremplaçable « passeur ». Malcolm Lowry ; Henry Miller, Roland Barthes, Gombrowicz, Beckett, Sciascia, Chalamov, Perec… Il nous a révélé nombre des écrivains qui ont modifié notre regard et notre sensibilité. Critique, éditeur, directeur de revue ou de journal, ce « héros du travail », comme disait son ami Michel Leiris, reste un formidable éveilleur. Son Histoire du surréalisme parue au lendemain de la guerre fait toujours référence soixante ans plus tard. De son métier d’enseignant, il a gardé le désir de transmettre le goût de la liberté.


   Attentif et accueillant aux autres, pudique, scrupuleux, ironique, il s’interroge à haute voix et minimise ses mérites. Modeste ? « Un excès de modestie peut confiner à l’orgueil », dit-il. « La vastitude de ses curiosités est sans limites », prévient Gilles Lapouge, qui a longtemps travaillé à ses côtés à La Quinzaine littéraire. La longévité, chez Nadeau, passe par la lecture. Lire est sa façon d’être au monde. On se souvient des hommes-livres du film de Truffaut, Fahrenheit 451, ayant pris le maquis et portant chacun dans leur mémoire un seul grand texte pour le sauver de la destruction et de l’oubli. Nadeau, lui, est l’homme de tous les livres. L’homme, aussi, de la fraternité et du courage. Celui qui affirme haut et fort : « J’existe par les autres. »


   Aujourd’hui, centenaire oblige, il doit accepter en rechignant un peu les hommages qui lui sont rendus de toutes parts : une soirée France Culture à l’Odéon, un film bientôt sur Arte, un livre d’entretiens avec Laure Adler, Le Chemin de la vie (reprenant le titre d’une collection fameuse qu’il dirigea jadis), la réédition de ses Mémoires littéraires, Grâces leur soient rendues… La légende est en marche.


   Me rendant chez lui, rue Malebranche à Paris, je découvre un calicot sur une façade voisine, comme un clin d’œil : « L’Institut d’océanographie fête ses 100
ans. » Maurice Nadeau, trésor national ? Non, mieux : trésor vivant.

Interview de Maurice Nadeau par Michel Boujut

Filmée par Thomas Boujut.

Source : http://www.editions-verdier.fr/v3/oeuvre-lechemindelavie....

 

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« Surpris par la nuit » / Raison de plus, avec Maurice Nadeau

Transcription (éditée initialement sur le blog Tinhinane, le vendredi 2 juin 2006 à 11h 30) par Taos Aït Si Slimane, de l’émission Surpris par la nuit / Raison de plus, d’Alain Veinstein, avec Maurice Nadeau, du lundi 3 avril 2006.


4. Alain_Veinstein-Nancy_2011-3.jpgAlain Veinstein : Bonsoir. Raison de plus avec Maurice Nadeau.

Il y a cinq ans, si je me souviens bien, je vous avais proposé, dans cette émission, un portrait de Maurice Nadeau en deux volets. Deux volets car il y avait beaucoup de choses à raconter vu que Nadeau, aujourd’hui âgé de quatre-vingt-quinze ans - mais il n’aime pas que l’on rappelle son âge, n’a pas perdu son temps dans la vie. Tour à tour et quelquefois simultanément militant politique, journaliste - il fut notamment critique littéraire à Combat et à L’Observateur - directeur de la revue Les Lettres Nouvelles et surtout éditeur parmi les grands découvreurs : Malcolm Lowry, Chalamov, Sciascia, Gombrowicz, Benjamin, Hawkes, entre beaucoup d’autres, nous lui devons de les avoir rencontrés dans notre langue. Perec, Houellebecq, il en fut également, pour ne citer qu’eux, le premier éditeur. Il y a, comme ça, une longue liste d’auteurs qu’il a repérés et publiés et qui, une fois suffisamment implantés dans la vie littéraire, se sont fait séduire par des sirènes jugées plus prometteuses et ont pris la poudre d’escampette.

Si je suis heureux d’accueillir, une nouvelle fois Maurice Nadeau dans Raison de plus, c’est qu’il fête, cette année, les quarante ans de La Quinzaine littéraire, son journal. Le journal de tous ceux qui aiment, encore, vraiment les livres. Un journal entièrement dédié au libre exercice de l’esprit. Autant dire un rescapé dans un paysage, aujourd’hui, dominé par une logique exclusivement commerciale.

Dans La Quinzaine, les livres sont commentés pour ce qu’ils sont, quand on n’accepte pas l’idée qu’ils peuvent être des produits jetés sur le marché par l’industrie et le commerce du livre. Chaque quinzaine, contre vents et marées, La Quinzaine littéraire rend compte de ce qui mérite l’attention dans l’actualité éditoriale, éclaire, explique, distingue l’épisodique de l’essentiel, adhère ou prend ses distances, voit les choses de haut ou les étudie dans le détail, les met à leur juste place. Bref, elle fait son boulot de façon irremplaçable, même si faire son boulot, dans ce domaine, où s’illustrent pourtant tant de passions, relève, aujourd’hui, de l’exploit.

Un numéro anniversaire, publié en mars, et encore disponible à La Quinzaine, nous convie à un état des lieux en même temps qu’à un examen de conscience. Simultanément, Maurice Nadeau, avec nous jusqu’à minuit, publie à ses éditions, un choix des chroniques de son Journal en public où, depuis bientôt une dizaine d’années il rend compte, dans La Quinzaine, de ses lectures, commente les événements littéraires ou éditoriaux, évoque ses grands auteurs favoris et signale, avec le flair dont il a toujours témoigné, les auteurs d’aujourd’hui dont il sera question demain.

Quarante ans, Maurice Nadeau, ce n’est pas tant que ça ?

Maurice Nadeau : Mais non, ce n’est pas tant que ça.

Alain Veinstein : Ben, non c’est moins que la moitié de votre vie.

Maurice Nadeau : Ah, ça y est, il va me parler de mon âge, c’est pas croyable ! Bon. Et bien oui, d’accord, mais je m’y suis mis tard, il faut bien le dire. Ça fait plus de trente ans. Oui bien sûr, mais j’ai fait aussi autre chose, ça…

Alain Veinstein : Donc on peut faire autre chose.

Maurice Nadeau : Oui, on peut faire autre chose mais en même temps c’est le principal de ce que j’ai fait quand même depuis… en effet, depuis 66. Soixante-six, oui, c’est ça ! Le 15 mars 1966, c’est vraiment le quarantenaire.

Alain Veinstein : Une fois que c’est parti, on ne peut plus arrêter la machine ?

Maurice Nadeau : Ah, mais c’est-à-dire qu’elle s’arrête toute seule, aussi ! Il faut la remettre en marche. Ce qu’il lui faut ? Devinez ce qu’il lui faut… Ce n’est pas les collaborateurs qui manquent, les éditeurs non plus, ni les services de presse, c’est la finance. Les financiers manquent. Il faut… il faut assurer, comme on dit. Il y a pas mal de dépenses pour un journal, même petit, qui espère toujours grandir mais qui est resté, finalement, modeste. Il n’y a jamais eu d’arrêt. On a toujours trouvé, au moment où ça allait le plus mal, quelqu’un ou quelques-uns… On a pensé à quelque chose que l’on pouvait faire, qui nous a sorti d’affaire. Mais enfin ce n’est pas une vie très facile, hein !

Alain Veinstein : Quel est l’enjeu ?

Maurice Nadeau : Eh ! bien l’enjeu c’est de ne pas faire ce que font les autres, bien sûr ! On se dit qu’il y a quelque chose qui manque, on se croît toujours plus malin qu’on n’est, plus important,… et on se dit : « il manque quelque chose. » On voudrait bien qu’il y ait quelque chose d’autre et on essaye de le faire. Et ce quelque chose d’autre, c’était… c’est… enfin pour nous, une approche de la littérature qui ne serait pas l’approche courante. Une approche commandée, plus au moins, sûrement, par des passions, par des sentiments, mais aussi par de l’intérêt. S’il y a des articles qui paraissent dans des journaux, dont on sent que, derrière, il n’y a pas seulement le journaliste qui l’écrit, ça le décrédibilise, l’article en question. Or, on est dans une situation telle que, pas de finance, pas d’intermédiaires ni de personnes, pas de groupes de presse ni d’éditeurs, on peut être mieux, tranquille d’une certaine façon, sur l’honnêteté des articles qui seraient publiés. Je ne dis pas plus. Je ne dis pas le talent, toutes sortes de choses extraordinaires, l’honnêteté des articles, le jugement - moins que ça même peut-être, il ne s’agit pas de dire que ceci est con ou ceci est mauvais -, les impressions que suscitent à des collaborateurs, choisis bien sûr, les livres qu’ils ont à lire.

Alain Veinstein : Donc, finalement, le journal que vous avez fait, c’est le journal qui vous manquait et que vous auriez eu envie de lire.

Maurice Nadeau : Eh, bien c’est tout à fait ça ! C’est formidable. C’est le journal que j’aurais eu envie de lire, en effet. Je ne dis pas que ce qu’on fait c’est extraordinaire et satisfaisant sur tous les plans, mais si j’étais à l’extérieur, que j’achète ces journaux, je l’achèterais volontiers, plutôt que d’autres. Mais enfin, à l’époque, il n’y en avait pas beaucoup, il n’y en avait pas tellement. Maintenant, les quotidiens sont mis au courant, il y a même, maintenant, un hebdomadaire. Mais ce qui manquait, ce qui continue à manquer, à mon avis, c’est le regard ou l’écoute des auteurs d’abord, plutôt que des éditeurs. Ça c’est déjà une première chose. Ensuite, ça se moquait un peu de, comment pourrait-on dire… l’opinion publique ? Ce n’est pas exactement le mot, mais enfin… des tout venant, de tout ce qui paraît aller de soi. C’est-à-dire le best-seller, la chose qui plaira à tout le monde, qui n’est pas forcément mauvaise, on ne rejette pas, il n’y a d’ailleurs pas de nécessité de rejeter tout ce qui paraît, mais enfin, disons… ce qui peut intéresser l’honnête homme, comme on disait au XVIIème siècle, enfin la personne cultivée qui désire se mettre au courant, lire, savoir aussi, puisqu’il y a toute une partie consacrée aux sciences humaines, savoir ce qui se passe dans le monde des idées, sur le roman, la littérature, la poésie en général.

Alain Veinstein : C’est vrai qu’aujourd’hui il y a pas mal de journaux qui parlent de livres, sinon de littérature. Il y a des journaux spécialisés comme Le Magazine littéraire ou même Lire, qui sont nés après La Quinzaine, mais la tendance, comme c’est le cas pour Le Magazine littéraire, c’est de proposer des dossiers sur des thèmes ou bien, ou pour beaucoup d’autres suppléments littéraires des journaux, c’est de parler des mêmes livres, c’est-à-dire de parler des livres dont on parle, dont il faut parler. Ce n’est pas le cas de La Quinzaine qui n’a jamais pris l’option thématique d’une part…

Maurice Nadeau : Si, on a fait quelques dossiers autrefois, mais ce ne sont pas des dossiers qui ont le volume de ce que fait le Magazine littéraire. Ce sont des dossiers de trois, quatre ou cinq articles sur un auteur ou sur une question, ou sur un thème. Mais, je dirais que c’est presque commandé par l’actualité, ce n’est pas tellement la volonté de faire un dossier pour dire : « Tiens, il y a trois ou quatre livres qui parlent du même problème, on va les mettre ensemble ». On peut appeler cela un dossier ou autrement, mais enfin ce n’est pas…

Alain Veinstein : Et d’autre part, vous ne cherchez pas à parler de livres qui pourraient vous valoriser, vous, mais au contraire à vous mettre au service du livre, ce qui est une démarche légèrement différente.

Maurice Nadeau : Oui, je ne comprends pas comment on pourrait se valoriser.

Alain Veinstein : En allant au-devant du succès…

Maurice Nadeau : Ah, oui ! Ah, oui ! Dire « Ils sont formidables.... »

Alain Veinstein : D’être les premiers à en parler…

Maurice Nadeau : Oui, d’accord, ça, peu importe. Ça nous arrive quand même, d’être les premiers à en parler, mais enfin on ne l’a pas fait exprès…

Alain Veinstein : Et les seuls, quelquefois…

Maurice Nadeau : Parfois, oui. Je veux dire, c’étaient nos discussions. Des discussions qu’on a entre nous. Il y a des comités de lecture, on n’est pas seuls à faire le journal. On est une bonne trentaine, une bonne quarantaine de personnes, depuis le début. çÇa fait déjà pas mal de temps en effet. Et, c’est aussi ce que ces gens compétents, spécialistes souvent, sachant écrire pour un journal, ce qui n’est pas donné à tout le monde, ont lu, ont remarqué, ont dit : « Ça, il ne faut pas manquer ! Ça c’est important ! » etc. Il nous arrive de manquer des choses, ça bien sûr.

Alain Veinstein : Ou de manquer du collaborateur idoine…

Maurice Nadeau : Oui, exactement, de manquer des collaborateurs idoines. Le reproche a pu nous être fait de… justement… de ce que les livres ne sont pas faits que pour des spécialistes. Ils sont faits pour un public qui veut écouter des émotions, des sentiments, enfin quelque chose d’autre, au niveau littérature ou qui veulent apprendre quelque chose aussi par des livres de philosophie, d’histoire, etc. Ce n’est, en effet, pas toujours facile de trouver la personne qu’il faudrait et… ou parce que, là où elle est, je ne dirais pas qu’elle est trop savante, ce serait idiot, mais enfin ce n’est pas quelqu’un qui serait capable aussi - ça arrive souvent chez les spécialistes - de se mettre à la portée d’un public disons cultivé, il y a un côté pédagogique, toujours ; là, je crois. On veut, c’est une prétention qu’il faut assumer, on veut faire découvrir, faire lire, il y a une volonté, oui, d’enseigner, de montrer, de dire « Vous pourriez faire… »  C’est un peu gênant, mais en même temps ça paraît nécessaire, non ?

Alain Veinstein : Vous parliez, tout à l’heure, des finances. L’argent qui manquait. Les collaborateurs ne manquent pas, les livres ne manquent pas, parce que c’est vrai que les éditeurs en publient beaucoup, mais quelquefois c’est l’argent qui fait défaut. Alors, l’argent, ça vient des lecteurs, du journal et ça vient de la publicité. Donc, ça veut dire que les éditeurs, dont vous parlez des livres, pourtant, ne font pas de publicité dans votre journal. Comment vous expliquez ça ?

Maurice Nadeau : Eh bien, ça ne les intéresse pas, parce que c’est le climat général. On va au devant de ce qui rapporte. De ce qui donne un intérêt, oui de ce qui rapporte. Avoir un article dans La Quinzaine ça fera du bien à un auteur, qui sera en général ravi, ça dépend, ce n’est pas sûr, mais l’éditeur cela ne lui fera ni chaud ni froid. Parce qu’il en vendra… c’est peu probable… Il n’en vendra pas des milliers. Il en vendra sûrement mais pour un public qui est justement celui de La Quinzaine, c’est-à-dire pour des gens attentifs et qui ne veulent pas jeter leur argent par les fenêtres. Pour le reste,… bon. Alors, ces financements, cette publicité, c’est parce qu’elle est abondante dans les autres journaux du même genre, bon… Je n’ai pas de motivation, je ne voudrais pas faire le travail qu’ils font pour avoir la publicité qu’ils ont, c’est tout.

Alain Veinstein : Le public de La Quinzaine, c’est combien de personnes ?

Maurice Nadeau : Eh bien, je ne sais pas. On évalue ça comme ça, toujours au plus, hein ! C’est un public qui devait être celui… Le même public n’a pas changé depuis des siècles, je crois. Il y a des gens qui s’intéressent à ce qui paraît depuis le temps de Victor Hugo. Je ne sais pas… Il y avait des gens des débuts de la presse, quand ils publiaient en feuilletons, ça devait quand même atteindre un certain public… Mais je crois que ce public-là est resté à peu près le même. Moi, je l’évalue, comme ça à vue de nez, à trente mille personnes à peu près. Mais ces trente mille personnes ne suffisent pas pour faire vivre un journal tel que le nôtre, qui est modeste. Enfin, trente deux pages, même si l’on ne paye pas les collaborateurs, il faut payer l’imprimeur, beaucoup de gens, le loyer, ici… Enfin, ce n’est pas quelque chose dont on se plaint, c’est une chose qu’on constate, parce que l’on fait ce travail parce qu’il nous plaît et non pas pour gagner de l’argent. Bon, ça c’est tout-à-fait différent, mais pas forcément pour faire gagner de l’argent aux éditeurs. S’ils vont en gagner, tant mieux pour eux, mais ce n’est pas notre but. Notre but, c’est d’assurer une certaine continuité dans le regard que des gens cultivés portent sur les livres, la littérature en général.

Alain Veinstein : Trente mille personnes ce n’est pas rien quand on sait qu’un livre, aujourd’hui, se vend rarement à plus de mille exemplaires, et quelquefois beaucoup moins…

Maurice Nadeau : Oui, c’est le maximum. C’est l’horizon qu’on doit atteindre mais ce n’est pas quelque chose qui rapporte suffisamment pour que cela soit alimenté de cette façon. C’est l’éditeur, c’est les imprimeurs, les transporteurs… le numéro qu’on envoie à l’étranger, par avion, ça revient plus cher que sa fabrication. C’est ça. Qu’est-ce qui nous revient cher ? La distribution. On avait fait le calcul, une année, je ne sais plus combien c’est. Un journal alimente beaucoup de gens, qui ne sont pas les rédacteurs du journal, évidemment !

Alain Veinstein : En tout cas, depuis mars 1966, toutes les quinzaines, on peut lire La Quinzaine.

Maurice Nadeau : Oui, en effet.

Alain Veinstein : Au fait, pourquoi l’avez-vous appelé La Quinzaine Littéraire, Maurice Nadeau ?

Maurice Nadeau : Eh, oui, je sais bien… Eh, bien sûr, c’est en pensant à lui, à celui auquel vous pensez… Ça ne veut pas dire que je partageais toutes ses opinions et ses sentiments, mais durant le temps qu’il a fait ses Cahiers de la quinzaine, c’était quand même une voix... on ne disait pas de l’intellectuel à l’époque, mais enfin, qui représentait quand même… – il était même contre les intellectuels, ce n’est pas la question – mais c’était une voix honnête et responsable aussi, et compétente… Bon. Des gens qui sont devenus éminents par la suite, qui ont collaboré à ces Cahiers de la Quinzaine, je pense à des gens comme Romain Roland, d’autres… Je pensais à ça, et je pensais aussi au fait que ce n’était pas pour souffrir comme lui, du peu de… ça avait une grande résonance dans un petit cercle, enfin dans un cercle assez important mais enfin ce n’est pas ça qui le faisait vivre, ce pauvre Charles Péguy. Bon, comment dire ? Je reconnais que c’était prétentieux que de se mettre à la suite de Péguy, parce qu’on ne représente pas une idéologie donnée, lui non plus, ce n’était pas un parti, c’était une mystique, quelque chose de ce genre, mais il y a au moins, chez nous, cette façon de penser, c’est peut-être un mythe, mais enfin de penser qu’existe un art de l’écriture, de la poésie, en général de la littérature.

Alain Veinstein : Là, on est dans votre bureau de La Quinzaine littéraire et, sur le mur qui est derrière vous, il y a des photos d’écrivains, il y est Charles Péguy ?

Maurice Nadeau : Non, il n’y est pas, ce sont rien que les couvertures de La Quinzaine. Ce sont des couvertures, cela n’a pas été fait exprès, mais s’il y a une couverture qui me plait, je dis « Tiens, pourquoi on ne la collerait pas ? » Celui-là, il a toujours refusé de se laisser photographier et ça vient d’une...

Alain Veinstein : Michaux

Maurice Nadeau : Oui. Ça vient d’un tableau qui a été envoyé du Brésil, une personne qui possédait cette photo. Rimbaud, on a pu la retrouver, Paul Valéry jeune, Beckett, etc.

Alain Veinstein : Beckett, il y est deux fois représenté sur ce mur, mais c’est vrai que ça a du sens aussi.

Maurice Nadeau : Mais où est-il ? Ah oui, c’est ça, là-haut en effet, oui, oui…

Alain Veinstein : Proche de votre fauteuil c’est Raymond Queneau, hein ?

Maurice Nadeau : Oui. Il commence à battre de l’aile, lui. Il y a juste un vivant, qui est Claudio Magris. Tous les autres… Ils sont immortels !

Alain Veinstein : Le plus jeune c’est quand même Rimbaud, hein ?

Maurice Nadeau : Oui, toujours. Lui bat tous les records. Il n’y a rien à faire. Où est-ce que je lisais récemment ? Ah oui, dans le livre de Bernard-Henri Lévy sur l’Amérique. Il entre chez un intellectuel, non un journaliste mêm, mais qu’est-ce qu’un intellectuel, un journaliste ? Charles Leyros [?], qu’est-ce qu’il trouve dans son bureau ? Un portait de Rimbaud. Ça, aux États-Unis, en plein machin… Charles Leyros, c’est plutôt un républicain, un conservateur, etc. Ah, bon, s’il vous plaît ! Enfin, c’est devenu, je n’ose pas dire le mot, une tarte à la crème… enfin, bon, oui…

Alain Veinstein : Vous avez, toujours, la même curiosité à l’égard des livres ? Vous parliez, à l’instant, du nouveau livre de Bernard-Henri Lévy qui vient de paraître, donc vous lisez les choses qui sortent ?

Maurice Nadeau : Oui, oui, en effet, je me précipite même. C’est très ennuyeux parce que je vois les livres qui arrivent sur ma table, j’en reçois chez moi aussi, et c’est toujours un livre qui m’intéresse. Je me précipite et je l’enlève à Sarraute. Je lui enlève les livres dont il faudrait qu’elle fasse la bibliographie, et je l’emmène chez Anne Sarraute et lui dis qu’il faudrait qu’elle en fasse la bibliographie. Mais elle les retrouve chez moi… Je les rapporte, aussi. Oui, ça c’est vrai. Mais tout ne m’intéresse pas, évidemment, au même titre, quoi. - En ce moment je lis Rembrandt, je trouve ça passionnant. - Je suis en train de lire ce livre, le personnage n’est peut-être pas sympathique mais quand même ce tour des États-Unis, ça, ça m’épate un peu. C’est du reportage, si l’on veut, mais il y a les idées, il y a une culture, il y a quelque chose. Ce n’est pas seulement pour faire parler de lui ou pour gagner quelque chose. La célébrité, il l’a. Ce n’est pas ça. En effet, ça m’intéresse beaucoup. Je lis ça mais l’embêtant c’est qu’on lit beaucoup de choses à la fois. J’ai un Vila-Matas aussi, c’est une vieille connaissance, enfin si j’ose dire, il y a une dizaine d’années seulement, mais enfin, dans le sens de l’analyse, je l’ai lu et je le relis souvent, je suis toujours épaté par quelqu’un qui veut faire du roman autrement que les autres font. On est arrivé… les règles, il y a longtemps qu’on s’est assis dessus… mais maintenant on mélange tout : la fiction, le réel, l’imaginaire, le dialogue, c’est formidable et puis on lâche pas, etc. J’allais prendre la question juive de Marx que Bensaïd réédite, je n’ai pas eu le temps de le lire, il est pour le moment sur mon bureau, mais je vais y arriver probablement… Oui, c’est divers et varié. Il y a le roman, qui m’intéresse toujours, mais disons un petit peu moins, je me le reproche mais je suis de plus en plus porté vers les livres qui m’apprennent quelque chose, qui me font moins rêver que penser. Je lis ça et je me dis : « Tiens, ça c’est vrai ! » Des livres qui me font moins rêver que penser. C’est bizarre. C’est-à-dire qu’on change au cours de la vie humaine. Parce que je pourrais dire que c’était le contraire jusqu’à il n’y a pas longtemps. Les bases que l’on croyait solides… bien assis dessus… eh bien, pas du tout…

Alain Veinstein : Vous n’avez plus envie de rêver ?

Maurice Nadeau : J’ai envie… Mais, c’est la nuit. Ah, ça… je rêve beaucoup, mais je ne me souviens plus au réveil. Je suis dans un certain climat, mais ça ne m’est pas fourni par la littérature. Ça, je le regrette. Je le regrette parce que c’est banal. Ce sont des incidents de la vie, ce sont des histoires incomplètes, ce n’est pas drôle les rêves, ça peut être drôle, ils ne sont pas tous mauvais les rêves, mais ce n’est pas toujours drôle.

Alain Veinstein : Le roman a, en tout cas, gardé sa place dans La Quinzaine littéraire et aussi aux éditions Maurice Nadeau puisque vous en publiez quelques-uns.

Maurice Nadeau : Oui. J’en publie quelques-uns. Les auteurs sont très bien, je les accueille, j’en publie un livre, j’en publie deux parfois, puis l’auteur s’enfuit. Il s’enfuit parce que c’est comme ça. Il y a des jeunes auteurs auxquels je tiens et puis, je ne sais pas… par exemple Coetzee, dont j’ai publié le premier… Il y a beaucoup d’ouvrages, je suis le premier à les publier, puis ensuite ils passent ailleurs. Ah, c’est comme ça, c’est la loi du marché. Le dernier auquel je pense, je le vois en train de travailler, j’ai confiance, il a fait un petit succès, et puis je le vois emprunter le téléphone, je dis « Pourquoi ? »  Il me dit : « On me demande. » Je dis : « Pourquoi ? »  Il me dit « Ce sont des éditeurs, un tel, puis, un tel… »  Je dis « Faites comme vous voulez» « Ah, non, non, je reste avec vous ça c’est sûr ! » Alors j’ai écrit à un Tel, parce qu’il m’avait cité son nom. Il me dit : « Mais non, je ne cherche pas à débaucher vos auteurs. Simplement, j’accueille ceux qui viennent chez moi. » Bon. Bon. Alors, je dis : « Alors c’est pas lui qui vous a proposé, c’est vous qui êtes allé ? » Et, il me dit : « Mais mettez-vous à ma place : il m’offre un à-valoir. » « Combien ? » « Eh bien : 30.000 francs, ça me dépanne quand même. » Ça, je ne peux pas faire ça. C’est les lois du marché. Quand ils ont eu un petit succès avec moi, ils passent ailleurs, et même Houellebecq avait eu un petit succès chez moi…

Alain Veinstein : Houellebecq… Vous n’avez été très mécontent de le voir partir, Houellebecq ?

Maurice Nadeau : Non. Non, mais j’avais refusé le deuxième, pas le roman, les poèmes. Mais ça, ça paraît normal. Mais le jeune auteur qu’on a mignoté un petit peu - bien sûr ça n’a pas été un grand succès, mais quand même les gens ont été attentifs, on a fait ce qu’il fallait, aussi - et qui vous quitte, ça fait un petit pincement au cœur. C’est la loi. C’est la loi de la vie.

Alain Veinstein : Ces quarante ans, pour revenir à La Quinzaine littéraire, Maurice Nadeau, est-ce que vous les avez vus passer ?

Maurice Nadeau : Je ne sais pas trop. Est-ce que je les ai vus passer ? Je n’ai pas l’impression, que je les ai vus passer, c’est ce qui est bizarre. Je ne suis pas au début, ça je m’en rends compte, hein ! Il y a beaucoup de temps, quand même, puisqu’on comptabilise, mais enfin, il y a eu beaucoup d’événements qui ont jalonné ça,… ne serait-ce que les dissidents… il y a eu toute une époque quand même… Kundera était encore à Prague, quand on parlait de ses bouquins ici. Soljenitsyne… Je pense à Siniavsky… On a eu le culot, La Quinzaine, de faire un amphithéâtre à Jussieu pour accueillir Siniavsky en France. La Quinzaine littérair, tout le culot !… Ça a été une époque, ça a marqué quand même, la La Quinzaine, si ça n’a pas marqué le monde entier. Parmi les jeunes, c’est qui les jeunes maintenant ? C’est Pierre Michon. J’ai participé avec France Culture, qui l’a couronné à ce moment là, Les vies minuscules… On ne l’avait pas loupé, ni d’un côté ni de l’autre, c’était bien. Bon, il a fait son trou maintenant, si j’ose dire, il n’aimerait pas cette expression, mais enfin, qu’il soit apparu ensuite comme un écrivain qui compte, ça fait plaisir.

Alain Veinstein : La Quinzaine a toujours eu à cœur d’être au cœur des débats intellectuels…

Maurice Nadeau : C’est ce que disait Derrida. On avait fait, parce qu’à l’époque c’est la mode - on n’est pas trop pour cette mode mais on y succombe -… c’est la mode des anniversaires, des commémorations, de tout ce qu’on veut, on avait fait les vingt ans, parce que les vingt ans on battait de l’aile déjà, on continue à battre des deux ailes, même maintenant, mais pour les vingt ans j’avais fait écrire des lettres par un certain nombre de gens,Vincent Descombes, les philosophes, les gens éminents… je leur avait dis : La Quinzaine c’est quand même le reflet de ce qui se passe dans ce climat intellectuel. Il avait fait un grand article qui m’avait touché : « Mais non, vous n’êtes pas un reflet, vous y participez au débat intellectuel ! ». Ah, très bien mais ça, c’est bien de la part d’un philosophe qui dit qu’il vous reconnaît une importance dans son domaine. C’est quand même extraordinaire. Bon, le temps passe. Les gens disparaissent, aussi. Le pauvre Derrida, c’est fini. Bon, il y a les nouveaux. Puis, il y a les anciens que l’on redécouvre. Qu’est-ce que je n’ai pas fait pour Benjamin par exemple ? D’abord, j’ai été le premier à le publier en français à l’époque où cela n’intéressait pas les grands éditeurs, ensuite j’ai continué. La Quinzaine s’est occupée de lui, constamment, sans avoir eu aucun contact avec lui. Il s’est suicidé en 1940. Mais on s’est dit : « C’est quand même un de ces philosophes allemands… qui s’est intéressé à la France… à Paris notamment… qui a fait un tableau de ses passages parisiens, que les parisiens auraient intérêt à lire, à connaître. » Il a fait bien d’autres choses, c’était un critique éminent, un nomade, un voyageur, une personne comme on les aime. Il n’avait pas de système, il surmontait un peu tous les systèmes. Je n’arrête pas de parler de Benjamin. Je viens de publier un livre de Jean Lacoste - traducteur habituel - sur les voyages de Benjamin. Des choses que je fais avec Vuitton… Mais, auparavant, j’avais publié des choses de Benjamin, déjà un livre de Lacoste auparavant encore.

Alain Veinstein : Il y a comme ça des figures de référence à La Quinzaine. Il y en a quelques-unes que l’on retrouve, là, derrière votre dos, en photographie....

Maurice Nadeau : Ce sont aussi des figures...

Alain Veinstein : …et que l’on retrouve évidemment dans Journal en public : Beckett, Bataille, Leiris…

Maurice Nadeau : Oui, c’est déjà des gens dont on ne parle plus. Ça va vite les générations. Pour des gens qui ont aujourd’hui entre vingt et trente ans, c’est des ancêtres évidemment, c’est des gens qui n’existent plus d’abord, et puis ensuite dont les ouvrages… il faut aller se les procurer. S’ils ont une Pléiade, encore heureux, mais Becket n’a pas de Pléiade…

Alain Veinstein : …Claude Simon, Nathalie Sarraute qui sont aussi des figures…

Maurice Nadeau : Oui. C’est une génération. Witold, Nathan en a publié les œuvres complètes, Claude Simon a sa Pléiade etc. C’étaient les jeunes de mon temps, si j’ose dire.

Alain Veinstein : Il y a eu, ensuite, une autre vague avec Sollers, avec Le Clézio, avec Perec que vous avez découverts en tant qu’éditeur.

Maurice Nadeau : Oui. Perec, sa célébrité est venue après sa mort. C’est curieux. C’est une gloire posthume. Sollers, j’avais salué son avènement dans L’Observateur à l’époque où j’y écrivais. Le Clézio, j’étais du jury Renaudot, le jury qui lui a donné le Prix pour son premier livre Le procès verbal. Le Clézio est resté jeune, formidable. Ourania, formidable. Il ose faire un livre utopique comme ça, une contrée utopique, un pays comme ça où l’argent, tout ça n’existe pas, toutes les marchandises, toutes ces choses qui nous asphyxient… Il est vivant, il a encore de la ressource…

Alain Veinstein : Si on part huit jours à la campagne, avec les quarante ans de numéros de La Quinzaine littéraire sous le bras, on se rend compte, en les feuilletant, que La Quinzaine, le plus souvent, a défendu les novateurs.

Maurice Nadeau : Oui. Est-ce qu’elle le faisait exprès ? Ce n’est pas sûr. C’est probablement parce que les collaborateurs sont très attentifs à ce qui se passe. Ce sont des écrivains, eux-mêmes, ou des romanciers, des poètes, ou des universitaires – ils ne sont pas tous bêtes - qui sont à l’affût. Il y a surtout beaucoup de jeunes. C’est, en général, les plus jeunes qui viennent à La Quinzaine, parmi les spécialistes. Il y a un jeune historien qu’on découvre et qui dit : « Ah, oui, ça me plairait… »  Il y a une jeune docteur en littérature qui voulait venir, je lui ai dit : « Très bien, venez, prenez un livre et faites un compte rendu, on verra ce que vous savez faire. » C’est un peu comme ça que cela se passe. Les désillusions viennent de la clientèle, que l’on croyait plus jeune, plus avertie, plus nombreuse surtout. Mais bon, avec le livre de poche, avec l’enseignement, etc., les jeunes, ça lit, mais en réalité… c’est la désillusion. Il y a bien eu, au début, des corporations, comment dire, des étudiants qui se sont réunis, des organismes,  pour prendre des abonnements, mais peu à peu ça s’effiloche tout ça. C’est-à-dire qu’il y a aussi un certain nombre de contraintes, qui font que l’on n’a pas le droit de vendre La Quinzaine sur les campus, dans la rue… Autrefois, moi, je pouvais vendre dans la rue les journaux. On ne peut pas vendre non plus dans les librairies, parce que les kiosquistes ne sont pas d’accord… Enfin, il y a toutes sortes de contraintes qui font qu’au lieu de nous faciliter les choses, on les empêche un petit peu.

Alain Veinstein : C’est dommage, parce que, souvent, il y a des articles dans La Quinzaine qui peuvent intéresser… les agrégatifs par exemple, qui sont les auteurs du programme. Parce que si vous êtes attentifs aux nouveaux auteurs, vous restez aussi des défenseurs du patrimoine, des auteurs du passé, avec des dossiers dont vous parliez tout à l’heure… Avec Rimbaud, Flaubert, Hugo…

Maurice Nadeau : Oui. On s’est mis à l’informatique. On ne recule pas devant le progrès. N’importe quel agrégatif ou doctorant, comme on les appelle, peut avoir accès à La Quinzaine par internet. C’est formidable. Ça n’existait pas il y a quelques années. Il y a trente mille articles qui sont à la disposition des gens qui veulent les consulter. Ça fait quand même une petite encyclopédie vivante, sur ce qui s’est passé en quarante ans sur beaucoup de plan, puisque l’on parle aussi du cinéma, du théâtre… on parle des arts. C’est énorme ! Ça n’a pas de limite.

Alain Veinstein : La science, aussi.

Maurice Nadeau : La science aussi, mais c’est peut-être la partie la moins représentée parce que c’est une rubrique difficile à tenir. Parce qu’il faut avoir le langage, je ne dirais pas du journaliste, mais disons accessible au public qui n’est pas idiot mais qui n’est pas au courant de toutes les découvertes, surtout maintenant, de tout ce qui se passe dans le domaine. Mais on trouve. Il y avait un ami, physicien, qui a fait un grand travail dans l’enseignement, il avait fédéré les professeurs de mathématiques, vous vous rendez compte ! Une fédération des professeurs des mathématiques, ça c’est une chose ! Il était rubricard de La Quinzaine… Il est mort. Il a été remplacé par un autre, c’est quelqu’un de très bien, mais c’est difficile de tenir une rubrique dans un monde qui est encore plus vaste que la littérature : les sciences. Quand on prend les sciences de la nature, je ne parle pas de sciences humaines, et dans ces sciences-là, la biologie, la génétique, et tout ce qui se fait actuellement, c’est très difficile. Mais enfin il faut tenir aussi ce public qu’on a au courant de ce qui se passe.

Alain Veinstein : Dans La Quinzaine littéraire on a des informations sur les livres qui paraissent dans tous les domaines mais aussi sur les arts, les grandes expositions, l’actualité du théâtre, l’actualité du cinéma, et tout de même il reste une petite place pour la littérature, on l’a vu, et en particulier - ça, je ne l’ai pas souligné - je voudrais, peut-être, que vous nous disiez un mot, la place que vous accordez, dans La Quinzaine, à la littérature étrangère.

Maurice Nadeau : Ça a été la plus grande place. Ce n’est pas un reproche que l’on m’a fait, mais une remarque qu’on a faite qu’en effet on s’intéressait plus à ce qui paraissait à l’étranger qu’à ce qui paraissait en France, dans le domaine du roman. C’est vrai, mais c’est vrai aussi parce que les choses sont ce qu’elles sont et qu’il paraissait beaucoup d’œuvres étrangères qui méritaient qu’on en parle. Alors maintenant voyez ce qui dégringole de la Chine, du Japon, de la Corée etc. et on arrive même difficilement à suivre. Il y a des éditeurs avisés, spécialisés, qui sont, eux aussi, à la recherche d’un public. On voudrait leur faciliter l’approche de ce public mais ce n’est pas non plus toujours facile. Alors là aussi, on a quelqu’un qui a passé quelques années au Japon, qui connaît bien tout ça, qui peut en parler. Mais ce n’est pas n’importe qui qui peut en parler. En même temps, vous voyez le dilemme dans lequel on se trouve : on veut aussi que n’importe quelle personne qui ne connaîtrait rien au Japon puisse être intéressé par un livre japonais. C’est ça le propre du journalisme, arriver à faire découvrir, à faire aimer, à faire lire quelqu’un qui vous est étranger. Ça, on l’a fait ici. Ce n’est pas un effort, c’est presque naturel pour La Quinzaine. C’était déjà ce que j’avais fait dans Les lettres Nouvelles pendant plus de vingt ans, c’était d’essayer d’intégrer à la culture, ce que l’on appelle la culture en général, qui est un mot très vaste et qui recouvre beaucoup de choses, d’intégrer tout ce qui se passe d’intéressant… tout n’est pas intéressant… mais beaucoup d’étrangers. On a eu peu de l’Est, je pense à l’URSS quand elle existait mais on a eu Gombrowicz pour la Pologne, à l’époque, des Roumains, l’Allemand, après la guerre, etc. Les Américains, oui bien sûr, ils sont mieux représentés ailleurs, mais j’en ai publié aussi… surtout les américains du sud. Maintenant, c’est une tâche qui est devenue banale. Il y a des éditeurs pour tous ces auteurs, mais il fallait quand même ouvrir la voie.

Alain Veinstein : Ces quarante ans de La Quinzaine, Maurice Nadeau, sont l’occasion d’un numéro spécial anniversaire que vous publiez en mars, comment avez-vous conçu ce numéro ? C’est un numéro qui pleure ou un numéro qui rit ?

Maurice Nadeau : C’est un numéro où il y a un peu d’autosatisfaction. Je veux dire : « Vous voyez comme nous sommes beaux, comme nous sommes intéressants, comme nous sommes intelligents, comme nous sommes malins », etc. C’est un peu gênant, mais c’est un peu ça en même temps. On dit ce qui manque, et des critiques heureusement. Comme dit Annie Lebrun, qui est une de nos critiques les plus tranchantes, elle dit qu’il y a beaucoup de beaux esprits dans la La Quinzaine. Les beaux esprits, elle n’aime pas beaucoup ça. Vous voyez, par exemple, je parle pour elle, elle est unique donc ce n’est pas le truc général, elle voyait les choses beaucoup plus dans le sens de la révolte, du refus, d’un examen de la culture avec un grand « C » et ce n’est pas grand-chose, c’est un cache sexe, souvent, de la marchandise, enfin des intérêts, c’est cela quand on ne sait plus quoi faire, on met les relations diplomatiques pour installer une usine au Pakistan ou je ne sais pas où, on parlera d’une exposition, on parlera de la culture, on parlera des écrivains, des poètes etc. C’est un peu cela ce qu’elle reproche. Ce n’est pas le travail, heureusement, auquel on se livre, il y a assez de journaux ou de revues qui le font. Mais cette période de refus, de révolte, est aussi une période qui est un peu utopique. On y a participé, on voit ce que c’est aujourd’hui. Qu’est-ce que c’est devenu, c’est devenu un biais de lune, un espoir un peu fou, une idée comme ça dans les têtes, qui se manifestait dans les faits mais les faits ils ne sont… non pas ce qu’ils sont, mais la façon dont on les voit. On les a vus autrement. Autrefois, on parlait des luttes des classes, on parlait de choses extraordinaires. Les classes ont disparu. Les classes ouvrières, qu’est-ce que c’est ? Personne ne sait plus. C’est dans le capitalisme… alors là, on le voit, il nous bouffe de tous les côtés, ça c’est sûr. On voit les grandes entreprises, l’urbanisation, les histoires incroyables et on se dit comment ça marche tout ça ? Des millions de pauvres dans le monde et en Afrique les enfants qui meurent… enfin, on voit tout cela, et à la fois, on se dit qu’on ne peut pas faire grand-chose. On assiste, on est un peu décontenancé, désarçonné aussi, on ne sait plus quoi faire. La Quinzaine n’a pas un rôle révolutionnaire, ce qui serait prétentieux et qui n’est pas dans ses moyens, mais elle a quand même attiré l’attention sur les livres.

Alain Veinstein : Il n’y a pas que de l’autosatisfaction dans ce numéro de la quarantaine de La Quinzaine, Maurice Nadeau, c’est quand même une étude très sérieuse, sociologique, historique qui est menée par Gisèle Sapiro, chercheur au CNRS, et qui vous a sans doute appris beaucoup de choses sur votre journal ?

Maurice Nadeau : Oui, en effet. Elle m’a appris notamment cette chose que je n’avais pas remarquée : que j’avais changé quatre fois de maquette ! Ça c’est tout-à-fait étonnant parce que, on a eu des maquettistes – oh, il y a eu un moment où on pouvait se payer des maquettistes ! - mais enfin, il y a eu un moment, aussi, où il n’y avait plus de maquettistes, parce qu’on ne pouvait pas les payer, et c’est moi qui faisais les couvertures, avec l’assentiment et la collaboration des autres. Mais enfin, quand même, elle m’a appris… mais c’est le sort des journaux qui cherchent à se renouveler, à renouveler au moins les apparences, de dire : « Vous voyez, ce n’est pas le ronron… Vous savez, on essaye nous aussi… »  Mais ce qui est difficile, parce qu’il y a une – ce n’est pas une frange – c’est une partie importante des lecteurs et des abonnés, qui nous écrivent carrément : « Surtout, ne changez rien, restez comme vous êtes, ne faites pas comme les autres… » Ça, c’est tout à fait extraordinaire. Et puis, on se dit, quand même, si on peut rendre les choses plus agréables à lire… On ne va pas se mettre à mettre des photos en pleine page comme les autres. On regarde bien un petit peu, mais… Non, c’est la lecture, c’est le texte qui doit compter d’abord. Le journal avait été conçu comme ça. Il avait été conçu à une époque où le modèle qu’on s’était donné, parce qu’on l’avait conçu à deux, François Erval et moi, on s’était dit, on va faire comme Le Monde, on ne publiera pas de photos, on ne lira que du texte. On s’est aperçu que ça devenait impossible à lire. C’est ça la chose. C’est que pour lire les textes, il faut un petit peu les aérer, il faut faire un peu de mise en page, il faut faire du journalisme, quoi. Alors, on n’a pas beaucoup changé de modèle. Si, on a mis des photos, mais des photos qui serviraient, qui ne seraient pas des illustrations, qui seraient des documents en somme, d’un auteur que l’on connaît mal, ou d’un manuscrit, ou d’un extrait d’un ouvrage, etc. On a suivi cette politique, ce n’est pas une politique qui paie, mais c’est une politique qui satisfait les gens qui disent : « Surtout ne changez rien. » On essaye de changer toujours un peu parce que c’est la vie qui évolue aussi.

Alain Veinstein : Dans ce numéro, il y a aussi plusieurs articles et des entretiens, notamment Pierre Michon que vous citiez tout à l’heure, qui propose un regard rétrospectif sur ces quarante ans.

Maurice Nadeau : Oui. Il y a en effet une très bonne interview de mon collaborateur Bertrand Leclair. C’est quelqu’un ! C’est un esprit aigu. Je ne soupçonnais pas même à quel point il pouvait être attentif à ce que l’on faisait. Ça m’a surpris, dans le bon sens du mot. Il a encore grandi à mes yeux, vous voyez, Pierre Michon ! Il a un regard sur La Quinzaine, comme tout lecteur mais il y a des lecteurs qui disent : oui, j’ai lu La Quinzane, etc., mais on voit bien que ce ne sont pas des affidés, ils ont lu, oui, mais comme ça par curiosité, ou pour d’autres raisons. D’autres, en effet ça les a – je ne dis pas guidés- alertés sur des choses qu’ils n’auraient pas connues sans La Quinzaine. Et, pour un écrivain, même comme Michon qui est un type curieux, curieux à la fois d’histoire, de poésie, etc., ça a été, je ne dis pas un guide mais tout de même une approche des choses qu’il ne connaissait pas. Alors ça, c’est important quand même. Si dans la mesure où ça le fortifie, disons, où ça le nourrit un peu, sans se faire trop d’illusions, ça nourrit aussi les gens qui nous lisent, c’est tout de même intéressant. On se dit qu’on ne travaille pas pour rien.

Alain Veinstein : Il y a, aussi un long entretien avec François Maspero.

Maurice Nadeau : Oui. Maspero qui est toujours un peu à regretter les belles années…  Mais bon, c’est vrai mais l’époque… qui était aussi la mienne… moi, je survis un peu comme lui. C’est-à-dire que l’on regrette une époque où les choses paraissaient plus faciles à faire, plus simples, plus évidentes. L’édition, telle qu’il la comprenait… on prenait des coups, enfin il prenait des coups, mais on pouvait étaler, assumer… jusqu’au jour où il n’a plus pu. Il a fait le bilan. Mais il regrette ce temps où le livre avait une importance qu’il n’a plus. Parce qu’il ne faut pas se leurrer ça a été remplacé dans les occupations des gens en général par d’autres activités plus ludiques, différentes. Je crois que le livre, c’est devenu un objet, un objet passe-partout, qui a moins d’importance qu’il n’en avait autrefois. Le livre c’était autre chose, même il y a cinquante ans, c’était une chose un peu sacrée que l’on ne jetait pas à la poubelle, au contraire. Il y avait des bibliothèques dans ce temps-là. Les gens se devaient d’avoir, chez eux, une partie bibliothèque. Il y avait des clubs de livres qui fournissaient du meuble. Je pense à ce que faisait l’Imprimerie nationale, par exemple, les chefs-d’œuvre de la littérature française, on les trouvait là, de Rabelais à Voltaire, La Bruyère, etc. Toute cette époque c’est terminé. C’est maintenant autre chose. Bon, il y a des collections très remarquables de littérature mais il n’y a plus sacralisation de l’objet, je crois avoir deviné ça chez Maspero. Ce n’étaient pas seulement des objets, je crois, il y avait ce côté bombe à retardement, surtout pour lui. C’étaient des livres que personne n’osait publier, que lui publiait. Il se faisait, d’ailleurs, poursuivre par la justice, les organismes, mais il le faisait. Il fallait du courage pour publier ces livres-là. Il l’a fait. Il ne parle pas de lui, personnellement, il parle de ce courant en général… qui faisait… qui a été analysé par un autre, André Schiffrin, en Amérique, où, pour les éditeurs, c’est la rentabilité qui compte d’abord. Il faut atteindre les 15% etc. Si vous ne les atteignez pas, les gens placent leurs actions en bourse, ça rapporte davantage. Bon, c’est ça. Et si l’édition c’est devenu ça, on comprend qu’un éditeur comme Maspero, qui avait mis un partie de son héritage là-dedans et qui a tout perdu… on comprend qu’il regrette cette époque.

Alain Veinstein : Dans ce numéro anniversaire de La Quinzaine, il y a encore beaucoup d’autres choses dont nous n’avons pas parlé, de nombreux témoignages d’écrivains, de lecteurs ou de collaborateurs de La Quinzaine. Il y a, également, une table ronde, que vous avez réunie, Maurice Nadeau, avec des gens qui font, autour de vous, La Quinzaine, toutes générations confondues et puis, la petite surprise c’est quand même la couverture réalisée, spécialement pour ce numéro, par Antony Tapies.

Maurice Nadeau : Tous les collaborateurs, je ne pouvais pas. J’ai essayé de réunir, non pas les plus importants, les plus représentatifs, mais ceux qui pouvaient disposer de leur temps pour discuter, pour voir où l’on en était, pour voir ce qui nous attend, le passé mais aussi l’avenir. Les autres n’étaient pas disponibles. Puisque vous avez lu cette table ronde, ce n’était pas que de l’autosatisfaction complète, beaucoup voient les manques de ce journal : le fait que ce que l’on se promettait de faire, on ne peut plus. Par exemple, Raillard montre que les galeries d’art ont disparu : on ne peut plus parler de peinture,...

Alain Veinstein : Donc, les choses se passent dans le cadre institutionnel…

Maurice Nadeau : Voilà ! Dans le cadre institutionnel. C’est en face. C’est Pompidou ou les grandes expositions, partout, au Luxembourg ou ailleurs. Il y a Lapouge, qui fait justement, vous m’en parliez tout à l’heure, à propos des sciences… À La Quinzain, on ne sait rien sur la génétique, sur la paléontologie, il y a des découvertes, on n’est pas au courant, etc. Oui, bien sûr. Il faut trouver les collaborateurs compétents et puis on n’est pas le dictionnaire Larousse. On parle de ce dont on est capable de parler, ce dont on n’est pas capable, on le tait. Je crois que c’est la bonne politique. En attirant l’attention sur ce que l’on tait, sur ce qui manque, ce n’est pas mauvais non plus.

Alain Veinstein : Il y a un dernier cadeau, pour l’anniversaire de La Quinzaine, et cette fois-ci, c’est un livre, Maurice Nadeau. Un livre signé Maurice Nadeau, publié par La Quinzaine et les éditions Maurice Nadeau, intitulé Journal en public et c’est un journal que vous tenez dans le journal, dans La Quinzaine littéraire précisément, depuis le 16 février 1997, date qui est analysée dans cette table ronde, dont nous venons de parler, par Tiphaine Somoyault, comme un tournant, parce que, pour elle, il y a une autre façon de s’imposer, dans le journal, qui commence à partir de là, une façon beaucoup plus subjective que précédemment, parce qu’il y a votre journal. Il y a, aussi, la chronique de Pierre Pachet,...

Maurice Nadeau : Exact.

Alain Veinstein : Qui publie, sous le titre Loin de Paris et où vous vous exprimez l’un et l’autre à la première personne…

Maurice Nadeau : Oui, c’est curieux parce que ça n’a pas été prémédité. C’est très curieux. Parce qu’on en a senti le besoin. On est toujours en train de jouer un rôle, le rôle du journaliste, du critique, et moi je m’étais dit, c’est curieux, j’ai fait cela toute ma vie, si j’ose dire, j’ai fait cela pendant des années, au fond est-ce que je me suis exprimé tel que j’aurais voulu le faire ? Je me suis toujours, au fond, un peu caché derrière les autres.

Alain Veinstein : Vous avez publié des livres, quand même.

Maurice Nadeau : J’ai publié des livres, oui. J’ai publié des livres, oui, c’est vrai, mais c’est toujours l’auteur. Je me mettais comme dans les tableaux de je ne sais plus qui, dans le coin, comme celui qui parle du livre et de l’auteur en se tenant à sa place, sa petite place. Et, je me disais, mince alors - je me parle plus poliment que ça - je me dis j’existe aussi, pourquoi je n’essayerais pas de dire ce qui me tombe entre les mains, même de façon brève ou raccourcie ou tout ce que l’on voudra et, voilà, ça m’a pris tout d’un coup, c’est bizarre. Mais je dois dire, il faut dire quand même que j’avais un modèle, si l’on veut, c’était le Diario in pubblico d’Elio Vittorini, que j’avais bien connu, qui était un ami, et j’avais préfacé, en français, ce Journal en public, et j’ai repris le titre en m’excusant, mais il est mort déjà il y a un petit bout de temps, mais en m’excusant auprès de ses mânes, en disant je vais essayer mais c’était autre chose. Il avait des vues, lui, quand même beaucoup plus globalisantes, si l’on veut. C’était un homme politique en même temps qu’un écrivain, il était à ce moment-là au parti communiste, et son journal en public agitait toutes ces questions, à l’époque... C’était le parti communiste italien de Togliatti de toute cette époque, qui était en train de changer, qui était en train de préparer l’aggiornamento aussi en Italie. Alors, ça n’avait pas du tout le même caractère mais le titre me plaisait parce qu’il signifiait que je tenais mon journal mais que tout le monde pouvait le lire. Ce n’est pas un journal à sens unique, ce n’est pas un journal où je vais m’épandre sur des choses qui n’intéressent personne, mais il y a le public, le monde qui est autour de nous, il y a les livres, il y a tout ça, je vais essayer d’en parler à ma façon. Une façon, un peu paysanne. Je m’efforce de n’être pas trop concierge, d’être à la hauteur du lectorat que j’ai. Je dis ma façon de penser mais j’essaye de ne pas la dire de la façon dont je parle, c’est-à-dire argotique ou mal embouchée, j’essaie de faire un effort pour que ça ait une allure, du moins une peinture littéraire, voilà.

Alain Veinstein : Il n’y a rien du journal intime dans le Journal en public.

Maurice Nadeau : Non. Il n’y a rien du journal intime parce que je pense que ce sont des choses que l’on raconte ailleurs, dans un roman, une confession, tout ce que l’on voudra. Ce n’est pas, non plus, un journal qui tienne compte de toute la vie autour de nous. En ce moment, ce qui se passe, il n’en est pas question dans ce journal. Il y aurait beaucoup trop de choses à dire qui m’effleurent et je ne suis pas capable, non plus, de les écrire. Ce sont, si vous voulez, des sentiments, des sentiments des choses fortes mais vagues, vagues pour l’expression. Donc, je ne vais pas me lancer dans des considérations économiques, politiques ou de je ne sais quel ordre. Je parle de ce que je connais, de ce que je ressens, sur un plan qui est le mien, qui est mesuré, qui est limité, qui n’est pas extraordinaire, mais une voix. Une voix que je recherche, moi, dans les auteurs que je publie. Je dis « Ah, faire entendre une voix ! »  Alors je voudrais que l’on entende la mienne, c’est ça, pas plus.

Alain Veinstein : Donc, pas de journal intime mais tout de même quelque chose du quotidien de votre vie de lecteur, de patron de journal ou d’éditeur qui transparaît dans ces chroniques.

Maurice Nadeau : J’espère. Je ne fais pas toujours exprès. Quand on publie un auteur dont personne ne parle, ça me fait quand même quelque chose. Je me dis « Quand on est éditeur : pourquoi, ça n’a pas d’intérêt ? Pourquoi n’en parle-t-on pas ? Pourquoi ? Les journalistes ne sont pas tous abrutis, ils ne sont pas tous vendus, pourquoi ils n’en parlent pas ? »  Parce que je n’ai pas de marketing, pas d’attachée de presse, il y a toutes sortes de raisons que je connais, mais je pense aussi qu’il y a quelques esprits suffisamment avertis et curieux pour se rendre compte que ce que je leur offre ce n’est pas n’importe quoi. Alors, là, parfois ça met en rogne. En même temps je le fais. Je reçois des centaines de manuscrits qui ne valent pas un clou mais ce sont des gens qui se sont donné un peu de peine - pour écrire déjà, ce n’est pas facile - mais qui n’ont pas encore compris qu’écrire était autre chose que dire n’importe quoi. On ne peut pas leur dire, à chacun, mais non, vous savez, la littérature ce n’est pas écrire un roman. Même quand on raconte des choses intimes, il faut les raconter d’une certaine façon, faire un effort d’expression, acquérir une technique, sans aller jusqu’à l’art, c’est quand même l’art. La littérature est un art, comme la peinture, comme les autres arts. Il faudrait arriver à leur dire, on ne vous demande pas d’être tous des artistes, vous voulez dire quelque chose, alors dites-le de façon audible, non seulement pour tout le monde mais aussi pour des gens qui seraient intéressés par ce que vous dites. Vous leur racontez des histoires, vos premières amours, vos histoires de familles… (Une femme) qui écrit, comme ça au courant de la plume, parce qu’elle a le Bac, parce qu’on lui a appris à écrire, elle croit que cela va passer, que ça va être édité et que les gens vont la lire. Pour faire comprendre ça, aux apprentis, aux apprentis en littérature… c’est très difficile… mais il y a des gens qui vous engueulent parce que vous ne prenez pas leur manuscrit. Ils vous prennent pour une institution. On a un devoir. Vous avez le devoir, d’abord de lire, ce n’est pas une petite affaire, ensuite de donner votre avis, en somme une consultation. Si l’on va chez le psychiatre, le médecin, etc. sans payer la consultation… Ici, on vous demande une « consultation », aux frais de quoi ? De la princesse ? Des gens qui consacrent leur temps à ça ? On ne peut pas. Il y a des écoles de journalisme, mais il n’y a pas d’écoles pour écrivains. Il y a des ateliers d’écriture mais ça, c’est encore autre chose…

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Alain Veinstein : C’est vrai qu’il y a là beaucoup de manuscrits sur votre bureau et, quelquefois, vous le dites dans votre Journal en public, vous répondez aux auteurs que le livre est publiable mais pas par vous. Une fois, un auteur vous a répondu pratiquement une lettre d’insultes, en vous disant : « Vous dites que c’est publiable, alors expliquez-moi pourquoi vous ne le publiez pas ».

Maurice Nadeau : Oui, c’est vrai. Dans ce cas-là, on est d’ailleurs bien ennuyé pour répondre. Il faut dire la vérité, mais il faut quand même ménager la susceptibilité des gens qui écrivent, ce n’est pas rien. Quelqu’un qui écrit, il met beaucoup de lui-même dans ce qu’il écrit, et attaquer ce qu’il écrit, c’est l’attaquer lui-même. Alors, il faut prendre quelques précautions. Il faut dire : « Non, je ne crois pas que mais il me semble aussi…»  etc. Il y a des gens qui me remercient. Il y en a aussi, quand même. Il n’y a pas très longtemps, quelqu’un m’a envoyé un ouvrage publié ailleurs, en me remerciant de l’avoir bien conseillé. Ça arrive même assez souvent, parce que je ne peux pas prendre tout ce qui m’est proposé… Ensuite, parce que je n’ai pas les moyens, non plus, je n’ai pas l’envergure d’un éditeur, d’un grand éditeur.

Alain Veinstein : Dans Journal en public vous parlez, à plusieurs reprises, des éditions, justement, des éditeurs que vous admirez. Il y en a quand même quelques-uns, y compris parmi ceux de la nouvelle génération, Pierre Poulon pour citer son nom, mais on apprend au détour d’une phrase, que vous, Maurice Nadeau, alors que vous avez découvert la plupart des grands écrivains qu’on lit aujourd’hui, vous dites : « Je ne suis pas vraiment un éditeur ».

Maurice Nadeau : Je ne suis pas vraiment un éditeur. L’édition, c’est une entreprise. J’oserais dire, c’est une industrie. On a placé des capitaux que l’on fait fructifier à l’aide des livres que l’on publie. Une entreprise qui s’appelle l’édition. A l’origine il faut un capital, or, ce capital je ne l’ai jamais eu. C’est difficile de se proclamer un Tel alors qu’on n’est pas un Tel, on n’a pas les moyens. Ce que je peux faire, c’est faciliter les choses, ce qui arrive d’ailleurs : je publie un auteur, qui devient ensuite Prix Nobel, je pense à Coetzee par exemple. Bon il a oublié ça, comme d’autres, ou un jeune auteur qui pour un deuxième livre va ailleurs parce que je n’ai pas les moyens de lui offrir une mensualité, un à-valoir suffisant pour le garder - l’édition est effectivement une industrie - et parce qu’effectivement, on ne vend pas des sardines, comme disait Julliard. Je ne vends pas des sardines, c’est une affaire entendue, mais c’est devenu un objet, un commerce rentable. Oh, oui, je sais bien que les éditeurs se voient autrement…qu’ils mettent autre chose dans leur activité que ce simple amour du profit. Bien sûr ça peut être quelquefois autre chose, mais à la base, c’est quand même ça. Or, moi, je n’ai jamais pu mettre plus dans cette entreprise, plus que ce que me rapportaient, comme éditeur, les livres que je publiais. Or, c’était peu, rien du tout ou des pertes. J’ai plus de pertes que de gains. J’arrive à subsister parce qu’un livre qui marche, comme vous dites - ça arrive un fois par an - me permet d’éditer les deux ou trois livres suivants, des livres plus difficiles, philosophiques, des essais, ou d’autres romans qui sont aussi à découvrir. C’est de l’artisanat. Je ne suis pas un industriel mais un artisan. Je ne vais pas me proclamer éditeur alors que je n’ai pas pignon sur rue. L’édition, ici, c’est la chambre à côté. C’est la pièce à côté, exactement. Ici c’est le journal et l’imprimerie, la pièce d’à côté.

Alain Veinstein : Ce que l’on voit dans le Journal en public, c’est qu’en effet, comme vous le disiez tout à l’heure, on a l’impression que le roman que vous considériez il y a une vingtaine d’années comme la voie royale de la littérature, vous n’y croyez plus tellement, votre intérêt va plutôt à quelques auteurs étrangers.

Maurice Nadeau : C’est vrai. Je vois les choses dans un tel sens. Les romans que j’ai pu lire, je ne dis pas que j’ai tout lu, loin de là, parce que je n’ai plus envie de lire des romans de l’existant, mais enfin ce que je lis ne m’apprend rien ni sur moi ni sur la littérature en général, ni sur le monde, surtout. Alors, les histoires personnelles, intimes etc., c’est intéressant pour celui qui les raconte, qui les écrit, mais intéresser un public, intéresser d’autres gens, au fond faire lire… c’est le vieux problème : est-ce qu’on écrit pour soi ou pour les autres ? On écrit à la fois pour soi et pour les autres. Si on n’a pas de lecteurs, on n’a pas de ressort non plus pour écrire. Je pense à Flaubert, qui disait : « Je vais écrire toute ma vie et je ne publierai pas. De mon vivant, rien ne sera publié ». Et puis il a fait comme les autres. Au bout d’un moment il a eu besoin qu’on lui dise « c’est bon », « c’est mauvais », « ça nous intéresse », « ça ne nous intéresse pas ». C’est ça le problème. Mais ça, l’auteur – qu’est-ce qu’un auteur ? – la personne qui vous apporte un manuscrit, timide et tremblante, si vous prenez le manuscrit, si vous l’éditez, c’est un peu l’oint du seigneur… la deuxième fois, quand il vient vous revoir avec des manuscrits, il a des épaules un peu plus larges : « je suis un écrivain ». Voilà la transformation qui s’est opérée. C’est tout de même quelque chose d’extraordinaire. Je me dis : « Ah, tiens, je suis capable de faire des écrivains, il est devenu un grand écrivain, c’est formidable ! » Or, il l’était, sans moi, bien sûr, mais j’ai été à la naissance, ça me fait quand même une justification. Je me dis que je ne vis pas pour rien, ma vie a - je ne dirais pas qu’elle a un sens - mais disons une excuse, je fais quand même du boulot, voilà.

Alain Veinstein : Dans tous ces livres dont vous êtes amené à parler, votre choix va souvent vers les livres qui relèvent plutôt de l’histoire littéraire. Vous aimez bien, hein ?

Maurice Nadeau : C’est vrai. Peut-être parce que je n’ai pas suffisamment de curiosité pour ce qui se fait sous mes yeux. Enfin, je suis attentif à ce qui a été fait. Les livres vivent aussi, les auteurs à travers les livres et à travers les générations et on s’aperçoit que lire aujourd’hui Flaubert, c’est bien ! Flaubert, ce n’était pas ma tasse de thé, j’étais dans le surréalisme, j’étais je ne sais pas quoi… Et puis tout d’un coup, Madame Bovary ! Oui, très bien, je lis et puis je continue à lire et je tombe sur la Correspondance et je me dis : « Quel drôle de type, c’est formidable ! »  Je me forme une vue de l’auteur, à cent ans de distance, et je me dis : « Tiens, ce n’est pas du tout ce que je croyais, voilà autre chose ».  C’est-à-dire que le regard que j’ai désormais sur Madame Bovary, ce n’est plus le même. Mais ça, c’est vrai pour toutes les œuvres importantes, je ne sais pas moi, Dostoïevski, Tolstoï, etc., qu’on a lus… Quand on relit, on se dit : « Tiens je n’avais pas vu ça. » Les œuvres vivent, heureusement. Ce qui fait, qu’en effet, je suis porté, souvent, à voir, tiens, qu’il y a un nouveau regard sur Nietzsche, par exemple. « C’est intéressant. La volonté de puissance, ce n’était pas du tout ça. Qu’est-ce qu’on a raconté comme bêtises à ce propos ! ». Il y a un livre qui paraît, j’en profite pour parler à la fois de l’auteur du livre et de l’écrivain dont il parle.

Alain Veinstein : Il y a des passeurs, aussi, qui ont beaucoup compté pour vous. Il y en a un, dont il est question dans le Journal en public, c’est Pascal Pia, qui a été votre patron à Combat, dont on a rassemblé les feuilletons littéraires chez Fayard, ainsi que la correspondance avec Albert Camus.

Pia, c’était un érudit, surtout du XIXème siècle, mais il connaissait aussi bien ( le nôtre ?) ; il avait un feuilleton littéraire dans un journal, je ne sais plus lequel - je crois que c’était Carrefour ou je ne sais plus -, et qui était attentif à ce qui se passait sous ses yeux mais qui l’était encore plus à ce qui s’était passé il y a cent ou deux cents ans. Par exemple, il connaissait Baudelaire… J’ai vu des choses extraordinaires en parlant avec lui. Il connaissait la vie de Baudelaire jour par jour. Je ne dirais pas heure par heure, mais jour par jour. Il connaissait Apollinaire… Un jour je suis allé avec lui à Verviers. Il m’a dit : « Voilà, c’est ici qu’Apollinaire est venu en telle année ». C’est un homme qui connaissait tout. À la fin, il était vraiment très malade, on se réunissait, avec des gens qu’il estimait comme moi - je pense à Gilbert Sigaud, Annie Lefranc, qui étaient des amis -, on se réunissait près de la gare du Nord, dans une brasserie. Il nous épatait. Mais il ne cherchait pas à nous épater justement. S’il avait eu le téléphone de l’auteur du XIXème siècle dont on parlait, il vous l’aurait donné, son téléphone ! C’était un érudit extraordinaire. C’était en même temps - le genre de vie qu’il avait choisi qui était tout à fait exemplaire pour moi - un homme sans ambition littéraire, qui aurait pu faire, qui avait d’ailleurs commencé par écrire des poèmes… publié par la NRF… admiré par Paulhan… etc., puis qui s’est dit, non tout ça ce n’est pas ça, je ne suis pas capable… et qui est devenu un journaliste. Un journaliste qui ne marchait pas sur son métier, qui ne piétinait pas son métier. Il le faisait pour gagner sa vie mais il le faisait aussi pour jouer un certain rôle. C’est lui qui a fait Combat, dans la résistance. Il a fait ce journal dans lequel j’ai été embauché sans le vouloir et qui avait dit : « Bon ! On ne parlera pas de faits divers, etc. Nous allons faire un journal intelligent, donc, ça ne marchera pas. » Il savait à l’avance ce qui allait se passer mais il a fait le journal qu’il a voulu. Il a engagé Camus, Albert Olivier, Aragon, Aron, ensuite Pierre Herbart, enfin, des gens qui étaient capables de nourrir ce journal… qui est tombé lui aussi, bon, comme il l’avait dit d’ailleurs. Mais le jour où il a vu que ça tournait mal, il est parti. Simplement, il est resté chez lui. « Allo, Pascal, qu’est-ce qui t’arrive, tu es malade ? »  « Non, non, c’est fini. » C’était l’homme qui était capable de ça. Débrouillez vous, moi c’est terminé. Il n’a même pas demandé sa paie mensuelle. C’était ce genre de type, que l’on rencontre une fois dans sa vie, quoi.  Qui fait que l’on dit… une vie sans chic, discrète, en même temps si pleine, extraordinaire. Enfin, il m’a beaucoup appris, par sa vie même.

Source : http://www.fabriquedesens.net/Surpris-par-la-nuit-Raison-de-plus

 

*

Et enfin, quelques citations pour la route :

   Existe-t-il une littérature féminine ?
   C’est une idiotie ! Même si les femmes sont peut-être plus douées pour le côté passion, expression des sentiments… Tenez, je publie en août La Fente d’eau, de Pascaline Mourier-Casile, elle commence par décrire les sentiments d’une femme enceinte et voilà que ça me touche profondément, que j’entre dans les mystères de l’enfantement. Comment est-ce possible ? Je n’ai jamais fait la différence entre les hommes et les femmes.

   On vous le rappelle souvent, vous avez édité le premier roman de Houellebecq
   C’est ce qu’il a fait de mieux. Ensuite, il a exploité un filon rentable. Un bon auteur transparaît à travers ses livres. Lui, c’est un bon bricoleur, pas plus.

   Parmi tous les auteurs prestigieux que vous avez connus, quels sont ceux qui vous restent les plus chers ?
   Ceux qui sont devenus des amis. Beckett, Queneau, Sciascia et tant d’autres…


   Quel livre offririez-vous à un ami ?
   Au-dessous du volcan, de Malcolm Lowry.

Celle-ci  encore :

 « Je me suis toujours donné entièrement. Comme enfant de chœur, comme militant politique, comme éditeur. Je croyais fermement aux saints. Quand j’ai perdu la foi, je les ai retrouvés sous forme de créatures politiques, d’écrivains, et je me rends compte que les gens que j’ai le plus admirés, ceux dont je parle dans Grâces leur soient rendues, sont morts comme le Christ, se sont sacrifiés… La foi au fond ne s’en va jamais. Elle se transforme. »

 

*

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LIVRES

Les citer tous ? Ce serait le Bottin. Lesquels épingler ? Les siens ? Ceux qu’il a publiés, suscités, défendus ? Ceux qui furent ses « bornes d’histoire terrestre » ? Impossible de s’en tirer sans jouer – et encore, très peu - aux sors virgilianes :

Maurice NADEAU

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Histoire du surréalismen . Suivi de Documents surréalistes. 

Le Seuil, 1945 et 1964  

Réédition - Points-Seuil 1970

 



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Gustave Flaubert écrivain

Denoël, 1969

Nouvelle édition revue : éd. Maurice Nadeau, 1998

282 pages




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Michel Leiris et la quadrature du cercle

Réédition : Ed Maurice Nadeau, 2002

127 pages


 



9. Nadeau - Grâces - .jpg



Grâces leur soient rendues.

Mémoires littéraires

Albin-Michel, réédition 1990.

480 pages.

 



10. Nadeau - Serviteur.jpg



Serviteur !

Un itinéraire critique à travers livres et auteurs, depuis 1945.

Albin Michel 2002

380 pages



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Une vie en littérature

Conversations avec Jacques Sojcher ,

éd. Complexe, 2002

Collection : L’ivre examen

180 pages

 



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Le chemin de la vie

Entretien avec Laure Adler

Verdier, 2011

157 pages




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Journal en public

Ed. Maurice Nadeau, 2006

316 pages

 




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Ferdinando Scianna

Actes Sud, 2008

Collection Photo-Poche

140 pages

 



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Pour Lowry

Les rencontres de Fontevraud – 26 et 27 juin 2009

Colloque littérauire, avec Patrick Deville, Arno Certina, Jacques Darras.

MEET – 2e édition, mars 2010

308 pages

 



Bernard FILLAIRE

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Lettre à Maurice Nadeau

Le Cherche-Midi, 2005

Collection Amor Fati

71 pages

 



Henry MILLER

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Lettres à Maurice Nadeau 1947-1978

Buchet Chastel, 2012

260 pages




Aux éditions Maurice Nadeau :

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Silvio BARIDON et Raymond PHILOCTÈTE

Poésie vivante d’Haïti

1978 – 298 pages

Réédition 1998 – 292 pages

(Ce recueil regroupe des œuvres de 61 poètes haïtiens d’expression française, presque tous vivants.)



19. Pasolini - Nadeau - 906189237_L.jpg


Pier Paolo PASOLINI

La Nouvelle Jeunesse

Poèmes frioulans 1941-1974

Les Lettres Nouvelles-Maurice Nadeau, 1979.

(Réédition Gallimard, 2003 – 320 pages)

 



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Roland BARTHES

Sur la littérature

1980 – 51 pages



 

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Serge QUADRUPPANI

Un coupable idéal : Knobelspiess

1998 – 246 pages

 




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Dominique NOGUEZ

Montaigne au bordel et autres surprises

2011 – 100 pages

 





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François CARADEC

Poésies

Mars 2013 – 211 pages

 





Catalogue des éditions Maurice Nadeau :

http://www.rue-des-livres.com/editeurs/228/p5/maurice_nad...


*

Mis en ligne par Catherine, le 23 juin 2013.




20:22 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

Traité européen dit « de stabilité ».

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Traité européen dit « de stabilité »


« Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ? »

 

En Belgique, le député Laurent Louis sera seul à refuser sa voix au Traité européen sus-mentionné.

Au moment où un Parlement même-pas-croupion va voter, avec sa servilité coutumière, un traité léonin (le mot de putsch n’est pas trop fort) que toute l’Europe vomit et dénonce, le député Laurent Louis, encore une fois seul entre tous, s’adresse à ses collègues élus qui, pour la plupart, avaient piscine ou étaient déjà  partis week-end. C’est une habitude qu’ils ont prise, à chaque fois qu’il monte à leur commune tribune, de lui faire cet honneur qu’il partage avec le président Ahmadinejad et feu Hugo Chavez.

Ce que raconte le député Louis ne devrait surprendre personne. Quiconque se tient un tant soit peu au courant de ce qui se trame sur nos têtes en sait même plus qu’il n’en dit et, à sa place, ne le dirait pas avec autant de mesure que lui.  Ce n’est donc pas son discours qui est ici le plus remarquable. Non, ce qui frappera les générations futures, si tant est qu’elles soient autorisées à voir le jour, à savoir encore lire, écrire et comprendre leur langue maternelle ou d’adoption, c’est la forme du désert dans lequel il prêche. C’est l’insurpassable grossièreté du président Flahaut et de ses pom-pom girls sur le retour (qui sont parfois des pom-pom boys, égalité des chances oblige). C’est, sous le vide sidéral des bancs du Quatrième Pouvoir, celui des rangées et des rangées de ceux auxquels, en allant voter pour eux, nous avons libéralement accordé le privilège de nous offenser dans les règles. De la démocratie ? Non, de la gougnaferie mafieuse.


Quand on en est là, que faire ?

Raoul Vaneigem a son idée là-dessus depuis lurette, et comme il va bien falloir nous habituer soit à nous laisser sodomiser jusqu’à plus soif et à sec, soit à voter autrement, donnons-lui (après tout, le Souverain, c’est nous !) la parole :

 

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« Pourquoi je ne vote pas »

Raoul Vaneigem

 

L’année dernière, ma plus jeune fille, rentrant de l’école, m’a dit : «Je suis bien embêtée. On m’a expliqué que c'était un devoir pour tous de voter. Or, toi, tu ne votes pas. Explique-moi pourquoi !»

J’avais à l’époque de bons arguments, ils sont aujourd’hui bien meilleurs encore.

Il fut un temps où les idées politiques avaient une importance aux yeux des citoyens et déterminaient leur choix électoral. Il existait alors une frontière assez nette entre la gauche et la droite, entre progressistes et conservateurs. Mais déjà à l’époque, il apparaissait nettement que les avancées sociales étaient d’abord arrachées dans la rue, par les émeutes, les grèves ou les grandes manifestations populaires. Les tribuns et les parlementaires socialistes et «communistes» s’en attribuaient ensuite le mérite et en profitaient pour exercer leur ascendant sur les masses. Sans la détermination des mouvements de revendication, il n’y aurait eu ni réduction du temps de travail, ni congés payés, ni droit aux soins de santé, aux allocations de chômage, aux avantages que les mafias multinationales bousillent aujourd'hui avec l’aide des gouvernements de gauche et de droite.

Très tôt, on assista à une bureaucratisation du mouvement ouvrier. Les partis et les syndicats se montrèrent plus préoccupés d’accroître leur pouvoir que de défendre un prolétariat qui jusque dans les années 1960 se défendait très bien lui-même. Le rouge devint rose et la rose s’effeuilla. Tandis que le réformisme social-démocrate partait en couille, l’imposture du mouvement dit communiste s’effondrait avec l’implosion de l’empire stalinien, laissant le champ libre à une véritable opération de colonisation des masses.

L’émergence et la prédominance d’une économie de consommation vinrent en effet contrebalancer opportunément les effets fâcheux d’une décolonisation que les peuples du tiers-monde avaient arrachée de haute lutte.

Dénoncé en Mai 1968, le mythe de la société de bien-être, propagé par le consumérisme, se délite aujourd’hui et accompagne dans sa faillite le capitalisme financier dont la bulle spéculative crève et révèle autour de nous le vide creusé par l’argent fou, par l’argent employé à se reproduire en circuit fermé (non sans que s’emplissent les poches au passage les mafieux affairistes et politiques qui, une fois réélus, vont prôner l’austérité).

Le supermarché est devenu entre-temps le modèle de la démocratie: on y choisit librement n’importe quel produit à la condition de le payer à la sortie. Ce qui est important pour l’économie et ses profiteurs, c’est de faire consommer n’importe quoi afin d’augmenter le chiffre d’affaires. Dans le clientélisme politique qui sévit aujourd’hui, les idées n’ont guère plus d’importance qu’un dépliant publicitaire. Ce qui compte pour le candidat, c’est d’accroître sa clientèle électorale afin de mener ses affaires au mieux de ses intérêts égoïstes.

Qu’une assemblée de citoyens choisisse des délégués pour défendre ses revendications, leur donne mandat de les représenter et leur demande de rendre compte du succès ou de l’insuccès de leur mission, voilà ce qui constitue une véritable démocratie.

Mais en quoi me représenteraient-ils ceux qui

- escroquent le bien public,

- se servent des taxes et des impôts des salariés et des petits indépendants pour renflouer les malversations des banksters,

- gèrent, au mépris des patients les hôpitaux comme des entreprises à rentabiliser,

- privilégient l'enseignement concentrationnaire et construisent des prisons et des centres fermés au lieu de multiplier les petites écoles,

- soutiennent les mafias agroalimentaires qui dénaturent la nourriture,

- bousillent les secteurs prioritaires (métallurgie, textile, logements, service postal, transports, verrerie, fabriques de biens utiles à la société) ?

De l'extrême gauche à l'extrême droite, ce qui prime, c'est la recherche d'une clientèle, c'est le pouvoir, le mensonge, l'imposture et la frime. C'est le mépris du pauvre con qui pisse sa confiance dans l'urne sans penser à la vérole du désenchantement qui, le rendant hargneux et pris d'une rage aveugle, le prédisposera à la barbarie du chacun pour soi et du tous contre tous.

Mais, direz-vous, tous les politiciens ne sont pas corrompus, tous ne dépensent pas l'argent du contribuable en voyages d'affaires, en frais de représentation, en malversations diverses. Certains sont honnêtes et naïfs. Assurément, mais ceux-là ne demeurent pas longtemps dans l'arène. En attendant, ils servent de paravents aux assoiffés de pouvoir, aux malades de l'autorité, aux gestionnaires de la farce électorale, aux promoteurs d'une image de marque qu'ils affichent partout sans souci du ridicule.

Que l'on ne s'y trompe pas : bien que la démocratie parlementaire pourrisse sur pied, je ne propose ni de la supprimer ni de la tolérer plus longtemps comme un moindre mal. Je ne veux ni du «Ferme ta gueule !» ni du «Cause toujours !» Je veux que la politique retrouve son sens premier : l'art de gérer la cité. Je veux qu'une démocratie directe émane non de citoyens battus, cocus, contents, mais d'hommes et de femmes soucieux de promouvoir partout la solidarité et le progrès humain. Quand des collectivités locales agissant globalement – sur le mode de fédérations internationales – décideront de s'autogérer, et examineront :

– Comment favoriser la mise au point des formes d'énergie gratuite à l'usage de tous.

– Comment constituer une coopérative d'investissement pour en financer la construction.

– Comment mettre en œuvre la gestion collective d'un fonds d'investissement constitué par une participation financière que rendrait possible le refus des petits et des moyens revenus d'acquitter les taxes et les impôts prélevés par l'État-bankster.

– Comment généraliser l'occupation des usines et leur gestion par ceux qui y travaillent.

– Comment organiser une production locale destinée à la consommation des collectivités locales et fédérées, afin d'échapper à la gabegie du marché et d'assurer peu à peu une gratuité des biens de survie, qui rende l'argent obsolète. (Ne parlez pas d'utopie! C'est ce qu'ont réalisé en 1936 les collectivités libertaires de Catalogne et d'Aragon, avant d'être écrasées par les communistes.)

– Comment propager l'idée et la pratique de cette gratuité qui est la seule arme absolue contre le système marchand.

– Comment favoriser la propagation des fermes dites biologiques et leur pénétration dans les villes.

– Comment multiplier de petites unités scolaires de proximité, d'où soient bannies les notions de compétition, de concurrence et de prédation. Utopique? Non. Au Mexique, à San Cristobal, l’Université de la Terre propose une formation gratuite dans les domaines les plus divers (en plus des matières traditionnelles: des ateliers de cordonnerie, de mécanique, d’électronique, de ferronnerie, de physique, d’agriculture naturelle, d’art culinaire, de musique, de peinture, etc.). La seule qualité requise est le désir d’apprendre. Il n’y a pas de diplômes mais on attend de «ceux qui savent» qu’ils communiquent gratuitement et partout leurs connaissances.

– Comment doter les collectivités locales de maisons de santé, où les premiers soins puissent être assurés avec l’aide des médecins de campagne et de quartiers.

– Comment organiser un réseau de transports gratuits et non polluants.

– Comment mettre en pratique une solidarité active en faveur des enfants, des vieux, des malades et handicapés, des personnes en difficultés mentales.

- Comment mettre en œuvre des ateliers de création ouverts à tous.

– Comment reconvertir les supermarchés en entrepôts où les produits utiles et agréables fassent l’objet de trocs ou d’échanges de services en vue de favoriser la disparition de l'argent et du pouvoir.

Alors je voterai. Passionnément !

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Source : Siné Hebdo n° 80 (17/3/2010).


*

Bahar Kimyongür

1.             A été relâché par la poice espagnole contre une caution de 10.000 €. Il faut qu’il les trouve.

2.            La ministre Joëlle Milquet a écrit à Investig'Action.

3.            Michel Collon a répondu à la ministre.


Mise au point avec la ministre Joëlle Milquet

Michel COLLON

22 juin 2013

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La ministre de l'Intérieur a réagi à notre article « La vérité dérange, Milquet se venge » ainsi qu'à vos courriels envoyés suite à l'arrestation de Bahar Kimyongür en Espagne ce 17 juin. Ce dernier a enfin pu être libéré sous caution et devrait regagner la Belgique d'ici peu. Nous reproduisons ici la réaction de Joëlle Milquet à notre article, ainsi que la réponse de Michel Collon.:

Lire la suite…

 Source : http://www.michelcollon.info/Mise-au-point-avec-la-minist...

 

*

Pendant ce temps-là…


En Belgique toujours (mais pas au Parlement, à moins qu’ils n’aient trouvé pour seul moyen d’échapper à Laurent Louis que de s’enfuir en soucoupe volante) :


En Inde :

http://rt.com/in-motion/india-apocalyptic-floods-weather-017/


«Man-made disaster», disent-ils. Tiens, là aussi ?


À Hong Kong :

 

Aux dernières nouvelles : Edward Snowden serait à Moscou, en route pour Caracas, via La Havane. Quand on veut, on peut.


En Thaïlande :


Des gens comme on les aime.


*


Mis en ligne par Catherine, le 23 juin 2013

19:54 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

19/06/2013

ERDOGAN VEUT KIMYONGÜR ET LA BELGIQUE N'A RIEN A LUI REFUSER

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Erdogan veut Kimyongür et la Belgique n’a rien à lui refuser

 *

Nous pensions pouvoir consacrer ce post à la tristesse d’avoir perdu Maurice Nadeau… lui rendre notre petite part de l’hommage qu’il a tant mérité… Ce sera pour plus tard, car :


*

Nous recevons, d’Investig’Action, ceci, qui se passe de commentaires :

Bahar Kimyongür arrêté :
La vérité dérange,
Milquet se venge


On vient d'arrêter à Madrid notre ami et collègue Bahar Kimyongür, auteur du livre Syriana et de nombreux articles démontrant l'hypocrisie des gouvernements européens sur la Syrie. Ces dernières semaines, il s'était activement mobilisé pour aider les parents désemparés de ces jeunes qui partent en Syrie. Il est attendu au débat que nous coorganisons sur ce thème à Bruxelles mardi 25 juin.

 

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Bahar est menacé d'extradition vers la très démocratique Turquie. Nous sommes très inquiets et convaincus que le gouvernement belge est complice : Bahar dérange, la vérité dérange.

D'ailleurs, la chronologie est très claire :

22 mai, communiqué de la ministre de l'Intérieur : «Joëlle Milquet a longuement rencontré ce matin, lors d’un déjeuner, le directeur de l’Organisation du renseignement national turc, Hakan Fidan. Lors de cet échange très constructif, plusieurs modalités de collaboration et d’échanges d’informations dans les différents dossiers évoqués ont été précisées et renforcées, en ce qui concerne notamment la présence de ressortissants belges en Syrie mais aussi le suivi et le contrôle des différents groupements terroristes».


28 mai : la Turquie délivre en secret un nouveau mandat d'arrêt international contre Bahar (qui avait été acquitté il y a dix ans par la Justice belge pour ces accusations arbitraires).


13 juin : A la RTBF radio, la ministre Milquet soutient le «démocrate» turc Erdogan : «Je pense que les services secrets turcs sont sincères» (sic). (Et aussi ses tortionnaires et ceux qui emprisonnent des avocats et des journalistes en masse ?) Elle diabolise Bahar comme «soutien d'Assad», alors qu'il a, dans son livre, dénoncé les aspects dictatoriaux de la présidence.


17 juin : Bahar est arrêté par des civils alors qu'il visitait avec son épouse Deniz et ses deux petits enfants la cathédrale de Cordoue (Espagne). En présence de ses enfants pour bien marquer le coup!
Ce jeudi 20 juin, il passe devant le juge à Madrid.

Nous appelons chacun à dénoncer cette violation du droit d'expression, cette basse vengeance des politiciens qui s'alignent sur les États-Unis, Israël et la Turquie !


Faites circuler ce message sur le Net, facebook et partout, interpellez vos
mandataires politiques et les médias.


Demandez des comptes à la ministre Milquet. Elle ne bouge pas pour aider les parents désemparés, mais se rend complice d'Erdogan pour arrêter Bahar :


Cabinet du ministère de l'Intérieur, 2 rue de la Loi, 1000 Bruxelles
Tél : 02 504 85 40

Attaché de presse : Geoffroy Kensier : 0478 59 41 51
www.milquet.belgium.be



Liberté pour Bahar !

Liberté d'expression contre la guerre !

Michel Collon et l'équipe Investig'Action

Source : http://www.michelcollon.info/

 

*

Nous recevons pratiquement le même message du CLEA (Comité pour la Liberté d’Expression et d’Association), qui appelle, lui, à une

Manifestation, ce mercredi  19 juin, à 16h30 devant le Ministère des Affaires Étrangères

(rue des Petits Carmes, entre la Porte de Namur et le Sablon, à Bruxelles).

Source :

http://leclea.be/clea/communiques/19-06-2013_empechons_l-...


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Une question qui nous démange :

Joëlle Milquet se venge de quoi ?

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Voir aussi, car tout est lié, bien sûr :

Des mères d’adolescents partis se battre en Syrie dans les rangs des mercenaires de l’Occident appellent à l’aide :

http://www.michelcollon.info/Belges-en-Syrie-Les-mamans.h...

Et :

Débat - Bruxelles 25 juin, 20 h

« Ces jeunes qui partent en Syrie : que pouvons-nous faire ? »

 IHECS, 58-60 rue de l'Étuve, 1000 Bruxelles (métro Bourse).

 

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Précisions :


Madame Joëlle MILQUET  est Vice-Première ministre, ministre de l'Intérieur et de l'Égalité des Chances (défense de rire) dans l’actuel gouvernement belge, sous l’étiquette du parti CDH, dont elle a été la présidente de 1999 à 201.

 

Le CDH, « Centre, Démocrate, Humaniste » est l’ancien PSC « Parti Social Chrétien », qui a mis son christianisme au rancart par souci, sans doute, de modernisme. Ou par opportunisme, allez savoir.

 

La « vengeance » (Collon dixit) de Mme Milquet n’est pas sans précédent à l’encontre de Bahar Kimyongür, que sa prédécessître et collègue Laurette Onckelinks (PS) a déjà tenté de vendre à la Turquie par les mêmes moyens : en le faisant arrêter sous un prétexte (ou sans) dans un autre pays d’Europe, afin qu’il puisse lui être livré sans contrevenir aux lois internationales, puisque, théoriquement, la Belgique n’extrade pas (pas encore) ses nationaux.

 

On se rappellera que le juge hollandais appelé à statuer n’avait pas marché dans la combine et refusé d’extrader son prisonnier, qu’il avait renvoyé en Belgique.

 

Passons sur les années de procédure et sur l’acharnement mis à tenter – sans succès – de le condamner d’un quelconque crime ou délit.

 

Mais nous avons tort, évidemment, de dire que la Belgique n’extrade pas ses nationaux, puisqu’elle l’a déjà fait dans le cas d’Ali AARRASS, envoyé pourrir dans les geôles marocaines grâce, déjà, à l’active complicité de l’Espagne. Il est fort à redouter, vu ce précédent, que le juge espagnol, quel qu’il soit, succombe aux mêmes scrupules de conscience que son homologue hollandais, et, à notre avis, la peau de Bahar, aujourd’hui, ne vaut pas cher.

 

La volonté forcenée du gouvernement turc de vouloir s’emparer physiquement d’un citoyen de notre pays, qu’il soit ou non militant contre les guerres d’agression dont la Belgique se rend la complice active, est de l’ingérence pure et simple dans les affaires nationales d’un pays réputé souverain.

 

À juger par les menées de ces messieurs-dames, on a compris que ce pays ne l’est plus, souverain. Mais alors, puisque ce ne sont pas les électeurs belges ou espagnols... QUI sont les vrais souverains (les employeurs rétributeurs ?)  d’Onkelinks, Van Ackere, Milquet, juges espagnols et tutti quanti, pour leur faire ainsi piétiner les droits internationaux de leurs pays respectifs ? L’OTAN (Organisation Terroriste de l'Atlantique-Nord, Israël-Qatar & Arabie Saoudite inclus) ? Qui d’autre, sinon ?...

 

Ah ces démocrates et ces humanistes ! Si on ne les avait pas, il faudrait les inventer.

 

 

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Mis en ligne par Théroigne, le 19 juin 2013.

13:49 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

15/06/2013

APPEL DE MOSCOU

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« Appel de Moscou »


Nos principes (jacobins, robespierristes) ne sont pas les mêmes que ceux de M. Aymeric Chauprade. Et ses commensaux ne sont pas les nôtres. Persuadés cependant, comme nos amis du Cercle des Volontaires, que « ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise », nous reproduisons ici sa déclaration, qui mérite à notre sens un maximum d’attention. Et, en l’occurrence, de soutien.

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Le 13 juin 2013 à Moscou, en compagnie d’Odile Tequi, François Legrier, Hugues Revel et Fabrice Sorlin, je suis intervenu à la Douma d’État (Parlement russe) pour appuyer les efforts de la Russie visant à résister à l’extension mondiale voulue par l’Occident des « droits » des minorités sexuelles. Voici l’appel que j’ai lancé.

 

 

L'APPEL DE MOSCOU D'AYMERIC CHAUPRADE

13 JUIN 2013


Mesdames et Messieurs les députés de la Fédération de Russie,

C’est un grand honneur que de m’exprimer devant vous aujourd’hui, l’honneur d’un Français patriote qui regarde la Russie en alliée historique.

Depuis 1989, l’Amérique tente d’accélérer son projet de domination unipolaire et de l’imposer à tous les peuples de la planète.

Avec un écrasant budget de défense, égal à la somme de tous les autres États, avec une monnaie de référence qui lui donne la main sur l’économie mondiale, avec des réseaux de recrutement des élites mondialisées, avec un pouvoir médiatique et culturel global, l’oligarchie financière américaine mène la guerre aux peuples libres sur le double théâtre de l’information et de la géopolitique. Entraînant avec elle l’Union européenne, elle dessine le visage des « Bons et des méchants », viole nos conversations et données privées, bombarde, envahit ou détruit par la guerre civile et l’embargo les États qui lui résistent.

Mais la guerre géopolitique que cette oligarchie occidentale mène contre la Russie et contre l’indépendance des Européens, se double d’une guerre idéologique. Hier, les révolutions « colorées » en Géorgie et en Ukraine, aujourd’hui, les FEMEN, les « Pussy Riot », ou le mariage homosexuel en France, ne sont l’expression que d’un seul et même phénomène : l’alliance du mondialisme occidental avec le nihilisme anarchiste, cette idéologie destructrice, qui, sous des formes variées dans l’Histoire, n’a eu de cesse de s’attaquer aux fondements de la civilisation, à la dignité de la personne, à la famille, à la nation souveraine.

Bien qu’ultra-minoritaire, ce nihilisme anarchiste contrôle largement les médias occidentaux, terrorise la classe dirigeante européenne, et bénéficie du soutien financier de milieux d’affaires mondialistes et pro-américains.

Face à cette nouvelle forme de terrorisme, pour défendre le monde multipolaire que nous voulons, seul garant d’une paix globale et juste, le temps est venu de constater qu’une nouvelle bipolarité idéologique se superpose à la multipolarité géopolitique.

La nouvelle bipolarité met face à face, dans un affrontement qui va s’amplifier, d’un côté ce totalitarisme planétaire, qui détruit simultanément la famille et la nation, en réduisant la personne à un consommateur esclave de pulsions marchandes et sexuelles, de l’autre côté, des peuples trahis par leurs élites, assoupis devant la perte de souveraineté et l’immigration massive, mais que l’attaque contre la famille commence à réveiller.

Mais attention ! Mis en échec sur le terrain géopolitique, grâce à la multipolarité, le projet mondialiste essaie de se relancer par une nouvelle idéologie révolutionnaire.

Dans ce nouveau combat, Mesdames et Messieurs les Députés, ceux qui ne veulent pas du bouclier antimissiles américain, de la domination de l’OTAN, de la guerre contre la Syrie et l’Iran, sont dans le même camp que ceux qui refusent la perte de souveraineté, le grand remplacement de population, les FEMEN, la théorie du genre, le mariage des homosexuels, et bien d’autres marchandisations du corps humain encore.

Mesdames et Messieurs les Députés, c’est avec le Président Poutine et toutes les forces vives de Russie, que votre pays a engagé un redressement sans précédent, militaire, géopolitique, économique, énergétique et spirituel, qui force l’admiration des patriotes français !

Les patriotes du monde entier, attachés à l’indépendance des peuples comme aux fondations de notre civilisation, tournent en ce moment leur regard vers Moscou.

C’est plein d’espoir qu’ils voient la Russie légiférer contre la promotion publique de l’homosexualité, contre le risque d’adoptions internationales d’enfants russes par des couples unisexes et contre l’ingérence d’ONG nihilistes et manipulées par les réseaux américains.

Mesdames et Messieurs les Députés, la Russie est devenue l’espoir du monde contre le nouveau totalitarisme ! Le temps est venu de former, autour de la Russie, et avec les patriotes de tous les pays, l’Internationale de ceux qui aiment leur identité, leur famille, et qui refusent que la personne soit réduit à une marchandise !

Vive la civilisation, vive la Russie, vive la France !

Aymeric Chauprade


Source :

http://www.realpolitik.tv/2013/06/lappel-de-moscou-daymeric-chauprade-le-13-juin-2013/



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Et allons-y puisque nous y sommes (dernière livraison du Cercle des Volontaires)…

 

Le Petit Détournement – Épisode 3 – La Zizanie

by Raphaël "JahRaph" Berland / 13 juin 2013 at 20 h 30 min /

4. Goydorack-3-280-3.jpgNous tenons à préciser que les trois premiers épisodes de Goydorack ont été enregistrés avant la mort tragique de Clément Méric. Nous n’avons fait (et ne ferons) aucune allusion à cet événement dans le cadre de cette série de détournements, qui se veut humoristique avant tout, et surtout un appel au calme et à la non-violence… Et pourquoi pas à la réflexion et au dialogue ?

Certains d’entre nous, au Cercle des Volontaires, avons été quelque peu « bousculés » par des énergumènes se réclamant du sionisme, et de l’antifascisme… Peut-être le serons-nous demain par d’autres hurluberlus se réclamant de l’islamisme ou de l’extrême-droite ... Nous prenons tout de même le risque d’aller sur le terrain, de tendre le micro à ceux et à celles qui acceptent le principe du dialogue, même si nos avis divergent parfois. Nous avons ainsi interviewé des sionistes, des antisionistes, des mondialistes, des altermondialistes, des nationalistes, des royalistes, des républicains, des écologistes, des a-politiques, des alternatifs… Mais nous avons interviewé des êtres humains avant tout ! Et francophones pour la plupart, car c’est plus facile ainsi de se comprendre…

Merci à tous ceux et celles qui nous comprennent et nous soutiennent.



Quelques bousculades

Dans l’épisode ici présenté, il est fait mention de la dernière agression subie par l’un des journalistes du Cercle des Volontaires (Raphaël Berland), parti couvrir le rassemblement à la mémoire de Brahim Bouarram le 1er mai 2013 et au cours duquel il a subi une agression de la part d’«antifascistes» (plusieurs jours d’ITT…, plainte déposée).

Le même Raphaël Berland avait également été agressé le 24 juin 2012 devant l’UNESCO par la LDJ (Ligue de Défense Juive). Les quatre autres Volontaires présents ce jour-là se sont fait également copieusement insulter, menacer de viol, de mort. Nous n’étions pourtant venus qu’à la demande expresse de Jean-Marc Moscowitz, de l’association Europe-Israël, pour lui accorder une interview (que nous avons faite ! Mais pas publiée…)

Pire encore, Jonathan Moadab fut victime d’une tentative d’attentat perpétré par la LDJ, sans doute un avertissement. Cette-fois, la gendarmerie a retrouvé les auteurs directs : deux jeunes, dont un mineur (probablement « missionnés »).

La justice suit son cours. Nous n’en voulons à personne. Nous continuons notre chemin, humblement. Nos seules armes sont les arguments, la patience, l’ouverture, l’humour… Nous n’oublions pas que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise… En général ! Enfin, on se comprend.

 

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Mis en ligne par Catherine L., le 15 juin 2013.

 

 



15:59 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

09/06/2013

Un Stalingrad sur l'Oronte

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Jeudi 6 juin 2013

Un Stalingrad sur l’Oronte : La victoire de l’Armée Arabe Syrienne à Al-Qousseir vue par la télévision russe.

La télévision Russe est comme à son habitude très pédagogique dans le traitement de cette actualité en exposant le rôle stratégique de Al-Qousseir dans l'approvisionnement en armes des terroristes islamistes puis des manoeuvres pour investir la ville .Le journaliste Russe se risque même à parler comme d'autres confrères de Stalingrad . [ lien ]  Le reportage met l'accent sur les pertes infligées par l'Armée Arabe Syrienne aux terroristes islamistes [ lien ] [ lien ]  et sur le sort réservé aux blessés et aux prisonniers . Le reporter explique que l'offensive se poursuit par la liquidation de deux dernières poches près de la frontière Libanaise et évoque une étape suivante : Une offensive pour la reconquête du nord de la Syrie

Cela ne figure pas dans le reportage ni dans les commentaires des " experts " Français mais il semble bien que la " percée " effectuée par les terroristes Islamistes dans une « brèche » près du village de Chamsinne à la fin de la semaine dernière n'ait été rendue possible que par la coopération des militaires Syriens : Il s'agissait d' " aspirer " le plus possible de terroristes islamistes dans le " chaudron " d'Al-Qousseir pour les y hacher menu avec des ZSU 23-4 Shilka . L'appel de M.Sabra n'en est que plus savoureux à écouter : "Accourez, bataillons de la révolution et de l'Armée syrienne libre (ASL), pour sauver Qousseir et Homs"  [ lien ]

 

Si vous voulez vraiment savoir ce qui se passe dans le monde, apprenez le russe !

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Par DanielB - Publié dans : Guerre de l'information - Communauté : Défense et Géopolitique

Source : http://zebrastationpolaire.over-blog.com/


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Mercredi 5 juin 2013

Guerre des gaz : L’Armée Française et les Socialistes Français ont bien le cul merdeux !

Il est utile de rappeler ici que c'est le gouvernement Français et l'Armée Française qui ont pour la première fois dans l'histoire utilisé en opération un gaz de combat aux effets potentiellement mortels : La Macétite ou bromoacétate d’éthyle.

Cette utilisation a eu lieu il y a bientôt un siècle , dés les premiers jours d'aout 1914 .[ " bataille des frontières " ] 

 L'utilisation au cours de ce conflit de gaz de combat par l'Armée Allemande , y compris de gaz aux effets plus dévastateurs , est donc parfaitement légitime selon les us et coutumes de la guerre . N'en déplaise aux lacrymo-humanistes et autres drouâdelômistes . Ce sont bien l' Etat Français , plus précisement la République Française , et l'Armée Française qui portent la responsabilité historique d'avoir introduit cette nouvelle arme sur le champ de bataille .

Le Ministre de la Guerre qui fut responsable de la première utilisation sur un champ de bataille d'un gaz de combat  était , bon sang ne saurait mentir , un Radical-Socialiste : Adolphe Messimy , Ministre de la Guerre du 13 juin au 26 août 1914 dans le gouvernement René Viviani, Républicain-Socialiste.

En outre ce sont bien les gouvernements Français et l'Armée Française qui ont exposé des centaines de milliers de citoyens Français mâles âgés de 18 à 26 ans entre 1919 et 1999 - soit pendant 80 ans -  à un gaz de combat lors de la formation militaire : Le bromure de benzyle .

 Voir l’article complet, l’iconographie et les liens :

http://zebrastationpolaire.over-blog.com/article-guerre-des-gaz-l-armee-fran-aise-et-les-socialistes-fran-ais-ont-bien-le-cul-merdeux-118296970.html


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Société du spectacle

(mais les tortures et les meurtres sont vrais)

Vedette : Bradley Manning

héros du genre humain

dont le genre humain se fout

(mais les contemporains de Jeanne d’Arc ne se sont-ils pas aussi contrefichus de son supplice ?)

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4 juin 2013

Le procès de Bradley Manning-Wikileaks : quels sont les principaux enjeux ? (The Guardian)

Ed Pilkington

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Après 1100 jours de captivité dans une prison militaire, Bradley Manning va enfin être jugé ce lundi, pour avoir fuité une mine de secrets d’Etat à WikiLeaks.

De quoi Manning est-il accusé ?

Le soldat américain fait face à 21 chefs d’accusation découlant de la fuite de centaines de milliers de fichiers numériques classifiés à WikiLeaks. La charge la plus grave est l’accusation d’« aide à l’ennemi » - à savoir, aider Al Qaida en rendant les câbles diplomatiques accessibles sur Internet – ce qui entraîne une peine de prison à perpétuité. De plus, il est accusé d’avoir occasionné « illégalement et sans motif » la publication des fichiers des renseignements américains sur Internet et fait face à 14 chefs d’accusation relatifs aux divers éléments des divulgations de WikiLeaks, ainsi qu’à 5 chefs d’accusation pour violation des règles informatiques militaires – qui s’élèvent à un possible peine maximale de plus de 150 ans dans une prison militaire.

Lire la suite…

Source :

http://www.legrandsoir.info/le-proces-de-bradley-manning-wikileaks-quels-sont-les-principaux-enjeux-the-guardian.html

 

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6 juin 2013

Sept mythes sur Bradley Manning (The Nation)

Chase MADAR

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Aujourd’hui débute le procès devant une cour martiale du soldat Bradley Manning, la source de WikiLeaks au sein de l’armée américaine. Parce que Manning a été arrêté il y a plus de trois ans, les médias du monde entier ont déjà beaucoup écrit sur le jeune soldat originaire de Crescent, dans l’Oklahoma. Et même si les articles de presse ont souvent rapporté des faits exacts (il a 25 ans, a été déployé au FOB Hammer dans le désert de Madâ’in Qada, il mesure 1m57), la plupart des articles ont abordé les grandes questions de cette affaire qui s’entremêlent sans le moindre remise en contexte ou perspective, conduisant à toutes sortes d’erreurs fondamentales et de distorsions, par exemple, que les fuites auraient été classées « top secret » ; que WikiLeaks serait dans une quête « utopique » de « transparence totale », que Manning a fait ce qu’il a fait non pas pour des raisons politiques mais pour des raisons psychologiques (ou sexuelles !). Comme le procès devant la cour martiale de Manning durera les trois ou quatre prochains mois à Fort Mead, on peut parier que les média continueront à publier les mêmes distorsions fantaisistes. Alors, pour le coup d’envoi de la couverture du procès sur ce blog pour The Nation, voici une excursion rapide de démystification à travers les fourrés du folklore qui entourent cette affaire.

Lire la suite…

Source :

http://www.legrandsoir.info/sept-mythes-sur-bradley-manning-the-nation.html


Des célébrités américaines sur YouTube pour dire « Je suis Bradley Manning »

http://www.digitaljournal.com/article/351625

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Daniel Elsberg : « Je fus Bradley Manning »

 

Et tous les autres :

http://iam.bradleymanning.org/your-photos

 

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TURQUIE

 

Les Stambouliotes n’aiment pas qu’on bétonne leurs parcs.

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Et ce qu’on ne vous dit pas :

Ils regrettent Atatürk et ne veulent plus d’Erdogan

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Hier jeudi, dans le parc Gezi de Taksim, ils ont exposé les dessins que leur a consacrés le Brésilien Carlos Latuff

(c’est du tout chaud, en temps réel)

http://latuffcartoons.wordpress.com/2013/06/06/some-of-my...

8. Salim Sezer manifestant avec un dessin de son ami Latuff aujourd'hui dans le parc Taksim -9090_10151615714710912_618672006_n.jpg

Un manifestant ami de Latuff : Selim Sezer


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6 juin 2013

Le soulèvement d’Istanbul, côté pile de la lutte anticapitaliste

Ali Bektas

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Il semblait que le monde était entré dans l'âge des émeutes contre l'austérité. Et puis vint Istanbul. Qu'il n'y ait pas de méprise, Istanbul ne peut pas être confondue avec Athènes, Barcelone, Lisbonne ou New York. Ce qui se passe en Turquie est le côté pile de la lutte anticapitaliste. C'est un soulèvement contre le développement. C'est une bataille de la rue pour des villes qui appartiennent aux gens et pas au capital. C'est une résistance contre un régime autoritaire enhardi par un boom économique.

Ce qui se déroule sous nos yeux dans les rues d'Istanbul est la convergence entre d'une part, une petite, mais croissante gauche anti-capitaliste qui a organisé diverses campagnes à caractère social ces dernières années, et d'autre part une large part de la population urbaine loyale aux idées kémalistes de modernisme, sécularisme et nationalisme. Cela étant dit, la situation en Turquie est extrêmement complexe et nécessite une compréhension de nombreuses situations politiques différentes qui ont été développées durant la dernière décennie.

 

Taksim

Comme beaucoup le savent déjà, l'origine du soulèvement actuel prend sa source dans la proposition de développement d'un parc près de la place Taksim, au cœur d'Istanbul. Le développement du parc de Gezi est seulement une partie d'un important projet de rénovation urbaine que le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a prévu tant pour la ville que pour le pays tout entier. Il inclut des schémas de gentrification pour les quartiers les plus pauvres des villes comme Tarlabasi, la construction d'un troisième pont pour relier les deux continents qu'Istanbul couvre et même un énorme projet pour ouvrir un troisième canal reliant la Mer Noire à la Mer de Marmara, afin de faciliter le passage de bateaux containers. Ce plan a été dénommé le « projet fou » d'Erdogan.

Le quartier de Taksim est l'endroit où un grand nombre de projets de développement urbain se développent et où il existe une riche tradition de rébellion et de protestation. Pour placer les événements dans leur contexte, il est utile d'examiner l'importance de la place Taksim comme point de rébellion et de convergence.

Le 1er mai 1977, un demi-million d'ouvriers et de révolutionnaires affluèrent vers la place Taksim pour l'une des manifestations les plus épiques jamais connues à ce jour. Cette manifestation survint six ans après le sanglant coup d'État au cours duquel trois étudiants turcs révolutionnaires, accusés d'être des ennemis de l'État, furent pendus par un tribunal militaire. Leur mémoire immortalisée, la gauche turque s'est relevée durant les années 70, de l'endroit même où les révolutionnaires avaient été exécutés. Elle l'a fait avec force, et se multipliant en nombre. Durant cette année de manifestations, 34 personnes furent tuées sur la place. Certains furent abattus par ce qu'on pense être des tireurs paramilitaires qui étaient placés sur les toits. D'autres furent abattus dans la panique qui suivit.

En plus d'être la porte d'entrée sur Beyoglu, la partie culturelle la plus dynamique d'Istanbul, avec sans doute plus de bars et de cafés au mètre carré que n'importe quelle autre ville d'Europe, la place Taksim porte aussi ce souvenir tragique et particulier, depuis le massacre de 1977.

À chaque premier mai, les émeutes qui ont pris place durant les sept dernières années se sont toutes centrées autour de manifestants essayant de rejoindre la place Taksim. Le premier de ces affrontements s'est produit en 2007, lorsque la gauche turque a voulu célébrer le trentième anniversaire du massacre. L'État l'en a empêchée et des militants d'extrême gauche ont répliqué dans les rues avec des cocktails Molotov et des pierres. La situation est restée la même jusqu'il y a deux ans, en 2011, lorsque le gouvernement a finalement reconnu son erreur et a autorisé la gauche à disposer de la place pour ce jour.

Mais les choses ont évolué depuis deux ans et le gouvernement AKP d'Erdogan a décidé d'introduire un plan important de rénovation urbaine pour Istanbul qui incluait aussi une révision de la place. Prétextant transformer la place en zone piétonnière, le gouvernement d'Erdogan (qui a aussi en charge la municipalité d'Istanbul) a adopté des plans, sans consulter les habitants, pour démanteler des larges parts de Taksim et y construire à la place divers centres commerciaux et autres projets pour les riches. La bataille pour tenir des manifestations sur la place Taksim le 1er mai a donc pris fin cette année alors que le gouvernement a décidé d'utiliser la rénovation de la place comme un prétexte pour empêcher les manifestations qui devaient avoir lieu.

Le parc de Gezi est le point de mire de la rébellion. Sa démolition a été prévue pour construire à la place la réplique d'une caserne militaire de l'ère ottomane, Topçu Kışlası, qui sera surtout utilisée à des fins commerciales. Ce n'est pas une coïncidence pour le gouvernement AKP et ses racines islamiques : ces casernes étaient à l'origine le lieu d'un important soulèvement islamique en 1909. Ceci s'ajoute à la décision d'appeler le troisième pont du nom du sultan Yavuz Selim, tristement célèbre pour avoir assassiné en masse la population alévie d'Anatolie.

Ceux qui ont défendu le parc de Gezi y sont depuis longtemps. En plus de grands syndicats, beaucoup de participants viennent d'une relativement nouvelle gauche indépendante, avec des générations plus jeunes embrassant des tendances écologiques plus antiautoritaires qui mettent l'accent sur des activismes du genre « droit à la ville ». Elles convergent toutes sous la bannière de la plate-forme Taksim Solidarity dont le principal cheval de bataille est d'empêcher la transformation de la ville en un terrain de jeu capitaliste encore plus élaboré, construit en lieu et place des espaces publics. Ce n'était pas leur première campagne contre la rénovation urbaine. Il y a deux mois, des affrontements ont éclaté entre des cinéastes et la police qui a déployé les gaz et les canons à eau. Les cinéastes essayaient de sauver un célèbre cinéma turc, Emek, condamné à devenir lui aussi un énième centre commercial.

Il est important de noter que certains des protagonistes qui sont impliqués dans la bataille pour le parc de Gezi sont aussi derrière les manifestations de solidarité avec les immigrés et des actions telles qu'offrir des repas aux immigrés ou organiser des manifestations devant les centres de détention d'immigrés à Istanbul.

La bataille pour sauver le parc de Gezi n'était pas portée à la conscience du public turc jusqu'à ce que la police organise des raids deux matins d'affilée les 29 et 30 mai. L'outrage de la brutalité policière a été l'étincelle qui a embrasé le pays tout entier et qui a transformé la bataille en une rébellion nationale contre l'actuel gouvernement.

 

Néolibéralisme islamique

L'AKP, le parti au pouvoir, devrait être observé à la lumière du paysage géopolitique du Moyen-Orient qui est en pleine mutation. Il a des racines fortes dans l'islam politique et perpétue la tradition d'autres partis politiques issus des années 90 qui avaient été réprimés par l'armée, parfois alors qu'ils étaient au pouvoir. En fait, Erdogan lui-même a d'abord été emprisonné pour avoir incité publiquement à une « sédition islamique ». L'aspiration avouée d'Erdogan et de ses cadres est le « projet néoottoman » qui tend à faire de la Turquie la principale puissance économique et politique du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Les coups de force politiques d'Erdogan en Syrie et en Libye doivent être contextualisés avec ces aspirations.

À la différence de l'Union européenne et des États occidentaux, la Turquie a connu ces dernières années un important boom économique (avec une croissance annuelle de presque 10 %). Bien que le déficit commercial et le taux réel de chômage soient élevés, bien que ce qui restait dans les mains publiques soit bradé au travers de privatisations massives, la crise est contenue en Turquie et le gouvernement actuel a le vent en poupe sur ce plan. C'est ce qui fait de la révolte d'Istanbul une révolte à part. C'est une révolte contre le développement du boom économique, contre les projets destructeurs de rénovation urbaine et l'hyper modernisation des villes. Le soulèvement d'Istanbul illustre le pôle opposé dans la lutte permanente contre le capitalisme, et complète les combats menés contre l'austérité ces dernières années.

La Turquie a été l'une des premières cibles de la restructuration néolibérale des années 80, durant laquelle le premier ministre Turgut Özal a facilité des privatisations massives portant sur ses usines, ses mines et de manière générale, sur toutes les infrastructures du pays. Le gouvernement AKP, et Erdogan en particulier, a réussi à faire entrer ce régime néolibéral dans le 21e siècle, recouvert d'un populisme islamique. De plus, sur le marché mondial, il a réussi à promouvoir en tant que forces néolibérales les entreprises qui avaient une base islamique. Ceci peut être notamment observé dans le nord de l'Iraq où la majeure source de capitaux est en réalité turque. Nous devrions nous rappeler que le modèle turc a été proposé par les puissances occidentales comme une issue possible pour les soulèvements qui ont marqué les printemps arabes. Grâce aux combats menés ces derniers jours dans les rues de Turquie, ce modèle de néolibéralisme islamique est maintenant remis sérieusement en question.

 

Erdogan et la lutte kurde

Les aspirations d'Erdogan n'ont pas totalement été épargnées par la contestation. Il y a eu des menaces variées contre son régime, notamment de la part d'un cadre de généraux et d'intellectuels qui se voient comme des défenseurs de la Turquie en tant qu'État-nation séculaire. Ils ont envoyé à Erdogan plusieurs signaux d'avertissement ces dernières années. La contre-réaction d'Erdogan la plus significative est survenue lorsqu'il a lancé une opération policière dans plusieurs villes contre une douzaine de membres de l'armée, d'intellectuels et de figures publiques alléguant qu'elles préparaient un coup d'État. Ces opérations de police ont débouché sur des affaires criminelles connues sous le nom d'Ergenekon qui sont toujours en cours. Il est impératif de réaliser tout l'impact de ces arrestations et des procédures judiciaires qui ont suivi. Il s'est produit quelque chose sans précédent dans cette nation qui a connu des coups d'État militaires successifs : les arrestations et les procès d'officiers militaires de haut rang et d'autres personnes ont rencontré des ralliements et des manifestations autour de la Turquie alors que des foules immenses qui se sont trouvées mêlées à la montée de l'AKP ont défendu l'élite de l'ancienne garde séculaire. Ces arrestations et ces emprisonnements expliquent aussi pourquoi il n'y a toujours pas eu de réponse de l'armée turque à la situation actuelle, alors qu'elle est traditionnellement un acteur majeur dans la politique turque.

La prolifération du sentiment nationaliste turc dans l'actuel soulèvement est une conséquence directe d'événements menés ces dernières années. Les partis de centre gauche nationalistes avaient organisé des « flag-demos » ou des « Rassemblements pour la république » contre l'actuel gouvernement AKP. À ce moment précis de la rébellion, nous sommes donc témoins de l'opportunisme de ces forces politiques qui essaient d'influencer ce qui apparait de loin comme un véritable soulèvement populaire.

N'importe quelle analyse de l'actuel soulèvement turc doit prendre en considération la relation avec le mouvement kurde de libération. Le point central des politiques turques ces dernières années a été indubitablement la guérilla kurde pour l'autonomie lancée par le PKK en 1978. Au cours des derniers mois, Erdoğgan a effectivement négocié un accord de paix avec le chef du PKK, Abdullah Öcalan, qui a croupi dans une île-prison turque depuis 1999. Erdogan tente de se positionner comme le leader qui a résolu le problème le plus urgent dans le pays. Ça ne lui a pas seulement fourni une carte blanche pour les politiques turques (son régime a brutalement opprimé et emprisonné de nombreux militants de gauche et autres figures de l'opposition ces dernières années), mais ça l'a aussi amené à se présenter comme un pacificateur entre deux ethnies. La convergence récemment redynamisée entre une large part de la gauche turque et le mouvement kurde est devenue plus fragile du fait de l'accord conclu par Erdogan. Les gens se demandent toutefois quelle part joue le processus de paix dans ses desseins néoottomans.

C'est sans doute l'une des principales questions du moment : comment le mouvement dans les rues va-t-il se figer et quel type de relations aura-t-il avec la lutte kurde ? La grande majorité de ceux qui ont initié l'occupation du parc de Gezi et qui ont combattu la vision d'Erdogan sur le développement d'Istanbul sont en totale solidarité avec le peuple kurde. Mais pour les masses qui ont inondé les rues avec des drapeaux turcs, c'est une autre histoire. Au mieux, elles critiquent le fait qu'Erdogan utilise le processus de paix pour renforcer son emprise. Au pire, ce sont des gros racistes qui voient les Kurdes comme des terroristes. Malgré le danger, les récents développements dans la rue sont prometteurs. Des gens rapportent avoir été les témoins de déploiement de drapeaux mêlant l'étendard turc et le portrait d'Ocalan ou de l'imbrication de chants qui d'un côté souligne la fraternité entre les différentes ethnies et de l'autre célèbre l'identité nationale turque.


L'insidieux conservatisme social

Le soulèvement contre Erdogan est nourri par un insidieux conservatisme social poussé par l'AKP en vue de cultiver sa base. Ces politiques conservatrices se sont manifestées dans différents domaines : accès coupés à des cliniques d'avortement, contrôle plus strict sur Internet et les communications, restrictions et taxes sur la consommation d'alcool et amplification des vacances islamiques parrainées par l'État. Ces mesures politiques ont rencontré des manifestations soutenues par des milliers de participants qui ont défilé dans les mêmes rues que celles où se concentre l'actuelle rébellion. Elles ont précédé le mécontentement actuel.

Le style personnel d'Erdogan en tant que premier ministre est un facteur majeur qui influence la colère viscérale observée dans les rues. Dans presque tous ses discours publics, que ce soit dans un rassemblement politique ou lors d'une interview télé, Erdogan attaque, menace et se montre condescendant envers tous les segments sociaux-politiques, excepté le sien. Cela va de l'insulte flagrante au renvoi proféré avec le ton énervé d'un chien enragé de la politique. Ses dernières déclarations durant le soulèvement étaient exemplaires et n'ont fait que jeter de l'huile sur le feu, désignant de manière arrogante les personnes descendues dans la rue comme « une poignée de pillards et d'extrémistes ».

Le lien crucial entre la politique culturelle conservatrice de l'AKP et sa politique économique néolibérale doit être révélé. De cette manière, la classe moyenne kémaliste qui a massivement participé au soulèvement réalisera qu'elle ne peut pas repousser le conservatisme culturel sans se confronter aux politiques économiques. Si elle réussit, elle pourra être ralliée par les classes plus pauvres qui sont actuellement enclines à soutenir l'AKP sur sa base culturelle.

Le premier jour de ce soulèvement populaire a été totalement spontané et hors du contrôle de n'importe quel parti politique. Toutes les contradictions, par exemple celle entre la gauche radicale et les nationalistes turcs, ont été momentanément mises de côté pour combattre la police et construire des barricades qui permettraient de tenir les places et les boulevards d'Istanbul. Ce qui reste à voir, c'est si oui ou non ces grands espaces publics tels que le parc de Gezi ou la place Taksim seront le théâtre où les contradictions entreront dans un dialogue révolutionnaire pour donner naissance à un mouvement que nul ne pourra arrêter en Turquie.

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Source originale : Counterpunch

http://www.counterpunch.org/2013/06/05/istanbul-uprising/

Source traduction : Investig'Action

http://www.michelcollon.info/Le-soulevement-d-Istanbul-le...



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Au vu des derniers événements, on se reportera avec intérêt aux articles - si lucides comme toujours - d'Israël Adam SHAMIR : «Vue sur le Bosphore» et «Cessez le feu les Turcs !», parus ici-même, dans notre post du 26 décembre 2012 : http://lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.skynetblogs.be/archive/2012/week52/index.html


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 Petits ajouts d'importances diverses :

 

Les FEMEN, agents du sionisme ?

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Photo : RIA Novosti

Les membres de l’organisation dont le but est prétendument de « défendre les droits des femmes » et dont le nom est FEMEN prouvent une fois de plus par leurs actions que leur « lutte » n’a rien à voir avec les droits des femmes qu’elles sont censées défendre. La longue litanie de leurs attaques violentes contre des lieux consacrés, chrétiens et musulmans, indique plutôt un mouvement anticlérical extrémiste mais également orienté... Petit et énième retour sur un mouvement emblématique de l’état d’esprit ambiant de certains milieux.

Dernière action en date : l’attaque à l’encontre de l’Archevêque de l’archidiocèse de Malines-Bruxelles, André-Joseph Léonard, lors d’une conférence à l’Université Libre de Bruxelles, l’aspergeant d’eau bénite avec des statuettes en plastique en forme de Vierge Marie, accompagnés de cris vulgaires dont les FEMEN seules connaissent le secret. Malgré cette attaque dans un style propre aux FEMEN, Mgr André Léonard est resté impassible face aux « sextremistes » et après évacuation de ces dernières, s’est saisi d’une des statuettes représentant la Vierge Marie pour l’embrasser. Un exemple d’humilité, de sagesse et de dignité. D’ailleurs probablement la meilleure réponse qui soit face à de tels actes.

 Alors que l’Assemblée nationale en France vient d’adopter la très controversée loi du « mariage pour tous », ce qui est indéniablement un nouveau coup pour les valeurs traditionnelles et culturelles non seulement européennes, mais probablement au niveau de toute l’Humanité, il est intéressant de se pencher sur ce que représente véritablement cette organisation.

Comme nous le savons déjà, le groupe FEMEN a été fondé à Kiev, en Ukraine. Après maintes « actions », dont certaines honteuses, notamment lorsqu’elles ont scié une croix au centre de Kiev en mémoire des victimes de répressions religieuses et politiques durant la dictature stalinienne, elles ont « déménagé » leur siège à Paris. En réalité ces « demoiselles » ne font qu’adopter un style primitif pour se médiatiser au maximum et ne font qu’accroître la désapprobation, y compris au sein de nombreux milieux féministes.

 Mais ce qui importe vraiment dans tout cela, c’est de savoir qui sont derrières ces ultras sexistes et qui les manipulent comme de vraies petites marionnettes. On dit qu’elles sont financées par des milieux d’affaires européens et américains. Intéressant… mais à part cela ? Qui se trouve tout en haut de la pyramide ? Quelques noms circulent : le milliardaire allemand Helmut Geier, la femme d’affaires allemande Beat Schober, ainsi que l’homme d’affaires américain et patron de presse Jed Sunden. George Soros est également mentionné.

 Le mot d’ordre aujourd’hui des FEMEN : combattre les religions par tous les moyens. Le christianisme, aussi bien catholique qu’orthodoxe, a été le premier visé. Puis, ce fut au tour de l’islam de devenir également la cible des « filles » aux seins nus. Bien que géographiquement leurs actions antimusulmanes se soient déroulées dans des endroits où elles ne risquaient de toute façon pas grande chose : en Allemagne, en France. Il aurait été intéressant de les voir s’essayer à faire de même en Arabie saoudite ou au Qatar, en Turquie l’accueil fut déjà tout autre.

Mais si le christianisme et plus récemment l’islam sont ouvertement visés par FEMEN, et que les églises ainsi que les mosquées sont des cibles privilégiées du mouvement « féministe », on a jamais entendu parler ne serait-ce qu’une fois d’une de leur action en Israël ou ailleurs, dans une synagogue ou pourquoi pas devant la Knesset. Étonnant ? Oui car connaissant le débat qui existe dans la société israélienne sur la place de la femme et les nombreuses actions organisées à ce titre par les féministes israéliennes, il est très étonnant d’observer le silence assourdissant des FEMEN à ce sujet. On ne s’attaque pas aux sponsors ? Ou alors c’est BHL, un autre grand admirateur et inspirateur des FEMEN qui sera déçu ?

N’ayant reçu aucune réponse officielle de leur part à ce sujet, nous posons cette question ici. Personnellement, je ne soutiendrais en aucun cas une « action » dans une synagogue, au même titre que dans une église ou une mosquée car je pense que le respect de chaque personne et de ses convictions doit prévaloir dans un monde où la violence et l’intolérance règnent constamment. Mais pour revenir à nos militantes du FEMEN, il est très surprenant de voir que dans cette « lutte contre les religions », il y a des bons et des mauvais. Ceux sur lesquels il est possible de s’acharner d’un côté et les intouchables de l’autre. Ceux dont les valeurs ne sont pas à respecter et ceux qu’il faut éviter de blesser. Les FEMEN cachent tant bien que mal que leur « lutte » est ouvertement raciste et discriminatoire. En ce qui concerne les chrétiens et les musulmans, ainsi que leurs relations mutuelles, la seule chose à souhaiter c’est de ne pas céder à la provocation, y compris lorsque cela les concerne réciproquement, et de rester digne et sage en toutes circonstances.

Mikhail Gamandiy-Egorov

 
Source :  http://french.ruvr.ru/2013_04_25/Les-FEMEN-agents-du-sionisme/


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Le premier couple homosexuel marié de France arrive à Tel-Aviv pour son voyage de noces.

M. Vincent Autin et M. Bruno Boileau, premier couple homosexuel a s’être marié en France depuis l’adoption de la loi permettant le mariage pour tous, se rendra à Tel-Aviv pour son voyage de noces et pour le 20e anniversaire de la Gay Pride.

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Le voyage est offert par la mairie de Tel-Aviv et son agence «Tel-Aviv Global and tourism ».

Le couple sera hébergé durant son séjour, du 6 au 9 juin, par l’Ambassadeur de France en Israël, Christophe Bigot dans sa Résidence à Jaffa.

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Vendredi 7 juin, jour de la gay pride, ils rencontreront la presse au jardin Meir, pour un petit déjeuner, rue King George à Tel-Aviv, de 11h a 12h. Puis ils participeront bien entendu au défilé traditionnel, le 20ème .

Tel-Avivre-Infos Ville

 

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Source :

http://tel-avivre.com/2013/06/06/le-premier-couple-homose...



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1934, le retour…

Clément, étudiant de 18 ans, assassiné en plein Paris par des nervis proches du FN, sous le regard compréhensif des élus socialistes. Fable officielle : accrochage entre «extrémistes».


Quel dommage, hein ?

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Après que des fascistes ont tué Clément Méric, Bertrand Delanoë, «manager» de Paris, juge, dans ce qu’il appelle «un moment de sursaut», et durant que ses camarades Hollande et Valls (et plein d’autres «socialistes» encore) font également part de leur profonde émotion, que : «Si des groupes politiques profèrent des idées de haine et de destruction, ils devraient être dissous, évidemment».

Et c’est bouleversant de sincérité indignée.

Mais quel dommage, hein?

Qu’il ait fallu attendre la mort d’un gamin de 18 ans, pour qu’enfin Bertrand Delanoë fasse cette si fière déclaration.

Et quel dommage, hein?

Qu’à défaut de dissoudre ces groupes  - ce n’était pas de son ressort - il n’ait pas mis plus de détermination à les empêcher d’exhiber dans les rues, chaque année, ces idées qui lui donnent si fort la nausée.

Parce que, rappelons-nous: depuis 2009, c’est tous les ans, que ces tarés ont défilé, au mois de mai, en rangs serrés, dans la capitale.

Et qu’ils n’ont jamais trouvé personne en face d’eux – à part (jusqu’en 2011) les antifas, qui auraient bien aimé, certaines fois, ne pas se retrouver seuls pour dénoncer cette porcherie.

(Mais, curieusement : jamais aucun «socialiste» n’est venu les renforcer.

Et d’ailleurs: Alexis Corbières, le Jean Moulin du Parti de gauche, si sensible à «l’horreur fasciste», n’était pas là non plus.

Sans doute que tout ce petit monde avait piscine, ces jours-là?)

En 2008, pourtant: Bertrand Delanoë avait demandé au préfet de police de Paris d’interdire tout le truc, car il trouvait «déplacé» que «soit autorisé un rassemblement qui (était) en réalité une manifestation faisant l’apologie du fascisme », et ne voulait plus revoir de «cortège de plusieurs centaines de personnes masquées et cagoulées, tenant des torches, des manches de pioche et des drapeaux noirs marqués de la croix celtique».

Preuve que l’interdiction de ces manifestations était tout à fait dans ses cordes - et qu’il lui suffisait, pour la requérir, de décrocher son téléphone.

Mais les années d’après?

En 2009, en 2010, en 2011, en 2012?

Les fafs ont repris (avec des fortunes diverses), leurs happenings dégueulasses - comme si de rien n’était.

Plus jamais ils n’ont été empêchés de se réunir sous leurs oriflammes à croix celtiques, pour grogner en cadence leurs slogans de haine et de destruction – à peine plus outranciers, il est vrai, lorsqu’ils exprimaient par exemple leur conception du rapport de l’Occident à l’islam, que ce qui sortait alors de la bouche d’éminentes éminences des médias et de la politique.

Jamais plus Bertrand Delanoë n’as jugé utile de saisir le préfet de police, à la fin d’empêcher la reformation de cortèges identiques à celui qui l’avait si fort incommodé en 2008.

De sorte que ses appels à la dissolution pourraient assez facilement donner l’impression – point complètement nouvelle, reconnaissons-le, quand elle est d’origine «socialiste» - que quelqu’un, quelque part, est encore en train de se foutre de la gueule du monde.

Mais peut-être n’est-ce, après tout, qu’une impression – et nous le saurons d’ailleurs très vite, puisqu’il paraît que d’aucun(e)s, chez les consanguin(e)s, ont planifié d’arpenter bientôt le pavé parisien: nous verrons alors si les émouvantes déclarations du maire de Paris sont autre chose qu’une sinistre moquerie.

Sébastien Fontenelle

Source :  http://www.bakchich.info/blogs/sebastien-fontenelle/quel-dommage-hein

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Mis en ligne par Marie, le 8 juin 2013

 

11:34 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |