11/03/2018

KINZHAL

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KINZHAL

Un discours qui fait des vagues dont on ne sait pas où elles s’arrêteront.

 

Le discours prononcé le 1er mars par Vladimir Poutine devant l’Assemblée Fédérale de Russie a fait l’effet d’une bombe ou d’un coup de pied dans une fourmilière. On peut varier la métaphore et dire qu’il a commencé à faire des vagues et que c’est très loin d’être fini.

Son premier effet spectaculaire est d’avoir poussé des sénateurs démocrates US à réclamer d’urgence à leur gouvernement « un dialogue stratégique avec la Russie » (voir plus bas), puisque la donne – du moins sur le plan militaire – vient d’être aussi spectaculairement renversée. Car il s’agit bien, en effet d’un tournant historique indubitable et irréversible.

C’est pourquoi il nous a semblé utile de vous proposer ici, en plus du discours lui-même, l’explication remarquable – signalée par le Saker – qu’en fait Andrei Martyanov pour The Unz Review.

Non sans avoir, cependant, laissé d’abord Ziad Fadel faire le point sur les événements de la Ghouta Orientale, dont il prévoit la conclusion victorieuse dans les cinq jours qui viennent.

 

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LES CANNIBALES NÉGOCIENT LEUR REDDITION – SARAAB 2 A ÉCRASÉ TOUS LES ESPOIRS DES TERRORISTES – LES FORCES DU TIGRE SE PRÉPARENT À TERMINER LE TRAVAIL DANS LES CINQ JOURS

Ziad Fadel – Syrian Perspective – 9 mars 2018

 

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Les Forces du Tigre, soutenues par celles du Hezbollah et d’autres milices approuvées par le gouvernement syrien, se préparent à terminer leur tâche dans la Ghouta Orientale dans tout au plus cinq jours. Mohammed « Allouche », le chef-gangster de Jaych al-Islam voit l’annonce fatidique s’écrire sur le mur. Il est déjà assez dur de maintenir le moral de ces sauvages dans une Ghouta coupée en deux, mais dazvantage encore quand l’argent saoudien n’arrive plus, que les tunnels sont tous détruits, que les civils sont en révolte ouverte et que le système anti-anti-tanks de Saraab 2 fonctionne aussi superbement. Rien, dans l’arsenal des terroristes, n’est efficace contre le Saraab, une fois qu’il est installé sur un tank T-72. Ils pourraient aussi bien cracher dessus.

“Allouche”, dit-on, a été noyé sous les demandes pour qu’il mette fin aux tortures en négociant une retraite de la Ghouta. Une source à Damas m’informe que le gouvernement russe a une équipe de négociateurs de terrain dans la capitale, qui a pour mission de débarrasser la région de ces parasites. Leur offre est la même que toutes les autres : les terroristes peuvent monter dans des bus fournis par le gouvernement syrien, et la sauvegarde de ceux qui se retirent avec leur famille est garantie par Moscou. Cela a marché splendidement dans le passé. Ils seront redirigés sur Idlib, où ils pourront baigner dans la gloire et la splendeur d’Abdullah al-Muhaysini.

MISE À JOUR : Treize terroristes ont quitté Damas ce matin dans des bus verts, avec leurs familles et ne transportant que des armées légères. Ils devraient d’abord passer par le checkpoint d’Al-Waafideen, en route pour Idlib.

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Nous pouvons aussi confirmer le total épouillage de Bayt Sawwaa.

Une fois que la Ghouta a été coupée en deux par les Forces du Tigre, les terroristes n’ont plus eu aucune possibilité de communiquer les uns avec les autres. Ils n’ont plus été capables non plus de recevoir des renforts. En outre, la férocité de l’attaque par des soldats aguerris hérissés d’armes nouvelles a réduit à néant tous les espoirs que ces cannibales pouvaient encore nourrir d’amortir l’opération. Oubliez les bombardements incessants. C’est l’apparition de la défaite inévitable qui a fait s’effondrer les rangs des terroristes. Si certains de ces cancrelats croyaient que Dieu était de leur côté, ils ont vite été désabusés par la réalité des faits et par l’irrésistible élan du  Bulldozer des Forces du Tigre.

Les politiciens allemands de droite comptent déjà les jours les séparant du retour des réfugiés syriens dans leur pays. Une délégation d’AfD [« Alternative pour l’Allemagne », ndt] est arrivée à Damas et en est repartie après y avoir rencontré des hauts fonctionnaires syriens. Inutile de dire qu’ils ont été copieusement vilipendés par les rats de Merkel, supporters de terroristes, mais il semble que le peuple allemand voie du bon dans ce voyage et dans ses résultats. Le monde, aujourd’hui, est différent de ce qu’il était il y a sept ans.

Malgré tout, les médiamenteurs occidentaux s’obstinent à répéter les mêmes mantras sur le gouvernement syrien. Et le public, à l’Ouest, continue à rejeter les fables émises par Washington, Berlin, Paris, Londres et Tel Aviv. En dépit de l’écrasante hostilité des citoyens occidentaux ordinaires envers les bobards manifestement propagandistes des MM [« médias mainstream », ndt], les rédactions du New York Times, du Washington Post, d’ABC, de NBC, de la BBC, de CBS, de Der Spiegel, et consorts, continuent à dégoiser leurs mensonges programmés sur l’Armée Syrienne. Mais ça ne marche simplement plus.

L’invasion turque, qui a pris les merdias par surprise, est un défi pour ces pourvoyeurs de reportages* jaunes. Ils ne savent tout bonnement pas quoi faire de cette Turquie, membre de l’OTAN, qui attaque les « héroïques » forces kurdes. Hélas pour eux, les Turcs ne s’en tirent pas très bien. Il leur a fallu acheter de l’équipement – on vous le donne en mille ! – à l’Ukraine, pour protéger leurs véhicules blindés. Selon Wael (qui se base sur des preuves anecdotiques) les forces kurdes ont frappé très durement les unités blindées turques, causant beaucoup de dommages à leurs principaux chars de combat. Ce qui a ralenti l’offensive turque, ce ne sont ni les soins ni la préoccupation d’Ankara pour les civils, ce sont les renseignements inquiétants qui ne cessent d’arriver et qui prédisent une bataille finale dans laquelle les Turcs pourraient perdre jusqu’à 50% de leur armement. Et, avec les renforts proches de 2.000 hommes qui arrivent de Syrie Orientale, ils doivent savoir qu’il y a encore beaucoup d’autres pertes en perspective.

Dans la bataille septentrionale près d’Afrin, les forces kurdes et syriennes ont tué un des principaux leaders des Casques Blancs, un certain Jamaal Haafizh, membre en réalité de l’organisation criminelle Al-Nosra. Il a été abattu à Dayr Sawwaan, alors qu’il combattait pour la Turquie contre les forces kurdes et syriennes. Puisse-t-il griller dans les flammes éternelles de l’Enfer !

Quoi qu’il en soit, les voix « officielles » de l’Occident deviennent de plus en plus stridentes. Sans aucune possibilité de changer le cours des événements désormais, le malfaisant régime britannique et la nullissime administration Trump se voient tout simplement obligés d’envisager un futur du Moyen Orient exempt de leur influence et de leur pouvoir. Et tout cela a commencé quand Vlad a décidé d’y envoyer des troupes, en septembre 2015, moment d’une importance capitale dans l'histoire du monde.

______________ 

*en français dans le texte.

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Ziad Fadel est avocat depuis 35 ans, traducteur-juré et interprète (arabe-anglais) pour la Cour Suprême des États-Unis. Il est le rédacteur en chef de Syrian Perspective (The Real Syrian Free Press)

 

Source : https://www.syrianperspective.com/2018/03/cannibals-negot...

Traduction : c.l. pour Les Grosses Orchades

 

 

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Les treize militants d’al-Nosra mentionnés par Ziad quittent la Ghouta avec leurs familles (Vidéo)

 


 

La situation dans la Ghouta Orientale reste tendue, en dépit de la résolution du 24 février des Nations Unies, demandant à toutes les parties d’accepter un cessez-le-feu humanitaire prolongé, pour permettre la livraison d’aide humanitaire et une évacuation médicale des blessés

Le premier groupe d’évacués, qui comprend 13 terroristes, membres du Front al-Nosra, a quitté la Ghouta Orientale un jour après que les autorités syriennes aient ouvert un second corridor humanitaire.

Ces militants, qui avaient été emprisonnés par le groupe terroriste rival Jaych al-Islam, sera réinstallé dans la province d’Idlib, au nord-est de la Syrie.

Selon l’agence Sanaa, les militants continuent à bombarder les passages d’évacuation d’al-Wafideen et de Jisreen, empêchant les civils de quitter la zone tenue par les terroristes

La vidéo ci-dessus montre les services de sécurité syriens fouillant les militants et leurs bagages, avant de les escorter vers un bus spécial mis à leur disposition.

READ MORE : Anti-Militant Protests Erupt in Syria's East Ghouta in Support of Syrian Army

La Ghouta Orientale est sous contrôle terroriste depuis 2012, avec une force de 10 à 12.000 militants pour occuper la région, selon les estimations de l’Armée Syrienne.

La situation, dans cette zone tenue par les terroristes, s‘est envenimée le mois dernier, après que le gouvernement ait lancé une opération appelée « Acier de Damas » dans une tentative de débarrasser la région des terroristes.

La semaine dernière, le Centre Russe pour la Réconciliation Syrienne a fait savoir, citant l’Armée Syrienne, que les terroristes de la Ghouta Orientale avaient promis de relâcher les civils qu’ils détiennent en otages, en échange d’aide humanitaire.

Cette annonce a été faite peu après l’arrivée de 45 camions d’aide humanitaire et d’un hôpital mobile au checkpoint du camp de Muhaym al-Wafedin, où commence le corridor humanitaire vers la Ghouta Orientale. Cette aide comprenait 247 tonnes de vivres, de médicaments et d’équipement de première nécessité.

Source : https://sputniknews.com/middleeast/201803101062391824-mil...

Extraits traduits par  c.l. pour Les Grosses Orchades

 

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Vladimir Poutine répond à la doctrine nucléaire de Trump et dévoile les nouveaux armements russes

 

Adresse de Vladimir Poutine à lAssemblée Fédérale, 1er mars 2018

La Russie surclasse les États-Unis et devient la première puissance militaire mondiale.

Traduction : http://sayed7asan.blogspot.fr

 

 

Vladimir Poutine répond à la doctrine nucléaire de Trump from Sayed Hasan on Vimeo.

 

 

Vladimir Poutine présente les nouvelles armes russes face à l'OTAN : 'Ecoutez-nous maintenant !' from Sayed Hasan on Vimeo.

 

Poutine dévoile les nouvelles armes laser russes from Sayed Hasan on Vimeo.

 

Poutine dévoile le système nucléaire hypersonique 'Avangard' from Sayed Hasan on Vimeo.

 

 

Poutine dévoile le missile nucléaire hypersonique 'Kinzhal' from Sayed Hasan on Vimeo.

 

Poutine dévoile un drone sous-marin nucléaire ultrarapide from Sayed Hasan on Vimeo.

 

Transcription :


[...] Chers collègues,


L’opération en Syrie a prouvé les capacités accrues des forces armées russes. Au cours des dernières années, beaucoup a été fait pour optimiser l’armée et la marine. Les forces armées ont maintenant 3,7 fois plus d’armes modernes. Plus de 300 nouvelles unités d’équipement ont été mises en service. Les troupes de missiles stratégiques ont reçu 80 nouveaux missiles balistiques intercontinentaux, 102 missiles balistiques lancés par sous-marins et trois sous-marins nucléaires Borei à missiles balistiques. Douze régiments de missiles ont reçu le nouveau missile balistique intercontinental Yars. Le nombre de transporteurs d’armes de haute précision à longue portée a été multiplié par 12, tandis que le nombre de missiles de croisière guidés a augmenté de plus de 30 fois. L’armée, les forces aérospatiales et la marine se sont aussi considérablement renforcées. [Applaudissements]

La Russie et le monde entier connaissent les noms de nos derniers avions, sous-marins et armes antiaériennes, ainsi que de nos systèmes de missiles guidés terrestres, aériens et maritimes. Tous sont des armes de pointe et de haute technologie. Un champ radar solide visant à avertir d’une attaque de missile a été créé le long du périmètre de la Russie – c’est très important. D’énormes failles sont apparues après la désintégration de l’URSS. Toutes ont été réparées.

Un bond en avant a été fait dans le développement d’avions sans pilote; le centre de contrôle de la défense nationale a été établi; et le commandement opérationnel de la zone maritime lointaine a été formé. Le nombre de membres des services professionnels a augmenté de 2,4 fois et la disponibilité de l’équipement dans les forces armées est passée de 70% à 95-100%. L’attente pluriannuelle pour l’obtention d’un logement permanent a été éliminée, la période d’attente ayant été réduite de 83%. [Applaudissements]

Maintenant, sur le problème le plus important de la défense.

Je vais parler des plus récents systèmes d’armes stratégiques russes que nous sommes en train de développer en réponse au retrait unilatéral des États-Unis du Traité sur les missiles anti-balistiques (ABM) et au déploiement sur le terrain de leurs systèmes de défense antimissile, à la fois aux États-Unis et au-delà de leurs frontières nationales.

Je voudrais commencer par un bref rappel du passé récent.

En 2000, les États-Unis ont annoncé leur retrait du Traité sur les missiles anti-balistiques. La Russie y était catégoriquement opposée. Nous considérions le Traité ABM américano-soviétique signé en 1972 comme la pierre angulaire du système de sécurité international. En vertu de ce traité, les parties avaient le droit de déployer des systèmes de défense antimissile balistique dans une seule de leurs régions. La Russie a déployé ces systèmes autour de Moscou, et les États-Unis autour de leur base ICBM basée à Grand Forks [Dakota du Nord].

Avec le Traité de réduction des armements stratégiques, le Traité ABM créait non seulement un climat de confiance, mais empêchait également l’une ou l’autre des parties d’utiliser inconsidérément des armes nucléaires, ce qui aurait mis en danger l’humanité, car le nombre limité de systèmes de défense balistique rendait l’agresseur potentiel vulnérable à une frappe de riposte.

Nous avons fait de notre mieux pour dissuader les Américains de se retirer du Traité et préserver l’équilibre stratégique. Tous nos efforts ont été vains. Les États-Unis se sont retirés du Traité en 2002. Même après cela, nous avons essayé de développer un dialogue constructif avec eux. Nous avons proposé de travailler ensemble dans ce domaine pour apaiser les inquiétudes et maintenir l’atmosphère de confiance. À un moment donné, j’ai pensé qu’un compromis était possible, mais ce n’était pas le cas. Toutes nos propositions, absolument toutes, ont été rejetées. Alors, nous avons dit que nous allions devoir améliorer nos systèmes de frappe modernes pour protéger notre sécurité. En réponse, les États-Unis ont déclaré qu’ils ne créaient pas de système de défense balistique mondial contre la Russie, qui était libre de faire ce qu’elle veut, et que les États-Unis présumeront que nos actions ne sont pas dirigées contre eux.

Les raisons de cette position sont évidentes. Après l’effondrement de l’URSS, la Russie, connue sous le nom d’URSS ou de Russie soviétique à l’étranger, a perdu 23,8% de son territoire national, 48,5% de sa population, 41% de son PIB, 39,4% de son potentiel industriel (presque la moitié de notre potentiel, je tiens à le souligner), ainsi que 44,6% de sa capacité militaire en raison de la division des forces armées soviétiques entre les anciennes Républiques soviétiques. L’équipement militaire de l’armée russe devenait obsolète et les forces armées étaient dans un état pitoyable. Une guerre civile faisait rage dans le Caucase, et des inspecteurs américains supervisaient l’exploitation de nos principales usines d’enrichissement d’uranium.

Pendant un certain temps, la question n’était pas de savoir si nous serions en mesure de développer un système d’armes stratégiques – certains se demandaient même si notre pays serait capable de stocker et de conserver en toute sécurité les armes nucléaires dont nous avons hérité après l’effondrement de l’URSS. La Russie avait des dettes considérables, son économie ne pouvait pas fonctionner sans des prêts du FMI et de la Banque mondiale, et il était impossible de soutenir la sphère sociale.

Apparemment, nos partenaires ont eu l’impression que dans le futur prévisible, il serait impossible pour notre pays de relancer son économie, son industrie, son industrie de défense et ses forces armées à des niveaux soutenant le potentiel stratégique nécessaire. Et si tel était le cas, [se disaient les Etats-Unis], il ne servait à rien de compter avec l’opinion de la Russie, et il était nécessaire de rechercher davantage l’ultime suprématie militaire unilatérale afin de dicter ses termes dans toutes les sphères à l’avenir.

Fondamentalement, cette position, cette logique, à en juger par les réalités de cette période, est compréhensible, et nous sommes nous-mêmes à blâmer. Pendant toutes ces années, les 15 années écoulées depuis le retrait des États-Unis du Traité sur les missiles anti-balistiques, nous avons constamment essayé de réengager les Etats-Unis dans des discussions sérieuses pour parvenir à des accords dans le domaine de la stabilité stratégique.

Nous avons réussi à atteindre certains de ces objectifs. En 2010, la Russie et les États-Unis ont signé le nouveau traité START, contenant des mesures pour poursuivre la réduction et la limitation des armes offensives stratégiques. Cependant, à la lumière des projets de construction d’un système mondial de missiles anti-balistiques, qui sont toujours en cours aujourd’hui, tous les accords signés dans le cadre du nouveau START commencent à devenir obsolètes, car tandis que le nombre de porteurs et d’armes est en train d’être réduit, l’une des parties, à savoir les États-Unis, permet une croissance constante et incontrôlée du nombre de missiles anti-balistiques, améliore leur qualité et crée de nouvelles zones de lancement de missiles. Si nous ne faisons rien, cela aboutira finalement à la rétrogradation complète du potentiel nucléaire de la Russie. Cela signifie que tous nos missiles pourraient simplement être interceptés.

Malgré nos nombreuses protestations et plaidoyers, la machine américaine a été mise en mouvement, et la bande transporteuse a avancé. De nouveaux systèmes de défense antimissile ont été installés en Alaska et en Californie. A la suite de l’expansion de l’OTAN à l’Est, deux nouvelles zones de défense antimissile ont été créées en Europe occidentale : une a déjà été créée en Roumanie, tandis que le déploiement du système en Pologne est maintenant presque achevé. Leur portée continuera à augmenter. De nouvelles zones de lancement doivent être créées au Japon et en Corée du Sud. Le système de défense antimissile américain mondial comprend également cinq croiseurs et trente destroyers qui, à notre connaissance, ont été déployés dans des régions proches des frontières de la Russie. Je n’exagère pas le moins du monde. Et ce processus s’accélère rapidement.

Qu’avons-nous donc fait, en plus de protester et d’avertir ? Comment la Russie répondra-t-elle à ce défi ? Voilà notre réponse.

Pendant toutes ces années, depuis le retrait unilatéral des États-Unis du Traité ABM, nous avons travaillé intensivement sur des équipements et des armes avancés, ce qui nous a permis de faire une percée dans le développement de nouveaux modèles d’armes stratégiques.

Permettez-moi de rappeler que les États-Unis sont en train de créer un système mondial de défense antimissile principalement pour contrer les armes stratégiques qui suivent des trajectoires balistiques. Ces armes forment la colonne vertébrale de nos forces de dissuasion nucléaire, tout comme pour les autres membres du club nucléaire.

En tant que tel, la Russie a développé, et travaille continuellement à perfectionner, des systèmes très efficaces mais à prix raisonnable pour vaincre la défense antimissile. Ils sont installés sur tous nos complexes de missiles balistiques intercontinentaux.

En outre, nous nous sommes lancés dans le développement de la prochaine génération de missiles. Par exemple, le ministère de la Défense et les entreprises de l’industrie des missiles et de l’aérospatiale sont en phase active de mise à l’essai d’un nouveau système de missiles doté d’un lourd missile intercontinental. Nous l’avons appelé Sarmat.

Sarmat remplacera le système Voevoda fabriqué en URSS. Son immense pouvoir était universellement reconnu. Nos collègues étrangers lui ont même donné un nom assez menaçant [Satan].

Cela dit, les capacités du missile Sarmat sont beaucoup plus élevées. Pesant plus de 200 tonnes, il a une phase de lancement courte, ce qui le rend plus difficile à intercepter pour les systèmes de défense antimissile. La portée du nouveau missile lourd, le nombre et la puissance de ses blocs de combat sont plus importants que ceux de Voevoda. Sarmat sera équipé d’un large éventail de têtes nucléaires puissantes, y compris hypersoniques, et des moyens les plus modernes d’échapper à la défense antimissile. Le haut degré de protection des lanceurs de missiles et les importantes capacités énergétiques offertes par le système permettront de l’utiliser dans toutes les conditions.

Pourriez-vous s’il vous plaît projeter la vidéo [voir ci-dessous à partir de 2,00]. [Applaudissements]

Lire la suite…

 

Source : http://en.kremlin.ru/events/president/news/56957

Via : sayed7asan.blogspot.fr/2018/03/vladimir-poutine-sur-les-n...
Traduction : http://sayed7asan.blogspot.fr

 

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Pour ceux qu’intéressent les implications des récentes révélations de Vladimir Poutine sur les nouveaux systèmes d’armement russes, je recommande de lire l’excellent article intitulé “The Implications of Russia’s New Weapon Systems[« Implications des nouveaux systèmes d’armement russes », voir ci-dessous] d’Andrei Martyanov, qui offre une superbe analyse de ce que ces nouveaux armements signifient pour les USA et, particulièrement, pour l’US Navy. Ce que je veux faire ici [v À suivre] est quelque chose d’un peu différent, à savoir jeter un regard sur les conséquences plus particulièrement politiques de ces révélations.

Le Saker

 

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Implications des nouveaux systèmes d’armements russes

Andrei Martyanov – The Unz Review5 mars 2018

 

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Pendant la guerre russo-géorgienne d’août 2008, les opérations de la 58e armée russe ont été qualifiées de « contrainte à la paix ». Le terme est approprié, si on se rappelle ce qui était réellement en jeu. Les Russes ont gagné cette guerre et, de fait, contraint la Géorgie à adopter une humeur beaucoup plus paisible. En termes Clausewitziens, les Russes ont atteint l’objectif principal de la guerre en forçant l’ennemi à faire la volonté de la Russie. Les Russes, comme l’ont montré les événements des 19 dernières années, n’ont plus aucune illusion quant à la possibilité de quelque conduite civilisée que ce soit de la part de l’Occident en général, et moins encore de la part des États-Unis en particulier, qui continuent à se prélasser dans la bulle qui les isole de toutes les voix extérieures pouvant parler raison ou paix. Le bilan global américain pour les quelques dernières décennies ne requiert aucune espèce d’élaboration : c’est un record de désastres militaires et humanitaires.

Le discours du 1er mars 2018 de Vladimir Poutine à l’Assemblée Fédérale de Russie n’a pas traité des élections présidentielles russes qui arrivent, comme beaucoup le voudraient dans l’Occident obsédé par ces choses. Le discours de Poutine a eu pour sujet la contrainte des « élites » de l’Amérique, sinon à la paix, du moins à une espèce de santé mentale, étant donné qu’elles sont aujourd’hui complètement détachées des réalités géopolitiques, militaires et économiques d’un monde en train d’émerger. Comme ce fut le cas en Géorgie en 2008, la contrainte est fondée sur la puissance militaire. L’armée russe pré-Choigou, malgré toutes ses carences réelles ou supposées, a eu raison de l’armée géorgienne – entraînée et partiellement armée par les USA – en à peine 5 jours : la technologie, les troupes et l’art opérationnel de l’Armée russe étaient tout simplement meilleurs. À l’évidence, un tel scénario n’est pas possible entre la Russie et les États-Unis ; c’est-à-dire, à moins que le mythe de la supériorité technologique US vole en éclats.

Les élites du pouvoir américain, dont la majorité n’a jamais servi un seul jour sous les drapeaux, n’a jamais fréquenté aucune académie militaire sérieuse et dont l’expertise, en matière de technologies militaires et de questions géopolitiques s’est limitée à un ou deux séminaires sur l’armement nucléaire, et dans le meilleur des cas de figure, sur les efforts du Service de la Recherche du Congrès, ne sont tout simplement pas qualifiés pour saisir la complexité, la nature et l’application de la force militaire. Ils n’ont tout simplement aucun point de référence. Cependant, étant le produit de la culture pop-militaire, autrement connue sous les noms de porno-militaire et de propagande, ces gens – cette collection d’avocats, de « politologues », de sociologues et de journalistes, qui dominent la cuisine stratégique où cuisent en non-stop des doctrines géopolitiques et militaires délirantes – ne peuvent comprendre avec certitude qu’une seule chose : quand leurs pauvres chéris prennent un coup de pied aux fesses ou entre les deux yeux.

Le message de Poutine aux États-Unis a été extrêmement simple : il leur a rappelé le refus condescendant des USA de seulement prendre en considération la position de la Russie sur le traité ABM [« Traité sur les Missiles Anti-Balistiques »]. Comme l’a dit Jeffrey Lewis dans un moment de surprenante sobriété pour Foreign Policy Magazine :

 

La genèse réelle de la nouvelle génération de bizarre armement nucléaire de la Russie ne se trouve pas dans la toute récente Nuclear Posture Review, mais dans la décision de l’administration de George W. Bush en 2001 de se retirer unilatéralement du Traité sur les Missiles Anti-Balistiques, et dans léchec bipartite des administrations Bush et Obama de s’engager de manière significative  envers les Russes sur leur préoccupation quant aux « missiles de défense » américains. Poutine l’a clairement dit dans ses remarques : « Pendant toutes ces années, depuis le retrait unilatéral US du traité ABM, nous avons travaillé intensivement sur les équipements et les armes avancées qui nous ont permis d’opérer une percée en développant de nouveaux modèles d’armes stratégiques ». Ces percées technologiques sont là aujourd’hui. Hélas, nous n’avons jamais opéré les percées diplomatiques dont nous avions besoin.

 

Le message de Poutine a été clair : « Vous ne nous avez pas écouté alors, vous allez nous écouter maintenant ». Après quoi, il a poursuivi par ce qui ne peut être décrit que par « un Pearl Harbour militaro-technologique bute sur Stalingrad ». Les ramifications stratégiques des derniers systèmes d’armement présentés par Poutine sont immenses. En fait, elles sont historiques par nature. Bien entendu, beaucoup des « spécialistes » américains, comme il fallait s’y attendre, n’y ont vu que des fanfaronnades et les ont écartées avec dédain. C’est ce à quoi il fallait s’attendre de la part de la communauté des « experts » militaires US. D’autres n’ont pas été aussi dédaigneux et certains, même, ont subi un choc profond. L’impression générale, aujourd’hui, un jour après la présentation de Poutine, peut être décrite en termes simples de la façon suivante : le fossé entre les missiles des deux puissances est réel, et, en fait, il ne s’agit pas d’un fossé mais d’un véritable abîme technologique. Paradoxalement, cet abîme ne se situe pas là où beaucoup l’admettent – tels que le missile balistique Sarmat RS28 par exemple, dont l’existence et les principales caractéristiques sont plus ou moins connus depuis des années. C’est indéniablement une réussite technologique impressionnante qu’un missile balistique d’une portée pratiquement illimitée, également capable de trajectoires qui rendent inutile toute espèce de Défense Anti-Missile. Quand tout est dit, être attaqués du Pôle Sud via l’Amérique du Sud n’est pas une éventualité que l’armée US est capable d’affronter. Probablement pas pendant de très nombreuses années.

Le système russe d’armement planeur hypersonique M = 20+ appelé Avangard, qui est déjà produit en série, n’est pas non plus un développement inattendu – les USA ont leur propre programme, quoique pas encore performant, pour ce type d’armement, et ces idées étaient envisagées  aux USA depuis la mi-2000, sous l’égide du PGS (= Prompt Global Strike « Frappe Rapide Globale »). Oui, ce sont là des réussites technologiques étonnantes de la part de la Russie –le terme « bizarre » qu’emploie Jeffrey Lewis servant d’euphémisme à « nous n’avons rien de comparable » – mais ce n’est même pas là que devrait être le choc réel. Plusieurs de mes articles sur cette ressource se sont focalisés précisément sur le secteur où les États-Unis sont lanterne rouge : les missiles de croisière, de toutes sortes. J’ai prédit, il y a bien des années, que le déclin militaire américain réel viendrait de là. Aujourd’hui, il est manifestement évident que la Russie détient un avantage militaro-technologique écrasant en matière de missiles de croisière et aéro-balistiques, et qu’elle a des décennies d’avance sur les USA dans ce champ d’action crucial.

Pendant que tous les pontes de l’« expertise » occidentale discutaient ces systèmes d’armement exotiques et indubitablement impressionnants destinés au largage d’armes nucléaires avec la plus grande précision sur n’importe quel point du globe, beaucoup de vrais professionnels ont tout à coup manqué d’air quand a été dévoilé le Poignard (Kinshal). Celui-là change véritablement la donne : géopolitiquement, stratégiquement, opérationnellement, tactiquement, et psychologiquement. On savait déjà depuis un certain temps que la Marine russe déployait un missile anti-navires 3M22 Zircon capable d’atteindre M=8+. Comparé à l’impressionnant Zirkon virtuellement non-interceptable par quelque défense aérienne que ce soit, le Kinzhal ne choque que par ses capacités. Celui-ci, qui est un missile anti-balistique conçu d’après le modèle des Iskander, pouvant atteindre M=10+, hautement manoeuvrable, d’une portée de 2000 kms et transporté par des MiG-31BM, vient de ré-écrire le manuel de la guerre navale. Il rend les grandes flottes de surface et leurs nombreux combattants parfaitement obsolètes. Non, vous n’avez pas mal lu : aucun système de défense anti-aérienne ou anti-missiles dans le monde, aujourd’hui (peut-être à l’exception du M-500 qui arrive, spécifiquement destiné à l’interception de cibles super-soniques) n’est capable de rien y faire, et il y a gros à parier qu’il faudra des décennies pour trouver l’antidote. Pour être très précis : aucun système de défense moderne ou envisageable, déployé aujourd’hui par aucune flotte de l’OTAN, ne peut intercepter ne fût-ce qu’un seul missile doté de ces caractéristiques. Une salve de 5 ou 6 de ces missiles garantit la destruction de tout CBG (carriers battle group, « groupe d’intervention porte-avions ») ou tout autre groupe de surface d’ailleurs, et tout cela sans même faire usage de munitions nucléaires.

L’utilisation d’une telle arme, surtout depuis que nous savons qu’elle est déjà déployée dans la Région Militaire Méridionale de Russie, est très simple : le point de largage le plus probable de missiles par les MiG-31 se trouvera dans les eaux internationales de la Mer Noire, fermant ainsi toute la Méditerranée Orientale aux navires ou groupes de navires de surface. La Russie est également en mesure de fermer complètement le Golfe Persique. Cette utilisation peut également créer une vaste zone d’exclusion dans le Pacifique, où les MiG-31BM de Yelizovo, au Kamtchatka, ou de la Base aérienne Centralnaya Uglovaya à Primorski Krai, seront capables de patrouiller à de très grandes distances sur l’océan. C’est remarquable, cependant, que la plateforme actuelle de lancement du Kinzhal soit le MiG31, indéniablement le meilleur intercepteur dans l’histoire. Il est évident que la capacité du MiG31 à atteindre de très grandes vitesses supersoniques (très au-delà de M=2) est un facteur-clé dans le lancement. Mais laissons de côté les processus de lancement de cette arme terrifiante. Les conséquences stratégiques du déploiement opérationnel de Kinzhal sont les suivantes :

 

– Il renvoie définitivement les porte-avions à une niche de simples projecteurs de puissance contre des adversaires faibles et sans défense et très éloignés de la zone maritime de la Russie, que ce soit en Méditerranée, dans le Pacifique ou l’Atlantique Nord. Cela signifie aussi une zone d’exclusion complète pour tous les 33 destroyers et croiseurs US équipés d’Aegis, qui ont une importance cruciale dans le Ballistic Missile Defense américain.

 – Il rend les CBG classiques, considérés comme force de frappe contre un pair ou un quasi-pair, complètement obsolètes et inutiles; il rend également tout navire de combat de surface sans défense, indépendamment de ses capacités en défense anti-aérienne ou anti-missiles. Il annule complètement des centaines de milliards de dollars d’investissements dans ces plateformes et armements, qui ne sont plus rien d’autre, tout à coup, que des cibles sans défense. Toute la conception de la guerre air-mer, alias Joint Concept for Access and Maneuver in the Global Commons (JAM-GC), qui est la pierre angulaire de la domination mondiale américaine, devient simplement inutile, catastrophe à la fois doctrinale et financière

Le contrôle des mers et l’interdiction maritime changent de nature et fusionnent. Ceux qui possèdent de telles armes possèdent littéralement de vastes espaces maritimes, qui ne sont limités que par la portée du Kinzhal et de ses transporteurs. Il enlève aussi tout soutien de surface aux sous-marins dans les régions concernées, les exposant ainsi aux patrouilles aériennes de l’ASW [Anti-Submarine Warfare, « guerre anti-sous-marine »] et aux navires de surface. L’effet est multiplicatif et profond.

 

La Russie a beaucoup de ces transporteurs : le programme de modernisation des MiG-31 en BM tourne à plein régime depuis plusieurs années déjà, les unités de l’Armée de l’Air de première ligne voyant arriver un nombre considérable de ces avions. On comprend très bien maintenant pourquoi cette modernisation a été entreprise : elle a fait des MiG31-BM des plateformes de lancement pour le Kinzhal. Comme le major-général de la Navy James L. Jones l’a exprimé en 1991, après la première guerre du Golfe : « Tout ce qu’il faut pour paniquer un groupe de bataille, c’est que quelqu’un jette un ou deux tonneaux de 50 gallons dans l’eau. » Le Kinzhal supprime efficacement toute force de surface non-suicidaire à des milliers de miles des côtes de la Russie et ôte toute signification à ses capacités. En langage profane, cela ne signifie qu’une chose : toute la composante de surface de l‘US Navy devient une force complètement creuse, tout juste bonne pour les défilés et les manifestations d’intimidation, proches ou dans les eaux de nations  faibles ou sous-développées. Et cela peut être fait pour une infime fraction du prix astronomique des plateformes et armements US.

Il est très difficile, à ce stade de prédire entièrement les retombées politiques qu’aura, aux États-Unis, le discours de Poutine. Ce qui est facile à prédire cependant, c’est l’utilisation qui sera faite du cliché rebattu de l’asymétrie. L’utilisation de ce cliché ne correspondra pas à la réalité. Ce qui s’est produit le 1er mars de cette année, avec l’annonce et la démonstration des nouvelles armes russes, n’est pas asymétrique, c’était la prise en compte de l’arrivée définitive d’un paradigme complètement nouveau dans la guerre, dans la technologie militaire et, par voie de conséquence dans l’art stratégique et opérationnel. Vieilles règles et ancien savoir ont cessé d’être d’application. Les États-Unis n’étaient pas et ne sont toujours pas préparés à cela, en dépit du fait que de nombreux professionnels, y compris aux USA, avaient avertis des nouveaux paradigmes militaro-technologiques et mis en garde contre la complète myopie et l’hybris de l’Amérique dans tout ce qui touche au militaire. Comme le colonel Daniel Davies a été forcé de l’admettre :

 

 « Quelque justifiée qu’ait été la fierté à une certaine époque, elle s’est rapidement transformée en déplaisante arrogance. Maintenant, c’est un véritable danger pour la Nation. Il n’y a peut-être pas de meilleur exemple de ceci que le système d’acquisitions dysfonctionnel du Pentagone. »

 

On peut prédire aujourd’hui, dans le contexte actuel de la démarche américaine en matière de guerre, qu’il n’y aura pas de réponse technologique sensée de l’Amérique à la Russie dans un futur prévisible. Les Américains n’ont tout simplement pas les ressources qu’il faut, mise à part la planche à billets, et feraient complètement faillite s’ils essayaient de s’y atteler. Mais le fait est, et les Russes le savent, que le discours de Poutine n’avait pas pour but de menacer directement les États-Unis qui, qu’on le veuille ou non, sont simplement sans défense contre la pléthore des armes hypersoniques russes. La Russie ne s'est pas donné pour but de détruire les États-Unis. Les actes de la Russie sont dictés par une seule nécessité : celle de pointer un fusil sur une brute épaisse, alcoolique et braillarde, qui joue du couteau dans un bar, pour la forcer à écouter ce que les autres ont à lui dire. En d’autres termes, la Russie amène le fusil dans une rixe à l’arme blanche, et il semble que ce soit la seule façon possible d’en user avec les États-Unis aujourd’hui.

Dans le cas hautement souhaitable où les mises en garde et la démonstration de la supériorité mililitaro-technologique russe auraient un effet, comme c’est l’intention russe depuis le début, quelque conversation de bon sens sur le nouvel ordre du monde pourrait enfin commencer entre des acteurs géopolitiques-clé. Le monde ne peut plus se permettre de laisser le champ libre à un état-voyou, plein de vide et mégalomane, qui ne sait pas ce qu’il fait et menace la stabilité et la paix du monde. L’hégémonie auto-proclamée de l’Amérique a pris fin là où les choses comptent pour tout hégémon réel ou supposé : dans le domaine militaire. Elle a pris fin depuis quelque temps déjà, il a juste fallu le discours de Poutine pour démontrer la pertinence du bon vieux truisme d’Al Capone, qu’on va plus loin avec une bonne parole et un fusil qu’avec une bonne parole toute seule. Après tout, la Russie a vraiment essayé de la bonne parole toute seule. Cela n’a pas marché et les États-Unis n’ont qu’eux-mêmes à blâmer pour cela.

Source : http://www.unz.com/article/the-implications-of-russias-ne...

Traduction : c.l. pour Les Grosses Orchades

  

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À suivre :

Les commentaires politiques du Saker sur ce qui précède.

 

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Pour ceux qui – en Europe surtout – n’auraient pas compris, Manlio Dinucci enfonce le clou :

 

L’art de la guerre

L’avertissement nucléaire de Poutine

 

Manlio Dinucci – il manifesto – 9 mars 2018

Traduction : Marie-Ange Patrizio

 

Le discours du président russe Poutine sur l’état de la nation, dédié aux questions internes et internationales, a suscité en Italie un faible intérêt politico-médiatique et quelques commentaires ironiques. Pourtant il devrait être écouté avec une extrême attention. 

Évitant les périphrases diplomatiques, Poutine joue cartes sur table. Il dénonce le fait que dans les 15 dernières années les États-Unis ont alimenté la course aux armements nucléaires, en essayant d’acquérir un net avantage stratégique sur la Russie. Cela est confirmé même par la Fédération des scientifiques américains : grâce à des techniques révolutionnaires, les USA ont triplé la capacité destructrice de leurs missiles balistiques d’attaque nucléaire. En même temps –souligne Poutine – les USA, sortant du Traité ABM, ont déployé un système mondial de « défense anti-missiles » pour neutraliser la capacité russe de répondre à une première attaque nucléaire. Dans le sillage de l’expansion de l’OTAN à l’Est, ils ont installé des sites de missiles en Roumanie et en Pologne, tandis que d’autres systèmes de lancement (de missiles non seulement intercepteurs mais aussi d’attaque nucléaire) se trouvent sur 18 navires de guerre déployés dans des aires proches du territoire russe.

Plusieurs fois la Russie a averti les États-Unis et les états européens membres de l’OTAN que, en riposte à ce déploiement, elle allait adopter des contre-mesures. « Mais personne ne nous écoutait, donc maintenant écoutez-nous », prévient Poutine. Il passe ainsi au langage de la force, le seul à l’évidence qu’on comprend à Washington.

Après avoir rappelé qu’à la suite de l’écroulement de l’URSS la Russie avait perdu 44,6% de son potentiel militaire et que les USA et leurs alliés étaient persuadés qu’elle n’aurait plus pu le reconstruire, Poutine montre sur deux grands écrans les nouveaux types d’armes stratégiques développés par la Russie.

Un missile de croisière lancé depuis les airs armé de tête nucléaire, avec rayon d’action pratiquement illimité car alimenté à l’énergie nucléaire, une trajectoire imprévisible et la capacité de pénétrer à travers n’importe quelle défense anti-missile.

Les missiles Kinzhal (Poignard) et Avangard, à vitesse hypersonique (plus de 10 fois celle du son).

Le missile balistique intercontinental Sarmat de 200 tonnes sur plate-forme mobile, avec  une portée de 18.000 Km, armé de plus de 10 têtes nucléaires qui manoeuvrent à la vitesse hypersonique pour échapper aux missiles intercepteurs. 

Un drone sous-marin plus rapide qu’une torpille qui, alimenté à l’énergie nucléaire, parcourt des distances intercontinentales à grande profondeur pour atteindre des ports et fortifications côtières avec une tête nucléaire de grande puissance. 

Poutine révèle les caractéristiques de ces armes car il sait que les États-Unis sont en train de développer des armes analogues et qu’il veut les avertir que la Russie est désormais à leur niveau ou à un niveau supérieur.

Cela confirme que la course aux armements nucléaires se joue non pas sur la quantité mais, de plus en plus, sur la qualité des armes, c’est-à-dire sur le type de vecteurs et sur les capacités offensives des têtes nucléaires. Cela confirme en même temps le péril croissant que nous courons en ayant sur notre sol des armes nucléaires et des installations stratégiques étasuniennes, comme le MUOS et le JTAGS en Sicile.

Le ministre des Affaires étrangères russe Lavrov dénonce : « Les États européens non-nucléaires membres de l’OTAN, violant le Traité de non-prolifération, se trouvent entraînés par les USA à l’utilisation d’armes nucléaires tactiques contre la Russie ». L’avertissement est clair, y compris pour l’Italie. Mais aucun des principaux partis n’en a pris acte, en effaçant de la campagne électorale, avec une sorte d’accord tacite, toute référence à l’OTAN et aux armes nucléaires. Comme si cela n’avait rien à voir avec notre avenir et avec notre vie même.

Édition de vendredi 9 mars 2018 de il manifesto

[Pour  des raisons éditoriales, la rubrique de mardi 6 mars de Manlio Dinucci est publiée dans il manifesto ce vendredi 9 mars ]

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Nous empruntons cet échantillon au Saker

 

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États-Unis : des sénateurs démocrates réclament d'urgence un dialogue stratégique avec la Russie

RT en français – 9 mars 2018

 

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La description de l'arsenal militaire russe faite par Vladimir Poutine début mars a poussé un groupe de sénateurs démocrates à militer pour l'ouverture d'un dialogue stratégique entre Washington et Moscou, en vue d'éviter tout conflit.

Dans une lettre publiée le 8 mars, les sénateurs démocrates américains Edward Markey, Jeff Merkley, Dianne Feinstein et l'indépendant Bernie Sanders ont appelé le secrétaire d'État américain Rex Tillerson à nouer d'urgence « un dialogue stratégique » avec la Russie.

Une prise de position à rebours des habituelles sorties du parti démocrate, que les sénateurs justifient par l'évocation du président russe de « plusieurs nouvelles armes nucléaires », notamment des missiles à longue portée et des drones sous-marins, lors de son discours devant le Parlement le 1er mars.

Sans revenir sur le discours désormais bien rodé des démocrates – qui accusent, toujours sans l'ombre d'une preuve, la Russie d'ingérence lors des élections américaines de 2016 – les sénateurs souhaitent que Washington et Moscou se rassemblent à la table des négociations pour discuter et éviter ainsi tout conflit potentiel. « C'est en raison de ces divergences politiques, et non malgré elles, que les États-Unis devraient d'urgence s'engager avec la Russie pour éviter les erreurs de calcul et réduire la probabilité d'un conflit », écrivent ainsi les sénateurs.

Ces derniers s'inquiètent notamment du fait que certaines des armes nucléaires russes présentées par Vladimir Poutine ne soient pas couvertes par le Traité sur la réduction des armes stratégiques, communément appelé le New START (pour Strategic Arms Reduction Treaty), et souhaitent donc élargir cet accord pour les y inclure.

Dans son discours du 1er mars, le président russe Vladimir Poutine avait justifié le développement de ces nouvelles armes comme une réponse au retrait des États-Unis du traité de réduction des armements stratégiques en 2002 et au déploiement de systèmes antimissiles en Europe de l'Est et en Corée du Sud. Pour Moscou, le développement du bouclier antimissile américain dans différentes régions du monde est à même de violer la parité stratégique et nucléaire entre les deux puissances. Ces nouvelles armes russes viendraient donc rétablir un équilibre brisé par Washington.

Lire aussi : Drones sous-marins, missiles : quelles sont les armes dernier cri dévoilées par Poutine ? (VIDEOS)

Source : https://francais.rt.com/international/48593-etats-unis-se...

 

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On vous avait promis des vagues. En voici déjà une médiatique.

 

Russie-OTAN : la fin du temps de latence

Fernand Le Pic – ANTIPRESSE – 10 mars 2018

 

La Russie a annoncé au monde qu’elle disposait d’armes qu’aucune armée du monde ne pouvait contrer. Face à cette information qui signifie un tournant géostratégique considérable, nos responsables politiques et médiatiques se taisent ou se gaussent. Est-ce bien raisonnable ?

Lors de son allocution annuelle devant le parlement fédéral russe du 1er mars dernier, le Président Vladimir Poutine a donc présenté de nouveaux types d’armements stratégiques, produits par les ingénieurs de son pays. Qu’ils soient destinés à se mouvoir dans l’atmosphère, à travers l’espace ou sous les mers, leurs performances sont hors normes: vitesse hypersonique, allant pour certaines jusqu’à 20 fois la vitesse du son, portée illimitée grâce à des propulseurs nucléaires miniaturisés, hypermaniabilité, furtivité, etc. De quoi rendre inopérants tous les systèmes de défense antimissiles en fonction à ce jour, en particulier américains. Le message est très clair : non seulement les Russes ont pris une longueur d’avance technologique sur les États-Unis, mais leurs armes ont des capacités offensives qui ne permettront pas à Washington de les parer en cas de guerre. Et pour bien marquer les esprits, Vladimir Poutine a fait projeter une animation dans laquelle une volée de ses missiles s’abat sur la Floride, et pas n’importe où. La cible qu’on y distingue très clairement se situe dans la région de Tampa, où sont installés plusieurs centres névralgiques vitaux du complexe militaire américain, tous regroupés sur la base aérienne de MacDill. Il s’agit en particulier du quartier général du CENTCOM (Commandement de la « région Centre »), c’est-à-dire l’état-major interarmes conduisant à distance les opérations militaires du grand Moyen-Orient. La zone en question s’étend, au sud, de l’Égypte au Kenya, et remonte en diagonale vers le nord jusqu’au Kazakhstan, c’est-à-dire aux frontières de la Russie. Elle inclut les théâtres des guerres ouvertes du moment au Yémen, en Syrie, en Irak et en Afghanistan, outre l’Iran et le Pakistan. Plus de 510 millions de personnes y vivent, réparties dans 20 pays, à la merci d’un ordre létal donné, demain, par le général quatre étoiles Joseph Votel, grand chef de ce CENTCOM. Celui-là même que le président turc Erdoğan avait accusé d’avoir soutenu le putsch avorté contre lui en 2016.

MacDill abrite aussi le quartier général du Commandement des opérations spéciales des États-Unis (SOCOM) ainsi que le commandement central du Corps des Marines (COMUSMARCENT), outre une vingtaine d’autres unités allant de la cyberguerre aux prestations médicales, en passant par le génie civil et la gestion mondiale des carburants de l’US Air Force.

 

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Un chakra militaire anéanti

Si ce véritable chakra militaire est présenté aussi ouvertement comme une cible acquise, il y a fort à parier que ce n’est pas du bluff. D’autant que Vladimir Poutine l’a dit mot pour mot, s’adressant directement aux États-Unis et à tous ses affidés : « Ce que je dis n’est pas du bluff, croyez-le, réfléchissez bien maintenant, cessez de perdre votre temps ». Lui qui est si peu disert, surtout en matière militaire, ne mériterait-il pas d’être pris au mot ? En ce 1er mars 2018, non seulement il expose mais il tance : « Personne ne voulait nous parler sur le fond, personne ne voulait nous écouter. Maintenant, vous allez nous écouter ! »

S’il dit vrai, si véritablement son armement de nouvelle génération est « unique au monde et n’est égalé par nul autre », son discours ne marquerait-il pas un tournant historique dans les rapports de forces géostratégiques ? N’est-ce pas l’annonce officielle de la fin du temps de latence postsoviétique ?

Si tel est le cas, comment peut-on s’expliquer le silence assourdissant des chefs d’État occidentaux? Angela Merkel est la seule à s’être fendue d’un communiqué laconique, relatant sa brève conversation téléphonique (sur écoute de la NSA) avec Donald Trump, au cours de laquelle ils se seraient simplement dits « inquiets ».

Inquiets de quoi ? D’une attaque des Russes ? Poutine a répété des centaines de fois et encore dans ce discours, qu’il ne prendrait aucune initiative offensive. Inquiets d’une contre-attaque des Russes alors ? Mais dans ce cas, qui les aurait attaqués en premier ? Les Américains seuls ou accompagnés d’une nouvelle grande armada de la « Communauté internationale » ? Mais quel résidu d’information tronquée le peuple aurait-il encore le droit de glaner à partir de cette énigmatique « inquiétude » N’est-ce pas le rôle de la presse d’aider le bon peuple à en demander des comptes précis à ses princes ?

 

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Quant à Emmanuel Macron, on aura beau chercher dans les communiqués officiels de l’Élysée : nada, rien, walou ! Pas une ligne sur le discours de Moscou. Certes, Macron a bien eu, lui aussi, sa conversation téléphonique sur écoute avec Trump, mais pour évoquer la Syrie et le sort des Casques blancs, pas officiellement pour parler du discours de Poutine. Évoquer une telle « inquiétude » de la bouche de son président, serait-il déjà trop risqué pour la France ? Serait-elle en passe de glisser en chambre de réveil, cette France depuis trop longtemps comateuse ? Quant aux autres chefs d’État européens, idem : silence radio absolu. Pourtant, ils ne se privent pas d’entraîner leurs pilotes d’élite à des attaques nucléaires aériennes tactiques contre la Russie. Nom de code de ces exercices de fin du monde : « Steadfast Noon ». Le dernier a eu lieu en octobre 2017. Y batifolèrent les forces aériennes stratégiques belges (depuis la base de Kleine Brogel), allemandes (depuis la base de Büchel, où sont justement stockées les bombes nucléaires tactiques américaines B61), italiennes, hollandaises et bien sûr américaines. On y a même aperçu des Gripen tchèques et des F-16 polonais.

 

L’indice d’une guerre nucléaire de basse intensité

Et si c’était justement cela, l’immonde cachotterie : une attaque nucléaire tactique de faible puissance, histoire de contaminer un no-man’s land, de débiter de fines cicatrices radioactives et bien infranchissables pour quelques siècles, dans le Donbass ou mieux, en Syrie ? Tiens donc ! C’est justement contre cela que Poutine a le plus sérieusement mis en garde l’Occident : si une attaque nucléaire, même de très faible intensité, devait se produire contre un allié de la Russie, cela équivaudrait à une attaque nucléaire de pleine capacité contre la Russie elle-même et se traduirait par une riposte nucléaire immédiate. Voilà qui n’est pas rien, au moment même où le président de la Russie affirme que ses armes atteindront leur cible, ce qu’en fait on savait déjà.

Eh oui, la Russie dispose de missiles hypersoniques opérationnels depuis 1997, les Topol-M. Leur dernière version trace déjà à 26’400 km/h ! Les États-Unis ont bien tenté de développer des systèmes d’interception, comme le Ground-Based Midcourse Defense (GMD), censé intercepter ces missiles à mi-parcours depuis l’Alaska et la Californie. Mais ce joujou à plus de 40 milliards de dollars est loin d’être efficace. Il n’est équipé à ce jour que d’une quarantaine d’intercepteurs et leur taux de réussite est de 25 %. Autrement dit, il faut quatre intercepteurs pour un missile balistique russe (ou chinois). Par conséquent, la capacité réelle d’interception du GMD se limite à 11 missiles balistiques tirés sur les États-Unis. Or la Russie en possède plus de mille. Les États-Unis ne résisteraient donc pas à un tir de barrage. Et voici à présent que Poutine leur assène qu’avec un seul de ses nouveaux engins, par exemple le RS-28 Sarmat, il peut atteindre le même résultat : passer et toucher.

De tout cela n’a émergé aucun débat public, aucune interpellation parlementaire, aucune demande de reddition de comptes sur les projets morbides des généraux américains et otaniens, tous plus étoilés les uns que les autres. Quant à accepter l’invitation de Poutine à négocier d’une nouvelle configuration sécuritaire, économique et culturelle pour l’humanité : vous n’y pensez pas, ma bonne dame !

On se contente de persifler, de réduire cette allocution d’une importance capitale à de la propagande électorale en vue du scrutin présidentiel russe du 18 mars prochain, pourtant joué d’avance. On badine avec des analyses sémantiques d’entomologistes pour y trouver le sédiment d’un fond nostalgique soviétisant. Et si nécessaire, on organisera des effets de contre-annonce du type longueur de jupe de Madame Macron®, héritage de Johnny ou promenade à dos d’éléphant au pays des Maharajas. Au pire, une catastrophe naturelle, un attentat ou une chute boursière feront l’affaire.

 

13. Fernand Le Pic.jpgArticle de Fernand Le Pic paru dans la rubrique « Angle mort » de l’Antipresse n° 119 du 11/03/2018.

Fernand Le Pic

 

Arpenteur d’Angles morts à l’ANTIPRESSE. Suivez mes trouvailles sur antipresse.net.

 

 

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Pendant qu’on y est.

 

L’ANTIPRESSE a besoin de 500 abonnés pour pouvoir lancer la version papier de son Drone nouveau-né.

C’est là :

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Mis en ligne le 11 mars 2018.

 

 

 

23:56 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Web | Lien permanent | Commentaires (1) |  Facebook |

07/03/2018

QUELLE ESPÈCE D'ANIMAL SOMMES-NOUS ?

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3 bis. Manuel de Diéguez.JPG

 

Quelle espèce d'animal sommes-nous ?

 

L'anthropologie scientifique, donc philosophique, se trouve à une croisée crucifiante de son chemin. Le Président Vladimir Poutine en a pris date le 27 février 2018. C'est à ce titre, en réalité, qu'il s'est demandé dans quelles conditions la bombe atomique serait utilisable par la Russie. Premièrement, dit-il, dans le cas où la Russie serait la victime d'une attaque nucléaire, secondement, dans le cas où une attaque avec des armes conventionnelles mettrait son existence même en péril.

En vérité la première de ces deux menaces ne ferait qu'illustrer le schéma actuel de la dissuasion actuellement conforme à tous les schémas prévus par tous les états-majors en droit international actuel. Si la bombe avait existé en 1940, la France du six juin aurait été mise dans ce type d'inexistence juridique.

La seconde hypothèse renvoie la réflexion à un fondement beaucoup plus originel, car, dans ce cas, la question réellement posée en profondeur est de savoir si l'homme est un animal guerrier au sens où le lion a des griffes et une mâchoire, le rhinocéros une corne et l'éléphant des défenses d'ivoire. Les éléphantologues viennent de découvrir avec une intense stupéfaction, qu'il nait désormais des éléphants privés des défenses redoutables de leurs ancêtres, comme si, dans la profondeur de ses mystères, la nature et la vie avaient déjà pris leurs dispositions afin de faire face à cette situation. Pour l'instant, les faits contredisent une telle hypothèse.

L'heure a sonné pour la philosophie de se demander si l'homme appartient à une espèce guerrière à titre psychobiologique ou seulement au gré des circonstances. Car enfin, la bombe d'Hiroshima remonte à soixante-treize ans. Elle a paru seulement aux yeux de quelques esprits d'avant-garde illustrer la fin de toute guerre, du moins entre les continents et les civilisations. Puis ce verdict a semblé confirmé par l'invention de la bombe thermonucléaire que la France a mis plusieurs années à redécouvrir, parce que son déclencheur était trop simple pour les élèves de nos grandes écoles : il suffisait de lui donner une bombe d'Hiroshima miniaturisée pour déclic.

Tout le monde admet que la bombe thermonucléaire ne fait reposer la guerre que sur un seul ressort - la dissuasion - c'est-à-dire sur l'art d'éviter une catastrophe mondiale sans remède. Car enfin, l'arrière-plan mythique de l'arme thermonucléaire fait entrer la terreur militaire dans son aura le plus primitif, l'aura théologique d'une fin apocalyptique du monde.

Et pourtant, le Général de Gaulle lui-même n'a cru que fort tardivement que la guerre atomique était impossible - il croyait en l'imminence d'une guerre de ce type entre les États-Unis et l'URSS. Puis il a cru que l'arme française qualifiée de « tous azimuts » serait utilisable solitairement et serait miraculeusement immunitaire au profit de la seule France. Et que se passe-t-il sous nos yeux ? Les États-Unis mettent en scène sur tous les océans une armada impavide de douze porte-avions à propulsion nucléaire dont la plupart à rayon d'action illimité et ils viennent d'inscrire dans leur programmation la possibilité, qu'ils revendiquent désormais, d'utiliser l'arme atomique les premiers, donc en solitaires.

Or, tous les stratèges de grande envergure d'aujourd'hui savent que porte-avions sont des iles flottantes vulnérables à souhait, tous les vrais connaisseurs de la guerre navale moderne savent que quelques centaines de missiles lancés à partir des rivages et enfouis à des dizaines de mètres sous terre, en auraient raison en quelques secondes. C'est à cette réalité nouvelle que Vladimir Poutine a clairement fait allusion le 27 février.

Or le monde entier fait semblant d'ignorer ce qui se trouve actuellement théorisé, donc actualisé dans quelques cerveaux d'avant-garde. C'est donc bel et bien que le besoin de croire en une volonté guerrière immanente à la psychophysiologue du simianthrope est intouchable et d'origine quasiment sacrée. C'est donc bel et bien que cette bête est née et mourra belliqueuse, c'est donc bel et bien que ce bipède se croirait hors jeu et définitivement émasculé s'il perdait sa passion d'anéantir son voisin et lui-même en retour.

De même des milliers de bombardiers lourds se font de leur cargaison de terreur un glorieux holocauste potentiel, de même, sans encore oser l'avouer, toutes les nations dites civilisées ont amplifié et perfectionné leurs armes chimiques et biologiques. Mais elles se révèlent inégales dans l'art d'affiner leur stockage et leur protocole d'utilisation; et tous les océans du monde emplissent leurs vastes flancs de sous-marins branchés à leur tour sur l'apocalypse atomique.

Que va-t-il donc immanquablement arriver sur la planète des guerriers aveugles ? J'ai déjà raconté sur ce site comment en 1962, Raymond Aron, l'illustre auteur de l'Introduction à la philosophie de l'histoire et éditorialiste au Figaro, avait tenu à me rencontrer à la suite d'un article sur la dissuasion nucléaire que j'avais publié dans la revue Esprit, à une époque où le premier ministre du Général de Gaulle, M. Michel Debré, s'ingéniait à inspirer des pseudo-stratèges de la guerre nucléaire française dans les colonnes de la Revue de défense nationale: « Naturellement, me dit l'illustre Pic de la Mirandole de la géopolitique de l'époque, à la première attaque nucléaire russe, on capitule. » Et, comme je lui demandais pourquoi il n'osait pas l'écrire noir sur blanc dans un éditorial du Figaro, sa seule réponse confirma ses vues : « Cela ne servirait à rien ».

Mais aujourd'hui, il est clair que la seule connaissance humaine qui puisse se qualifier de scientifique est philosophique, parce qu'elle se révèle une anthropologie abyssale depuis Socrate et Platon. C'est elle qui, seule dans le parc d'attraction du monde moderne qu'on appelle les sciences humaines, aille plus loin dans le défrichage de l'inconscient de la bête onirique que nos psychanalystes qui se révèlent bien incapables d'entrer dans le gouffre de l'avenir riche en vertiges de Socrate.

Or, une paralysie nouvelle du cerveau simiohumain se profile à l'horizon: nous commençons de savoir qu'une guerre thermonucléaire n'est pas menable sur un champ de bataille réel. Nous commençons également de savoir qu'il sera impossible de feindre longtemps de nous menacer de l'apocalypse les uns les autres sur un astéroïde minuscule. Nous commençons de savoir que l'ère des rodomontades est nécessairement d'une durée limitée et que nos croiseurs nucléaires voient l'opulence de leurs pavanes sur les ondes menacée d'un prompt engloutissement ; car si le ridicule dure dans la minusculité qui le cache à tous les regards, le ridicule porté au titanesque tombe dans le grotesque et fait appel au grand rire des Rabelais et des Aristophane, des Cervantès et des Shakespeare , des Swift et des Voltaire.

8 mars 2018

Source : http://aline.dedieguez.pagesperso-orange.fr/tstmagic/1024...

 

 

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AFRIQUE

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AU FIL DES JOURS ET DES LECTURES N° 213

4 mars 2018

 

5. Afrique du Sud.jpg

 

L’arrivée à la présidence de l’Afrique du Sud du milliardaire et ancien syndicaliste Cyril Raphamosa vient de rappeler assez cruellement que la direction politique du pays par l’ANC depuis 1994 n’a pas modifié profondément les rapports de classe dans ce pays et que les revendications de transformation sociale portées par les combattants de la lutte anti-apartheid sont restées lettre morte .

Il nous a paru, à cette occasion, intéressant de traduire le texte d’un discours du  grand journaliste australien JOHN PILGER prononcé en 2014 en Afrique du Sud. Il a prononcé en Novembre 2017 un discours très semblable avec les mêmes précisions sur l’histoire interne de l’ANC mais dont le texte n’a pas été transcrit (pour les anglophones la vidéo de la conférence de 2017  est disponible sur :

https://cdnapisec.kaltura.com/index.php/extwidget/preview...

 

JOHN PILGER s’y exprime très clairement et très posément).

PILGER décrit bien le moment historique précis – les années 85 – où l’apartheid devient un obstacle au développement du capitalisme sud-africain, qui a été protégé sans relâche par le grand capital étasunien, et à son insertion dans le mouvement général de néo-libéralisation de l’économie mondiale (années REAGAN THATCHER) qui sera matérialisé par la chute de l’URSS.

Le Parti communiste sud-africain, allié historique de l’ANC, ne s’opposera pas à l’évolution de l’ANC. Il est vrai qu’à l’époque le mouvement communiste international est dans un très grand état de faiblesse. Malgré ce, à l’inverse de Mandela et de Ramaphosa, Chris Hani le dirigeant du PC sud-africain sera assassiné dès sa sortie de prison.

George Soros, plus tard, affirmera que l’ANC au pouvoir a fait rentrer l’Afrique du Sud dans l’économie de marché, « elle est maintenant entre les mains du capital international ».

 

 

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Afrique du Sud : 20 ans d'apartheid sous un autre nom

John PILGER – 13 avril 2014

 

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Sur mon mur à Londres est ma photo préférée de l'Afrique du Sud. Toujours fascinante à voir, cette image de Paul Weinberg où une femme seule debout entre deux véhicules blindés, les infâmes « hippos », qui roulaient dans Soweto. Ses bras sont levés, poings serrés, son corps mince attirant à la fois l’attention et défiant l'ennemi.

C'était le premier mai 1985, le dernier grand soulèvement contre l'apartheid avait  commencé. Douze ans plus tard, mes trente ans d'interdiction d’Afrique du Sud enfin levés, j’eus un pincement de cœur au moment de débarquer à l’aéroport Jan Smuts quand je tendis mon passeport à l'agent de l'immigration noire. « Bienvenue dans notre pays », dit-elle.

J'ai rapidement découvert qu'une grande partie de l'esprit de la résistance incarné  dans cette femme courageuse de Soweto avait survécu, avec un ubuntu* qui a appelé l'ensemble de l'humanité africaine, la générosité et l'ingéniosité politique - par exemple, dans la résolution digne de ceux que je regardais former un mur humain autour de la maison d'une veuve menacée d’être privée d’électricité, et leur refus des « maisons RDP » qu'ils ont appelées « cages » ; et dans les manifestations de masse palpitantes des mouvements sociaux qui sont parmi les plus sophistiqués et dynamiques dans le monde.

Au vingtième anniversaire du premier vote démocratique le 27 avril 1994, c'est cette résistance, cette force de la justice et du vrai progrès démocratique, qui devrait être célébrée, alors que sa trahison et son gaspillage devraient être compris et susciter une réaction.

Le 11 février 1990, Nelson Mandela est sorti sur le balcon de l'Hôtel de Ville du Cap avec le leader des mineurs Cyril Ramaphosa qui le soutenait. Enfin libre, il a parlé à des millions de personnes en Afrique du Sud et dans le monde. C'était le moment, une fraction de seconde aussi rare et puissante que n'importe quelle autre dans le combat universel pour la liberté. Il semblait que la Puissance morale et la puissance de la justice pouvaient triompher de tout, de toute orthodoxie. « C'est le moment d'intensifier la lutte », a déclaré Mandela dans un discours fier et mordant, peut-être son meilleur, ou le dernier de ses meilleurs discours.

Le jour suivant, il apparut comme se corrigeant lui-même. La règle de la majorité ne ferait pas des noirs des « dominants ». Le recul s'est accéléré. Il n'y aurait pas de propriété publique ni des mines ni des banques ni des monopoles industriels rapaces, pas de démocratie économique, comme il l'avait promis avec les mots : « un changement ou modification de notre point de vue à cet égard est inconcevable ».

Rassurant l'establishment blanc et ses alliés étrangers dans les affaires, la véritable orthodoxie et le copinage qui avaient construit, entretenu et renforcé l'apartheid fasciste, sont devenus le programme  politique de la « nouvelle » Afrique du Sud.

Des accords secrets ont facilité cette évolution. En 1985, l'apartheid avait subi deux catastrophes : la bourse de Johannesburg s'était effondrée et le régime ne pouvait plus rembourser  sa  dette étrangère. En septembre de la même année, un groupe dirigé par Gavin Relly, président de l'Anglo-American Corporation, a rencontré Oliver Tambo, président de l'ANC, et d'autres agents de la guerre de  libération dans la région de Mfuwe en  Zambie.

Le message de Relly était qu'une « transition » de l'apartheid à une démocratie électorale noire n'était possible que si « l’ordre » et « la stabilité » étaient garantis. C'était le code libéral pour un État capitaliste dans lequel la démocratie sociale et économique ne serait jamais une priorité. L'objectif était de diviser l'ANC entre les « modérés » avec qui ils pouvaient « faire affaire » (Tambo, Mandela et Thabo Mbeki) et la majorité qui composait l'United Democratic Front (Front Uni Démocratique-FUD) et se battait dans les rues.

La trahison du FUD et de ses composantes les plus efficaces, telles que l'Organisation Civique Nationale, est aujourd'hui une histoire secrète poignante.

Entre 1987 et 1990, l'ANC dirigé par Mbeki a rencontré une vingtaine de membres éminents de l'élite afrikaner à un château près de Bath, en Angleterre. Autour de la cheminée à Mells Park House, ils buvaient du vin millésimé et du whisky de malt. Ils blaguaient en mangeant du raisin « illégal », d'Afrique du Sud, alors soumis à un boycott mondial, « c'est un monde civilisé », se rappelle Terreblanche Mof agent de change, et ami de F.W. De Klerk. « Si vous prenez un verre avec quelqu'un... et encore un autre… cela apporte de la compréhension. Vraiment, nous sommes devenus amis. »

Ces réunions conviviales ont été si secrètes que personne à l’exception d’un petit nombre de dirigeants de l'ANC n’en connaissait l'existence. Les premiers à évoluer furent ceux qui ont profité de l’apartheid, comme le géant minier britannique Consolidated Goldfields, qui régla l’addition à Mells Park House. Le point le plus important discuté autour de la cheminée était de savoir qui contrôlerait le système économique derrière la façade de la « démocratie ».

Dans le même temps, Mandela menait ses propres négociations secrètes dans la prison de Pollsmoor. Son principal contact était Neil Barnard, un vrai apôtre de  l'apartheid qui a dirigé le Service national de renseignement. Des confidences furent échangées, des garanties recherchées. Mandela a téléphoné à P.W. Botha pour son anniversaire ; le Groot Krokodil l’a invité à prendre le thé et, comme Mandela l’a noté, il a lui-même servi le thé à son prisonnier. « Je suis sorti » a déclaré Mandela, « avec le sentiment que j'avais rencontré un créatif, un chef d’état chaleureux qui m'a traité avec tout le respect et la dignité que je pouvais attendre. »

C'était cet homme qui, comme Verwoerd et Vorster avant lui, avait envoyé toute une nation africaine dans un goulag vicieux qui était caché du reste du monde. La plupart des victimes ont été privées de justice et de reconnaissance pour cet énorme crime d'apartheid. Presque tous les verkramptes - comme les extrémistes, « créatifs et chaleureux » comme Botha – ont échappé à la justice.

Quelle ironie que ce soit Botha dans les années 80 – bien avant l'ANC une décennie plus tard – qui ait démantelé l'échafaudage de l’apartheid racial et, surtout, ait organisé la promotion d'un classe de noirs riches qui jouent le rôle sur lequel  Frantz Fanon avait mis en garde comme une « ligne de transmission entre la nation et un capitalisme rampant bien camouflé ».

Dans les années 1980, des magazines comme EBONY, TRIBUTE et ENTERPRISE ont célébré les « aspirations » d'une bourgeoisie noire dont les deux maisons de Soweto ont été incluses dans les visites pour les étrangers que le régime visait à impressionner. « C'est notre classe moyenne noire, » disaient les guides ; mais il n'y a pas de classe moyenne : simplement une classe tampon en cours de préparation, comme Fanon a écrit, pour « sa mission historique ». C'est la même aujourd'hui.

Le régime Botha a même offert aux hommes d'affaires noirs de généreux prêts de la Société de développement industriel. Ceci leur a permis de créer des sociétés en dehors des « bantoustans ». De cette façon, une société noire, tels que NEW AFRICA INVESTMENTS a pu acheter une partie de METROPOLITAN LIFE. En une décennie, Cyril Ramaphosa a été vice-président de ce qui était en fait une création de l'apartheid. Il est aujourd'hui un des hommes les plus riches du monde.

La transition a été, en un sens, sans couture. « Vous pouvez mettre là-dessus l’étiquette qui vous plait, » m’a dit le président Mandela à Groote Schur. « Vous pouvez appeler ça thatchérisme, mais pour ce pays, la privatisation est la politique fondamentale. »

« C'est le contraire de ce que vous avez dit avant les premières élections, en 1994, » dis-je.

« Il y a un processus, » fut sa réponse incertaine « et chaque processus intègre du changement. »

Mandela reflétait simplement l’opinion de l'ANC – qui ressemblait à un culte obsessionnel. Il y avait tous ces pèlerinages de l'ANC à la Banque mondiale et au FMI à Washington, toutes les « présentations » à Davos, toutes ces invitations au G-8, tous les conseillers et consultants étrangers qui vont et viennent, tous ces pseudo-rapports universitaires avec leur jargon « néolibéral » et leurs acronymes. Pour reprendre l’expression de l'écrivain comique Larry David, « un flot de babillage trompeur » a englouti les premiers gouvernements de l'ANC, et en particulier ses ministères des finances.

En mettant de côté pour un moment l'enrichissement bien connu des notables de l'ANC et les profits des trafics d'armes, l'analyste de l'Afrique Peter Robbins avait un point de vue intéressant sur ce sujet. « Je pense que la direction de l'ANC avait honte que la plupart des membres de leur peuple vivent dans le tiers-monde, » écrit-il. « Ils n'aiment pas se penser eux-mêmes comme étant essentiellement une économie de style africain. Ainsi l'apartheid économique a remplacé l'apartheid juridique avec les mêmes conséquences pour les mêmes personnes, mais il est accueilli comme l'une des plus grandes réussites de l'histoire du monde. »

La Commission Vérité et Réconciliation de Desmond Tutu a masqué cette réalité, en un temps très court lorsque les sociétés par actions ont été appelées au confessionnal. Ces audiences des « institutions » ont été parmi les plus importantes, mais aucune ne fut condamnée. Représentant les membres les plus voraces, les plus impitoyables, les plus rentables et les plus meurtriers de l'industrie mondiale, la Chambre de commerce des mines sud-africaines (South African Chamber of Mines) a résumé un siècle d'exploitation en six pages et demi dérisoires. Il n'y eut  pas d'excuses pour les territoires de l'Afrique du Sud transformés en l'équivalent de Tchernobyl. Il n'y eut aucune promesse de compensation pour les innombrables hommes et leurs familles touchés par les maladies professionnelles comme la silicose et le mésothéliome. Beaucoup ne pouvaient pas se payer une bouteille d'oxygène ; beaucoup de familles ne pouvaient pas payer un enterrement.

Dans un accent digne de l'époque du casque à pointe, Julien Ogilvie-Thompson, l'ancien président de l’ANGLO AMERICAN a déclaré : « Bien sûr, personne ne veut pénaliser le succès. » Ceux qui l'écoutaient étaient d'anciens mineurs qui pouvaient à peine respirer.

Les gouvernements de la libération peuvent montrer des réalisations vraies et durables depuis 1994. Mais la plus élémentaire liberté, celle de survivre et de survivre décemment, n’a pas été accordée à la majorité des Sud-Africains, qui sont conscients que si l'ANC avait investi en eux et dans leur « économie informelle », ils auraient pu effectivement transformer la vie de millions d’entre eux. La terre pourrait avoir été achetée et remise en état par des dépossédés pour une agriculture à petite échelle, exécutée dans l'esprit de collaboration de l'agriculture africaine. Des millions de logements auraient pu être construits, un meilleur système de santé et une meilleure éducation auraient été possibles. Un système de crédit à petite échelle aurait pu ouvrir la voie à des biens et services abordables pour la majorité. Rien de cela n'aurait nécessité l'importation d'équipements ou de matières premières, et l'investissement aurait créé des millions d'emplois. En devenant plus prospères, les collectivités auraient développé leurs propres industries et une économie nationale indépendante.

Un rêve ? L'inégalité brutale qui aujourd’hui caractérise l'Afrique du Sud n'est pas un rêve. C'est Mandela, après tout, qui a dit, « si l’ANC ne fournit pas les biens, le peuple doit faire ce qu'il a fait au régime de l'apartheid. »

* Le mot ubuntu, issu de langues bantoues du sud de l’Afrique, désigne une notion proche des concepts d’humanité et de fraternité. En Afrique du Sud, ce terme a été employé, notamment par les prix Nobel de la paix Nelson Mandela et Desmond Tutu, pour dépeindre un idéal de société opposé à la ségrégation durant l’Apartheid, puis pour promouvoir la réconciliation nationale. Source wikipedia.

Pour mémoire :

7.  PILGER_HUGO.jpgJohn Pilger, né le 9 octobre 1939 à Sydney, en Australie, est un journaliste, scénariste et réalisateur australien.

Pilger a été correspondant de guerre au Viêt-nam, au Cambodge, en Égypte, en Inde, au Bangladesh et au Biafra. L'un de ses premiers films, Year Zero (Année Zéro) a attiré l'attention de la communauté internationale sur les violations des droits de l'Homme commises par les Khmers rouges au Cambodge.

Pilger a obtenu de nombreux prix de journalisme et d'associations des droits de l'Homme (le Prix Sophie en 2003), dont, deux fois, le prix britannique du Journalist of the Year.

Cet activiste anti-guerre n'a de cesse de rappeler la responsabilité de ceux qui savent, des « intellectuels », aux misères et aux violences du monde :

« Briser le mensonge du silence n’est pas une abstraction ésotérique mais une responsabilité urgente qui incombe à ceux qui ont le privilège d’avoir une tribune. »

En outre, John Pilger possède son propre site web, où il communique ses idées et ses craintes. Conspiracywatch, le dit « controversé » parce qu’il n’a pas hésité à accuser l'administration américaine de financer un coup d'état en Ukraine lors de la crise ukrainienne débutée en 2013 : « the Obama administration splashed out $5 billion on a coup against the elected government » .

 

 

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MÉDITERRANÉE

 

Puisqu’on est chez Comaguer, autant y rester :

 

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 Bulletin n° 368 semaine 9 – 2018

 

SUN TZU

Gaz naturel en Méditerranée Orientale

L’Égypte maître du jeu

 

8. Projet EasternMediterranean_FSRU-projects. JPG.jpg

 

Une intense campagne de presse vient d’être lancée pour faire accroire qu’Israël, producteur de gaz naturel (champs TAMAR et LEVIATHAN), s’installait comme le grand collecteur du gaz sous-marin régional et comme futur fournisseur privilégié de l’Union  Européenne grande assoiffée de gaz. Cette politique fortement appuyée par un certain Emmanuel Macron du temps où la Banque Rothschild l’avait détaché au Ministère des Finances à Paris s’est concrétisée par des déclarations tapageuses déclarant que le projet israélien avait reçu l’appui des gouvernements chypriote, grec et italien pour construire un gazoduc sous-marin reliant les eaux israéliennes à la péninsule italienne.

Le gouvernement chypriote, en l’attente d’élections présidentielles qui l’incitaient à la prudence, s’est prêté au jeu espérant ainsi trouver un débouché pour sa future production gazière confirmée par les résultats positifs des derniers forages, et le gouvernement grec, bien qu’il ne puisse pour l’instant que nourrir des espoirs de forages positifs, s’est laissé comme à son habitude convaincre et par Bruxelles et par Tel Aviv – avec qui il entretient d’étroites et confiantes relations – de laisser passer, moyennant redevances,  le futur gazoduc dans les eaux grecques.

Ah, le beau projet ! Ne manquent plus à sa concrétisation que quelques dizaines de milliards d’Euros et quelques années.  Notons au passage que les techniques de pose de gazoducs sous-marins ont beaucoup progressé ces dernières années, mais que la traversée d’Est en Ouest de la moitié de la Méditerranée pourrait se révéler un peu plus complexe et onéreuse que la traversée de la Mer Baltique mer peu profonde (gazoduc Nord Stream) ou de la mer Noire (gazoduc Blue Stream).

C’est alors que ZOHR est arrivé (voir notre bulletin n° 346 sur le blog de COMAGUER). Ce gisement de très grande capacité a été découvert dans les eaux égyptiennes et mis en exploitation avec une rapidité exceptionnelle. L’industrie du gaz naturel est une activité dans laquelle l’Égypte a des acquis technologiques et industriels d’importance. En effet à la fin des années 1990 l’Égypte a mis en exploitation de petits gisements dans la zone du delta du Nil, s’est dotée d’installations de liquéfaction de gaz naturel et a été pendant quelques temps un petit exportateur de GNL y compris vers la France. .Elle n’a donc pas à attendre la réalisation de nouveaux gazoducs sous-marins pour reprendre sa place de grand exportateur. 

Restait la question de la part du gaz de Zohr à réserver à l’exportation sachant que l’Égypte doit fournir un très important marché intérieur. La réponse vient d’être fournie et constitue un véritable coup de maître du gouvernement égyptien. Le nouveau ministre égyptien du pétrole,  TAREK EL MOLLA, cadre de très haut niveau de l’industrie pétrolière internationale – il a été Directeur Afrique de CHEVRON – a mené deux négociations.

La première avec le gouvernement chypriote, une fois réélu le Président Anastasiades, pour garantir à ce dernier l’évacuation vers l’étranger du gaz du nouveau gisement Aphrodite voisin de celui de Zohr. Chypre n’a donc plus  à attendre la construction du  grand gazoduc sous-marin israélo-européen. La seconde, avec le gouvernement israélien, auquel l’Egypte va acheter sans tarder une partie de la production  de TAMAR et LEVIATHAN  qui sera acheminée vers l’Égypte par un gazoduc terrestre existant et, de là, pourra atteindre soit l’énorme marché intérieur égyptien soit les marchés internationaux via les installations de liquéfaction égyptiennes existantes.

Double coup de maître. Israël a beau, à travers une « com » triomphante, clamer qu’il s’apprête à vendre du gaz à l’Égypte, en réalité il passe un accord avec la nouvelle puissance gazière régionale. Ce coup pourrait en annoncer un autre, car l’Égypte pourrait également prêter la main au gouvernement libanais dans l’exploitation et la commercialisation des probables futurs gisements sous- marins du pays du Cèdre.

Un seul acteur régional prend ombrage de cette nouvelle donne : la Turquie, qui voit Chypre pendre place sur le marché international du gaz et prétend toujours au mépris du droit,  c’est-à-dire au nom de l’occupation illégale depuis 1974 de Chypre Nord, prendre sa part dans la future production sous-marine chypriote,  et qui manifeste par des actes militaires belliqueux son opposition aux projets de  collaboration de Chypre et de l’Égypte. L’UE va-t-elle une nouvelle fois laisser Chypre, état membre, être maltraitée par la Turquie dominatrice ?

De son côté, l’Égypte – qui ne se laisse pas impressionner par les rodomontades d’Erdogan – et sa marine, avec à sa tête son navire amiral le fameux BPC MISTRAL construit à Saint-Nazaire pour la Russie, qu’elle a racheté dans d’excellentes conditions, a pris position autour des installations de surface de Zohr.

Dernier changement sur la scène énergétique régionale : l’Irak et l’Égypte viennent de signer un accord qui prévoit la construction d’un oléoduc permettant,  via la Jordanie, la fourniture régulière de pétrole irakien à l’Égypte, avec, là encore, la possibilité pour ce pétrole d’accéder également au marché international, directement par un port égyptien sur la Méditerranée. Il s’agit donc d’un véritable désenclavement de l’Irak et d’un basculement de la géopolitique énergétique régionale au profit des pays arabes riverains de la Méditerranée, au détriment des monarchies réactionnaires du Golfe.

 

9. SUN TZU - Copie JPG.jpg

Ce document  montre l’emplacement des différents gisements et des deux stations de liquéfaction de gaz existantes en Égypte  (carte à gauche) et le passage (graphique de droite) de l’Égypte de la position d’exportateur de GNL en 2014 à la position d’importateur dont elle va à nouveau sortir en 2018.

 

Voir aussi (en anglais) :  http://tekmormonitor.blogspot.be/

Oil and Gas Developments in the Eastern Mediterranean

 

 

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Par ailleurs :

Montée des tensions autour du gaz en Méditerranée

Joe Macaron – Réseau International5 mars 2018

 

10. Montée des tensions.jpg

 

Israël face au Liban, la Turquie face à Chypre

La découverte d’importants gisements de gaz en Méditerranée orientale aurait pu être une chance pour le développement de la région. Au contraire, elle se transforme en nouveau sujet de conflits, entre Israël et le Liban, entre la Turquie et Chypre.

Depuis quelques semaines, le gaz naturel est source de nombreuses tensions en Méditerranée orientale : le bloc 9 de gaz naturel disputé entre Israël et le Liban est devenu l’objet de menaces entre les deux pays. Et la Turquie a bloqué un navire italien lançant des opérations de forage dans le bloc 3 disputé entre les Grecs et les Turcs chypriotes. Ces tensions illustrent l’évolution du paysage stratégique de la Méditerranée orientale depuis 2009. Les calculs géopolitiques et économiques causés par la découverte du gaz façonnent de nouvelles alliances et raniment les vieilles inimitiés. Les acteurs impliqués dans ces calculs rivalisent pour régler leurs différends maritimes et identifier la meilleure route pour exporter leur gaz vers l’Europe. Avec moins de 2 % des réserves mondiales, le bassin du Levant ne figure pas parmi les grands groupes d’exportateurs de gaz naturel. Cependant, la découverte de gaz en Méditerranée constitue un facteur de changement dans la géopolitique mondiale en raison de son emplacement stratégique. Les compagnies gazières françaises, italiennes, américaines et russes figurent parmi les principaux investisseurs dans les trois principales étapes de l’exploration, de la production et de l’exportation du gaz méditerranéen. Ce parapluie international permet d’assurer une certaine stabilité en Méditerranée, mais il est loin de garantir une exploration pacifique et ordonnée.

L’Autorité palestinienne privée de ses ressources offshore

 

Lire la suite…

Source : https://reseauinternational.net/montee-des-tensions-autou...

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LIBAN

 

Hassan Nasrallah sur la guerre du pétrole et du gaz qui fait rage

 

Hassan Nasrallah : comme la Syrie, le Liban doit riposter aux violations israéliennes

 

Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 16 février 2018, à l'occasion de la commémoration des dirigeants martyrs du Hezbollah (Cheikh Ragheb Harb, Sayed Abbas Mousawi, Hajj Imad Moghniyeh)

 

Traduction : http://sayed7asan.blogspot.fr/

 

 

Transcription :

[..] En ce qui concerne les violations quotidiennes de l'espace aérien libanais (par Israël), n'est-ce pas à l'État libanais (d'y faire face) ? Il n'est pas convenable, comme je l'ai remarqué durant les 2 ou 3 dernières semaines, que les déclarations libanaises officielles ne parlent que (des violations israéliennes) sur le territoire et la mer. En tant qu'État libanais, n'avons-nous pas un espace aérien ? Nous n'avons pas d'espace aérien ? Avons-nous renoncé à notre espace aérien et signé une reddition complète sur notre souveraineté là-haut, notre souveraineté aérienne, pour ne pas dire notre souveraineté céleste ? Eh bien, qu'en est-il de cette question ?

Notre espace aérien est continuellement violé, sans aucune gêne, chaque jour, chaque heure, et des attaques sont menées contre la Syrie et d'autres pays voisins depuis notre espace aérien. Que doit-on faire face à cela ? Nous ne disons pas là qu'il faut... Pour que personne ne dise que le Sayed [Nasrallah] veut nous embourber dans la guerre en Syrie. Vous voyez bien que la Syrie se défend, elle. 

Je vais dire deux mots sur ce qui s'est passé la semaine dernière. La Syrie est capable de se défendre (toute seule). Ce qui s'est passé la semaine dernière est bien sûr un très grand exploit militaire (presque) inédit. Et en toute certitude, l'après ne sera pas comme l'avant (l'équation a changé radicalement). Et en toute certitude, à tout le moins, si on considère l'importance de cet événement de la manière la plus modeste, en ce qui concerne Israël, il ne peut plus tout se permettre sans inquiétude, exactement comme pour ce qui s'est passé (pour sa flotte) le jour où nous avons frappé (la corvette israélienne) durant la (guerre de) juillet (2006). Depuis ce jour, Israël fait très attention, et calcule au mètre près où ses navires peuvent s'approcher, où ils doivent s'éloigner, par où ils doivent passer dans leurs allées et venues, etc.

En ce qui concerne les mouvements aériens, en toute certitude, cela aura une influence très importante sur les déplacements de la force aérienne israélienne. Les Israéliens eux-mêmes le reconnaissent. Ce n'est pas là mon propos. Je ne vais pas m'étendre sur les causes de cet événement, ses conséquences pour la Résistance et l'Axe de la Résistance, pour les luttes dans la région, etc. Non. Dans le sillage de mon propos initial, je veux dire que les dirigeants syriens, et ce depuis longtemps, depuis qu'ils sont largement rassurés quant à la situation interne, ils ont pris une décision : tout avion de guerre israélien qui pénètre dans l'espace aérien syrien doit être (systématiquement) pris pour cible par les défenses anti-aériennes. Il n'y a (lieu à) aucune discussion. Et même si des missiles sont lancés sur le territoire syrien (depuis Israël ou le Liban), les défenses anti-aériennes doivent riposter. Et cette décision est appliquée depuis plusieurs mois, mais ce qui s'est passé la semaine dernière, c'est que la confrontation était (particulièrement) âpre, et que Dieu le Très-Haut et l'Exalté a affermi et accordé le succès aux tirs (anti-aériens). « Lorsque tu as lancé [une poignée de sable en direction de tes ennemis, ô Prophète], ce n'était pas toi mais Dieu qui lançait. » [Coran, 8, 17]

Eh bien, ce que je veux dire ici, après les falsifications qu'on a pu entendre depuis une semaine,– car vous savez que depuis des années, il y a un processus de dénigrement visant à rabaisser tout ce qui est syrien –, (falsifications selon lesquelles) la cause de cet affrontement et de cette escalade ayant mené à abattre l'avion israélien serait une décision iranienne, (ou) une décision russe : mais ce sont des propos vides de sens. La décision de riposter aux avions et aux missiles israéliens dans le ciel syrien est une décision syrienne, une décision des dirigeants syriens, une décision de Son Eminence le Président Bachar al-Assad, et personne d'autre. Les alliés de la Syrie (Iran, Russie, Hezbollah) ont seulement été informés de cette décision générale (sur tout le territoire syrien). Eh bien, (voilà pour) cette décision.

Quant à sa mise en œuvre, du fait de la campagne de discrédit lancée contre l'armée syrienne, les armées arabes, les Arabes eux-mêmes, et que sais-je encore, qui aurait abattu l'avion (à en croire ces propagandistes) ? Qui se serait tenu aux commandes des défenses anti-aériennes et aurait abattu l'avion ? Les Iraniens ! Non, les Russes ! Puis (ces falsifications) se sont amoindries, et (on a prétendu que) c'est le Hezbollah. Non, mes chers. Ceux qui ont abattu l'avion et qui se tenaient aux commandes des défenses anti-aériennes en Syrie sont des officiers et des soldats de l'Armée Arabe Syrienne héroïque. 

Et durant ces 7 dernières années, nous nous sommes mêlés à eux bien plus que lorsqu'ils étaient au Liban (1976-2005). Lorsqu'ils étaient au Liban, nous n'étions pas très amis... Nous nous sommes mêlés davantage à eux, et nous avons trouvé chez les officiers et les soldats de l'Armée Arabe Syrienne un niveau de connaissance, de savoir-faire, d'expertise, d'intelligence, de courage et de précision qui les place à un très haut niveau. Pourquoi ce dénigrement, pourquoi ces calomnies dans la description d'une vérité dont nous devons tous être fiers, qu'on soit en accord ou en désaccord avec le régime syrien ? Partout dans le monde arabe et musulman, tous doivent être fiers de cet acte héroïque accompli par l'Armée Arabe Syrienne et ses défenses anti-aériennes après une décision de ses (propres) dirigeants. Cela doit être un objet de fierté. Bien sûr, nous adressons nos félicitations (à la Syrie) et nous exprimons notre fierté et notre joie face à cette intelligence, cet exploit et cet acte héroïque.

Revenons à nous (le Liban) : ces violations (israéliennes) permanentes, jusqu'à quand vont-elles durer ? Lorsque (le Secrétaire d'État américain Rex) Tillerson est venu il y a quelques jours, ou plutôt hier, et avant lui (son adjoint David) Satterfield, peut-être que certains – pas nous, évidemment, jamais de la vie – s'attendaient ou supposaient que les Américains venaient dire aux responsables libanais qu'ils étaient avec eux et à leurs côtés, qu'ils empêcheraient Israël de mettre à feu et à sang la situation sécuritaire au Liban, et ne permettraient pas à Israël de violer notre souveraineté, qu'ils accorderaient au Liban ses droits sur les eaux (territoriales libanaises), etc. Mais voyez donc ce que fait réellement le Pentagone. Combien a-t-il (récemment) demandé pour Israël ? Je ne sais pas si cela a été octroyé ou pas encore. Ils ont demandé une aide – militaire, car il s'agit du Pentagone – de 3,3 milliards de dollars pour Israël. Je peux me tromper sur les 300 millions de dollars (3 milliards 300 millions), disons donc seulement 3 milliards de dollars, sans les 300 millions, en aide militaire pour Israël.

Quant à l'armée libanaise, les États-Unis l'aident, la soutiennent et la soutiendront (censément) à hauteur de combien ? 40 millions de dollars. 50 millions de dollars. O mon frère, disons même 100 millions de dollars. 150 millions de dollars. De qui se moque-ton ? Les États-Unis donnent à Israël leur plus important avion militaire stratégique (le F-35), et quant au Liban, ce n'est pas qu'on ne lui donne pas d'avions, on ne lui donne même pas de défense anti-aérienne pour se défendre et protéger sa souveraineté.

Quoi qu'il en soit, ce que je dis ici est qu'à ce stade, en ce qui concerne Israël, je ne pense pas que quiconque au Liban se dispute (encore). En 1982, entre le Hezbollah, le mouvement Amal, les mouvements politiques, les partis nationalistes et islamistes, beaucoup de voix s'élevaient et se disputaient sur la question de savoir si Israël était un ennemi ou non, avait des ambitions (territoriales) au Liban ou non. Mais aujourd'hui, c'est terminé. Aujourd'hui, après ce qui s'est passé et se passe encore (Israël prétend s'accaparer des gisements de pétrole et de gaz dans les eaux territoriales libanaises), y a-t-il un Libanais qui dispute les ambitions israéliennes au Liban ? Non. Je ne pense pas que quiconque remette cela en cause. Y a-t-il quelqu'un qui dispute le fait que sur la base de ces ambitions, il y a des menaces israéliennes contre le Liban ? Je considère que personne ne le remet en cause. Par Dieu, cela n'a rien à voir avec les armes du Hezbollah (dénoncées par l'alliance libanaise du 14 mars, opposée à l'alliance du 8 mars dont fait partie le Hezbollah). Au lieu de remédier aux causes, les États-Unis prétendent remédier aux conséquences. Eh bien, pour faire face à ces ambitions et à ces menaces, nous avons un point de force (le Hezbollah), et ils s'efforcent d'en priver le Liban.

Quoi qu'il en soit, sur cette question, de manière générale, nous devons rester vigilants et attentifs. Je ne dis pas que nous nous dirigeons vers une guerre comme le prétendent certains médias, analystes et déclarations. Pour ce qui est de (la possibilité d'une) guerre, je répète ce que j'ai toujours dit dans mes précédents discours : elle dépend de facteurs multiples. Bien sûr, cela ne veut pas dire que si Israël affirme ne pas vouloir la guerre, il faille nécessairement le croire sur parole. Peut-être qu'il veut la guerre, peut-être qu'il ne la veut pas. La seule chose qui empêche Israël d'entrer en guerre est son absence de certitude de la gagner. Et c'est là l'équation que nous ont léguée nos dirigeants martyrs (commémorés aujourd'hui). [...]

 

Intégralité du discours en anglais :

1re Partie : http://sayed7asan.blogspot.be/2018/03/hassan-nasrallah-ab...

2e Partie : http://sayed7asan.blogspot.fr/2018/03/hassan-nasrallah-ab...

 

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Cela allait sans dire, mais mieux encore en le disant :

 

SYRIE

 

Nouvelle donne stratégique totale sur fond de désastre militaire israélien

 

1re Partie


 

2me Partie :


 

 

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Damas déterminé à en finir avec la Ghouta orientale pour faire face à l’invasion de forces étrangères 

Strategika51 4 mars 2018

 

Le sort de la Ghouta orientale semble scellé. 

Outre la percée réalisée par l’Armée syrienne à l’est et au Sud-est, les redoutables renseignements de l’Armée de l’air syrienne ont réussi à noyauter des groupes armés à Douma, la localité la plus mal famée de la Ghouta et fief historique de la pègre syrienne. 

Les combats au sol sont acharnés et pour l’instant les chars syriens semblent avoir adopté une nouvelle tactique pour échapper aux missiles antichar Tow des rebelles. 

Le président Assad est déterminé à en finir avec le cauchemar que constituait cette poche rebelle près de la capitale pour passer à des choses « sérieuses » : faire face à l’invasion des forces  turques et américaines au Nord et se tenir prêt à croiser le fer avec Israël au Liban. 

Source : https://strategika51.wordpress.com/2018/03/04/damas-deter...

 

 

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Entre cécité européenne, acharnement US, rage russe, détermination syrienne, le Grand Jeu bat son plein

Strategika51 – 5 mars 2018 

 

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L’incapacité des dirigeants Européens comme la chancelière d’Allemagne, Angela Merkel, ou le président français Emmanuel Macron, à comprendre les réalités du Proche et Moyen-Orient laisse parfois pantois. 

En demandant aux Russes et aux Iraniens d’user de leurs influence pour faire fléchir Damas, ces deux dirigeants trahissent non seulement leur vassalité affichée à l’empire (l’Allemagne suite à une défaite militaire cataclysmique ; la France par soumission volontaire) mais démontrent leur méconnaissance de la réalité des affinités entre des pays aussi divers que la Fédération de Russie, la République Islamique d’Iran et la République Arabe de Syrie.  

Autant l’énoncer tout de suite : l’influence de Moscou et de Téhéran sur Damas est limitée car le pouvoir National & Socialiste Arabe spécifique à Damas est animé d’une idéologie et d’un agenda politique propres dont les objectifs ne coïncident ni avec ceux de Moscou ni encore avec ceux de Téhéran, pays avec lesquels la Syrie a noué une solide alliance stratégique. 

Ce qui unit Damas à Moscou et Téhéran est la nécessité absolue de mettre en échec l’hégémonie US au Moyen-Orient et, par ce fait, de démanteler le monde unipolaire apparu au lendemain de la chute de l’ex-URSS. 

Les dirigeants des plus grands pays d’Europe (Allemagne, France, Royaume-Uni) sont prompts à mépriser le pouvoir syrien mais force est de constater que ce dernier dispose de stratèges capables et d’une redoutable capacité à riposter. 

Demandez donc aux hommes politiques libanais, toutes tendances confondues ce qu’il en coûtait de s’aliéner Damas durant la guerre civile libanaise de 1975-1990 ou encore sur les coups terribles infligés par les renseignements syriens aux services spéciaux US et français dans la région entre 1982 et 1994.  

Le fond du problème est qu’après la terreur quasi-religieuse qu’inspirait Hafez Al-Assad à ses innombrables ennemis (Arabie Saoudite et ses alliés, États-Unis, France, Israël, Irak, Jordanie, Royaume-Uni, Turquie), l’avènement de son fils jeune et inexpérimenté fut interprété comme une occasion unique et inespérée pour détruire par tous les moyens possibles le régime syrien. 

Bush junior avait sérieusement tenté de diriger le feu des corps expéditionnaires US qui venaient de renverser le régime irakien à Baghdad en avril 2003 vers Damas mais des calculs géostratégiques incertains mettant en péril la Maison des Saouds et les enfants de Rothschild à Tel-Aviv avaient sinon annulé du moins reporté ce projet insensé. 

En 2004, la Syrie fournit une assistance logistique à des factions de la résistance irakienne à l’occupation US en Irak. Les affrontements entre militaires US et Syriens aux confins syro-irakiens n’étaient pas rares. L’une de ses confrontations est survenue après la fuite de combattants irakiens en territoire syrien. Poursuivi par des unités des Marines, les miliciens irakiens avaient cherché refuge chez les militaires syriens. Un combat d’une extrême violence entre forces syriennes et US s’en était suivi. Plus de 58 soldats syriens y perdirent la vie mais, depuis lors, plus aucun militaire US n’osa franchir la frontière.  

Bachar Al-Assad a été gravement sous-estimé. Il n’est pas le seul qui gouverne la Syrie mais représente un collège militaro-politique disposant d’un noyau dur très déterminé, dont l’idéologie est profondément anti-sioniste et anti-impérialiste. C’est la raison pour laquelle les ennemis occidentaux et arabes veulent se débarrasser de ce régime, quel que soit le prix à payer. La survie du pouvoir syrien signifie qu’il rendra ce que ses ennemis lui ont infligé, coup pour coup. Les syriens sont réputés pour leur capacité à infliger des représailles longuement étalées dans le temps. 

Moscou et Téhéran poursuivent chacun des objectifs stratégiques distincts mais convergents. 

Le ciblage de la Syrie est le prélude à un assaut sur l’Iran. Une fois l’Iran détruit, c’est toute l’Asie centrale qui s’embrasera pour préparer le démembrement de la Russie et de la Chine, étape sine qua non avant la destruction programmée de ces puissances pour assurer une hégémonie universelle totalitaire à l’empire. 

Cependant, le plan a commencé à s’enrayer en Libye avant de foirer en Syrie. Entretemps, on a fourni à la Corée du Nord la technologie militaire dont elle avait besoin pour se défendre dans une tentative de déplacer la pression militaire US vers le Pacifique. Ce qui fut accompli avec brio, en dépit d’une guerre économique et monétaire globale visant à abattre sinon ralentir les économies des puissances dites révisionnistes. 

Le monde est en guerre. Les dirigeants de certains pays européens et arabes sont déjà en dehors de l’histoire. 

Le Grand Jeu fait rage !   

 

Source : https://strategika51.wordpress.com/2018/03/05/entre-cecite-europeenne-acharnement-us-rage-russe-determination-syrienne-le-grand-jeu-bat-son-plein/

 

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Turquie en Belgique

2018 : N’ayant pu le capturer par la voie du droit…

Le régime turc passe aux méthodes illégales et veut maintenant la tête de Bahar Kimyongür

Le Clea – mars 2018

 

La tête de Bahar Kimyongür est mise à prix !

(214.000 €)

 

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Bahar Kimyongür figure désormais sur la liste des « terroristes les plus recherchés » par la Turquie. Plus de 200.000 euros sont promis pour toute information menant à sa capture.

 

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Voir ici l’article du quotidien Le Soir

(avec la liste des signataires de l’Appel aux Autorités)

« L’ignoble mise à prix de Bahar Kimyongur par la Turquie »

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http://plus.lesoir.be/143824/article/2018-03-07/lignoble-...

 

*

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Depuis près de 20 ans, avec le concours des autorités belges, l’État turc harcèle Bahar ; une chasse aux sorcières qui l’a déjà conduit en prison durant de longs mois.

Pourquoi un tel acharnement ?

BK, rien que les faits :

Bahar est belge. Il est né le 28 avril 1974 à Berchem-Sainte-Agathe.
Il n’est pas membre du DHKP-C.

Il n’appartient pas à une organisation terroriste, comme l’a confirmé la Justice belge en 2009.

En 2014, Interpol a également retiré la « notice rouge » le visant, liée à un mandat d’arrêt international délivré par la Turquie.

Le « crime » de Kimyongür ? Chaque jour, il use de sa liberté d’expression pour critiquer le régime d’Ankara...

Bahar porte plainte

En réaction à la chasse à l’homme dont il fait l’objet, Bahar a porté plainte le mardi 13… contre Erdogan.

Face à cette situation inacceptable, le CLEA a pris l'initiative de faire circuler un appel qui est désormais signé par des parlementaires belges et européens, des professeurs de différentes universités du pays, des responsables syndicaux et associatifs, des ouvriers, des artistes, des avocats, des citoyens de toutes conditions. Par ce biais, un riche panel de la société civile demande solennellement au gouvernement belge de protéger Bahar Kimyongür et d'être le garant de sa liberté d'expression.

Il va sans dire que cet appel constitue notre pièce maîtresse pour presser le gouvernement à se positionner dans cette affaire. Mais son impact, son succès ne dépend, en réalité, que de chacune et de chacun d'entre nous.

 Dès lors, lorsque, très prochainement, cet appel sera rendu public, et afin de créer un climat propice à une réaction du gouvernement, le CLEA vous encourage vivement à le répercuter de chez vous jusqu'à la rue de la Loi. De la sorte, vous poserez un geste concret en faveur de la liberté d'expression.

Ainsi, vous pouvez notamment :

- diffuser à vos connaissances et à vos amis l'e-mail qu'enverra dans les jours qui viennent le CLEA à propos de l'appel (ce courriel sera, très certainement, le plus important de l'année pour notre comité).

- Envoyer l'appel personnellement (en le signant à votre tour) à :

 

a) Didier Reynders, le ministre des affaires étrangères,

via e-mail à contact.reynders@diplobel.fed.be,

via son Facebook ( https://fr-fr.facebook.com/Didier-Reynders-66985740526/ )
et son compte Twitter (
https://twitter.com/dreynders )

 

b) Koen Geens, le ministre de la justice,

via e-mail à info.cabinet@just.fgov.be,

via son compte Facebook ( https://www.facebook.com/KoenGeensCDenV )

et Twitter ( https://twitter.com/koen_geens1?lang=fr )

 

c) Charles Michel, le Premier ministre,

via e-mail à charles.michel@premier.fed.be,

via Facebook ( https://fr-fr.facebook.com/CharlesMichel/ )

et via Twitter ( https://twitter.com/charlesmichel?lang=fr ).

 

Source : Le CLEA (Comité pour la Liberté d’Expression et d’Association)

 

 

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Et Ali AARRASS ?

 

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Quand ces Messieurs-Dames les politiciens professionnels et prétendus représentants du peuple en auront fini avec Bahar, ils pourront peut-être se rappeler qu’Ali AARRASS pourrit toujours dans sa geôle marocaine (où Erdogan n’a rien à voir) et s’en occuper même, qui sait...

L.G .O.

Si vous ne savez pas qui est Ali AARRASS, cliquez ici :

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https://latuffcartoons.wordpress.com/2012/06/28/liberez-a...

 

 

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Allemagne en Turquie

 

Fringues sympas, boîte immonde : sponsor de foot se débarrasse des syndiqués

 

 

13. industriall.gifEn partenariat avec IndustriALL, représentant 50 millions de travailleurs dans 140 pays dans les secteurs de l'énergie, des mines et de l'industrie, une force de solidarité internationale en lutte pour de meilleurs droits et conditions de travail et d'emploi dans le monde entier.

 

L'entreprise allemande de vêtements Roy Robson a licencié onze adhérents syndicaux à son usine à Izmir, en Turquie.

La société est l'un des principaux sponsors des équipes de football de la Bundesliga, Werder Bremen et de VfL Wolfsburg. L'usine d'Izmir compte 600 ouvriers et ouvrières.

 

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Le syndicat du textile, Teksif, tente d'organiser depuis un certain temps mais dès que l’un d’entre eux se syndique, l’entreprise le licencie. Au total, onze syndicalistes ont été licenciés cette année. Le directeur refuse toute rencontre, sur le principe que l'entreprise ne discute jamais avec les syndicats.

Cette attitude antisyndicale est ironique, les fans de St Pauli se vantent de leur soutien aux politiques progressistes. St Pauli est célèbre dans toute l'Europe pour son sens de la responsabilité sociale.

IndustriALL lance une campagne en ligne demandant à Roy Robson de cesser ses tentatives d’empêcher ses employés de se syndiquer et d’engager un dialogue social avec leur syndicat.

Merci de prendre quelques secondes pour montrer votre solidarité en cliquant ce lien.

Source : https://www.labourstartcampaigns.net/show_campaign.cgi?c=...

 

 Roy Robson… que voilà un nom bien allemand !

 

 

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LIVRE

 

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On ne peut pas dire qu’ils se sont cassés pour lui trouver une couverture originale, mais c’est le contenu qui compte…

 

Les éditions Apopsix viennent de publier la version française du dernier livre de Phil Butler : Les Prétoriens de Poutine

 

…sous un titre différent, suivant l’exquise habitude de l’édition française. Bien sûr, vous l’aurez compris, il s’agit des fameux « Trolls du Kremlin » dont il fut question ici en décembre dernier, sous la signature du Saker.

 

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Phil BUTLER

« Agents » de Poutine

Apopsix, 2018

292 pages

 

 

 

 

Présentation de l’éditeur :

 Les agents du Kremlin ou, comme le dit aussi l'auteur, les « Trolls du Kremlin » présentés dans ce livre, sont des gens très différents les uns des autres, différents par leurs origines, leurs expériences professionnelles, leurs nationalités, leurs tempéraments et leurs motivations. Je suis sûr qu'aucun d'entre eux n'a décidé de devenir un « Trolls du Kremlin » ou même de se mêler de politique. Et pourtant, un jour, quelque chose de caché profondément en eux a craqué et ils se sont retrouvés au milieu d'un combat avec le plus puissant Empire de l'histoire du monde. Plus que l'amour de la Russie, ce que ces individus ont en commun, c'est l'amour de la vérité. Ils ont fait face un jour au « mensonge de trop » et c'est cela qui a provoqué ce mouvement de rébellion qui les anime tous. Vous découvrirez dans ce livre des choses que les médias français vous ont cachées... Ce livre est beaucoup plus grand que la Russie. C'est un livre à propos de ce qui fait de nous des êtres humains au meilleur sens du terme, une implacable détermination à résister au Mal et au Mensonge dans toutes leurs manifestations.

 

Présentation de Wayan, du Saker francophone :

Phil Butler est un auteur que nous connaissons bien au Saker Francophone puisque nous avons déjà traduit quatorze de ses articles.

Dans ce livre au titre provocateur, Butler nous propose de faire connaissance avec les fameux « trolls du Kremlin » ; « agents de Poutine » ou autres « rouges/bruns pro-russes » qui deviennent de plus en plus la bête noire des journalistes ou autres « experts » médiatiques politiquement corrects, mais moralement incorrects, des médias grand public.

Et la meilleure façon de bien connaître ces « empêcheurs de mentir en rond » est de leur laisser la parole. Ce livre est donc un recueil de textes de présentation autobiographique de typiques « trolls du Kremlin » déjà bien connus ou restés complètement dans l’ombre de l’anonymat, mais particulièrement actifs dans la sphère des réseaux sociaux, twitter en particulier, ou des blogs de contre-information. L’auteur commence donc par se présenter lui-même, puis va nous présenter l’un des plus réputés analystes ouvertement pro-russes, puisque russe lui-même, Andrei « The Saker », et continuer avec des acteurs plus ou moins connus mais non moins actifs comme Marcel Sardo, Patrick Armstrong, Graham Phillips, Marilyn Justice, Holger Eekhof, Chris Doyle, CODP Astronaute, Carmen Renieri ou Vanessa Beeley…

L’unité qui ressort de ce grand mélange de personnalités, de destinées et de situations personnelles est la lutte pour la vérité et la justice, face aux mensonges, à la propagande et à l’iniquité de pays qui ont, en plus, le culot de s’autoproclamer grands défenseurs des droits de l’homme, de la loi et de la liberté de la presse. Bien sûr, mais ça va mieux en le disant haut et fort, la majorité d’entre eux n’ont jamais mis les pieds à Saint-Pétersbourg, et encore moins dans « l’usine à trolls de Poutine » ni même reçu le moindre rouble de leur vie.

C’est donc un livre à lire pour se nourrir de l’expérience de ces résistants du XXIe siècle, balayer les derniers doutes à ce sujet, même si nos lecteurs n’en ont plus guère je pense, et surtout un livre à offrir à ceux qui ont encore du mal à ouvrir les yeux sur la triste réalité qu’est devenue la « démocratie occidentale ». Son titre, un brin provocateur, devrait attirer le genre de personnes ayant encore au fond d’eux la pensée racine que, décidément, on ne pourra jamais faire confiance à ces sales « Russkofs » ou que Poutine est un salaud de dictateur. Écouter parler ces fameux « pro-Poutine » pourrait bien leur ouvrir l’esprit sur un monde qu’ils ne soupçonnent même pas.

Traditionnellement, nous offrons à nos lecteurs une interview de l’auteur des livres que nous vous présentons. Mais ce livre n’étant qu’une série d’interviews, nous allons donc plutôt vous présenter une série d’extraits de ces interviews.

Et pour commencer, la virulente préface de Pepe Escobar  qui vous mettra tout de suite dans l’ambiance :

« J’ai toujours eu du mal à supporter les idiots, les simplets et les débiles légers. Quand vous avez roulé votre bosse dans le monde entier comme correspondant étranger pendant plus de trente ans, vous pensez que vous avez traversé tous les marécages possibles. Mais non, vous n’avez pas vu ce marais hystérique dans lequel on vous accuse vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept d’être un agent de Poutine. Donc, me voilà… J’étais un agent de Poutine avant même que la Russie ne sorte du permafrost et oui, je resterai un agent de Poutine même après être retombé en poussière.

Allez, vous faire voir ! »

Plus calme, Phil Butler, dans son auto-présentation :

Lire la suite…

Source : https://reseauinternational.net/phil-butler-agents-de-pou...

Source d’origine : http://lesakerfrancophone.fr/phil-butler-agents-de-poutine

 

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Plus d’excuses pour ne pas l’acheter !

Il coûte 20 €.

 

 

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Mis en ligne le 7 mars 2018

 

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19:35 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

QUELLE ESPÈCE D'ANIMAL SOMMES-NOUS ? - II

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Trois textes qui viennent de paraître - avec nos excuses pour les erreurs et/ou coquilles éventuelles

 

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N° 140 : Une Pologne rouge - A partir de la lecture de l'organe du Comité Révolutionnaire provisoire de Pologne d'Août 1920

Il y a une centaine d’année, en février 1919, commençait la guerre polono-soviétique qui allait constituer un des moments fondateurs à la fois de l’État polonais de l’entre-deux-guerres, de l’État soviétique multinational et de la Russie soviétique renouant avec une partie de son héritage russe. Affrontements donc de l’internationalisme et du nationalisme, et affrontement du patriotisme russe avec le nationalisme polonais, tous deux galvanisés par la conquête de Kiev par l’armée polonaise en juin 1920 puis la contre-attaque soviétique vers Varsovie. Affrontements à remettre dans leur contexte international d’une guerre d’intervention directe ou par Etats nationaux interposés de la part des puissances capitalistes occidentales opposées à la jeune démocratie des soviets.

Cette guerre fut donc aussi pour les Polonais une guerre civile entre partisans d’une Pologne rouge recrutant tant en Pologne même que parmi la masse des déportés polonais de 1915 en Russie et partisans d’une Pologne se voulant totalement indépendante mais traditionnelle pour les uns ou socialisante pour d’autres mais en rupture avec le monde russe pour s’allier avec des puissances démocratiques bourgeoises de l’Ouest victorieuses en 1918 et qui allaient la laisser tomber en septembre 1939. Une guerre oubliée en Occident et qui mérite d’être rappelée en ces années de centenaire des dix jours qui ébranlèrent le monde.

La Rédaction

Une Pologne rouge

À partir de la lecture de l’organe du Comité révolutionnaire provisoire de Pologne d’août 1920

Bruno Drweski  – 4 Mars 2018

 

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Alors qu’un mur d’hostilité a régné de 1918 à 1921 entre l’État polonais renaissant et les Russes blancs pro-tsaristes ainsi qu’avec la Lituanie ethnique indépendante et les nationalistes ukrainiens de Galicie orientale, l’essentiel des combats de cette période se déroula cependant entre l’Armée rouge et l’Armée polonaise appelée par les bolcheviks « Armée polonaise blanche » car on trouvait des partisans polonais de la révolution d’Octobre luttant également aux côtés des bolcheviks. Nous allons décrire dans cet article la participation de Polonais à l’institution mise en place par les bolcheviks en Pologne en 1920 au travers de l’analyse des articles du quotidien « le Courrier rouge » (Goniec Czerwony) numérisé par la Bibliothèque numérique de Podlachie (Podlaska biblioteka Cyfrowa) de Bialystok 1 et qui parut comme organe du Comité révolutionnaire provisoire de Pologne (TKRP) du 7 août 1920 au 19 août 1920, soit 12 numéros édités pendant la courte période où l’on tenta d’instaurer en Pologne le pouvoir des conseils dans la foulée de l’entrée dans le pays de l’Armée rouge. Le TKRP a siégé à Bialystok au moment de l’offensive de l’armée rouge sur Varsovie qui se termina par un échec militaire.

Je n’aborderai pas ici la question des Polonais intégrés dans l’Armée rouge à titre individuel ou dans le cadre du « Régiment rouge révolutionnaire varsovien » intégré à la 1ère brigade de la Division occidentale des tirailleurs de l’Armée rouge et commandé par Stefan Zbikowski. Ni les activités clandestines du Parti communiste ouvrier de Pologne dans les territoires restés aux mains de la Seconde République polonaise née en novembre 1918, pas plus que celles des communistes polonais restés à ce moment-là en Russie, dans d’autres républiques soviétiques à l’époque ou à l’étranger. Je me concentrerai sur les articles du Goniec Czerwony qui était donc l’organe d’une institution ayant une mission provisoire : mettre en place une administration polonaise communiste dans les territoires reconnus comme polonais par la Russie soviétique, dans l’attente de l’élection de conseils ouvriers, paysans et soldats polonais aptes à proclamer une République polonaise des conseils. Chose qui évidemment ne vit jamais le jour tant la période soviétique fut de courte durée en Pologne, ce qui n’enlève rien à l’intérêt que l’on doit porter sur les articles du Goniec Czerwony qui nous permettent de percevoir l’état d’esprit, les espoirs mais aussi parfois les contradictions qui semblent s’être développées au sein de la petite élite de ce qu’aurait été une Pologne rouge si la bataille sur la Vistule s’était déroulée autrement. Et qui différait fortement des autres Polognes rouges qui allaient voir le jour plus tard, celle des deux régions autonomes polonaises dans la Biélorussie et l’Ukraine soviétiques des années 1920, puis la Pologne populaire qui allait naître en 19442. On peut d’ailleurs considérer que les échecs des bolcheviks et du TKRP en Pologne au cours de l’été 1920 expliquent en partie pourquoi les autres tentatives communistes polonaises seront différentes de la première, ce qui rend la lecture du Goniec Czerwony utile.

J’ai sélectionné ici plusieurs questions qui apparaissent au fil des pages et qui aident à comprendre qui a agi, pourquoi et comment on voulait voir une Pologne associée à la Russie soviétique et surtout partie prenante d’une Europe rouge que les communistes polonais croyaient alors à portée de mains. On peut déceler chez ces communistes polonais d’alors à la fois quelques tendances patriotiques plus autonomes par rapport au modèle russe, et aussi des convergences avec une révolution allemande fortement attendue. Par exemple, lorsqu’il mentionne l’ancienne capitale des tsars, le Goniec Czerwony n’utilise étonnamment pas le terme officiel de l’époque depuis 1914 de Piotrogrod (Petrograd en russe) mais toujours et encore celui, allemand, de Petersburg. Ce qui est étonnant et pourrait témoigner de ce qu’on pourrait appeler un marxisme « occidentaliste » persistant au sein des Polonais qui se sentaient certes solidaires de la révolution bolchevique mais qui pouvaient se considérer néanmoins comme plus « occidentaux » que les Russes, bolcheviks ou pas, pour ne pas dire plus « civilisés ». Chose que Lénine avait lui-même remarqué à plusieurs reprises et envers quoi il manifestait plutôt une certaine sympathie tant il critiquait le caractère parfois « retardataire » de la société et des mentalités en Russie. La suite des événements allaient toutefois prouver que les communistes polonais furent rarement à la hauteur de leurs ambitions.

Avant d’analyser les différents sujets abordés dans le journal, mentionnons que, hormis son nom, son en-tête est marqué par la devise habituelle « Prolétaires de tous les pays, Unissez vous ! » mais aussi par un appel répété allant du numéro 1 au numéro 8 : « Vive la République socialiste des conseils de Pologne ! Vive l’héroïque Armée rouge ! », remplacé à partir du numéro 9 jusqu’au dernier numéro 12 par un appel visiblement plus pressant : « Aux Armes, ouvriers polonais ! Rejoignez les détachements de l’Armée rouge ! »

La question de la légitimité du Comité Révolutionnaire provisoire de Pologne (TKRP)

Nous ne poserons pas ici la question de la légalité du TKRP dans la mesure où, se proclamant lui-même comme une institution révolutionnaire, il rejetait ipso facto tout légalisme et ne justifiait son existence uniquement que sur la base d’une légitimité révolutionnaire s’appuyant par principe sur la représentation décrétée et l’adhésion éventuelle des travailleurs salariés, ouvriers et ouvriers agricoles associés aux paysans et aux petits artisans, commerçants, professions libérales et fonctionnaires dans la mesure où ces derniers n’employaient pas eux-mêmes de salariés. Les autres catégories sociales étaient par principe à cette époque de la révolution bolchevique exclues de la vie politique soviétique. On remarquera néanmoins qu’une attitude ambiguë transparait au regard des articles concernant les dignitaires religieux dont on accepte en principe l’existence, dans la mesure où les croyants acceptent de financer « leurs devoirs religieux », terme qui sonne bizarrement de la part de marxistes.

1 – Les causes de la guerre selon le Goniec Czerwony

Le TKRP sous la présidence de Julian Marchlewski et ayant pour membres Feliks Dzierzynski, Jakub Harecki (vice-président), Edward Prochniak (secrétaire), Feliks Kon (éducation), Jozef Unszlicht (question du Parti et de la sécurité), Bernard Zaks (industrie), Stanislaw Bobinski (agriculture), Tadeusz Radwanski (agitation et propagande), se proclama représentation du peuple polonais travailleur des villes et des campagnes en rébellion contre le gouvernement polonais de Varsovie dirigé par Jozef Pilsudski et dénoncé comme un « traitre au socialisme » dans les pages du quotidien, passé du service aux Allemands aux ordres de la Grande-Bretagne et de la France. L’État polonais y est présenté comme le « gendarme du capitalisme » dirigeant une « armée d’agression polonaise » opposée à une Armée rouge « libérant la Pologne du joug franco-anglais ». Tous les dirigeants polonais de l’époque sans exception, Pilsudski, Witos, Grabski, Paderewski, Daszynski, etc y sont désignés sous le terme de bande d’escrocs, « Zgraja szajchrajow ». Dans l’article « Qui est responsable » (« Kto Winien ? »), paru dans le n°2 et portant sur les responsabilités dans cette guerre, on accuse Varsovie d’avoir attaqué la Lituanie et la Biélorussie qui ne sont pas des terres polonaises dans le but d’y maintenir la domination de la noblesse polonaise, pays que les Soviétiques n’ont pu défendre en 1919 à cause des attaques les visant sur d’autres fronts. A cette époque, la Russie soviétique avait offert, selon l’auteur de l’article, la paix à la Pologne à de bonnes conditions mais Varsovie avait refusé et même fait le silence sur ces propositions auprès de l’opinion polonaise. Ce n’est que quand la Russie a conclu la paix avec l’Estonie que cela aurait forcé Varsovie à accepter des négociations, en mars 1920, interrompues ensuite par l’agression polonaise visant Kiev dont les conséquences ont, en réaction, amené à la guerre actuelle sur le territoire polonais. Le journal mentionnait d’ailleurs que la Lettonie alliée de la Pologne dans la première phase de la guerre venait de conclure la paix avec la Russie soviétique, ce qui prouvait selon les auteurs la bonne volonté de Moscou. L’Entente de son côté, se déclare neutre mais les auteurs du journal considèrent que le gouvernement anglais joue avec le feu et a même fait à la Pologne depuis l’offensive soviétique vers Varsovie des propositions moins bonnes que ce qu’offrent les Bolcheviks, puisque même la ville et le territoire de Chelm auraient été proposés à la Russie par Londres3.

2 - Révolution en Pologne et révolution internationale

Les articles du journal abordent de façon récurrente la question de « la Pologne révolutionnaire et de la révolution européenne », de très nombreux pays où se déroulent des manifestations, des grèves ou des rébellions sont cités, France, Allemagne, Japon, Estonie, Italie, Angleterre, Bulgarie, Chili. La Turquie kémaliste également est citée comme alliée de la Russie soviétique. La paix signée entre la Russie et l’Autriche est censée démontrer que le gouvernement de Varsovie est de plus en plus isolé en même temps que des désertions, des grèves et des manifestations antigouvernementales se déroulent à Lodz et à Varsovie. Hormis Pilsudski, les mots les plus durs dans les pages du journal visent le paysan Witos « fricoteur du parlement viennois », (« Macher Wiedenskiego parlamentu »), et le socialiste Daszynski accusé d’avoir été le promoteur de l’expédition de Kiev, ce qui démontre que les communistes polonais visaient surtout à conquérir l’opinion de gauche en délégitimant leurs concurrents directs, plutôt que les partis polonais de droite qui sont rarement mentionnés.

Au fil des pages, on énumère les tentatives de création de nouvelles institutions dont les fonctions sont parfois définies peu clairement, comités révolutionnaires, cercles du Parti communiste, comités d’usines, « komitety parobczanskie » (comités de serviteurs de domaine). Aucun conseil ouvrier n’eut le temps d’être élu dans les territoires aux mains de l’armée rouge pendant le bref épisode de parution du journal. Peu d’informations en revanche sur le système installé en Russie si l’on compare avec la place occupée par les activités révolutionnaires décrites ailleurs dans le monde, ce qui pourrait laisser penser que les communistes polonais n’éprouvaient peut-être pas forcément beaucoup d’admiration pour les activités de leurs camarades en Russie, chose a priori peu étonnante quand on a en tête les nombreuses critiques émises par Lénine lui-même sur le retard de la société russe et de beaucoup de militants communistes russes4. Les communistes polonais comme leurs camarades russes d’ailleurs semblent surtout miser sur les communistes et syndicalistes allemands qui empêchent l’approvisionnement de l’armée de Varsovie et qui auraient même bloqué en Silésie des troupes de tchéco-slovaques devant se rendre en Pologne après leur retour de la guerre civile russe où elles avaient été commandées par l’amiral Koltchak annonce le journal.

3 – Organisation des structures révolutionnaires

L’organisation du KPRP concentre, comme on pouvait s’y attendre, l’attention des dirigeants du TKRP, la réunion des membres du Parti de Bialystok qui allait être présidée par Feliks Kon est annoncée avec présence obligatoire de tous ses membres. Plus tard, il est annoncé dans le journal que les communistes devront obligatoirement participer à toutes les manifestations, réunions et rencontres, et se faire enregistrer à cet effet.

Simultanément à l’organisation du Parti, des comités révolutionnaires sont mis en place dans les différentes localités prises par l’armée rouge, c’est ainsi qu’on note la participation comme un des membres du Comité révolutionnaire de Wysokie Mazowieckie de Marceli Nowotko qu’on retrouvera plus tard à la tête des communistes polonais pendant la Seconde Guerre mondiale, après la fondation du Parti ouvrier polonais (PPR) en 1942 sur les ruines du Parti communiste de Pologne (KPP) dissous par le Komintern en 1938. Notons toutefois que ce comité compte parmi ses membres des personnes dont les noms ne semblent pas d’origine locale mais plutôt russes comme Pietrow ou Filipow. Le comité révolutionnaire de la ville de Lomza annonce de son côté une série de mesures : remise en marche des usines, création de comités d’usine, mobilisation pour le combat et le travail, pour faire face au manque de réserves de nourritures détruites selon le journal par l’armée polonaise en fuite. Pour contrer les effets de la destruction des ponts par cette armée et le manque d’approvisionnement, l’armée rouge va moudre du blé. Le journal annonce qu’il faut construire le pouvoir ouvrier et paysan sans attendre l’arrivée de camarades expérimentés et qu’il faut aussi communiquer la liste de tous les membres des syndicats. Il donne également des instructions comment créer des conseils et comment ceux-ci devront fonctionner. Dans le 11e numéro, il est annoncé que, sans attendre les décisions sur les frontières, l’Obwod (arrondissement) de Bialystok prend en main la gestion des districts de Suwalki, Bialystok, Bielsk, Sokolka et Wysokie mazowieckie avec comme président Waclaw Bogucki. Les limites de l’arrondissement, des districts (« powiat ») et des communes resteront les mêmes qu’auparavant mais le nom polonais traditionnel de Voïévodie jugé trop nobiliaire est remplacé par le terme d’Obwod (arrondissement). Pour les zones proches du front, le journal annonce la création de comités militaires révolutionnaires de l’armée rouge qui vont gérer les territoires jusqu’à la formation de comités révolutionnaires qui devront procéder aux élections des conseils de délégués ouvriers et ruraux (« wloscianskie »). Feliks Dzierzynski, le chef de la Tchéka en Russie mais plus tard aussi commissaire du peuple au transports, fut alors nommé membre du Conseil militaire révolutionnaire du front occidental.

Toutes les associations existantes reçoivent la consigne de s’enregistrer auprès des comités révolutionnaires locaux et les syndicats doivent procéder à l’enregistrement de tous leurs membres tandis que les enseignants de musique et les instruments de musique doivent aussi être enregistrés. Pour ce qui est des futures élections, le journal conseille bien sûr de voter pour des communistes mais de ne pas faire son choix en fonction de la nationalité des candidats. Le journal annonce enfin que le 31 juillet, le Comité régional de Bialystok du PPS (Parti socialiste polonais) a voté sa dissolution et que tous ses membres ont adhéré au Parti communiste ouvrier de Pologne (KPRP), son président Biernacki, son secrétaire Noskiewicz et les 19 membres du comité dont les noms sont tous cités. Cette information reste à vérifier mais elle vise en tous cas à démontrer que les concurrents à gauche du KPRP tendent à se déliter à partir de la base. D’ailleurs, le journal annonce aussi que des membres du PPS de Varsovie se rebellent contre la direction de leur Parti, à commencer par le secrétaire de son organisation municipale, tandis que des soldats polonais désertent. Parmi les slogans « Courre à cent mille lieux du pouvoirs ouvriers des patriotes du soit-disant Parti socialiste polonais! » (« Pedz o sto mil od wladzy robotniczej patrjotow z tak zwanej Polskiej partii socjalistycznej ! »), car à ce moment là, face à l’offensive soviétique sur Varsovie, le pouvoir polonais avait formé un gouvernement d’union nationale plus à gauche, sous l’égide du dirigeant paysan Wincenty Witos et avec une forte participation des socialistes. Il s’agissait pour les conservateurs polonais de concessions faites dans le but d’éloigner des communistes la masse des paysans et des ouvriers qui pouvaient être tentés par une révolution radicale dirigée par les partisans du pouvoir des soviets. Dans les conseils ouvriers qui avaient été créés auparavant spontanément sur le territoire polonais en 1918, les communistes avaient occupé une position importante quoique généralement minoritaire face aux militants du PPS, et la « République de Tarnobrzeg » qui avait été proclamée en 1918 par des paysans de cette région de Galicie fut férocement réprimée en 1919. Tout cela avait démontré la force initiale du sentiment révolutionnaire en Pologne, ce que les grandes manifestations de masse pour la paix du printemps 1920 avaient encore confirmé, avant toutefois l’euphorie nationaliste créée dans la foulée de l’entrée de l’armée polonaise à Kiev en juin 1920 et qui avait semblé laver 120 ans d’humiliation nationale. Au moment de l’entrée de l’armée rouge en Pologne en août 1920 donc, les sentiments qui régnaient en Pologne étaient particulièrement contradictoires, ce que les bolcheviks allaient mal analyser, selon les dires même de Lénine plus tard.

4 – Mobilisations des masses

Dans les premiers jours suivant l’arrivée de l’armée rouge à Bialystok, on perçoit une grande improvisation, le journal reconnaissant que le nouveau gouvernement n’est pas encore au complet, il lance donc la campagne « Prenez le pouvoir dans vos mains, formez des tribunaux » (« bierzcie wladze w swe rece, czyncie sady »), en encourageant des ouvriers à participer au pouvoir, « sans distinction de nationalité, d’origine et de sexe » et en mobilisant sous le slogan « mort aux bourreaux des ouvriers, des paysans et des soldats polonais ! ». Le journal diffuse des chants de victoire et anti-Pilsudski, il annonce la durée de travail de 8 à 10 heures, l’organisation de meetings dans les usines et les villages, appelle à créer une armée rouge polonaise et à enregistrer les volontaires uniquement à partir des ouvriers et des paysans n’utilisant pas de main-d’oeuvre salariée. Il appelle aussi à la reconstruction des usines et surtout à celle des voies de chemin de fer. Plusieurs manifestations de masses sont organisées avec chants, étendards syndicaux, drapeaux communistes. A Bialystok, le journal décrit une manifestation de plusieurs milliers de participants devant le « Palais du travail anciennement Branicki » où Marchlewski a pris la parole et d’autres dirigeants dont les noms sonnent souvent juifs, ce qui tendrait à démontrer que la base sociale locale du TKRP au départ s’appuyait plus sur cette minorité que sur les Polonais et les Biélorussiens locaux, et ce qui allait dans le sens de la propagande xénophobe souvent entonnée alors à Varsovie. L’Internationale y fut chantée en plusieurs langues, les cheminots étant absents de cette manifestation car ils étaient censés la célébrer en travaillant d’arrache pied à reconstruire le réseau ferré. Lors de cette manifestation, Feliks Kon, le rédacteur en chef du Goniec Czerwony, déclara avec une note de tristesse « La joie est ternie par la conscience que nous n’avons pas nous-mêmes rompu les chaines de l’oppression ...Alors que nous étions autrefois à l’avant-garde de la révolution, nous avons dû attendre l’aide des frères russes pour planter en Pologne l’étendard de la révolution »5, la cause de cette situation qui entrait effectivement en contradiction avec le rôle d’avant-garde joué par la Pologne lors de la Révolution de 1905, ne pouvait toutefois selon lui être due à la faute du prolétariat polonais mais provenait des emprisonnements, des tortures et des déportations de par le monde des travailleurs polonais expérimentés par la faute du tsar puis du kaiser. Effectivement, les déportations massives d’ouvriers polonais vers la Russie centrale opérées par les armées du tsar en 1915 avaient certes contribué à renforcer le potentiel rouge en Russie même mais avait contribué à affaiblir son impact sur les bords de la Vistule ...Mais peut-être, lança Kon, que Varsovie allait encore pouvoir se libérer par elle-même avant l’arrivée de l’armée rouge. Phrases qui témoignent des rêves qui semblaient toucher les communistes polonais mais aussi d’une certaine forme de sentiment national, même si la manifestation se termina par des vivats concentrés en l’honneur de Lénine et Trotsky ainsi qu’à des héros rouges du travail.

D’autres rencontres furent organisées dans la ville, le Goniec Czerwony annonçant 500 participants à la réunion syndicale des ouvriers de l’industrie de la peau de Bialystok et une réunion de tous les syndicats de Bialystok rassembla semble-t-il environ 600 personnes, en se terminant par une résolution adoptée par acclamation en faveur du TKRP. Le journal annonça aussi la réunion des garçons de café et des cuisiniers de la ville ainsi qu’une réunion avec présence obligatoire de la « section polonaise » des enseignants. « Manifestation gigantesque » annonçait-il aussi à Bielsk en faveur du TKRP qui adopta la résolution « Nous, citoyens, soldats de l’armée rouge et prisonniers de l’armée de Pilsudski, nous envoyons des milliers d’injures à la bourgeoisie mondiale qui essaie de toutes ses forces d’appuyer les bandes contre-révolutionnaires visant à étouffer le prolétariat russe et polonais »6 et il lançait l’appel « Défendez votre patrie révolutionnaire contre la bande d’exploiteur capitalistes internationaux ! »7. La multiplication des termes « kraj », le pays, ou « ojczyzna », la patrie, dans les pages du journal témoigne du fait que les communistes polonais avaient conscience de l’ambiguïté de leur position eu égard aux sentiments nationaux polonais. Des membres du KPRP allèrent à la rencontre des prisonniers polonais qui adoptèrent, annonce le journal, une résolution des « prisonniers-légionnaires » dénonçant le gouvernement de Varsovie. Le journal annonçait par ailleurs qu’une fois la Pologne libérée d’un pouvoir agresseur qui avait rendu la guerre inévitable, l’armée rouge russe quitterait le pays pour remettre le pouvoir aux masses polonaises.

Le journal ne tait pas les grandes difficultés auxquelles se heurtait la population nouvellement conquise mais soulignait que c’était de la faute de l’armée polonaise qui avait tout détruit en Pologne comme en Biélorussie avant d’évacuer le territoire, d’où les difficultés d’approvisionnement et de communication pour les civils et pour l’armée rouge, d’où le slogan : « Il faut sauver le pays, il faut s’engager dans le combat contre la famine et la destruction ! »8. A chaque numéro, on constate que le soucis économique principal se résumait à trois questions centrales : reconstruire les voies ferrées, participer aux moissons, moudre le blé, tandis que la guerre faisait rage et que le journal annonçait la défaite imminente du gouvernement de Varsovie en s’appuyant entre autre sur un article du correspondant à Varsovie du journal allemand Kölnische Zeitung dont on peut supposer que la lecture était assez rapidement faite pour être communiquée à Bialystok via la Russie. Efficacité donc des services de propagande bolcheviks.

On doit remarquer que la propagande du TKRP tentait de répondre aux questions difficiles comme celle de la légitimité nationale qui devait incontestablement poser des problèmes aux autorités mises en place dans la foulée de l’arrivée d’une armée étrangère. C’est ainsi que le gouvernement de Varsovie était accusé non seulement d’être aux ordres de puissances étrangères mais constituait quasiment un gouvernement de trahison nationale. Dans l’article « Le crime national des patriotes polonais » (« Zbrodnia narodowa patrjotow polskich »), il est écrit que « ...Ce patriotisme a amené à renoncer aux intérêts polonais dans l’ancienne Pologne prussienne »9. En particulier, il donne comme exemple le plébiscite qui vient d’être perdu par la Pologne en Mazurie où la population a voté contre la Pologne à cause, selon le Goniec Czerwony :

- du fait qu’elle est protestante et que la nouvelle Pologne a été réservée aux catholiques,

- qu’elle a mené une politique agressive contre la Russie qui a fait que les Mazuriens ne veulent pas appartenir à une telle Pologne.

Le journal fait des analyses comparables pour la Haute-Silésie et la Silésie de Cieszyn, alors en mains allemandes et tchèques. Il accusa même Pilsudski d’avoir voulu donner la Poznanie aux Allemands qui l’ont toutefois refusée non pas par manque de désir impérialiste mais parce que le prolétariat allemand ne l’aurait pas permis. Grabski de son côté aurait proposé des territoires polonais aux Tchèques en échange de leur aide mais le gouvernement tchécoslovaque a finalement préféré la paix avec la Russie, le gouvernement polonais en étant dès lors réduit à chercher comme allié des pays comme la Hongrie et la Roumanie (qui ne voulait toutefois pas selon le journal s’engager dans la guerre malgré la pression française et qui se limitait à permettre à des formations de volontaires de se constituer pour aller en Pologne). Le journal rappelle aussi que le général Haller revenu du front français où il avait combattu aux côtés de l’armée française après avoir quitté la Russie où il était entré en opposition avec les bolcheviks en 1918 avait autrefois trahi Pilsudski à l’époque de leurs alliances avec les empires centraux, laissant ainsi entendre que l’armée polonaise constituait un amalgame fragile et un panier de crabes d’ambitieux.

Contre Pilsudski, Goniec Czerwony annonce des arrestations de masse à Varsovie et la répressions des syndicats en n’hésitant pas à lancer comme slogan la création d’un tribunal pour les responsables de la défaite annoncée de leurs adversaires. Il annonce également que des policiers polonais de Bialystok évacués par l’armée polonaise sous prétexte d’aller toucher leurs salaires qu’ils n’ont finalement pas reçu auraient fui les zones aux mains des troupes polonaises pour rejoindre Bialystok. De même, il annonce la préparation de la construction d’un monument à Lapy pour célébrer Bronislaw Wesolowski et les autres membres de la délégation de la croix rouge russe envoyés en Pologne, et assassinés selon le journal par les autorités de Varsovie. Il appelle dans ce contexte les soldats de l’armée polonaise à créer des conseils de soldats.

5 – Vols et réquisitions

Un sujet délicat pour le TKRP, les violences commises par des militaires de l’armée rouge qui semblent impossibles à nier. Le Goniec Czerwony souligne à plusieurs reprises que cette armée doit se nourrir, qu’elle a aussi du réquisitionner des chevaux car il n’y avait plus de chemins de fer détruits par les armées de Pilsudski et que quand l’approvisionnement arrivera les réquisitions cesseront. Dans un article, il pose ainsi la question : « Est-ce que le soldat révolutionnaire saignant de ses blessures, infecté de saleté n’a pas le droit de prendre du pain quand il a faim, de prendre des bottes quand il est sans chaussures, a-t-on le droit de le laisser sous la menace de faire perdre la question de la liberté parce que des seigneurs polonais ont voulu couper les communications, l’approvisionnement, l’intendance. Il ne peut y avoir de liberté sans sacrifice ! » Le journal annonce que plusieurs villages donnent de la nourriture à l’armée, le village de Bagnowka par exemple a donné 100 pouds de blé et 200 pouds de pommes de terre, mais il admet aussi que des choses inadmissibles ont eu lieu à Lomza de la part d’un détachement de l’armée rouge qui volait et se comportait de façon barbare, et qu’il a fallu envoyer un autre détachement pour restaurer l’ordre. Il demande que de tels actes soient signalés aux comités révolutionnaires.

Les villes sont sollicitées pour envoyer des travailleurs pour faire les moissons, les cheminots sont appelés à combattre « armja jasniepanska », « l’armée des ci-devants », les établissements de commerce de Bialystok sont d’abord fermés pour inventaire pour se voir ensuite sommés de rouvrir.

6 – Les répressions

Le journal annonce que selon la propagande de Pilsudski, il y aurait eu des vagues d’arrestations massives à Bialystok, des exécutions, des pillages mais il donne comme exemple le cas d’un dirigeant local, Siemiaszko, dont on a annoncé l’exécution à Varsovie alors qu’on sait bien à Bialystok que pas un cheveu n’est tombé de sa tête. Le journal annonce en revanche la peine de mort pour les vols et les viols, l’inviolabilité de la propriété paysanne, l’obligation pour toute manifestation d’obtenir l’autorisation du comité révolutionnaire local, de remettre aux archives les affiches et tracts émis après l’arrivée de l’armée rouge, l’obligation pour les propriétaires de moulins d’être présents sur les lieux, l’interdiction d’utiliser des camions sans l’autorisation du département des transports, l’autorisation nécessaire pour mener des activités commerciales, toutes mesures qui peuvent se comprendre dans une situation de pénurie et de guerre. Le journal n’annonce en revanche aucune mesure concrète visant les opposants à son régime même s’il décrit en détail les lois adoptées les visant. C’est ainsi qu’il annonce que les tribunaux militaires révolutionnaires peuvent juger partout là où a été décrété l’état de guerre ou de siège :

 

- les affaires contre-révolutionnaires

- les grosses affaires de spéculation

- les questions de corruption et de crimes

- les activités visant à discréditer malicieusement le pouvoir des conseils

- la protection des déserteurs de l’armée rouge

- le banditisme

 

Les jugements de ces tribunaux sont sans appel et cassation, et doivent être exécutés dans les 24 heures suivant le jugement, décret qui leur laisse, il faut bien le dire, une marge de manœuvre quasiment sans limite.

La politique dans le domaine agraire a occupé une place importante et récurrente dans le journal. Dans le numéro 1 du Goniec Czerwony, on appelait à la création de comités d’employés de domaines (« komitety parobczanskie »), en soulignant que l’armée rouge avait l’ordre de ne pas toucher au blé. Dans cet article, on demandait l’arrestation sans commettre violence envers eux des grands propriétaires terriens pour les remettre au comité révolutionnaire local. Le journal soulignait qu’il ne fallait pas détruire les manoirs ou châteaux qui allaient être utiles comme écoles, hôpitaux, salles de réunion ou pour loger ceux qui avaient des logements trop petits. Il ne fallait pas non plus détruire les « folwark », les domaines seigneuriaux, ni les morceler en distribuant la terre aux paysans car ils allaient devenir propriété de toute la nation : « il ne faut pas s’attaquer aux grands domaines mais garder l’exploitation en totalité car il n’y a pas assez de terre en Pologne pour tous »10. On semblait donc s’orienter vers la création de fermes collectives sans procéder à une réforme foncière en faveur de la petite paysannerie. Mais dans le numéro 2, donc dès le lendemain, un article déclarait que la propriété paysanne était intouchable et annonçait que les petits paysans allaient recevoir une partie des terres prises aux grands propriétaires, et que les comités d’employés de grands domaines11 allaient procéder à un inventaire et fournir une aide aux paysans lors des moissons. On annonçait aussi la nationalisation des forêts, l’annulation des impôts et des dettes ainsi que des intérêts bancaires. Et la création de comités révolutionnaires dans les campagnes devant préparer les élections pour les conseils de délégués des communes et districts donnant le droit de vote aux ouvriers agricoles et aux seuls paysans exploitant eux-mêmes leurs exploitations sans employés. Cet accent mis sur la préservation des grands domaines fonciers dans le numéro un du Goniec Czerwony semble entrer en contradiction avec l’accent mis sur la petite paysannerie propriétaire dans le numéro deux où l’on envisageait au moins partiellement une distribution de terres en sa faveur, ce qui pourrait témoigner de divergences existant chez les communistes polonais quant à la politique agraire à suivre. Dans le numéro cinq, on allait d’ailleurs souligner que la nourriture paysanne ne pouvait être réquisitionnée ou confisquée, et Marchlewski proclamait que seuls les surplus devaient être enregistrés.

Dans le numéro 7, un long article commençait par citer l’exemple russe mais en soulignant immédiatement les différences existant avec la Pologne où les ouvriers agricoles travaillaient directement pour le propriétaire et non pas, comme en Russie, où ils lui remettaient une grosse partie de ce qu’ils avaient produit eux-mêmes sur la terre qui était sa propriété. Il fallait donc selon cet article maintenir les domaines fonciers (« folwark »), sans toucher pour autant à la propriété paysanne, et remettre aux paysans ayant peu de terres, là où c’était possible, une partie de la terre des domaines en planifiant « intelligemment » ces changements. Distribuer aussi les prairies et pâturages des domaines et les réserves de foin et d’engrais. Les comités d’employés de domaines devaient aider les paysans en leur prêtant leurs machines ou leurs chevaux.

Il est intéressant aussi de noter que, après avoir utilisé le terme de comités d’employés de domaines, dans le dernier numéro du journal qui put paraître avant le retour de l’armée polonaise, Stanislaw Bobinski lança un nouveau slogan « Vive la République polonaise des conseils des ouvriers des villes et des campagnes ! »12, ce qui semble dénoter une volonté de « prolétariser » la paysannerie sans terre.

8 – politiques religieuses

La question religieuse ressort plusieurs fois elle-aussi dans les pages du Goniec Czerwony. Dans le n° 2, on soulignait que le TKRP n’allait pas se mêler des affaires religieuses et qu’il fallait respecter les églises et les prêtres à condition qu’eux acceptent de leur côté le principe « Éloignez-vous des affaires laïques ! »13. On annonça rapidement en revanche la nationalisation de toutes les écoles de toutes confessions ainsi que des bibliothèques, librairies, théâtres, cinémas, imprimeries, maisons d’édition et entrepôts d’instruments de musique. Le nouveau pouvoir décréta la liberté de conscience, le droit de croire ou de ne pas croire, la séparation des Églises et de l’État et l’interdiction aux religieux de se mêler des affaires de l’État. La liberté d’aller participer aux activités religieuses fut en principe reconnue mais les religieux n’avaient pas le droit de se mêler de l’enseignement, et l’enseignement de la religion en parallèle était laissé à la décision des parents. Seuls les croyants devaient financer les fonctions religieuses. Dans le n°6, un long article revenait sur la question de la religion en mentionnant que les Églises et les religions avaient toujours été utilisées comme instrument de domination des classes privilégiées qui promettaient « une justice dans l’au-delà » et utilisaient un climat de « peur superstitieuse ». L’intolérance était considérée comme répandue dans toutes les Églises et religions citées explicitement à cette occasion, dans cet ordre et sous cette forme, pas intégralement alphabétique : « catholicisme, orthodoxie, luthéranisme, calvinisme, presbytérianisme, mahométanisme, judaïsme ». On notera que dans ces articles l’équilibre était cependant maintenu entre les critiques visant les prêtres et les rabbins. On rappelait que la liberté de conscience n’existait que depuis la Révolution française, et uniquement en fait en France, en Suisse et aux États-Unis d’Amérique du Nord. En Pologne, les grands propriétaires et la bourgeoisie s’appuient sur l’Église tandis que le puissant pouvoir des kahal (conseils religieux juifs) tendait à « maintenir ses fidèles dans l’antagonisme envers la population chrétienne ».

Dans un autre article, le journal soulignait que la propagande ennemie prétendait que les communistes détruisaient les églises et opprimaient la croyance, ce qui n’est pas à leur programme mais il n’y aura plus à l’avenir en revanche de croyance privilégiée. Il annonçait aussi que les prélats religieux seront punis s’ils cherchent à imposer la participation à des activités religieuses, en particulier par le biais de dénonciations publiques ou d’excommunications, chose qui semblait viser dans ces articles particulièrement les rabbins.

9 – Questions de nationalités

Si la question religieuse a été amplement abordée par le journal, on ne trouve pratiquement rien sur la question des nationalités ce qui doit étonner dans cette région pluriethnique. Hormis une mention sur l’égalité des nationalités et sur le fait de devoir voter sans tenir compte de la nationalité du candidat, rien sur le sujet. Notons toutefois que le journal annonçait dans son premier numéro une réunion du Bund communiste et de Poaleï-sion, et pas d’action équivalente pour le PPS socialiste polonais ou le SL agrarien polonais visiblement considérés comme des ennemis plus irréductibles. On ne trouve absolument rien dans le journal sur les Biélorussiens, si ce n’est une mention dans un article consacré au général Bulak-Balachowicz qui combattait aux côtés de l’armée polonaise et que l’on dénonçait comme un trublion violent se prétendant biélorussien mais rassemblant un ramassis de pilleurs de toutes nationalités. On notera aussi l’annonce d’un concert-meeting consacré à la culture prolétarienne organisé par des militants portant tous les trois des noms polonais alors que l’ensemble de l’orchestre portait des noms juifs.

On doit aussi remarquer que tout au long des pages du journal, le nom d’Unszlicht, visiblement juif, n’apparait qu’une seule fois lors de la formation du TKRP, mais celui de Kon, tout aussi juif, apparait plusieurs fois. Les noms de dirigeants ou activistes politiques cités dans le journal, à l’exception de ceux-là, sont en fait presque tous polonais, parfois ils peuvent sembler russes mais jamais juifs, alors qu’on sait que de nombreux juifs d’origine avaient adhéré au KPRP, ce qui laisse penser que le TKRP préférait passer cet aspect sous silence pour apparaître plus polonais qu’il ne l’était. En fait, la question des rapports entre nationalités n’est jamais abordée dans les pages du Goniec Czerwony, seule la question juive dans le cadre de la dénonciation de la religion, mais pas sous l’angle de la nationalité. On peut s’étonner aussi que, alors qu’une grande partie des partis de la droite nationaliste polonaise entonnaient à Varsovie des slogans sur le « judéo-bolchevisme » qui légitimaient les comportements antisémites, rien la question n’est pas abordée dans le Goniec Czerwony pas plus que celle des droits de la minorité biélorussienne traditionnellement défavorisée. Ce qui laisse penser que les communistes polonais de toutes origines préféraient ignorer ces sentiments qui les gênaient dans leur propagande et qui restaient répandus dans la société. Des Polonais de toutes tendances estimant que les Juifs étaient trop fortement représentés au sein des pouvoirs bolchéviks et des communistes juifs estimant que les rabbins portaient une part de responsabilité dans le développement d’un « tribalisme juif » provoquant à l’égard des autres populations.

10 – Les voisins orientaux de la Pologne

Le Goniec Czerwony salua au même moment la formation du Comité révolutionnaire provisoire de Galicie orientale, il mentionna bien sûr la signature de la paix entre la Russie soviétique et la Lettonie. Lorsque la Russie soviétique attribua la région de Wilno/Vilnius à la « Lituanie bourgeoise », le journal souligna que la question de la révolution en Lituanie devra être tranchée par les Lituaniens eux-mêmes, mais on trouve aussi un article relatant les tortures des militants ouvriers dans les prisons de Kaunas.

11 – la vie quotidienne

La vie quotidienne occupe une place régulière dans le journal même si les articles relatant ces questions sont souvent plus courts que les autres. Entre certains appels répétés à la « la reconstruction du pays », on trouve une série d’informations brèves sur la création de cuisines pour les pauvres, l’aide médicale gratuite, la distribution des cartes de rationnement, l’ouverture obligatoire des commerces, la nomination d’un plénipotentiaire pour le reconstruction des chemins de fer, les ventes de pains, l’obligation faite aux propriétaires des coffres bancaires de se rendre à la banque pour qu’on ouvre les coffres en leur présence, l’enregistrement obligatoire des membres des comités d’usine, une demande d’embauche de correcteurs et de traducteurs pour le journal, les activités de choristes, la création de syndicats, le lancement de cours sur les maladies contagieuses dans les villages, le lancement de cours pour les analphabètes, les mesures pour préparer l’hiver en rassemblant le bois et le charbon, l’enregistrement des agronomes et des gardes forestiers, l’enregistrement des coopératives existantes, la distribution de billets gratuits pour le cinéma, le redémarrage de l’industrie textile, la nécessité pour les commerçants de procéder à des inventaires exacts, l’enregistrement des anciens fonctionnaires de l’administration au chômage, la lutte contre l’alcoolisme dans l’armée rouge et dans la population qui imposait de mettre la vodka sous contrôle strict, et si cela s’avérait impossible, de la jeter dans le fumier.

Le journal annonçait aussi que l’armée polonaise en s’enfuyant avait laissé les prostituées soignées dans un établissement sanitaire de la région se disperser et qu’elles devaient être rattrapées pour être soignées car elles transmettaient des maladies. Le journal note les difficultés d’approvisionnement, le manque de papier, le ramassage de peaux, la nécessité d’aider les campagnes et de moissonner les champs laissés à l’abandon avec l’aide de travailleurs et des chômeurs des villes. Bref, ces informations tendent à donner une image des problèmes quotidiens auxquels se heurtaient les habitants en voulant montrer la bonne volonté des autorités. On doit reconnaître que vu la très courte période pendant laquelle celles-ci ont exercé le pouvoir, elles ont fait montre d’une grande énergie et aussi d’une grande fermeté, avec la certitude qu’elles étaient là pour y rester et sans vraiment connaître toujours les réalités ambiantes. Les erreurs et violences auxquelles cette courte période a donné lieu sont mentionnées lorsqu’il s’agit de cas de violences spontanées, mais on notera que tout en niant les accusations de répressions venant de Varsovie et en annonçant la formation de tribunaux jouissant de pouvoirs extraordinaires et expéditifs, rien n’est dit sur la façon dont les répressions concrètes des partisans du gouvernement polonais de Varsovie étaient menées. Il semble y avoir eu aussi des divergences sur la politique agraire à mener. On doit également noter que le fonctionnement de la Russie soviétique n’est quasiment pas décrit et tout l’espoir des communistes polonais semble résider dans la victoire de la révolution à l’échelle européenne. Notons également que, si les pays étrangers sont mentionnés en passant, l’horizon du journal s’étend au monde entier et pas seulement à l’Europe, même si l’on note par ailleurs un fort eurocentrisme des auteurs qui semblent croire qu’ils ont quitté la Russie définitivement. Ce qui peut expliquer les déboires ultérieurs de beaucoup de ces communistes polonais revenus en Russie après l’échec de l’armée rouge devant Varsovie. Les relations entre communistes russes et polonais allaient en effet, malgré les proclamation de fraternité exemplaire, s’exacerber entre la période de la guerre polono-soviétique et la dissolution du Parti communiste polonais par le Komintern en 1938.

La lecture des quelques numéros du journal des communistes polonais arrivés de Russie et tentant de bâtir avec l’aide de communistes locaux une nouvelle réalité démontre l’improvisation dont ils durent faire preuve, une énergie tenace, des hésitations sur la manière de mener la politique agraire ou religieuse, la conscience de devoir se trouver une légitimité patriotique polonaise en abordant la question des territoires frontaliers polono-allemands, la crainte d’aborder la question des tensions interethniques et l’espoir que les graves problèmes économiques seraient résolus grâce à une révolution universelle permettant de moderniser le pays et de rattraper son retard économique. On n’a pas l’impression à la lecture de ce journal que les communistes polonais étaient particulièrement enthousiastes envers la façon dont la Russie soviétique était gouvernée puisque, hormis des déclarations d’appui très générales, il n’y est presque pas fait état sur ce qui se passe dans ce pays et on a en finale plus d’informations sur l’Allemagne ou d’autres pays que sur la vie en Russie. Cela laisse penser que les communistes polonais étaient solidaires de la Russie soviétique dans son combat contre le capitalisme mais qu’ils n’étaient pas vraiment persuadés de la capacité des Russes de bâtir un système socialiste développé et correspondant aux espoirs des Polonais. Il faut rappeler que le Parti communiste polonais allait encenser « les trois L », Lénine, Liebknecht, Luksemburg, en lieu et place du léninisme adopté par le PC soviétique à partir de la mort du fondateur de l’État soviétique. Ce qui explique les critiques pour « luxembourgisme », et parfois quasiment de trotskysme malgré l’exclusion des partisans de l’ancien chef de l’Armée rouge, dont il allait être l’objet à Moscou dans les années 1930.

Il est difficile aussi de savoir à la lecture du Goniec Polski quel fut l’écho réel de leur propagande auprès des populations, les espoirs mis par Feliks Kon dans la possibilité d’une révolte des Varsoviens contre le gouvernement polonais avant l’arrivée de l’armée rouge démontrent toutefois une méconnaissance réelle de l’état d’esprit des Polonais à ce moment là.

Pour terminer, rappelons que le rédacteur en chef du journal, Feliks Kon, après avoir du quitter la Pologne face à la contre-offensive de l’armée polonaise, occupa plusieurs fonctions politiques en République socialiste soviétique d’Ukraine, qu’il allait ensuite travailler à la radiophonie soviétique et occuper la fonction de rédacteur en chef de « Trybuna Radziecka » (La Tribune soviétique), journal destiné à la population polonophone habitant l’URSS. Début 1941, il entrait dans l’équipe de « Nowe Widnokregi » (Horizons nouveaux), sous l’égide de Wanda Wasilewska14, journal intellectuel polonais créé dans la ville encore très majoritairement polonaise à l’époque de Lwow. Au moment de l’attaque allemande contre l’Union soviétique en juin 1941, il fut nommé directeur de la section polonaise de radio Moscou mais il mourut dès juillet 1941 lors de son évacuation vers la ville de Kouïbichev où étaient réfugiés alors, à l’abri de l’atteinte des troupes allemandes, tous les services de l’État qui n’étaient pas indispensables à Moscou. Des autres membres de la rédaction, Julian Marchlewski est décédé en 1925, Feliks Dzierzynski est décédé en 1926 tandis que Edward Prochniak allait être condamné à mort et exécuté en juillet 1937 pendant la « iejovchtchina », les grandes purges de la période Iéjov15 qui se termina en décembre 1938 avec son licenciement du NKVD. Prochniak allait être réhabilité en 1955, de même que Jozef Unszlicht qui allait être condamné à mort et exécuté en juillet 1938 puis réhabilité en 1956.

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Notes

(1) http://pbc.biaman.pl/dlibra/publication?id=22245 >, consulté le 21-XI-2017.

(2) Il faut rappeler que le Parti communiste ouvrier de Pologne (KPRP plus tard KPP) fut fondé en janvier 1918 à partir de la fusion de deux partis existant depuis les années 1890, la Social-Démocratie du Royaume de Pologne et de Lituanie fondée par Roza Luksemburg et Feliks Dzierzynski et le PPS-lewica, ou Parti socialiste polonais – de gauche issue de la fraction de gauche internationaliste du Parti socialiste polonais formée au cours de la Révolution de 1905. A l’époque, la moitié des mouvements de grève qui ont agité l’empire des tsars s’étaient produits en Pologne. Le KPRP n’était donc pas issu comme la plupart des partis communistes d’une scission de gauche de partis sociaux-démocrates provoquée par la Révolution bolchevique. Les communistes polonais réussirent à faire élire beaucoup d’entre eux dans les Conseils ouvriers qui virent le jour en Pologne à partir de novembre 1918, en particulier dans les villes « rouges » depuis 1905 de Lodz, du bassin minier de Dabrowa Gornicza, des faubourgs et banlieues de Varsovie, de Lublin et de Bialystok. Une Garde rouge vit même le jour à Dabrowa Gornicza en même temps que des paysans ayant à leur tête un militant agrarien et un prêtre catholique proclamaient dans le centre de la Galicie une « République de Tarnobrzeg » porteuse de réformes sociales radicales. Ces tentatives visant à créer des embryons de pouvoirs révolutionnaires furent réprimées par les forces plus conservatrices, y compris celles du Parti socialiste polonais PPS qui avait pourtant proclamé avec des agrariens de gauche le 7 novembre 1918 à Lublin un « Gouvernement populaire de la République de Pologne » qui accepta toutefois de se saborder le 11 novembre 1918 au profit de Jozef Pilsudski et d’un gouvernement d’ « Union nationale » plus conservateur. L’ex-socialiste Pilsudski revenait alors de son internement en Allemagne d’où il avait été libéré grâce à la Révolution allemande. La guerre polono-soviétique allait servir aussi à réprimer les tendances révolutionnaires dans tout le pays et qui s’étaient même manifestées le 11 novembre 1918 dans le centre de Varsovie lorsque l’insurrection visant l’armée d’occupation allemande et qui bénéficiait de la sympathie des conseils de soldats allemands présents dans la capitale polonaise plantèrent le drapeau rouge au sommet du château royal de Varsovie comme symbole d’une Pologne renaissante qui devait rompre avec celle qui avait disparu au XVIIIe siècle à cause de la trahison de ses élites aristocratiques. Lune grande partie des ouvriers polonais héritiers de la Révolution de 1905 avait de son côté été déportée en Russie centrale avec les machines de leurs usines au moment de la défaite russe de 1915. Ils ont joué un rôle essentiel dans les révolutions russes de février puis d’octobre 1917 et se virent pour la plupart plus tard interdits de retour dans leur patrie malgré le traité de Riga signé entre la Pologne, la Russie et l’Ukraine soviétiques en mars 1921 et qui garantissait en principe le droit aux rapatriements des citoyens des ces trois entités déplacés chez le voisin au cours du conflit mondial.

(3) Ce territoire avait déjà été formellement détaché de la Pologne par le tsar en 1912.

(4) Voir par exemple l’article : http://www.lapenseelibre.org/article-marx-lenine-les-bolcheviks-et-l-islam-n-60-104736418.html

(5) « ...radosc maci jedna swiadomosc, iz nie sami zerwalismy petla niewoli ...niegdys przednia straz rewolucji, musielismy czekac pomocy braci rosyjskich by sztandar rewolucji nad Polske natknac », GC n°3.

(6) « My obywatele, Zolnierze armji czerwonej i jency z armji Pilsudskiego, zsylamy tysiace przeklestw na burzuazje swiatowa ktora wszelkimi silami stara sie popierac bandy kontrrewolucyjne by zdusic proletarjat rosyjski i polski » , GC n°11.

(7) « Broncie Waszej Ojczyzny Rewolucyjnej przeciwko miedzynarodowej szajce wyzyskiwaczy kapitalistycznych ! », GC n°9.

(8)  « trzeba ratowac kraj, trzeba stanac do walki z glodem i zniszczeniem ! », GC, n°11.

(9) « ...ten patrjotyzm doprowadzil do zaprzepaszczenia spraw polskich w dawnym zaborze pruskim », GC n°12.

(10) « nie nalezy szarpac folwarkow tylko gospodarstw zachowac w calosci bo w Polsce ziemi nie starczy dla wszystkich », GC, n°1.

(11) « komitety folwarczno-parobczanskie »

(12) « Niech zyje Polska Republika Rad robotnikow miast i wsi !» , GC, n°12

(13) « wara od spraw swieckich ! », GC n°2.

(14) Enseignante et fille d’un des proches de Jozef Pilsudski qui fut son parrain, elle évolua vers des positions d’abord socialistes de gauche avant de passer au communisme et de se réfugier en Union soviétique en 1939. Elle n’allait pas rentrer en Pologne en 1945 car, épouse d’un écrivain ukrainien, elle s’installa à Kiev auprès de son mari qui y occupait des positions dirigeantes.

(15) Nikolaï Iéjov dirigea le NKVD de septembre 1936 à novembre 1938, après avoir succédé à Guenrikh Yagoda qui le dirigea de juillet 1934 à septembre 1936. Iagoda et Iéjov organisèrent les grandes purges avant d’être eux-mêmes tous deux accusés, jugés et exécutés pour avoir mené des activités fractionnelles et criminelles, entre autre d’avoir empoisonné Wiaczeslaw Mienzynski, leur prédécesseur mort en 1934, un noble « rouge » polonais placé à la tête du NKVD à la mort de Feliks Dzierzynski, lui-aussi polonais et noble d’origine.

 

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N°139 : Tordre le cou à la réforme de l'islam à l’européenne

Alors que la crise sociale et économique continue à se développer et que les autorités n'arrivent pas à imaginer des perspectives d'avenir pour les masses, le mécontentement se répand en même temps que les phénomènes de désagrégation sociale se multiplient. Le repli sur des solidarités traditionnelles devient souvent la seule solution de survie pour des populations laissées à l'abandon. Dans une situation internationale marquée par des guerres sans fin entretenues par un complexe militaro-industriel mondialisé qui y trouve son intérêt. L'industrie de la guerre, l'énergie et l'économie de la drogue semblent les seuls secteurs  économiques encore dynamiques de nos jours. Guerres qu'il faut justifier au nom de la lutte contre un terrorisme entretenu ici et combattu là par les puissances dominantes.

Pour garder les populations sous contrôle, les diviser et camoufler la question sociale, les questions identitaires sont mises de l'avant et la religion est réinterprétée pour empêcher l'émergence de théologies de la libération qui contribueraient à remettre la question sociale sur le tapis. Problématique qui concerne en Europe en particulier l'islam car les couches populaires sont pour une part importante liées à cette religion. Sous prétexte de réformer une religion qu'on a laissé être prise en main par des monarchies rétrogrades et alliées, il s'agit de garantir la poursuite de sa domestication. La réflexion sur l'islam a été engagée par les citadelles du conservatisme et du néo-conservatisme et il serait temps que les forces attachées au progrès social et à l'internationalisme formulent leurs propres réflexions sur la question.

La Rédaction

 

Tordre le cou à la réforme de l'islam à l’européenne

Badiaa Benjelloun  – Mars 2018

 

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De toutes parts se pressent les prédicateurs.

De toutes parts surgissent des réformateurs.

Sommés qu’ils sont de répondre à des injonctions médiatiques pour un phénomène néo-fondamentaliste sinon créé du moins mis en exergue par ces mêmes médias alors qu’il est minoritaire. Ils ne sont savants en aucune science et parfaitement ignorants dans celle qui, dans les sciences humaines, devrait être reine, l’histoire. Même si celle-ci subit les inévitables violences de ses falsificateurs et révisionnistes dont l’essentiel du travail consiste en l’occultation de certaines données et la déforment.

Les musulmans ont de tout temps vécu leur foi et ont pratiqué leur culte dans les conditions historiques qu’ils ont trouvées et qu’ils ont parfois transformées. La dimension à la fois initiatique et purificatrice du pèlerinage à la Mecque n’est plus du tout vécue aujourd’hui de la même manière par les fidèles qui se rendaient sur les lieux saints en plusieurs mois de voyage parfois périlleux. Le facteur limitant de cette obligation n’est plus tant la disponibilité ou le budget à y consacrer que le contingentement imposé par leurs actuels gardiens qui régulent le flux de millions de pèlerins et en tirent un grand bénéfice pécuniaire. L’essaimage d’adeptes de l’Islam dans des contrées proches des pôles terrestres obligent à adapter les horaires des prières et les périodes du jeûne quand les journées ne durent qu’une heure ou au contraire s’allongent sur près de 24 heures.

Dès la mort du Prophète (sws), des voix dissidentes par rapport à l’orthodoxie dite par le pouvoir centralisé du califat ont frayé un chemin vers des interprétations alternatives en matière politique et normatives. Les écoles de théologie ont rarement été indépendantes et ont toujours entériné la vision et les intérêts califaux. De 809 à 847, l’empire a adopté le mo’tazalisme sous le règne de trois califes abbassides, doctrine rationaliste, pour des raisons sans doute dictées en partie par la nécessité de se rallier des chiites modérés, alors que l’agitation sociale battait son plein et menaçait la stabilité du régime. Al Motawakil est ensuite revenu à la version sunnite traditionnelle sous la pression des clercs soutenus par la majorité des administrés. Cet épisode illustre ce que l’on peut appeler une loi sociale, observée ailleurs. Le pouvoir politique et militaire est allié aux théologiens pour énoncer une forme de canon religieux qui ne peut être totalement arbitraire car il tient compte des croyances qui imprègnent la population. C’est donc bien la règle sauf dans des situations de révolution idéologique, mais alors la situation sociale est prête à accueillir une transformation radicale du système en vigueur.

Toute réforme et toute retouche importantes apportées à une pratique ne réussit qu’à cette exigence, disposer d’un soubassement populaire pour aboutir à une transformation du statut ou du sort de la base qui les appuie.

La Réforme en Occident a été précédée par l’évolution de l’Eglise catholique en un corps qui a structuré toute la vie publique et privée, captant des ressources économiques considérables par le biais de taxes et d’impôts. Le mode de vie de ses membres, quel que fût leur rang dans la hiérarchie, apparaissait contradictoire avec les principes du christianisme qui recommandaient fraternité et justice. Les bouleversements qui ont accompagné les débuts du capitalisme, en particulier la suppression des biens communaux et la monétisation des travaux dus par la classe servile aux seigneurs et au clergé, ont été le ferment à l’origine du calvinisme et du protestantisme. Les prémisses des révoltes paysannes ont eu lieu dès le 14ème siècle1. Mais les premiers mouvements contestataires organisés sont nés en Grande-Bretagne quand se sont constitués toute une série de mouvements millénaristes et spiritualistes qui recommandaient le retour à la lecture de la Bible sans médiation d’un ministre nommé par une autorité extérieure. Les assemblées de culte des Quakers, sans prêtres et souvent silencieuses, ont pu fédérer près de 10% de la population à la fin du 17 ème siècle2. Typiquement, la révolte menée par le théologien Müntzer a embrasé une bonne partie de l’Empire romain germanique et a coalisé paysans et artisans des villes de plus en plus appauvris et fortement frappés par la domination des nobles et du clergé3. Elle a duré deux ans, de 1524 à 1526, précédée de nombre de soulèvements ponctuels qui ont éclos dès 1483 en Alsace. Ils ne réclamaient pas moins que l’abolition du servage et de la dîme ainsi que la sécularisation des biens de l’Eglise, se référant au droit divin promu par les Evangiles qui recommandait un ordre naturel, celui de l’égalitarisme. Luther qui inspira les insurgés condamna le mouvement qui fut écrasé dans le sang.

L’Islam, tout au long de sa présence sur les 14 siècles qui se sont écoulés, a connu des réformes et des penseurs réformateurs* . Aucun penseur à lui seul ne peut induire par ses péroraisons, démonstrations, arguments et rhétoriques plus ou moins savantes et fondées une Réforme.

De multiples prêcheurs qui se succèdent sur les scènes médiatiques, et ils sont  foule à vouloir s’y présenter avec plus ou moins de succès et de charisme, prétendent détenir la solution qui ferait évoluer la masse vers l'interprétation qu'ils donnent aux Ecritures. Cette ambition est d’autant plus dérisoire que la religion de l’Islam n’a jamais été structurée autour d’un Clergé qui dicterait une doxa à appliquer en tous lieux. Le rapport à Dieu est direct. Prétention est d’autant plus impraticable et injustifiable également que les pratiques furent d’emblée multiples. Dès les premiers temps, naquirent les Khaouarij (kharijites) et les Chiites. Une certaine version du kharijisme fut adoptée en Afrique du Nord, véhiculée par des dissidents qui fuyaient la répression des Omeyyades. Il convenait à l’organisation tribale qui avait cours car il prônait  une forme d’égalitarisme et de refus de l’autorité califale. Cette réticence à tout absolutisme exercé par un souverain lointain a imposé une forme politique d’équilibre politique entre un Sultan qui ne dispose que d’un pouvoir administratif et des tribus qui manifestaient leur désapprobation en faisant émerger de nouvelles dynasties ou en organisant des séditions de façon presque rituelle (bled Siba et bled Makhzen). Il faut noter qu’une Réforme en Islam a eu lieu au cours du 18ème siècle, l’une des dernières moutures sectaires médiévales. Elle a été le fruit de la rencontre entre la maigre pensée d’un homme assez peu instruit en sciences religieuses, Mohamed Ibn Abdel Wahab (1702-1792) qui fut considéré comme un hérétique et traité de tel, y compris par son propre frère Sulayman ibn Abdel Wahhab, avec un chef de tribu résidant dans une région peu favorisée par la nature en Arabie, le Nadjd. Le corps de sa doctrine est que le Tahwid, ‘le principe de l’unicité divine’, se décline en un triptyque. Le credo de l’unitarisme wahhabite consiste en la reconnaissance de l’unicité seigneuriale d’un Dieu unique. Aucune autre entité n’est associée à Son œuvre. L’unicité d’adoration est l’action d’obéissance et de soumission à Dieu. Il ne suffit pas de croire, il faut en plus obéir. L’unicité des noms et des attributs est peu développée par le fondateur de la secte, assez mal équipé pour s’engager dans des débats théologiques médiévaux longuement discutés. L’essence divine est d’une altérité absolue avec le monde, thèse admise par les mo’tazalites ou bien  Dieu a aussi des attributs. Sur le plan de la pratique, il l’assimile à l’associationnisme (« shirk »), le recours à l’intercession d’hommes saints et à un paganisme anté-islamique, la visite de tombeaux qui ne doivent plus être signalés ni par des coupoles ni par un édifice quelconque. La vaste descendance du Sheikh Mohamed ibn Abd el Wahhab qui va composer l’essentiel des Oulémas (savants religieux) cautionnant la monarchie et agréés par elle s’est occupée de perfectionner le dogme en l’enrichisssant de la définition des alliés et des désavoués (« al wala oua al baraa »).

Mohamed Ibn Séoud, fondateur de la dynastie et du premier royaume saoudien (1745-1818), ambitionnait grâce au pacte passé avec le réformateur de conquérir un territoire en réactivant la tradition bédouine des razzias. Il ne contrôlait en effet qu’un mince chapelet de petits bourgs. La zone je hauts plateaux est coincée entre les Beni Khaled qui régnaient sur l’Ahsa, riche région agricole qui tenait sous son contrôle le commerce avec l’Orient, et le Hidjaz aux mains des Chérifs de la Mecque, commerçants aisés qui tiraient des revenus du pèlerinage prescrit. Attaques éclairs et pillages menés par des bandes motivées plus par le butin que par une foi ardente furent au menu des conquêtes saoudiennes. Le troisième royaume, de 1932 à nos jours, s’est appuyé sur une organisation militaire conçue comme une superposition de trois forces, les Bédouins, les citadins et les Ikhwan. Ces derniers, les ‘Frères’, sorte de moines soldats vivaient de manière ascétique dans des sites qui leur étaient dédiés, organisés comme des phalanstères. Mais quand les Séoud ont utilisé la diplomatie pour se faire reconnaître à l’international, ils ont réprimé cette force austère et contestatrice. La résurgence inattendue des Ikhwan s’est concrétisée en 1979 lors de l’occupation de la grande mosquée de La Mecque par près de 400 compagnons de Juhayman Uttaybi, petit-fils d’un Ikhwan, membre de la Jami’a Salafyaa Mouhtassiba, groupe fonéd par des néosalafistes en 1970 à Médine. Juhayman croit que l’islam se régénérera à l’arrivée d’un nouveau Mahdi. L’assaut fut donné au bout de 13 jours par des commandos français. Une ‘fatwa’ approuvée par 36 oulémas (savants religieux) a naturalisé la présence de soldats mécréants au sein d’un lieu sacré, La Mecque où les armes et les combats sont traditionnellement prohibés. Cet acte impie a ouvert la voie au sacrilège suivant, également validé par une fatwa du grand Mufti, la collaboration avec la Coalition américaine contre les musulmans irakiens en 1990 puis lors des guerres du Golfe successives.

Ultérieurement, l’idéologie des Séoud qui a transformé le wahhabisme en religion d’État puis en nouvelle orthodoxie se révélera appuyée sur un trépied : la relative stagnation idéologique de l’islam favorisant sa colonisabilité, la fascination devant le clinquant du modèle capitaliste occidental, la tentative de refuge impossible dans une nouvelle tribalité mondialisée. Les Séoud alors devenus agents de l'impérialisme profitant des miettes qu’il leur concède tirées des revenus des hydrocarbures. C'est dans ce contexte que la masse des musulmans déracinés dans les périphéries des villes champignons du monde musulman puis du monde développé ont été atteints par ce sous-produit, artefact attestant d’une forme nouvelle de l’impérialisme anglo-saxon passé aux mains des USA.


Qu’en est-il d’une réforme de l’Islam dans les pays européens ?

La dernière estimation faite en 2007 donne le chiffre de 53 millions de musulmans en Europe, y compris la Russie avec 25 millions et la Turquie européenne avec 5,7 millions sur un total 730 millions d'habitants, soit 7% environ. Une étude de 2010 consacrée par le Pew Research Center4 évalue pour la France à 4,704 millions le nombre de musulmans, soit 7,5% de la population et une projection pour 2030 à 6,86 millions, soit 10,3% de la population totale. Ce travail tient compte des fertilités relatives des groupes humains, des phénomènes migratoires, de l’allongement de la durée de vie ainsi que de la répartition des groupes en classes d’âges. Ainsi 10% de musulmans avec une bonne part ayant moins de 15 ans a un autre poids qu’avec une pyramide moins évasée vers le bas. Nous sommes objectivement loin de "l’invasion des barbares" imaginée par des romanciers dispensateurs de sensations fortes à un auditoire blasé et repu de confort et de consommation en tous genre.

Il n’empêche. L’Islam est plus visible et on ne parle plus que de lui entre deux mondiaux de foot, des jeux olympiques frustrants, deux attentats terroristes réussis et dix déjoués, deux opérations de police par l’entité sioniste à l’égard d’un peuple palestinien prisonnier ou expulsé de sa terre et toutes ces guerres déclarées d’emblée interminables dans l’Orient arabe. Il y a à cela au moins quatre causes convergentes et certaines d’entre elles ne sont pas indépendantes l’une de l’autre et entrent en synergie.

Aux sources du scandale islamique

Tout d’abord, il y a une platitude mille fois ressassée par les ‘racialistes’ qui se disent racisés qu’il faut remiser dans les catégories des tautologies qui ne sont ni explicatrices ni émancipatrices. Non, cette islamophobie, désignons ainsi par commodité le rejet par les autochtones des musulmans quand leur religion est manifeste dans le champ public, n’a pas son origine dans la continuité directe du mépris ou de la haine de l’Arabe colonisé et ex-colonisé.

Ilôts de foi dans un océan athée et surtout anticlérical

Cet Islam, ces musulmans affichant leur foi sous forme de fichu sur la tête ou de barbe mal taillée, survient dans un paysage acquis sinon à l’athéisme du moins déchristianisé en profondeur depuis des siècles. Les guerres de religion en Europe ont été en réalité des affrontements entre une paysannerie en voie de transformation en citadins dépendant d’une offre de travail salariée, une classe bourgeoise ascendante, une caste nobiliaire de plus en plus parasitaire et un clergé propriétaire terrien et percepteur d’impôts. Elles ont fortement marqué le paysage et les traditions. En France particulièrement, le peuple, un peu moins affamé et un peu plus instruit, s’est détaché de la religion de son Roi, condition impérative pour assumer la révolution en faveur de la bourgeoisie. 1905 a été un point presque final pour arracher la fonction de l’enseignement, l’instruction autrefois dite publique, au clergé honni. Honni car le curé de campagne, même après le démantèlement des biens de l’Eglise, savait tout sur vous, la confession est un mode de surveillance plus efficace que Facebook. Il savait tout, usait et abusait de chacun et chacune, de l’enfant de chœur jusqu’à la fille-mère qui commettra l’infanticide dans un coin isolé. Le quadrillage, hérité de Rome, depuis le diocèse jusqu’à la petite paroisse était impitoyable. 1789, le récit qui en a été fait par Michelet, fondateur de la mythologie ‘républicaine’, c’est le triomphe de la chose publique, avec le cortège de jeunes filles allant déposer leur gerbes de fleurs et de blé au pied de la nouvelle divinité laïque, une fois décapité le seizième Louis sacré à Reims.

Des anticolonialistes sincères, d’abord médusés par tant de têtes avec couvre-chef ou cache-cheveux, se sont mobilisés contre cette ‘ostentation’ de la soumission à un Dieu qui les a désertés. Les guerres entre les puissances impériales essentiellement européennes ont fini par incorporer les femmes dans les armées du salariat et cet enrôlement massif fut nommé ‘libération de la femme’. Femmes et hommes, à salaire inégal, se font exploiter pareillement dans le système capitaliste, effaçant progressivement les rôles sociaux des deux sexes. Cette conquête, sortir les femmes du foyer, aggravera leurs conditions réelles car elle surajoute à l’enfantement et l’élevage des enfants l’obligation d’apporter un complément de salaire. Avoir sous les yeux un signe qui marque aussi nettement la différence sexuelle est une réelle offense pour toutes celles embrigadées dans les cohortes assujetties à une mode, prescrite par des hommes, qui les transforme en objets consommables et leur intime soit l’androgynie soit l’excessive suggestion érotique. Société de consommation et de convoitise oblige. Le fichu sur la tête n’est pas formellement prescrit dans le dogme islamique qui n‘énonce que la recommandation en faveur de la pudeur pour l’homme et la femme, mais il est inscrit très largement dans une tradition pratiquée sur tout le pourtour méditerranéen. Seul Saint Paul dans une de ses épîtres aux « Corinthiens » va émettre la formulation que la dissimulation des cheveux est synonyme de la sujétion du féminin au masculin. Dans la religion juive, port de la kippa et port d’un voile, comme en islam, le sens en est la soumission à Dieu. De plus en plus, le salafiste masculin arbore de son côté un calot ou un large keffieh en signe de piété, de soumission à Dieu, voire de pudeur.

Oui, la religion musulmane est sans doute scandaleuse car elle affirme une distinction sociale nette entre les deux sexes. A l'origine, l’homme doit subvenir aux besoins de son épouse et de sa famille. Il ne lui est pas supérieur, il doit assurer gîte, couvert et autres biens matériels en toute équité, l'épouse étant par ailleurs la maîtresse incontestée de la maisonnée. C’est pourquoi l'homme hérite deux fois plus que la femme. Au 7ème siècle déjà, et contrairement à ce qui se passait dans le monde chrétien, la femme héritait, et tous les frères à égalité. Dès l’instant que le rôle de pourvoyeur aux besoins matériels n’est plus dévolu à l’homme, cette répartition devient caduque. Ce que nombre de traditionalistes musulmans ne (veulent) peuvent pas comprendre.

Au Maroc, plus de 55% des chefs de famille sont des femmes. L’homme est soit absent, soit ne travaille pas. C’est ainsi que le retour à l’islam des origines fantasmé par les néo-fondamentalistes est voué à l’échec s’il se contente de recommander une réforme de l’individu sans s’attaquer aux conditions de vie matérielle dégradées qui en sont le limon.

Le fichu et la barbe choquent une société devenue areligieuse par anticléricalisme et qui n’est pas près de comprendre que la dernière religion monothéiste, du moins dans sa version sunnite majoritaire en Europe, fonctionne sans clergé. L’imam n’est pas un prêtre. Il est choisi parmi les personnes qui fréquentent la même mosquée pour diriger la prière. Il n’a pas d’autre fonction, il n’est ni prêcheur, ni confesseur et n’est pas rémunéré pour cette distinction. A côté de cela, il a toujours existé un corps de savants théologiens qui conservent le dogme et l’arrangent selon les circonstances politiques. Ils énoncent des ‘avis’ juridiques, qui ne sont pas forcément observés par les croyants ni entérinés par le pouvoir politique. Car, en dernière analyse, chaque musulman a appris dès ses premières leçons de religion qu'il n'a aucun intermédiaire entre lui et son Dieu et que les avis juridiques ne sont jamais obligatoires au niveau individuel, et que, s'ils le sont au niveau social, il faut qu'il y ait unanimité de tous sur la question (ijma’a). Car l'islam tend vers une société du consensus qui devrait normalement fonctionner selon les règles de la shoura, de la consultation. Chose qui peut expliquer pourquoi les sociétés musulmanes tanguent en permanence entre rébellions récurrentes et pouvoirs despotiques. Ces derniers cherchant coûte que coûte à maîtriser le discours religieux.

 

Crise(s) du capitalisme et révolution islamique

Deux événements distants de quelques années, la crise pétrolière de 1973 et la révolution islamique en Iran en 1979, vont concourir à transformer la pratique de l’islam partout dans le monde et donc aussi en Europe.

Un des fils qui va conduire à tisser une fausse bataille autour de l’Islam est à retrouver là, dans ce mouvement en ‘double hélice’ né de la hausse du prix du pétrole, lui-même décidé quand en 1971 fut mis fin par Nixon la convertibilité du dollar en or, l’un des déterminants qui avait imposé à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, le dollar comme monnaie d’échange et de réserve universelle. Ce moment de crise du capitalisme, constitué ontologiquement de crises de surproduction sur fonds de guerres destructrices de biens et d’hommes, va imposer au monde le poids de la dette du Trésor américain. Toute activité humaine d’une manière ou d’une autre va contribuer à soutenir une économie du Centre et sa monnaie qui finira par devenir la source principale d’elle-même par le biais de l’ingénierie financière. Le triomphe de cette économie d'usure mondialisée entre en contradiction frontale avec le principe islamique irréductible qui fait de l'usure le second péché en ordre d'importance après le polythéisme. Les théologiens au service des pouvoirs néocoloniaux allaient tenter de le faire oublier.

L’hélice avec ses deux brins complémentaires s’est construite autour des activités régionales et au delà de la République islamique d’Iran et de l’Arabie aux mains de la famille des Séoud.

Le premier brin de l’hélice résulte de l’installation d’un régime ‘islamiste’ en Iran. Le clergé chiite iranien, fortement structuré et doué d’une autonomie financière, dispose d’un véritable maillage de la société. Le régime de la terreur de la monarchie imposée par le Foreign Office n’a pu tarir, malgré sa répression féroce, l’irrigation de tout un peuple par ce réseau. Le clergé chiite, contestataire d’un régime autoritaire, répressif et d’un laïcisme frisant l’athéisme, allait être sinon encouragé du moins n’a pas été contrarié dans sa volonté de renverser le shah et sa dictature par l’Occident. L’ayatollah Khomeiny après avoir quitté l’Irak a trouvé refuge en France tout en poursuivant (ouvertement) ses buts politiques.

Le shah d’Iran a été le troisième homme à côté de Boumedienne et de Fayçal d’Arabie à avoir décidé de la hausse du prix du baril en 1973. Cette énergie fossile, de quasi-gratuite l’est devenue un peu moins. Les Britanniques avaient mis en orbite le colonel Pahlavi dans les années vingt pour créer un glacis dans les franges méridionales de la Russie devenue URSS mais aussi pour avoir un accès illimité au pétrole qui est devenu le carburant de la flotte impériale. Une fois cette petite affirmation nationale promulguée par un obligé de l’Occident, son remplacement a été encouragé.

A la surprise, un peu ahurie et abrutie des services de renseignements occidentaux, il a dès sa prise du pouvoir en 1979 affirmé d’une part sa nature ‘tiers-mondiste’ et résolument anti-américaine ainsi que son ambition d’établir des réformes sociales, but du renversement et du peuple qui s’est insurgé. Le parti communiste iranien, Tudeh, ainsi que d'autres groupes marxistes ont fortement mobilisé leurs troupes importantes et contribué à la réussite de l’insurrection. Mais le facteur primordial de masse est resté l'islam, pour des raisons de maillage social, de traditions rebelles locales et d'affirmation identitaire. La révolution islamique, une fois accomplie, s’est révélée être une révolution nationaliste opposée à la prédation occidentale et destinée à réduire les injustices sociales devenues vraiment insupportables sinon à programme socialiste. L’Iran, d’allié vassal de l’Occident, allait devenir le pays ennemi par excellence. Il défiait l’ordre mondial de la Pax americana. L’idéologie prônée par Khomeiny, pas toujours approuvée par les représentants du haut clergé, est universaliste. La révolution devait gagner du terrain et contaminer les pays musulmans.

Dès lors, la décision fut prise d’endiguer la flamme insurrectionnelle qui risquait de gagner par contigüité autour d’elle. L’instrument en fut Saddam Hussein qui a assuré sa mission avec l’une des guerres les plus longues du 20ème siècle, près de dix ans, et les plus meurtrières entre pays frontaliers. Les armes furent fournies par l’Occident, gaz neurotoxiques délivrés avec cynisme, y compris par la France et l’Allemagne de sinistre mémoire, l’argent par les pétromonarchies.

Tous les mouvements de gauche en Occident avaient au même moment amorcé un reflux dans lequel les manœuvres de la CIA, faites d’offensive culturelle et de machinations policières sordides et meurtrières, ont très largement contribué. Dans le tiers-monde, ils allaient être écrasés dans le sang des contre-révolutions organisées par la CIA en Amérique latine et dans les prisons les disparitions d’opposants comme dans les régimes du type de celui de Hassan II. La révolution islamique a alors, par ses succès, fasciné une partie de la jeunesse arabe et/ou musulmane. D’aucuns ont appelé cette période les années de plomb, ce furent des années de terreur qui ont marqué une césure dans l’histoire de ces pays. Les forces de gauche s’étaient naturellement développées dans les pays récemment indépendants dans le sillage des mouvements de libération nationale, vite confisquée par une bourgeoisie compradore. Leur élimination a créé une discontinuité générationnelle et un évidemment de la mémoire des luttes. Les cerveaux allaient être facilement disponibles et offerts à toute propagande efficace et bien financée.

Cette même’ crise’ pétrolière, une augmentation des prix légitimée suite à l’effondrement du cours du dollar, a bouleversé les habitudes de consommation et de production en Europe occidentale et a enrichi considérablement les pétromonarchies, et le première d’entre elles, celles des Ibn Séoud. Le wahhabisme fut déversé par tombereaux entiers de dollars partout dans le monde. Des fondations, des mosquées, des institutions religieuses furent financées en Afrique sub-sahélienne, en Asie, en Amérique et en Europe. Voici construit le second brin qui allait répondre à la révolution islamiste, offerte comme modèle quand les nationalismes teintés de socialisme s’effondraient comme en Algérie. Le pétrodollar allait orienter, par sa prolifération dont les Bédouins du Najd n’ont su que faire, la politique et l’économie mondiale. Les Séoud allaient soutenir les Usa en investissant dans une frénésie d’achat d’armements aberrante au vu de son non emploi localement. Le pacte du Quincy trouvait ainsi l’une des expressions de son prolongement. La protection de la dynastie du Nadjd se fera avec les moyens extraits du sous-sol arabe. Renforçant l’hégémonie militaire étasunienne, et s’en remettant à elle seule, ils en sont de plus en plus dépendants.

Ils vont déposer les excédants dans les banques britanniques et étasuniennes, amplifiant la vocation de l’argent à produire de l’argent par la dette. Usure parmi l'usure de l'Etat familial se proclamant le gardien des lieux saints de la religion qui proclame la guerre totale à l'usure ! Les pays du Sud ont été invités par le FMI et la Banque Mondiale à plonger dans les affreux délices de l’endettement permanant, au prétexte d’un développement impossible car de toutes les façons mis hors de portée par l’écrasante concurrence de vieux pays industrialisés plus compétitifs. Le libre-échange institué de plus en plus par des traités contraignant ne peut profiter qu’aux pays les  plus ‘développés’.

La longue guerre civile libanaise entreprise en 1975, initiée par une droite alliée au sionisme et marquée par ses revendications d’appartenance au fascisme mussolinien, allait contribuer par ses effets immédiats et lointains dans le monde arabe à disséminer la présence des ressortissants des pétromonarchies bien au-delà de Beyrouth qui était leur casino et leur boîte de nuit de prédilection et de proximité. Leur richesse insultante va s’afficher désormais de manière ostentatoire de Casablanca au Caire et faire s’assimiler pour une partie du peuple de plus en plus illettré le rigorisme des fausses origines de l’Islam et l’opulence, censés être la marque de la faveur divine. L’assassinat de Anouar Sadate par un Frère musulman en 1981 en réponse à sa trahison de l’unité arabe en faveur de la Palestine est là pour rappeler que des organisations politiques musulmanes, inspirées de nationalisme et de ‘renouveau de l’Islam’ confronté à la domination occidentale, oeuvrent depuis des décennies. Elles sont plus ou moins ‘salafistes’, retour à la pratique des pieux prédécesseurs. Elles ont impulsé de façon décisive nombre de mouvements d’indépendance et ont été contraintes soit à la clandestinité soit à la collaboration, perdant de leur tranchant révolutionnaire ou au moins réformateur, avec les régimes issus de la fin du colonialisme direct.

L'Afghanistan comme incubateur des politiques de dévoiement de l'islam

Une autre guerre, celle dans laquelle a été engagée l’URSS en Afghanistan à partir de 1979, contemporaine de toute cette recomposition géopolitique, a été plus que décisive dans la création d’un nouvel Islam, celui du dit Djihad. Lequel va prévaloir et être promu comme le nouvel Islam authentique. Les Bédouins du Nadjd y ont pris une part maîtresse. De tous les pays musulmans, Afrique du Nord et Palestine y compris, ont afflué des combattants pour servir ce qu'ils croyaient être la cause de l’Islam contre le communisme "athée". Alors qu'ils se mettaient ainsi au service de l'économie impérialiste usuraire mondialisée. Les Séoud, s’ils n’ont pas conçu le projet, ce fut le travail d’un idéologue néo-conservateur avant la lettre, Brzezinski 5 l’ont  réalisé. L’Islam allait être recruté comme agent de l’anticommunisme, voire de l’antisocialisme. Alors que tout dans le dogme musulman recommande le combat (le djihad) contre l’injustice et on peut inclure dans celle-ci l’exploitation des hommes dans le capitalisme, le wahhabisme va confondre athéisme et analyse des conditions matérielles de vie. En qammis et calotte, arborant une barbe fournie, les ‘Afghans’ vont revenir dans leurs pays d’origine, vecteur d’un intégrisme politique sans programme économique sous-jacent. Ils vont ‘convertir’ et donner naissance à des FIS, des Nahdha et PJD. Les femmes abandonnent les jupes occidentales, mal adaptées à un environnement suburbain qui prolifère au gré de l’exode rural. Le déclassement de toute une jeunesse alphabétisée mais sans emploi, les logements exigus et inconfortables des bidonvilles et autres lieux de relégation procure des clients en nombre à l’islamisme abusivement désigné comme politique car réduit à la seule exhortation pour la pratique d’un islam rigoureux au plan individuel.

 

Mosquées saoudites

Les prédicateurs formés dans l’Arabie des Séoud prêchent dans des mosquées édifiées par leurs fonds. De pratique considérée comme hérétique par l’immense majorité des savants musulmans pendant deux siècles, le wahhabisme s’est progressivement imposé comme une ‘tradition orthodoxe’. L’expansion de l’unitarisme tautologique, réforme née au 18ème siècle dans une région à l’écart des circuits économiques en Arabie, doit son succès à l’insertion de celle-ci dans le circuit de l’économie mondialisée. Recyclage permanent de la rente pétrolière dans le système bancaire et renforcement continu de la domination militaire étasunienne dans le monde. Ceci figure le deuxième brin hélicoïdal de la trame du nouvel Islam. Ces éléments viennent en complémentarité, contradictoire, presque point par point, de l’Islam révolutionnaire des débuts de la République islamique d’Iran.

L’Europe n’a pas échappé au retour de ses 'Afghans' locaux recrutés selon le même procédé, mosquées et prêcheurs wahhabites, vivier de relégués ayant eu un accès à l’école de la République devenue sans issue. Après le ravage des banlieues par un marché facilité de la drogue, stratégie copiée de celle appliquée aux Usa pour réduire la rébellion des ghettos noirs, "l’islamisation" de la deuxième ou troisième génération issues des ouvriers immigrés dans une Europe désindustrialisée allait bon train. Les marcheurs Beurs en 1983 réclamaient l’égalité « économique » réelle. Vingt ans plus tard, les manifestations les plus spectaculaires seront consacrées à la défense d’une liberté vestimentaire. L’un des participants historiques à cette Marche pour l’égalité, Abdelaziz Chaambi 6, musulman assumé, orchestrée en sourdine par un Parti socialiste qui allait la récupérer sous la forme d’un antiracisme qui ne sera plus que le seul alibi d’une gauche sociétale, interprète cette évolution comme une régression de la lutte politique. L’islamophobie en Europe est certes une arme de discrimination, mais elle est surtout une arme de diversion et de division sociale, emplissant le champ médiatique de ses clameurs, détruisant les outils pour une véritable transformation sociale.

Population ultra-périphérique, néoconservatisme made in USA et conservatismes français

La population urbaine et suburbaine défavorisée en Europe, celle des quartiers populaires, est encore vécue comme ‘descendante’ de l’immigration coloniale.

Elle est coincée entre droite décomplexée (l’ancienne gauche socialisante), laïque et anticléricale. Cette fausse gauche ne défend la femme de l’oppression masculine qu’à l’occasion du port du fichu qu’elle s’obstine à considérer comme un signe de soumission au mâle et non à Dieu comme c’est le cas pour la kippa. Dans la réalité concrète de l’inégalité des salaires ou de la molestation des femmes par leur conjoint qui aboutit à la mort une fois tous les trois jours, cette fausse gauche féministe est absente. L’autre partie de l’étau est figuré par une droite imprégnée encore vaguement d’un christianisme zombie, haineux ou méprisant à l’égard du Mahométan venu investir un Occident décadent aux Eglises vides sans autre spiritualité que la religion de la consommation. Les deux droites se trompent. La première, incarcérée dans un logiciel anticlérical et dont le seul programme est libertaire sociétal, manque par son hostilité à l’Islam les troupes qui lui seraient essentielles pour conserver le pouvoir. La deuxième ne veut pas voir que la poussée démographique des musulmans est liée aussi au déficit de la natalité. Dans son aveuglement, elle veut aussi ignorer que la composante musulmane est présente de façon irréversible et qu’elle est même nécessaire. Sans elle, la pyramide des âges s’inverserait, tiendrait sur une base étroite, très large et de plus en plus à son sommet.

Plus que tout, ces deux droites sont prisonnières d’un carcan idéologique fabriqué par les néoconservateurs étasuniens à l’usage de toute la planète. Les néoconservateurs sont néolibéraux,sionistes et bellicistes. Ils ont comme alliés d’abord la monstruosité séoudienne wahhabite. Lors de la première guerre du Golfe, quand il a fallu remettre 'à sa place' Saddam Hussein qui avait l’arrogance de réclamer son dû de fossoyeur de la Révolution iranienne, ils ont mobilisé la gauche sociétale figurée par Mitterrand en France. Sous la houlette du Parti socialiste français, les guerres impérialistes sont devenues des guerres 'pour la Liberté et contre les dictatures'. Détruire pays et sociétés équivaut à libérer et même au devoir de libérer. Jusqu’à présent, les pays attaqués et détruits sont des pays musulmans et à forte orientation antisioniste car victimes immédiates et proches de l’expansionnisme israélien. La liste des pays à libérer de leurs dictatures par des bombardements humanitaires est susceptible d’être rallongée, les nouveaux candidates la Corée et peut-être à nouveau l'Amérique latine avec le Vénézuéla.

La même cinétique de reflux des mouvements nationalistes laïcs a rogné également la résistance palestinienne au terme de processus complexes où interviennent les négociations sans fin après Oslo, né des pertes de bases arrières de l’OLP, et une fatigue de la vieille garde révolutionnaire décimée par les assassinats ciblés. Celle-ci est donc devenue islamiste. L’anticolonialisme palestinien a été stérilisé dans le piège d’une Autorité qui joue les supplétifs de l’armée d’occupation. Il a été canalisé dans le chenal idéal de sociétés de bienfaisance religieuses qui furent criminalisées dès qu‘elles se sont naturellement transformées en forces politiques et militaires résistantes. Puisqu’elle se battait contre un Etat, complexe militaro-ethnique, qui se proclame lui-même juif, la résistance islamique est alors présentée comme antisémite.
 

Néolibéralisme, sionisme, islam et terrorismes

A grands renforts des grands médias majoritairement acquis au sionisme et aux intérêts économiques produits par le néolibéralisme, petit à petit est née la relation qui fait équivaloir Islam et Terrorisme.

L’accouplement contre nature entre les Usa et Les Séoud a donné naissance à Al Qaïda, plus personne ne peut le contester dès lors que le mystère de sa naissance a été proclamé publiquement par Clinton Hillary. Les formes successives empruntées par la matrice initiale sont actuellement observées en Afrique sub-sahélienne, en Afrique du Nord, au Yémen, en Libye, en Irak et Syrie. Daesh a été reconnue comme une nouvelle armée de l’OTAN, ravitaillée et aidée par Israël. Le ministre de l’armée d’occupation israélienne préfère voir la Syrie livrée à Daech 7. Des combattants contre le gouvernement syrien sont ouvertement soignés dans les hôpitaux israéliens 8.

L’islamophobie – telle qu’elle est actuellement agencée - résulte des changements cruciaux survenus après les chocs pétroliers, la naissance d’un antagonisme nouveau entre la République islamique d’Iran et les pétromonarchies du Golfe, l’effondrement des gauches qui a anticipé chronologiquement de la disparition de l’URSS. Le quatrième facteur (annoncé plus haut) déterminant son émergence est le creuset néoconservateur sioniste. Plusieurs ingrédients mis dans le mortier ont produit le pharmakon. L’islamophobie le plus récent ennemi planétaire, un nouvel objet fabriqué par un Système capitaliste dont la force de propulsion essentielle est la guerre, sous toutes ses formes. Elle ne résulte certainement pas d’une subite conversion de la haine ou de l’exploitation du bougnoule ou du bicot, attirail remisé depuis que les Usa ont sifflé la fin des empires coloniaux britanniques et français. 

Après 1962, le reflux des pieds noirs a laissé la France indifférente à leur sort. Ils se sont recroquevillés comme ils ont pu, ressassant pour certains leur âge d’or perdu. En attendant, certains furent recrutés d’abord contre les communismes européens, singulièrement l’italien, puis comme formateurs des escadrons de la mort en Amérique latine. Quelques éléments résiduels, nostalgiques inguérissables de la perte de leur position dominante, même ridiculement dérisoire par rapport à l’indigène restaient à l’affût d’une reconnaissance de leur tragédie. Ils ont aidé à l’élection Mitterrand, personnage florentin avec une trajectoire avérée dans la collaboration avec l’Allemagne nazie puis un des principaux acteurs du colonialisme meurtrier.

La France et toute l’Europe étaient embarquées dans les équipements ménagers, la voiture, le rock & roll et n’avait que faire de ces ruminations indigestes. C’est le Parti socialiste français, après son OPA sur le Parti communiste français dans le cadre du Programme commun, qui a désigné comme des agents des Ayatollah les meneurs de grèves assez dures dans l’automobile et les mines où l’ouvrier maghrébin fortement syndicalisé a été en pointe des revendications contre les fermetures d’usines et de mines et pour une revalorisation des salaires. Ce glissement sémantique inaugural est symptomatique de la suite donnée à la chasse au musulman. L'islamisme a donc été désigné en France comme ennemi par les pouvoirs « de ‘gauche’, agents objectifs de la contre-révolution culturelle au sens gramscien du terme » avant même qu'il n'existe ! Cette fausse interprétation a eu un grand succès car elle a été étayée par des moyens considérables construits à l’échelle internationale. L'islamisme "mondial" étant, lui, le produit de la manipulation de la CIA organisée en Afghanistan.

Cette élaboration qui dépasse de beaucoup l’idéologie raciste, finalement assez provinciale d’une France aux prises avec ses (anciennes ?) colonies musulmanes, peut être illustrée par les "Caricatures de Mahomet". Le circuit en est saisissant. A l’automne 2004, Flemming Rose, un rédacteur des pages culturelles d’un ournal danois situé à l’extrême droite et xénophobe, dotée d’une filiation nazie ténue mais certaine, est dépêché aux Usa 9. Il recueille l’avis de Daniel Pipes, un néoconservateur sioniste revenu d’un passé gauchiste, engagé dans un unique combat, la destruction physique totale des Palestiniens par la voie militaire, publie à son tour le 29 octobre 2004 un article qui fait la part belle à la pensée de Daniel Pipes, ‘La menace de l’islamisme’. Les deux hommes se seraient revus à l’été 2005, il en est résulté un concours et une série de dessins furent publiés le 30 septembre 2005. La représentation d’un homme musulman avec une bombe disposée sur sa tête en guise de turban n’était pas une critique. L’islam, elle dit clairement et sans ambiguïté que tout musulman est un terroriste. Elle cherchait à appuyer cette identification faite par les grands médias d’obédience. Cela aurait pu rester de l’ordre d’un message local et circonscrit aux seuls lecteurs, fort se Jyllands Posten. Il a fallu que la Société islamique du Danemark alerte l’Organisation de la Conférence islamique et que quelques diplomates agitent fortement le papier sous le nez de leurs gouvernements pour que les dessins soient vus et condamnés par des théologiens, que soit sonnée l’alarme et que le monde musulman s’embrase. Le coup de Pipes a réussi à enfermer les musulmans outragés dans le cercle de la violence qu’il a enduit et démontrer les prémisses par le résultat. Le Musulman est terroriste. Pour que la bombe de la réaction explose avec les effets escomptés, il a été convenu secondairement que l’homme au turban figurait le Prophète (SAW) de l’islam. Pour la bonne gouverne des libertaires sociétaux français, la liberté d’expression au Danemark s’arrête au seuil du blasphème, punissable d’emprisonnement selon la loi de ce pays européen.

Organisation internationale de l’islamophobie

Ainsi, le musulman est de plus non démocratique car il ne tolère pas la critique. Quand le FBI infiltre des organisations musulmanes pour encourager, inciter et parfois payer des musulmans étasuniens à organiser des attentats terroristes, la dimension internationale et méthodique de l’organisation de l’islamophobie est démontrée10.

Or l’Islam à son origine, tel qu’il s’est développé comme organisation sociale à Médine, a donné lieu à une société pluriconfessionnelle et laïque. Il n’y a nulle trace d’indication coranique ou prophétique pour une forme politique précise que doive adopter la ou les communautés musulmanes. Mohamed, Ibn Abdallah Ibn Abutalib, (sws) a été Prophète de l’Islam mais aussi chef politique. Il n’a pas laissé de testament pour sa succession. Il n’a pas pu, pas voulu, ou encore a-t-il été empêché de le faire ? Le califat, ou régime politique sous la direction d’un calife, terme polysémique désignant imparfaitement un substitut, un remplaçant-représentant ou encore un successeur constitue une mission impossible car Mohamed (SWS) a terminé le cycle des prophéties. Il est une interprétation (invention?) libre de ses compagnons.Les principes généraux recommandés canoniquement, obligation de consultation entre les membres de la communauté pour les affaires qui les concernent, excluent le système autocratique, le plus répandu actuellement dans le monde musulman. Contrairement au monde chrétien occidental qui a toujours éradiqué dans le sang le moindre écart à la doxa religieuse du prince régnant, l’Islam pendant très longtemps, tant qu’il n’a pas été menacé et mis au défi sérieusement par le colonialisme, a su cohabiter avec ses minorités religieuses qu’il protégeait (sens du mot maintenant mal compris de dhimmi). On doit par exemple à cette tolérance inconnue en Europe, la survivance des Nestoriens, des Syriaques et des Coptes. Où est la trace des Cathares ou des Albigeois sinon dans les récits de massacres? Où est celle des Musulmans d’Andalousie et de Sicile, sinon dans diverses villes du Maghreb et de l’Empire ottoman où ils ont été contraints de s’exiler pour ne pas se convertir ? Pourquoi 90% des juifs européens ont-ils dû se réfugier en Pologne qui, bien que catholique, a adopté à la fin du Moyen-âge, le système musulman de traitement des minorités religieuses ?

Le Maghrébin et l’Africain (et maintenant le Moyen-Oriental ou l’Afghan) est repoussé vers son identité religieuse, identité largement manipulée par les flux financiers internationaux qui ont défini pour lui une tradition inventée et bricolée. Au nom de cet attribut qui est son refuge ultime dans un système social inégalitaire socialement et ethniquement où il n'a plus sa place à cause du chômage institué structurellement, il est disqualifié pour l’égalité dans la citoyenneté républicaine. On compte sur lui pour figurer la classe dangereuse, irrémédiablement non intégrable dans la douillette classe moyenne qui perd elle progressivement ses petits avantages et ses illusions d’accéder à la bourgeoisie. Et se trouve donc dans une position de frustration grandissante l'amenant à chercher des bouc-émissaires. C’est à lui, le paria qui n’a rien à perdre, que revient le devoir de transformer l’ordre social de plus en plus inique et sans avenir. Il ne le pourra tant qu’il ne se verra et sera vu que comme discriminé en raison de sa foi religieuse et non de son appartenance de classe. Jusque là, il oscillera entre le quiétisme et un combat désespéré, le pire. Quand il choisit l’exil à la recherche d’une patrie musulmane mythique, il fait la douloureuse expérience de l’autocratie et de l’iniquité revendiquée comme système social.

On sait maintenant que la peur du péril rouge a été une opération construite grâce aux divers services de renseignement - en réalité des officines efficaces de propagande et de manipulation d’opinion. La peur de l’Islam depuis une trentaine d’années est elle aussi est une fabrication par à peu près mêmes organes.

Le macronisme, forme générique pour une absence de pensée politique, laquelle est confiée au vrai pouvoir, celui des transnationales, est exemplaire d’une velléité ‘réformatrice’ de l’Islam dans les frontières françaises. Elle n’est pas la première tentative qui échouera dans cette illusion post-jacobine de réguler ce qui par essence ne peut qu’échapper au cadre des institutions de la République. Le prochain réformateur, ou le prochain révolutionnaire, convaincra ses coreligionnaires à s’engager avec lui pour transformer non l’Islam mais les conditions de vie des musulmans, et donc aussi de tous leurs compatriotes de toutes origines et appartenances religieuses mais de même appartenances sociales.

Badia BENJELLOUN

* Le terme « islah » se traduirait plutôt par « réparation » car celui de réforme contient la notion de « bid’ah » ou innovation, refusée par l'islam.

** À la différence du sunnisme, le chiisme s’est construit autour d’un clergé censé avoir été bâti au départ autour de la famille du Prophète (sws).

________________________ 

Notes:

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Révolte_des_paysans

(2) http://www.maison-quaker-congenies.org/fr/qui-sont-les-quakers

(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_des_Paysans_allemands

(4) http://www.pewforum.org/files/2011/01/FutureGlobalMuslimPopulation-WebPDF-Feb10.pdf

(5) http://globe.blogs.nouvelobs.com/tag/brzezinski

(6) https://www.youtube.com/watch?v=ssvfUIwTM7k

(7) https://francais.rt.com/international/14215-moshe-yaalon-prefere-daesh-en-syrie-que-iran

(8) http://www.lefigaro.fr/international/2016/12/21/01003-20161221ARTFIG00275-plus-de-2600-blesses-syriens-accueillis-dans-des-hopitaux-israeliens.php

(9) http://fr.danielpipes.org/10500/interview-de-flemming-rose

(10) http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2014/07/21/le-fbi-a-pousse-des-americains-musulmans-a-commettre-des-attentats_4460774_3222.html

 

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N°138 : Brèves remarques sur l’antipolitique en Roumanie : à propos des manifestations de janvier

Tous les pays de l’ancienne Europe socialiste amarrés aujourd’hui au bloc euro-atlantique semblent traversés par un choix binaire, néolibéralisme et néoconservatisme le plus cru ou discours nationaux-populistes rarement conséquent. La gauche sociale n’y est plus réduite qu’à une forme groupusculaire tandis que la « gauche morale » semble conquise au mondialisme capitaliste le plus caricatural et le plus affairiste. Le communisme semblant réduit chez les uns à l’état de nostalgie devenue irréelle à cause de la trahison de ses élites et chez les autres à l’état de père fouettard agité aussi bien par les chantres du néolibéralisme que par les proclamations national-populistes.

Dans ce contexte, la Roumanie occupe pour le moment la position de « bon élève » sous surveillance de l’ordre mondial si l’on compare avec la Hongrie, la Pologne ou même la Bulgarie. Mais les très rares mesures sociales prises par son gouvernement déclaré social-démocrate juste après son arrivée au pouvoir ont éveillé les soucis de ses protecteurs occidentaux, et donc des organisations « non » gouvernementales financées par les institutions publiques et privées occidentales. D’où sans doute la « guerrilla » contre ce gouvernement pour maintenir la pression en utilisant la couche des clients appauvris mais fidélisés de la mondialisation et en jouant sur des oppositions somme toutes factices entre clientèles politiques toutes nourries à la même mangeoire.

La Rédaction

 

Brèves remarques sur l’antipolitique en Roumanie :

À propos des manifestations de janvier

Claude Karnoouh  – 21 février 2018

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Elles arrivent avec une régularité quasi mécanique pendant le mois de janvier de chaque année, les manifestations de rue contre tout gouvernement issu du Parti social-démocrate (PSD). Est-ce parce que des lois ou décrets votés fin décembre choquent une partie des salariés qui laissent passer les joyeusetés des fêtes de fin d’années pour agir ? Est-ce parce que les rancœurs accumulées tout au long de l’année peuvent s’exprimer plus librement après les agapes des réveillons ? Je ne saurais le dire précisément, mais le fait est là, régulier comme un métronome, janvier arrive, le temps des manifestations est alors venu.

Cette année n’y a pas échappé, et on a vu le samedi 19 janvier au soir à Bucarest une masse de plus de 50 000 personnes occuper la Place de l’Université puis la place de la Constitution. Devant eux, un double cordon de gendarmes plutôt bon enfant malgré quelques dérapages ici et là, mais rien de comparable à la violence de la police française, allemande ou italienne quand elles sont confrontées à de semblables événements. Faut-il le dire au risque de choquer les bons sentiments de certains en Roumanie, la gendarmerie roumaine fait preuve d’une retenue démocratique que nous aimerions rencontrer en France ou en Italie lors de manifestations autorisées !

Quel est l’enjeu du mouvement Rezist monté sur les réseaux de socialisation par des anonymes sans aucune direction politique apparente ? Il s’agirait de la lutte contre la corruption dont le PSD serait le seul représentant et bénéficiaire avec son allié ALDE. A priori, cela se confirmerait si l’on regarde dans un temps très court, depuis l’an passé, depuis que les gouvernements se succèdent après l’ordonnance n° 13 sur l’amnistie des représentants politiques coupables de corruption, puis aujourd’hui avec les nouvelles impositions en baisse pour les voitures de grosses cylindrée et en hausse pour les voitures de petites cylindrée, le nouveau code des impôts pour les professions libérales (qui touche nombre d’acteurs culturels free lance dont beaucoup vivent à la limite de la pauvreté), l’amnistie pour les entrepreneurs immobiliers en tant que personne physique qui n’auraient pas payer leurs impôts sur les constructions nouvelles. Mais l’opposition, le PNL et l’USR, sur certains points importants, comme le dernier, ont voté avec le PSD ! De plus, la corruption politique en Roumanie est une plaie récurrente aussi vieille que la naissance de la Roumanie moderne (sauf peut-être pendant la période authentiquement stalinienne de Gheorghiu Dej) déjà dénoncée par le poète-journaliste Mihai Eminescu à la fin du XIXe siècle et, au début du XXe siècle par le plus important homme de théâtre, le très génial Caragiale, sans compter les nombreux reportages de journalistes étrangers pendant l’Entre-deux-guerres. Toutefois, parmi les « bonnes âmes » qui dénoncent la corruption et hurlent pour une société pure, combien sont-elles qui n’ont pas pratiqué à leur échelle la corruption pour des avantages ? Combien sont-elles qui emploient une bonne ou une femme de ménage en la déclarant officiellement ? Combien sont-elles celles qui font travailler au noir nombre d’artisans ? Combien parmi les professeurs qui donnent des leçons particulières aux enfants et aux adolescents déclarent-ils aux impôts ces revenus supplémentaires ? Combien parmi les manifestants sont-ils à n’avoir jamais donné un bakchich à un médecin, une infirmière, un employé quelconque ?

 

La culture de la corruption

« Que celui d'entre vous qui n'a jamais péché lui jette la première pierre » (Jean 8,7). Car les gouvernements et les types de pouvoir ont quelque chose à voir avec la culture socio-politique d’un peuple, parce que ce sont les comparaisons superficielles et les schémas de politologie qui unifient les cultures oubliant justement cette caractéristique de l’espèce humaine dans sa diversité linguistique, la différence culturelle, c’est-à-dire la diversité des rapports au monde parmi les peuples, y compris au monde politique. On ne peut par exemple pas comparer une administration centralisée comme celle de la France que l’on peut dater de la naissance de la monarchie absolue (et donc de la transcendance étatique supplantant le pouvoir religieux et qui mit quelques siècles à s’imposer), lorsque pour mettre fin aux guerres de religions le bon roi Henri le quatrième jeta à ses fidèles réformés sidérés, « Paris vaut bien une messe », justifiant ainsi son retour au catholicisme et, à la clef, la couronne de France, avec un pays dont l’accession à la modernité mimétique des élites, sans révolution populaire massive, date de 150 ans. C’est un fait avéré que les pays du Sud de l’Europe récemment modernes et unitaires sont tous marqués d’une corruption à tous les niveaux de la vie politique et administrative ! De ce point de vue l’opposition italienne entre le Mezzogiorno maffieux et le Nord germanisé en est l’exemple parfait. Aussi, aucune manifestation de rue ne pourra-t-elle transformer cette culture de la corruption politique, sociale et administrative sans la discipline d’un enseignement dur et d’une éducation familiale qui malheureusement n’existe presque pas.

Mais ce n’est pas tout, ce qui me frappe c’est, hormis le slogan affiché par Mihai Bumbes contre la politique néolibérale du PSD, tous les slogans qui dénoncent le PSD comme la « peste rouge ». Ces cris de « peste rouge » sont la preuve du délire de ces masse qui tient à la fois du déni de réalité pour les naïfs (et ils sont des milliers) et d’une manipulation sémantique évidente de la part des orchestrateurs de ces mobilisations. Quelle « peste rouge » dites-moi ? Seraient-ils des communistes ? Mais le programme du PSD est tout, sauf un programme politico-économique communiste, à preuve, il veut présentement privatiser l’Hidrolectrica, l’un des derniers fleurons de l’industrie roumaine ! Le PSD serait-il de la même matière que le socialiste Corbin, le travailliste anglais ? Non, certes non. Ce parti est un mélange de mafieux du business local, les « barons », et de gens des services agissant dans le cadre d’un système de clientélisme dans les provinces appauvries par les thérapies de choc (les trois-quarts du pays) qui s’assurent leur réélection grâce aux prébendes et aux aides diverses qu’ils redistribuent quelque peu aux pauvres et qui contribuent à donner un peu de quoi survivre à des gens qui sans cela mourraient littéralement de faim. Dans un pays devenu un quasi désert industriel, dans un pays où plus une seule banque n’est propriété roumaine, privée ou d’État, dans un pays où les remontrances de l’ambassadeur des États-Unis et du représentant de l’UE, véritables proconsuls, décident de la politique intérieure et étrangère, parler de « peste rouge » relève du fantasme d’intellectuels en mal de renom ou des délires de gens qui aurait fumé trop d’herbe.

Un clivage droite/gauche évanoui

En Roumanie, il n’y a pas à proprement parler de gauche politique hormis de minuscules groupes d’intellectuels sans influence au-delà du centre où se trouvent les institutions universitaires des quelques grandes villes et dont la pratique critique ne dépasse jamais (sauf exceptions notables) l’étroite ligne rouge qui leur ferait perdre tout espoir de bourses venues de l’étranger ou de l’État. Majoritairement, le pays politique est de droite sans que cela ait un véritable sens, car la Roumanie est un excellent exemple de l’effacement postmoderne du clivage politique droite/gauche mis en place sous la Révolution française et qui a perduré à peine plus de deux siècles. Aujourd’hui, droite et gauche se recouvrent ou se divisent selon les problèmes les plus prégnants comme les modes de développement économiques et écologiques, ou le rapport à la souveraineté nationale, le rapport aux ONG, à l’UE, à l’OTAN, au Tiers-monde, bref à la politique étrangère, où l’on voit s’unir des opinions naguères divergentes et désunir des opinions naguère convergentes.

Les manifestations de Bucarest exemplifient cette mutation. Ainsi, lorsque d’un côté la majorité des bobos en général, cadres salariés de multinationales, de banques et une partie des nouvelles générations universitaires nourris de l’humanisme de pacotille des fondations occidentales, du droit-de-l’hommisme des guerres humanitaires, de néo-féminisme bourgeois, de sociologie et de politologie du prêt-à-penser capitaliste planétaire, hurle à la « peste rouge », une petite minorité exhibe des slogans comme « A bas le néolibéralisme ». Néolibéralisme réel de cette prétendue « peste rouge ». Or ces anti-libéraux n’ont rien à faire avec ces bobos ! Et pourtant ils sont là tous ensemble, comme si cela allez-de-soi. C’est là la preuve d’une errance politique, idéologique, d’une inconsistance qui ne doit pas beaucoup déranger ce type de pouvoir. Dans la Roumanie d’aujourd’hui, tant à Bucarest qu’à Cluj, il y a un micro-groupement politique, Demos, qui se veut une sorte de social-démocratie de gauche comme le labouriste Corbin (sans sa détermination anti-impérialiste en politique étrangère), il rassemble quelques dizaines d`intellectuels sympathiques dont l’influence dans les masses ne dépasse pas les quelques dizaines d’universitaires ou membres de professions libérales artistiques. Il y a encore un parti socialiste de tendance communiste, le PSR, mais là encore, ses maigres troupes, certes un peu plus diverses que celles de Demos n’ont, elles aussi, aucune implantation dans les masses. Demos et PSR sont des partis déclamatifs, car aucun de leurs membres ne sont prêts à sacrifier leur carrière, leur vie privée, leurs vacances pour un militantisme actif, celui qui caractérisait jadis les partis communistes occidentaux… Je regrette profondément de le dire, mais c’est la réalité, et un marxiste se doit d’affronter la dure et triste réalité sans faire de ses espoirs l’état concret du monde.

Le fait que le PSD et ses gros bras ont fait main basse sur les campagnes, les bourgs et les petites villes de province rendrait en effet le militantisme de gauche quelque peu athlétique et donc dangereux. Or la violence sous toutes ses formes est une activité dont tout le monde lors des manifestations, de droite, de gauche, du centre, redoute plus que tout. Aussi faut-il louer le gouvernement de ne jamais commander à sa gendarmerie anti-émeute la violence furieuse qui caractérise les diverses forces de police occidentale lors de manifestations autorisées ou non-autorisée. Il est donc vraisemblable qu’une intrusion des partis Demos et PSR dans les campagnes pour recruter des votants entraînerait au moins de fortes bagarres.

 

Mondialisme et traditionalismes

Il faut le reconnaître, l’atmosphère politique européenne n’est guère à la gauche, ni véritablement à une droite musclée, elle est essentiellement conservatrice (les politiciens et les intellectuels de service commis aux écritures appellent cela à tort « populiste »), souvent animée d’une religiosité bigote à l’Est. C’est là le résultat des trahisons de la social-démocratie qui est passée avec armes et bagages dans le camp des banquiers, dans la défense d’une mondialisation sans limite aucune, dans une course aux prébendes et donc à la corruption qui a dévalorisé dans l’esprit du peuple, des gens de peu, la notion de socialisme.

Ainsi d’année en année, les manifestations de rues plus ou moins spontanées, plus ou moins manipulées, avec des politiciens qui se cachent derrière les manifestants, les juges et les services ont détruit dans l’esprit du public la notion même de lutte politique. « A bas la corruption », mais tous les partis politiques en charge du pouvoir ou de l’opposition en Roumanie ont baigné, sauf exceptions individuelles, dans la corruption. C’est l’hôpital qui se moque de la charité !!! Présentement, nous sommes comme parfois dans l’histoire, à l’étiage du politique face aux pièges que nous tend le capital international et sa gestion au travers de ce que l’on appelle l’État profond, lorsqu’il nous vend de la moraline pseudo-humanitaire et pseudo-démocratique en lieu et place d’affrontements politiques, c’est-à-dire de programmes socio-économiques différents, opposés, tranchés. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire moderne que ce genre de situation se présente à la conscience. Il est là une sorte de moment en suspension qui attend ce que je nommerais non pas comme les marxistes naïfs les conditions objectives, lesquelles sont présentes depuis toujours, mais les conditions subjectives d’un Kairos où un groupement décidé serait capable de saisir dans la révolte des masses la Fortuná et la Virtú. Or ce moment serait-il en attente de longue date, il ne se peut manifester que dans le déploiement de la seule tragédie humaine, celle de la politique quand elle se fait guerre.

Claude Karnoouh, Aéroport Charles de Gaulle vers Bucarest 1er Février 2018…

 

 

 

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Un mois comme un autre en Palestine

 

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Un mois sous occupation...

Roland RICHA – France – 7 mars 2018

 

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Le bilan du mois de février 2018 est établi. Il est particulièrement meurtrier et criminel.

  • Huit citoyens sont tombés sous les balles de l'occupant.
  • Trois cents cinquante ont été blessés.
  • Trois cents ont été asphyxiés par des tirs de grenades au gaz lacrymogène
  • Quatre cents vingt ont été arrêtés et détenus.
  • Cinquante quatre maisons ou appartements ont été démolis.
  • Cinquante deux mille mètres carrés de terrains agricoles ont été endommagés.
  • Trois cents oliviers ou amandiers ont été déracinés.
  • Quatorze raids aériens ont été effectués sur Gaza et cinq incursions terrestres ayant entrainer la mort de trois citoyens dont deux enfants.
  • Trente sept opérations militaires ont été menées contre les pêcheurs ayant entrainer la destruction totale de trois barques et l'arrestation de six pêcheurs.

La pétition initiée par Assawra exigeant la remise en liberté d'Ahed Tamimi a rassemblé à ce jour trente huit milles six cents signataires.
Elle est encore en ligne.

Al Faraby,
Dimanche, 04 mars 2018

 

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Sur le chemin du lycée

Al Faraby –7 mars 2018

 

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Pour les jeunes du village d'Allaben, au sud-est de Naplouse, le chemin le plus court pour aller au lycée est d'emprunter la route principale reliant Ramallah à Naplouse.

Ils en ont pour quelques minutes de marche.

Depuis dix jours, des soldats de la force d'occupation leur barrent la route et les obligent à prendre des chemins de traverse, ce qui allonge leur trajet de trois kilomètres.

Pour les lycéens d'Allaben, aller au lycée, accéder donc au savoir, est aussi un acte de résistance. Les enseignants en ont pleinement conscience et ont adapté les horaires des cours.

C'est loin d'être simple.

Les enseignants sont obligés de revoir tout leur emploi du temps de travail mais aussi de leur vie courante.

Comme leurs élèves, les enseignants empruntent la route principale Ramallah-Naplouse.

Al Faraby

Mercredi, 07 mars 2018

Source : https://assawra.blogspot.be/2018/03/sur-le-chemin-du-lyce...

 

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Gennevilliers annule son arrêté de reconnaissance de la Palestine

Malgré l'annulation sur demande du préfet des Hauts-de-Seine, l'élu communiste estime que « l'objectif est atteint »

AFP et Times of Israel Staff   -  4 mars 2018

 

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Patrice Leclerc, maire de la banlieue parisienne de Gennevilliers. (Capture d'écran : YouTube)

 

En janvier dernier, la ville communiste de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) avait symboliquement reconnu l’Etat de Palestine et appelé d’autres communes en France à faire de même.

Aujourd’hui le maire, Patrice Leclerc, annonce avoir annulé cet arrêté. Il s’en explique dans Le Parisien : « Le préfet des Hauts-de-Seine m’a demandé de le retirer car il estimait que ça ne relevait pas des compétences d’une commune ». En cas de refus, la municipalité s’exposait également à une amende importante.

 « Je ne visais pas un acte réglementaire, l’objectif était autre et il est rempli : c’était de faire parler de la cause palestinienne, à l’heure où le peuple palestinien est bien seul, » explique l’édile qui inscrit cet arrêté éphémère dans une « volonté de faire la paix ».

Le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) s’est réjoui de cette décision dans un communiqué dans lequel il estime que « cette reculade ridiculise ceux qui pensent outrepasser impunément leurs prérogatives pour tenter d’imposer leur propagande ».

« La France, par la voix de son précédent ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, avait déclaré la possibilité d’une reconnaissance de la Palestine en cas de blocage du processus à la fin de l’année 2016. Or, rien n’a été fait », avait regretté le maire de Gennevilliers en janvier, dans un communiqué.

« Le président Macron refuse d’engager la France dans cette voie, mais si des milliers de parcelles de la France prennent cet arrêté officiel, cette prise de position des communes françaises conduira de fait à une reconnaissance », voulait alors croire l’élu communiste.

 

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 Mis en ligne le 7 mars 2018

 

 

 

 

 

18:54 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

03/03/2018

JOURNÉE DES FEMMES ET...

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LA SYRIE, ENCORE ET TOUJOURS,

qui peut se vanter d’avoir un très grand ambassadeur à l’ONU. Contrairement à d’autres.

 

 

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Ce document d’une importance extrême,  que vous ne verrez nulle part dans votre pressetituée habituelle, aurait dû accompagner – ou précéder – notre article de Ziad Fadel d’hier. Nous étions en retard de lectures. Culpa ! Culpa !

 

ONU / Vous finirez par avoir votre « ligne rouge »… Trois camions turcs chargés de chlore viennent d’entrer en Syrie

Mouna Alno-NakhalRéseau International 2 février 2018

 

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Ce 28 février, nous apprenons du site de presse de l’ONU que deux responsables de cette Organisation avaient déploré devant le Conseil de sécurité la non application de la résolution 2401 (2018), adoptée à l’unanimité par ce même Conseil 4 jours auparavant, après trois jours de débats [1].

Une résolution demandant pour certains, exigeant pour d’autres, une cessation sans délai des hostilités d’au moins 30 jours consécutifs pour l’instauration d’une pause humanitaire durable, dans toute la Syrie pour certains, dans la Ghouta orientale pour d’autres.

Nous notons un passage de ce compte-rendu dit non officiel, mais néanmoins destiné aux organes d’information, d’autant plus qu’il traduit la pensée de l’un des deux responsables en question, en l’occurrence, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman : « Les efforts antiterroristes ne l’emportent pas sur les obligations en vertu du droit international… L’étendue des attaques militaires aveugles contre la Ghouta orientale ne peut se justifier au prétexte de s’en prendre aux combattants du Front el-Nosra ».

Et puis, plus loin, dans le paragraphe de la déclaration de M. Feltman : « Par ailleurs, a-t-il poursuivi, l’ONU n’a pas encore vu de confirmation par le Gouvernement syrien de son engagement à mettre en œuvre la résolution 2401 (2018), cependant que le représentant syrien, après l’adoption de samedi, a déclaré: « Nous assumons la responsabilité en tant qu’État vis-à-vis de nos citoyens, et avons le droit de lutter contre le terrorisme ».»

Un rappel de la déclaration du « représentant syrien », ajouté probablement par le rédacteur de ce compte-rendu, qu’il faudrait remettre dans son contexte du 24 février dernier [2], mais cela prend du temps, beaucoup de temps…

Pour mémoire, voici la traduction de l’intervention du Dr Bachar al-Jaafari, suite à cette 48ème session du Conseil de sécurité sur la situation en Syrie. [NdT].

__________________________________________

Le Gouvernement de mon pays a pris connaissance du 48ème rapport mensuel émis par le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et, comme d’habitude, nous avons adressé, ce matin, une lettre officielle au Secrétaire général et au Président du Conseil de sécurité exposant notre point de vue sur son contenu.

Monsieur le Président,

Nous sommes réalistes. Nous savons que l’ONU n’est pas une association caritative du fait de son incapacité à mettre en œuvre les dispositions de la Charte et les principes du droit international depuis sa création. La situation palestinienne est le meilleur exemple de son échec, auquel il faudrait ajouter d’autres exemples, tels l’Irak, la Libye, la Yougoslavie, la Grenade pour ceux qui l’auraient oubliée, le Nicaragua, etc. Mais, puisqu’il ne s’agit pas de charité, gardons-la au moins en tant qu’Organisation.

J’aimerais souligner les points suivants :

  • Premièrement : Le Gouvernement de mon pays réaffirme son engagement à respecter les principes du droit international et du droit humanitaire international, tout autant que les lois nationales et la Constitution syriennes ; l’ensemble ayant incontestablement mis à sa charge la responsabilité d’assurer la paix et la sécurité de ses citoyens face aux groupes terroristes.
  • Deuxièmement : Le rapport d’aujourd’hui, comme le précédent, est toujours entaché d’un grave défaut, vu que ses concepteurs s’appuient sur des sources politisées et des chiffres peu fiables, ignorant les sources documentées du gouvernement syrien et, même, les rapports reçus des représentants des Nations Unies travaillant en Syrie ; lesquels reconnaissent ses efforts, sa coopération dans le domaine humanitaire ainsi que les facilités mises à leur disposition pour l’exercice de leur mission. Des éléments positifs qui s’évanouissent sous l’effet d’une puissance irrésistible une fois arrivés au siège des Nations Unies à New York.
  • Troisièmement : Le gouvernement de mon pays déplore le silence des auteurs de ce rapport, ainsi que le silence du Conseil des droits de l’homme et du Bureau de la coordination des affaires humanitaires [OCHA], notamment depuis l’adoption de la Résolution 2401, quant au suivi et à la mise en évidence des conséquences de l’agression barbare turque sur la ville syrienne de Afrin dont un grand nombre de victimes décédées ou blessées, notamment parmi les femmes et les enfants ; la destruction des propriétés privées et publiques ; une importante exode de la population ; une grave pénurie en besoins élémentaires… Mais Afrin n’est ni la Ghouta orientale, ni l’Est d’Alep, ni Kefraya, ni Al-Foua !
  • Quatrièmement : Le gouvernement syrien refuse catégoriquement que les auteurs de ce rapport continuent de se taire sur les conséquences désastreuses des opérations de ladite « Coalition internationale » et de ses membres. Laquelle coalition a assassiné des centaines de civils et de militaires syriens qui combattent Daech ; ses deux derniers et récents massacres ayant fait, hier, 29 morts et nombre de blessures graves parmi les civils, notamment des femmes et des enfants habitant à Al-Chaf’aa et Zahrat. Alouni, deux villages à l’est de Deir ez-Zor… La coalition américaine est, en effet, plus particulièrement spécialisée dans le bombardement de cette région orientale de la campagne de Deir ez-Zor, car les résidents civils ne sont pas des incubateurs du terrorisme de Daech et d’Al-Nosra. Ceci, sans parler de la destruction massive commise par ses forces à Raqqa, comme vient de le dire mon cher collègue délégué de la Fédération de Russie.

Par conséquent, le Gouvernement syrien renouvelle sa demande de dissolution de cette alliance illégitime d’agresseurs avec arrêt immédiat de ses crimes contre les Syriens. D’ailleurs, ce matin, un communiqué de l’État-major russe soulignait que la situation humanitaire en zones contrôlées par les alliés et les agents des USA était la pire comparativement au reste du pays ; des zones devenues des trous noirs comparables à ceux de l’espace intersidéral.

Monsieur le président,

Concernant la Ghouta orientale, le Gouvernement syrien affirme que l’embrasement de la situation, observé ces derniers temps, est dû aux attaques lancées contre les zones résidentielles et les positions militaires par les terroristes largement déployés dans cette région : plus de 2180 obus et roquettes sur Damas, jusque hier ; ce qui a causé la mort de plus de 66 civils et 474 blessures graves chez d’autres.

Comme j’ai commencé par vous le dire, les forces gouvernementales ont été amenées à riposter en vertu de leurs devoirs constitutionnels d’assurer la paix et la sécurité des citoyens.

C’est dans un tel contexte que le Gouvernement de mon pays désapprouve l’usage répété de l’expression « zones assiégées » par les auteurs de ce rapport en parlant de la situation qui prévaut dans la Ghouta orientale, alors qu’ils continuent à délibérément ignorer - sous la pression d’États influents au sein et en dehors de ce Conseil - la vérité qui veut qu’elles sont assiégées de l’intérieur par les diverses organisations terroristes ; lesquels, comme cela s’est déjà produit à Alep, utilisent les civils comme boucliers humains, saisissent et monopolisent l’aide humanitaire en la distribuant à leurs partisans ou en la vendant à ceux qui sont dans le besoin, à des prix exorbitants.

Et le Gouvernement syrien déplore aussi que les auteurs de ce rapport ignorent les souffrances de milliers de personnes enlevées et séquestrées dans les prisons des terroristes sévissant dans la Ghouta orientale ou d’autres régions, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, arrachés de leurs foyers ou de leurs lieux de travail et soumis aux pires formes de torture. Certains de ces civils croupissent dans ces prisons depuis qu’ils les ont enlevés dans la ville ouvrière d’Adra et la campagne de Lattaquié, il y a cinq ans.

Dans ce même contexte, le Gouvernement de mon pays s’élève contre les allégations du Secrétariat général et les rapports du Secrétaire général ; lesquels persistent, jusqu’à cet instant précis, à ignorer ce qu’endurent huit millions de civils résidant dans la capitale, Damas, sous les centaines de roquettes et d’obus lancés, quotidiennement, par les groupes terroristes à partir de la Ghouta orientale.

Le gouvernement de mon pays souligne que les allégations des auteurs du rapport, et les allégations des États occidentaux - qui les influencent - à propos du prétendu siège de la Ghouta sont constamment réfutées. En effet, les dernières preuves de leur manque de crédibilité émanent de leurs propres rapports concernant les aides accordées à la Ghouta orientale, par le régime saoudien, en ce mois de Février.

Ce qui, en réalité, prouve deux choses : premièrement, que la Ghouta orientale n’est pas assiégée ; deuxièmement, qu’il est possible d’y accéder, vu que les livraisons d’armes et de munitions en provenance de gouvernements soutenant le terrorisme sont ininterrompues jusqu’ici, y compris les prétendues aides humanitaires saoudiennes… (humanitaires ) entre parenthèses !

Mesdames et Messieurs,

Nul n’est plus soucieux de la vie et de la protection de ses citoyens, sur chaque pouce du territoire national, que le Gouvernement syrien. C’est dans ce sens que mon gouvernement a pris toutes les mesures nécessaires pour les protéger en ripostant aux terroristes de la Ghouta orientale et en tentant de les en éloigner, via un passage de sortie sécurisé.

Ce même passage annoncé et ouvert quelques heures après l’adoption de la Résolution 2401… quelques heures ! Ceci, pour garantir la sécurité des civils, en coopération avec nos amis et alliés russes, et répondre à tous leurs besoins aux frais du gouvernement syrien, soit dit en passant, non aux frais de l’OCHA. En même temps, le Gouvernement syrien a invité les membres des divers groupes terroristes à déposer les armes, à cesser de terroriser les civils par des attaques lancées à partir des quartiers peuplés et à rejoindre les initiatives du processus de réconciliation nationale.

Mais ce qui s’est passé, Mesdames et Messieurs, est que les groupes terroristes armés avec à leur tête le Front al-Nosra, Jaïch al-Islam et Faylak al-Rahmane ont interdit, par la force des armes, l’accès des civils au passage sécurisé, comme vous le savez, ou non ; ceci, en procédant au lancement de leurs obus de mortiers sur le passage, dès l’annonce de son ouverture.

Quant au message qui vous a été adressé par le terroriste Mohammad Allouche [chef du bureau politique de Jaïch al-Islam soutenu par les Saoudiens, tandis que Faylak al-Rahmane serait soutenu par les Qataris ; NdT] ; franchement, il signifiait son refus de laisser sortir toute personne civile de la Ghouta. C’est lui qui l’a dit et son but est évident : il veut utiliser les civils comme otages et boucliers.

Dieu soit loué, nous avons aujourd’hui une nouvelle mode aux Nations Unies : un message arrive d’un groupe terroriste et, son contenu est distribué comme document officiel. C’est la dernière invention caritative des Nations Unies. Il n’y a ni résolutions de lutte contre le terrorisme, ni respect de l’intelligence des délégués des États Membres.

Toute personne qui a suivi le processus d’adoption de la résolution 2401, ainsi que certaines notes d’information et déclarations entendues aujourd’hui, arrive à une vérité indubitable qui se résume à dire que l’objectif réel de l’adoption de cette résolution n’était pas de parvenir à une véritable trêve, comme certains le prétendent, ni de protéger les civils et de répondre à leurs besoins. L’objectif était d’utiliser, encore une fois, le Conseil de sécurité pour empêcher l’avancée de l’Armée syrienne et de ses alliés combattant les groupes terroristes armés qui menacent la capitale, Damas. Nous le disons pour la millième fois : ils menacent la capitale, Damas !

Sinon, qui pourrait nous expliquer l’absence de référence à toutes les résolutions du Conseil de sécurité relatives à la lutte antiterroriste dans le texte de la Résolution 2401 ? Votre Résolution, Mesdames et Messieurs, n’a mentionné aucune de vos propres résolutions en rapport avec la lutte antiterroriste.

Et qui pourrait nous expliquer la forte résistance de certains États, pendant les négociations sur le projet de cette résolution, à tout énoncé excluant de la prétendue trêve, Daech, le Front al-Nosra et les groupes apparentés ? Vous avez négocié pendant trois jours sur : devons-nous mentionner Daech ou ne pas mentionner Daech… devons-nous mentionner Al-Nosra ou ne pas mentionner Al-Nosra ?

Monsieur le Président,

La campagne prétendument humanitaire en rapport avec le fait terroriste dans la Ghouta orientale a coïncidé avec une autre campagne, organisée sous des auspices occidento-américains, faisant de nouveau la promotion de l’utilisation d’armes chimiques dans certaines régions de Syrie ; régions où s’activent exclusivement des terroristes… veuillez m’excuser, je voulais dire les « Casques blancs » !

Et pour compléter le tableau, le New York Times [NYT] a publié, aujourd’hui même, un éditorial, façon Tintin, selon lequel il y aurait une coopération entre la République populaire démocratique de Corée [RPDC] et mon pays, en matière d’armes chimiques.

Ce qui est risible dans cette affaire est que l’article calomnie les gouvernements des deux pays sur toute une page à l’intérieur du journal, mais dit que selon les experts qui l’ont examiné, le rapport n’est pas probant… Je cite en anglais : « Though experts who viewed the report said the evidence it cited did not prove definitively that there was current, continuing collaboration between North Korea and Syria on chemical weapons…» [3]. Et voilà que nous nous mettons à vous lire le NYT !

Monsieur le Président,

Chez nous, l’adage populaire dirait : « Que Dieu accorde le Hadj au NYT alors que les gens en reviennent ». Car, il a échappé au NYT que c’est le navire américain « Cape Ray » qui a détruit le stock de produits chimiques, remis volontairement par les autorités syriennes, après adhésion de mon pays à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques [CIAC], puis à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques [OIAC] dont il est devenu membre à part entière.

Autrement dit, ces informations sont vieilles, du « déjà vu » comme diraient les Français mais, bizarrement, le NYT s’est senti investi de l’enthousiasme d’en reparler.

En fait, ce n’est pas si bizarre. Je vais vous lire une dépêche reçue il y a quelques minutes. Des informations que vous pourrez prendre en considération au cas où certains États Membres réactiveraient le sujet des armes chimiques au sein de ce Conseil. Nous, nous vous disons dès à présent : prochainement, il y aura utilisation du chimique par les terroristes en Syrie. Et maintenant, voici les informations :

  • Dans la matinée du 20 février, trois camions turcs transportant du chlore sont entrés dans le Gouvernorat d’Idlib par le passage de Bab al-Hawa. Laissons le NYT vérifier ces informations. Il pourrait, peut-être, publier un article allant dans le sens contraire.
  • Deux de ces camions se sont arrêtés au village Al-Lozé, dans la campagne d’Idlib, et sont actuellement stationnés dans son école, accompagnés de plusieurs voitures et d’un certain nombre de terroristes. Vous évoquez sans cesse les écoles et les hôpitaux… Ils ont transformé l’école du village en dépôt d’armes chimiques.
  • Le troisième camion a continué jusqu’au village Al-Habet, situé dans la campagne nord de Idlib, et se trouve actuellement au siège de ladite Ha’yat Tahrir al-Cham [Organisation de libération du Levant] -des agents de la Turquie- où il est en train d’être déchargé, côté nord-est, en présence d’un grand nombre de terroristes.
  • Les informations en possession du gouvernement syrien indiquent que les terroristes préparent une action terroriste avec usage de chlore à grande échelle, pour ensuite en accuser l’Armée arabe syrienne. Lesquels terroristes ont reçu des instructions fermes de la part de services secrets occidentaux et turcs pour mener une attaque chimique avant le 13 mars. Pourquoi le 13 mars ? Parce que c’est la date de la tenue de la 87ème session du Conseil exécutif de l’OIAC.

Nous vous confions ces informations en vous répétant que ces terroristes, par ordres de leurs employeurs, comptent utiliser le chimique avant le 13 mars prochain.

Monsieur le Président,

La vraie responsabilité de faire cesser les hostilités incombe aux États ayant le pouvoir d’influer effectivement sur les groupes terroristes armés sévissant dans la Ghouta et autres régions syriennes, afin qu’ils arrêtent leurs actions terroristes et autorisent les civils, pris pour boucliers humains, à sortir librement et en sécurité de ces régions qu’ils exploitent comme bases de lancement de leurs attaques terroristes.

Monsieur le Président,

Un groupe d’États Membres fait mine de pleurer sur la situation humanitaire en Syrie, cinq États dont certains sont, à notre grand regret, membres de ce Conseil et qui ont invité, deux jours après [l’adoption de la résolution 2401 ?], d’autres États Membres de cette Organisation à assister à un film sur Jabhat al-Nosra… pardon, sur lesdits « Casques blancs »… dans la salle du Conseil économique et social au sein des Nations Unies. Il y a des membres de ce Conseil qui font la promotion d’une organisation terroriste figurant sur sa liste en tant qu’entités terroristes !

Nous vous confions également cette affaire. Peut-être sera-t-elle traitée de la manière qui convient.

Merci.

Docteur Bachar al-Jaafari

Délégué permanent de la Syrie auprès des Nations Unies

Transcription et traduction par Mouna Alno-Nakhal

Source : Video / The Syrian Mission to the United Nations

https://www.youtube.com/watch?v=KzFddTaxZjQ

____________________   

Notes :

[1] Deux responsables de l’ONU déplorent, devant le Conseil de sécurité, la non-application de la trêve de trente jours qu’il avait demandée en Syrie

https://www.un.org/press/fr/2018/cs13231.doc.htm

[2] Bachar al-Jaafari : Ce que nous avons compris de la Résolution 2401(2018)…

https://reseauinternational.net/author/mouna-alno-nakhal/

[3] U.N. Links North Korea to Syria’s Chemical Weapons Program

https://www.nytimes.com/2018/02/27/world/asia/north-korea...

Source : https://reseauinternational.net/onu-vous-finirez-par-avoi...

 

 

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Ni Shamir ni Poutine n'oublient CARLOS.

Entre la Plume et l’Enclume – 3 février 2018

Le Comité de soutien au Commandant Carlos Ilich Ramirez Sanchez (présidé par Dieudonné M bala Mbala) annonce :

 

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Du 5 au 16 mars 2018. se tiendront les audiences du nouveau procès « Carlos ».

CARLOS fait appel de sa nouvelle condamnation à perpétuité pour l'attentat de 1974 au Drugstore de Saint Germain des Prés. Depuis sa capture au Soudan en 1994, l'État n'a pas cessé d'accumuler les violations du droit à son encontre. Il est jugé par une Cour d'assises « spéciale », c'est à dire aux ordres du pouvoir, de par ses statuts, et spécialement conçue pour pouvoir condamner des actes de nature politique, sans avoir à respecter les règles du droit pénal  en vigueur en France.

 

Les audiences sont publiques, et se tiennent à la cour d'appel au

Palais de Justice, 4 rue de la Cité, 75001, Paris. 

C’est à la Cour d’assises n° 2 (salle Victor Hugo) et pas une cour d’appel comme en correctionnelle !

Rendez-vous lundi 5 mars à 9h; à la Cour d’assises on fait au fur et à mesure...

 

 

Rappelons qu'il avait profité de son procès en première instance pour rappeler que la France est un pays occupé par Israël, et que ce n'est pas un pays démocratique, puisque le premier parti l'année dernière (Front National) n'était représenté que par quelques députés à peine au Parlement.

Il sera défendu par Me. Coutant-Peyre. 

Pour connaître les commentaires de Carlos sur l'actualité internationale, voir http://carlosreveal.com (entretiens téléphoniques en anglais).

 

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Ci-dessous, un texte d'Israël Shamir suivi d’une interview de Carlos par Shamir, inclus dans le volume Carlos, un combattant contre l'empire, éd. Kontrekulture.

 

Poutine et « CARLOS »

par Israël Adam Shamir

 

Le Vénézuélien José A. Ramirez avait eu trois fils. Le premier, il l’a nommé Ilich, le second, Lénine, et le troisième, Vladimir. Vladimir et Lénine vivent heureux pour toujours au Venezuela, soutenus par le Parti communiste et par la société, amicale avec la Russie. 

Et Ilich, supérieurement intelligent, supérieurement courageux, soutient également le Parti communiste, défend également Poutine, mais tout cela du fond d’une prison française - depuis plus de vingt ans.

Ilich avait étudié à Moscou, à l'Université  pour l’amitié entre les peuples Patrice Lumumba; il voulait vivre et étudier dans le pays du prolétariat victorieux. Imaginez l’ensemble prodigieux de vraies croyances et d’idéaux pour les frères Ramirez, et plus que tout pour Ilich : il voulait sauver le monde. Il a pris un flingue, et il est parti défendre les opprimés. Le plus opprimés à l'époque étaient les Palestiniens et la cause palestinienne attirait les idéalistes avec des flingues. Dans les camps de réfugiés palestiniens et parmi les combattants   de l'Armée Rouge allemande il y avait Andreas Baader, Ulrike Meinhof et Horst Mahler, et la beauté palestinienne Leila Khaled. 

Révolutionnaire professionnel, frère du Che Guevara en esprit, Ilich a combattu dans les rangs du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) contre les envahisseurs sionistes, il a fait sauter des banques, enlevé des banquiers, pris en otage onze ministres des pays producteurs de pétrole (OPEP) à Vienne en 1975, bâti sous terre des réseaux en Europe et au Moyen-Orient : il était l’espérance révolutionnaire en personne. Il est devenu légendaire sous le nom de guerre "CARLOS"[1] , et les ennemis lui ont donné le surnom de « Le Chacal » - en l'honneur du héros du livre de politique fiction Les jours du Chacal, avec qui il avait peu en commun. Le Jackal de Forsyth tuait pour l'argent, CARLOS - pour la révolution et pour la liberté.

Il n'a pas été un agent du KGB, bien que, selon certains, il ait eu des liens étroits avec les services de renseignement soviétique, des actions coordonnées ayant été menées à l’occasion, quand c’était nécessaire, pour le plus grand profit du Kremlin. C’était un franc-tireur, mais un franc-tireur du côté soviétique.

Après la chute de l'Union soviétique, le réseau mondial du KGB et de ses amis s’est retrouvé laminé. Les uns ont été trahis par les chefs, d’autres ont été capturés par l’ennemi, la situation était tendue pour tous les révolutionnaires. 

En 1993, Ilich avait fui au Soudan, mais c’est alors qu’il a atteint les sommets. En 1994, il a été enlevé par les services secrets français, exporté vers la France, et il a été jugé et condamné à la prison à perpétuité, parce que, alors qu’il résistait à une arrestation,  deux  inspecteurs de la DST avaient trouvé la mort.

Depuis lors, plus de vingt ans sont passés. La moitié Ilich les a passés à l’isolement, les autorités françaises tentaient de le rendre fou. Mais il a survécu, plus lucide et solide que jamais. Ilich n'assume aucune des accusations qui le visent, il a toujours tout nié ; impossible de dire avec certitude quel genre de choses il a faites lui-même, et quels autres faits lui sont simplement attribués, parce que ça arrange les médias et les autorités.

Voici quelques questions auxquelles il a pu répondre brièvement :


- Êtes-vous un terroriste? 

- Je suis un révolutionnaire dans le sens léniniste, je suis un combattant de la résistance palestinienne. C’était mon destin de  devenir un révolutionnaire professionnel, et j’ai essayé d’être le meilleur dans mon secteur d’activités.

- Est-ce que vous êtes fier de votre travail? 

- Je suis fier de tout ce que j’ai fait. Mais symboliquement l’opération pour capturer les ministres de l'OPEP à Vienne a été la plus importante. Ils pensaient qu'ils étaient les maîtres du monde, mais je leur ai montré qu'ils étaient vulnérables.

- Quel avenir pour la Palestine? 

- En lieu et place de l’Etat des sionistes, il y aura un Etat palestinien démocratique et laïque, ouvert à tous, juifs et Palestiniens.

Que pensez-vous de Le Pen?

- Pour moi, communiste, Le Pen est un fasciste de l’ancien temps, mais j’ai de la sympathie pour lui, parce qu'il est le seul homme politique français qui sait trancher, et que c’est un patriote. Jadis c’étaient les communistes, les vrais …

Que pensez-vous de Poutine? 

- J’en pense du bien, comment pourrait-il en être autrement? Il a été formé au KGB, qui était la pépinière de l'élite soviétique. C’est une bonne  chose qu'il ait été porté au sommet du pouvoir en Russie. Je souhaite que son projet politique réussisse parce que le monde a besoin d'une Russie forte, d’une Troisième Rome slave, sur la base de l'orthodoxie et du communisme ...

 

« CARLOS » Ilich reste en captivité, ses derniers combats de soldat soviétique sont oubliés. Il a longtemps été livré à la volonté de la CIA, du MI-5, du Mossad, qui a tout fait pour avoir sa peau. Après vingt ans dans une geôle française, il regarde avec espoir du côté de Moscou. Il espère qu'il y aura des camarades pour se souvenir de lui. On m'a dit que les autorités françaises pourraient accepter d'expédier Ilich en Russie, si celle-ci le réclame. Il n’a pas été un agent soviétique dans le sens strict du terme, mais Poutine pensait certainement à lui quand il a dit, à propos des « soldats oubliés » :

 « Nous ne sommes pas des lâcheurs »...

 (Article publié dans Izvestia le 5 novembre 2015)

_____________________

[1]  En fait ; c’est Libération qui lui a attribué ce nom [vous m’étonnez, René ! ndGO]. Son nom de combattant est Salem Salim Mohammed.

 

5. Carlos.jpgComité de soutien au Commandant Carlos Ilich Ramirez Sanchez

 

 

Source : http://plumenclume.org/blog/323-ni-shamir-ni-poutine-n-ou...

 

 

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Et un autre…

 

Procès de l’inexistant lobby contre Olivia Zemor

 

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Chère amies, Chers amis,

Nous venons d’apprendre qu’à la demande du lobby israélien un nouveau procès nous est intenté le 19 mars prochain, pour avoir appelé la chanteuse Vanessa Paradis, il y a 7 ans, à ne pas aller donner un concert à Tel Aviv et à ne pas y rencontrer le président de l’Etat d’Israël Shimon Peres.

Les plaignants : « L’Union des communautés juives d’Ile de France », présidée par le colon franco-israélien Sammy Ghozlan, nous accusent de « provocation à la haine ou à la violence »  et de « provocation à la discrimination nationale, raciale, religieuse », en se référant à une vidéo, publiée sur notre site en janvier 2011, qui nous montre en train d’expliquer, chants et danses à l’appui, qu’il serait immoral d’aller cautionner les colonies, l’occupation, les massacres et le blocus de Gaza, ainsi que la torture des enfants palestiniens.

Lors de cette soirée, nous avions distribué au public la lettre des opposants israéliens appelant Vanessa Paradis et Johnny Depp à ne pas se rendre en Israël et à ne pas « permettre à l’Etat d’Israël de se servir de votre réputation pour blanchir ses crimes ! » (texte intégral sur http://www.europalestine.com/spip.php?article5752 )

Vanessa Paradis et Johnny Depp avaient choisi d’annuler leur concert. Tant mieux.

Des centaines d’artistes dans le monde, de Ken Loach à Roger Waters, en passant par MassiveAttack, Brian Eno ou Lorde, refusent de cautionner l’occupation et la colonisation israéliennes, et nous leur en savons gré.

Sont-ils antisémites ? Non ! Pas plus que nous, ni les opposants israéliens, ni le peuple palestinien qui nous appelle à faire comme pour l’Afrique du Sud de l’Apartheid, et à boycotter Israël tant que durent l’occupation, la colonisation, et leur cortège d’atrocités.

Mais une fois de plus, le lobby israélien essaie de créer la confusion entre judaïsme et condamnation de l’apartheid israélien, et d’inverser les rôles en osant parler de « discrimination » à l’encontre d'un État qui boycotte en permanence tout un peuple, le privant de l’ensemble de ses droits les plus fondamentaux. 

Netanyahou et ses supporters ne se contentent pas d’amplifier la colonisation, comme les violations des droits de l’homme et du droit international. Ils exigent que la France interdise le boycott d’Israël, interdisant par là même aux artistes, aux universitaires, aux sportifs, de refuser d’aller se produire dans ce pays !

On pourrait ainsi réclamer des sanctions contre la Chine, la Russie, la Syrie ou l’Iran, mais pas contre Israël, qui s’estime au-dessus des lois, comme vient de le proclamer sans complexe la ministre israélienne de la justice Ayelet Shaked (http://www.europalestine.com/spip.php?article13956).

C’est énorme ! Nous devons, par un soutien et une présence massive au procès d’Olivia Zémor, présidente de CAPJPO-EuroPalestine, montrer que la France n’est pas une colonie israélienne.

C’est pourquoi nous vous donnons rendez-vous le lundi 19 Mars, à partir de 12 H 30, au Tribunal de Versailles, 5 Place André Mignot, 78011 (le procès se déroulera à 14 H à la 8ème Chambre, Section 3).

Nous vous demandons de faire tout votre possible pour être présent(e)s ce jour-là  (dans 3 semaines précisément), afin que le gouvernement français, qui se proclame contre la colonisation et pour le respect du droit international, ne puisse faire ses coups bas en catimini.

Nous en appelons au soutien de tous les défenseurs du droit et de la justice, en France comme à l’étranger.

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LE 8 MARS PROCHAIN (Ah, oui, c’est la journée des femmes !), DÉFILONS ENSEMBLE POUR LA LIBÉRATION DE TOUTES LES FEMMES ET JEUNES FILLES PALESTINIENNES EMPRISONNÉES PAR L’OCCUPANT ISRAÉLIEN !

À l’occasion de la journée internationale des femmes, nous vous attendons nombreuses et nombreux, pour participer au cortège qui défilera le jeudi 8 mars à 17 H 30 À PARIS, de la place de la République à la place de l’Opéra, avec les photos et les noms de toutes les femmes et adolescentes palestiniennes (la plus jeune a 13 ans) enfermées dans les geôles de l’occupant israélien, comme Ahed Tamimi !

Amicalement,

CAPJPO-EuroPalestine

www.europalestine.com

 

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À propos de « la beauté palestinienne Leïla Khaled ». C’était en septembre dernier :

 

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Un accueil chaleureux et combattif à Leila Khaled, Sahar Francis et Ahed Tamimi au Parlement européen (photos)

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http://www.pourlapalestine.be/un-accueil-chaleureux-et-co...

 

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Tiens, pendant qu’on y est : rappel de notre post du 6 janvier 2014…

 

In Memoriam Dalal al Mughrabi

Cinquième anniversaire du carnage israélien dans le camp de Gaza
(27 décembre 2008 - 21 janvier 2009)

Aline de Dieguez

 

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http://lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.skynetblogs....

 

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Et on sait bien qu’on perd son temps, mais on ne se lassera jamais de le répéter…

 

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http://liberonsgeorges.samizdat.net/ 

 

Grouillez-vous les mecs, il risque de mourir de vieillesse avant.

 

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Mis en ligne le 3 mars 2018

 

 

 

22:01 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

02/03/2018

GHOUTA ORIENTALE ET JEUZO D'HIVER

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SYRIE

 

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GHOUTA ORIENTALE : SAC DE NOEUDS ET CHÈVRE DES NÉOCONS

 

Ziad Fadel  – Syrian Perspective29 février 2018

 

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Les medias occidentaux pètent les plombs sur la situation en Ghouta Orientale. La propagande va crescendo et se vautre dans l’hystérie. Ou plutôt, elle est coordonnée pour préparer l’opinion publique à un type encore plus obscène d’intervention occidentale, à la mise en scène propagandiste endémique partout où on trouve ceux qu’on appelle « casques blancs ». Il n’y a pas le moindre reportage occidental en provenance d’Afrin, quotidiennement bombardée par les Turcs, alliés des Américains. Non, il n’est question que de la Ghouta, où les terroristes de l’Amérique et de l’OTAN sont en attente d’annihilation.Peu ou pas du tout d’informations non plus sur le carnage d’inspiration saoudienne au Yémen…

Il est évident que les Forces du Tigre ne se lanceront pas à l’attaque tant que les groupes terroristes Al Qaeda, Hay’at Tahrir al-Cham, Jaych al-Islam, Faylaq al-Rahmane, et d’autres qui ne sont pas compris dans le cessez-le-feu négocié par Moscou, n’auront pas été pilonnés jusqu’à la déroute. On dit que le Major-Général Souheil al-Hassan a été démoralisé par le peu d’enthousiasme du Dr Assad de s’engager dans une victoire totale dans la Ghouta, certaines sources prétendant qu’il a été accueilli avec beaucoup d’affection par le Président, mais qu’on lui a dit de se retenir jusqu’à ce que l’atmosphère « politique » se soit améliorée. En réalité, rien de tout cela n’est vrai. On a laissé au général Al-Hassan toute latitude pour décider quand il convenait de lancer sa grande offensive, et il est évident qu’il a opté pour la continuation du processus de ramollissement, de manière à préserver ses propres acquis et la vie de ses hommes. Plus important encore, le général Al-Hassan est obligé de prendre en compte la vie des civils innocents, qu’on est en train de mettre dans des cages pour s’en servir comme boucliers humains. Mohamed « Allouche », criminel de guerre par excellence*, a donné l’ordre à ses gorilles de construire un millier de cages pour empêcher toute attaque aérienne.

Sur la base d’informations que j’ai glanées chez mes propres sources, l’attaque a commencé comme manœuvre de sondage destinée à tester les défenses des rats retranchés. Certaines sources occidentales ont estimé le nombre des rongeurs enfermés dans la Ghouta à plusieurs milliers, un grand nombre d’entre eux ayant acquis des compétences non négligeables dans l’art de terroriser les populations. D’autres sources estiment que ces vermines sont moins d’un millier. Ma source ne peut pas se prononcer sur leur nombre mais estime qu’il est très « gérable ». Quoi qu’il en soit, si les lignes de défense sont aussi faibles qu’elles en ont l’air et si l’arsenal mis à la disposition des rongeurs a été épuisé avec peu de possibilités de réapprovisionnement du fait de l’encerclement de la Ghouta, alors, dans ce cas, l’opération ne devrait durer que peu de semaines et ce délai, à cause de la présence d’environ 400.000 civils.

À en juger par les réactions à de nombreux d’articles des médias « mainstream », il est clair que personne ne croit aux contes occidentalo-sionistes. Presque tous les lecteurs qui postent des commentaires accusent les MM de diffuser des fables propagandistes. Si on se réfère au nombre de commentaires générés par la Syrie et si on les compare à ceux sur des sujets se rapportant davantage à la politique intérieure américaine, on peut en conclure que très peu de gens [aux USA, ndt] suivent les événements de Syrie. Ce que je veux dire, c’est que les MM ont misérablement échoué à sortir le public occidental de son apathie. Il semble qu’il ne trouve pas la Syrie aussi intéressante que le Super Bowl ou les massacres de Floride.

Mohamed “Allouche” sait qu’il n’y a, pour lui, nul autre endroit où aller que l’enfer. Comme celles d’Abdullah al-Muhaysini, les traces de ses pas sont les marques sanglantes laissées par des milliers de civils innocents et de soldats gouvernementaux. Dès qu’ils seront morts, l’un et l’autre entreront dans l’oubli qu’ils méritent amplement et, au fur et à mesure que le temps passe, ils pourraient se mettre à soupçonner qu’Allah n’est pas du tout de leur côté et que peut-être… peut-être… l’Enfer plein de flammes promis aux pécheurs par le Coran ne demande qu’à être élargi pour les accueillir, eux et leurs sous-fifres.

Les tanks T-72 font chauffer les moteurs et se préparent à entrer très bientôt en action, dans ce qui sera une avancée lente, étape par étape, et qui aura pour objectif de préserver au maximum les vies des civils et des soldats. Le dispositif de basculement anti-TOW a été énormément amélioré, rendant les plateformes anti-blindage de fabrication américaine inutilisables contre les tanks des Forces du Tigre. Les soldats syriens sont aguerris au combat et superbement entraînés sur le terrain où ils opèrent depuis près de sept ans. Voici venu le temps des comptes, où les cannibales qui infestent la Ghouta vont devoir se mettre à écrire leurs lettres d’adieu à leurs nuisibles parents de Tchétchénie, du Xinjiang ou d’Albanie, ou de n’importe lequel des pays qui les a engendrés – USA, France, Grande Bretagne, Allemagne ou Arabie Saoudite, entre autres.

L’État d’Apartheid Sioniste, l’Arabie Saoudite, le Qatar, la France, l’Angleterre et le Koweit sont atterrés à l’idée qu’ils vont perdre la Ghouta et qu’elle va tomber aux mains du gouvernement. Une fois la Ghouta délivrée de la puanteur des chimpanzés wahhabites, l’Armée Syrienne, qui compte maintenant près d’un demi-million de combattants (si on y comprend les milices) aura les mains libres pour s’occuper d’Idlib et y mettre à mort les plans de Bandar ben Sultan, dont la tête est littéralement mûre pour être cueillie. Les États-Unis sont de toute évidence à la manoeuvre et participent au bruit et à la fureur dont le but est de subvertir les plans de la Syrie pour extirper la menace terroriste. Pourquoi ?  

Parce que la Russie et l’Iran ont gagné. Pour l’Iran, c’est le gazoduc, le Croissant Fatimide et le libre accès au Hezbollah et à la Palestine. Pour la Russie, c’est le rêve d’un port sur la Méditerranée et d’une base aérienne à Humaymim. Malgré des décennies de loyauté syrienne envers Moscou, il n’y a jamais eu un gouvernement syrien qui ait été disposé à louer un port ou une base aérienne pour cent ans. L’échec de l’Amérique à ralentir la croissance de cette nouvelle alliance : Russie-Iran-Irak-Chine-Syrie et Liban, vole en cercles concentriques, comme un grand albatros, autour des têtes des néocons, ou leur pend dessus comme une épée de Damoclès. Les Sionistes s’obstinent à poursuivre une politique totalement désespérée qui soulagerait leur amertume. Ils n’acceptent tout simplement pas leur défaite et sont plus que jamais déterminés à brutaliser la CIA pour obtenir qu’elle s’enfonce dans une misérable aventure étrangère de plus.

Incapables d’exciter les passions du public américain pour lui faire soutenir une autre guerre étrangère, ils ont pris le parti d’utiliser les médias en guise de substitut chargé de fantasmer de stridentes démonstrations et de pousser avec insistance à une action militaire susceptible de stopper l’inévitable ascension de la nouvelle alliance. Les défaites succédant aux défaites, on ne peut que supposer que les jours des terroristes de la Ghouta sont comptés.

_______________ 

*En français dans le texte.

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Ziad Fadel est avocat depuis 35 ans, traducteur-juré et interprète (arabe-anglais) pour la Cour Suprême des États-Unis. Il est le rédacteur en chef de Syrian Perspective (The Real Syrian Free Press)

 

Source : https://www.syrianperspective.com/2018/02/tangled-web-in-...

Traduction : c.l. pour Les Grosses Orchades

 


Missiles US sur la Syrie 2017. On prend les mêmes et on recommence.

 

 

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JEUZO D’HIVER

 

Quelques milliers d’heures d’entraînement

 

Une 3e Médaille d’Or

 

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Source : https://www.rt.com/sport/419331-tessa-virtue-scott-moir-o...  

 

 

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Vous ne verrez pas le cunnilingus : les pères la pudeur canadiens l’ont fait sauter. Tabernacle* !

(Tessa Virtue et Scott Moir)

 


 

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*Nom donné dans l’Antiquité aux tentes dans lesquelles officiaient les prêtresses d’Aphrodite qui se prostituaient en l’honneur de la déesse.

 

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1re Médaille d’Or et Record du Monde

Là, vous ne risquez rien, elle est toute seule.

(Alina Zagitova)

 


 

 

 

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La demoiselle (15 ans) veut bien donner des cours  à Vladimir Poutine pour lui faire gagner ses matches de hockey sur glace.

 

 

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Mis en ligne le 2 mars 2018

 

 

 

 

19:23 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |