17/07/2012
Coincés dans le cul-de-sac du monde
Coincés dans le cul-de-sac du monde
Nous vous avions annoncé un post sur le Cercle des Volontaires… nous voulions vous parler de notre ami Djamal Benmerad, et aussi de l’historien Henri Guillemin, dont une vieille conférence de 1970 fait en ce moment un malheur sur Internet… et nous voilà à les « remettre à plus tard » pour vous entretenir d’autre chose. Pas vraiment d’autre chose, d’ailleurs, car tout est lié à leur réflexion présente ou passée.
C’est que l’actualité a la fièvre. C’est que ce qui se passe en ce moment est lourd de sens et d’implications sinistres..
Ce que nous portons à votre attention aujourd’hui – des articles et informations glanés à plusieurs sources – n’est qu’une infime partie de ce qui s’écrit et se commente, mais devrait offrir, c’est en tout cas notre but, une sorte de grille de décryptage du reste. Des clés, en somme, pour aider à comprendre ce qui se passe par-dessus nos têtes, autour de nous et sous nos pieds, mais à quoi nous n’ échapperons pas : il n’y a plus de jardin à cultiver nulle part, pas de grotte sèche à l’abri des prédateurs, pas d’autre planète à coloniser dare-dare, pas de sable où enfouir la tête sans qu’on vienne enlever à la queue ses plumes pour en faire des costumes aux Folies-Bergères.
Nous allons nous en tenir à la Russie, mais cette grille aurait pu tout aussi bien nous être fournie par la Syrie, l’Extrême-Orient, l’Afrique ou l’Amérique Latine : les méfaits sont partout et suivent partout leur sempiternel schéma.
Vladimir Poutine et un ambassadeur US :
« Nous sommes tous coincés dans le cul-de-sac du monde et quelqu’un l’a verrouillé. »
Nous allons nous permettre de rapprocher deux déclarations, fort distantes dans l’esprit et dans la forme, voire dans l’importance qu’on peut leur accorder, en fonction de ceux qui les ont faites. Mais elles ont leur contenu, qui n’est pas rien, et leur portée symbolique. Juxtaposées, presque comme les répliques d’un dialogue, elles nous disent tout de la situation du monde.
• Il s’agit d’abord d’un extrait d’une déclaration qu’a faite le président russe Vladimir Poutine, à ses ambassadeurs réunis à Moscou. Russia Today en a rapporté l’essentiel, ce 9 juillet 2012. Il s’agissait, comme toujours dans ce genre de circonstances, d’un tour d’horizon des grandes questions du monde. Poutine, selon le classement de RT, commence par un constat qu’on n’a pas l’habitude d’entendre de la part d’un chef d’État : nous sommes dans une crise considérable, et personne ne sait comment en sortir.
De la bouche d’un dirigeant de cette envergure, qui plus est dans un contexte officiel, c’est un constat d’un énorme poids, et cela confirme surtout que les Russes mesurent la gravité très profonde de la situation, que nous nommons « crise terminale » ou « crise haute », c’est-à-dire allant bien au-delà des contingences iranienne, syrienne, etc. À notre connaissance, c’est la première fois qu’un dirigeant aussi important déclare que la crise actuelle est sans issue…« pour l’instant ». « Pour l’instant » ? L’atténuation s’impose presque dans la bouche d’un dirigeant politique, mais la nuance, pourtant de taille, est si complètement contestable qu’elle en devient dérisoire.
« Discutant la situation économique globale, Poutine a tenu à attirer l’attention de ses auditeurs sur la profondeur de la crise et sur l’absence de stratégie pour y faire face. “Il faut reconnaître qu’aucune solution fiable n’est en vue pour venir à bout de la crise économique mondiale” a-t-il déclaré. “Les problèmes d’endettement de la zone Euro, qui est en train de glisser dans la récession, n’est que la pointe d’un iceberg de problèmes systémiques non résolus de l’économie globale.”
« Poutine a alors critiqué de façon cinglante la manière dont l’Ouest gère la crise économique, ce qui a pour conséquence, selon lui d’éroder le leadership en la matière des principales puissances occidentales, États-Unis inclus. “L’absence de nouveaux modèles de développement, sur fond d’érosion de leadership des locomotives économiques traditionnelles telles que les États-Unis, l’Union Européenne et le Japon, ralentit la dynamique de l’économie mondiale” a-t-il souligné .
« Pendant ce temps, la quête croissante de ressources énergétiques décroissantes conduit au désarroi du marché. La lutte en cours pour l’accès aux ressources s’est intensifiée, provoquant des fluctuations déstabilisantes dans les marchés des matières premières minéralières et de l’énergie. Cette instabilité pousse les gouvernements occidentaux à infliger ce que Poutine appelle “la démocratie à coups de bombes et de missiles” un peu partout dans le monde, et particulièrement au Moyen Orient, déjà aux prises avec les répercussions du prétendu Printemps arabe… »
• La seconde intervention est celle d’un ambassadeur US. Il s’agit d’une interview qu’a donnée, le 8 juin 2012, l’ambassadeur des USA en Suisse, Donald S. Beyer, en poste dans ce pays depuis le printemps 2009, au quotidien Der Bund, de Berne. Déclaration qui a été reprise par le site PressTV.com, le 8 juillet 2012. Le site iranien donnait notamment les précisions suivantes :
« Dans une interview au quotidien suisse Der Bund, Beyer a fait remarquer que la dette générale des États-Unis dépassait les 16.000 milliards de dollars et que le taux de chômage du pays était de 8,2%. Notant que le bas niveau des dépenses dans le budget des États-Unis, ces dernières années, était sans précédent depuis la IIe Guerre Mondiale, le diplomate américain a poursuivi en disant qu’il y avait consensus implicite entre les Démocrates et les Républicains sur la nécessité d’une réduction du budget militaire. Il a rappelé qu’avec 900 bases militaires à l’étranger, les États-Unis ont le budget de dépenses militaires le plus élevé du monde, ajoutant qu’une telle situation n’était plus acceptable. Beyer a affirmé par ailleurs que, dans les circonstances qui prédominent, personne ne considère la guerre avec l’Iran comme une option valable, et a exclu la possibilité d’une autre Guerre Froide à l’avenir. »
• La dernière phrase surtout était remarquable : aucun officiel US n’a jamais avancé une telle chose. Quelques heures plus tard, d’ailleurs, soit ce même 8 juillet 2012, un commentateur US, J.G. Caesarea (alias Jeffrey Grossman, sioniste militant, NdT) corrigeait, dans la traduction de PressTV.com, précisément cette dernière phrase. Son texte, en allemand, était le suivant : « Niemand erwartert, dass aus dem Konflikt mit dem Iran ein Krieg wie im Irak wird, und es wird daraus auch kaum einen neuen Kalten Krieg geben. » Sa traduction donnait donc en réalité ceci, notablement différent de la version de PressTV.com : « Personne ne s’attend dans le conflit avec l’Iran à une guerre de type irakien et on imagine mal qu’il en sorte une nouvelle Guerre Froide. » Caesarea assortissait sa rectification d’un commentaire hostile à la déclaration de l’ambassadeur Beyer, estimant que « catégoriser » ainsi d’avance un conflit avec l’Iran revenait à couper l’herbe sous le pied à l’action des USA, ce qui lui semblait infiniment dommageable.
Dire que les États-Unis ont une économie en beaucoup trop mauvais état pour se lancer dans une guerre contre l’Iran n’est pas un argument nouveau. On l’entend chez des experts ou chez certains parlementaires extrêmement rares (Ron Paul, bien sûr), qui sont tous connus pour leur opposition à la politique officielle, expansionniste et belliciste, des USA, dite « le Système ». Mais qu’un diplomate en activité s’exprime dans ce sens (sur l’incapacité de lancer une guerre de la dimension de celle d’Irak) ainsi que sur d’autres aspects de la politique de défense et de sécurité nationale des USA (notamment sur une limitation considérable des dépenses militaires) est plus remarquable et d’une réelle importance. La chose est évidente lorsque Beyer observe que le niveau actuel du budget US de la défense est trop élevé et laisse entendre que le réseau des 900 bases US à l’étranger implique un volume de dépenses qui n’est tout simplement plus soutenable. En revanche, lorsqu’il affirme que ce constat est partagé tant par les Républicains que par les Démocrates, il s’avance sans doute un peu trop dans l’opérationnalité du fait. Ce peut être le cas en théorie, quoi qu’il en soit dit publiquement fort peu de chose, mais en pratique, la démagogie pure qui est de règle à Washington force à reconnaître que les actions parlementaires vont toujours dans le sens des augmentations budgétaires. L’automatisme de la réduction de US$ 500 milliards en dix ans du budget du Pentagone (le fameux processus de séquestration) qui doit théoriquement intervenir à la fin de l’année, est considéré comme une catastrophe - par le Pentagone bien sûr, mais également par nombre de parlementaires, notamment du côté républicain -, et la bataille fait rage pour tenter à tout prix d’empêcher cette réduction. D’une façon plus générale, on observera qu’il s’agit d’une double impasse, que décrivent ces constats, ceux de l’ambassadeur et ceux auxquels force la réalité : d’une part, les USA n’ont plus les moyens économiques de mener une guerre « de basse intensité » normale (type Irak), et cela, malgré les retraits d’Irak et d’Afghanistan ; d’autre part, ils ne parviennent pas, à cause de la crise de leur direction politique, à mettre en place une entente réelle visant à réduire leurs dépenses militaires. La corruption du personnel politique joue son rôle, mais également et surtout la paralysie gestionnaire du Pentagone, qui ne peut envisager de réductions, uniquement parce qu’il lui faut tenter de maintenir son niveau actuel d’activités, sous peine de faillite…
Ainsi, les propos de l’ambassadeur, qui sont effectivement inédits quant à la nécessité de réduction des dépenses militaires, constituent-ils une démonstration politique de la pertinence du constat de Poutine : la crise est profonde et, surtout, il n’y a pas (aujourd’hui…) de « stratégie de sortie » de cette crise. L’ensemble de ces observations confirme évidemment le caractère systémique et fondamental de la crise, dont il est entendu qu’il doit être étendu à tous les domaines des activités du Système dans sa totalité. Ces aveux d’impuissance de deux sources officielles sont de factures différentes ; l’un, de Poutine, est furieux, dans la mesure où il attribue la responsabilité de cette crise à l’ensemble du bloc BAO, et cela le plus légitimement du monde, avec le facteur aggravant de voir ce bloc BAO envenimer encore les conditions de la crise, en développant des politiques déstructurantes et déstabilisatrices (c’est-à-dire en favorisant la dynamique d’autodestruction dans le cours de la dynamique de surpuissance, mais qui s’en étonnera ?) ; l’autre, de source moins impérative et, disons, plutôt par inadvertance, fait un constat assez neutre, mais qui, lorsqu’il est considéré à la lumière de la vérité de la situation que nous connaissons, confirme complètement quoique indirectement, pour la partie US, le propos de Poutine.
Ces deux observations sont de positions et de points de vues très différents, l’une venue d’un dirigeant politique à la fois dans le Système et dans une position anti-Système (Poutine), l’autre, venue de l’intérieur du Système (l’ambassadeur US). On observera qu’elles confirment ce que nous constatons de plus en plus souvent, à savoir que les dirigeants politiques sont obligés, avec plus ou moins d’« entrain » selon les nécessités, de suivre la course du Système, tant est irrésistible son cycle surpuissance-autodestruction ; qu’en même temps, ils prennent conscience, avec plus ou moins d’acuité et de vélocité, que l’on se trouve dans un cul-de-sac. Poutine lui-même, lorsqu’il déclare à ses ambassadeurs, dans un autre passage de son discours, qu’il faut qu’ils se tiennent prêts à toutes les situations, y compris les plus graves, fait implicitement l’aveu de son incapacité, d’ailleurs complètement évidente et compréhensible, à peser de manière décisive sur cette course du Système. Lorsqu’il précise que « la bataille en cours pour l’accès aux ressources s’intensifie », provoquant des fluctuations de la situation et des marchés de ces matières premières, qui aggravent encore la crise de toutes sortes de façons, il constate de facto que la tendance actuelle n’est nullement à la recherche d’une sortie de la crise, mais à son aggravation sans aucune perspective de sortie, en d’autres termes, au resserrement et au verrouillage du cul-de-sac du monde.
C’est ce qu’il y a de plus impressionnant, et qui rejoint évidemment notre analyse générale constante : les remous actuels, souvent chaotiques, qui sèment un désordre général et aggravent la crise psychologique (terrorisation, narrative, etc.), et où nombre de commentateurs veulent distinguer des grands plans hégémoniques ou autres, constituent en vérité, hors de toutes ces spéculatons rationnelles et donc dérisoires, une course nihiliste à l’aggravation des choses, par la surpuissance autodestructrice du Système, vers le but aveugle et automatique de l’entropisation(1) du monde. On comprend évidemment que la consigne de Poutine soit de tenir autant que possible, en protégeant l’indépendance de la russie, mais on comprend également qu’il n’y a aucune réponse possible, ni de la part de Poutine ni de celle d’aucun autre, à la question ultime : tenir, certes, mais pour quelle issue ? Nous en sommes arrivés, même du point de vue des directions politiques, au niveau des interrogations métahistoriques sur le fondement et la validité du Système, et ces interrogations sont toutes marquées de l’adage courant que « poser la question, c’est y répondre ». Nous sommes directement confrontés au néant nihiliste de l’achèvement de la course du Système.
… Et se justifie alors l’autre voie de raisonnement du même constat général : puisque, certes, nous y sommes, autant laisser aller, et même favoriser cette œuvre finalement salutaire d’auto-destruction. Le « il faut tenir » de Poutine devient le conseil habituel du capitaine à ses matelots pendant la tempête : mettons-nous à la cape, pour tenir si possible sans sombrer. Quand à elle, la tempête, on sait bien qu’elle ne dépend en rien du sapiens, ce n’est pas fatalisme anémiant que de le constater, ni une trahison de la si belle « philosophie de l’optimisme » du Système (voyez où elle nous a menés), c’est simple réalisme et lucidité devant l’évidence.
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(1) Entropie : grandeur qui mesure la dégradation de l’énergie d’un système, ou degré du désordre d’un système par rapport à son état initial probable.
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(Un bout du) Cul-de-sac côté Russie
dimanche 8 juillet 2012
Hillarix à Saint-Petersbourg, ou l’immanence de la potion magique
deDefensa.org
« Arrogant » ?… « En hyper surestimation consciente (ou inconsciente) de son ego » ?… « Gonflé de ses certitudes infinies en sa superpuissance » ?… ou bien « En inconscience totale » ?… « Déconnecté de la réalité du monde » ?… « En perdition » ?… «En implosion » ?... comment qualifier le Système BAO (bloc américano-occidental, plus américain qu’occidental d’ailleurs) ? Rayer les mentions inutiles, et/ou en rajouter d’autres s’il le faut... La péan du barde Hillarix à Saint-Pétersbourg a-t-il sonné faux exprès ? Ce serait inquiétant. Inconsciemment ? Ce serait moins grave, cela peut se soigner. [ Ah ??? NdCL]
gérard
Le vendredi 29 juin, la Secrétaire d’État Hillary Clinton s’est rendue à Saint-Pétersbourg. Elle y est restée à peu près une dizaine d’heures, avant de partir pour Genève où avait lieu, le lendemain, la conférence sur la Syrie (où elle retrouverait le ministre russe Lavrov). Pendant cette dizaine d’heures, elle a rencontré Lavrov, s’est entretenue et a déjeuné avec lui, a visité quelques sites de la ville de Saint-Petersbourg et, surtout pour notre propos, a trouvé du temps pour rencontrer des représentants de groupes d’opposition russes, qu’on qualifie plus ou moins vaguement mais avec une grande assurance d’« ONG ».
La Douma de la Fédération de Russie prépare des textes de loi qui mettront les ONG, y compris les ONG russes, exerçant des activités politiques en Russie et recevant des fonds de l’étranger, dans la catégorie des « agents étrangers » ; cela les soumettra évidemment à des législations de surveillance et répressives très spécifiques. C’est de cela que la Secrétaire d’État venait parler, principalement de la question du financement dans ces conditions nouvelles, et indiquant clairement qu’elle entendait trouver un autre canal que celui de versement direct du chèque mensuel du département d’État pour financer ces associations. C’est exactement et précisément ce qu’a affirmé l’un des activistes qui a rencontré Clinton, Dimitri Dubrovsky, – avec un sens exceptionnel de l’inconscience de ses propres paroles, puisqu’il venait ainsi dire que Clinton les avait assurés que le gouvernement des États-Unis cherchait un canal dissimulé et/ou illégal pour les financer malgré l’appareil législatif russe, et donc en violation des lois russes qui vont être mises en place…
(Les groupes d’activistes pro-bloc BAO sont ainsi qualifiés par Tim Kirby, le 3 mars sur Russia Today :
« pour parler franchement, les Russes ne sont pas très russes, généralement ils n’aiment rien de leur pays, et ils ressentent un grand complexe d’infériorité vis à vis de l’Ouest, qui représente pour eux le modèle parfait d’existence. Vous seriez abasourdis de savoir combien de personnes avec lesquelles j’ai parlé aimeraient que les USA attaquent et prennent le contrôle de la Russie, car “ils feraient un meilleur job” (...). De par mon expérience personnelle, malgré la haute valeur que ce groupe de gens donne à l’Ouest, ils n’en connaît absolument rien. (...) Son point de vue est fondamentalement une copie naïve et faussée du Libéralisme Occidental ».)
La visite de Clinton, rayon « ONG », et sa rencontre avec les « activistes » russes pro-occidentaux, sont ainsi présentées, sur le site Novinite.com, le 30 juin 2012 :
« Selon les affirmations d’activistes russes, les USA sont résolus à trouver une nouvelle manière de financer les ONG en Russie, afin de réussir à contourner la législation restrictive actuellement à l’étude. Samedi, le quotidien russe Kommersant a rapporté que les ONG représentatives étaient satisfaites de leur rencontre avec Hillary Clinton, qui s’est rendue à St. Petersbourg vendredi pour les rencontrer. Le thème principal de la discussion a été la proposition de loi russe, selon laquelle une ONG impliquée dans des activités politiques et recevant du financement de l’étranger sera considérée comme un “agent de l’étranger “. “Mme Clinton a dit qu’elle était au courant du problème et qu’elle s’occupait de trouver d’autres canaux pour l’acheminement du soutien américain aux organisations, de façon à ne pas les compromettre,” a déclaré l’activiste Dmitry Dubrovsky. »
Pour mieux développer et commenter cette nouvelle, – qui vaut sans aucun doute le commentaire, – on doit notamment rappeler ce que disait l’ambassadeur McFaul, que nous désignions comme « ambassadeur-Système » dans notre texte du 15 juin 2012 : « McFaul a aussi assuré le public que le Département d’État Américain ne soutenait pas l’opposition Russe. “Washington a des programmes pour soutenir la société civile dans beaucoup de Pays”, a précisé McFaul, “et la Russie ne fait pas exception à la règle, ceci ne signifiant pas une ingérence dans les affaires intérieures du pays”. “L’opposition vous regarde, ce sont vos affaires, pas les nôtres, et nous le comprenons parfaitement,” (…) En mai, McFaul avait déjà nié tout lien entre Washington et le mouvement de protestation russe. Il avait dit que le soutien US aux ONG était un concept global, qui n’avait pas pour but d’influencer les affaires de la Russie.
…Ce que nous commentions de cette façon, notamment en nous attachant aux quelques mots ci-dessus mis en gras par nous-mêmes : « Dans ce cas, la dernière phrase citée de McFaul est encore plus stupéfiante quant au fonctionnement de la chose : “Il dit que le soutien US aux ONG est un concept global, et n’a pas pour but d’influencer les affaires de la Russie…” On comprend donc que ce « concept global » des ONG, qui vit de sa propre vie et de sa propre dynamique, n’est pas dirigé contre la Russie mais « global », – ce qui signifie, si l’on observe les réalités, qu’il n’est pas dirigé contre la Russie spécifiquement mais que la Russie fait partie des objectifs puisque le concept est « global » et, donc, que tout y passe, y compris la Russie… Il n’y a aucune raison de ne pas prendre cette observation à la lettre, alors que tous les événements la confirment. Le « concept global » des ONG est un programme-Système, qui est lancé par l’intermédiaire des ONG et d’ailleurs suscité par ces mêmes ONG, considérées comme regroupées en une entité-Système, contre le principe de la souveraineté nationale, contre le Principe en général, au nom de la communication-Système… »
Nous poursuivions en n’émettant aucun doute sur la bonne foi de ces affirmations de McFaul, – lequel, d’ailleurs, aime à se définir non comme un « diplomate » mais comme un « spécialiste de la révolution de couleur », un spécialiste en relations publiques de l’industry of regime change, par conséquent entièrement orienté sur les « industries » de relations publiques et de la communication en général. Selon cette logique, la question générale du Principe, et spécifiquement celle du principe de souveraineté, ne se posent concrètement en aucun cas. Ces diverses « industries » sont nécessairement « globales » et « globalisées » et ne s’arrêtent évidemment pas à un détail, comme l’est celui de la nationalité russe du territoire dont il est question ici.
Où il y a de la gêne…
C’est selon cette même logique qu’Hillary Clinton intervient comme elle le fait durant sa visite à Saint-Petersbourg, dans des conditions époustouflantes de légèreté et de désinvolture, sinon de mépris indifférent, pour les questions de souveraineté, et tous les autres aspects afférents en général aux conceptions de la diplomatie. Si l’on se réfère aux canons de la diplomatie classique, laquelle n’est pas autre chose que l’art immémorial d’aménager les relations entre les nations et d’établir des équilibres de puissance et d’intérêt, l’attitude de la Secrétaire d’État est d’une impudence et d’une grossièreté à couper le souffle. Mais l’on ne peut s’en tenir à la question de la bonne éducation. Par exemple, Timothy Bancroft-Hinchey, écrivant un billet d’opinion dans la Pravda, ce 2 juillet 2012, observe, sans intentions polémiques particulières, nous semble-il, mais simplement comme un fait : « Clinton est une lobbyiste, pas un diplomate » (Bancroft-Hinchey s’attache à un aspect particulier des activités de la Secrétaire d’État : « Hillary Rodham Clinton est une lobbyiste qui cède aux exigences des fantaisies de la communauté d’affaires entourant Washington, laquelle lui dicte sa politique après avoir financé les campagnes des candidats à la Présidence. Elle n’est pas un diplomate … » La même chose peut être dite de ses activités auprès de l’ «opposition » russe, qui relève effectivement des relations publiques, du lobbying, etc., en faveur de l’industry of regime change, confirmant effectivement l’évolution dans le sens qu’on voit de la fonction diplomatique, de la noblesse de l’art immémorial, au dynamisme du job postmoderniste usuellement rémunéré.)
…Comme McFaul, Hillary Clinton est effectivement pénétrée du même concept impérativement objectivé selon lequel l’action subversive des USA n’est pas de la responsabilité des USA, mais imposé et entraîné par une force supérieure, évidemment de caractère « global », qui est une sorte d’immanence libérale enquêtant partout sur la planète et intervenant là où cela importe, sans nécessité de permis de séjour ni quelque intérêt que ce soit, – puisque l’enquêteur est au service de la démocratie droitsdel’hommiste, qui est la vertu immanente que l’on sait. S’il se trouve que les critères et les « valeurs » véhiculées correspondent aux conceptions exactes et aux intérêts y afférant des USA et du bloc BAO, il n’y a pas lieu de s’étonner puisque USA et bloc BAO sont nés de cette même vertu et immunisés par avance contre tout écart, – au fond, tombés, un jour de leur plus jeune âge dans la marmite où bout la potion magique de la vertu droitsdel’hommière, comme Obélix dans la marmite où bout la potion magique de Panoramix. (« Pas toi, Hillarix, tu sais bien que tu es tombée dans la marmite quand tu étais bébé... »). Sarcasme mis à part, nous n’en sommes pas moins persuadés que ceci reflète précisément le contenu de leurs psychologies à tous. Ainsi la Secrétaire d’État examine, au grand jour, devant les « dissidents » postmodernes applaudissant des deux mains, le moyen de tourner la loi russe, de transférer de l’argent du trésor public des USA à des organisations russes made in CIA, de façon parfaitement illégale, pour alimenter une subversion du pouvoir légal et démocratique (eh oui !) de la Russie.
Contre cette psychologie détraquée et néanmoins enfermée dans des certitudes quasiment immanentes, les Russes ne peuvent et ne pourront rien. Simplement, un jour, quand les choses seront allées trop loin, ils demanderont le rappel de l’ambassadeur McFaul. Nous entrerons alors dans une crise internationale de première grandeur, dont l’enjeu ne sera rien moins, pour le côté du bloc BAO, que l’évidence de la vertu contre les machinations antidémocratiques qu’on sait.
(traductions de quelques passages, avec sûrement des fautes, des coquilles etc) soyez indulgents à mon manque d’entraînement..) gérard
Source :
http://www.dedefensa.org/article-hillarix_saint-petersbou......
via :
http://www.legrandsoir.info/hillarix-a-saint-petersbourg-... pour la traduction des citations.
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Que les Russes sachent bien que nous ne rigolons pas !
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Samedi 7 juillet 2012
Les nerfs florissants d’Hillary l’hallucinée
deDefensa.org
Les nerfs d’Hillary Clinton, – pardon, mais impossible d’écarter ce jugement pseudo-médical, – deviennent bien embarrassants. Ils sont en pelote, incontrôlables, et font ressembler les réunions internationales à des récréations pour établissements psychiatriques. Il faut dire que s’il n’y avait pas ce genre de divertissement (dito, les nerfs d’Hillary), les réunions des « Potes de la Syrie » constitueraient des évènements bien embarrassants par l’ennui que fait naître la vacuité inlassablement alimentée par la répétition de la narrative incantatoire et également hallucinée des répétiteurs du bloc BAO.
Nous disons notre conviction intuitive que « les nerfs d’Hillary », en même temps qu’ils sont bien entendu un cas spécifique et personnel, reflètent également l’état psychologique d’une communauté bureaucratique, celle du département d’État pour ce cas précis, qui semble être ainsi une convaincante illustration de l’état psychologique des directions politiques du bloc BAO.
La présence à ses côtés, dans le rôle d’influence essentiel de porte-parole, de Victoria Nuland, femme du neocon Robert Kagan et ancienne ambassadrice US à l’OTAN - elle-même pasionaria du néoconservatisme mâtiné d’un libéralisme hyper et convulsivement interventionniste de tendance féministe(1) - est une garantie de la puissance et de l’extension de cet état de la psychologie dans le cabinet de la Secrétaire d’État Clinton. (Nous ne parlons certainement pas d’« état d’esprit », ce qui serait faire bien de l’honneur à toute cette volaille. Pour Hillary et Nuland, ce sont la fermeté perspicace et l'habileté manoeuvrière des femmes en politique remplacées par l’hystérie féministe, éternellement en transit de radicalisation extrême (2).) On n’a pas fini de mesurer les ravages de la pandémie de la psychologie hystérique des liberal hawks (3) dont Hillary est l’emblématique représentante, dans les structures d’un ministère qui, de George Kennan à James Baker et au morne Warren Christopher (Secrétaire d’État de 1993 à 1997), avait su cultiver la mesure et une certaine tenue sans rien sacrifier du cynisme et du pseudo-idéalisme américaniste si efficaces.
Bref, et en attendant plus, ceci pour introduire l’intervention et la pétroleuse activité d’Hillary Clinton à la glorieuse réunion des « Amis du peuple syrien », comme ils disent officiellement, hier à Paris. La diplomatie, qui se veut de tradition et d’un très grand et pompeux sérieux, se trouvant dans tous ses états hypomaniaques, cela constitue un spectacle extraordinaire et gourmand de l’ère postmoderniste. Savourons, par exemple ce qu’en dit Russia Today (on laisse la presse-Système jouer avec ses poussières), ce 6 juillet 2012.
• L’intervention d’Hillary a fait surtout sensation pour ses remarques extrêmement agressives, contre la Russie et la Chine :
« Il faut que la Russie et la Chine paient leur opposition à la chute d’Assad »… Certains notent que, même pendant la Guerre froide, aucun Secrétaire d’État n’a jamais tenu de propos aussi agressifs contre la Russie (alors l’URSS). Rien là qui nous étonne.
« Je ne vois pas que la Russie et la Chine soient en train de payer quoi que ce soit pour leur prise de position en faveur du régime d’Assad. La seule condition pour que cela change, c’est que toutes les nations représentées ici, fassent savoir clairement et d’urgence, que la Russie et la Chine auront à payer quelque chose, » a martelé Clinton.
Le ministre des Affaires Étrangères Adjoint, Sergueï Ryabkov, a dit que le bloc occidental était en train de fonctionner sur un schéma ami-ou-ennemi, qu’il a qualifié de démodé. « Nous refusons catégoriquement que le problème soit posé de cette façon, à propos de l’actuelle situation en Syrie et d’un prétendu “soutien” du président Bachar el-Assad. Il n’est pas question de soutenir certaines politiques ou certains dirigeants. Il est question de résoudre une situation de crise affectant un pays, et de le faire dans les limites d’un cadre politique. » Ryabkov a ajouté : « Malheureusement, nous n’arrivons pas à obtenir un accord de principe de nos partenaires occidentaux. L’Ouest en est encore à recourir à la vieille alternative ami-ou-ennemi. Nous considérons cette terminologie comme une chose du passé. »
• Un autre point remarquable de l’intervention de Clinton, c’est qu’elle a ressorti la fameuse affaire des hélicoptères russes vendus depuis des années à la Syrie, renvoyés en Russie pour entretien et remise à neuf, qui étaient sur le chemin du retour vers la Syrie lorsque la polémique a éclaté il y a trois semaines, du fait d’Hillary Clinton. (Voir le 15 juin 2012, le 21 juin 2012 et le 22 juin 2012.)
« La Secrétaire d’État US a en outre critiqué la Russie pour l’entretien qu’elle a assuré des hélicoptères syriens de fabrication soviétique. Il y a deux semaines, Hillary Clinton a fustigé la Russie pour avoir réparé trois hélicoptères syriens, disant que leur présence “va envenimer le conflit de façon tout à fait dramatique.” Le ministre des Affaires Étrangères russe a aussitôt réfuté ces allégations. “En 2008, ces hélicoptères ont fait l’objet d’un contrat de réparation. Il faut encore qu’ils soient réassemblés, après livraison,” a précisé Lavrov. “Le processus complet prendra au moins trois mois. Par conséquent, parler de quelque chose que nous viendrions de vendre à la Syrie et qui pourrait être utilisé dans les actions en cours, est un mensonge pur et simple,” a-t-il ajouté.
• Dans un autre article, de commentaire celui-là, Russia Today interroge deux commentateurs US. L’ensemble de leurs propos, ajouté au rapport sur l’intervention de Clinton, suffit à compléter la documentation du dossier. (Article du 6 juillet 2012.)
« Mais la réunion de Paris a révélé que les USA peuvent encore s’en tenir à leur propre solution du problème syrien et ne sont pas disposés à accepter un compromis, » a dit Mark Almond, professeur de relations internationales à l’université de Bilkey en Turquie. « Mme Clinton est en train de transformer un problème régional – intérieur à la Syrie - en une crise entre la Syrie et ses voisins, et même en un problème potentiellement planétaire,» a déclaré Almond à RT . « Les pays qui ne sont pas d’accord avec le moindre mot de Mme Clinton doivent être considérés comme des soutiens de tyrans et des ennemis du Bien. C’est propre à susciter une réaction globale beaucoup plus dangereuse. (…) Peut-être les interventions de Mme Clinton sont-elles dues à la frustration de n’avoir pas encore pu atteindre son but de renverser M. Assad, » a estimé le Pr. Almond, ajoutant que Mme Clinton « est connue pour user d’une rhétorique agressive, à l’égard des gens qu’elle n’aime pas. »
« Cette apparentte volte-face serait surprenante, si on avait le sentiment que l’accord atteint la semaine dernière était vraiment la carte que les Amis de la Syrie souhaitaient jouer vis-à-vis des pays arabes. Ceci prouve une fois de plus que, dès le début de cette crise, le but final était bien de renverser Bachar al-Assad et son gouvernement, » a déclaré James Corbett, animateur du site web d’information The Corbett Report, à RT. (…) « (À Paris) Clinton est allée jusqu’à insister pour que 60 autres pays du groupe des Amis de la Syrie se joignent à elle pour faire comprendre à la Russie et à la Chine qu’elles auront à subir un choc en retour pour les punir de leur position à l’égard de la Syrie, » dit Corbett. «Ceci montre que les USA n’ont pas de moyen de pression diplomatique à utiliser directement contre la Russie et la Chine. »
…Ajoutons à toutes ces intéressantes observations et commentaires, la précision que Clinton a aussi « menacé » (est-ce le terme ?) de proposer une troisième résolution à l’ONU, qui autoriserait une No-Fly Zone, ou autre faux-nez du genre, pour déguiser une intervention étrangère. Effectivement, on se trouve en pleine inversion de la logique diplomatique… Après avoir insulté Russes et Chinois, les « menacer » en supplément d’une troisième résolution de l’ONU, qui aurait besoin, pour passer, de leurs votes, alors qu’ils offriront leurs vetos comme bras d’honneur habituel, voilà qui relève d’une nouvelle sorte de diplomatie, disons « une diplomatie hypomaniaque ». Sans doute le très cool président BHO, se souvenant de l’existence du monde entre deux dîners de soutien pour lever quelques centaines de milliers de dollars de plus pour sa réélection, lui conseillera-t-il d’oublier cette « menace » pour éviter de subir une troisième défaite à l’ONU.
Bref, il y a très peu d’enseignements à tirer, à suivre l’intervention d’Hillary Clinton d’un point de vue politique. Celle qui embrasse Lavrov un 29 juin pour l’insulter sept jours plus tard ne présente guère d’intérêt à être soumise au moindre décryptage. Depuis qu’elle menace le monde entier d’une attaque de la Syrie, et considérant que les USA n’ont besoin en général de l’autorisation de personne pour ce genre de sport, on en conclura que le Pentagone prend également très peu au sérieux les « menaces » de Clinton. (Effectivement, on aurait envie de lui conseiller, après tout, d’attaquer la Syrie comme ses associés et acolytes l’ont fait en 2001 en Afghanistan et en 2003 en Irak, et elle-même par l’intermédiaire de son mari Bill au Kosovo en 1999, en se passant de la bénédiction de l’ONU et de l’assentiment des Russes. Mais encore faut-il avoir le poids de la puissance, à défaut d'audace, pour le faire.)
Aussi est-ce bien l’aspect psychiatrique, – pardon psychologique, qui nous intéresse. Dans ce cas, ce n’est pas l’insulte menaçante lancée aux Russes et aux Chinois qui nous paraît le fait le plus remarquable mais plutôt l’affaire des hélicoptères remise sur le tapis. Cette affaire est assez documentée pour être considérée comme close ; réglée aussi bien par une réaction du Pentagone que par le réaction russe, elle s’est révélée comme une erreur technique de l’équipe du département d’État, emportée par son zèle publicitaire et idéologique ; qu’elle soit pourtant à nouveau utilisée, faisant passer la démarche de l’erreur, à la rigueur compréhensible, au mensonge absolument avéré et utilisé au nom d’une logique implacablement affective et manipulatrice de la raison, nous éclaire fortement sur l’état de la psychologie régnant au département d’État, et chez la Secrétaire d’État elle-même. Il est bienvenu que la contribution de Hédi Dhoukhar , qui paraît ce même 7 juillet 2012, mette l’accent sur l’aspect psychologique, – maniaco-dépression, terrorisation, etc. – que nous développons, pour étudier les comportements des directions politiques du bloc BAO. C’est bien de ce côté qu’il faut s’orienter pour comprendre le comportement d’une Clinton, psychologiquement épuisée, absorbant effectivement le mensonge comme une drogue qui lui permet de maintenir à flot sa narrative, éventuellement avec l’apport de drogues bien réelles, surenchérissant dans l’agressivité à mesure que son impuissance à tordre la réalité à sa volonté ne cesse de s’affirmer.
« Peut-être les interventions de Mme Clinton sont-elles dues à la frustration de n’avoir pas encore pu atteindre son but de renverser M. Assad, » avance le professeur Almond, – indeed, professeur, nous y sommes, pour le principe de la chose, et bien au-delà pour son opérationnalité. Ce qui est remarquable dans le stade d’avancement de l’état psychologique des directions politiques du bloc BAO qu’illustre Clinton – elle n’en est que le cas le plus extrême - c’est l’affaiblissement considérable qu’on observe, au constat d’un tel éclat, conjuguant l’incapacité de se contrôler et l’indifférence complète de la démonstration publique de l’impuissance qu’on y trouve. Que cet éclat soit assumé d’une façon consciente, mûrement pesée, sous la forme d’un discours préparé, et non pas d’un mouvement d’humeur momentané, ajoute encore au pessimisme du diagnostic. Non seulement ces gens ne se contrôlent plus et laissent voir leur complète impuissance, mais ils procèdent d’une façon construite qui implique l’exposition de cet état, sans plus appréhender les conséquences que cela entraîne ; ils structurent la démonstration de leur effondrement psychologique, atteignant au paroxysme du paradoxe de structurer d’une main de fer leur propre déstructuration. Leur pathologie de la psychologie n’est plus distinguée en tant que telle ; c’est leur psychologie qui est devenue pure pathologie, comme une chose naturelle, avec l’emploi avéré et sans aucune dissimulation de tout l’arsenal de cette pathologie : le mensonge, l’invective, l’irresponsabilité. Ils sont complètement immergés dans la narrative terrorisée, transcrite en termes d’une agressivité sans frein.
Effectivement, ces gens sont capables de tout. En général, ce n’est pas la recette pour la victoire décisive d’une cause, mais plutôt pour l’accélération décisive de la catastrophe résultant de la collision de la narrative en vigueur avec la vérité du monde. Attendons pour voir.
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(1) ??? (NdCL)
(2) Féministes ? En plus de femelles hystériques ? En quoi faisant ? Nous laissons à l’auteur de l’article la responsabilité de ses jugements sur le « féminisme » de Clinton et Nuland, et nous permettons de rappeler que, pour feu José Saramago, les femmes de pouvoir « sont des hommes ». Pour nous : des femmes châtrées.
(3) Mâles exclus ?
Source :
http://www.dedefensa.org/article-les_nerfs_florissants_d_hillary_l_hallucin_e_07_07_2012.html
Traduction des citations : Catherine L. pour
http://lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.skynetblogs.be
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De tout ceci, nous laisserons Annegarn et Arno tirer les conclusions qui s’imposent.
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MEDIAMENSONGES
L’arme absolue du gang occidental ?
Non, l’arme absolue du gang occidental, c’est la corruption et la servilité à toute épreuve de son personnel politique et de sa pseudo-intelligentsia.
Les médiamensonges sont les virus qu’il répand, dans sa guerre bactériologique contre l’esprit.
Certains pays, parfois des continents entiers, en sont immunisés. Le microbe est surtout efficace contre les foules du BAO (Bloc Américaniste-Occidentaliste).
Déclin de l’Occident ?
On voit ici les fameuses ONG à l’œuvre sur le front russe.
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La guerre de la désinformation fait rage
contre la Russie
ICE STATION ZEBRA est un site généralement bien informé de tout ce qui se passe en Russie. Il nous offre ici un échantillon de ce que « désinformation » veut dire. Son texte est riche (encombré ?) de liens méritant qu’on s’y attarde. Certains conduisent à des sources en anglais ou en russe. Ceux en français offrent un assez joli florilège ès merdiacratie francophone. La propagande mercenaire y bat son plein. Les pin-ups sont très jolies – complètement pourries en dedans mais très jolies (choisies pour ?).
Lundi 9 juillet 2012
Alors que la Russie pleure les morts de la crue cataclysmique qui a frappé la région du Kouban et plus particulièrement la localité de Krymsk , il convient de faire le point sur ce qui constitue une véritable « guerre informationnelle » contre la Russie et surtout ses chefs politiques .
Comme je l'ai déjà évoqué sur ce blogue, on ne peut pas bien sûr accuser des individus de provoquer une émeute ethnique suite au meurtre d'un supporter d'une équipe de football, pas plus qu'on ne peut les accuser d'avoir provoqué des pluies diluviennes ayant entrainé des crues cataclysmiques. On peut par contre légitimement soupçonner l'existence de cellules et de réseaux prêts à déstabiliser un état à la moindre occasion et au moindre prétexte.
C'est ainsi qu'en janvier 2010 des blogueurs non identifiés mais dont l'adresse IP indiquait qu'ils agissaient depuis l'étranger ont propagé la rumeur que la structure du barrage de Saiano Chouchenskaia en Sibérie allait s'écrouler sous le poids d'« une masse de glace de 25 000 tonnes ». Cette rumeur avait entraîné un début de panique parmi les populations résidant en aval de la retenue, la destruction d'une turbine en août 2009 ayant provoqué la mort de 79 personnes dans la salle des machines du barrage.
*
(Un bout du) Cul-de-sac côté U.S.
Pas même besoin de lire.
Les images suffisent.
Non, ce n’est pas La Double Vie de Théophraste Longuet, c’est Las Vegas, quand on y vit dans les égouts :
http://au-bout-de-la-route.blogspot.be/2010/11/usa-2010.h...
Le peuple « taupe » :
http://au-bout-de-la-route.blogspot.be/2011/09/au-36eme-d...
Detroit - USA ville frantôme…
http://au-bout-de-la-route.blogspot.be/2011/04/detroit-us...
…où même les banques s’écroulent :
http://www.dailymail.co.uk/news/article-1370199/Detroit-H...
St. Louis – USA :
http://au-bout-de-la-route.blogspot.be/2012/07/st-louis-u...
Camden, New Jersey – USA :
http://au-bout-de-la-route.blogspot.be/2012/07/bienvenue-...
Bas-Empire New-Look :
http://au-bout-de-la-route.blogspot.be/2012/02/fin-de-civ...
Pour ceux qui n’en ont pas encore assez :
http://au-bout-de-la-route.blogspot.be/2012/07/effondreme...
Et pour ceux qui n’auraient pas compris :
http://au-bout-de-la-route.blogspot.be/2011/09/tiers-mond...
Pour en savoir plus :
Résistance 71
Blog hautement recommandé :
http://resistance71.wordpress.com/
Évidemment, il y a toujours les petites souris qui nagent dans le bol de lait, des fois que ça deviendrait du beurre :
http://au-bout-de-la-route.blogspot.be/2012/07/societe-po...
http://au-bout-de-la-route.blogspot.be/2012/01/detroit-ja...
http://au-bout-de-la-route.blogspot.be/2012/01/communaute...
Elles auront à s’expliquer avec ça :
http://au-bout-de-la-route.blogspot.be/2012/07/tain.html#...
Bonne chance à la génération qui vient !
Mis en ligne par Catherine
Le 17 juillet 2012
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LIVRES
qu’on peut ne pas lire,
sauf si on a du temps à perdre.
ou
Quand l’écolier limousin
se prend pour la Sorbonne
Nous n’avons pas pour habitude ici de critiquer des livres, mais plutôt de recommander ceux qui nous paraissent importants ou que nous aimons particulièrement. Aujourd’hui, nous allons déroger, sans qu’il soit question d’en faire une habitude. Après tout, notre modèle, John Cowper Powys, qui pratiquait exclusivement l’analyse dithyrambique, a quand même - une fois - dit du mal de Chesterton.
L’histoire est banale. Une de nos amies, Parisienne exilée dans son endroit natal, n’arrêtait pas de nous bassiner pour que nous lisions Métronome, de Lorànt Deutsch. Un jour, votre servante, dans une bibliothèque publique, tomba dessus, et lut. Outch ! Elle est gaga, Ginette, ou quoi ? Parce que, bon…
Que je vous conte d’abord une anecdote :
Devenue vieille, Elisabeth Duplay (la fille des hôtes de Robespierre, la veuve du Conventionnel Le Bas, la mère de Philippe Le Bas, membre de l’Institut, précepteur du futur Napoléon III, il n’y a pas que Sénèque dans la vie, et auteur d’une Histoire de l’Univers qui tient encore la route) a raconté à quelqu’un, je ne sais plus qui, ma bibliothèque est dans un garage, qu’au moment où ils écrivaient l’un son Histoire des Girondins, l’autre son Histoire de la Révolution Française, Lamartine et Michelet étaient venus la voir tour à tour. Tous deux voulaient, comme il se doit, solliciter les souvenirs de celle qui était un des derniers témoins des faits, qui avait connu de près plusieurs des acteurs du drame. À l’issue de quoi Lamartine avait eu la rare probité intellectuelle, non de renoncer à ses chers Girondins, mais de rectifier ce qu’il y disait d’injuste et de résumer, en une phrase trop méconnue, ce que son interlocutrice lui avait fait découvrir: « Ils (les thermidoriens) l’ont noyé dans le sang qu’ils avaient tiré pour le perdre. » Il parlait de Robespierre. Je cite de mémoire, voir plus haut.
Et Michelet ?
Ah, Michelet ! Elle le revoyait – non sans attendrissement, car il avait du charme, l’animal – debout, accoudé à sa cheminée, s’écriant, après s’être jeté un coup d’œil satisfait dans la glace : « Madame, vous verrez, ce sera bien plus beau comme je vais le raconter ! » A-t-elle eu le temps de voir ? Nous, oui. Et pas seulement dans l’Histoire de la Révolution Française, mais aussi dans La sorcière, dans Le peuple, dans La Bible de l’Humanité, etc. etc. Car Michelet, il faut bien se décider à le dire, était un masturbé du cerveau, un qui se branlait d’une main et qui écrivait de l’autre, avec le produit de sa branlette. Lyrique, certes. D’un beau lyrisme. Passant presque toujours avant la vérité. Maître ès fantasmes. « Bien plus beaux », vous comprenez, que l’ennuyeuse exactitude historique. Un peu embêtant, quand on occupe la chaire d’Histoire au Collège de France, toutes ces tares du romantisme rassemblées sur un seul homme ! Bien de l’eau sale allait couler sous le pont Mirabeau avant que paraisse Albert Mathiez, l’historien exemplaire capable de découvrir ses propres erreurs et de recommencer tout son travail à zéro. Mais au moins, l’homme – je parle de Jules – était érudit, à défaut d’être honnête, et il s’exprimait en français, grammaire, syntaxe et orthographe, sans prendre les imparfaits pour des passés simples et lycée de Versailles.
C’est de lui que se réclame Lorànt Deutsch. Et d’Eddy Mitchell. Pauvre Eddy Mitchell qui n’en peut mais. Ce qu’on peut dire, c’est que la masturbation, chez Deutsch, prend des allures de Gay Pride, toute libido dehors étalée sur la place publique. Et se double d’un illettrisme on ne peut plus décomplexé. Ses fantasmes à lui, hélas, ne sont pas lyriques, ils sont cheap. Fantasmes de midinette au QI de 21… 22 à tout casser.
En d’autres temps, ses élucubrations pseudo-historiques n’eussent pas trouvé d’éditeur, et l’alternative alors était simple : soit elles restaient dans son grenier, sous forme de journal intime, soit il s'éditait à compte d’auteur, ce qui lui eût valu un paragraphe dans la somme à Blavier, entre Gagne et Berbiguier. Petit, le paragraphhe, car il y a, chez ces givrés, une forme pathétique de poésie, absente chez l’auteur de Métronome. Mon appréciation est bien entendu subjective, mais ce n’est pas lui qui va me le reprocher, mm ?
Ce qui a changé, depuis l’âge d’or des fous littéraires, ce sont les progrès de la technologie et le consumérisme obligatoire, qui ont mis la publication de ses billevesées à la portée du premier ignare venu (et qu’est-ce que je fais moi-même en ce moment ?). Un ordinateur d’occasion, une imprimante, une cartouche, une rame de papier, un peu de colle, et le tour est joué.
– Oui, mais, Michel Lafon ?
– Question intéressante. Je vous remercie de me l’avoir posée.
C’est là en effet le croquignolet mystère : le niveau des comités de lecture est-il tombé si bas ou y a-t-il d’autres raisons ?
D’autant qu’il n’a rien écrit lui-même, s’il faut en croire M. Pierre Assouline («Lorànt Deutsch, à moins que ce ne soit sa plume et documentaliste, le polygraphe suisse Emmanuel Haymann, flatte un instinct populaire bien dans l'air du temps qui rejette les experts. »)
Dans tous les cas, le livre, qu’il soit de Deutsch ou d’Haymann, est nul, irrémédiablement nul.
- Mais son succès ?
- N’est pas plus étonnant que celui du Da Vinci Code… Je puis vous l’assurer, Childéric bâtisseur du Louvre, Charlemagne en l’an mil, et Notre-Dame, « point d’orgue du gothique, chef-d’oeuvre des hommes du Nord, vainqueurs des hommes du Sud » (de la Loire en passant par Byzance), c’est aussi joyeux que la chapelle de Rosslyn, le prieur de Sion assassiné par l’Opus Dei et l’enfant – bâtard, forcément bâtard - de Jésus et de Marie-Madeleine. Mais lui, ce ne sont pas les Templiers qui l’intéressent, ni les franc-macs chapardeurs de Graal. Il est pour la royauté, Dan Deutsch, républicaine (si, si). Orléaniste, voilà ! Le sait-il que le fondateur de sa branche élue vota la mort de son roi-serrurier, « mettant ainsi fin à la civilisation française » ? (Robespierre, choqué : « Lui seul avait le droit de s’abstenir ») Et la vota non par conviction ni par fanatisme, mais par opportunisme d’ambitieux ? Bof, s’il fallait s’arrêter à ces broutilles. On ne devient pas roi sans manger ses parents en omelette.
Il est pour la religion, aussi. Non pas celle de saint Augustin (qui c’est ?) ni même celle de Paul Claudel, non : celle de la Légende dorée, où les saints marchent vraiment avec leur tête sous le bras. Concordat ! Concordat !
Bref, le cher petit nous vend une histoire, une monarchie et une religion grappillées au petit bonheur la chance dans les almanachs de colportage encore tout pleins des temps obscurs et les fascicules-Historia pour bibliothèques de gares de nos temps de plus en plus obscurantistes.
Qu’est-ce qui lui a pris ?
Je parierais ma chemise que je connais l’origine de ce « fait de société » fabriqué au bazooka.
Du temps de ma folle jeunesse, un aspirant comédien qui arrivait à Paris, désargenté et néanmoins décidé à se payer le cours Simon et une chambre de bonne, se voyait offrir deux sortes de petits boulots : vendre des encyclopédies au porte à porte sans passer par les ascenseurs (tuant et pas rentable) ou officier comme guide pour touristes désireux de visiter le « Paris insolite ». Les organisateurs avaient mis en commun les connaissances par eux glanées sur quelques endroits pittoresques et concocté un petit boniment d’accompagnement, qu’ils refilaient aux futurs Talma et Sarah Bernhardt, avec des clopinettes, mais en leur faisant valoir qu’il y avait là, pour eux, une occasion en or de s’exercer à leur futur métier : rôle du guide. Et c’était encore mieux si vous parliez une langue étrangère, puisque vous auriez peut-être un jour l’occasion de faire du cinéma dans une production internationale. Va voir qu’il ait commencé comme ça, Lorànt Brown. Et embrayé sur le non-insolite pour son propre compte. Certes, il n’y aurait pas de quoi fouetter un chat. Et même plutôt de quoi le rendre touchant. Après tout, ce n’est pas lui qui a supprimé l’enseignement de l’histoire à l’école. À qui la faute s’il ne sait rien ?
Mais pourquoi, alors, est-il si antipathique ? Oh, l’évidence même :
Il raconte l’histoire d’une ville. Mais une ville sans ses habitants, qu’est-ce que c’est ? L’histoire de Paris, c’est donc, surtout, celle des Parisiens. De souche, de passage ou d’importation – précaire quand ils s’accrochent à ses flancs comme des moules, alors qu’ils n’ont même pas de papiers, souvent. Eh bien, les gens en général et les Parisiens en particulier, Lorànt ne les aime pas, il les exècre, il les méprise, il voudrait qu’ils ne soient, qu’ils n’aient jamais été là. Beurk ! Beurk ! La foule, que dis-je, la populace, le troupeau, la tourbe, la racaille, la mob. Vous les avez vus ses pochetrons braillards et revendicateurs, suant des pieds et des dessous de bras, pour ne rien dire de ses femelles, mégères, harengères et haranguières, tricoteuses dans tous les cas, et lécheuses de sang de guillotine même en dehors des repas ?
Ah les gueux !
Ah, les jamais contents !
Jusque dans les cimetières ils se battent !
Et soutenus par les bougnoules en plus !
L’école laïque et gratuite, mais qu’est-ce que c’est que ça ?
Manquait plus que les femmes en chaire !
Ce qu’il voudrait, Lorànt, c’est rester seul avec ses rois, et quelques saints pour les servir, rester seul avec son « élite », dont on voit bien qu’il ne doute pas de faire partie, comme ses – pourtant nombreux – pareils, qui ne se voient jamais eux non plus dans le rôle de la piétaille qu’on piétine. Et pourtant…
J’ai dit midinette ? Mais les midinettes écrivent des lettres charmantes à Clark Gable, et dans les cas fastes, les lui chantent. Ce sont midinettes d’une autre espèce.
Donc, Métronome.
Ah, oui : comme si abattre des forêts pour imprimer «ça» ne suffisait pas, il paraît qu’on a fait, de la Parisianade à Lorànt Deutsch un truc télévisé en plusieurs parties, aussi triomphalement bourre-cervelets que le truc imprimé, et que c’est la Mairie de Paris – qui n’a pas de sous pour loger ses SDF et supprime les pansements stériles à ses hôpitaux pour cause d’austérité quel malheur – qui a trouvé un million d’euros dans la poche de ses contribuables pour payer les caméras, les costumes et les sandwiches des figurants. Il paraît même que Robert Hue est sorti de son coma pour recommander le machin aux écoles. - Tiens, on croyait qu’il était mort. Ne vaudrait-il pas mieux qu’il se rendorme ? – Et les moutons de Dindenault de battre des pattes (de devant) au spectacle d’un si beau génie, prêts à sauter en chœur dans la Seine si on leur dit que c’est la mode.
Tous ? Non pas.
M. Alexis Corbière, élu PG, justement indigné par ce qui ressemble de plus en plus à une offensante obscénité, est monté à l’assaut de Dark Vador et de ses troupes, lourdement armé d’un fétu de paille, en l’occurrence sa seule éloquence d’honnête homme, que même Don Quichotte il n’aurait pas osé. Mal lui en a pris. Tollé général des sycophantes – personnels politiques et merdiatiques unis – contre l’envahisseur coco1.
(1Remarquons que quand Robert Hue se joint à la fiesta, on se garde bien de le traiter de stalinien en ex-chef.)
Mais qu’est-ce qu’il croyait, M. Corbière ? Que nous vivons en démocratie parlementaire ? Ne le sait-il pas que, pour parlementer, il faut au moins deux personnes civilisées ? Où a-t-il vu l’autre ?
*
Vous pourriez, chers amis internautes, vous dire que j’attige un brin, à fustiger si méchamment ce qui n’est après tout que de la vulgarité ordinaire, et que si on devait se mettre dans tous ses états à chaque fois qu’on met le pied dans quelque chose, où irait-on ? C’est vrai, mais c’est que je suis en colère. Parce que ce qu’on me raconte là me rappelle un épisode (vécu) exécrable, et vous allez y avoir droit. Après tout, c’est de l’histoire de Paris aussi.
C’était en 1983. On ne parlait pas encore de célébrations de bicentenaire, mais d’aucuns y pensaient déjà. J’étais de passage à Paris. On y projetait le Danton de Wajda. J’y fus. Et compris tout de suite . Premières images : guillotine en gros plan, dégoulinant de peinture à l’huile couleur sang de bœuf un peu caillé, jeunes mères et bébés à la peau bleuâtre, visiblement du frai de Dracula, peuple de Paris vociférant, qu’on eût dit sorti de Lorànt Deutsch mais bien sûr c’est l’inverse. Film de propagande de la plus grossière espèce, financé à coup sûr par la CIA ou autre officine apparentée, à moins que par quelque think tank à milliardaires, préoccupés de ce que les célébrations à venir pourraient inspirer peut-être aux colonisés franchouillards et pas de ça Lisette, l’herbe sous le pied tout de suite, mieux vaut prévenir que guérir. M. Jack Lang avait fait l’appoint de la monnaie avec l’argent des contribuables, comme aujourd’hui son « camarade » maire. Et, bien entendu, le film le plus anti-français de l’histoire du cinéma s’en allait représenter la France dans tous les festivals de cinoche, car à quoi bon lésiner. Ah, il fait rire, Céline, avec son « prestige » capable d’arrêter les Schleuhs !
Me refusant à endurer l’immondice jusqu’au bout, malgré le très grand acteur chargé d’incarner le Robespierre de leur invention (j’ai un faible pour les grands acteurs), je m’étais retrouvée clignant des yeux dans la rue de la Huchette, où une longue file de braves gens descendus de leurs banlieues en traînant leurs moufflets par la main, attendaient patiemment leur tour de voir ce qu’ils prenaient pour de l’histoire de France.
Je n’ai pas décoléré depuis. Oui, c’était une agression. Délibérée. Oui, c’était un sale coup porté « préemptivement » au peuple que ces parasites haïssent tant, et dont ils ont si peur. Lang et Wajda ? Au mur et douze balles ! Que dis-je, douze balles ? Une seule, en enfilade et qu’ils se vident !. Au prix où sont les munitions.
Mais ce n’était pas tout, car l’offensive était d’envergure et de très loin planifiée : chez les marchands de livres du boulevard Saint-Michel, j’en ai vu d’autres, des descendants de sans-culottes, Français ou naturalisés, qui prenaient leur courage à deux mains pour entrer et demander timidement « vous n’avez rien sur la Révolution Française », à qui on répondait (des minettes fraîchement briefées) : « Ah, si, Furet. C’est ce qu’il y a de mieux, de plus récent, le dernier et définitif mot sur le sujet ». « Ah, bon, et à part Furet, qu’est-ce qu’il y a d’autre ? » « Euh, eh bien… il y a Furet ». Et les innocents repartaient avec leur dose de cyanure du peuple et quelques francs de moins dans les poches, ayant engraissé davantage encore un Furet déjà grassement rétribué par la Fondation Olin pour les neutraliser, les empêcher de savoir, les empêcher de penser, les empêcher d’acheter enfin de la Marie-Rose peut-être.
Ce qui se passe aujourd’hui, pas seulement Lorànt Deutsch et la smala qui vient de l’avaler, mais tout ce qui se dit, s’imprime, se caquète dans les talk shows, dans les gazettes, les clips de pub, les chansons des Souchon salariés pour cracher sur les héros morts, les Béhachelles imposés à coups de masse de forgeron à un public qui le gerbe, c’est la poursuite de cette guerre aux pauvres, car ceux qui la veulent et la font ne renoncent jamais, ne s’arrêtent jamais. Se conduire à leur égard avec civilité, comme a voulu le faire M. Corbière, c’est aller couper des verges pour se faire battre. Au point où nous en sommes, la République n’a rien à échanger avec ses ennemis que du plomb.
*
Mais, Alléluia ! Nous devons quand même à Métronome (et à M. Assouline pour les deux premiers ), la découverte de trois sites d’exception. D’histoire.
Pour rappel :
La vulgarisation, c’est quand quelqu’un de très savant, qui a mis beaucoup de temps et consacré beaucoup d’efforts à acquérir sa science, arrive à en communiquer l’essentiel à ceux qui n’ont ni les moyens ni le temps d’imiter son parcours de combattant. C’est un art très difficile. Celui de la transmission.
GOLIARD(S) –
Sous-titre : Les humanités populaires.
C’est là : http://www.goliards.fr/
La première chose que je fais, quand je tombe sur un site qui paraît intéressant, c’est aller voir à la rubrique « Qui nous sommes » ou « About us ». Faites comme moi, cliquez sur « Goliard(s) c’est quoi ? ». Vous comprendrez tout de suite que vous allez avoir affaire à du gai savoir.
Quant à ce qui se rapporte à l’affaire Lorànt Deutsch, c’est là :
Oups, j’ai marché dans Lorànt Deutsch
Avec un million cinq cent mille exemplaires vendus, le Métronome de Lorànt Deutsch (LD) est en passe de devenir un des bouquins d’histoire les plus vendus.
- On dirait que ça vous rend jaloux ?
Qu’on me comprenne bien. Je n’ai rien contre le fait qu’une personne n’ayant aucun diplôme d’histoire écrive un livre d’histoire. De nombreux érudits locaux font de même, et produisent des ouvrages d’excellente qualité. Au contraire, cela peut parfois rafraîchir la recherche, relancer des débat, et puis, après tout, plus on est de fous…
Mais l’ouvrage de LD pose problème. Passons sur les multiples erreurs factuelles qui pullulent dans le livre1 il arrive parfois à des profs de fac d’en faire… (mais peut-être pas autant). Passons aussi sur l’absence de notes, de bibliographie (histoire de savoir d’où LD tire ses infos2). Passons aussi sur l’absence de toute pensée critique dans son livre, et sur sa vision très archaïque, pour ne pas dire conservatrice de l’histoire, centrée sur les grands personnages, les rois, les reines, les saints et les saintes (au passage, LD se dit royaliste3).
Passons… non, en fait, arrêtons nous un instant sur le numéro 148 de Détours en France consacré à Paris au Moyen âge. LD y est invité à intervenir en tant que rédacteur en chef d’honneur. Voilà ce qu’il écrit sur Notre-Dame de Paris page 83.
Lorànt Deutsch Louvre trop…
… et pourtant, ce n’est pas lui qui parle.
Bon sang de bois de nom de Zeus de mille sabords de WTF ?
Quoi, quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
Il y a que je viens de lire le Métronome. Juste après, j’ouvre l’Atlas de Paris au Moyen âge, et voilà que je trouve des informations contradictoires.
A propos de quoi ?
À propos du Louvre. Je dois préparer une visite pour des mômes. Deutsch nous raconte que le roi Childéric Ier (le père de Clovis) avait dressé une tour au Ve siècle en assiégeant Paris (page 80 du Métronome non illustré). Il se base pour dire cela sur l’origine du nom « Louvre » qui viendrait, selon lui, du terme loewer, qui aurait voulu dire forteresse en langue franque. Ce donjon avant l’heure aurait été à l’origine du palais royal. Mais j’ai fait des recherches complémentaires. Il n’y a aucune allusion de cela dans l’Atlas de Paris au Moyen âge (édité par Parigramme) dans le chapitre consacré au Louvre (page 88 à 90), ni dans celui consacré à Paris sous la domination mérovingienne (page 19 et 20. Voir notamment la carte page 19 intitulée « le Paris mérovingien », qui ne fait nulle mention d’une tour à l’emplacement du Louvre). Bref, je ne comprends rien.
Je conçois. Vous me laissez cinq minutes pour faire une petite recherche… hum…
La Révolution version Deutsch, ou l’histoire Yop.
Un royaliste prend la Bastille
Le chapitre que consacre Lorànt Deutsch (LD) dans son Métronome vaut son pesant de yaourt liquide.
- Encore ! Mais vous l’avez déjà étrillé ici et là ? Pourquoi recommencer ?
Parce qu’un royaliste écrivant l’histoire de la prise de Bastille, c’est aussi flippant que Tino Rossi en train de reprendre du Rammstein.
- Oui. Présenté comme ça, je ne peux qu’être tout ouïe.
Prenez un café, ou une bière, parce que cela va être un peu long.
- Ayé, je suis prêt (slurp).
Le chapitre (pages 323 à 337 du Métronome (version non-illustrée, et sans bibliographie, bien sûr) commence par une brève balade autour des vestiges de la Bastille. Jusqu’ici tout va bien, sauf que ces mêmes informations étaient déjà en grande partie disponibles ailleurs1. C’est lorsque LD commence à parler des événements qui ont amené à la prise de la prison royale que les choses se corsent.
Une vision biaisée du peuple
La Bastille, selon LD, « n’a pas attendu 1789 pour catalyser les haines populaires, les oppositions bourgeoises et les ambitions princières. » (page 324). L’auteur propose ici un découpage social et émotionnel bien particulier.
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Le deuxième site indiqué par Pierre Assouline s’appelle :
HISTOIRE POUR TOUS
Sous-titre : Histoire de France, et du Monde.
C’est là : http://www.histoire-pour-tous.fr/
« Histoire pour Tous est un magazine en ligne consacré à l'histoire de France et de l'humanité, des origines de l'homme jusqu'à l'époque contemporaine. »
Comme il est impossible de copier-coller ses articles, voici les liens qui y conduisent, pour ce qui se rapporte à l’affaire Deutsch :
20 mars 2012
Métronome – Lorànt Deutsch
http://www.histoire-pour-tous.fr/livres/67-essais/4031-me...
14 avril 2012-07-14
Métronome, épisode 2. France 5.
http://www.histoire-pour-tous.fr/actualite/58-television/...
29 avril 2012
Pour en finir avec Lorànt Deutsch
http://www.histoire-pour-tous.fr/actualite/58-television/...
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Le troisième, découvert par moi, n’a rien à voir avec Lorànt Deutsch et tout avec le Paris de la Commune (photos, gravures, fac-similés, affiches, dessins de Tardi, etc.).
À ne rater sous aucun prétexte :
La commune de Paris
Mis en ligne par Théroigne
le 17 juillet 2012
20:30 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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