Grand H et inquisition tous azimuts
Un « renouveau chrétien » n’est pas exactement notre tasse de lait, mais comment saurait-on ce que les gens ont dans le crâne, dans le cœur et dans le ventre si on ne peut pas les lire ? Ceux qui croient que la liberté de ceux-là n’est pas la nôtre se fourrent le doigt dans l’œil jusqu’à l’épaule. Censurer, c’est tuer sans risques.
Sur la censure des livres de Michael Hoffman par Amazon
Le Saker – Vineyard of the Saker – 14/9/2018
Il y a environ deux mois, j’ai interviewé un des chercheurs les plus éminents en matière de judaïsme rabbinique, Michael Hoffman. C’était à l’occasion de la sortie de son dernier livre The Occult Renaissance Church of Rome. À l’époque, je ne m’attendais pas à devoir lui redemander de m’accorder une interview, mais quand j’ai appris qu’Amazon avait censuré ses livres (svp, voyez le compte-rendu d’Hoffman lui-même ici) –– à proprement parler, l’interdit porte sur trois de ses livres. Une censure complète (Kindle + livres imprimés) porte sur Judaism’s Strange Gods: Revised and Expanded [« Les étranges dieux du judaïsme, revu et complété »], ainsi que sur The Great Holocaust Trial: Revised and Expanded [« Le grand procès de l’Holocauste, revu et complété »], tandis que son manuel, Judaism Discovered [« Le judaïsme découvert »] a été supprimé sur Kindle –– j’ai senti que je devais reparler avec lui et il a bien voulu répondre à mes questions. Je vous soumets ici le texte complet de mes questions et de ses réponses, que je ferai suivre d’un bref commentaire.
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Le Saker : Voudriez-vous s’il vous plaît résumer ce qui est arrivé à vos livres chez Amazon et nous dire quelles explications vous ont été données ? Les gens d’Amazon vous ont-ils communiqué une liste des pages et/ou des paragraphes censés contenir des passages offensants ? Avez-vous le moyen de savoir pour quelle raison vos livres ont été mis à l’index ?
Hoffman : Que ce soit sur Facebook, Google ou Amazon, l’excuse la plus souvent donnée pour la suppression d’un livre est « violation des directives de contenu ». Amazon nous a notifié le 13 août que deux de nos titres, qu’ils vendent depuis des années à des milliers d’exemplaires, Judaism discovered, notre manuel de 1100 pages publié en 2008, et Judaism’s Strange Gods Revised and Expanded, publié en 2010, avaient été définitivement enlevés de la vente, après une « critique » de l’unité KDP d’Amazon (Kindle Direct Publishing). Un fac-similé de la notice de KDP est visible ici : https://www.revisionisthistory.org/page8/page8.html.
Dans leur e-mail, ils nous ont dit : « …nous avons trouvé que ce contenu violait nos directives de contenu. » Si on examine leurs directives de contenu, on trouve une vague déclaration générique disant qu’il ne faut pas permettre ce qui est « offensant ». Il n’y a aucune indication quant à l’« offense » qui a pu surgir, après que ces livres aient été vendus par Amazon pendant des années. Comme la Reine rouge d’ Alice au pays des merveilles disant à Alice « Un mot est ce que je dis qu’il est ! », ce qui « offense » Amazon, c’est n’importe quoi que dit Amazon. Un troisième livre – The Great Holocaust Trial: The Landmark Battle for the Right to Doubt the West’s Most Sacred Relic [« Le grand procès de l’Holocauste - Bataille historique pour le droit de mettre en doute la relique la plus sacrée de l’Occident »] – a également été interdit.
Est-ce qu’Amazon a la chutzpah de classer publiquement ces livres dans la catégorie du « discours haineux » ou tout autre alibi de censure susceptible d’être contesté ? Non. Ils n’accusent de rien de précis, ils suppriment. Ils laissent les auteurs et les éditeurs ballottés au gré du vent, rendant d’autant plus difficile tout appel de leur décision et tout recours au public contre leur tyrannie. Quoique, puisqu’ils ne permettent aucun appel, ce serait sans objet. Personnellement, je n’ai aucun doute concernant la raison pour laquelle mes livres ont été censurés.
Le Saker : Quelle est, d’après vous, la vraie raison de l’interdiction de vos livres à la vente. Quel peut être, là-dedans, l’intérêt d’Amazon ?
Hoffman : Je ne crois pas qu’Amazon ait un grand intérêt là-dedans. Il y a beaucoup plus à parier que le SPLC (Southern Poverty Law Center) soit la partie intéressée. Le 7 août dernier, le New York Times en ligne a publié un article révélateur de David French, dans lequel il écrivait :
« Nous vivons dans un monde où le SPLC, une organisation pour les droits civiques jadis respectée, abuse de la confiance dont elle a joui dans le passé pour étiqueter un tas d’organisations (y compris celle de mon ancien employeur, l’Alliance Defending Freedom [« Alliance pour la défense de la liberté »]) et d’individus, qui se voient accuser de tenir des « discours haineux », allégation quelquefois basée sur d'authentiques mélectures, quelquefois sur une déformation maligne des croyances et des opinions de quelqu’un… Amazon a récemment exclu l’Alliance Defending Freedom du programme caritatif de son site AmazonSmile à cause du nom de ce centre. »
À peu près à l’époque où, en 2017, le SPLC essayait d’interférer dans les opérations commerciales de personnes comme moi en intimidant les banques et les gestionnaires de cartes de crédit pour qu’ils refusent de traiter les paiements pour des livres, Paypal nous a fait savoir que, étant donné le contenu de notre site web (www.RevisionistHistory.org) nous étions un embarras pour leur marque et que, par conséquent, ils mettaient fin à notre compte chez eux. Tant que Paypal a été la propriété de libertariens, tout s’est bien passé et nous avions un haut indice de satisfaction de la part des clients, tant pour notre intégrité que pour notre fiabilité. Le Paypal d’origine se préoccupait principalement de ce que vous fussiez un vendeur responsable. Une administration politisée a fini par reprendre Paypal et, en 2017, nous avons été éjectés, très vraisemblablement sur « avis » du SPLC.
Pour en revenir à Amazon, son PDG Jeff Bezos l’a fondée en 1994. Ce fut au départ une opération assez libertarienne sur les livres. De 1994 jusqu’à environ il y a un an d’ici, Amazon ne refusait de vendre que la pornographie dure et les livres appelant ouvertement à la violence ou à la transgression des lois, ce qui était juste ce qu’il convenait de faire. N’importe quel autre type de livre était vendu sans la moindre censure, une des raisons d’ailleurs du très rapide succès et des parts de marché toujours croissantes d’Amazon. Puis, l’an dernier, après que M. Bezos ait eu atteint le statut d’un des hommes les plus riches du monde et que la valeur totale d’Amazon se soit mise à approcher celle d’Apple et de Google, Amazon a monté une énorme purge et éliminé plus de cent livres d’histoire révisionniste consacrés à la deuxième guerre mondiale, publiés par l’organisation CODOH (Committee for Open Debate on the Holocaust = « Comité pour un débat ouvert sur l'holocauste »), livres de Germar Rudolph (salis comme « négateurs de l’Holocauste »). Cette année, c’est mon tour. L’an prochain, ce pourrait être le tour de n’importe quel auteur qui n’est pas publié par le Syndicat des Presses Universitaires ou un des éditeurs mainstream. Tel est le pouvoir sans limites et l’immunité d’Amazon.
Il est important de noter que la police de la pensée qui a supprimé trois de mes livres appartient à la division numérique d’Amazon, là où les livres électroniques Kindle sont commercialisés et gérés. Un Kindle permet à quiconque est connecté au site d’Amazon de lire gratuitement les 30 premières pages de n’importe quel livre Kindle. Par conséquent mes travaux en judaïsme étaient exposés à la vue dans le monde entier et il était plus difficile, dans ces circonstances, de mentir à mon sujet et de déformer mes recherches sur le Talmud et la Kabbale.
Nous commencions aussi à vendre de plus en plus de ces livres Kindle à des lecteurs d'Asie, surtout en Inde et au Japon. Quelque chose me dit que Big Brother n’est pas à moitié aussi préoccupé par les livres imprimés que par les livres numériques. Retirer de la vente mes trois livres Kindle a été l’objectif principal.
Être interdit par Amazon n’est pas la même chose que l’être par n’importe quelle autre affaire privée. La plupart des éditeurs reconnaissent qu’Amazon a pris la place de Bowker Books in Print dans le rôle du guide faisant autorité pour les livres imprimés en anglais, dans le passé et actuellement. Amazon est à présent LA source de référence. Un livre refusé par Amazon est ainsi rendu largement invisible. C’est comme s’il était condamné au bûcher. Voilà pourquoi ceci n’est pas juste une affaire d’Amazon exerçant les prérogatives d’une entreprise privée. Amazon est un monopole. Amazon n’a pas de concurrent. Si votre livre n’existe pas sur Amazon, pour la plupart des gens qui ne sont pas des spécialistes de la recherche, votre livre n’existe pas. Les conséquences pour la quête du savoir sont sinistres.
Le problème concerne aussi Amazon. Plus Amazon exclura de livres où se trouveront des faits et des idées constituant une contestation radicale, plus Amazon deviendra l’ouverture étroite d’un censeur plutôt qu’un pont jeté vers la totalité de la République des Lettres.
Ceux qui font l’apologie de la censure des radicaux et les véritables conservateurs prétendent souvent que le Premier Amendement n’est pas violé quand Amazon supprime des livres, et qu’il ne s’agit dès lors pas d’une question de droits civiques, tout au plus d’un inconvénient dû au système capitaliste. Dans les années 1950 pourtant, quand les studios de cinéma – entreprises privées – ont frappé d’interdit des réalisateurs, des acteurs et des scénaristes jugés « trop à gauche » ou « communistes », ce genre d’action a été inscrite dans les annales de la guerre des cultures sous le nom infâme de « liste noire », et nous en déplorons encore les conséquences soixante-cinq ans plus tard. Tout dépend donc de savoir qui paie les violons et qui fait les frais du bal.
Mes études en judaïsme ne comportent aucune « haine des juifs », comme le sait quiconque a lu les passages de mes deux livres intitulés « Au lecteur judaïque ». Nous y déclarons que les livres sont consacrés à la pidyon shevyuim (« rédemption des captifs »), c’est-à-dire au sauvetage des personnes maintenues en servitude par le Talmud et la Kabbale.
Nos ennemis n’ont aucun mal à tourner à leur avantage les livres exprimant de la haine pour les juifs. Ce à quoi ils n’ont absolument aucun argument crédible à opposer, c'est à une critique fondée, comme le sont nos livres, sur un amour chrétien véritable.
Une recherche qui repousse les frontières du savoir, alliée à une préoccupation compatissante pour le bien-être du peuple juif, est presque sans précédent dans ce domaine. Cette approche fait de mes études en judaïsme quelques-unes des plus efficaces, précisément parce qu’elles sont exemptes de tout « discours haineux », qui est l’axe autour duquel tourne la machinerie de la censure libérale-démocrate. Pour cette raison, rendre Judaism’s Strange Gods: Revised and Expanded, et Judaism Discovered disponibles sur Kindle court-circuitait des décennies de haine et de diffamation. C’est bien pourquoi ces volumes devaient être supprimés.
Le Saker : Depuis la mise en place de cet ostracisme, quelles réactions y avez-vous constatées ? Quelqu’un a-t-il pris votre défense et élevé la voix pour vous ?
Hoffman : Ron Unz m’a permis de publier une note sur unz.com et vous, le Saker, avez manifesté votre intérêt. Nos nombreux amis, lecteurs et souscripteurs, ont exprimé leur indignation sur Twitter et par e-mails. Dans le même temps, nous avons contacté tout le monde, d’un chroniqueur du site web Taki à tous les médias existants, sans effet apparent jusqu’ici. Le Washington Post, qui est la propriété de M. Bezos, a pour devise « La démocratie meurt dans l’obscurité », mais c’est, précisément dans cette obscurité qu’Amazon fait ses coups grâce à l’apathie des médias et de l’Association des Libraires Américains. Interdire les livres d’un chercheur indépendant vulnérable n’est pas exactement une action audacieuse, en un temps où est qualifié de « discours haineux » tout ce qui risque d’être jugé offensant pour le mythe chéri de quelqu’un. La définition est si vague qu’elle fonctionne comme l’épée d’un inquisiteur.
Du côté positif, nous avons constaté une nette augmentation des commandes sur notre point de vente en ligne pour les livres imprimés qu’Amazon a exclus [https://truthfulhistory.blogspot.com/2016/02/judaica-books-and-resources.html]. Mais il n’y a malheureusement rien pour remplacer les éditions Kindle.
Le Saker : Que croyez-vous qu’on puisse faire pour résister à cet état de choses ? Que pouvons-nous tous faire pour mettre un terme à cette sorte de censure ?
Hoffman : En général, ceux qui soutiennent les mensonges des Chefs Suprêmes, font une guerre spirituelle et psychologique en y mettant beaucoup plus de dévouement, d’engagement et d’abnégation que les prétendus alliés de la vérité de Dieu. Les défenseurs de la cryptocratie sont à la tâche 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, déterminés à en découdre de toutes leurs forces avec ceux qu’ils perçoivent comme leurs ennemis, alors que dans le camp du renouveau chrétien conservateur, à quelques honorables exceptions près, on ne trouve que des guerriers en chambre et des gens tellement « distraits » par le déluge de mots et d’images sous lequel les noie Internet, qu’ils en restent paralysés par le spectacle.
Comparez la réception du juge Kavanaugh, lors des audiences du Sénat, avec celle des récentes candidates à la Cour Suprême, Kagan et Ginsburg. Les Républicains étaient bien trop gênés pour oser affronter ces dames. Maintenir le décorum a été la préoccupation principale, à cette occasion, du poltron GOP, alors que Kavanaugh a dû faire face à une quasi-émeute dans la galeries des visiteurs et à un interrogatoire hargneux et méprisant de la part de sénateurs démocrates provocateurs.
Quand les livres de CODOH ont été censurés, nous avons extensivement rapporté l’affaire en ligne et dans notre lettre d’information-papier. Nous avons contacté un directeur de l’Association des Libraires Américains pour obtenir d’elle une réaction et exprimer notre indignation. Nous avons fait ce que nous pouvions, alors que nous n’avions pratiquement pas de relations avec CODOH. Nous ferions de même pour n’importe quelle personne de bonne volonté qui se verrait dénier le droit de faire avancer l’entendement humain par la suppression de faits et d’idées. Cela a été un lieu commun en Amérique, jusqu’à l’irrésistible ascension des punks des médias sociaux, qui ressemblent davantage à une section d’Antifa qu’à une classe intellectuelle vouée à la découverte et aux lumières.
Les avancées en matière de savoir humain se font sur la base que « l’erreur a des droits », pour la simple raison que les dogmes consacrés sont souvent faux et que les contestataires dissidents sont souvent porteurs de rares découvertes. Mais l’épigramme de notre temps est « l’erreur n’a pas de droits », qui était la doctrine, comme on le sait, de l’Inquisition, de la Révolution Française coupeuse de têtes*, des Bolcheviques et des Maoïstes. Si l’erreur n’a pas de droits, la vérité n’en a pas non plus, dans la mesure où ce qui est dénoncé comme erreur abominable par la foule est parfois une vérité déstabilisante, nécessaire et même cosmique.
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* L’erreur ayant des droits, nous ne relèverons celle-ci que pour rappeler qu’il est toujours dangereux, pour défendre un point de vue même juste, de se servir d’exemples historiques concrets dont on n’est pas sûr de tout savoir… [ndGO]
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En lisant ce que dit Hoffman, je pensais que ce qui lui arrive est typique du monde orwellien dans lequel nous vivons, où ce que j’appellerais « les règles Skripal en matière de preuves » (c. à d. « très probablement ») ont remplacé jusqu’à la notion fondamentale de preuve, un monde où l’Hegemon planétaire a déclaré urbi et orbi que rien, dans le corps des lois internationales, ne s’applique à la « nation indispensable » (où à la foule des parasites qui s’en nourrissent) et où « la force prime le droit » est devenu la règle acceptée par tout le monde. Bien sûr, la censure d’un livre ne peut pas se comparer au déclenchement d’une guerre d’agression (qui est le « crime international suprême » selon les lois internationales) ; voici la conclusion du procès de Nuremberg sur ce sujet :
« Déclencher une guerre d’agression n’est, en conséquence, pas seulement un crime international, c’est le crime international suprême, ne différant des autres crimes de guerre qu’en ce qu’il contient en lui-même tout le mal accumulé par les autres. »
Pourtant, il y a quelque chose d’exceptionnellement pervers dans la censure des livres de Hoffman par Amazon. Plusieurs choses, en fait :
1/ Ce qui est attaqué n’est pas une personne, ni même un groupe de personnes, ce sont des idées, sans doute le plus précieux attribut de l’humanité. Ce n’est donc pas une attaque contre un être humain mais une agression contre la notion d’humanité en elle-même.
2/ Bien que la méthode soit différente, l’intention, ici, n’est en rien différente des autodafés de livres des nazis ou de la papauté, sauf que, dans ces deux cas, on savait qui ordonnait la destruction par le feu des ouvrages prétendus « dégénérés » ou « hérétiques ». D’où il ressort que le motif idéologique des nazis et des papistes a toujours été clair, alors que, dans le cas de Hoffman, ce motif idéologique est caché (même s’il est évident pour quiconque a un minimum d’intelligence).
3/ L’hypocrisie suprême réside dans le fait que la plupart des soi-disant libertariens (de la gauche à la droite) ne trouvent rien à en dire, parce que la censure n’est pas édictée par le gouvernement mais un acte posé par une entreprise qui a le « droit » de faire ce qui lui plaît, et qu’importe si le résultat est quand même une violation de facto du Premier Amendement des droits de Hoffman et de la liberté de recherche universitaire.
4/ Le gouvernement US et le Congrès, en permettant que des entreprises monopolistes telles qu’Amazon possèdent cette sorte de pouvoir, se sont fondamentalement engagés dans ce que j’appelle « censure par procuration », chose à laquelle il fallait s’attendre de la part d’un État Profond qui fait désormais presque tout par procuration, afin de pouvoir contourner les lois fondamentales US et internationales (besoin d'une « extraordinary rendition » quelqu’un ?).
5/ Contrairement au gouvernement, qui doit produire au moins un semblant de preuve avant de pouvoir censurer un individu ou un organisme, une entreprise US n’a même pas besoin de se justifier d’un seul mot. Ceci est considéré comme le triomphe de la dérégulation par les libertariens sans cervelle qui abandonnent volontiers toutes leurs libertés, du moment que ce ne soit pas à l’État. Dans le monde réel, bien sûr, ils les abandonnent quand même à l’État, puisque l’État se cache derrière ses bien-aimées entreprises.
Il est aussi assez évident que ceux qui pourraient, du moins en théorie, avoir quelque chose à dire sur cette sorte de censure par procuration, gardent le silence parce que, du moins si on les en croit, Hoffman est un « antisémite » (ce que, pour avoir lu beaucoup de ses livres, je puis attester d’une fausseté totale, et que, donc, il mérite d’être soutenu).
[…]
Les prétendus antisémites sont, avec les pédophiles, les « méchants consensuels » du jour (je m’explique en détail ici) mais ce dont les anti-antisémites ne se rendent pas compte, c’est que, chaque fois qu’un « méchant consensuel » est privé de ses droits, cela crée un précédent à l’encontre de tout le monde. C’est ce contre quoi Yeshuda Bauer nous a mis en garde, lorsqu’il a écrit : « Tu ne seras pas victime. Tu ne seras pas bourreau, et par-dessus tout, tu ne seras pas spectateur. » En vain, hélas. Nous vivons apparemment dans une société de spectateurs silencieux. Et quand Youtube décide de réduire au silence toutes les chaînes d’État syriennes pour mieux préparer une attaque aux gaz sous faux drapeau, tout le monde regarde ailleurs – « pas mon problème ! »…
Nous savons tous qu’en Europe (et en Russie) on peut vous mettre en prison, et vos livres peuvent être interdits, si un tribunal vous décrète « révisionniste » ou « antisémite » ou « haineux ». Mais, au moins, en Europe (et en Russie), vous avez votre jour d’audience au tribunal et vous pouvez vous défendre contre des accusations que l’État doit prouver. En Russie justement, la semaine dernière, un homme accusé de vouloir réhabiliter le national-socialisme (pour avoir publié un article d’un autre auteur !) a été déclaré non coupable à la majorité des voix du jury (5 contre 3). Il pouvait être condamné à une amende et/ou à plusieurs années de prison. Dieu merci, dans la « patrie des braves », rien de tout cela ne peut se produire, n’est-ce pas ?!
C’est vrai, Hoffman ne risque pas la prison (pas encore !). Mais, en termes de broiement du délit de pensée, je soutiens que le système US est beaucoup plus efficace, parce qu’il permet à l’État Profond de se cacher derrière le voile de la malfaisance « corporate ». Il y a eu beaucoup de révolutions contre des États, mais je n’ai jamais entendu parler de révolutions contre la dictature des entreprises.
Dites-moi, vous, laquelle est la pire : l’absence de liberté ou l’illusion de la liberté ?
Personnellement, je trouve que c’est, de loin, la dernière.
Je ne me suis jamais attendu à ce que les pressetituées se préoccupent vraiment de nos libertés ; idem pour les libertariens et les soi-disant gauches. Ils sont tous bien trop occupés par leurs étroits programmes idéologiques. Quant au monde universitaire US, il a montré son vrai visage quand il a permis la persécution du Professeur Norman Finkelstein. Mais je dois dire que je suis scandalisé par le fait que la blogosphère et les soi-disant « médias alternatifs » soient restés à ce point silencieux, face à une aussi flagrante censure par procuration de l’État Profond contre un des plus éminents historiens US.
J’insiste pour que tous ceux qui liront ces lignes prennent la défense de Hoffman à voix haute et claire et le soutiennent en achetant ses superbes livres censurés. C’est ainsi que chacun de nous peut et doit résister à la dictature d’Hegemon !
L’original de cet article a paru sur UNZ Review.
Source : http://www.informationclearinghouse.info/50261.htm
Traduction : c.l. pour Les Grosses Orchades
Conclusion :
URL de cet article :
http://www.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/notes/sur%20la%20censure%20des%20livres.html
Septembre 2018.